Ulrich: l'homme à abattre? [Libre] terminé

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Assis seul à une table dans mon costume parfait, je devais avouer que je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Les yeux rivés sur l'estrade, je fixais les quatre couples de danseurs comme s'il s'était agit de figurines aimantées dans une boite à musique.
Après avoir mis tout mon cœur et toute mon énergie dans ces stupides élections, voilà tout bonnement à quoi j'en été réduit: regarder Miss Serpentard valser avec un autre. Et rien que d'y penser, j'étais anéanti.

Parce que, il fallait bien être objectif! Megane Parry était belle comme un cœur, mais il n'y avait qu'à voir le regard qu'elle lançait à son cavalier pour comprendre que jamais je ne pourrais l'atteindre. Taylord Reegan était tout à fait sexy dans sa mini robe rouge décolletée, cependant j'étais sûr que c'était le genre de fille trop impulsive et caractérielle pour tomber dans mes bras au cours d'un bal. Katie Bell était le charme incarné, mais malheureusement, personne, je disais bien personne, ne pouvait rivaliser avec Ambre Serana.

Cette fille me coupait le souffle, où qu'elle soit et quoi qu'elle fasse. C'était simple, si elle lisait dans la salle commune, si elle marchait dans un couloir, si elle riait avec une amie: paf! J'avais le souffle court. En conséquence, croyez-moi, le pauvre garçon que j'étais avait très souvent l'occasion de virer au bleu!
Et quoi de plus normal que ce soit elle qui ait été élue Miss? Elle était tellement belle, avec sa classe naturelle, son regard glacial et son air hautain? Oui, Ambre était l'archétype de la Serpentarde par excellence. Attention, je n'entendais pas une pâle copie sans aucune profondeur, à l'insulte facile et à l'air ronchon omniprésent! Non, elle était bien au-dessus de ça. Un simple coup d’œil de sa part suffisait à vous faire taire, un mot de sa bouche pouvait vous paralyser, un geste de la main dans ses cheveux et vous ne saviez plus quoi ajouter.

Une froide beauté. La reine des glaces. Miss Serpentard.

Je ne savais pas pourquoi j'étais venu ici ce soir car la simple vue d'Ulrich Liechtenstein me révoltait au plus au point! Un gros balourd tel que lui n'était pas digne d'une princesse pareille et si mes braves camarades de dortoir ne m'avaient pas vaillamment retenu par la ceinture le jour de l'annonce des résultats, rien n'aurait pu m'empêcher d'aller lui casser les deux jambes dans son sommeil.

Je n'en revenais pas d'être réduit au rang de simple spectateur! Bon sang, j'étais issu de la noblesse après tout! Dans l'hypothèse fort peu probable (mais on ne savait jamais), que mon père accède au poste de ministre de la magie, j'avais reçu l'éducation qui convenait à une famille épiée et médiatisée en permanence! En somme, je connaissais toute l'histoire de la politique dans le monde magique depuis les années 1800 (aucun réel intérêt, je vous l'accorde!), je pouvais dire à quoi correspondaient les douze couverts sur la table (ne servait qu'à épater la galerie en de rares occasions) mais surtout, SURTOUT, je savais parfaitement danser! En d'autres termes, je n'étais pas fait pour rester les fesses posées sur une chaise lors de ce genre d'évènements!

Avec du recul, je m'étais fait une raison à mon échec lors de ces élections. (Enfin je comprenais ce que ressentait mon père tous les cinq ans...) Néanmoins, je restais plus déprimé qu'à l'ordinaire car, même si la grande salle regorgeait de jolies jeunes filles qui avaient toutes fait de superbes efforts pour être belles ce soir, je n'avais même pas eu l'envie de leur jeter un regard. Ambre les éclipsait toutes, de toute façon. Aucune ne lui arrivait à la cheville.

Avec lassitude, je me levai et allai me chercher quelque chose à boire au buffet. Il me faudrait bien un petit remontant pour réussir à tenir devant un spectacle aussi frustrant!
Je me remplis un verre d'un liquide coloré et retournai m'asseoir à ma table, toujours aussi seul. Je n'avais bien entendu pas pris la peine de me chercher une cavalière, puisque j'avais longtemps espéré y aller avec celle qui occupait toutes mes pensées actuellement. Enfin, passons.

Morose, je portai mon gobelet à mes lèvres et en avalai le contenu d'une traite! Cependant, moi qui m'était attendu à ce que l'alcool me brûle la gorge, je découvris avec stupeur de goût sucré tout à fait caractéristique du jus de citrouilles.
Non mais de qui se moquait-on dans cette école?! Croyait-on sincèrement que mettre du jus de citrouilles dans un saladier avec une louche pouvait donner l'illusion à tout le monde qu'il s'agissait de punch?
La première valse se termina et je regardai Ambre s'éloigner pour rejoindre je ne savais qui. Quant à moi, je réalisai avec horreur que j'étais en train de noyer mon chagrin dans du jus de citrouilles et je ne m'étais jamais senti aussi pathétique... .

Spoiler:

Après quelques jours passé avec sa grand-mère, Elinor revint à Poudlard.

Son séjour chez la dame âgée lui avait apporté beaucoup de connaissances, que cela soit en couture, ou en danse, la jeune fille apprit avec avidité.
Avec l'aide de sa matriarche, Elinor "cousu" sa robe de bal. La grand-maman utilisa la magie pour coudre mais elle aida sa petite fille à choisir le tissu, les formes de la robe.

En revenant, l'écolière apprit les résultats des élections des miss et misters. Elle n'en faisait pas partie. Tant pis, pensa-t-elle, au moins elle aura essayé.
Puis elle su que Logan - pour qui elle éprouvait beaucoup plus d'affection qu'une simple amie - n'avait pas non plus été élu.

Le bal avait lieu ce soir...

Elinor se donna beaucoup de mal pour sa coiffure mais fini par abandonné et elle se fit pour terminer un chignon un peu moins compliqué que celui prévu. Cela allait aussi très bien.
La demoiselle enfila ensuite la robe qu'elle et sa grand-mère avaient faite pour le bal. Vint peu après la case maquillage. Les paupières et les lèvres brillantes, l'aiglonne mit son diadème en place puis se chaussa de ses ballerines.

Elle était prête !

La demoiselle - sans cavalier - descendit sans trop de hâte les escaliers de la tour des aigles. Arrivant devant la grande salle, la jeune fille fut émerveillée par les décorations festives de ladite salle.
Une fois être arrivée dans la salle, Elinor ne sut quoi faire. Elle observa donc ce qu'il se passait... personne ne dansait à part les miss et les misters.
Leurs vêtements de fêtes étaient magnifiques. Tous autant qu'ils étaient, les jeunes gens dansaient superbement.

*Moi aussi je sais bien danser...* pensa l'aiglonne, se rappelant les heures qu'elle avait passée avec sa grand-mère, à apprendre à danser.

Puis, elle vit quelqu'un se lever, depuis l'une des quelques tables réparties dans la pièce. Cette personne alla au buffet, prit un verre de jus de citrouille supposa la jeune fille, et alla se rasseoir. C'est à se moment-là qu'Elinor remarqua qu'il s'agissait de Logan.

Il semblait bien malheureux, tout seul à sa table... c'est ainsi que l'étudiante décida d'aller à sa rencontre...

En arrivant à ses côtés, elle posa une bise sur la joue du garçon, celles de l'aiglonne étant déjà roses d'émotions.

Dans un souffle, elle s'exprima.

- J'ai remarqué que tu étais seul, j'espère que ma compagnie ne te dérange pas...

Une fois encore, j'avais été la dernière mise au courant de l'annonce du bal de Noël cette année et bien évident j'avais été la dernière prévenue de l'élection de Miss et Mister Serpentard cet hiver. A vrai dire je m'en fichais pas mal de cette ambiance de Noël qui m'exaspérait au plus haut point, mais le fait de savoir que Ambre avait été réélue une deuxième fois me faisait froid dans le dos. J'avais l'impression qu'elle prenait de plus en plus d'ampleur au sein de Poudlard et surtout pas mal de pouvoir. En même temps, elle était âgée, belle et puis c'est vrai qu'elle avait la classe ! J'essayais juste de me persuader qu'arrivée à son âge, je serais sûrement beaucoup mieux qu'elle et cela ne faisait aucun doute.
Car je m'en fichais un peu pour le moment de me retrouver reine ou pas. Je savais pertinemment que les gens en avait peu à faire d'une minus d'un mètre cinquante-deux (j'ai pris deux centimètres depuis l'année dernière !) et surtout qu'à douze ans on ne pouvait pas faire honneur à Serpentard, pas tout de suite du moins...
De toute manière, dans ma tête, j'étais déjà une princesse, un peu novice en la matière mais chaque jour je m'améliorais pour acquérir le trône et réussir ce que je voulais entreprendre.

Il y avait bien sûr un problème, c'était que j'étais peut-être une princesse, mais une princesse sans cavalier c'était compliqué. Je n'étais proche d'aucun garçon, ni d'aucune fille d'ailleurs, à vrai dire je vivais mon petit bout de chemin à Poudlard normalement. J'avais des bonnes notes, je volais des sucreries dans les cuisines après le couvre-feu, je m'empiffrais de bons trucs et ma garde-robe s’agrandissait au fur et à mesure des jours à Poudlard, parce que ma mère pensait encore acheter mon amour avec de la haute-couture. Pathétique.
N’empêche que ce bal de Noël m'intriguait pas mal, c'était une bonne occasion de se moquer des mauvais danseurs et piquer un peu dans le saladier à bonbons (non, je ne venais pas en tant que pique-assiette!). J'avais très envie de voir qui était à la mode et qui ne l'était pas. Mes rivales de Serpentard pensaient que je n'étais pas assez courageuse pour pointer le bout de mon nez à cette fête, et bien elle se trompait ! J'étais parfaitement capable de m'amuser... enfin à la limite de la honte quand même.

