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| ~ You'd bring rain I desire. [PV E.] | |
| Auteur | Message |
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Ruby Standiford-Wayland Apprentie à Sainte Mangouste
Nombre de messages : 2205 Localisation : Cachée. Date d'inscription : 03/09/2011 Feuille de personnage Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. » Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. » Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »
| Sujet: ~ You'd bring rain I desire. [PV E.] Mer 9 Jan - 22:04 | |
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"I'm not scared of you now or so I say There's no reason to run, although I may I'm not as sure as I seem, this much I know What does it mean when you leave and I follow?
I could try to forget what you do when I let you get Through to me but then you do it over again I could rage like a fire and you'd bring rain I desire."
La nuit s’incrustait petit à petit dans l’atmosphère, enveloppant chaque coin et recoin de Pré-au-Lard. Le léger vent qui avait soufflé toute la journée s’était évanoui, laissant l’air glacé et sec qui envahissait l’intérieur des boutiques à chaque claquement de porte, tandis que les réverbères commençaient tout juste à s’allumer, faisant écho aux fenêtres et vitrines animées. Il neigeait tout doucement également, rajoutant quelques flocons à la couche qui recouvrait déjà le sol depuis le début de janvier. Les toits pointus de chaque maisonnette perçaient le ciel, et j’entendais des rires chaleureux qui résonnaient dans les ruelles et les bars. Les gens se pressaient sur les pavés, refroidis mais enjoués par les illuminations de Noël qui restaient accrochées à certaines façades. Tout Pré-au-Lard semblait respirer une bonne humeur contagieuse et je me surpris à sourire sans raison, au fur et à mesure que j’admirais les étalages et vitrines d’un œil curieux. Camouflée sous mon bonnet à ponpom, je sentais le bout de mon nez rougir sous la fraicheur de ce début de soirée, et j’enfonçai un peu plus mon menton dans mon écharpe au couleur de ma maison et mes mains dans les poches de mon duffle-coat noir. J’avais dessous mon jolie pull en cachemire bleu marine que j’avais trouvé dans une friperie en Oregon avec Liz –il me rappelait les vacances. Mes bottes s’enfonçaient dans la neige, laissant la trace de chacun de mes passages le long de la rue principale que je parcourais distraitement, laissant mon esprit vagabonder en paix.
Je ne m’étais pas accordée ce genre de balade solitaire depuis un petit moment. Mais ce soir, j’avais envie de… Je ne savais pas trop, mais j’en avais eu le besoin. Nous étions le jeudi soir, et je ne savais où était passé Liz, mais je devinais que Stephen ne devait pas être loin d’elle. J’eus un petit sourire. Ça me rendait forcément un peu triste de ne plus l’avoir rien que pour moi, mais son bonheur me suffisait amplement. Et puis demain, nous allions passer la journée ensemble… Vu que c’était mon anniversaire. 17 janvier. 17 ans. Ça, c’était une jolie symétrie. Alors en attendant, je pouvais bien être avec moi-même. Je n’avais jamais été dérangé par l’idée d’être seule, bien au contraire, même si j’avais aussi pris goût à l’amitié. Ces dernières années, ou du moins surtout la dernière, j’avais fréquenté beaucoup de gens, beaucoup sortis avec eux. Les moments de calme avait été calme, sauf peut-être lorsque je travaillais à la bibliothèque. Avec du recul, je ne pouvais pas dire que je regrettais tous les moments que j’avais passé avec Hadrian, Traice, Tirya, Prudence et compagnie. Parfois, ça me manquait. Bon, d’accord, souvent. Et depuis ma rupture avec le Gryffondor, l’idée de me retrouver toute seule était à double tranchant : je n’avais envie de voir personne –Liz exceptée– mais sans compagnie, j’étais en proie à ma propre personne dont le cerveau pensait décidemment très fort en ce moment. Je m’emprisonnais dans une cage qui m’oppressait mais pourtant, en sortir me paraissait encore plus risqué. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais au fond, j’oscillais toujours entre des milliers de choix et finissais toujours par n’en choisir qu’un : celui de ne pas en faire, de choix. Ou si, celui de me plonger dans quelques verres d’alcools.
