En tout bien tout honneur - [PV]

La salle commune de Serdaigle, ordinairement tranquille, était ce soir bondée et bruyante, bourdonnante de conversations tandis que mes camarades manifestaient leur excitation à grands renfort de gloussements aigus. Filles comme garçons étaient sur leur trente-et-un, attendant tous nerveusement les amis qui n'étaient pas encore descendus des dortoirs, occupés par quelque retouche de dernière minute. La raison de tant d'enthousiasme ? Le Bal de Noël, bien sûr. Malgré le tout récent départ forcé de nos amis Mangemorts qui nous avaient imposé leur tyrannie plusieurs mois, les professeurs avaient tenu à organiser les festivités annuelles.

Pour ma part, je ne pouvais m'empêcher de trouver la situation étrange. Certes, cela ferait du bien à tout le monde de s'amuser un peu, après tant d'émotions. Mais tout de même, n'était-ce pas bizarre de les voir ainsi parader dans leurs plus beaux atours, plaisantant comme s'il ne s'était jamais rien passé ? C'était une chose qui me fascinait chez l'espèce humaine : sa capacité à aller de l'avant, quoiqu'il arrive (allons bon, je parle comme si je n'en faisais pas partie).

Assis dans un fauteuil, j'observai les allées et venues des gens autour de moi, détaillant chaque costume, chaque coiffure, avec une délectation non dissimulée. Dans ce genre de situation, les gens tentaient d'apparaître sous leur meilleur jour et c'était toujours très amusant de voir de quelle manière il s'y étaient pris. Certains étaient très maladroits, d'autres au contraire, étonnamment doués. Qui aurait cru par exemple que Haley Collins, notre ingénue, aurait pris la peine de se vêtir si élégamment ? D'un bleu cobalt plus profond que ses yeux (dont l'iris me faisait toujours penser à ces dragées colorées qu'on offre aux baptêmes), sa robe simple, tombant avec légèreté sur un jupon de tulle aérienne, mettait en valeur ses traits doux et réguliers et je me rendis compte, avec une certaine surprise, qu'elle était parfaitement ravissante. Je n'étais pas le seul à l'avoir remarqué : Scott était en grande discussion avec elle, et elle souriait de ce petit air timide et forcé que je lui connaissais bien maintenant, les joues plus roses que jamais.

Un peu agacé, je me levai soudain pour aller les rejoindre et m'immiscai dans la conversation. Ils étaient de proches amis et j'étais content malgré tout de les voir participer aux festivités – bien qu'une certaine froideur se soit installée entre Scott et moi depuis quelques temps, coïncidant avec sa rupture avec Taylord. Je le soupçonnais de me reprocher de ne pas avoir pris son parti, mais le garçon était probablement trop honnête pour reconnaître éprouver ce genre de ressentiment, encore moins se laisser prendre à leur piège.

– Près pour la fête ? fis-je avec entrain. Vous vous y rendez ensemble, je suppose ?

Traditionnellement, les élèves devaient se rendre au Bal de Noël au bras de leur cavalier ou cavalière, mais ce n'était pas une obligation – enfin, pas toujours. Mes deux amis se figèrent dans leur bonne humeur et, sans se regarder, secouèrent la tête d'un air gêné. Alors qu'une question se formait déjà sur mes lèvres, des cris de ravissement éclatèrent autour de nous et je me tournai vers les escaliers pour voir descendre ma cavalière : la magnifique Katie Bell, la nouvelle Miss Serdaigle.

… Puisque nous en sommes à ce petit détail : vous vous demanderez sans doute comment il se faisait que moi, Stephen Fray, fusse l'heureux élu ayant la chance d'accompagner Katie Bell, qui portait bien son nom, au Bal de Noël. Eh bien, pour faire court… j'étais Mister Serdaigle. Comment cela était-il arrivé ? Je n'en avais pas la moindre idée, ne lisant pas le Daily sur une base régulière ces derniers temps – divers projets m'accaparaient maintenant que j'avais recouvré ma liberté d'action et je n'avais pas une minute à perdre avec les scandales du moment – et ayant de plus été inscrit à ces élections à mon insu (encore une fois, le “qui” demeurait une grande question sans réponse).

Quoiqu'il en soit, j'étais ravi. Encore plus maintenant que Katie s'avançait vers moi, sourire aux lèvres, un peu nerveuse mais l'air assuré malgré tout. C'était une fille de caractère, Katie Bell : elle en avait vu de toutes les couleurs pendant le règne des Mangemorts, mais elle avait résisté vaillamment. Je la respectait beaucoup pour ça.

– Et voici notre reine à tous ! la saluai-je en m'inclinant devant elle avec une déférence exagérée qui fit rire plus d'une fille autour de nous. Katie Bell, tu es parfaitement éblouissante.

Il était l'heure de descendre : avec galanterie, je lui proposai mon bras – qu'elle prit ! – et nous quittâmes avec les autres élèves la salle commune pour rejoindre la Grande Salle. Je me sentais tout fébrile en arrivant devant les portes grandes ouvertes. Sara Wayland nous invita à entrer les premiers. Nous étions censés ouvrir le Bal avec les autres Miss & Mister représentant chaque Maison – ce qui me convenait parfaitement. J'avais hâte de swinguer sur la piste !

Spoiler:

Dans le cœur de chaque personne, les vacances de Noël étaient toujours les meilleures. Forcément, c'était la venue de l'hiver et de ses nombreux flocons qui tombaient déjà au-dessus de Poudlard. La neige devenait épaisse à l'approche de Noël et les feux de cheminée de plus en plus ardents. On portait déjà les gros pulls et les bonnets de laine et cette saison émerveillait à chaque fois Katie qui la trouvait chaleureuse et féerique, surtout à Poudlard.
Cet hiver, Katie était présente pour le bal de fin d'année qui avait lieu comme d'habitude dans la Grande Salle décorée spécialement pour l'occasion. L'heure était à la fête et tous les élèves ne parlaient plus que de ça, c'était à tous les coups l’événement de l'année !

Et cette année, Katie avait été élue Miss Serdaigle pour son plus grand étonnement. Elle avait postulé sans trop savoir à quoi s'attendre et surtout pour s'amuser, c'était une bonne façon de se tester avec ses amies. Jamais elle n'aurait pensé être un jour la nouvelle Miss Serdaigle. En apprenant la nouvelle, elle s'était sentie étrangement fière de représenter pour un an sa maison, celle qui l'avait accompagnée pendant sept ans et qui lui avait apportée tellement de choses. Serdaigle avait contribué à pratiquement toute son éducation à Poudlard. Katie avait toujours essayé de ressembler et de faire honneur à cette maison qui avait autrefois appartenu à Rowena Serdaigle.