Et puis tant pis pour le cavalier ! Les garçons à la recherche d'une danse, ça ne devait pas manquer non ? Et puis je n'avais pas spécialement envie de me faire tripoter par un macaque bourré qui me crierait dans les oreilles. J'étais décidée à rester classe ce soir, coûte que coûte.
Je montais alors dans mon dortoir pour me préparer et me pomponner comme il se doit. J'avais choisi une robe noire, simple, assez courte et qui mettait ma peau lisse en avant. Mes longs cheveux de jais étaient lissés, ma frange était épaisse à souhait et mes yeux couverts de rimmel et de khôl. J'ajoutais pour le style une petite touche de lipstick rose et tout était prêt !
Je descendis lentement les escaliers de la Salle Commune pour m'apercevoir qu'il ne restait plus personne, c'était logique car j'avais presque trente minutes de retard. Je me dirigeais alors vers la Grande Salle et vit que l'ouverture du bal avait été faite par les Miss et Mister et que la soirée battait déjà bien son plein.
Il y avait Ambre et Ulrich Liechtenstein en train de discuter et surtout de s'ennuyer pas mal. J'avais trouvé la robe de Lilian Easter plutôt pas mal, mais sa coiffure vue de derrière était décidément trop affreuse. Et puis il y avait Haruhi qui dansait avec un Serdaigle et qui ressemblait à un hippopotame femelle en sueur.
Évidemment, j'étais surtout venue pour rester dans mon coin et me moquer des autres. Bien sûr, je n'étais pas lâche, je le disais bien tout haut ce que je pensais, mais pour le moment je préférais plutôt me prendre un verre et le boire tranquillement assise près d'une table.
Je me dirigeai alors vers le buffet, me servit une coupe de champagne et m'assit à la table qui me paraissait la plus abandonnée. Ce fut compliqué puisqu'elle était quasiment toutes prises et je me retrouvais donc à côté d'un Serpentard de ma classe, qui m'avait l'air bien dépité.
Mais lorsque je m'assit près de lui, je vit qu'une fille essayait vivement de capter son attention en lui parlant, je n'entendais absolument rien à cause de la musique qui résonnait dans la salle. Ne faisant pas attention à elle, je déclarai haut et fort :

- Salut ! T'es qui déjà ? Il me semble t'avoir déjà vu, mais je me souviens plus d'où ta tête me revient...

Je haussai les épaules, après tout ça n'avait pas tellement d'importance à mes yeux, à part peut-être que c'était un sacré beau garçon et qu'il était seul, sinon je me fichais un peu du reste.
Je bus une petite gorgée piquante de champagne, il était bon bien qu'à mon goût les elfes de maison ne s'étaient pas foulés pour prendre le meilleur. Je me tournai alors doucement vers la piste de danse, admirant toutes ces couleurs et ses tissus tourbillonnant dans cette foule de personnes qui dansaient. La Grande Salle avait été très lourdement décorée et il aurait peut-être manqué deux ou trois détails, mais sinon tout était bien.

- Ben alors, t'es tout seul ? demandai-je au jeune garçon en me tournant vers lui, un sourire aux lèvres.

J'avais remarqué depuis un certain temps qu'il fixait la piste de danse en soupirant, la tête rentré dans les épaules.

- Aah je comprends ! m'écriai-je. Ta cavalière t'as lâché, c'est ça hein ?

Parfois c'était pas très joyeux Noël...

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Un calvaire. Un désastre. Un cauchemar. L'horreur. A l'état pur.

Il n'y avait que les rires de Katie qui me retenaient de ne pas partir en courant vers le plus profond de la forêt interdite, d'arracher cette fichue robe, et d'enlever les épingles qui me cisaillaient le crâne. Mais je ne pouvais pas; la présence de ma mère me figeait et plus encore son sourire qui ne quittait pas ses lèvres alors qu'elle discutait gaiement avec Katie et me pomponnait comme une poupée. Je la voyais rarement - jamais, pour ainsi dire - dans cet état, en ma présence, et c'était comme si mon souffle s'était arrêté. Je n'osais rien faire, rien dire, de peur de briser cette atmosphère étrange qui m'entourait. Mon cœur bondissait dans ma poitrine à chaque fois que le rire de Katie, aigu et joyeux comme une après-midi d'été, résonnait dans la pièce. Celui de ma mère avait un étrange écho et me glaçait le sang. Jamais elle ne rirait ainsi avec moi. Aujourd'hui elle riait avec Katie, elle riait un peu de moi aussi, mais je ne prenais pas part à l'hilarité générale. J'étais le misérable pantin qui leur donnait tant d'allégresse.

Le bal de Noël? Je n'en avais strictement rien à faire, je n'y étais jamais allée, et je n'en avais aucune envie. Ces rassemblements de masse me donnaient l'impression d'étouffer. Et toute cette fausse joie, ces faux sentiments d’exhalation qui disparaîtraient au lendemain de la fête en même temps que les derniers cotillons, tout cela n'avait aucun sens, et je ne me sentais pas d'y participer. Il y avait aussi dans toute l’atmosphère qui entourait le bal et ses préparatifs quelque chose qui me rappelait nos réveillons à la maison, en Oregon, et ces simples souvenirs me pinçaient douloureusement le cœur. Je revoyais Conrad qui faisait le clown avec les décorations, j'entendais encore nos rires quand nous préparions le sapin. Papa et Maman s'habillaient toujours très chics et leurs voix se faisaient plus basses quand nous passions à côté d'eux, ils parlaient de nos cadeaux et nous le savions, et Conrad me poursuivait dans le long couloir qui menait à nos chambres en imitant le père fouettard et je criais et je riais et je me cachais sous son lit. C'était tellement beau tout ça, mais c'était fini. Plus jamais.

Le plus affreux c'était ce manque qui m'étreignait le cœur : au fur et à mesure que Noël approchait je voulais que Conrad soit là, je voulais être avec lui, je voulais me noyer dans son ombre et dans ses rires. Je voulais redevenir la petite sœur de Conrad, celle qu'on ne voyait pas trop à côté de ce grand frère si brillant, mais celle qui se réjouissait au plus profond d'elle d'avoir un frère si parfait et si aimant. Le reste, je m'en fichais.

Mais il n'était pas là, et Noël était morne et sombre.

J'avais prévu d'avaler mon repas, d'aller faire une visite de courtoisie à ma mère, de supporter son regard sévère sur ma tenue-mon attitude-mes bêtises-Lizlor tu es im-po-ssible!- et puis de prétexter un mal de tête et de passer cette soirée bien au chaud sous mes draps à broyer du noir et à tenter de ne pas pleurer en pensant à Conrad et à tout ce mal-être qui m'étouffait.

Hélas. Quand j'étais arrivée dans son bureau, j'avais entendu des voix - et je m'étais réjouie d'entendre celle de Katie. Katie! Mon cœur avait fait un petit bon d'allégresse. J'avais envie de me lover dans ses bras et de tout lui raconter, de passer la soirée avec elle et qu'elle me berce ou me propose de faire des gâteaux comme quand je m'étais fâchée avec les autres et qu'elle voyait que je boudais dans mon coin. Et puis j'étais entrée et j'avais mis le pied dans ce piège détestable. Katie et ma mère avait tout prévu, tout, et sans mon consentement. Ma robe, ma coiffure, et surtout, ma venue au bal. J'avais eu beau protester, ronchonner, bouder, je n'avais eu qu'à ravaler mes larmes. Leur joie me sidérait, me figeait sur place et je n'étais plus qu'une poupée de son toute bonne à subir tout ce qu'on lui infligeait. Ma robe était noire et inconfortable et moche, et j'avais l'air d'une femme avec, et je me sentais mal. Ma mère s'était attaquée à mes cheveux que je n'avais pas brossé depuis des jours et elle avait pesté, elle m'avait grondée, elle avait râlé, elle me tirait les cheveux car il y avait des nœuds, et j'avais pleuré de rage et de douleur. Mais Katie m'avait embrassée en me disant que j'allais être la plus jolie et qu'il était bien temps que je participe aux choses comme les bals. J'avais eu envie de tout lui dire, mais je n'avais pas pu. J'avais une coiffure sophistiquée et je n'aimais pas ça du tout, si ce n'est que la couleur et la brillance de mes cheveux m'avaient surprise, et je les avais trouvé beaux. Mes chaussures me faisaient mal aux pieds mais heureusement elle n'était pas trop à talons. La seule chose que j'avais obtenue c'était de mettre ce collant résille un peu déchiré que je trouvais cool, et si ma mère avait catégoriquement refusé, Katie avait plaidé en ma faveur en expliquant que les jeunes aimaient quand ça faisait "cool". J'avais eu envie de me jeter dans ses bras, mais je n'avais pas pu. J'avais laissé Katie me maquiller un peu les yeux et me mette un peu de rouge à lèvres, mais ça, j'aimais bien, parce que ça me rappelait les après-midi où on jouait toutes les deux. J'adorais ces souvenirs.

Et puis je les avais suivies, j'étais descendue avec elles, marchant trois mètres derrière, le regard au sol, toute mal dans mes habits, toute ronchon. Mon but : me perdre dans la foule, faire acte de présence, et filer au plus vite et enlever cette horreur de robe.

Aussitôt dit aussitôt fait et j'avais filé comme un félin dès qu'elles avaient mis un pied dans la salle de bal, me mélangeant dans la foule. Je ne voulais voir personne et surtout, surtout, surtout pas Fray ou qui que ce soit d'autre. Je ne voulais pas entendre ses moqueries à l'égard de ma tenue, j'avais honte, tellement honte. Je voulais mourir ou disparaître six pieds sous terre.

Je me jetais sur le premier fauteuil venu. Ma gorge était serrée et je n'avais envie ni de boire ni de manger. Après plusieurs instants je me rendis compte qu'il y avait un garçon à ma table, ainsi qu'une autre fille, et qu'une troisième avec une robe à vomir s'était approchée :

- J'ai remarqué que tu étais seul, j'espère que ma compagnie ne te dérange pas...

J'avais ricané. J'étais trop mal pour me retenir un tant soit peu. J'étais trop mal pour rester la petite Lizlor ronchon. J'étais Liz et Liz ne se gênait pas pour exploser.

- Par contre, moi, elle me dérange, ta compagnie, lui avais-je lancé. Je voulais être seule.

Je lançai un regard farouche et hostile au garçon en question et à l'autre fille à ses côtés.

- Quoi?! lâchai-je, hargneuse. Je ne voulais pas qu'ils me regardent.

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Allez, je fais honneur à mon titre d'élève la plus teigneuse! XD

Cette soirée étant vraiment un échec total. Je me demandais combien de temps mon jus de citrouilles et moi-même nous allions tenir le coup, seuls à cette table. Parce que, puisqu'on parlait de déboire, celui-là était moindre mais il s'agissait quand même d'un raté de plus sur mon parcours: je n'avais pas non plus été élu "élève le plus agréable"! Et oui, il semblerait que tout le monde dans cette école considérait que Megane Parry était bien plus agréable que moi! C'était peut-être vrai, mais une chose était certaine: puisque je n'étais pas agréable, c'était forcément que j'étais détestable! Et si j'étais détestable, et bien c'était que je n'étais pas agréable! Et le bilan de cette savante équation, c'était qu'aucune fille ne voudrait passer la soirée avec un garçon détestable et ça, ce n'était pas du tout agréable!

J'étais toujours en train de broyer du noir, observant sans la voir la piste de danse qui s'était maintenant remplie de couples. Mes pensées vagabondaient à droite et à gauche si bien que sentir soudainement des lèvres sur ma joue me fit l'effet d'un électrochoc!

