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Vide de tout et rempli de rien. |PV|

 
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 Vide de tout et rempli de rien. |PV|

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Sebastian Hansen


Sebastian Hansen
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Particularités: I'm a dinosaur, Rawwwr. *tente d'avoir l'air effrayant*
Ami(e)s: Plutôt des filles. Bien que je ne sois pas encore sûr que Tess puisse techniquement être considérée comme une, vu qu'elle a probablement plus de co... Enfin, bon.
Âme soeur: Désolé Etienne, les lèvres de Casey sont quand même plus douces.

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MessageSujet: Vide de tout et rempli de rien. |PV|   Vide de tout et rempli de rien. |PV| Icon_minitimeVen 6 Avr - 23:52

Je n’y crois pas. Le temps semble passer à une vitesse si lente que j’aurais le temps de tomber mille fois du haut de la tour sans jamais toucher le sol. Pourtant, mon regard est vitreux et je ne rêve que de ça, de tomber. Disparaitre au loin. Je suis lasse de courir, lasse de rester. Je ne sais plus sur quel pied danser, tout ce que je sais c’est que je veux stopper la cadence infernale. Tout tourne trop vite autour de moi et je ne sais plus où donner de la tête. Je suis fatigué, trop fatigué. J’ai le spleen. Je veux me terrer dans un coin, quelque part loin de tout. De tous aussi. Là il n’y a que le silence. Ou au contraire, le bruit. Tellement fort ce bruit que je ne pourrais plus entendre mon cerveau penser à cent à l’heure. Ou trois cent, qui sait. Trop vite, c’est tout. Je veux débrancher tout, toute les commandes. Partir plus loin, flotter dans la sphère humaine sans jamais me poser au sol. Me barrer et ne plus jamais réfléchir. Ne plus jamais le voir, tout en restant le plus près de lui possible. Je ne sais plus ce que je veux. Je veux vouloir ce qui m’est nécessaire. Et je ne sais pas, je me noie sous les informations. Je veux les pièces de mon puzzle humain.

Tom ne va pas mieux. Il n’ira pas mieux. Les choses ne s’améliorent pas toujours. Et c’est sur lui que ça tombe. Ma tête tourne du haut de la tour d’astronomie. Il est tard et je ne dors pas. J’ai peur de dormir, de ce qui m’attend si je ferme les yeux. J’ai peur de rater un hibou de mes parents sur l’état de Tom. De rater Elisa en pleurs qui aurait besoin de moi. Je sais qu’elle vient toujours là. Mais ce soir, je ne veux pas grand monde. Je ne sais plus ce que je veux, je divague. Je ne cesse de revoir son visage enroulé dans des bandages ensanglantés. J’en ai la gerbe rien que d’y penser, je n’arrive pas la brancher les neurones. Mon cerveau se déconnecte de mon corps, mais chaque sensation me semble démultiplier. Je me laisse glisse contre le mur, jusqu’au sol où je m’assois dans un piteux état. J’espère que personne n’arrivera. Ca fait une semaine que je n’ai vu personne. Ils se demandent peut-être où je suis, ou peut-être pas. Que peut-il bien arriver de grave au cher Sebastian ? Il va toujours bien, toujours va pour le mieux ! Je soupire, m’appuyant contre le mur de marbre, la tête entre mes mains. Ce n’est pas possible que ça déconne à ce point. Si seulement ce n’était jamais arrivé, qui sait. On ne sait jamais. Ce qui est arrivé, tout ce qui est arrivé est arrivé. Rien ne peut le changer, ne le faire reculer. Pris au piège, comme une vulgaire souris dans une cage. Laissez-moi sortir. J’étouffe.

Tout a commencé dans cette putain de salle vide. Je m’amusais bien avec cette jeune fille, Daphne. Je regardais son devoir de métamorphose, on parlait de la Pologne. Pas chiant comme sujet, la Pologne. De grands espaces qu’elle disait. Amène moi dans ton pays alors, laisse-moi être le rien dans la multitude. Au milieu du grand, le petit point perdu. Je veux partir loin, je veux rester. J’ai peur de tout. Je me souviens de l’air d’Elisa lorsqu’elle est rentrée dans la salle où je me trouvais avec la jolie brune. Ses yeux baignés de larmes, sa voix qui tremblait. Que c’était-il passé ? Je voulais et ne voulais pas savoir, parce qu’au fond je me doutais. Je savais que ça avait merdé quelque part. Et si elle venait me voir, c’est que j’étais concerné. Sa voix qui hoquetait, prononçant le simple prénom de Tom. Mon cœur qui s’arrêta. Ma tête qui vacilla. Plus de Daphne, de Pologne ou de métamorphose. Tom. Tom. Tom. Putain, pourquoi faut que les choses merdent comme ça ? Je n’ai pas de réponse, je ne l’aurai jamais. Elisa avait reçu un hibou urgent de mes parents puis m’avait chargée dans tout le château pendant une heure. C’était une urgence, c’était grave. Sainte-Mangouste, en express. Autorisation de la directrice. On y est allé. On la vue. Matthew aussi, mes parents. Tous en pleurs, tous.

Tom s’est jeté de sa fenêtre de chambre d’hôpital. Premier étage, dieu merci. Mais les dégâts sont là. Trop présents, irréparables. Ils s’accumulent. Les médecins disent que sa mémoire déconne tellement qu’il n’a pas su reconnaitre fenêtre de porte. Vous voulez la vérité, la vraie ? Quand je l’ai regardai et qu’à travers ses bandages, ses yeux m’ont fixés, j’ai su. Su qu’il l’avait voulu. Sa vie est un enfer depuis qu’il a six ans. Cela fait désormais quatre ans qu’il est là. Il perd la boule, il la retrouve. Il sait une chose, c’est que bientôt il ne sera plus. Son cerveau s’est de la bouillie, et c’est de pire en pire. Le saut de l’étage ne va rien arrangé. On peut rien faire. Je peux rien faire, je me sens comme une coquille vide. Pas d’émotions, pas de solutions. Plus il s’éloigne, plus notre famille s’écarte et plus je tente en vain de recoller les morceaux. On se brise, je me brise. J’arrive plus à pleurer, je ne sens plus rien. Tom a pris mes sentiments et les aspirer. Chaque fois que je les vois, tout se réduit en bouillie. Je suis de la bouillie. Mon cerveau tourne désormais au ralenti. Je ne sais pas combien de temps je pourrais rester là. Depuis combien de temps le suis-je ? Trop ? Pas assez ? Je n’ai plus de notion. Je ne sais pas.

Je veux pas des questions que l’on va me poser. Ça fait une semaine que je ne suis pas là. Peut-être savent-ils déjà. Une semaine que je fais des aller-retour entre chez moi et Sainte-Mangouste, entre l’enfer et l’horreur. Je n’ai pas de répit, je n’ai pas une seconde loin de tout. J’y suis plongé jusqu’à la nuque, dans cette putain de merde. Je peux pas m’en sortir, ce n’est que le début. J’y retourne le week-end prochain. Pour voir Tom dans son lit désormais bouclé par une tonne d’enchantement. Le voir me voir, ses yeux perdus et vagues. Il oubliera qui je suis, ça reviendra. Et comme toujours, il me demandera comment il est arrivé là. La question me donne déjà la nausée. Je ne pourrai pas tenir ce rythme. L’école, l’hôpital, la maison, les pleurs. C’est déjà trop. Et je sais qu’Elisa a déjà les cernes creusées et Matthew commence à de nouveau avoir des insomnies. On se brise, on se divise, on se casse. J’ai pas de superglue, j’arrive plus à l’être. J’essaye, mais je suis vide de tout et rempli de rien. Je ne pourrais trouver de moyen de rédemption. Le spleen s’insinue en moi et me ronge. Je fixe le mur face à moi, sans but. Je n’ai plus de but, je flotte. J’ai perdu pied. Je divague.

Jusqu’à qu’un bruit me réveille. Je lève les yeux, on vient de pénétrer dans la salle. Je distingue à peine la silhouette, mes yeux sont trop fatigués. Je suis usé.