Comme le voulait la tradition, les Miss et Mister devaient donc ouvrir le bal comme il se fallait, dans leurs plus beaux attributs. Katie avait bien sûr pris la peine de faire envoyer sa tenue par colis, pour pouvoir redécouvrir sa robe une fois le paquet déballé. L'année dernière la jeune fille avait opté pour une robe bleu pâle à bustier qui lui allait comme un gant. Ce soir elle avait préféré une robe assez simple, mais avec une coiffure plutôt sophistiquée. C'était une tenue très décolletée et très échancrée dans le dos, mais cela lui allait à merveille. Katie avait eu la chance d'avoir les bons conseils de son amie Lilian avec qui elle avait parlé l'après-midi aux Trois Balais avant de se préparer pour la soirée. Bizarrement, son amie n'avait pas voulu lui dire le nom de son cavalier, mais Katie devinait que ce devait être à nouveau Chuck Carlton, qui n'avait pourtant pas été élu. La jeune fille avait été assez surprise que les élèves ne l'ait pas choisi, mais peut-être avait-il fait son temps, celui qui faisait autrefois battre les cœurs de ces demoiselles ?

En tout cas, Katie ne lisait pratiquement plus les potins de Poudlard. Tout ça lui passait par-dessus le crâne, elle préférait rester avec ses amis et son équipe de Quidditch plutôt que de casser du sucre derrière le dos des soi-disant "icônes de Poudlard". Elle savait que Ulrich avait été choisi et elle était plutôt contente qu'ils soient tous les deux Miss et Mister, même si plusieurs nuages obsurcissaient leur amour ces temps-ci. Pour l'instant elle ne préférait plus y penser puisque son cavalier pour une bonne partie de la soirée allait être Stephen Fray, un jeune de quinze ans qui était drôlement mignon et à première vue plutôt cool.
Lorsqu'il fut l'heure de descendre les marches de l'escalier du dortoir des filles, Katie jeta à un œil à sa tenue dans le miroir de la salle de bain. Elle toucha le doux tissu de sa tenue et se lança un petit sourire pour s'encourager. Elle se sentait plutôt inquiète d'affronter les regards de tous ses amis et de tous les Serdaigle.
Elle remit en place une mèche de cheveux derrière son oreille puis franchit alors le seuil de la porte pour rejoindre Stephen dans la salle commune.
Quand elle le vit, il discutait avec Haley Collins et Scott McBeth, tous âgés de quatorze à quinze ans et qui devaient sans doute être très bons amis. Plusieurs personnes ne se retinrent pas pour l'acclamer et Stephen fit rire l’assistance en se courbant exagérément pour l'accueillir. Katie était aux anges, la fête n'était même pas commencée, pourtant elle s'amusait déjà. C'était plutôt bien parti !

– Et voici notre reine à tous ! s'écria Stephen en lui souriant gentiment. Katie Bell, tu es parfaitement éblouissante.

Katie lui répondit d'un rire cristallin, un peu timide puis passa son bras autour du sien jusqu'à atteindre les portes de la Grande Salle qui était déjà remplie de personnes qui attendaient impatiemment l'ouverture.

- C'est un plaisir d'ouvrir le bal avec toi Stephen ! Faisons honneur à notre très chère maison...

Katie lui sourit sans retenue, dévoilant ses grandes dents soigneusement alignées qui était mises en valeur par son rouge à lèvres. Elle jeta un coup d’œil à la piste de danse et reconnut Taylord Reegan et son partenaire Alex Turner. Parmi les Serpentard, Ulrich était décidèment très beau, son costume était séduisant à souhait. Ambre Serana lui tenait légèrement le bras et le coeur de Katie ne put s'empêcher de faire un bond douloureux dans sa poitrine lorsqu'elle les vit ensemble.
Oubliant qu'elle était agacée, Katie fit un petit signe à Megane et Wayne qui étaient parfaitement assortis et ne put s'empêcher de s'exclamer lorsqu'elle vit son amie Lilian aux bras du jeune Scott McBeth. En tout cas, la robe de Lilian était très jolie et Katie adorait les couleurs et les sequins sur l'arrière.

La musique retentit soudain en écho dans la Grande Salle et la foule d'élèves se pressa autour de la piste de danse dans un brouhaha général. Katie serra un peu plus le bras de son cavalier et lui fit un sourire bienveillant, histoire de lui montrer qu'elle se sentait bien et sereine à ses côtés.

- C'est notre tour à présent...

Katie se dirigea vers le milieu de la piste avec Stephen, lui posa la main sur l'épaule et se laissa entraîner dans la valse au gré de la musique.

– C'est un plaisir d'ouvrir le bal avec toi Stephen ! Faisons honneur à notre très chère maison...

Cette voix ! Ce rire ! Cette posture ! Katie Bell était la Miss Serdaigle idéale et elle ne s'en rendait même pas compte, ce qui bien sûr ne faisait qu'ajouter à ce charme terrible qui faisait d'elle une Miss parfaite. J'avais dit qu'elle était éblouissante, et c'était le cas. Elle portait une longue robe du soir qui dissimulait entièrement ses longues jambes de sportive – un peu dommage, mais cela lui conférait une certaine majesté que j'appréciais. Le décolleté en revanche était un peu osé et je faillis même perdre ma concentration (heureusement j'étais fait d'un bois plus dur que des gens comme Carlton qui ne se sentaient plus au premier bout de peau découvert), mais non pas indécent, car en bonne joueuse de Quidditch Katie était très svelte. En somme, sa tenue sobre, élégante, était à l'image même de notre Maison. Était-ce par un fait exprès ? Je l'ignorai, et je n'allais sûrement pas le lui demander – on sait bien qu'il ne faut pas demander à une jeune fille d'où lui vient sa robe dans le cas où la réponse serait une source de gêne – mais si elle avait tenu à honorer Serdaigle y compris à travers de son apparence ce soir, alors elle avait réussi, et en bonus, je m'en trouvai doublement admiratif.

Comme il fallait s'y attendre, cette année une fois de plus, la Grande Salle était transformée. Je fus un peu étonné tout de même, car comme je l'ai déjà expliqué, je n'étais qu'à moitié remis du séjour des Mangemorts à Poudlard et voir le château en fête me paraissait encore un peu étrange. Et pourtant, les Professeurs s'étaient surpassés, agissant comme si de rien n'était. C'était dans ces moments là que je souvenais pourquoi il me fallait les respecter. Qu'on se le dise, j'avais tendance à agir avec prétention parfois (rarement !) et ça ne me réussirait pas à la longue, soyons honnêtes.

Les Miss et Misters devaient ouvrir le Bal et donc, Katie et moi fûmes dirigés par le Professeur Jones jusqu'à la place qui nous était attribuée – nous devions entrer, nous positionner en attendant la musique, et puis… danser. L'épreuve ultime ! Enfin, pas tellement. J'adorais danser, mais bizarrement, les gens me jetaient toujours des regards étranges quand je me trémoussais en cadence sur la piste. Le fait est que je n'avais peut-être pas un instinct de danseur qui soit, disons… dans la norme. Par contre, quand il s'agissait de danser une danse spécifique, là c'était facile. Il suffisait d'apprendre la technique. La valse, ce n'était qu'une suite de pas après tout : mémorisés, ils devenaient une simple leçon que je ressortirais le moment venu. Et comme toutes les leçons, mon cerveau retenait les pas de danse avec une précision millimétrée.