-Am...linor!

Je me mordis la langue brutalement. J'avais failli faire une belle bourde et appeler Elinor Ambre parce que j'étais complètement distrait! Mais ouf, le pire était évité!

-J'ai remarqué que tu étais seul, j'espère que ma compagnie ne te dérange pas... me souffla t-elle en s'asseyant à ma table.

Sur le moment, j'avoue que je lui aurais volontiers sauté au cou tellement j'étais heureux de la voir! Cette jeune fille venait de me ramener à la vie, pour ainsi dire! Alors qu'Ambre, la méchante sorcière, m'avait plongé dans un profond sommeil, Elinor m'avait réanimé d'un simple baiser et mon petit coeur faisait à nouveau de joyeux bonds dans ma poitrine! (D'ailleurs, cet état était en train de devenir permanent chez moi! Ces troubles du rythme auraient peut-être dû m'inquiéter mais je m'en moquais comme du premier "kit du p'tit chimiste" que Gaëtane avait reçu pour Noël! (Enfin, non, je ne m'en moquais pas tant que ça puisqu'avec ce "cadeau" elle avait réussi à détruire notre chambre! Mais bon, passons.))

-Non, Elinor! Pas du tout, au contraire!

J'allais m'empresser de complimenter la jeune fille sur sa jolie robe digne d'un conte de fée et son chignon si élaboré, quand on me coupa l'herbe sous le pied!

-Par contre, moi, elle me dérange ta compagnie.

Offusqué, je tournai la tête si vite que je faillis me déboiter les cervicales. Tout ça pour découvrir une autre jeune fille assise près de moi. Était-il possible que je sois assez inattentif pour ne pas avoir remarqué ce qui se passait autour de moi durant les cinq dernières minutes? Et puis cette élève, elle ressemblait tellement à quelqu'un... Je l'avais sur le bout de la langue mais, comme les mots me manquaient, je restai bêtement à la dévisager.

-Quoi? me lança t-elle, agressive.

Je papillonnai des cils, un peu surpris par le décalage entre un si joli visage et un comportement si acerbe. Et puis, soudain, je réalisai que je savais à qui elle ressemblait tant! Alors, je m'exclamai:

-Oh, tu es...

Une fois de plus mes incisives se plantèrent avec force dans ma langue et je sentis le goût de mon sang se répandre dans ma bouche. J'avais encore failli provoquer une catastrophe en déclarant haut et fort: "tu es la fille de la directrice!!!". Typiquement le genre de phrase dont je devinais qu'elle avait une sainte horreur! Décidément, je n'étais vraiment pas dans mon assiette ce soir! Heureusement, je me rattrapai en vitesse.

-Tu es vraiment superbe.

Ce qui n'était que la pure vérité, d'ailleurs! Ses cheveux blonds-roux allaient si bien avec son teint pâle et ses tâches de rousseurs! Sans parler de sa robe, mais ce qui me plaisait le plus, c'était sans hésiter ce collant résille troués! C'était cool et ça cassait le côté chic en mettant en avant son fort caractère! Bref, j'étais conquis!

-Tu es Lizlor, non? demandai-je prudemment, sur mes gardes. C'est rare de te croiser dans les couloirs... Je veux dire, une fille comme toi, je m'en serais souvenu!

Je lui fis un mince sourire, espérant que je n'allais pas me faire déchiqueter pour avoir osé la complimenter! Je m'apprêtais à reporter mon attention sur Elinor quand soudain...

-Salut! T'es qui déjà? Il me semble t'avoir déjà vu, mais je me souviens plus d'où ta tête me revient...

Et oui, une nouvelle fille s'était matérialisée à ma table! C'était fou ça, je n'était peut-être pas si désagréable que ça au fond!!! Et puis, c'était étrange, moi aussi sa tête me revenait... Et son prénom aussi, d'ailleurs!

-Haley Johnson... me remémorai-je en la regardant dans les yeux. Oui, c'était à un autre bal... Dans une autre vie...

Bizarrement, la remarque de la jeune fille sur ma solitude, qui aurait dû me faire songer à Ambre et me plonger dans le cynisme, ne me fit aucun effet. Miss Serpentard était déjà loin dans ma tête, dans le carton "projets", pour l'année prochaine...

-Ta cavalière t'as lâché, c'est ça, hein?
-Disons que je n'ai pas perdu au change! répliquai-je avec un sourire en coin.

Ça, c'était le cas de le dire, car à ma table, je n'avais que l'embarras du choix! Elinor, timide et frêle avec son regard brillant et sa robe de princesse, me donnait envie de valser toute la nuit, d'être le prince charmant qu'elle avait l'air d'attendre! Ç'aurait été ma chance, d'ailleurs, ce soir, si seulement je n'avais pas tant tenu à mes deux autres charmantes amies!
Haley était tout à fait particulière, et j'irai même jusqu'à dire qu'elle s'opposait à Elinor point par point. C'était l'anti-princesse! Je ne disais pas qu'elle n'était pas jolie, avec sa robe sombre à froufrou, ses cheveux d'un noir de jais et ses yeux en amande joliment maquillés! Cela dit, je sentais bien qu'elle n'était pas naïve et peut-être même un légèrement désabusée!
Quant à Lizlor... Dire que je mourrais d'envie de la connaître était un euphémisme! Elle était si unique et si mystérieuse... De plus, je l'avais vu si peu de fois dans l'école que je sentais bien qu'il s'agissait peut-être de ma seule chance de parler avec elle et de la découvrir!

Aaaargh! Ces trois là allaient réussir à me rendre fou! Je n'avais qu'un seul regret: ne pas avoir assez de bras pour danser avec toutes ces filles en même temps...!!!

Logan semblait perdu dans ses pensées... vu la tête qu'il faisait, elles devaient être bien sombres...

L'aiglonne posa un baiser sur la joue du garçon, ce qui eut pour effet de le "réveiller" un peu. Comme un électrochoc.

- Am...linor!

- Bonsoir Logan... ton smoking est superbe ! fit la jeune fille, toute souriante.

Le jeune homme avait buté sur le prénom de la demoiselle - elle le remarqua à peine - ce n'était rien. L'irlandaise aimait déjà beaucoup ce garçon. Ses yeux pétillants, son doux visage mais surtout sa voix... si harmonieuse...
Il possédait également un bon caractère, charmeur sur les bords, de compagnie forte agréable. Il avait tout du garçon avec qui Elinor voulait faire un bout de chemin...

Logan fit un tel sourire quant il se tourna vers l'aiglonne ! Celle-ci en fut tant ravie.

- J'ai remarqué que tu étais seul, j'espère que ma compagnie ne te dérange pas...

- Non, Elinor ! Pas du tout, au contraire !

La réponse de l'étudiant eut un tel effet que son interlocutrice rayonna de joie...
Il sembla vouloir dire quelque chose mais une voix fusa, telle une lame de couteau fendant l'air.

- Par contre, moi, elle me dérange ta compagnie.

Surprise, la bleue et bronze tourna la tête et découvrit une seconde personne, assise à la table de Logan.
Sur le moment, la collégienne ne sut quoi dire... elle connaissait ce visage, elle l'avait déjà vue dans certain couloirs mais aussi près de l'entrée de la tour des Griffondors. Elle savait notamment qu'elle était la fille de la directrice de Poudlard. Il ne s’agissait que d'une personne : Lizlor Wayland !

Pendant ce laps de temps, Logan semblait également avoir été fouillé dans sa mémoire...

- Oh, tu es...

*Une peste !* pensa Elinor, légèrement offusquée.

- Tu es vraiment superbe.

Mais cela était véridique, Lizlor, ce soir, était très belle. Sa robe noire et sa coiffure parfaite faisait très adulte - voire même, très "j'ai-servi-de-poupée", pensa Elinor - mais le collant troué ajoutait une touche plus personnelle à l'ensemble.

*Je parais tellement banale...* songea, quelque peu déçue, l'irlandaise.

- Tu es Lizlor, non ? C'est rare de te croiser dans les couloirs... Je veux dire, une fille comme toi, je m'en serais souvenu !

Décidément, Elinor se sentait de plus en plus... insignifiante aux yeux de Logan. Elle qui était tant heureuse de pouvoir enfin aller au bal de Noël... qui plus est avec ce garçon qu'elle appréciait.

Celui-ci eut à peine quelques mini-secondes pour retourner son attention vers son amie de Serdaigle, qu'une autre voix se fit entendre. Cette fois-ci derrière la jeune aiglonne.

- Salut! T'es qui déjà ? Il me semble t'avoir déjà vu, mais je me souviens plus d'où ta tête me revient...

Vraiment, c'était LE soir où toutes les filles s'étaient données rendez-vous à cette table !!!

- Haley Johnson... Oui, c'était à un autre bal... Dans une autre vie...

Elinor avait la gorge serrée... elle ne savait plus quoi faire ni où se mettre ! Elle voyait Logan, qui se trouvait comme tiré de tout les côtés et elle. Juste là, à côté, mais si ordinaire et surtout si invisible !!!

La voix de Haley se fit à nouveau entendre et ce qu'elle dit fit l'effet d'une claque à la jeune fille.

- Ta cavalière t'as lâché, c'est ça, hein ?

Il fallait que la fille timide disparaisse au moins un instant du corps et de l'esprit de l'irlandaise, que cette timidité soit tue un court moment ! Il faillait absolument que la fillette banale fasse ce pas si gigantesque !

- Disons que je n'ai pas perdu au change !

Et soudain, la question fut lancée, telle une flèche tirée d'un arc !

- Logan... puis-je t'inviter à danser ?

Au secours ! Non mais sérieusement, qu'est-ce que je foutais là ? Je m'ennuyais tellement ! L'ambiance était nulle, la musique devenait légèrement ridicule et pourtant tout le monde semblait s'amuser... Étais-je donc la seule à trouver ce bal complètement naze ? Moi qui une demie-heure plus tôt me réjouissait à l'idée de me rendre au bal pour la première fois et bien j'étais drôlement déçue ! En plus ma chaise n'était pas confortable et je n'avais presque plus rien dans mon verre. Il n'y avait vraiment personne pour se lever à ma place et me servir un verre de jus de citrouilles ? Pas même un Elfe de Maison ?... Misérable vie !
Le pire c'est que de plus en plus d'élèves arrivaient en retard et je finissais par me dire qu'on serait bientôt tous serrés comme des sardines, déjà que je trouvais que les tables voisines de la mienne étaient bien trop proches de moi - j'avais besoin d'espace vital voilà tout.