Mais je n’avais pas bu depuis que j’étais revenue à Poudlard, ou pas vraiment. En une semaine, malgré toutes les tentations, je m’étais contentée de quelques bierreaubeurre avec Lizlor, frôlant très légèrement la sensation d’ivresse. Je n’en avais pas vraiment eu envie, car les souvenirs de ces vacances étaient encore assez présents pour me réconforter et me faire passer les journées difficiles. Mais je les sentais s’éloigner petit à petit, me rapprochant de la tentation de finalement remplir ma flasque qui n’avait pas quitté ma valise. Ce n’était pas grave de boire de toute manière, pas vrai ? Je ne sais pas trop ce qui m’en écartait, je ne savais plus grand-chose de toute manière. Je flottais constamment dans une étrange torpeur, entre la tristesse et la mélancolie, je tentais vainement de m’en sortir sans me donner complétement les moyens –comme si je m’y complaisais finalement. Je poussai un soupir en appuyant mon front contre l’une des vitres, celle de l’apothicaire. Il y brillait un milliard d’ingrédients, de fioles et tout pétillait, brûlait et étincelait. Je songeais que je n’avais pas passé du temps sur une potion depuis un bon moment, malgré mon nouveau nécessaire brillant que Liz et Conrad m’avaient offert. Je me contentais des cours banals, alors qu’avant, je pouvais passer des soirées à mon bureau à m’entraîner. Pourquoi ne le faisais-je plus ? J’avais simplement l’impression de ne plus avoir envie de rien, je n’aimais pas cette sensation, mais le vide qui s’amplifiait dans ma poitrine se répandait dans tout ce que je faisais.
Je relevai le regard vers l’intérieur du magasin, m’apprêtant à rentrer par pure curiosité, lorsque mes yeux en accrochèrent d’autres, très furtivement. J’eus un frisson et une drôle de sensation dans la poitrine, tandis que je reculais de quelques pas en détournant mon visage. Non, j’avais du rêver… Bien qu’il m’avait dit qu’il travaillait dans les potions non ? Peu importe, je n’avais pas trop envie de le revoir et je ne comptais pas prendre le risque de le croiser. Je me décidais finalement pour les Trois Balais, de peur d’également le croiser au Trois Sanglier ; et puis ce soir j’étais là pour des raisons différentes. Je m’installais à une table un peu éloigner des autres car il me semblait reconnaitre quelques personnes et que je n’avais envie de n’en voir aucune. Je commandais un petit truc à manger et une bierraubeurre, rien qu’une, pour me réchauffer. Me callant un peu plus dans ma chaise, je sortis de mon sac un livre que Sara m’avait conseillé pendant les vacances dont il ne me restait plus que quelques chapitres. Je laissais vagabonder mon esprit dans les pages, entre deux bouchées et gorgées, et ne vit pas l’heure passer : j’étais bien là.
Lorsque j’achevai la dernière page, je jetais un coup d’œil à ma montre –je n’avais pas vu l’heure ! Je rangeai mes affaires, payai au comptoir et sortit affronter la nuit fraiche. Pré-au-Lard était désormais silencieux, et je parcouru la rue principale en fumant ma cigarette, prenant mon temps pour retourner jusqu’à mon fameux passage secret. Il y avait quelques éclats de voix qui provenaient des maisons et des ruelles devant lesquelles je passais, et comme toujours j’écoutais et regardais distraitement, par pure curiosité. Dans l’un des recoins sombres, je vis un groupe d’homme et par réflexe, je ralentis le pas –ils ne m’avaient pas vu, heureusement. Je me méfiais un peu des gens qu’on pouvait croiser ici, il n’était pas si tard que ça et j’étais sobre, mais ils avaient l’air nombreux et assez imposants, je ne voulais pas m’attirer d’ennui. Je captais quelques bribes de la conversation, et je me figeais à l’angle du mur, étonnée de ce que je semblais comprendre. Je passai la tête discrètement pour voir, et il me sembla comprendre qu’il y avait un mec contre plusieurs –pas très loyal. Bon, je n’avais pas envie de me retrouver au milieu d’un combat, ce n’était pas mes affaires et…
J’eus une exclamation étouffée, et me recachai derrière le mur. Ewan.
Je voulus me donner l’impression d’hésiter, mais mon choix était déjà tout fait. C’était un peu embêtant et très illogique, parce qu’après notre première et unique rencontre, et surtout la manière dont elle s’était achevée, j’avais décidé de détester ce mec –c’était peut-être excessif, d’accord. Donc, j’aurais dû faire demi-tour et non me jeter au milieu d’un règlement de compte. Sauf que j’avais bien vu que l’un d’eux avec deux baguettes, il faisait sombre mais ce n’était pas ça qui m’empêchait d’être une bonne observatrice. Et laisser Ewan là, sans aucune arme, c’était un peu comme accepter qu’il se fasse buter et, je ne sais pas si c’était bizarre –il me semblait que non- je n’aimais pas cette perspective. Je me repenchai, dégageant ma tête dans l’angle pour voir laquelle des baguettes étaient celle d’Ewan. Je pris une grande inspiration, mais n’eus pas le temps de l’achever car je m’étais déjà sortie de ma planque et d’un coup de sortilège informulé, la baguette sauta des mains du type, créant l’effet de surprise et le temps qu’il se retourne, j’avais déjà attrapé la baguette et d’un coup nouveau sort, je propulsai un peu plus loin l’un des mecs. J’arrivais à la hauteur du jeune homme et, alors que je tentais à nouveau d’écarter l’un de ses agresseurs, je tendis ma main qui tenait la baguette vers le barman –nos doigts se frôlèrent et je sentis qu’il avait attrapé sa baguette. Ces quelques secondes où j’avais baissé ma garde suffirent à me faire prendre, et je sentis une douleur désagréable à l’épaule droite, celle où s’imprimait déjà l’hématome que je m’étais fait en défonçant la porte au Nouvel An. Je grimaçai et fis volte-face, me retrouvant côte à côte avec Ewan. Dans la pagaille, il avait réussi à s’extraire du mur contre lequel il était plus ou moins plaqué, et cela nous permit d’avoir un champ de mouvements plus grand. Malheureusement, nous étions en infériorité numérique.