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Daphne Kasperek


Daphne Kasperek
Assistante à l'infirmerie
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MessageSujet: Re: Vide de tout et rempli de rien. |PV|   Vide de tout et rempli de rien. |PV| Icon_minitimeLun 9 Avr - 21:03

Habituellement, c'était moi qui me cachait. Pas par choix, mais par dépit. Dans notre ancienne maison, ce n'était pas toujours facile, parce qu'en général mes coins sombres et secrets finissaient toujours par être découverts, parce que même si la superficie était relativement vaste, on faisait vite fait le tour, sans compter le fait que je jouais avec un renard tout aussi rusé que moi. Je savais à qui parler, mais tout ça, c'était loin d'être un amusement, et combien de fois n'avais-je pas tirer Delilah par le poignet pour l'emmener entre deux meubles et ramener une chaise devant elle pour qu'elle passe inaperçue. A chaque fois mon cœur battait si rapidement que je me demandais comment c'était possible qu'il ne se déloge pas de ma cage thoracique pour aller rebondir comme un ressort contre les murs de la pièce dans laquelle j'avais trouvé refuge. C'était pour ça que je préférais de loin aller me planquer dans l'immensité de l'extérieur, où l'on ne savait jamais où donner de la tête ni par où commencer ses recherches. Car j'étais maîtresse de chaque caillou sur le sol, de chaque grain de poussière qui s'envolait au contact de l'air.

De ce point du vue, à Poudlard, il était facile d'y trouver son compte, avec les parois qui s'évaporaient au simple contact du bout des doigts pour laisser apercevoir un nouveau passage, un nouveau couloir dans lequel il fallait être habile pour se glisser dedans, afin de voir jusqu’où celui ci menait. C'était une aventure à chaque fois, et les règles étaient simples : le tout étant d'être là encore suffisamment malin pour découvrir de nouveaux espaces, confinés ou non, qui seraient susceptibles de devenir mon repère. Voilà en gros à quoi se résumait la plupart de mon temps, depuis que je me trouvais au château, notamment parce que je ne traînais pas vraiment avec les autres élèves : pour peu qu'ils parlent trop rapidement, je ne pouvais pas comprendre la totalité des mots qu'ils avançaient et là encore, ça m'avait vite lassé de devoir fournir trop d'efforts pour ensuite répondre à côté de la question posée et d'être sujette à des moqueries. Comme si c'était si simple et évident que ça ! Je n'étais pas née tout en sachant parler couramment l'anglais moi !

Cela m'avait d'ailleurs porté préjudice, et ce qui devait arriver arriva : ne supportant plus la fille installée un rang devant moi en cours de Défense Contre Les Forces Du Mal qui devait certainement juger très amusant de se moquer de moi en tentant vainement d'imiter lamentablement ma langue tout en sachant pertinemment qu'elle parlait assez fort pour m'entendre, j'avais fini par craquer, parce qu'après tout, je n'étais qu'humaine. J'avais attendu qu'elle soit sur le point de se rasseoir, parce qu'on était en train de s'exercer avec nos baguette magique, pour donner un grand coup de pied dans sa chaise ; il était trop tard pour elle, elle tomba à la renverse - mais ce n'était pas comme si elle avait du se faire bien mal avec les airbags qu'étaient ses fesses – en s'écroulant à moitié sur le sol. Le problème, c'était qu'il y avait eu des témoins de mon méfait, et l'autre en avait profité par la même occasion pour jouer la comédie plus que nécessaire, donc ma petite vengeance personnelle, au final, n'avait servi qu'à moi et j'avais en prime récolté une retenue dont je me serais bien passée.

Et elle était loin d'être amusante – d'où la retenue mais au moins un peu d'imagination n'aurait pas fait de mal – de nettoyer chaque télescope de la tour d'astronomie jusqu'à ce qu'ils soient rutilants pour la prochaine utilisation. Autant dire que ça ne servait à rien, parce que vu comme ils étaient tous soigneux ici, c'était comme de travailler dans le vide, parce que j'étais certaine que les utilisateurs ne tarderaient pas à mettre tout les mes efforts à mal, en collant leur mains crasseuses et moites sur chaque lunette nettoyée avec soin. Rien que de penser à cela, j'avais encore plus envie de monter là haut – parce que d'un autre côté, on ne va pas monter en bas) à reculons. Je rejoignis donc mon professeur qui m'attendait au bas de la tour, parce qu'il ne semblait pas décidé à m'accompagner jusqu'au bout, pour recevoir les dernières instructions, et je m'engageais de mauvaise grâce dans ce tourbillon de marches avec un air grognon affiché sur le visage. S'il pensait que j'allais m’atteler à cette tâche avec soin, il pouvait vraiment se fourrer le doigts dans l’œil et j'étais en déjà en train de réfléchir à une solution pour aller plus vite, afin de retourner dans la salle commune des Serpentard le plus rapidement possible, parce que franchement aller me glacer le bout des ongles dans le vent frais du soir, c'était loin d'être dans mes plus folles ambitions !

Ou alors peut être que c'était parce qu'il avait prévu que je passe l'arme à gauche avant. L'escalier me semblait être interminable et à ce stade j'étais réellement en train de me demander si oui ou non, j'allais arriver jusqu'au bout, et pourquoi est-ce que je faisais tout ça, que ça n'avait plus aucun sens. Au bout d'un certain temps, j'arrivais enfin en haut et poussai un profond soupir de soulagement tout en me disant qu'après tout ça, je méritais bien une petite pause, histoire de me remettre de mes émotions. Je m'avançai de quelques pas, mais c'était tout juste si je n'eus pas un mouvement de recul lorsque j'eus la surprise de découvrir que je n'étais pas tout à fait seule...

Et Ce n'était pas n'importe quelle compagnie qui plus est ! Se tenait devant moi – assis devant moi – Sebastian Hansen, de Gryffondor. Au fil des semaines écoulées ici, j'avais appris deux des informations manquantes et d'un autre côté, ce n'était pas très difficile, puisque nous étions tout les deux en première année. Ce n'est qu'à partir de cette vision, que je me faisais la réflexion que cela faisait bien un certain que je ne l'avais pas vu. Mais ce n'était pas très difficile aussi puisque sa discrétion le rendait encore plus invisible que les fantômes de l'école mais également parce que j'avais pris la décision de faire comme s'il n'existait pas, encore vexée de la façon dont il avait pris congé la dernière fois. Ce n'était pas comme si ce n'était pas déjà arrivé, et ce manque de considération à mon égard commençait vraiment à m'agacer – j'appréciais guère qu'on me fasse tourner en bourrique comme il le faisait, alors bien sûr, j'avais eu le temps de réfléchir ainsi que de mijoter ma vengeance. Et il n'avait pas intérêt à prétendre qu'il ne l'avait pas vu venir celle là !

Cependant, et même s'il faisait sombre à cause de la nuit qui était tombée, je remarquai vaguement que ses traits étaient tirés, tout comme la couleur de ses yeux, plus sombre que d'habitude. Ou alors, c'était simplement à cause de la luminosité trop faible, quoi que ce soit, je n'en avais absolument rien à faire, parce que je ne comptais pas le ménager un seul instant ! Toutefois, la précipitation dont il avait fait preuve, suite à l'interruption qu'avait provoqué la fille qui était rentrée brusquement dans la salle vide dans laquelle nous nous trouvions à ce moment là m'intriguait un peu. Je redressai malgré tout fièrement les épaules, choisissant avant tout l'option de me défouler un peu, avant que ma curiosité ne me pousse à poser les questions qui me passaient à l'esprit...


- Tiens tiens, j'aurais presque cru que tu étais mort... ironisai-je en me moquant, en polonais. Il n'y comprendrais rien et tant mieux parce qu'ainsi, cela augmentait le sentiment de supériorité dont je voulais faire preuve.