Le garçon à ma gauche semblait bien décontenancé par la venue de deux filles à sa table. En face de moi, une jeune fille appelée Elinor, minaudait lamentablement dans sa robe qui ne lui allait pas du tout (et qui n'allait à personne d'ailleurs) et essayait de faire du charme au garçon de ma classe. Elle était rousse, ou quelque chose comme ça et avait d'étonnants yeux qui avait le don d'attirer le regard. Mais elle ne savait pas que je détestais qu'on me pique la vedette, et sa venue m'avait contrariée, je préférais qu'on s'occupe de moi.

- J'ai remarqué que tu étais seul, j'espère que ma compagnie ne te dérange pas... dis la fille en face de moi.

- Non, Elinor ! Pas du tout, au contraire ! répondit le Serpentard.

Menteur. Allez, avoue que tu bavais devant la Miss Serpentard !

- Par contre, moi, elle me dérange ta compagnie.

Je me retournai brusquement. Une fille s'était assise à côté de moi, l'air renfrogné et mauvais et semblait plutôt hostile. Nous la regardâmes tous avec des yeux ronds, comme si elle était apparue comme par magie à nos côtés. Je lui jeta un regard fixe, l'observant de bas en haut (enfin j'évitais le haut parce qu'elle faisait un peu peur).

- Oh, tu es... murmura le Serpentard tout en fouillant dans sa mémoire. Tu es vraiment superbe.

Elle était plutôt belle. Ses cheveux blonds en pagaille ne me plaisait pas trop, ni sa robe mais j'adorais ses chaussures et son style. Elle avait l'air cool en plus et puis mine de rien elle me disait vaguement quelque chose. C'était le genre de personne à faire vibrer la mémoire, je savais que je l'avais déjà vue quelque part, mais où ?
En tout cas Elinor semblait légèrement vexée et démoralisée de ne pas pouvoir capter l'attention plus longtemps de son prince charmant. Le garçon semblait très intéressé par la venue de la jeune fille, dont le nom m'échappait encore...

- Tu es Lizlor, non? demanda le jeune garçon.

J'eus une sorte de flash et je me souvins alors réellement ! Mais oui Wayland ! Tout le monde en parlait, la fille de la directrice. J'arrivais enfin à mettre un nom sur ce visage (ou le contraire peut-être) et un sourire narquois apparut aux coins de mes lèvres.

- C'est rare de te croiser dans les couloirs, continua-t-il. Je veux dire, une fille comme toi, je m'en serais souvenu !

Allez prends ça ma pauvre Elinor ! Vite, ton jeune prince s'enfuyait avec une autre princesse ! Je pouffais de rire. En fait j'étais plutôt contente d'être ici, je sentais que la soirée allait être riche en émotions !

-Haley Johnson... me dit-il en se retournant de mon côté. Oui, c'était à un autre bal... Dans une autre vie...

Ah, il me reconnaissait alors ! Très bien, je n'étais donc pas une étrangère à ses yeux ! Fort bien, fort bien... J'allais vraiment m'amuser ce soir !

- Disons que je n'ai pas perdu au change !

Il y allait franchement et j'aimais ça. Son prénom me revint en tête soudainement : Logan Jefferson. C'était presque une évidence ! Il semblait bien à l'aise avec les filles, et surtout avec Elinor... Je me demandais ce qui se tramait entre eux deux, mais je trouvais ça amusant de me mêler de ce qui ne me regardais pas ce soir. Et puis la Serdaigle me faisait tellement marrer, elle semblait complètement paumée dans la discussion et ne savait plus où se mettre. Je l'observais fixement, un sourire en coin. Il se passait quelque chose dans son cerveau, ça avait l'air de réfléchir très fort là-dedans...

- Logan... puis-je t'inviter à danser ? osa-t-elle.

Je ne pus m'empêcher de pousser un petit cri d'étonnement, suivi d'un haussement de sourcils moqueur. Je me tournai vers Lizlor, les yeux pétillants d'excitation et ne put retenir un sifflement. Elle ne tournait pas autour du pot la petite ! Alors là, c'était décidément quelque chose à ne pas rater et je me redressai sur ma chaise pour être confortablement installée et ne rien manquer du spectacle.
Logan nous jeta un regard et je haussai les épaules, m'approchant de lui pour m'écrier :

- Bah alors Logan qu'est-ce que t'attends ? Fais lui connaître la danse de sa vie mon vieux !

J'éclatai d'un rire dédaigneux et lorsqu'ils s'éloignèrent, je me pencha vers Lizlor l'air blasé et lui murmura :

- Sauvons-le...

L'autre cruche sembla offusquée mais ne pipa mot. Trop facile. Je battis des paupières avec agacement; si en plus on ne me permettait pas de passer ma mauvaise humeur et qu'on ne répondait pas à mes attaques, avec quoi allais-je pouvoir me défouler? Il m'aurait peut-être fallu Stephen finalement, mais je me sentais si mal dans cette robe, accoutrée ainsi comme une jeune fille que je n'étais pas encore, que je n'étais pas capable de supporter son regard. J'avais besoin de mes pleines capacités face à lui. Ce soir, elles étaient bien loin d'être à leur maximum.

-Oh, tu es... Tu es vraiment superbe.

Le garçon venait de tourner la tête vers moi et me regardait avec une insistance polie qui me mettait encore plus mal à l'aise, si c'était possible. Il avait un regard... charmeur, et je me recroquevillai encore plus au fond de ma coquille. A l'extérieur, à l'inverse, c'était mes griffes qui sortaient d'avantage. Je lui jetai un regard noir et fronçai les sourcils tandis que sur mes lèvres se formaient une expression boudeuse et hostile. Je ne savais pas trop où il voulait en venir, mais ce compliment surgi de nulle part m'avait prise de court. Si il y avait bien une chose qui me donnait envie de disparaître six pieds sous terre, c'était les compliments de ce genre. Je me sentais tellement mise à nu dans ces cas-là qu'ils déclenchaient en moi l'opposé de l'effet escompté.

- T'es qui toi? lançai-je du bout des lèvres, sèchement. Mais je sentais que le rouge me montait légèrement aux joues et que dans mes yeux s'était allumée une étincelle nouvelle.

-Tu es Lizlor, non?

D'où me connaissait-il? ... Question idiote : tout le monde me connaissait ici, enfin, tout le monde connaissait mon nom, parce que la fille de la directrice ne peut pas espérer rester anonyme bien longtemps dans une école comme Poudlard. Je donnai un léger coup de tête suivi d'un haussement d'épaules. Quand bien même il mettait un nom sur mon visage, il ne connaissait rien de moi, rien de mon histoire, rien de ce que je ressentais en ce moment même, rien de cet étouffement de plus en plus pesant qui me pressait les entrailles.

- C'est rare de te croiser dans les couloirs... Je veux dire, une fille comme toi, je m'en serais souvenu!

Nouveau froncement de sourcils. Je lui jetai un regard passablement étonné. Il était bête ou quoi?

- C'est idiot ce que tu dis, tu veux que je sois où à part dans les mêmes endroits que toi? On est dans la même école, non? répondis-je un peu moins sèchement que précédemment, une pointe de lassitude agacée pointait dans ma voix, mais en même temps j'étais curieuse de savoir où il voulait en venir, parce que je ne comprenais pas du tout.

Je détournai le regard. Subitement, et encore une fois, je pensai à Conrad. Je pensai à ce que nous aurions fait si il était là avec moi. Les filles n'auraient eu d'yeux que pour lui mais il m'aurait, comme toujours, fait passer avant tout le monde. On se serait assis dans un coin, on aurait grignoté en parlant de tout le monde, et il m'aurait fait rire. Et puis il aurait sympathisé parce qu'il était comme ça, et que pour lui ces choses là coulaient de source : les gens l'aimaient, et je ne pouvais pas leur donner tort. Mais le plus étrange dans tout ça c'est qu'il parvenait à me faire sociabiliser avec lui. Quand les gens nous découvraient tous les deux je me sentais la petite soeur de ce grand frère si merveilleux et tout de suite c'était comme si une aura de bonheur et de chance se déposait comme un halo sur mes épaules. J'étais d'humeur plus légère, je riais, je parlais aux gens, alors que de moi même je n'en aurais jamais été capable. Conrad tirait le meilleur qu'il y avait en moi, il le puisait sans jamais rechigner. J'étais quelqu'un de bien, avec lui. Loin, je pourrissais petit à petit, je devenais l'ombre de moi-même. Est-ce qu'un jour il allait me trouver vraiment trop horrible?... Non, jamais. Non. Pitié.

J'avais le regard perdu dans la foule, devant moi. Maman, au loin, buvait un verre avec Katie et une de leurs collègues. C'était étrange comme les sourires imprimées sur les visages des autres me paraissaient extra-terrestres, incompréhensibles. J'étais si loin de tout ça. J'étais si triste au fond, si seule, et j'avais tellement mal. Pourquoi n'avais-je pas la chance comme tous ces gens de goûter à la magie et au bonheur de Noël? Parce que ma chance et mon bonheur étaient loin, bien loin, restés en Oregon avec mon âme et mon enfance. Liz n'était rien d'autre qu'une coquille vide.

Haley Johnson, entendis-je vaguement pas loin de moi. C'était le nom de l'autre fille. Haley... Le sort s'acharnait sur moi et c'en était risible. J'eus un petit rictus de contrariété.

- Logan... puis-je t'inviter à danser ?

Je soupirai puis claquai ma langue contre mon palais pour montrer mon exaspération. Je scrutai mes bottines et mon collant résilles tout en me rendant compte que cette robe remontait bien trop haut et que j'étais bien trop... Bien trop fille. Liz n'était pas contente, pas contente du tout, elle s'ébrouait et ne demandait qu'à rugir. Je lançai un regard plein de colère à Elinor qui, avec sa robe atroce de princesse désenchantée, s'évertuait à vouloir passer un bal parfait, et j'avais envie de lui crier que jamais elle ne vivrait cette romance dont elle rêvait et qu'il fallait qu'elle remette les pieds sur terre.

- Bah alors Logan qu'est-ce que t'attends ? Fais lui connaître la danse de sa vie mon vieux ! Haley. Elle se pencha vers moi et je ne pus réprimer un frisson de dégoût, en pensant à son prénom. Sauvons-le...

Mais son sourire moqueur me rallia à sa cause. Elle avait visiblement envie d'être méchante, comme moi, et je ne pouvais décemment pas refuser cette perche qu'on me tendait, sous peine de sombrer.

Je bondis sur mes pieds et me plantai devant Elinor avec un sourire méprisant aux lèvres.

- Oh non, lâchai-je. Il va danser avec moi.

J'attrapai le garçon par sa chemise et le forçai à se lever sans ménagement avant de l'attirer à ma suite et de me fondre dans la masse.