Ma main attrapa le bras d’Ewan et le poussa violemment, tandis qu’un sort lui passa juste sous le nez : il avait intérêt à se réveiller et à faire gaffe, sauf s’il avait prévu de se faire détruire sa jolie gueule par un maléfice ! Et je ne pouvais pas surveiller tout ce qu’on lui envoyait dessus, parce que j’étais déjà en train de multiplier les sorts pour contrecarrer ceux que je me prenais dans la figure. Mon épaule me faisait déjà mal, et je manquai de me faire pétrifier : heureusement, j’eus le bon réflexe de me protéger, et ne pris pas le temps de reprendre ma respiration. D’un mouvement de poignet, celui qui avait tenté son attaque sur moi se prit un maléfice de Chauve-Furie et, avant même qu’il ne réagisse à nouveau, je le pétrifiai à mon tour –son corps tomba sur les pavés dans un « boum » désagréable. Mon cœur battait trop vite, ma respiration était haletante et, évitant de nouveau un sort, je priais pour qu’Ewan soit doué en sortilèges car si c’était une de mes matières de prédilection, je n’avais qu’une baguette et face à plusieurs cibles, ce n’était pas si facile que ça à gérer… J’espérais sincèrement que je n’allais pas regretter d’être intervenue mais tout mon corps me criait déjà que j’avais fait le bon choix pour des raisons qui m’échappaient un peu –comme quoi parfois, je pouvais faire les choses bien. |
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Ewan Campbell Vendeur chez l'Apothicaire
Nombre de messages : 208 Localisation : Dans mon trou. (well, c'est glamour ça) Date d'inscription : 14/11/2012 Feuille de personnage Particularités: J'ai un énorme bagage à main (et ma copine a des gros boobs). Ami(e)s: Phil et Rita et les boobs (mais surtout les boobs) :) Âme soeur: “And she kissed me. It was the kind of kiss that I could never tell my friends about out loud. It was the kind of kiss that made me know that I was never so happy in my whole life.”
| Sujet: Re: ~ You'd bring rain I desire. [PV E.] Sam 12 Jan - 17:18 | |
| La fiole s'échappa de mes mains et glissa ; j'eus un mouvement pour la rattraper mais elle rebondit contre la table et sa trajectoire en fut déviée. Elle tomba sur le sol dans un bruit aigu et discret de verre qui se brise - le son délicat prouva la finesse du verre. Je retins une exclamation énervée, sortit rapidement ma baguette et d'un coup de poignet reformait la petite fiole avant de la repositionner sur l'étagère que j'étais en train de ranger. Heureusement, le patron n'avait rien vu. En revanche, moi, j'étais certain d'avoir vu quelque chose. Alors même que j'étais en train de songer en me moquant un peu des passants qui, sans arrêt, s'arrêtaient le nez collé à la vitrine pour regarder en pensant que le ton légèrement opaque de la vitre qui masquait le reste de la boutique les cachaient. Pas du tout, évidemment, car comme un miroir sans tain, depuis l'intérieur de la boutique, je pouvais voir clairement leurs mines intéressées par la devanture plutôt reluisante, je ne le niais pas, de la boutique. Et alors que, la lumière baissant en fin d'après-midi, une ombre était passée dans mon champ de vision, j'avais levé les yeux machinalement pour voir quel genre de client - potentiel ou non - s'était arrêté pour faire du lèche-vitrine, et j'avais découvert, ne m'y attendant absolument pas, une silhouette bien familière. Ma stupeur s'exprima pour un instant d'inattention qui causa la chute de la petite fiole ; le temps que je la ramasse et récupère mes esprits, elle était partie. Ruby. Malgré son bonnet et sa veste je l'avais reconnue, à n'en pas douter, c'était ses cheveux brillants comme de l'or de Gobelins, teintés d'argent et de blanc pur comme du diamant. Son visage aussi, que j'avais vu de près (!) ne me laissa aucun doute. Ce n'était pas illogique en soi : elle devenait venir souvent à Pré-au-Lard comme tous les étudiants de Poudlard, même si, depuis la dernière fois, je ne l'avais plus revue à la Tête de Sanglier. Je me sentais coupable évidemment, d'autant plus que je ne voulais pas la priver de ses soirées, mais mon bon sens parvenait tout de même à m'en faire venir au fait que c'était mieux pour elle, car boire comme elle le faisait n'était pas la meilleure chose qui soit. Je me demandais si elle avait trouvé un deuxième port où jeter son ancre et où trouver un meilleur tafia qu'on servait à la Tête de Sanglier, et mes pensées s'arrêtaient là. Je n'en avais même pas parlé à Phil. Pourquoi, d'ailleurs? Il n'y avait vraiment rien à dire, cet épisode n'était pas non plus marquant en soi (sauf pour ma joue), sauf peut-être, je le reconnaissais volontiers, pour les regrets que je ressentais. Si j'avais été en recherche de quelqu'un à séduire et peut-être à fréquenter, cette fille potentielle aurait ressemblé à Ruby, en tous points - mais je la connaissais trop peu, et je me confortais en me disant que je l'idéalisais.