Quant au reste, ce n'était pas en gardant le même langage que j'allais obtenir les informations que je voulais, j'en étais malheureusement bien consciente. Je me débrouillais peut être de mieux en mieux pour m'exprimer globalement parce que je n'avais pas trop le choix avec tout ces anglais
autour de moi, mais quelques semaines, c'était loin d'être suffisant pour être à l'aise, surtout lorsque je n'avais pas de dictionnaire sous la main !

- Tu connaissais, larmes de la fille ? Je ne me rendais pas compte de la mauvaise tournure de ma phrase et posai directement la question dont j'attendais la réponse depuis son brusque départ lié à notre précédente entrevue. Après tout, j'estimais être en droit d'avoir des explications puisque je n'avais été autre que le dindon de la farce dans cette histoire. Ce n'était pas tout à fait clair, mais je me disais qu'il devait certainement voir où je voulais en venir et c'était également une façon détournée d'apprendre tout ce que je voulais savoir, tout en faisant croire qu'au fond, ça ne m’intéressait pas.

Parce que c'était le cas !
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Sebastian Hansen


Sebastian Hansen
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MessageSujet: Re: Vide de tout et rempli de rien. |PV|   Vide de tout et rempli de rien. |PV| Icon_minitimeLun 9 Avr - 23:56


Une voix aigüe et cassante, un ton supérieur, une langue étrangère. Les sons s’élèvent et émanent de la bouche de l’ombre postée devant moi. Pas d’hésitations, je connais la personne à qui appartient. Y en a pas trois milles, des Polonaises, dans ce château. Et pas non plus beaucoup de monde qui se tient de cette manière-là en plein milieu de la Tour d’Astronomie à une heure pareille. Toujours fière, droite et prête à bondir. Je ne prononce pas son prénom, mais il se forme dans mon cerveau comme une évidence. Décidemment, elle me colle à la peau la demoiselle. Partout où je vais, il me semble qu’elle apparait sans que cela soit prévu. Nous ne sommes pas amis, et pourtant c’est la troisième fois que le hasard nous réunit de la sorte, alors que ni l’un ni l’autre ne souhaitons nous voir. Moi, je n’ai rien contre elle, simplement ce soir je ne veux voir personne. Elle par contre, c’est autre chose. Je doute fort qu’elle apprécie ma compagnie, la bestiole, car elle n’apprécie celle de personne. Du moins, c’est ce qu’elle dit bien sûr. Moi, je crois juste qu’elle ne veut pas parler d’elle et qu’elle préfère se cacher, la Daphne.

Sauf que ce soir, les rôles sont inversés. Je ne veux pas voir des gens, je veux juste qu’on me laisse mourir dans un coin. Je veux que le temps passe, passe et que tout soit fini. J’ai peur de ressortir en dehors de cette Tour et que tout reprenne vie. Me terrer là est bien plus simple, mais à la fois si désagréable car je suis noyé sous mes pensées que rien n’arrêtent. Elles continuent en vrac dans mon cerveau et ne me laissent aucun répit. Je suis partagé, terrifié et je refuse qu’on le voie. Mais c’est trop tard et j’espère que la noirceur qui règne dans la pièce est suffisante pour me protéger. Car avoir la jeune fille face à moi est un véritable supplice car je sais qu’elle m’attend au tournant sans pitié. Je sais qu’elle n’a pas appréciée que je la quitte de cette façon face à ce devoir de métamorphose, tout comme lorsque je suis parti de l’infirmerie. Les larmes d’Elisa n’ont pas dû l’aider à comprendre ce qu’elle racontait et Daphne n’a donc pas vraiment idée de pourquoi j’ai bondi ainsi hors de la salle. Malheureusement, ça ne va pas aller en s’améliorant, car je ne suis pas prêt de tout lui expliquer. Pas à elle, pas à personne.

Je ne suis même pas capable de dire si j’aime ce gâteau ou non, alors comment pourrai-je un jour disserter sur ce que je ressens concernant Tom ? Impossible. Je ne confie jamais mes sentiments, c’était une sorte de règle d’or qui m’est apparu depuis déjà bien longtemps. Parce que ce que je pense cause toujours des problèmes, des discussions et des débats. Et que cela vienne s’ajouter à la montagne de problèmes familiaux, je le refuse. Je reste dans mon coin comme d’habitude et m’en sors très bien. Rien ne changera chez moi ce trait-là, et de toute manière, personne ne l’essayait. Les gens s’en fiche pas mal de ce que je pense, en fait le genre humain est plutôt égoïste de nature. Je dis plutôt, car les exceptions existent bien sûr. Je me considère d’ailleurs moi-même comme quelqu’un d’altruiste. Trop, ça c’est sûr. J’ai en fait un peu l’impression de combler le manque d’attention du reste de la société, comme si mon devoir était sauver les âmes en perdition dont personne n’ose s’occuper. Pour un tas de raison ridicule. Que peu comprenne, et je suis sûre que Daphne encore moins. Car elle, je suis certain qu’elle n’en a pas grand-chose à foutre de moi. Son ton ironique parle pour elle-même.


Mais si elle essaye de me chercher ce soir, je ne suis pas persuadé que je vais rester sage comme à mon habitude. Je suis un peu fatigué de ses attaques constantes qui en temps normaux m’amusent, mais ce soir ce n’est pas trop le moment. Je n’aurais pas la force de répliquer. J’ai peur de m’énerver aussi, ce qui ne l’amuserait que davantage visiblement. J’attends sa vengeance pour mes affronts que je ne peux pas expliquer. Je ne veux, je veux juste qu’elle s’en aille mais je n’ai pas la force de lui jeter une réplique au visage. Tel un pantin, c’est elle qui risque de commander la partie pendant que je m’adapte docilement, comme toujours. Peut-être devrais-je opter pour la technique du mutisme ? Ou m’enfuir ? Elle me verrait en cours le lendemain de toute façon. Avait-elle seulement remarqué mon absence longue d’une semaine ? Je n’en sais rien. Je ne vais pas lui demander de toute manière, peut-être pense-t-elle simplement m’avoir évitée pendant une semaine. Sauf que je n’étais pas là, mais elle ne l’a si ça se trouve même pas vu. Il faut dire qu’elle aussi, elle est un peu dans sa bulle la Daphne. Cependant elle a l’air de comprendre que sa remarque en polonais ne va la mener nulle part, car elle décide enfin de s’adresser à moi en anglais.


- Tu connaissais, larmes de la fille ?

Même si ce n’est pas la meilleure phrase d’anglais qu’elle ait réussie à me sortir, je comprends ce qu’elle veut dire. Daphne se demande qui est Elisa, bien entendu. En fait, elle est curieuse mais refuse de l’admettre, se cachant derrière son ton ironique. Sauf qu’elle a du mal à le tenir, ce ton-là. Son envie de savoir perce à travers ses intonations. Mais je ne suis pas prêt à tout lui dire, pas question. Mais je ne peux pas lui mentir non plus. Tout ce que je veux, c’est éviter les questions. Faire comprendre à la jeune fille qu’il faut mieux qu’elle n’en pose pas, voilà. Mais je ne sais pas trop comment faire tant je ne suis pas habitué à ce qu’on s’intéresse à moi. Bien que là, dans le cas présent, Daphne veut simplement savoir pourquoi je l’ai lâché ainsi. Ma vie ça, elle n’en a probablement rien à foutre. Alors autant accélérer la chose et répondre. Juste lui dire ce qu’elle a envie de savoir s’en aller plus loin. De toute manière, elle ne va sûrement pas chercher à creuser. Je ne sais même pas ce qu’elle fait encore là, j’attends presque sa prochaine remarque cinglante. Je le sens déjà venir. Petit à petit, je commence à cerner la bête. Le chat sauvage. Mais ce soir je n’ai pas le temps de jouer au dompteur. Pas la force, pas le moral. Alors je reste là, passif. Et je m’apprête à recevoir sa sentence sans bouger. Pourvu que ça se passe vite et qu’elle s’en aille.

- Oui. C’est ma grande sœur, Elisa.