Qu'est-ce que j'avais fait?! Maintenant, je n'avais aucune envie de danser et surtout je ne savais pas comment faire, et en me retournant je m'étais retrouvée face à face avec le garçon qui était trop proche, oh, bien trop trop proche. J'eus un sursaut de recul et lui lançait un regard farouche. Je voulais fuir mais il y avait trop de monde, et ils me bousculaient. Par-dessus son épaule j’apercevais Haley et lui lançai un regard de détresse - maintenant que nous avions déchu l'autre princesse ratée, elle ne voulait pas venir m'aider?!

Si personnellement, j'étais complètement partagé entre les trois beautés qui se trouvaient à ma table, je sentais bien que de leur côté, par contre, elles ne me portaient pas toutes le même degré d'intérêt... Sur une échelle de un à dix, par exemple, je pouvais assurer qu'Elinor me mettait à dix. Elle et moi avions accroché, c'était indéniable. Ses sourires répétés et ses pommettes rosies ne me trompaient pas et j'aurais pu passer toute la soirée plongé dans son regard brillant tant je la trouvais attendrissante.
Avec Lizlor, par contre, j'étais plus proche du zéro absolu. Ouais, bon... On ne pouvait pas gagner à tous les coups, hmmm? Je sus que j'avais raté ma chance avec elle dès qu'elle me lança un: "T'es qui toi?" acerbe.

-Euh... Logan Jefferson...

C'était tout juste si je n'avais pas rajouté un poli "madame" à la fin. Cette fille était particulièrement agressive, et ce caractère bien trempé se confirma quand elle me démontra par a + b à quel point j'avais été stupide de lui faire cette réflexion sur sa présence dans le château. À l'évidence, la petite subtilité du "une fille comme toi, je m'en serai souvenu" utilisé à la place d'un compliment direct pour la complimenter sur son physique, lui avait échappé. Bon et bien, je n'avais plus qu'à faire profil bas... Au moins, Elinor serait là pour me faire un joli pansement si la Gryffondor décidait soudainement de me sauter à la gorge! (Oui, une fille! Vous pensez bien que je n'oserais pas me défendre et que je me laisserais volontiers laminer le visage par les ongles de la fille de la directrice s'il fallait en passer par là pour obtenir ses faveurs...)

Quant à Haley... Et bien Haley... C'était un mystère. Elle semblait s'amuser de la situation. Et, malgré mes dons innés en psychologie féminine, je n'aurais su dire si elle avait choisi ma table en toute connaissance de cause ou parce qu'il n'y avait plus de place ailleurs. Elle était intrigante et même... fascinante. Et pour mon moral, j'admis qu'elle me mettait à sept sur dix!

-Logan... Puis-je t'inviter à danser?

Aïe. C'était une décision difficile à prendre et je me mordis la lèvre inférieur imperceptiblement. Effectivement, j'avais particulièrement envie de danser! Mais, abandonner Haley et Lizlor... (Bon, d'accord, Haley plus que Lizlor, mais peu importe!) me fendait le coeur...
Partagé, je jetai un petit regard en coin à la jolie brune qui n'hesita pas à me lancer un franc:

- Bah alors Logan qu'est-ce que t'attends ? Fais lui connaitre la danse de sa vie mon vieux !

Je levai un sourcil, un peu étonné... J'avais mis dans le mille, Haley était complètement cynique et désabusée! Et ses petites piques malicieuses, j'adorais ça! Mais, puisque j'avais son autorisation pour aller m'amuser, il était clair que je n'allais pas m'attarder dans le coin! J'avais les jambes qui me picotaient rien qu'à l'idée de danser... Je reportai donc mon attention sur Elinor et m'exclamai, tout sourire:

-Oui Elinor, allons-...
-Oh non. Il va danser avec moi.

Ahah... J'émis mentalement un petit rire nerveux. Lizlor, j'avais presque oublié qu'elle était là! Et pour le coup, on pouvait dire qu'elle m'avait coupé l'herbe sous le pied!
Bon, j'allais refuser poliment son invitation... Ce n'était pas qu'elle était trop bougon à mon goût mais... HEY!!! MA CHEMISE BIEN REPASSÉE!!!
Très bien, je n'avais pas eu le choix. Un sourire d'excuse à Elinor, un regard plein de regret à Haley et quelques bégaiements plus tard, je me retrouvai face à Lizlor sur la piste de danse. Et c'est là que je m'aperçus que cette fille était une grande, grande comédienne.

Parce que oui, c'était bien mignon de m'incendier avec des répliques cinglantes à la première occasion venue et de ne pas me laisser le choix de ma cavalière en me trainant sur la piste de dans par ma cravate! N'empêche que désormais, la tigresse avait rangé ses griffes et était carrément mal à l'aise. Terminé cette assurance hors du commun qui écrasait quiconque se trouvait sur sa route! Lizlor, en réalité, était une fille comme les autres et j'irai même jusqu'à dire que dorénavant, elle avait peur de moi. Elle était même aller jusqu'à avoir un sursaut de recul en s'apercevant de notre soudaine proximité!
Je souris d'un sourire... carnassier. C'était moi, désormais, qui avais les rennes en main.

Lizlor était ce genre de fille très délicate à approcher. Vous savez, celles qui se braquent quand on leur fait un compliment et qui vous jette de l'huile bouillante au visage si vous osez les toucher. Mais, mais, MAIS! Elle m'avait attiré jusqu'ici et au fond, je savais que c'était uniquement parce qu'elle le voulait bien... (Zéro sur dix? Je n'en étais plus si sûr et misai sur un honorable deux!)

-Et bien Lizlor... Qu'est-ce qu'on attend?

Je fis un pas vers elle, puis un autre. Avec tous les gens qui nous entouraient, ce n'était pas comme si elle avait la possibilité d'aller bien loin de toute façon. Je préférais ne pas lui laisser le temps de réagir. Ce genre de personne aux méninges en ébullition, il valait mieux les empêcher de trop réfléchir à la situation.
Sans la ménager davantage, je lui saisis le poignet et, avant qu'elle n'ait pu de me cracher dessus, je l'attirai à moi et en profitai pour glisser mon autre bras dans le bas de son dos. Enfin un peu de chaleur humaine! C'est que je commençais à désespérer, moi! À présent, nos torses étaient collés l'un à l'autre et rien qu'à cette pensée, j'étais tout émoustillé.

-Tu vas voir, ce n'est pas si difficile.

Je relâchai un instant ma pression sur son poignet et entrecroisai tant bien que mal nos doigts. La jeune fille était un peu crispée et suivre le rythme de la musique fut un peu laborieux au début, mais je n'accordai pas d'importance à ce détail. Je ne voulais pas qu'elle se sente prisonnière, ni même contrainte de faire quoi que ce soit. D'ailleurs, nous ne bougions que très peu. Je sentais bien que ce rapprochement, qui paraissait pour moi le plus naturel du monde, représentait pour elle une grande étape. Je ne voulais pas la brusquer. J'avais envie de la mettre en confiance, et, même si avec un peu plus de temps je m'y serai pris différemment, il fallait bien avouer que les circonstances avaient un peu précipitées les choses.

La maladresse de Lizlor me touchait et son regard furieux qui se heurtait au mien, plein de bienveillance, me faisait sourire. Je serrai sa main fermement dans la mienne. Je n'avais plus envie qu'elle parte, finalement. Son côté sauvage, le sentiment qu'elle pouvait me repousser à tout moment, m'obligeaient à profiter encore plus de chaque seconde à son contact...
Décidément, Lizlor Wayland, l'essayer, c'était l'adopter...

Après tout ces bavardages et la proposition d'aller danser d'Elinor, Logan reporta alors toute son attention sur la bleue et bonze et s'exprima avec un grand sourire.

- Oui Elinor, allons-...

- Oh non. Il va danser avec moi.

Quelle peste cette Lizlor !!! Quel culot !!!
Lizlor attrapa Logan par la chemise - en manquant de la déchirer - et l'emmena sur la piste de danse. Lui fit un léger signe d'excuse à la Serdaigle tout en étant bien surprit de cette inattendue réaction. Elinor (le cœur battant) ne quitta pas le duo de sa vue...

Arrivés au centre du cirque de danse, Lizlor - qu'Elinor suivait toujours des yeux - se retourna vers le garçon qu'elle avait emmener et s’avéra bien penaude !
Quelques instants plus tard, Logan commençait une danse en sa piètre compagnie... La Griffondor semblait ne pas vouloir valser. On aurait dit qu'elle voulait s'enfuir à tout prix...

Elinor, qui n'avait pas quitté sa place, près de la table, observait avec avidité chaque détails du "couple" que formait la chipie et le jeune homme qu'elle appréciait tant.
Après plusieurs minutes d'analyse, l'irlandaise constata que la fille de la directrice ne savait pas danser et que c'était le Serpentard qui faisait tout !

*Ça alors... la colérique petite Liz ne sait pas danser...*

Après une valse plutôt saccadée - grâce à Lizlor -, la musique s’arrêta. La griffone sembla soulagée de ce fait...

*Quand pourrais-je valser avec toi ?* pensa Elinor, soudain d'humeur mélancolique.

La jeune fille poussa un léger soupir... et dans un souffle, s'exprima :

- Is breá liom tú...

Et puis NON, Lizlor n'avait pas le droit de lui prendre Logan !!! Pas le droit ni la plus petite permission !!!

Elinor marcha alors d'un pas décidé jusqu'aux danseurs - qui s'étaient alors séparés en laissant environ un mètre de distance entre eux - et ses paroles fusèrent dans l'air.

- Lizlor, je te libère de ta charge ! Tu peux maintenant décemment t'enfuir de ce lieu !

L'irlandaise, en voyant la chipie s'éloigner, reporta son attention sur Logan. Celui-ci n'avait dit mot durant le différend des deux étudiantes... ou du moins, c'est ce qui avait semblé à Elinor.
L'aiglonne sourit au jeune garçon. Ses joues prirent une teinte plus rosée et elle aperçu un pétillement dans le regard de son bel ami (plus qu'ami pensa la demoiselle). Ce pétillement, elle s'en souvenait parfaitement... elle l'avait déjà vu quelque part... elle l'avait vu un jour de grand vent, au bord du lac.

- Excuse-moi d'être en retard...

Puis, comme si l'orchestre avait entendu une pensée - peut-être deux - se remit à rejouer... une valse cette fois-ci...

Tout en se plaçant face à Logan, la Serdaigle prit les mains de son cavalier dans les siennes, le Serpentard entraina la bleue et bonze et les deux jeunes gens se mirent à danser...

Durant la danse, Elinor pensa qu'il était temps d'avouer ce qu'elle ressentait... ce qui la taraudait depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Cela eut pour effet de faire battre son cœur encore plus vite mais aussi de rendre le sourire de la demoiselle encore plus rayonnant.

- Logan, je...

Mais, n'osant pas aller plus loin dans sa déclaration, sa voix se tut...

- Oh non. Il va danser avec moi.