Cela faisait presque un mois que je travaillais à la Tête de Sanglier, et un peu plus dans la boutique de Potions. Le temps avait filé à la vitesse de l'éclair et il n'y avait que quand, parfois, je relevais la tête du guidon que je me rendais compte que les jours passaient. Ma paye s'amassait, mais elle était bien maigre, et chaque soir en me couchant, complètement épuisé, j'avais l'amère sensation qu'il me faudrait des années et des années pour parvenir à mon but. Or, ce n'était pas possible.
J'étais dans une phase étrange. Un peu comme si j'avais été sous l'eau, je ne me rendais plus compte de rien, et n'accordais plus autant d'importance à ce qui normalement dictai ma vie. Les lettres à mes parents se faisaient inexistantes et à vrai dire je n'avais même pas lu celles que ma mère m'avait envoyées. Je n'avais que faire de savoir quels concours elle avait récemment gagné, ainsi que tous les potins du voisinage. Ma mère avait de cela que sa superficialité s'était accrue avec la perte de son enfant et il m'était de plus en plus difficile de le supporter. Je détestais mes parents pour cela : pour la façon dont ils avaient de se replier sur eux-mêmes comme s'ils avaient été les seuls à souffrir de cette déchirure. Jamais, pas une seule fois, j'avais lu dans leurs yeux l'espace d'une seconde qu'ils se mettaient à ma place. J'avais perdu mon double, ma moitié, la réelle deuxième partie de moi-même de qui je m'étais scindé. Ne pouvaient-ils pas le comprendre aussi? Ils avaient perdu un fils et je le comprenais, oh, je le comprenais ; chair de leur chair, cette disparition devait les révolter, les détruire. Mais moi?! Pas plus qu'eux, je ne devais voir la mort aussi précipitée de celui qui était moi en quelque sorte. Je n'avais rien mérité de plus. Et eux, insidieusement, ils me faisaient sentir que cette mort était en partie de ma faute - le chagrin ne me laissait aucune autre possibilité que de porter cette culpabilité comme un supplice.
Enfin, il ne servait à rien de s'arracher les cheveux. J'étais vivant, et je laissais les morts au passé. Ou du moins, j'essayais. Ce soir, j'avais un gros coup en préparation. Les contacts de Phil, mon travail à la Tête de Sanglier, et mes petites manigances sous le nez de l'apothicaire m'avaient permis de construire un début de réseau. J'avais déjà vendu des ingrédients à la sauvette (je commandais d'avantage quand je faisais les stocks de la boutique, mais je falsifiais le registre), et je m'étais mis à concocter des Potions que je transformais pour les rendre plus performantes. Il me restait des stocks de ce que je faisais à Oxford, notamment un fond de chaudron de Felix Felicis, dont la préparation était longue et fastidieuse. Mais en rajoutant quelques ingrédients je la rendais encore plus performante et surtout plus contrôlable par le sorcier qui la buvait, et aussi moins dangereuse et indécelable ; bref, une perle. Je la vendais à un très bon prix pour moi - et moins pour les acheteurs. Or, deux semaines auparavant, un étrange sorcier tout vêtu de bleu nuit était venu de moi car il avait entendu parler de mon petit trafic, et m'avait questionné sur tout ce que je vendais, tout ce dont j'étais capable. Alors que je lui expliquais l'éventail de mes réserves, je l'avais vu très intéressé par ce Felix Felicis amélioré, et nous avions conclu un deal. Ce soir, dans un recoin d'une ruelle habituellement sombre et déserte, je devais lui amener la potion, et lui, mes Gallions. Seul à seul.