Voilà, j’essaye de faire court. J’espère que Daphne s’en tiendra là et ne voudra pas savoir plus. Pourtant, je sens qu’elle va me demander pourquoi elle était en larmes, pourquoi je suis parti. Je dois faire quelque chose, la stopper. Net. D’une voix qui se veut ferme, je décide de lui couper l’arbre sous le pied.

- Elle avait un problème, c’est tout.

Un mensonge ? Pas tout à fait. Une demi vérité plutôt.

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Daphne Kasperek


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MessageSujet: Re: Vide de tout et rempli de rien. |PV|   Vide de tout et rempli de rien. |PV| Icon_minitimeMer 11 Avr - 18:56

Pourquoi fallait-il donc toujours que ça se termine comme ça ? J'allais me mettre à commencer à croire que le hasard n'était qu'un sale petit plaisantin pas si hasardeux que ça, parce que quoi que je fasse, mes pas finissaient toujours par me ramener vers ce Sebastian Hansen, ce qui me contrariait d'autant plus que je n'avais toujours pas su répondre à cette question pourtant si simple en apparence : est-ce que sa compagnie m'était déplaisante ou non ?

Tout de suite, oui, elle l'était parce que ce n'était pas moi qui allait lui révéler la raison de ma véritable présence ici, même si j'étais curieuse de savoir, de son côté, ce qu'il était en train de ficher là. J'avais une once d'orgueil suffisante pour ne pas m'épancher sur ce sujet tel, à savoir que j'avais écopé d'une jolie retenue, tout à fait injustifiée d'ailleurs, parce que le petit coup vache que j'avais fait à ma camarade était mérité. Bien sûr, c'était moi qui avait récolté tout les lauriers parce qu'il faut toujours un coupable dans ces cas là, ajouté à cela que je n'avais pas forcément beaucoup d'amis, pour ne pas dire pas du tout en fait. Beaucoup en auraient été malheureux ; mais pas moi. Il y avait bien d'autres enfants avec qui je traînais lorsque j'étais encore en Pologne, mais c'était plus en tant que compagnons d'infortune qu'autre chose et je ne m'étais jamais sentie très proche d'eux. Et puis là je sortais tout juste d'un an où j'étais restée coupée du reste du monde, alors devoir me retrouver au beau milieu de toute la population poudlarienne, c'était une adaptation à laquelle il allait me falloir encore beaucoup de temps.

C'était pour ça qu'à choisir, je préférais autant être tombée sur Sebastian plutôt qu'une autre personne, parce qu'au moins, comparé à d'autres, sa vue m'était supportable. Jusque dans quelles limites ? Tout ça restait à voir, les semaines avaient beau s'écouler à la vitesse de la lumière si ce n'est plus, il y avait cependant encore beaucoup de questions qui restaient en suspens. Lassée à l'avance de ce remue ménage qui commençait à naître de toutes part dans mon cerveau, je fus un instant tentée de faire demi tour, comme si de rien était, n'attendant même pas la réaction du Gryffondor, de redescendre, pour revenir ensuite quelques minutes plus tard. Mais plusieurs problèmes, de tailles aléatoirement différentes s'imposaient à moi comme des évidences :
Il fallait dégringoler dans toutes les marches de la tour d'astronomie pour en revenir à son pied tout en prenant en compte la possibilité que Doherty se soit planqué dans un petit coin sombre pour vérifier que je ne filai justement pas en douce, sans m'être acquittée de ma tâche
Même si on était dans l'hypothèse qu'en réalité il était rentrée bien au chaud dans sa chambre spacieuse de professeur de Défense Contre Les Forces du Mal, une fois en bas, j'allais devoir remonter, car aussi peu encourageante que soit la perspective d'accomplir ce nettoyage laborieux des télescopes, je n'avais en rien envie que ma punition soit alourdie – ça me faisait déjà assez les pieds comme ça, alors merci bien !

Ce qui m’amenait donc tranquillement à la conclusion suivante qui n'était autre que celle de continuer à chercher des poux à Sebastian, non seulement parce qu'il ne méritait que ça, mais en plus, ça me permettait de rester sur place, tout en avisant à côté n'importe quelle solution qui pourrait me sortir de ce guêpier le plus rapidement possible. Et c'était un défi que je n'avais pas peur de relever.

Le tout était donc à présent de jouer sur les deux cadences : montrer de l'intérêt, tout en le masquant derrière de la mauvaise humeur, et c'était un sport que j'avais si souvent pratiqué depuis que j'étais en âge de faire trois pas devant moi et d'aligner quatre mots convenables l'un à côté de l'autre (pff et dire que tout était à refaire!) que tout cela n'allait être sans aucun doute une petite formalité sur laquelle j'allais surfer avec grâce et précision. Il n'avait plus qu'à bien se tenir, parce que ce soir, j'étais bien décidé de lui montrer toute l'étendue de mes talents – ou du moins, une certaine partie, parce qu'il y a des choses qu'on ne montre pas. C'est comme ça.

- Oui. C’est ma grande sœur, Elisa.


Silence, comme toujours après ses réponses, le temps que mon cerveau analyse chaque mot, chaque terme, avant de le replacer dans son contexte et de le comprendre. C'était déjà un premier – bon ? - point. Au moins, il n'y allait pas par quatre chemins, ce qui me laissait penser que ce n'était plus une fille dont l'identité devait rester secrète. Ce n'était que sa sœur. Après tout, c'était logique, c'était vrai qu'elle avait l'air bien trop âgée, pour qu'elle soit une amie qui sortait du néant par je ne sais quel enchantement magique. Mais les jours ayant passés, ne permettant aucun explications, mon imagination avait terminé par se décupler songeant à toutes de possibilités devenant à chaque fois tellement improbable que j'avais préféré les laisser dans un coin de mon cerveau, me disant que de toute façon, je ne voyais même pas pourquoi j'y accordais autant d'importance. Vu l'incivilité de Sebastian, il ne méritait pas d'avoir autant de place à travers mes pensées !

- Elle avait un problème, c’est tout.

C'était bien pauvre comme explication tout ça, mais ça n'avait aucune importance puisque je me fichais de ce qu'elle pouvait avoir ou pas, et je sentis un pointe d'agacement faire surface tout au bout de ma langue, prête à siffler comme le serpent qui représentait l'emblème de ma maison.

- Alors, pleurer, conclus-je par moi-même avec un air narquois marqué sur le visage.

Je n'arrivais pas à comprendre, je n'arrivais pas à me mettre à sa place. Je trouvais juste ça très idiot de pleurer pour un malheureux petit bobo ou pour une mauvaise note, quand on savait qu'il existait des choses, des actes, beaucoup plus terribles que ces simples futilités. Je n'avais pas envie de me faire mousser, de me faire prendre en pitié, parce que la vie pas facile qu'on avait décidé de me donné ne m'avait pas fait de cadeaux et m'avait appris à verser des larmes à cause de sentiments et de douleurs tellement fortes, que je ne pouvais jamais m'empêcher de me dire que finalement, les gens en faisaient trop pour très peu, comme pour simple exemple, la personne à cause de laquelle j'étais obligée de me retrouver ici, alors qu'elle n'avait sûrement pas l'ombre d'un bleu au niveau du coccyx.