Justement j'étais d'une part concentré sur les pas que j'allais devoir effectuer et d'autre part sur Katie, ce qui était déjà beaucoup car j'étais excité… plus excité qu'en temps normal, j'entends bien. Si bien que je ne prêtais guère attention aux autres Miss et Mister qui nous entouraient – je savais que Taylord devait être parmi eux mais elle ne semblait toujours pas arrivée, et en attendant Alex Turner, représentant Gryffondor, discutait avec une charmante jeune fille toute de rouge vêtue. Il y avait aussi Wayne et Megane, fidèles au poste depuis l'année précédente – Katie leur adressa un signe amical de la main, ce qui m'amena à croire qu'ils devaient être amis. Je leur souris également avec politesse (je les connaissais à peine en fait mais ils avaient l'air bien sympathique).

Comme, je le répète, je n'avais d'yeux que pour Katie qui était absolument divine ce soir, je remarquai instantanément le changement d'expression sur son visage quand Ambre Serana nous dépassa au bras d'Ulrich, un Serpentard que je ne connaissais pas du tout et qui m'inspirait peu confiance (comme tous les Serpentard à dire vrai). Ambre était très belle – bien que sa robe verte fusse moins impressionnante que celle de ma cavalière, presque banale – mais n'avait pas l'air enchantée à l'idée de représenter sa Maison (elle aussi retapait, apparemment). Ou bien était-ce juste sa froideur légendaire ? Je m'interrogeai quant au regard que Katie adressa au couple, mais l'heure n'était plus aux questions. L'heure était à la danse !

Les élèves applaudirent à notre entrée – ce qui me fit tout drôle, et croyez-moi, je ne faisais que commencer, cette soirée allait être mémorable ! – et je jetai un coup d'œil autour de moi, un peu déboussolé. C'est alors que je remarquai – et Katie le vit en même temps – Lilian Easter… Ou plus exactement, que Lilian Easter s'imposa à moi, car premièrement, on parle de Lilian Easter, LA plus belle fille de l'école selon l'avis général, et deuxièmement, sa robe était si imposante, si brillante, si – disons-le franchement si ÉNORME et magnifique qu'il était impossible de ne pas regarder qu'elle en pénétrant dans la salle. N'importe quelle autre fille aurait eu l'air déplacé dans cette tenue, mais Lilian était Lilian. Non, ce qui m'étonna davantage fut de voir à son bras, non pas comme je m'y attendais Chuck Carlton mais… Scott.

Scott McBeth, cavalier de Lilian Easter.
Absurde. Ridicule.

… Non, pas ridicule. Mais dangereux. En fait, cette vision me déplut instantanément parce que je sentais que rien de bon ne pouvait ressortir de ce duo improvisé. Pour ceux qui l'ignoreraient, Scott venait tout juste de rompre avec Taylord ; et comme ils étaient tous deux mes plus proches amis, j'avais souffert de cette séparation. Avant leur rupture, nous passions souvent des après-midi au bord du lac, ou nous faisions nos devoirs ensemble à la bibliothèque… Scott savait que Taylord et moi étions de bons amis et rien de plus – et même si j'avais pu avoir un faible pour elle à un moment, très vite, ma raison avait repris le dessus. Je tenais beaucoup à Taylord. L'ennui était que je savais aussi que Taylord n'était pas aussi heureuse avec Scott que Scott ne l'était avec elle. Taylord voulait quelqu'un d'autre – quelqu'un qui, de toute évidence, ne voulait plus de Lilian Easter…

(Donc, un cinglé, nous sommes d'accord.)

Enfin bref, vous voyez où je veux en venir. Scott Lilian = Ennuis. Gros ennuis, même.

– C'est notre tour à présent… me rappela la voix douce de Katie.

J'acquiesçai, les sourcils froncés. J'étais rarement si peu loquace mais ma cavalière ne m'en tint pas rigueur. Elle était vraiment parfaite ! Il fallait que je lui offre la danse de sa vie, décidai-je fermement, et nous nous élançâmes avec les autres Miss et Misters.

Les premiers pas furent, à ma grande satisfaction, à peine hésitant, et le reste vint avec une facilité qui me combla. Bien. La valse, c'était acquis. À présent, il fallait rendre cela le plus agréable possible à ma partenaire ! Alex Turner semblait avoir du mal avec la sienne. Mais où était Taylord ? Non, ne pas penser à elle, penser à Katie.

– J'imagine que ça te change du Quidditch, n'est-ce pas ? plaisantai-je en la faisant tourner sur elle-même dans un mouvement lent et cadencé.

J'avais quand même hâte que ces formalités se terminent – la valse, c'était sympa mais pas très spontané !

C'est en franchissant ces portes que Katie se rendit compte qu'elle avait vraiment de la chance. Une chance d'être la Miss Serdaigle de cette année et une chance de pouvoir vivre pour la dernière fois ce moment extra qu'est le bal de Noël. C'était peut-être ce qu'elle préférait à Poudlard, car l'ambiance était à la fête ! Enfin c'était quand même un petit peu étrange de faire comme si de rien était et que les professeurs se mettent à sourire et à s'occuper à nouveau de leurs élèves alors qu'il y a peu, les mines étaient graves et tristes. Katie ne devait sûrement pas être la seule à se faire la réflexion qu'il aurait peut-être fallut aborder la bonne nouvelle autrement, mais en même temps, c'était une façon de fêter l'arrivée des Aurors convenablement après tout.
Elle ne préférait pas s'attarder sur ce genre de sujet douloureux, c'était beaucoup plus drôle de s'amuser avec ses amis et danser comme des excités sur la piste de danse qui regorgeait d'adolescents en quête de nouvelles lèvres à embrasser (et là elle ne pensait MÊME PAS à Chuck Carlton) et de coupes de champagne à boire.
Cela rendait même presque Katie mélancolique de penser à la jeunesse de demain qu'elle voyait à présent en paillettes et tenue de soirée. Elle avait vécu tellement de choses entre les murs de ce château, elle savait que le futur serait sûrement meilleur, que cette dernière année aurait été la plus dure et la plus riche en émotions, que c'était vraiment la meilleure de toutes.

Le nouveau représentant des Serdaigle, Stephen Fray, était un garçon décidément bien bavard et très naturel. Il regorgeait de joie de vivre et une étrange sagesse cachée s'écoulait des mots qu'il employait lorsqu'il se mettait à parler. C'était un beau jeune homme très élégant dans son costume noir de ce soir. Il portait une cravate qui lui donnait un air sérieux, ça lui allait même très bien et Katie ne put s'empêcher de pouffer de rire car son attitude était complètement à l'opposée de sa tenue. La jeune fille savait qu'il était très proche des personnes comme Scott McBeth, Taylord Reegan, Haley Collins ou encore Chuck Carlton. Cette petite troupe était bien intéressante et ils paraissaient tous très gentils, même si Katie ne connaissait presque personne. En tout cas, elle avait remarqué qu'un jeu de regards n'arrêtait pas de s'installer entre tout ce petit monde. Stephen n'arrêtait pas de surveiller la nouvelle Miss Gryffondor - ce qui n'exaspérait pas du tout Katie, elle trouvait même cela plutôt amusant - et de faire des allés-venues pour aller leur parler.