Je fermais tard la boutique, prenant mon temps, et rentrais chez moi dîner rapidement. J'avalais une fin de soupe à la citrouille que ma voisine, une dame seule avec ses quatre chats, me cuisinait de temps en temps. Elle m'était sympathique mais beaucoup trop commère à mon goût, et je me méfiais d'elle - mais j'acceptais volontiers sa cuisine. Elle m'avait pris sous son aile sans que je le recherche particulièrement, mais cela ne me dérangeait pas outre-mesure. Mon appartement n'était pas très rangé, à part ma chambre, peu meublée (j'avais emménagé récemment) mais le salon, la pièce principale, était pleine d'ustensiles, un chaudron trônait au milieu, et les étagères regorgeaient de bouteilles et de boîtes. Je rangeais en gros, agitant ma baguette, avant de me rendre compte en regardant par la grande fenêtre du salon que le soleil se couchait derrière les collines. D'ici, j'avais une vue resplendissante sur Poudlard, au loin, le parc, et le chemin qui serpentait jusqu'à Pré-au-Lard. Cette vue m’apaisait toujours. J'attendis que le ciel cesse de brûler à l'horizon et que l'orangée du soleil disparaisse complètement. Quand la nuit tomba, je sortis, ma fiole enveloppée précieusement dans un chiffon, et je pris le chemin de la ruelle.
Lorsque j'arrivais, j'eus la désagréable surprise de constater que mon client était accompagné. Je n'aimais pas que l'on me mente, qu'on ne respecte pas l'arrangement - cela nous mettait en danger, tous les deux. J'exprimai mon mécontentement mais je vis que le sorcier était sur ses gardes, sur la défensive, anxieux ; pas moins de dix secondes après moi, un troisième homme se présenta.
Là, j'eus la très nette sensation de sentir que le contrôle de la situation m'échappait. Je gardai la fiole dans ma main, fermement. Les trois hommes s'étaient mis à parler, et la discussion s'envenima. Je tentai d'apaiser la situation, et surtout, de la comprendre. Il s'avéra que le troisième homme était aussi intéressé par ma potion, et que le deuxième était venu seconder le premier en sachant qu'il aurait sûrement la concurrence du troisième. La tête me tournait. Comment était-ce possible?! Merlin, j'étais idiot de ne pas avoir pressenti cela, mais qui, Diable, qui donc avait laissé fuiter l'information?!
Le troisième homme s'adressa directement à moi, alors, et je lui répondis sèchement qu'il devait nous laisser, et que je n'avais rien conclus avec lui. Mais le premier en profita pour se rallier à ma cause et je n'appréciais pas du tout son ton, si bien que je lui laissais entendre que le prix serait plus élevé, car il n'avait pas respecté les termes du contrat.
En très peu de secondes, je sentis ma baguette me sauter des mains, une main me plaquer contre le mur, des bruits de voix, de bataille. Tout le monde se battait l'un contre l'autre et je n'avais plus de moyen de me battre mais je continuais à les exhorter au calme, à la raison. Le deuxième homme, un petit sorcier chétif, crut qu'il allait m'avoir par surprise et tira la fiole de ma main. Je résistai, lui aussi : elle tomba et se brisa, et son liquide s'évapora en petites gouttes dorées et luminescentes dans la nuit. La colère m'envahit, et de même chez mes adversaires. Je compris alors que je ne m'en sortirais qu'en apaisant leurs esprits, mais... Un sortilège frappa le mur derrière moi et me coupa la joue au niveau de la pommette. Je sentis le sang couler le long de ma joue.
Un voile tomba sur mes yeux.
Je ne sais combien de secondes de minutes après, une main fine me tendait ma baguette : je l'empoignai, et me mis épaule à épaule avec la personne qui venait me prêter secours. Nos doigts se frôlèrent, nos yeux se croisèrent dans la nuit, et les siens brillèrent comme des étoiles un instant au milieu de toute cette tempête : Ruby. Je ne m'interrogeai pas plus longtemps sur le pourquoi du comment. Je profitai du fait que j'étais armé à nouveau pour tenter de calmer les trois hommes qui se battaient, mais la main de Ruby, encore une fois, me sauva en me poussant vivement pour échapper à un sortilège. Cette fois c'en fut trop et j'abandonnais toute tentative d'appel au calme ; je joignis mes sortilèges aux siens. Elle en fit tomber un, moi le deuxième, le troisième, nous l'attaquâmes de concert et je le désarmai, saisissant sa baguette au vol que je lançais dans la bouche d'égout. Ce fut alors à mon tour de saisir le bras de la jeune fille et de la tirer vers moi, regardant partout aux alentours.
- On file, murmurai-je, pressant. Ce n'était qu'une question de minutes avant que quelqu'un se rende compte de quelque chose. Je fis disparaître les fragments de ma potion désormais détruite, et partis en courant, tenant le poignet de Ruby dans ma main, sans le lâcher. Je connaissais bien les ruelles sombres et en parcourus le dédale sans hésiter, vérifiant que nous n'étions pas suivis ; je calmai l'allure seulement quand nous fûmes dans la rue principale, non loin de mon appartement. Hors d'haleine, je lui fis signe de continuer à me suivre, lâchant seulement son bras. Je la poussai doucement devant moi, lui indiquant la porte qu'il fallait emprunter.