- C'est bête, tranchai-je sèchement et sans pitié. Je n'avais aucun remord, d'une manière générale, lorsque je pensais quelque chose, je le disais haut et fort. Quoique, ça dépendait d'autres facteurs également, parce que si ma vie était menacée d'une quelconque façon que ce soit, je n'allais pas non plus tendre le bâton pour me faire battre et préférais faire profil bas pour mieux contre attaquer par la suite. Mais avec Sebastian, j'étais loin de me sentir en danger, au contraire, c'était l'inverse en réalité, alors ça ne m'inquiétait pas outre mesure d'oser m'en prendre ne serait-ce qu'indirectement à un membre der sa famille. Pleurer pour pleurer, c'est bête, répétai-je pour enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie, parce que je n'avais aucune raison de faire preuve de gentillesse alors que la grossièreté de mon antagoniste me hérissait le poil. Quoi problème ? Demandai-je impétueusement, étant bien décidée à ne pas descendre de mon piédestal, comme si j'étais devenue la reine de ces lieux et qu'il n'avait plus d'autre choix que de me répondre – mais en faisant suffisamment preuve de bonté d'âme pour lui laisser une chance de s'expliquer.
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Sebastian Hansen


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MessageSujet: Re: Vide de tout et rempli de rien. |PV|   Vide de tout et rempli de rien. |PV| Icon_minitimeJeu 12 Avr - 22:47

J’avais toujours adoré la Tour d’Astronomie, et les astres en général. Depuis que j’étais petit, j’aimais m’allongé dans notre jardin les soirs d’été, pour regarder le ciel et ses petites tâches brillantes que l’on appelait communément les étoiles. Je pouvais y passer des heures, à me perdre dans l’immensité de la nuit et à réfléchir sans que rien ne puisse m’arrêter. Il n’y a pas de barrière dans l’univers, juste l’infini. Terrifiant bien sûr, mais depuis ma petite maison, cela me faisait relativiser. Je n’étais qu’un minuscule point au milieu du Tout, rien n’était grave. J’étais trop petit pour que ce que je fasse atteigne l’univers. Etudier les constellations me permettait de passer le temps, tout en étant dehors. Un peu moins près de chez moi, sans jamais m’en éloigner de manière trop… Effrayante. Et puis, au fond de moi, il y avait une chose qui m’avait poussé à aimer le ciel. Tout comme le piano d’ailleurs. Cette chose, c’était qu’Elisa elle, n’aimait pas ça. C’était l’un des seuls domaines où je n’avais pas de compétition au moins. J’entendais cependant la voix de ma mère dans ma tête me souffler « On s’en fiche, chacun est différent, on ne te juge pas par rapport à ta sœur. » Foutaise. Foutaise. FOUTAISE.

Je regardais Daphne sans vraiment la voir. Pour être honnête, je n’avais pas trop envie de l’avoir dans les pattes maintenant. En fait, je ne voulais personne, pas même moi. Si j’avais pu, j’aurais volontiers débranché mon cerveau pour ne plus penser à rien. Ce dont j’avais envie là, maintenant, c’était de jouer du piano. Mais il était trop tard pour la salle de musique, et je ne maitrisais pas celle sur demande. Pourtant, ce que j’en avais envie ! Poser mes doigts sur les touches d’ivoires et me laisser porter par les notes. Sans réfléchir. Plus rien, sauf le son. Mais à la place du piano, j’avais la Serpentarde. J’avais perdu au jeu. Pourquoi ? Car elle avait un jugement bien tranché, et qu’elle n’avait pas peur de l’affirmer. Et moi, je n’étais pas en état pour la voir faire des remarques. Pourtant, en temps normal, je n’étais pas du genre susceptible, bien au contraire. Je prenais tout à la rigolade. Si je ne le faisais pas, ce n’était que des problèmes et des confrontations en plus. Alors je recevais les piques et en renvoyait tout en riant. Je n’y pensais plus la minute d’après, je n’avais pas la force de réfléchir à ce qui fâchait. Je me penchais sur les autres, pas sur moi. Toujours. Toujours. Sauf que ce soir je n’avais pas la force de recevoir une remarque de la jeune fille, ou de n’importe qui d’ailleurs.


-Alors pleurer.

La voix de Daphne claqua dans le silence nocturne tel un fouet contre ma peau. Il y avait une véritable supériorité dans sa voix. Visiblement, elle s’amusait bien. Me faire baver était un de ses sports préférés. Mais ce soir, pas question d’engager la conversation comme à mon habitude. Je lui lançai un regard noir et répliquai-je sèchement.

-Parce que tu ne pleures toi jamais peut-être ?

Non, allait-elle me dire. Ce n’était pas une fille elle, c’était un bloc de métal. Ou un robot. Sans peur, sans cœur. Enfin d’après elle bien sûr. C’était l’image qu’elle voulait donner, et je savais qu’elle ne reviendrait pas sur celle, peu importe mes remarques. Alors je lui lançais un regard un peu mauvais, mais tentai de reprendre mes esprits. Daphne, ce n’était qu’un jeu pour elle. Elle allait s’arrêter forcément. Elle n’était pas conne, elle savait que je n’étais pas au meilleur de ma forme. Il suffisait de me regarder, je n’étais pas en état pour faire la fête et rire. Elle allait se taire et partir non ? Je ne lui demandais pas de rester me tenir la main, je n’étais pas idéaliste à ce point bien entendu. De toute manière, je n’aurais pas su quoi faire de ses bons sentiments. Mais comme la jeune fille n’en avait pas, ça m’arrangeait. Maintenant, il fallait juste qu’elle se taise une bonne fois pour toute et parte.

-C'est bête. Pleurer pour pleurer, c'est bête. Quoi problème ?

Je dévisageai Daphne de longues minutes, sûr d’avoir mal entendu. Elle n’avait quand même pas dit ça, avec sa voix sèche et narquoise. Mais je devais me rendre à l’évidence. Mais putain, elle ne voyait pas mes cernes, mon visage terne et sans sourire ? Ma voix lente et grave ? Mes airs prostrés et exténués ?! ELLE NE LE VOYAIT DONC PAS ? Je fus moi-même choqué de la violence de sentiment qui naissait en moi. La Serpentarde se foutait ouvertement de moi, à cette heure-là de la nuit, dans la tour d’Astronomie, alors que j’étais à deux doigts de vraiment péter un câble ?! J’avais déjà des envies de meurtres, envers moi-même et la terre entière, et elle venait en rajouter ?! Je n’arrivais pas à y croire. Elle n’était pas stupide je le savais, elle avait très bien remarqué mon désarroi. Mais s’e moquer était visiblement bien plus amusant. Taquine ? Non, Daphne se révélait être méchante. Je n’arrivai pas à y croire. Pendant l’espace de quelques secondes, j’eus envie de lui sauter dessus et de l’étrangler. Violemment. Tellement violemment. De lui crier dessus, de m’énerver, de la frapper. Je détestais ce sentiment destructeur, mais il filait dans mes veines comme du poison, et m’empêcher de réfléchir clairement. J’étais aveuglé par ma tristesse et la haine immense que j’éprouvais en cet instant pour la jolie brune. Elle était là au mauvais moment certes, mais n’avait fait qu’empirer ma situation. Elle ne savait rien, rien de l’histoire. Son ton narquois m’insupportait, je voulais qu’elle se taise ! Je le voulais tellement.

-Parce que t’en as quelque chose à foutre peut-être ?

J’avais répondu si sèchement. J’en étais moi-même étonné. J’avais parlé… Comme Daphne. Je lui adressai d’ailleurs un regard chargé de rancœur et de haine. Je ne m’en savais pas capable, mais j’avais visiblement un part de moi qui pouvait être désagréable avec les autres. Elle s’insinuait en moi et montait en écho, me criant de continuer. J’avais envie de me débarrasser de la jeune fille complétement, de lui montrer que ce qu’elle racontait n’était pas sans conséquences sur les autres. Et puis surtout, je voulais du calme. Je voulais qu’elle s’en aille, elle et son air narquois et hautain. Ses préjugés, ses jugements, son ignorance. Elle ne savait rien, et elle était à des années lumières d’imaginer ce que je vivais.

-Tu comptes rester là encore longtemps ou tu as finis de cracher ton venin ?

Ma colère m’aveuglait et me brûlait les sens mais je n’arrivais plus à m’arrêter.