Je m'étouffais de surprise. Non mais depuis quand Wayland était sur Jefferson ? J'en avais le souffle coupé rien qu'en regardant Lizlor surgir hors de sa chaise et arracher Logan des mains d'Elinor. Elle le prit par le col et l’emmena tel un chien sur la piste de danse. Je restai muette pendant un bon moment, avant de reprendre mes esprits et m'adosser confortablement contre ma chaise, les bras et les jambes croisés.
Comme quoi, tout pouvait changer à la seconde et ce n'était pas une coïncidence cette fois-ci ! Elinor avait une mine déconfite, elle semblait outrée et en colère. Elle ruminait dans son coin, on aurait dit qu'elle boudait comme une petite fille. J'eus un rictus mauvais et reporta mon attention sur les deux adolescents qui étaient à présent au milieu de la piste.
Lizlor avait perdu toute sa crédibilité et son assurance étourdissante n'avait duré qu'une minute finalement. Logan semblait tirer de la satisfaction de ce moment gênant - enfin juste pour Lizlor. Son côté charmeur semblait prendre le dessus, loin d'Elinor, au milieu de tous. Il prit doucement les mains de Lizlor (ses joues étaient cramoisies la pauvre !) et commença à tanguer en rythme.

- Is breá liom tú...

Je me tournai furtivement vers Elinor, les sourcils froncés et je murmurai pour moi :

- Non mais qu'elle cruche celle-là encore...

Alors qu'Elinor continuait de taper du pied et que les tourtereaux valsaient, j'en profitai pour m'approcher à grands pas de la buvette. Il fallait que je sois la plus rapide possible pour ne rien rater de ce crêpage de chignon spécial Noël. J'en jubilai d'avance de voir les deux filles se battre pour Logan, j'estimai en tirer sûrement le plus de satisfaction - haha.
Je revins avec dans les bras, un verre de jus de citrouilles bien dosé et plusieurs petits fours. Je m'assis confortablement et je fus heureuse de n'avoir rien manqué ! Au contraire, Elinor semblait enfin décidé à se bouger et récupérer une bonne fois pour toute son espèce d'épouvantail en costume qui se trémoussait avec la fille de la directrice.

- Lizlor, je te libère de ta charge ! Tu peux maintenant décemment t'enfuir de ce lieu !

J'éclatai d'un rire strident. Il fallait vraiment la voir se ruer vers Logan ! On aurait dit une énorme sangsue qui voulait s'accrocher désespérément à un peu de chair humaine.

- Allez vas-y, envoles-toi ma vieille ! m'écriai-je, moqueuse.

Je me léchai les doigts, j'avais déjà englouti mes petits fours tellement j'étais obnubilée par cette comédie.
Le problème c'était Lizlor, elle n'arrêtait pas de me lancer des regards plein de détresse tandis que je riais de la situation comme il se devait (il fallait bien que quelqu'un le fasse après tout). En même temps, j'avais envie de faire une bonne action ce soir. Je n'avais pas vraiment envie d'aimer Elinor, oui voilà, faisons comme si je n'avais pas envie ! Du coup logiquement, j'étais obligée d'aider Lizlor puisqu'elle était à fond sur Logan et que ce-dernier était fatiguée d'Elinor, je devais le faire ! C'était dans ma nature d'aider mon prochain et de me comporter en toute innocence, gentillesse et surtout adopter une droiture exemplaire. Bien sûr, je parlais avec mon cœur de Serpentard, c'était trop me demander voyons !

Je me levai tranquillement de mon siège, mon verre de jus de citrouilles à la main et me dirigeait vers le trio de champions. D'un air dégagé, je fis un grand sourire à Logan, un geste courtois à Lizlor et un regard qui se voulait rassurant à Elinor. Une musique un peu plus cool retentit alors des énormes enceintes de l'école et je commençai doucement à me déhancher à côté de Lizlor. Soudain je me tournai juste derrière Logan qui dansait main dans la main avec Elinor. En toute innocence, je fis semblant de trébucher sur le pied de Logan, mais malheureusement renversa le contenu de mon verre sur la robe blanche d'Elinor. J'émis un petit cri horrifié, les mains autour de la bouche pour réprimer mon hurlement (ou peut-être m'empêcher d'éclater de rire). Je me précipitai vers elle et posai ma main sur sa robe trempée. Très bien, j'avais vraiment bien visé !

- Oh mon dieu Elinor ! Je suis terriblement confuse si tu savais ! C'est tellement dommage pour ta robe, tu ne peux pas continuer à danser comme ça ! m'écriai-je, avec un air légèrement (très peu) hypocrite.

Je me tournai vers Logan, le regard mauvais. J'étais vraiment bonne actrice.

- Tu pouvais pas faire attention, espèce d'empoté ! lui dis-je en le poussant du plat de la main pour qu'il s'écarte de mon chemin. Pauvre Elinor...

Je me dirigeai alors d'un pas enragé vers notre table et posa mon verre vide dessus. Un grand sourire satisfait, je me frottai les mains et m'étirai longuement. Je revins en trottinant sur la piste de danse, le cœur désormais plus léger.

-Et bien Lizlor... Qu'est-ce qu'on attend?

Ma colère s'étiolait sans aucune résistance en une crainte mêlée de dégoût. Je n'avais pas calculé cela; que je serais si physiquement proche de Logan Jefferson au milieu de cette immonde piste de danse, et je dus réprimer un spasme. brusquement me revinrent en mémoire les souvenirs avec Fray dans ce maudit placard où nous avions été condamnés à passer une partie de la nuit. Quand il m'avait immobilisée, quand j'avais senti son corps sur le mien, oh, la sensation avait été indescriptible... J'avais failli céder aux nausées qui m'avaient envahies, j'avais tremblé, et surtout j'avais tourné la tête pour ne pas être d'avantage dégoûtée. Ce corps contre le mien c'était l'horreur, je ne supportais pas d'être touchée, et encore moins par des garçons que je ne connaissais pas. Il n'y avait que mon frère ou mes parents ou Katie qui avaient le droit de me prendre dans leurs bras. Le reste provoquait une réaction épidermique chez moi et je me serais transformée en tigresse folle pour y échapper.

D'ailleurs ce dégoût s'exprimait aussi quand je voyais les couples d'élèves se tripoter dans le couloir. J'avais instantanément envie de vomir - je ne comprenais pas. Dans ma chair, au plus profond de moi, jamais, jamais je ne pourrais supporter que l'on m'embrasse ou qu'on ose de telles choses. C'était une intrusion en moi-même que je ne pouvais même pas envisager. Quel besoin avaient les adolescents de s'y adonner à partir d'un certain âge, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde? Pour moi c'était l'enfer, c'était viscéral, je sentais une répulsion insurmontable, et mon corps entier se révulsait à cette idée.

Logan s'approchait de moi alors que dans mon dos on me bousculait - comme si tous les danseurs s'étaient donnés le mot pour que je danse avec lui. Je ne cessais de lui jeter des regards hostiles et farouchement méchants, mais comme si il n'avait été qu'un pantin au joli sourire, il m'attrapa la main entre ses griffes et passa son bras dans mon dos pour danser avec moi, comme ils le faisaient tous, autour de moi, ces pauvres fous. Je sentis tout mon corps se raidir, des pieds à a tête, comme si mes os avaient gelé un par un.

-Tu vas voir, ce n'est pas si difficile.

- Tu places mal tes mains et je te tue, feulai-je en sa direction, les dents sorties. Oh oui, j'étais prête à le mordre, à la griffer, si il osait un seul instant insister un peu ou bien monter ou baisser ses mains vers des endroits que je savais que les garçons appréciaient tout particulièrement. Ce n'était pas des paroles en l'air; et je crois d'ailleurs qu'il avait compris combien j'étais sérieuse depuis le début, à en juger de son trouble visible et sa voix qui manquait parfois d'assurance quand il m'avait parlé. Mais hélas, sur cette fichue piste de danse les rôles s'étaient inversées et c'était moi, la proie. Dans l'ombre Liz s'étirait et sortait ses griffes une à une car elle ne supportait pas d'être emprisonnée ainsi. Elle ne demandait qu'à sortir de son antre et Logan Jefferson allait sûrement en faire les frais...

Pourtant je savais danser - c'était ça, d'avoir un grand frère. Dès qu'il était rentrée à l'école de sorcellerie, aux États-Unis, Conrad avait connu les bals (bien plus qu'ici, puisqu'il y avait le bal de promo, de fin d'année, etc) et comme il était le garçon que tout le monde aimait et que tout le monde aimait, il avait tenu à savoir danser parfaitement bien. Du coup, pendant les vacances, j'étais tout le temps réquisitionnée pour être la cavalière et je tournoyais des heures avec lui. Je dois dire que... Si j'avais toujours prétendu détester danser, j'avais passé des moments parfaits avec lui. C'était drôle, finalement, de tourner sur le rythme de la musique, de se laisser porter par son cavalier, surtout un cavalier comme Conrad. Il me soulevait dans les airs, parfois, et je riais. Je me rappelais les fois où je boudais parce que je n'avais pas envie et tandis que la musique se déroulait il me faisait rire en me racontant des blagues ou en me cherchant et je finissais toujours par redemander une autre danse...

Comme ce temps heureux me paraissait loin, loin, si loin...

Logan Jefferson n'avait rien de Conrad et malgré ma connaissance des pas de danse je restais raide, prête à me défendre, le fusillant sans cesse du regard, les lèves figées en une moue hostile.

- Lizlor, je te libère de ta charge ! Tu peux maintenant décemment t'enfuir de ce lieu !

Cette voix, cette voix... Cette voix me fit l'effet d'une piqûre de taon et je tournai violemment la tête, le regard assassin, mes cheveux voletant autour de ma tête comme des flammes prêtes à me brûler vive. L'autre idiote s'était ramenée - décidément, elle était coriace, Logan avait donc tant fait chavirer son petit cœur?... Je me tournai vers le garçon en question avec cette fois, de nouveau, un sourire moqueur car ce pot-de-colle ne semblait pas vouloir le lâcher.

Et puis tout se passa très vite. La foule nous sépara alors que Liz ne demandait qu'à bondir sur la Serdaigle pour lui griffer la peau. Je me débattis pour revenir vers eux alors que je les voyais se mettre à danser - non, non, non, ça n'allait pas se finir comme ça! Non pas que je voulais danser avec Logan mais je voulais vider mon trop plein de rancœur sur cette cruche qui avait l'air de déborder d'amour pour le Serpentard, et d'ailleurs, la raison de cette affaire m'échappait complètement. Que lui trouvait-elle? Les hormones encore une fois me laissaient pleine de dégoût; tous n'étaient que des victimes de cette ébullition qui me donnait envie de vomir. Je vis Haley Johnson qui me regardait et l'invitait du regard à m'aider - elle était ma seule alliée dans la place. Et puis, alors que balançai des coups de coude autour de moi sans prendre garder aux cris étouffés des personnes que je touchais, je vis la Serpentard réussir un coup de maître : elle s'approcha des deux idiots qui dansaient et, de la façon la plus calculée qui soit mais la plus volontairement naturelle, trébucha contre Logan et renversa le contenu orange de son verre sur la greluche avec sa robe de princesse. J'éclatai d'un rire pointu et méchant, m'extirpant de la foule, me retrouvant près d'eux à nouveau.