Je ne pouvais penser à rien de concret tant que nous n'étions pas hors d'atteinte et je savais que même pour elle il fallait mieux qu'elle se cache quelques temps avant que la situation se calme ; une heure ou deux. Et puis, j'avais vu la blessure de son épaule - le sang baignait son pull - et je ne pouvais pas la laisser blessée ainsi. Je lui devais bien ça, puisqu'elle m'avait secouru. Je la laissais passer par la porte, puis par la porte de service, lui indiquant le petit escaliers de service en bois qu'il fallait grimper. J'étais au troisième étage, sous les toits. Longeant le petit couloir, je nous emmenais jusqu'à la porte du fond, que j'ouvris avec la clé magique que je sortis de ma poche. Je laissai Ruby passer en première - j'avais subi une éducation dont je ne pouvais me détacher - puis je fermais, à double tour, la porte derrière nuit, vérifiant par l'oeil-de-boeuf que nous étions bien seuls.
Alors, seulement, je soupirai de soulagement. A ce soulagement soudain s'ajouta la désolation d'avoir laissé Ruby être spectatrice de mon petit trafic qui, si elle en doutait, se concrétisait d'avantage sous ses yeux puisqu'elle pouvait voir dans mon salon le stock d'ingrédients et de potions trop important pour mon propre usage.
- Merci, sans toi j'étais plutôt mal parti, dis-je alors avec un petit sourire reconnaissant. Je lui indiquai de s'assoir sur le canapé, poussant les Gazettes qui le recouvraient d'un geste de la main. Je la laissai un instant pour aller à la cuisine et nous apporter deux verres d'eau, et je lui tendis le sien. Hm, tu avais vu juste, et tu comprends bien pourquoi je n'aurais pas pu te dire quelle était ma vraie activité... tentai-je de plaisanter pour dédramatiser tout cela, mais je me dis par la suite qu'il ne valait peut-être mieux pas reparler de ce soir là.
- Je vais soigner ça, coupai-je court. Mon verre avalé d'une traite, je sortis ma baguette, réfléchis un instant puis fis venir jusqu'à moi un tout petit pot en terre remplit d'une pâte verdâtre, ainsi que des compresses qui volèrent dans les airs depuis la salle de bain. Je n'acceptais aucune protestation de sa part et lui ordonnai du regard de m'obéir, en m'asseyant à côté d'elle.
Quand elle ôta son pull, mon cœur descendit dans mon ventre et je sentis ma gorge s'assécher, malgré l'eau que je venais de boire. Penché au-dessus de son épaule, je voyais nettement les formes généreuses de sa poitrine se dessiner sous le t-shirt qui recouvrait sa peau, bien trop peu : le col descendait trop bas et mon regard fut attiré par les abysses voluptueuses de sa gorge. Je me raclai la gorge discrètement, tout en me concentrant sur sa blessure.
- C'est ton habitude, de sauver les garçons en détresse? l'interrogeai-je, perplexe, devant le bleu tirant sur le violet qui ornait son épaule, sous la coupure. C'était les traces d'un choc antérieur à notre lutte de ce soir. Je soulevai ses cheveux délicatement, et frôlai d'ailleurs son cou en les rangeant dans son dos, en les poussant vers son autre épaule. Je lavais ensuite la coupure, ou plutôt l'éraflure car la peau était enlevée par endroit à cause du frottement contre le mur, je tapotai la plaie avec ma baguette en murmurant quelques formules pour que la douleur disparaisse et que la cicatrisation s’accélère, puis je recouvris le tout de l'onguent, le plus délicatement possible, avant de mettre une compresse pour protéger la blessure.
- Voilà, commentai-je, en levant les yeux vers elle. Je pense que tu devrais rester un peu le temps que... Tu vois, le temps que ça ne risque plus rien, dis-je avec un signe de tête vers la fenêtre, et donc vers la rue. Tu es la bienvenue évidemment, la rassurai-je poliment. Je me levai ensuite, la laissant se rhabiller, et en profitai pour jeter un coup d'oeil dans un chaudron, plus petit, situé dans le coin de la pièce : des restes de Felix Felicis trafiqué, mais il restait la dernière étape, qui allait me prendre une bonne partie de la nuit. Car je savais pertinemment que si j'en refaisais pas un stock, les trois hommes allaient me tomber dessus, et leur donner ce qu'ils désiraient étaient mon seul échappatoire. Je me mis à sortir les ingrédients, les sourcils froncés, courroucé de ce contre-temps, courroucé aussi de... retrouver Ruby en de telles circonstances. - Spoiler:
(BOOM, pregnant)
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Ruby Standiford-Wayland Apprentie à Sainte Mangouste
Nombre de messages : 2205 Localisation : Cachée. Date d'inscription : 03/09/2011 Feuille de personnage Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. » Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. » Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »
| Sujet: Re: ~ You'd bring rain I desire. [PV E.] Lun 14 Jan - 0:16 | |
| - Spoiler:
Voilà de quoi t'encourager pour les partiels! Je n’avais jamais été au milieu de ce genre de combat. J’avais, comme tout élève de Poudlard, assistée et pris part à des duels sorciers bien entendu. Mais ça n’avait strictement rien à voir. Dans un duel, il y avait des règles –et nous savons tous combien j’aime les règles. Egalité numérique, âge de préférence pour que l’expérience soit similaire. Certains sortilèges étaient interdits, il y avait des professeurs autour pour surveiller. C’était… Sécurisé. Dans ce genre de circonstances, j’avais mes chances car j’étais plutôt douée en sortilèges, même si ma tendance à trop analyser pouvait me faire défaut. C’était pratique de deviner ce que la personne prévoyait de faire, mais il fallait pouvoir être assez spontanée pour réagir directement sans se demander ce que l’autre prévoyait. J’avais du mal à enchaîner sans prendre le temps de passer en revue mentalement mes possibilités, mes champs d’actions, j’aimais aussi apprendre à connaître mon adverse pour savoir à quoi m’attendre. Sur ce dernier point heureusement, j’avais un petit avantage car j’étais assez observatrice pour connaitre un bon nombre d’élèves de mon niveau et donc durement les duels, j’avais ce maigre avantage. Je savais très bien que Tirya préférait des maléfices pour faire diversion avant de lancer un banale expelliarmus, tandis qu’Holly était plus directe et très rapide. C’était des détails, mais ils pouvaient me faire changer d’avis si j’avais besoin de les affronter et c’était là, d’après Woodley, le talent d’un sorcier : s’adapter.