Tout le monde applaudit alors et ce fut enfin le signal pour les Miss et Misters d'arriver sur scène. Les élèves attendaient impatiemment autour des quatre couples de chaque maison. C'était assez gênant de partager ce genre de danse parce que Katie n'aimait pas trop danser la valse devant tout le monde. Elle avait peur de faire un mauvais pas ou de se retrouver les quatre fers en l'air au milieu de la Grande Salle. Stephen semblait confiant, mais cela s'effaça assez vite au début de la danse par une légère appréhension que Katie essaya de rassurer en plongeant son regard dans le sien. Toute cette soirée était une énorme rigolade pour Katie - ou alors parce qu'elle avait peut-être bu trop vite sa dernière coupe de champagne. Stephen menait les pas avec précisions, comme un vrai Serdaigle ! Katie se laissait faire en écoutant la musique qui était entraînante et très jolie.
N'empêche qu'elle avait quand même envie que les corps se rapprochent et se trémoussent un petit plus sensuellement. Les professeurs étaient fans de ce genre de fêtes, avec des fées hystériques parcourant la salle en nous rasant les oreilles de leurs ailes ainsi que les mains rangées sous la table et les visages écartés à plus de dix centimètres l'un l'autre.

Il était vrai que Stephen se débrouillait comme un chef pour un garçon. Il était assez espiègle, il faisait tourbillonner Katie alors qu'elle s'attendait à ce qu'il la fasse pencher et vice-versa. Elle était contente de pouvoir faire la connaissance de ce jeune homme et d'être sa cavalière ce soir, il était décidément rempli de surprises !

– J'imagine que ça te change du Quidditch, n'est-ce pas ? blagua Stephen tout en continuant de danser.

Katie se mit à rire quand elle compara dans sa tête la danse avec son rôle de poursuiveuse. C'est vrai que c'était tout autre chose que de faire gagner Les Loups des Cimes en transpirant et en se prenant des coups comparé à ce soir où elle avait enfilé sa jolie robe de soirée.

- C'est vrai que c'est différent ! ria t-elle en se rapprochant de Stephen pour enchaîner un nouveau pas. Mais j'espère que je ne me débrouille pas trop mal pour une fille qui est censée jouer avec un Souafle ?

Elle sourit et se mit à aller un petit plus vite que la normale. Ce n'est pas que ça l'ennuyait toutes ces choses mais Katie avait envie de s'éclater et autant commencer tout de suite, vu que l'orchestre avait toujours cet air de valse au bout du violon.

- Alors Stephen, ça fait quoi d'être le nouveau Mister Serdaigle ? demanda Katie sur le ton de la plaisanterie.

Bon ce n'est pas que Katie aimait papoter en plein milieu d'une valse qui commençait à prendre des allures légèrement ridicule et ennuyeuse, mais elle se souciait pas mal de Stephen qui était de plus en plus intéressant à ses yeux.
Au bout de quelques minutes, la musique cessa enfin et Katie put souffler un peu - en tout cas, ses chevilles étaient échauffées pour le reste de la soirée.
Les deux Serdaigle marchèrent hors de la piste et continuèrent de sourire et de discuter, tandis que la prochaine musique au son un peu plus rock démarrait enfin.
Katie se servit et prit une nouvelle coupe qu'elle bu normalement, elle commençait à avoir chaud et une poussée d'adrénaline montait en elle. Elle espérait que Stephen soit d'accord pour danser une nouvelle fois avec elle, car Katie mourrait d'envie de le voir se trémousser parmi tous les autres.
Elle reposa son verre sur une table et se retourna vers Stephen, l'air ravi, enjoué et lui fit d'un ton un peu charmeur :

- Stephen, permets-moi de te dire que je ferrais le maximum pour être à la hauteur de tes espérances cette année ! Et oui, je ne fais pas les choses à la légère !

Elle éclata de rire et lui empoigna le bras pour l'entraîner vers la piste de danse où tout le monde s'amusait. Bon là c'était clair, il fallait peut-être arrêter l'alcool pour le moment...

Visiblement, Katie en bonne sportive qu'elle était avait envie que les choses s'accélèrent. Je sentais sa frustration à la manière à peine perceptible (donc perceptibles par moi) dont elle tentait peu à peu de prendre le pas sur mes gestes lents et précis. Non non non, ça n'allait pas du tout ! De ce que j'avais retenu, l'homme devait mener la danse (loin de moi l'idée de me montrer masochiste pour la première fois que j'étais de sortie avec une fille, mais c'était une valse d'ouverture après tout : on ne pouvait pas faire plus formel). D'ailleurs, les violons se faisaient plus dynamique, la musique plus enlevée. Et alors qu'Ambre semblait s'ennuyer comme un rat mort aux bras d'Ulrich qui paraissait décontenancé par son attitude et ne savait plus sur quel pied… danser – je me mis à faire tourner Katie avec des gestes de plus en plus larges ; si bien que nous eûmes tôt fait de tourbillonner au centre de la Grande Salle tandis que les couples se formaient peu à peu autour de nous sur la piste.

– C'est vrai que c'est très différent ! reconnu Katie lorsque j'évoquai le Quidditch sur le ton de la plaisanterie. Mais j'espère que je ne me débrouille pas trop mal pour une fille qui est censée jouer avec un Souafle ?

Souafle, récita machinalement mon cerveau. Balle en cuir de couleur écarlate, sans aucune couture, de 30 cm de diamètre. Muni d'un sortilège d'Empogne qui permet de l'attraper plus facilement dans les airs lorsqu'il est lancé.

– Tu te débrouilles divinement, répondis-je sans laisser paraître une trace de distraction sur mon visage.

(J'aimais bien ce mot, “débrouille” !)

C'était bien vrai que Katie était bonne danseuse – elle manquait de précision mais ses pas avaient une grâce et une légèreté naturelle qui devaient sans doute tenir du Quidditch une fois encore.

– Alors Stephen, ça fait quoi d'être le nouveau Mister Serdaigle ? plaisanta ma partenaire.

Je m'animai aussitôt, sans vraiment remarquer le ton un peu badin qu'elle avait employé tant sa question m'excitait, et répondit avec une enthousiasme très sincère et très sérieux :

– Honnêtement, c'est très agréable ! Surtout que je suis bien accompagné.

(Wink wink.)

– Bien que, ajoutai-je en fronçant un peu les sourcils, j'ignore totalement comment cela a pu se produire, car je ne me suis jamais inscrit à ces élections dont je n'avais même pas entendu parlé jusqu'à l'annonce des résultats ! Quelqu'un a dû donner mon nom à mon insu… (ma voix se perdit un peu comme je prenais un air songeur…) Sûrement Taylord !

Mais oui, ça devait être une blague ! Car Taylord était connue pour son grand sens de l'humour, bien sûr ! Mon amie, Taylord Reegan, cette boute-en-train notoire !

La musique cessa enfin. Nous nous saluâmes, et les musiciens applaudis par les élèves entamèrent bientôt un autre air plus moderne.