- Oh mon dieu Elinor ! Je suis terriblement confuse si tu savais ! C'est tellement dommage pour ta robe, tu ne peux pas continuer à danser comme ça !

On aurait dit qu'elle s'était vomis dessus - c'était moche et crade à la fois.

- Tu pouvais pas faire attention, espèce d'empoté ! Pauvre Elinor...

Je choisis ce moment de flottement pour me planter devant la Elinor en question, lui agrippai les cheveux et la tirai sans ménagement malgré ma frêle consistance. Je la tirai violemment loin de Jefferson et m'entendis brailler d'une voix suraiguë :

- Toi tu DÉGAGES, maintenant, t'as pas encore compris que je ne voulais pas de toi ici?!

Après lui avoir bien tiré les cheveux, je l'envoyais balader plus loin en lui lançant un regard bien dissuadant de revenir. Me retournant, je cherchai alors Haley du regard - c'était étrange de constater que ce prénom était de mon côté, pour une fois - pour lui lancer un petit coup d’œil de remerciement.

Et maintenant, quoi?...

Je me plantai devant Logan qui, respectant son rôle d'amoureux transi de chacune des filles qui se baladaient dans cette salle, devait se sentir bien perdu au milieu de cette guerre sans merci.

- T'as un problème? balançai-je, hargneuse, me retrouvant à nouveau devant lui. Bon, il voulait danser, non? Moi pas, mais Liz avait soudain une petite idée pour continuer ce sympathique petit bordel qu'elle prenait plaisir à faire. C'est moi qui mène la danse, maintenant, susurrai-je entre mes dents serrés et lui pris d'office la main pour l'emmener dans une danse d'un rythme effréné. Je refoulais au plus profond de moi mon dégoût et mes vieux démons et retins ma respiration, mais Liz avait bien dans l'optique de montrer à Jefferson ce qu'était une vraie danse.

[HJ: Avec l'accord d'Elinor pour faire agir son personnage! Ulrich: l'homme à abattre? [Libre] terminé 938394

]

-Tu places mal tes mains et je te tue.

Ouh!!! Mais c'est que nous faisions de nets progrès!!! Avec un peu de chance, avant la fin de la soirée j'aurais même droit à l'emploi du conditionnel! Non pas que l'impératif me dérange particulièrement, non, j'aimais les femmes qui savaient ce qu'elles voulaient et dans le cas présent, on pouvait dire que c'était tout à fait le cas de Lizlor! Mais un peu de tendresse et de chaleur humaine en ce bas monde, n'était-ce pas tout ce dont nous avions besoin?

La musique s'arrêta pour reprendre sur... une valse! Aaaaah, mais c'était décidément mon soir de chance! Je serrai un peu plus Lizlor contre moi, (l'omoplate, j'avais le droit, non? J'aurais bien tenté la chute des reins mais j'avais bien trop peur de recevoir un uppercut...) lorsqu'une voix attira mon attention.

- Lizlor, je te libère de ta charge ! Tu peux maintenant décemment t'enfuir de ce lieu !

Sous le coup de la surprise, je lâchai ma cavalière et ne remarquai même pas qu'elle se faisait emporter par la foule. (Que voulez-vous, je peux être atrocement distrait quand je regarde une jolie fille...)
Ah, Elinor... J'avais presque oublié que je lui avais promis une danse! Alors, chacune son tour les filles! Car même s'il aurait aimé danser avec vous toutes en même temps ce soir, Logan Jefferson n'a que deux bras, malheureusement...

Je glissai donc un bras dans le dos d'Elinor pour commencer à danser avec elle. La jeune fille était très douée, on ne pouvait pas lui enlever cela! Mon seul regret était cette robe bouffante qui maintenait entre nous une prudente distance alors que j'aurais aimé coller mon corps au sien, comme il se devait dans ce genre de situation.

-Logan, je...
-Oui...?

Je regardai ma partenaire avec intensité comme je commençais à en avoir l'habitude. D'un autre côté, avec des yeux pareils, j'imaginais mal comment il aurait pu en être autrement! D'ailleurs, j'étais parti loin, très loin dans un monde à part où il n'y avait plus que ma Serdaigle et moi... et Haley.

Haley. Je ne pus que trouver cela bizarre d'apercevoir son visage fendu d'un grand sourire par dessus l'épaule de la serdaigle.
À bien y réfléchir, je n'avais jamais vu Haley sourire mais seulement ricaner. Alors, pardonnez mon scepticisme, mais la découvrir sur la piste de danse, avec son petit air angélique de sainte-ni-touche ne me rassurait absolument pas. Je dirais même que ça m'angoissait plus qu'autre chose!

La musique changea de nouveau et je m'écartai d'Elinor avec un pincement au coeur. J'avais à peine eu le temps de tourner la tête pour chercher Lizlor dans la foule que je sentis un pied butter contre le mien.
FATAL ERROR! AUCUN pied ne buttait contre les miens! J'étais Logan Jefferson! Jamais de ma vie je n'avais écrasé un orteil, hors ou sur une piste de danse et ce n'était pas ce soir que ça allait commencer! Je reportai mon regard devant moi si vite que je faillis me dévisser le cou, et découvris avec horreur la Serdaigle trempée de jus de citrouilles ainsi que Haley et son faux-air désolé accroché au visage, qui me jetait un regard mi-furieux mi-amusé.

-Tu pouvais pas faire attention, espèce d'empoté ! Pauvre Elinor...

Aaaaaah! Pour le coup, elle m'enlevait les mots de la bouche! C'était exactement ce que je m'apprêtais à dire!

-Elinor, tentai-je. Je...
- Toi tu DÉGAGES, maintenant, t'as pas encore compris que je ne voulais pas de toi ici?!

Okay, OKAY!!! Hem... Était-il possible de faire PAUSE dans cette soirée de dingue pour que je puisse reprendre mes esprits un instant? Je veux dire... Ce n'était pas que je n'étais pas flatté de provoquer une émeute, mais tous les trois assis autour d'une table à plaisanter et à boire du thé, c'était pas mal non plus, non?
Non...

-Mesdemoiselles, gardez votre calme!!! m'exclamai-je, dans tous mes états, tandis que Lizlor s'employait à secouer Elinor comme un prunier.

Je voulus intervenir, cela dit je ne m'étais jamais rendu compte à quel point il était difficile d'avancer quand on était entouré par une multitude de gens bourrés. Le temps que j'arrive à la hauteur des deux jeunes filles, la gryffondor avait déjà envoyer balader son adversaire à l'autre bout de la salle.
J'étouffai un cri et faillis me jeter sur Elinor pour lui porter secours, mais Lizlor me barrait le passage et je me glaçai en apercevant le regard qu'elle jeta à la Serdaigle.

- T'as un problème? demanda t-elle en reportant son attention sur moi.

Heu, non Lizlor, aucun problème. Tu ne me terrorises pas, mais alors pas du tout...!

-C'est moi qui mène la danse, maintenant, me susurra t-elle tout en m'entrainant à nouveau au milieu des danseurs.

Moui, bon. Un peu plus tôt dans la soirée, j'avais affirmé que j'aimais les femmes qui savaient ce qu'elles voulaient. J'avais juste oublié d'y inclure la notion de modération...
Cependant, il fallait dire ce qui était, Lizlor savait ce que c'était que de mettre le feu à une piste de danse! Non pas que je l'ai sous-estimé auparavant, mais avec sa moue boudeuse et ses airs de sauvageonne, qui aurait dit qu'elle savait se déhancher de la sorte??? C'était dire, je ne savais même pas qu'on pouvait faire ce genre de choses avec son bassin! Et ces mouvements de bras sensuels, et cette expression provocante et cette... chute de rein............

STOOOOP! Il fallait à tout prix que je me ressaisisse! J'inspirai, expirai, inspirai... et puis merde! Qui avait déjà réussi à se calmer avec cette technique débile?! J'optai pour une méthode bien plus radicale et efficace. Sans prévenir, je saisis Lizlor par les épaules pour l'empêcher de bouger.

-Lizlor, arrête! m'exclamai-je, un peu plus autoritaire que je ne l'aurais voulu. Ne me pousse pas à faire quelque chose dont je doute que tu aies envie!

Parce que oui, la plaquer contre le premier mur que je trouverais et la peloter jusqu'à ce qu'elle en ait le vertige était certes l'une de mes envies les plus intenses du moment, mais je doutais que cela fasse parti de ses projets à elle.
Je mis quelques secondes à retrouver mes esprits, d'autant plus que des flash de la scène à laquelle je venais d'assister m'assaillaient de toute part! Du reste, j'étais certain qu'ils allaient hanter mes nuits pendant encore de longues, longues années!
Je réussis pourtant à me reprendre, ou du moins, autant que je faire se pouvait avec cette vue plongeante sur son décolleté.

-Je suis sûr que tu es une fille géniale quand la colère ne dicte pas chacun de tes actes.

Wow. J'étais vraiment un type bien, moi, pour réussir à sortir un truc aussi profond avec une vue pareille.
À contre coeur, je lâchai Lizlor et fis volte face. Il fallait que je m'éloigne d'elle au plus vite avant de changer d'avis! Elinor venait de vivre une dure soirée; c'était elle qui avait le plus besoin de moi maintenant! Et, comme je venais de le dire, j'étais un type bien, moi!

Je cherchai la Serdaigle du regard mais ne réussis pas à la trouver. Cependant, il ne fallait pas être bien futé pour deviner qu'après l'humiliation qu'elle venait de subir, elle n'avait pas tenu plus que ça à rester ici! Si je me dépêchais, je pourrais peut-être la rattraper avant qu'elle n'atteigne le septième étage...?
Mais avant, j'avais quelque chose à faire...

-Haley! m'écriai-je.

Je me rapprochai de la jolie brune qui était restée un peu en retrait au milieu des danseurs. Sans lui laisser le temps de répondre ni même de faire quoi que ce soit d'ailleurs, je passai un bras dans son dos et l'attirai à moi pour déposer un baiser sur son front. J'eus juste le temps de me dire que j'adorais son parfum et de lui un glisser un rapide:

-Compte sur moi pour que nos chemins se croisent à nouveau...