Sauf que là, il n’y avait pas d’adaptions. C’était simplement l’adrénaline qui parcourait mes veines qui dirigeaient chacun de mes mouvements du poignet. J’avais le cœur qui tambourinait dangereusement, en panique face à cette situation qui pouvait m’échapper à tout instant. C’était à qui serait le plus rapide, le plus réactif et je devais tout prendre en compte sans en avoir le temps. Le sortilège qui venait de derrière, celui que je lançais, celui qui venait de ricocher sur le mur, celui qui frôlait Ewan. Chaque centimètre carré de mon épiderme était en alerte, chacune de mes sensations atrophiées par la peur qui me nouait le ventre mais dirigeait toutes mes actions avec plus de justesse que je ne l’aurais cru. Je ne sais pas combien de temps cela dura, tout s’enchaîna très vite et à la fois, je trouvais ça trop long, sûrement avais-je peur que ça finisse mal –je voulais éviter de penser de ça. Il n’y avait qu’une échappatoire pour nous désormais : s’en sortir, reprendre le dessus. Pourquoi m’étais-je lancé là-dedans hein ? Probablement parce que je sentais que quelque chose en moi rugissait et me l’ordonnait, sûr de la réussite de ce duel apocalyptique parce que mon adrénaline me donnait de la force. Et je n’avais pas eu tort, car alors que j’en faisais tomber un, le deuxième s’écroula et d’un même geste Ewan et moi désarmâmes le dernier. Cela fût si brusque que je ne compris pas trop ce qui se passa, je me sentis poussée, ou plutôt entraînée contre Ewan qui me murmura :
- On file.Je ne protestais même pas. Je n’étais pas sûre que ça soit fini, j’avais encore le corps qui vibrait de toute part, je serrais dans ma main ma baguette si fort que j’étais persuadée que mes ongles laisseraient des traces. Je compris simplement qu’Ewan lança un dernier sortilège que je ne vis pas clairement, et sa main libre attrapa mon poignet. Les battements de mon cœur étaient tellement fort que ma vue se faisait presque floue, je n’entendais que le bruit de nos pas qui résonnait dans des ruelles sombres qui n’avaient rien de rassurante. Finalement, nous arrivâmes dans la rue principale et il lâcha mon poignet –brusque coupure, retour à la réalité et drôle de sensation de ne pas être totalement en sécurité. Je tentais de reprendre ma respiration, mais visiblement Ewan avait une idée derrière la tête car il me fit signe de continuer à avancer. Je le suivais sans trop réfléchir, je me doutais bien d’où il me menait mais je n’avais pas le temps de réfléchir à ça, mon seul problème c’était de me calmer et d’être en sécurité. Si l’adrénaline commençait à retomber, la douleur de mon épaule elle se réveilla et je grimaçai parce que ça saignait pas mal, et qu’il y avait une grosse griffure dans mon manteau et donc probablement ma peau. Je suivis le jeune homme jusqu’à un immeuble où il me fit monter trois étages et longer un couloir, avant d’ouvrir une porte et de, poliment, me laisser passer devant.