En tant que cavalier, mon devoir était d'offrir à boire à cette demoiselle qui ne demandait qu'à reposer ses pieds meurtris (la chaussure à talon, voilà bien une invention s'il en est qui restait un mystère à mes yeux !), une coupe de champagne à la main ! Nous nous dirigeâmes ainsi vers la Buvette et nous servîmes chacun un verre – Haley était à l'autre bout de la table et nous tournait le dos. Oui, Haley Collins se chargeait de distribuer des coupes autour d'elle, telle une vulgaire Elfe de Maison ! Permettez-moi de dire que cela m'attristait beaucoup de la savoir sans cavalier, ravalée au cruel rôle de serveuse le soir de Noël. Ça me faisait de la peine.

Non, vraiment.

… Donc, où en étais-je ? Ah, Katie bien sûr ! Katie qui donc avait très vite avalé son champagne, chose dont elle n'avait pas l'air de se rendre compte. D'ailleurs, moi non plus je ne m'en rendais pas compte, parce que j'étais occupé à m'inquiéter de mon propre sort. Figurez-vous que, par manque d'habitude sans doute (en fait, l'importance de ce facteur “habitude” varie en fonction des personnes, complété par les facteurs de taille, poids et génétique, ainsi qu'un tas d'autres facteurs qu'il serait trop long de citer dans cette humble parenthèse qui ne sert qu'à retarder l'instant fatidique où je révélerai une information honteuse à mon sujet, à savoir que) je tenais assez mal l'alcool. Heeeeeeuuuureusement tout était sous contrôle mesdames, car, on l'oublie trop souvent, les potions était ma plus grande passion (et oui) et je savais très précisément quelles étaient les réactions produites par chaque boisson alcoolisée sur le corps humain. Pour tout vous dire, je savais même que le champagne était une substance particulièrement vicieuse qui vous monte très vite à la tête – À CAUSE DES BULLES.

– Stephen, permets-moi de te dire que je ferai le maximum pour être à la hauteur de tes espérances cette année, déclara soudain Katie.

C'était bizarre. On aurait dit qu'il y avait comme un message caché dans ses paroles… mais… mais !…
… Non, je ne comprenais pas.

– Et oui, je ne fais pas les choses à la légère !

Oh ! oui ! d'accord ! bien !…
… Non, toujours pas compris.

Sur quoi, elle m'entraîna en riant aux éclats sur la piste pour danser de nouveau. Accrochée à mon bras, et elle m'adressait des regards un peu trop appuyés et des sourires et les gens nous regardaient aussi avec insistance et je me mis soudain à ne plus sentir les muscles de mon visage car – TILT ! – je venais d'être foudroyé par la révélation que ce comportement était celui de deux adolescents moyens en train de… de… oui.

De conter fleurette.

… PAS BON. PAS BON DU TOUT ! Vite, il me fallait quelque chose. Un stimulant. J'attrapai au hasard la coupe d'un garçon qui de toute façon était bien trop jeune pour boire et la vidai d'un trait avant de la rendre à son propriétaire.

– Merci mon brave ! Serdaigle te salue ! déclamai-je avant d'être définitivement emporté par l'enthousiasme débordant de Katie.

Je l'accompagnai dans sa danse et, l'alcool aidant, je m'employai à ne pas avoir une attitude trop sur le qui-vive et participai pleinement à la fête. Comme je l'ai dit, ma façon de danser était assez… particulière. En fait, je découvrais seulement ce soir à quel point elle l'était.

– Voilàààà, comme çaaaaa !! m'exclamai-je en voyant Katie imiter mes mouvements de bras en l'air.

Note à moi-même : penser à demander à Taylord si elle savait si Katie Bell avait un petit ami. Pourquoi n'avais-je jamais cru utile de lire tous les potins dans le Daily Poudlard ? Dorénavant, ce serait un rituel matinal !

– Tu te débrouilles divinement.

Bon d'accord, en gros ça voulait dire qu'elle n'était pas si bonne que ça. Mais après tout ce n'était pas très grave, elle s'amusait comme une folle ! Stephen débordait d'énergie et Katie ne pouvait que le suivre dans toute cette bonne humeur. L'heure était à la fête ! Et ça tombait bien parce que Katie avait de l'énergie à revendre ! Enfin, il fallait tout de même faire attention aux rumeurs et à ce qu'on faisait, parce que bizarrement Katie se doutait bien que tous les Miss et Misters seraient la cible de ces fouines du Daily Poudlard et que chaque geste mal-contrôlé coûterait cher... Mais bon ! Ce n'était pas forcément la première chose dont Katie se souciait à présent. En effet Stephen et elle était en pleine danse - plutôt désordonnée - et il valait mieux ne pas se trouver aux alentours car ils devenaient légèrement dangereux pour le reste des élèves. Tout ça lui faisait penser à Ulrich, l'année dernière, avec qui elle avait passé une merveilleuse soirée et où elle s'était rendue compte qu'elle l'aimait vraiment. A vrai dire, elle ne faisait pas trop attention au Miss et Mister Serpentard, car Katie sentait une certaine animosité monter en elle à chaque fois qu'elle croisait le regard d'Ambre. Ses cheveux blonds, son beau visage lisse, ses yeux perçants et son allure tellement hypocrite énervait beaucoup la Serdaigle, pourtant Ambre semblait décidément intouchable et comptait bien le rester...

– Honnêtement, c'est très agréable ! Surtout que je suis bien accompagné, dit-il en adressant un beau sourire à Katie.

Et voilà qu'il jouait le jeu du grand romantique ! C'était vraiment un garçon plein de surprise et Katie le trouvait plutôt attachant. Il représentait vraiment bien Serdaigle, il rayonnait de connaissances et cela se voyait vraiment ; Stephen Fray était bien une lumière ! D'autant plus qu'il était étrangement drôle pour un garçon de son âge et ce devait sûrement être un des nombreux signes de son intelligence (assez étonnante il fallait le reconnaître).

– Bien que, continua Stephen, j'ignore totalement comment cela a pu se produire, car je ne me suis jamais inscrit à ces élections dont je n'avais même pas entendu parlé jusqu'à l'annonce des résultats ! Quelqu'un a dû donner mon nom à mon insu…

Il répondit avec un petit temps de réflexion, pendant que la musique ralentissait et que les Miss et Misters se faisaient applaudir une deuxième et dernière fois en quittant la piste :

- Sûrement Taylord !

Katie lui adressa un sourire poli. Alors comme ça Stephen avait été inscrit contre son gré ? Et d'après lui c'était Taylord qui l'avait fait à sa place ? Il était bien modeste pour un Mister - ou peut-être un trop peu fier ? Il se la jouait un peu, mais ça avait quelque chose de comique - à quinze ans on est un peu tous comme ça au final. Et puis Katie sentait bien que dans la tête des deux Serdaigle, la fête ne faisait que de commencer ! Elle espérait fortement que les professeurs seraient assez indulgents pour que la soirée ne se termine pas à l'heure où les premières années se couchaient habituellement en semaine scolaire !