Puis je la relâchai et gagnai d'un pas rapide les portes de la grande salle.
Ce soir, je m'étais impressionné. J'avais fais preuve d'un self control dont je ne me croyais absolument pas capable! Ces filles avaient bien failli réussir à me rendre dingue, mais ce que j'ignorais, c'était que même après avoir quitté cette pièce, ma soirée était loin d'être terminée...!

[Désolée, je réponds que très tardivement, mais je tenais absolument à poster cette toute dernière réponse. Excuse-moi Liz de te laisser si peu de temps de réponse :S]

J'étais une nouvelle fois retournée à la table. C'était vraiment bizarre de se dire que cette querelle avait commencée ici en fin de compte, à cause de ce garçon. C'est vrai que Logan était mignon, mais de là à faire tomber toutes les filles assises à sa table par hasard comme des mouches, c'était franchement osé. C'était aussi drôle de se dire que la guerre blonde-rousse-brune venait tout juste de commencer juste à cause d'un peu de testostérone, mais j'étais plus du côté de Lizlor en fait. Elle n'était pas comme les autres filles, même si elle était à Gryffondor, c'était rare de croiserquelqu'un comme ça dans les couloirs. Elle m'intriguait beaucoup, je l'aimais bien, elle était plutôt cool mais elle me faisait quand même un peu peur. Ce n'était sûrement pas le genre de personne à s'attarder sur des détails, comme je le faisais souvent, j'avais surtout peur de notre différence d'âge qui pouvait la freiner, c'était logique.

La tension était montée d'un cran. En effet, mon petit coup était passé inaperçu, Logan semblait ne plus rien contrôler du tout, Lizlor jubilait et Elinor était anéantie. J'étais fière d'avoir semé la pagaille avec juste un peu de jus de citrouille et un peu de cinéma. C'était devenu un jeu d'enfant pour moi, obtenir ce que je voulais, manipuler mes parents lorsqu'ils me refusaient certaines choses : quelques petits rituels d'enfant gâtée frustrée, rien de plus normal.
La cerise sur le gâteau c'était quand même la vengeance de Lizlor : elle avait empoigné férocement les cheveux lisses et soignés d'Elinor et l'avait envoyé d'un coup de bras à plus de deux mètres. Cette-dernière était ressortie de la piste presque en pleurant, sa robe tâchée et ses cheveux en désordre ainsi que son petit copain dans les bras d'une autre. C'était décidément la meilleure soirée de ma vie ! Logan avait voulu l'aider, mais Lizlor était bornée ce soir. Ils dansaient à présent d'une manière un peu moins distinguée et je ne pus m'empêcher d'écarquiller les yeux : ce genre de choses, c'était très peu pour moi...

En tout cas, Elinor était partie, c'était ça de gagné. Sauf que Logan semblait désemparé avec deux furies à ses côtés. Je les observai de loin, assise à la table tout en sirotant un nouveau verre de jus de citrouilles et en piochant dans une assiette de toasts que j'avais piqué à un elfe de maison. Logan essayait de garder son sang-froid mais la jeune blonde lui en faisait voir de toutes les couleurs - et quelles couleurs ! Puis soudain, il l'a saisit par les épaules et la secoua comme un pommier, en disant quelque chose à Lizlor que je n'entendais pas. Le visage de Lizlor s'était renfrogné, elle semblait légèrement vexée, l'avait-elle plaquée ?
Logan fit alors volte-face et se dirigea vers ma direction. Une sonnerie d'alarme se déclencha dans mon cerveau, j'enfilais d'un trait mon jus de citrouille et avalait avec difficulté les derniers morceaux de toast que je mangeais qui me restèrent en travers de la gorge.

-Haley!

Quoi ? Hein ? Il s'approcha de moi à grande vitesse, le visage fermé. J'avais l'impression qu'il allait me frapper, pour me punir, ou alors me crier dessus ou me jeter un verre à la figure comme je l'avais fait à Elinor. Je fermais les yeux, apeurée et sentit sa main dans mon dos qui m'attirait à lui. Non pas mon visage s'il te plaît Logan ! Je ne me débattis pas, je sentis alors une douce pression contre mon front et je rouvris les yeux. Logan repartait déjà vers la sortie, j'étais restée figée sur place.

-Compte sur moi pour que nos chemins se croisent à nouveau... m'avait-il chuchoté.

Mon visage s'était embrasé d'un feu ardent et incontrôlable. Mes joues devinrent roses et mes yeux semblaient vides pendant au moins trente secondes. Puis je retournais à la réalité et mes sourcils se froncèrent automatiquement.

- Non mais pour qui il se prend lui... ronchonnai-je pour moi-même.

L'esprit un peu embrouillé par ce choc, je décidai qu'il serait peut-être temps d'aller au lit, je me sentais fatiguée et puis ce Logan, non mais vraiment ! Quel garçon bizarre... C'est alors que je trottinai vers la porte de la Grande Salle, espérant contre mon propre gré que ses paroles ne soient pas fausses...

(j'ai fait court, mais je voulais conclure ce rp! Merci les amiiis, il était trop cool! =D)

- Lizlor, arrête! Ne me pousse pas à faire quelque chose dont je doute que tu aies envie!

Sa voix me parut venir de tellement loin, cassant nettement l'étrange bulle d'air qui m'avait enrobée. Sur cette piste de danse que tout me faisait haïr pourtant, dans ce bal détestable, affublée de cette robe qui ne me représentait en rien, j'avais soudain trouvé comment lâcher prise. Agripper Elinor par les cheveux et l'éloigner sans ménagement, comme un vulgaire grain de poussière, m'avait emplie d'une joie malsaine et quand le visage de Logan s'était décomposé à cette vue de bataille entre filles, j'avais sentie l'immense et effrayant pouvoir que je pouvais avoir. Et je l'avais saisi. Liz s'en frottait les mains. Il y avait un sourire un peu cruel qui s'était installé sur mes lèvres et qui n'en démordait pas. Alors j'avais saisi les mains du garçon et je l'avais tiré vers ma danse à moi, l'oubliant presque, m'oubliant moi, en tout cas. Je m'étais fait confiance, pour une fois. J'avais fermé à demi mes paupières, je m'étais laissée porter par la musique rapide et entraînante, comme Conrad m'avait appris. C'était une sorte de transe. Je voyais les lumières bouger à un rythme effréné, je sentais les autres autour de nous plus que je ne les voyais, et je devinais Logan bien obligé de me suivre, mais j'oubliais tout. Il n'était plus rien et moi non plus, je me laissais porter au gré des notes, des lumières. J'en avais le tournis, et je sentais mes cheveux voleter autour de mon visage, tout bougeait rapidement et j'étais de plus en plus incapable de savoir où était le sol du ciel. Mais c'était jouissif. Une tension électrique m'avait gagnée, des pieds à la tête.

Une tension que brutalement, le Serpentard rompit, m'arrêtant net en me saisissant sans mal par mes frêles épaules. Je chancelai un peu, le regard vague, ailleurs, alors qu'il me demander d'arrêter.

D'arrêter quoi, pauvre idiot? Tout venait simplement de commencer, et il nous arrêtait, Liz et moi, en plein élan... Elle n'en était d'ailleurs pas contente, et je la sentais feuler en moi.

- Je suis sûr que tu es une fille géniale quand la colère ne dicte pas chacun de tes actes.

Comme souvent dans de telles occasions, je ne contrôlais pas grand chose. Je sentis Liz s'agiter et j'éclatai d'un grand rire moqueur alors qu'il essayait tant bien que mal de rattraper ses multiples faux pas. Il me faisait un peu pitié, au fond, à batifoler comme un jeune cerf en chaleur qui ne savait pas où donner de la tête. Mais je ne pouvais pas me mentir, même si cela me dégoûtait : il m'intriguait. Il était, Fray mis à part, mais Fray ne pouvait s'apparenter à personne d'autre tant il était d'un genre extra-terrestre, il était le seul à avoir oser m'approcher malgré mon sale caractère, et cela m'intriguait car personne de normalement constitué ne l'aurait fait. Il cachait bien son jeu... Mais en attendant, ma danse l'avait effrayé apparemment, et il préférait courir après l'autre idiote de princesse d'un autre temps? Pfff!... Je me délectais de cet acte ridicule, et Liz ricanait méchamment au fond de moi.

Je me hissai sur la pointe des pieds et lui soufflai dans l'oreille, tout doucement, avec une pointe de moquerie dans la voix :

- Et toi, quand la peur ne dicte pas chacun de tes actes, tu es comment?...

Et puis je le laissai filer, je le laissai abdiquer. Je le suivis des yeux se perdre dans la foule et courir bêtement derrière une gamine encore trop gentille et trop conne pour comprendre ce qu'était vraiment la vie.

Quand il fit un arrêt là où se trouvait Haley, j'espérais - et cela me surprit, d'ailleurs - qu'elle revienne vers moi pour que l'on finisse la soirée ensemble à embêter le reste des gens car elle semblait partager ce goût que j'avais, mais hélas, elle tourna les talons, et je ne la rattrapai pas. Au fond de moi j'étais lasse, tout d'un coup, alors tant pis.

Que faire maintenant? Impossible de rejoindre ma mère et Katie, elles avaient l'air de bien s'amuser et la dernière chose dont j'avais envie c'était qu'elles m'entraînent pour danser avec elles. Mais le chemin entre la porte et moi me paraissait soudain infranchissable - trop risqué, trop en vue des autres, et je ne voulais pas, je ne voulais plus. Je mourrais d'envie de disparaître, d'arracher cette odieuse robe et ces chaussures à talons qui ne me correspondaient pas. Je finis par me traîner vers un coin dans la salle où il y avait des banquettes, qui était plus dans l'ombre, m'y laissait tomber. Je me recroquevillais sur l'une d'entre elle, et malgré la musique, malgré la fête qui battait son plein, je sentis une torpeur m'envahir et mes paupières se fermèrent. Instantanément je sentis mon âme quitter mon corps et le vent frais du parc soufflait sur mon visage; je voyais mon arbre au loin mais comme un film l'image passa et je me retrouvai plus loin, incapable d'arrêter le flot de ce que je voyais. Je marmonnai dans mon sommeil; je voulais rentrer chez moi, que Conrad me fasse voler et m'installe sur mes épaules, mais non, les images défilaient, noires et sombres, faites d'ombres, et je ne pouvais pas m'en défaire. Je tendis la main pour m'agripper quelque part et stopper ce cirque infernal, mais rien n'y faisait... J'eus la désagréable sensation de n'appartenir à rien, à personne, et mon rêve se muta en une espèce de tunnel sombre et brumeux, dans lequel je le compris, j'étais destinée à errer, encore et encore...

Fin du topic!

» Ulrich [Serpy]
» - Ulrich Liechtenstein -
» Comme un tourbillon d'or [Ulrich]
» Et la souris ce s'ra toi [PV] - Terminé
» There's a place for us [PV] - terminé