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Daphne Kasperek


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MessageSujet: Re: Vide de tout et rempli de rien. |PV|   Vide de tout et rempli de rien. |PV| Icon_minitimeSam 14 Avr - 21:24

Si je n'avais pas perdu tout mon temps à asticoter Sebastian comme il se devait, peut être aurais-je remarqué la beauté des lieux. Enfin, des lieux, c'était vite dit. Disons que c'était ce qu'il y avait tout autour qui donnait du charme à la tour d'astronomie et qui nous faisait oublier la poussière qui devait traîner dans les coins. Ce qu'il y avait autour ? Rien. Rien si ce n'est le ciel qui venait vous prendre au tripes de toutes parts comme si plus rien d'autre n'existait que l'immensité de l'espace et vous faisait comprendre que vous n'étiez rien d'autre une petite fourmi sans aucune importance qui essayait difficilement d'évoluer entre les obstacles qui se dressaient tous les uns après les autres, comme des montagnes qui prenaient naissance et qui en rien de temps se transformait en de gigantesques côtes qui vous vidait de toute votre énergie.

Souvent le soir, je sortais avec Delilah pour aller observer les étoiles lorsque nous habitions tous encore dans notre maison en Pologne. L'avantage, c'était que comme elle était un peu isolée, et que ce n'était qu'un chemin terreux rempli de bosses et de crevasse, qui permettait de venir jusqu'à chez nous, et bien il n'y avait que des champs dans les alentours, pour laisser suffisamment d'espace entre notre habitations, et les autres. Il y avait une seule route principale, quoi que trop étroite pour la définir comme telle, qui se composait soit de longues lignes droites qui s'étendaient à perte de vue, pour mieux cacher les virages qui arrivaient ensuite, tous plus dangereux et sinueux les uns que les autres. Oui, donc, on le faisait plus souvent l'été parce qu'il faisait trop froid l'hiver même si parfois, nous n'avions pas vraiment le choix : c'était soit ça, soit l'ambiance à tuer dans le premier sens du terme qui régnait entre les murs, donc c'était du vite vu. Mais il n'y avait rien de plus beau en juillet/août que de regarder le soleil se coucher lentement, la chaleur baisser de quelques degrés à son tour pour venir se poser délicatement sur notre peau. Puis, une à une, quelqu'un utilisait sa baguette magique pour illuminer le ciel avec chaque petit points dont la luminosité variait selon les désirs de celui qui orchestrait toute cette magie.

C'était ce qu'on aurait pu faire Sebastian et moi ; nous allonger à même le sol dur et froid de la tour, et attendre en silence tout en laissant nos yeux se perde dans l'infinité de la voie lactée. Oui, nous aurions pu faire cela. Sauf que voilà, il y avait beaucoup trop d'éléments perturbateurs qui rentraient en compte pour se dire que ce n'était qu'une formalité. Vous vous souvenez des montages que j'avais évoqué un peu plus haut ? Et bien c'était exactement ça. J'arrivais tout juste au sommet... Mais ce qui s'annonçait ensuite, c'était la véritable chute libre.

J'avais un le temps, durant ce court laps de temps entre notre échange de prévoir toutes sortes de scénarios possibles. Mais celui ci ? Je devais l'avouer, c'était un coup que je n'avais pas anticipé et je le recevais en pleine figure, et vous pouvez croire que je savais parfaitement quel effet que ça faisait, et c'était de loin la chose la plus désagréable que j'avais du affronter maintes et maintes fois. La garçon n'avait pourtant pas levé la main sur moi – encore heureux ! - et pourtant je pouvais très bien imaginer (comme lui, j'en étais certaine) l’œil au beurre noir qui aurait pu doucement se former, si jamais c'était ce qui s'était produit.

-Parce que tu ne pleures toi jamais peut-être ?

Le ton qu'il employa me déplu. J'avais bien conscience de ne pas faire dans la dentelle, et sa remarque ne m'aida en rien à faire basculer de l'autre côté. Au contraire, je sentis des étincelles crapoter au fond de mon estomac en signal d'alarme, mais préférait pour l'instant les ignorer. Oui, pour le moment, c'était possible, j'avais encore tout parfaitement sous contrôle, il n'y avait donc pas à s'en faire. Jusqu'à ce que les étincelles s'incendient pour provoquer de véritables flammes que nous serions, Sebastian et moi, incapables d'éteindre. Il était prévenu.

Non rectification, il ne l'était pas, puisque je l'avais fait certes, mais mentalement. Mais là encore, tant pis pour lui.

- Pas pour rien, sifflai-je immédiatement, sur la défensive. Pas toi regarder.

Et cela m'agaçait doublement que j'avais l'impression que quoi qu'il arrive, il avait le dessus sur moi. Je pensais bien m'exprimer, mais pour avoir reçu de nombreuses remarque de la part des autres élèves de la classe lorsque j'essayais de leur parler, je devais encore une fois avoir l'air d'une aliénée qui sortait de sa campagne profonde pour essayer de communiquer avec le reste du monde. Autrement dit, une extraterrestre. Le seul fond de vérité qu'il y avait là dedans, c'était qu'en effet, je venais de la campagne profonde, pour aller trouver refuge, au fond d'un appartement miteux. Mais le reste, c'était n'importe quoi, je savais que j'étais plus maligne qu'eux en de nombreux points, et que la supériorité qu'ils pensaient avoir, tous, autant qu'ils étaient, ce n'était rien de plus qu'une illusion. J'allais leur montrer ce dont j'étais vraiment capable moi, Sebastian le premier.

-Parce que t’en as quelque chose à foutre peut-être ?


Le brasier était en train de prendre. Je voulais me jeter sur lui dans le but de lui tordre le cou tout en lui enfonçant mes ongles dans sa peau. Je ne comprenais pas non plus pourquoi je restais ici pour m'embourber dans cette situation qui devenait de plus en plus critique. Là où je n'avais aucun doute, c'était sur ma méchanceté. J'étais méchante parce que je ne savais pas quoi faire d'autre. En réponse à de la méchanceté, on donne de la méchanceté, c'était ce que ma mère m'avait montré, c'était ce qu'elle m'avait inculqué. Donc c'était ce que je faisais, c'était simplement ce que je faisais. Et je ne voyais pas d'autres réponses, ni de solutions à cela.

- Non. J'eus un rictus mauvais, tout en sachant pertinemment que cette fois ci, j'étais arrivée au stade de non retour et je ressentais un intense plaisir ravageur, à l'idée de me dire qu'il allait avoir plus qu'envie de me frapper en cet instant, mais que de toute façon il ne le pouvait pas – c'était à ses risques et périls et je savais qu'il n'allait pas les prendre ; parce que s'il tentait quoi que ce soit, je n'allais pas hésiter un seul instant pour lui faire porter chapeau, alors que c'était moi qui était à l'origine de ce désastre. Chacun pour soi.

Ce n'était pas tout à fait vrai pourtant. J'avais essayé de montrer de l'intérêt. Derrière du mépris peut être, mais on ne pouvait pas nier que j'avais essayé, non ? C'était de sa faute s'il ne l'avait pas vu. Je n'allais pas écrire le fond de mes pensées sur mon front quand même !

C'était moi ou il y avait un voile nouveau qui masquait l'ombre de ses yeux.. ? Je venais tout juste de le remarquer et... Non. Je devais me tromper. Je ne voulais voir que ce que je voulais, je ne voulais faire que ce que je voulais, et je n'avais aucun remords quant à en faire subir les frais au Gryffondor...

-Tu comptes rester là encore longtemps ou tu as finis de cracher ton venin ?

J'étouffai un rugissement de mécontentement comme une enfant à qui on venait de refuser le plus bel ours en peluche d'un magasin de jouets. Il n'avait pas le droit. Il-n'avait-pas-le-droit. Pas le droit de me mener en bateau comme il était en train de le faire pour la troisième fois, pour baptiser notre troisième rencontre d'infortune. Jamais deux sans trois comme on dit. Je n'allais pas lui laisser le dernier mot. Il n'avait pas le droit.

- Abandonner déjà ? Je ne laissai pas tomber le sourire moqueur qui habitait mes traits, prête à l'humilier jusqu'au bout, à le pousser dans ses derniers retranchements. J'avais envie de hurler du plus profond de mon être, du plus profond de mon mal être, mais me retins – à la place, j'avais employé ce ton doucereux et insupportable que j'utilisais avec ma mère quand je voulais l'emmener au bout de sa patience, à titre de vengeance, mais tout en ayant prévu les tranchées dans lesquelles je pouvais aller me retirer ensuite pour ne pas en subir les dommages collatéraux. Pire en pire. Nuls, les Gryffondor. Comme toi.