Les deux adolescents se dirigèrent vers la buvette où Haley Collins leur servit un verre chacun que Stephen offrit à Katie et qu'elle vida plutôt vite. Stephen semblait plutôt décontenancé par cette descente exagérée. A vrai dire la jeune fille ne tenait pas vraiment l'alcool, mais sa conscience de jeune femme connaissait ses limites, et puis Katie savait très bien qu'entre les mains de Stephen, elle ne risquait absolument rien.
En parlant de fête, la dernière remontait à bien longtemps et maintenant que Katie avait presque dix-sept ans, elle se sentait beaucoup plus libre, mais concernant l'alcool de ce soir, elle préférait se lâcher et laisser la boisson agir doucement sur elle (mais pas trop, quand même, il fallait rester digne !) pour qu'elle se sente un peu mieux et puisse danser sans retenue toute la nuit s'il le fallait !

Lorsque Katie emmena Stephen sur la piste, il semblait légèrement crispé et déconcerté. Il s'arrêta au beau milieu de la piste, arracha des mains d'un inconnu une coupe de champagne et l'a bu cul-sec. Katie se mit à rire tandis qu'il l'a rejoignait pour danser. Il était vraiment drôle ce soir, et Katie décida qu'il fallait qu'il tienne avec elle jusqu'au bout sur la piste de danse - quand on était Mister Serdaigle, on pouvait tout faire après tout !
Il déboula sur la piste de danse comme une star et se mit à danser d'une façon assez singulière. Katie n'arrivait plus à suivre, mais en tout cas elle savait une chose : elle adorait ça ! Elle allait mourir de rire à la fin de la soirée (et pas parce qu'elle se moquait de Stephen au contraire, ça l'amusait beaucoup !).
Quant aux gestes de Katie, ils étaient plutôt classiques, vu que sa robe ne lui permettait pas de sauter dans tous les sens comme elle aurait voulu le faire, elle se contentait de bouger en rythme de la musique le bassin et de lever les bras en l'air, le sourire aux lèvres et le visage rayonnant de joie.

– Voilàààà, comme çaaaaa !! s'écria Stephen en voyant Katie ne plus se retenir.

Soudain elle se sentit compressée, tous les élèves s'étaient précipités pour danser sur leurs chansons préférées et au final on avait du mal à différencier qui dansait avec qui. Katie dut finalement se rapprocher petit à petit de Stephen, elle craignait qu'il se mette à avoir peur ou qu'il l'a fuie, mais apparemment cela ne semblait pas le déranger outre mesure. Leurs visages étaient proches et Katie ne pouvait s'empêcher de rire car Stephen était une vraie pile électrique !
La dernière note de la chanson résonna alors dans la Grande Salle et Katie était aux anges. Elle se pencha un peu plus vers Stephen et s'exclama :

- C'était pour Serdaigle ça !

Et dans un élan de folie, de joie (et de tout ce que vous voudrez) elle se jeta au cou de Stephen et le serra dans ses bras.

Et voilà qu'à nouveau, Katie et moi possédions la piste de danse ! Est-ce que Katie Bell était embarrassée de m'avoir pour cavalier maintenant qu'elle me voyait danser, “en mode sauvage” ? Bien sûr que non. Au contraire, elle m'accompagnait dans mes mouvements et les gens devaient s'écarter sur notre passage pour nous laisser un peu de place. Un groupe de première année un peu curieux nous observa un moment avant de commencer à nous imiter à leur tour. Alors c'était ça, le pouvoir de Mister Serdaigle ? Ma foi, c'était plutôt sympathique. Cool.

Peu à peu, les plus timides quittaient le buffet et la buvette pour rejoindre le gros des troupes sur la piste et bientôt nous fûmes tous serrés les uns contre les autres, au point de restreindre notre liberté de mouvement. Katie et moi nous rapprochâmes pour laisser de l'espace autour de nous, et je ne m'en inquiétais pas outre mesure parce que cette seconde d'alerte dans mon cerveau tout à l'heure n'avait été, finalement, qu'une seconde, et qu'à présent nous étions seulement capables de nous trémousser et de rire comme des pingouins – des pingouins ? – oui parce que les Mangemorts étaient partis, les ennuis étaient finis (pour le moment) et même si je savais que, d'ici quelques jours, le manque d'action commencerait à se faire sentir et que je me mettrais à tourner comme un lion en cage dans le château à chercher désespérément quoi faire – pour l'instant je ne sentais rien de tout ça et j'étais… bien, j'étais bien. Ok. Juste. Équilibré. Bien.

Au final, ça se résumait à ça : le bien contre le mal ! La grande guerre éternelle ! Simple, vous voyez. Les méchants perdent, les gentils gagnent et font la fête. Pas d'hésitation, pas de nuance, pas de complications sentimentales inutiles.

La chanson prit fin, aussitôt suivie par une autre – les musiciens ne faisaient plus de pause désormais. Profitant du mouvement de foule, je tentai de repérer mes amis, tout en me creusant la tête pour trouver un moyen de nous réunir tous les trois – tous les quatre avec Katie ! Non, cinq, n'oublions pas Haley ! Et si Taylord me le demandait, je consentirais même à accepter Chuck, j'étais de bonne humeur ce soir. Mais j'avais beau réfléchir, je ne voyais pas comment regrouper tout ce beau monde. Vous voyez, les complications. Je voulais que Scott et Taylord soient amis de nouveau, comme avant, et je ne comprenais pas qu'ils ne le soient pas, plus – ça m'énervait de ne pas comprendre et de ne pas réussir à faire… marche-arrière. Et puis, je ne voulais pas que Taylord soit… ne soit pas… bien. Si j'avais l'occasion de faire quelque chose pour elle ce soir, décidai-je soudain, promis, je le ferais !

Un peu essoufflé je me tournai vers Katie qui souriait jusqu'aux oreilles, elle aussi reprenant sa respiration mais l'air absolument ravi, ce dont je me félicitai.

– C'était pour Serdaigle, ça ! s'exclama ma cavalière, ce qui me fit rire – et soudain elle se jeta sur moi pour m'enlacer et je m'étranglai à moitié.

D'accord. D'accord. D'accord. OUUUUULÀLÀLÀLÀLÀLÀLÀLÀLÀLÀLÀLÀLÀLÀ – NON ! Pas de panique. D'accord, d'accord, Katie Bell était très heureuse. Joyeuse. Peut-être même un peu pompette. Tout était sous contrôle ! Je tapotai gentiment son dos tout en maintenant tant bien que mal mon sourire, qu'elle ne pouvait pas voir de toute façon ayant sa tête derrière mon épaule mais pour une raison inexplicable je ne voulais pas le laisser se transformer en grimace de – de… BREF, peu importe. Ce n'était pas possible ! Pas avec Katie, en tous cas. Non pas qu'elle fût repoussante. Au contraire. Jamais de la vie. Mais Katie était trop particulière. Trop attachante. Trop risquée.

… Bon, ce n'était qu'un calin, pas vrai ?

Mais au moment où cette pensée me venait à l'esprit, les bras de la jeune fille se resserrèrent encore davantage autour de mon cou et je lui saisis les poignets que j'écartai gentiment mais fermement.

– AAAAHHHHH - ahahahaha ! Katie ! m'exclamai-je en transformant mon cri d'alerte en un petit rire qui se voulait bon enfant et peinait à dissimuler mon trouble.