Quand est-ce qu'il allait enfin bondir, comme le lion censé représenter sa maison ? En ce qui me concernait en tout cas, ça y était : je brûlais de toutes part.
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MessageSujet: Re: Vide de tout et rempli de rien. |PV|   Vide de tout et rempli de rien. |PV| Icon_minitimeVen 20 Avr - 16:33

Je n’avais pas vraiment prévu de passer la soirée ainsi. Dans mes plans, je devais rester des heures inertes dans la tour, à ressasser le passé et à m’endormir d’épuisement à l’aube, tellement fatigué que je n’aurais plus pensé à rien. Je voulais penser dans le silence, souffrir dans le silence. Sous les étoiles qui m’auraient donné cette fabuleuse impression d’être tout petit, et que rien n’était grave. C’était ce que j’avais prévu, ce que je voulais. Être tranquille une dernière fois avant que je retourne dans la réalité dure et brutale, que je me fonde de nouveau dans la masse des élèves qui allaient me dévisager parce que j’étais trop pâle et trop perdu. Moi qui aimais être discret, je sentais déjà venir les questions sur mon absence. Devais-je mentir ? Je savais qu’Elisa elle, ne le ferait pas. Parce qu’elle avait la force d’assumer Tom, les regards de pitié. Elle allait montrer aux autres la vérité que j’allais tenter vainement de cacher. Qu’allais-je dire ? Membre de la famille à l’hôpital, probablement. Rien de grave aussi, et avec un sourire en prime. Je m’en foutais qu’on me croit ou non, je voulais juste être tranquille. C’était le plan de départ, avant que Daphne ne débarque pour je ne savais toujours pas quelle raison.

J’étais le genre de personne qui restait dans leurs coins quand ça n’allait pas. J’étais habitué à ça, et je n’aimais pas faire autrement. Expliquer tous les drames familiaux, merci bien mais je m’en serai passé avec plaisir. Ah vrai dire, personne ne savait. Je n’avais jamais eu aucun meilleur ami à qui je pouvais raconter mes déceptions, mes craintes ou mes doutes. Oui, on m’avait appelé meilleur ami. Oui, on m’avait dit que j’étais une personne essentielle, gentille et douce. D’accord, mais jamais ne s’était-on penché sur moi en me demandant comment MOI j’allais. Mais j’avais vécu avec, et ça avait des avantages. Mais si j’aimais être seul, me sentir seul était différent. C’était pesant. De n’avoir personne à qui parler. Elisa ne m’écoutait pas, mes parents non plus. Et moi, comme un con, je n’ouvrais pas non plus ma bouche pour que l’on me remarque. Je restais là, sourire et mot doux, prêt à exaucer les désirs de tout le monde. Je tendais le bâton pour me faire battre, bien sûr. En grandissant peut-être, j’allais m’affirmer devant les autres. J’allais être un réel Gryffondor, plein de vie. Plein de colère, comme ce soir pour l’une des premières fois de ma vie.

Même si je voulais être seul, la venue de Daphne ne m’avait au départ pas spécialement dérangé. J’avais cru qu’elle partirait en me voyant. Mais elle était restée, déterminée à me faire sortir de mes gons de toute évidence. Elle ne se doutait de rien, ses yeux incroyablement bleus ne voyaient pas mon usure. Ils voyaient en moi simplement une cible de plus qu’elle pouvait railler. Si j’étais déçu ? Honnêtement, oui. Daphne était un sacré phénomène, certes, mais je l’aimais bien. Je m’étais plus ou moins habitué à son comportement, à ses mots hachés et ses yeux remplis d’éclair. Et je pensais également que c’était en quelque sorte réciproque. Que la jolie Polonaise m’appréciait, UN PEU. Et la réalité était amère. J’aurais dû voir au premier coup d’œil que la seule chose qu’elle aimait, c’était s’amuser et écraser les autres. Sûrement n’avait juste pas voulu y croire, mais l’avais toujours sentie. J’avais mis de fausses significations derrière ses actes et ses paroles, j’avais vu ce que je voulais voir. Comme un con, la vérité m’avait bien vite rattrapée. Et soudainement, je m’en voulais. Et à elle aussi, au reste du monde. Juste parce que nous étions tous cons, égoïstes et que la réalité était bien plus pourrie que dans les romans à l’eau de rose de ma mère.


- Pas pour rien. Pas toi regarder.

De nouveau, Daphne irisait ses poils de chats sauvages sur son dos, comme une carapace d’épine. La défense, la voix qui sifflait. Ce que j’associais précédemment comme de la peur, je le voyais désormais comme de l’orgueil. Oui, la Serpentard se donnait un genre derrière sa langue natale et son air mystérieux. Le genre un peu perdue, rebelle mais au fond, sensible. J’étais si stupide d’avoir cru qu’elle avait ce fond-là, la gosse. Ce n’était qu’une fille hautaine comme les autres, simplement un peu plus jolie, plus convaincante. Peut-être était-ce ses yeux qui me donnaient envie d’y croire. Parce qu’ils étaient d’un bleu si incroyable et si doux, et qu’ils ne reflétaient qu’innocence et crainte. Du moins, je croyais.

-Alors ne me pose pas des questions.

J’avais répliqué cette phrase d’un ton mauvais et insistant. J’avais accentué le mot question malgré moi, et accompagné ma réponse d’un regard en coin. Mais je ne voulais plus regarder sa beauté froide, parce que je ne voulais pas qu’elle me charme comme elle l’avait fait. Avec son physique de petite poupée qui m’avait fait croire que je pourrais tirer quelques choses de bon de Daphne. Qu’elle n’était pas si mauvaise. Ma colère me la révélait au grand jour comme elle l’était vraiment. Ou m’aveuglait peut-être ? Non, non et non ! J’écartai cette thèse immédiatement, de peur de retomber de nouveau dans le piège. Je ne voulais plus m’approcher d’elle.

- Non. Chacun pour soi.

Merci Daphne pour cette brillante leçon d’humanisme. Je ressentais de nouveau plus de haine que je n’aurais crue à son écart. Sa voix sifflait dans mes oreilles comme un crissement désagréable. Je voulais le silence, extérieur comme intérieur. Mais elle remuait encore et toujours mes pensées, m’empêchant de trouver le calme que j’étais venu chercher. Je ne voulais pas exploser devant elle, mais j’étais si proche. Le minuteur de ma bombe intérieur égrainait les secondes, se rapprochant du 00 :00 final et inévitable. Je ne savais pas quel fil couper pour désamorcer le processus.

-Parfait dans ce cas.

Ma voix tremblait malgré moi, emplie de fureur. Je n’arrivai maintenant plus à détacher mes yeux de la jeune fille, toujours debout face à moi. Elle me surplombait, fière et hautaine, prête à m’écraser d’un revers de la chaussure. Et elle aimait ça, elle aimait tellement ça. Elle voulait me pousser à bout et je ne savais pas encore quoi faire. Craquer, ou ne pas rentrer dans son jeu. Je voulais opter pour la première option, mais j’étais si énervé que je n’arrivai pas à réfléchir calmement. Daphne, Elisa, mes parents, Matthew, Tom, Tom, Tom et Tom. Ça tournait dans mon cerveau à 300 à l’heure et je me sentais près de la crise.

- Abandonner déjà ? Pire en pire. Nuls, les Gryffondor. Comme toi.

Et voilà, Daphne avait sorti la carte « insupportable » avec son ton doux et ironique. Elle m’avait poussé à bout, et je ne pouvais plus supporter son petit jeu. Pas aujourd’hui. Elle venait de me juger, avec son regard horrible et ses constatations déplaisantes. Elle ne savait rien mais croyait être en mesure de commenter. La fatigue, la tristesse, la peur, la colère. Toutes ses émotions jaillirent d’un coup, alors que j’avais tenté de les contrôler depuis trop longtemps. Comme une marionnette, je me levais violemment pour lui faire face. Sans me rendre compte de ce que je faisais, je la poussais contre le mur brusquement, sans songer si je pouvais lui faire mal ou non. J’attrapai ses deux poignets pour les plaquer le long de son corps. Même si je ne répondais plus de rien, j’avais toujours mon instant de survie. Daphne devait frapper fort et je voulais éviter tout dommage.