C'était bien la première fois qu'une fille – et QUELLE fille ! – se comportait avec moi de cette façon !

La fête battait son plein et tous les élèves redoutaient le moment où l'une des seules soirées amusantes de Poudlard prendrait fin. Tout le monde aimait cette fête, c'était une manière de se voir habillés autrement qu'en robe de sorcier et sans la mine déconfite que causait un contrôle de Sortilèges. Bien sûr certains étaient encore trop jeunes pour profiter pleinement du spectacle et de tous ses avantages, mais même les premières années jouaient le jeu. C'était très amusant de voir encore ces "jeunes" collégiens se trémousser et se pomponner - ça devenait parfois inquiétant. Katie se revoyait à onze ans et cela la faisait rire. A cet âge là, on ne sait pas grand-chose de la vie, de l'amour et de comment fonctionne l'adolescence. Katie aimait les enfants, c'était normal, c'était la cadette d'une lignée de petites sœurs la plupart déjà sorcières ! N'ayant pas connu son père, elle avait l'habitude de s'en occuper souvent, sa mère était tout le temps débordée. Katie devait tenir son amour pour la famille grâce à sa mère, c'était elle qui avait du lui transmettre ça et sûrement beaucoup d'autres choses encore ! Katie était bien contente d'être en dernière année mine de rien. Depuis l'attaque des Mangemorts, elle avait hâte d'en finir avec ses ASPIC. Elle voulait devenir enfin majeure pour pouvoir utiliser sa baguette comme bon lui semblait, ainsi que trouver un travail et participer activement dans la vie des sorciers ! Mais ceci était beaucoup de responsabilités et bizarrement elle ne se sentait pas prête, pas pour le moment.

En tout cas, ce bal de Noël lui faisait oublier tous ses soucis pour le moment. Elle dansait énergiquement, accompagnée de Stephen qui gardait le rythme sans faiblir. Il fallait avouer que les nombreux entraînements de Quidditch de Katie était très utiles pour ce genre de soirée. Les jambes de Katie étaient tendues à cause des chaussures à talons et elle n'arrêtait pas de bouger sur la musique. Grâce à son corps de sportive, elle arrivait à tenir longtemps sans s'arrêter ou reprendre son souffle même si le lendemain les courbatures seraient sûrement au rendez-vous...
Katie était elle-même impressionnée par toute l'énergie qu'elle donnait, ses hanches bougeaient en rythme et ses mains se levaient frénétiquement toutes les trente secondes. Rire, danser, s'amuser, cela faisait longtemps que les élèves n'avait pas ressenti autant de joie, Katie en était certaine. Les visages étaient souriants - sauf ces malheureuses assises sur leur chaise, jetées par leur cavalier - tout le monde semblait passer une bonne soirée. Il ne fallait pas oublier de féliciter les professeurs dans ce cas !

Puis, lorsqu'elle prit Stephen dans ses bras il y eut un gros blanc dans son esprit, juste l'espace d'un instant. Elle avait fait ça parce qu'elle avait eu très envie de le faire c'était normal mais... pourquoi un sentiment amer de remord commençait à la mordre ? Pourquoi ne s'était-elle pas retenue ? Après tout, c'est vrai qu'elle ne connaissait pas Stephen, c'était juste une connaissance de Serdaigle parmi tant d'autres, il fallait bien le reconnaître. Elle n'avait pas pu se retenir davantage, tout en fixant son regard mystérieux et son sourire blanc, elle avait eu les yeux plus gros que le ventre. Puis, elle pensa à Ulrich et elle soupira, pourquoi tout était si compliqué dans cette école ?
A présent, elle n'avait pas le courage de décoller son corps de celui de Stephen, elle avait peur d'affronter son regard, car elle savait qu'elle avait forcé un peu trop. Pour de simples connaissances, un câlin de cette ampleur était assez exagéré. Même si avec la danse, elle n'avait pas vraiment respecté la limite de l'espace vital, du corps de Stephen (de sexe masculin...). Katie avait osé lui sauter au cou et voilà qu'elle commençait à culpabiliser.
Bien sûr, elle aurait pu tout mettre sur le dos de l'alcool et du champagne, il y avait sûrement une part de vrai dans le fait que son esprit s'embrûme et qu'elle aime la Terre entière. Tout se brouillait dans sa tête pour qu'elle puisse se juger coupable ou innocente pour le moment.
Katie resserra son étreinte, elle espérait que Stephen réagisse, qu'il la serre ou qu'il la repousse violemment, mais il se contenta de lui prendre doucement les bras et de la remettre gentiment à sa place d'origine, ses mains sur les épaules de la jeune fille.

– AAAAHHHHH - ahahahaha ! Katie !

Cela ressemblait à la fois à un cri qu'à un rire. Elle haussa les épaules, il avait l'air d'être bien, vu qu'il riait, même si le rose lui montait aux joues et qu'il ne regardait plus Katie dans les yeux.
Tant mieux ! Il ne l'avait pas grondée, elle se sentait un peu plus rassurée. Elle afficha un sourire satisfait à Stephen et essaya de capter alors la première note de la musique suivante. Une note douce, un petit air de jazz, ce n'était décidément pas une nouvelle valse mais bel et bien un slow ! Katie était une spécialiste de ce genre de danse, elle adorait s'accrocher au cou d'un garçon et se laisser tourner doucement au gré de la musique. Maintenant qu'elle savait que Stephen était un joyeux danseur, elle pensait qu'il aimait ce genre de chose - ce n'était pas un garçon comme les autres après tout !

- Hé Stephen ! Tu viens danser un slow avec moi ? demanda t-elle, en lui empoignant légèrement le poignet et en lui souriant gentiment.

Il fallait bien que la fin de soirée s'achève dans la tradition !

Depuis le début, j'avais remarqué que certains élèves se faufilaient à tour de rôle jusqu'aux musiciens, à chaque fois que ceux-ci venaient de finir une chanson. Je ne tardai pas à comprendre qu'ils réclamaient en fait au groupe leurs airs préférés. Aussi, quand une bande de concubines se pressèrent jusqu'à la scène en faisant de grands gestes de bras pour attirer l'attention des artistes, je craignis le pire. En plus de mon sens de l'observation et de ma grande logique, j'étais doté d'un certain pouvoir d'intuition – appelons cela l'instinct ; lequel instinct, à ce moment précis, me soufflait que ce n'était pas une bonne idée de me montrer si proche de Katie Bell, bien que nous fûmes liés par nos statuts respectifs de Mister et Miss Serdaigle. Je n'avais que faire des rumeurs qui pourraient éventuellement circuler dans le Daily Poudlard – après tout, Scott faisait partie de la rédaction, ainsi que Luna, et je savais que ni l'un ni l'autre ne ferait rien qui puisse me porter préjudice. Mais je ne voulais pas que Katie voit dans mon attitude autre chose qu'une soirée entre camarades sympathisant, comprenez !

Le pire qui pouvait arriver, étant donné les circonstances, bien entendu arriva à point nommé quand la bande de filles – toutes espéraient, je l'appris plus tard, être invitées à danser par Logan Jefferson, le tombeur de Serpentard que toutes ces demoiselles semblaient s'arracher récemment – demanda au groupe une musique aux accents beaucoup plus lents que la précédents. Mes lectures me revinrent en mémoire tandis que je déterminai la nature de cet air un peu jazz – on avait fort judicieusement baptisé la danse associée à ce genre musical un « slow ».

En effet, c'était très très slow. Katie, en revanche, ne l'était pas, quand bien même aspirait-elle à l'être.

– Hé Stephen ! Tu viens danser un slow avec moi ? me lança-t-elle.

Question rhétorique, conclus-je avec un haussement de sourcil dubitatif, en la voyant prendre mon poignet. Néanmoins, sa prise était légère et j'aurais pu me dégager. Je n'avais cependant pas le cœur de lui refuser cette danse.

– Avec plaisir, répliquai-je, forçant un peu mon sourire.

Au bout de quelques secondes, je regrettais déjà ma décision. Pas à cause de Katie, qui était parfaite, mais parce que… eh bien, voilà, c'était un slow. On lève un pied à cinq centimètres du sol, on le repose, on lève l'autre, on le repose… On se balance leeeeentemeeeent… on tourne sur nous-mêmes… Bon sang, mais quelle danse de pingouin. D'ailleurs, mes bras et surtout mes mains reposant un peu en dessous des omoplates de ma partenaire me semblaient parfaitement inutiles. Ceux de Katie entouraient mon cou et elle avait posé sa tête sur mon épaule – comme elle était grande et moi long et fin (comme une anguille selon certains dont je tairai le nom), nous faisions sensiblement la même taille –, et cette situation me mettait encore plus mal à l'aise. Pour briser l'ambiance un peu trop solennelle, je commençai à faire des pas un peu moins au raz du sol, et à tourner un peu moins lentement.

Comme je m'ennuyai un peu, j'observai machinalement les gens autour de moi. Comme d'habitude, les éléments et détails divers me furent révélés à tour de rôle. Wayne Harris et Megane Parry s'accrochaient l'un à l'autre dans un état de paix profonde, ignorant les gens autour d'eux. Charmant. Plus loin, Scott dansait avec Lilian Easter, une distance respectable entre leurs corps établie par leurs bras (pas tendus, d'accord, mais pas exactement entremêlés non plus). Chuck Carlton avait la main droite dans sa poche ; la gauche tripotait négligemment la fesse d'une inconnue moulée dans une petite robe noire, laquelle était pendue à son cou comme si elle n'en croyait pas sa chance de danser un slow avec Chuck Carlton lui-même. (Je commenterais bien ce passage d'une remarque acerbe et spirituelle, mais la seule chose qui me vient est à l'esprit : “Pfff”.)

Aucun de ces « couples » n'éveillait le moindre soupçon d'attendrissement chez moi. Je fus content que le morceau s'achève enfin.

– Je vais chercher des boissons, Katie, déclarai-je avant que ma compagne ait eu le temps de me proposer une nouvelle danse soporifique.

J'allais me terrer près de la buvette, et si quelqu'un avait l'audace de proposer un autre air romantique, je ne donnais pas cher de sa peau de pingouin des îles !

[Encore navrée pour ce retard. T_T]

Cette danse n'était pas forcément la bienvenue en fin de compte. Même si la soirée touchait à sa fin, le slow avait un peu ramolli l'ambiance. Les personnes seules étaient parties avant, redoutant ce passage énervant. Les couples s'étaient formés le long de la piste, tournant doucement le long de la musique douce. Les lumières étaient tamisées, d'un bleu nuit qui se changeait en un vert foncé qui devenait orangé pour changer au fur et à mesure. Il faisait sombre sur la piste, mais l'animation était quand même restée la même sur les tables et près de la buvette. C'était principalement des septièmes années qui rigolaient bruyamment ainsi qu'une bande de cinquième année qui chahutaient entre eux.
Katie avait incité Stephen à la suivre, il avait accepté un peu à contre-cœur, ça se voyait beaucoup. Katie n'avait rien dit, préférant plutôt l'enlacer de ses longs bras et d'écouter la musique lente qui lui reposait l'esprit. Stephen quant à lui, ne cessait de jeter des regards derrière lui, l'air absent, comme s'il cherchait un moyen quelconque de s'échapper des bras de la jeune fille. Et même en étant un peu soûle, Katie le comprit assez vite, plutôt vexée. Il s'était montré très charmant pendant les autres danses et voilà qu'il commençait presque à s'endormir. Elle poussa un long soupir, pour faire comprendre à Stephen qu'elle s'ennuyait. Le plafond gigantesque laissait de jolis flocons tomber doucement sur l'école et une nuit noire était tombée. Ce moment était très romantique, mais elle aurait voulu se trouver dans d'autres bras, ceux d'Ulrich peut-être, elle ne savait plus trop...
Les yeux fermés, ils continuèrent de tournoyer très lentement. Lilian et sa robe à sequin brillaient dans la lumière et quasiment tous les premières années étaient partis. Katie posa sa tête sur l'épaule de Stephen. Son cou sentait le parfum, un mélange de lavande, de sauge et de fleur d'oranger. Il était enivrant, hypnotique et impossible à oublier.
La musique prenait des airs de harpe celtique et de piano, une voix grave au timbre magnifique résonnait dans la Grande Salle. Tout était magnifique, magique, reposant, sauf Stephen, qui à la fin de la chanson s'éclipsa à nouveau. Aller chercher des boissons, quel était ce prétexte ? Comment pouvait-il penser qu'elle le croirait ? Katie resta plantée au milieu de la piste, le regard plongé à l'endroit où Stephen avait disparu et l'avait laissée tomber. Au final, elle s'en fichait elle ne le connaissait même pas, mais elle se sentait triste, horriblement déçue. Elle voulait qu'Ulrich la prenne par la taille et l'entraîne vers la sortie, qu'il l'embrasse au pied de l'escalier et la regarde avec ses belles prunelles bleues comme il le faisait avant.
Où était-il à ce moment-là ? Elle avait encore besoin de lui, elle n'arrivait pas à se défaire de l'empreinte de ses lèvres sur les siennes, de son rire fort. Elle se sentait bête, elle aurait dû inviter Ulrich ce soir-là, peut-être que tout ce serait arrangé. Les larmes lui montèrent aux yeux, alors qu'elle regardait une nouvelle fois les flocons du plafond magique de la Grande Salle s'écraser de plus en plus nombreux.

Quelqu'un l'a bouscula, Katie se rendit compte qu'elle était encore plantée comme une idiote à l'endroit où Stephen l'avait laissée. Elle n'avait pas envie de lui dire au revoir. Elle s'écarta de la piste de danse et jeta un dernier coup d’œil vers la buvette : Ulrich était là, près de Stephen à siroter un verre. Lequel choisir ? Ce soir, il n'y avait plus de choix à faire, c'était terminé. Elle s'essuya les yeux avec le revers de sa main et se dirigea vers la sortie, tout en marchant lentement, d'un pas digne, ses deux grandes jambes claquant au rythme de ses chaussures à talons. Bientôt elle irait se pelotonner dans son lit, et demain, tout sera fini...

[C'était ma fin !]

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