-Là ça va, je suis assez énervé à ton coup ?!

Je ne savais pas si j’avais crié ou murmuré. Je ne savais plus rien. Face à elle, je la dominais de toute ma carrure. J’étais plus grand qu’elle, plus large aussi. Je baissais mes yeux vers elle, nos corps si proches l’un de l’autre. Mon visage était désormais habité de traits peu communs à ce dernier, froid et légèrement dément. Qu’avait-elle provoqué en moi ? Une chose était sure, elle l’avait cherché.

-Ne me juge plus jamais. Tu ne sais rien de ma vie. Ferme là.

Et comme un robot, je lâchai ses mains et reculai. Et puis je fis demi-tour, la laissant là, haletante et étonnée. Elle ne me suivit pas, et je ne me retournai pas. De toute manière, j’étais incapable de voir où j’allais, mes yeux trempés de larmes de rage et de tristesse. Je haïssais Daphne et pire encore, je me haïssais moi bien plus qu’elle ne devait le faire.

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Daphne Kasperek


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MessageSujet: Re: Vide de tout et rempli de rien. |PV|   Vide de tout et rempli de rien. |PV| Icon_minitimeLun 23 Avr - 17:14

A quoi je m'attendais venant de sa part ? Franchement, pas grand chose. C'était une conclusion un peu rapide parce qu'après tout, nous ne nous connaissions pas. Il ne me connaissait pas. Et puis ça tombait bien parce que dans tout les cas je n'avais pas envie qu'il en apprenne plus donc si je pouvais me cacher derrière ce que je savais faire la plus en variant le système de la défense/attaque, je risquais d'être relativement tranquille pour un petit bout de temps.

Lui ? C'est que... c'est qu'il n'y avait pas grand chose à dire sur le sujet. Je m'en étais fait une idée rapide lors de notre première rencontre et si on aurait pu croire à une exception à ce moment là, qu'il s'était simplement vu d'une grande bonté et qu'il avait envie de me la faire partager, il n'avait fait que confirmer ce trait de caractère lorsque nous nous étions retrouvé dans cette salle vide, quelques semaines plus tard. De la bonté. Je n'en voulais pas. Je ne voulais rien de personne, que ce soit bon ou mauvais, c'était là la meilleure protection que j'avais trouvé lorsque je devais évoluer au milieu des autres. Ce qui comptait c'était les membres de ma famille qu'il me restait, ensuite, qu'on ne m'en demande pas trop. Je m'en satisfaisais très bien, à lui de faire pareil, dans les faits, ce n'était vraiment pas compliqué.

Quand même, les petites piques que je lui lançai n'étaient pas complètement désintéressées. De toute façon vu la manière dont sa prétendue sœur avait débarqué dans la pièce, le visage inondé de larmes en ne prenant même pas attention de voir si oui ou non son frère avait de la compagnie, ça voulait bien dire ce que ça voulait dire. Ça ne pouvait pas être un gros secret défense et à la limite la seule chose qu'il pouvait me rétorquer, c'était de me dire que ça ne me regardait pas. Chose qu'il ne s'était pas gêné une seule fois de faire soit dit en passant, mais je m'avouais pas vaincue pour autant. Parce que comme je l'avais si bien exposé, cela m’amenait au second point.

Car il était évident que je préférais me jeter du haut de la tour d'astronomie plutôt que de lui avouer d'un ton un peu penaud, que je m'étais prise une retenue en pleine poire et qu'à présent j'en faisais les frais, même si – je n'en démordais pas – ce n'était pas moi qui était en tord. Mais voilà, il fallait bien que je la fasse cette foutue retenue si je ne voulais pas la voir s'alourdir incessamment sous peu par mon prof qui allait voir rouge si je n'avais pas fait ce qu'il était demandé ! La solution ? C'était que Sebastian parte, à n'importe quel prix, et si par ça il fallait passer par la case exécrable, c'était une tâche donc j'allais m'acquitter avec plaisir !

Et bien aussi étonnant que cela puisse paraître, le proverbe disait vrai : la vie, c'est comme une boîte de dragées surprises de Bertie Crochue, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Même si en l’occurrence, là il s'agissait de Sebastian, et après coup, je me disais que c'était une facette de sa personnalité que j'aurais en effet préférer ignorer ! Il s'était levé. S'il n'y avait que ça. J'avais cependant esquissé un mouvement de recul, en guise de protection, mais cela n'avait pas suffit. J'étouffai un cri de surprise lorsqu'il me plaqua contre le mur, étant suffisamment sous le choc encore pour ne pas réussir à savoir si je me mettais en colère ou si je restais bouche bée devant cette réaction qui était tout, sauf prévue.

-Là ça va, je suis assez énervé à ton coup ?!

Je sentis mes yeux se révulser sous le coup de la panique, mon corps se mettant à trembler de toutes parts, comme si j'avais eu très froid, alors que là, c'était parce que j'étais au bord de la crise de nerfs.
- Ça va pas non ?! C'était plus un hurlement hystérique qu'une exclamation de stupeur mais j'étais incapable de faire quoi que ce soit d'autre.

Tu ne me touches pas. Personne ne me touche. Vous n'avez pas le droit de me toucher, je refuse qu'on me touche, on ne touche pas les autres sans autorisation, non en fait, on ne les touche pas tout court, elle non plus elle n'a pas le droit de me toucher, même si elle s'en fiche même si ce droit elle le prend, mais je n'en ai rien à faire, elle ne me touche pas, elle ne me touchera pas, elle ne me touchera plus. Tu-ne-me-touches-pas. NE ME TOUCHE PAS !

C'était comme si un corps étranger venait de prendre possession du mien. Lui, il ne réfléchissait pas. Il agissait.

Je tentai de marcher sur ses pieds pour le faire reculer, mais il ne semblait pas décidé à faillir lui aussi. Ses traits avaient quelque chose de différent. Lui aussi n'était plus lui même. Dire que c'était de ma faute ? Même pas en rêve ! J'essayai de me débattre comme je le pouvais et les larmes commençaient à monter du fond de ma gorge jusqu'à mes yeux sans pour autant déborder. Oh que non, je n'allais tout de même pas lui laisser ce petit plaisir... Aussi infime soit-il.

- J'ai mal ! M'époumonai-je encore.

L'ironie du sort voulait que ce ne soit pas plus mal, si en fait il me tenait bien fermement, et contre le mur, parce que mes nerfs étaient tellement à vif au fur et à mesure que les secondes passaient que j'avais l'impression que j'allais tomber à tout moment.

-Ne me juge plus jamais. Tu ne sais rien de ma vie. Ferme là.

Mon dos glissai lentement pour se laisser tomber, ainsi que le reste de tout mes membres, mais il fallut plusieurs secondes avant que je ne me rende compte que j'étais assise sur le sol, haletante, épuisée par ces minutes d'extrêmes tensions. Les mots qu'il venait de prononcer se basculaient dans ma tête sans que j'en comprenne tout de suite le sens. Ou alors trop tard.. ?

- Pas envie savoir ! M'exclamai-je dans le vide tandis que le goût de mes larmes qui roulaient enfin le long de mes joues venaient terminer leur course soit dans l'embouchure de ma bouche, soit tout au bout de mon menton. Cela faisait à présent une personne de plus que j'ajoutais sur ma liste, en plus des autres, même si en ce qui concernait le garçon, il était en première position, et il n'y avait rien qui puisse me faire changer d'avis ! Je constatais avec rage que tout cela avait un sale goût de déjà vu et que revivre toujours ces mêmes scènes en compagnie de Sebastian pendant sept ans, je n'allais pas le supporter.

Et ça ne faisait que commencer.
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