Je pénétrai donc chez Ewan. Ce n’était pas très grand mais il y avait la vue sur les rues de Pré-au-Lard, et c’était plutôt joli. Par contre, je ne pus m’empêcher de me faire la réflexion que le salon était dans un état assez… Lamentable. D’accord, j’avais des attentes particulières certes, mais il y avait des ingrédients, des livres et des ustensiles partout, si bien que cela ne fit que confirmer ce que je pensais déjà. Si le barman, ou plutôt soi-disant barman, était dans la merde dans la ruelle, c’était bien parce qu’il faisait un petit trafic avec ses potions. Et donc, je l’avais probablement bien vu dans la vitrine de l’apothicaire, mais je n’osais pas demander. A vrai dire, je n’osais rien dire du tout car après ce coup spontané, je commençais à réaliser que j’étais seule chez ce mec avec qui j’avais passé une très agréable soirée jusqu’à qu’il tente de me choper et que… Ah, maintenant, super, j’étais mal à l’aise. J’ôtai mon manteau, constatant discrètement les dégâts sur mon pull. Ah, merde, ça saignait vraiment en fait… Je restai débout, un peu essoufflée, ne sachant pas trop quoi faire ni dire, jusqu’à que finalement Ewan soupire et se décide à prendre la parole. Il semblait soulager.- Merci, sans toi j'étais plutôt mal parti. Il dégagea le canapé pour que je m’y assois, et je m’y posai, toute raide, ne sachant pas trop où poser mon regard. J’avais sérieusement mal à l’épaule. Le jeune homme parti un instant et revins avec deux verres d’eau. Je le gratifiai d’un sourire, parce que j’en avais effectivement bien besoin. Hm, tu avais vu juste, et tu comprends bien pourquoi je n'aurais pas pu te dire quelle était ma vraie activité...En effet, ça avait du sens. Je bus mon verre silencieusement, cherchant quelque chose à répondre mais finalement, je voyais bien qu’Ewan n’était pas très fier de ce qui venait de se passer et je n’avais pas envie d’en rajouter une couche. Je n’avais rien à dire, pouvais-je vraiment le juger de toute manière ? Peu importe ce qu’il faisait de sa vie. Il devait simplement faire gaffe, car je n’allais pas surgir de nulle part à chaque fois, là, c’était vraiment de la chance. Je n’arrivais toujours pas trop à réaliser ce qui c’était passer, ni le fait que j’étais chez lui en ce moment même, tordant mes doigts autour du verre que j’avais fini. Je me décidai finalement à ouvrir la bouche, mais il me coupa avant même que je ne dise un mot.- Je vais soigner ça. D’un coup de baguette, il fit voler jusqu’à lui quelques trucs et je compris qu’il parlait de mon épaule. Par réflexe, je tentai de protester.- Non ne t’inquiète pas, je peux m’en occ…Mais ma voix mourut aussi vite qu’elle avait naquis sur mes lèvres, tandis qu’Ewan me lança un regard qui me fît comprendre qu’il allait s’en occuper. Il s’assit juste à côté de moi et un peu à contre cœur, j’ôtais mon pull pour dégager la blessure qui s’était fait sous la manche de mon tee-shirt que je relevais un peu. Discrètement, je jetai un coup d’œil au jeune homme derrière les quelques cheveux qui me tombaient devant les yeux, et… Ah, non. Mais non… Pourquoi est-ce que j’avais mis ce tee-shirt ? Pendant un instant, j’hésitais à relever le col un peu, à le tirer, mais ça n’aurait que plus évident et je n’avais aucune envie de montrer que j’avais compris ce qui venait de se passer dans sa tête. J’étais une fille, il était un mec et croyez-moi, je savais très bien comment ça se passait… Il se racla la gorge au moment où je fis de même, et je sentis le rouge me monter aux joues.- C'est ton habitude, de sauver les garçons en détresse? - Oh, oui, tous les… Oh. Je venais de comprendre de quoi il parlait. Le bleu immense sur mon épaule, provenant du nouvel an, s’étirait sous ses yeux perplexes. C’est ce qui se passe quand on défonce une porte… Répondis-je avec un petit rire que sonnait maladroit. Mais pourquoi venais-je de sortir ça moi ? Pourquoi ?... Il fallait que je me reconcentre. C’est une longue histoire. Eludai-je avec un maigre sourire.
Sauf que plus ça allait, plus je perdais de ma superbe habituelle. Du bout des doigts, il écarta mes cheveux et frôla mon cou –j’en eus des frissons étranges que j’espérais passeraient inaperçus. Il se concentra ensuite sur ma blessure et en quelques minutes, je n’avais déjà presque plus mal.- Voilà. Je pense que tu devrais rester un peu le temps que... Tu vois, le temps que ça ne risque plus rien. Tu es la bienvenue évidemment.Je le regardai se lever et restai assise, immobile, un instant, tentant de comprendre la situation. Je voulus remettre mon pull, mais il y avait du sang dessus et finalement, je me contentais de tirer mon tee-shirt en arrière pour que le col remonte un peu. Lorsque finalement le contexte s’imprima dans ma tête, je me levai maladroitement en posant mon verre sur une des tables et m’approchai d’Ewan qui était penché au-dessus d’un chaudron. Je remarquai que si j’avais une jolie blessure sur l’épaule, je n’étais pas la seule touchée…- Ewan ? Murmurai-je maladroitement. Il se retourna et nos regards se croisèrent. Ta joue. Dis-je simplement en faisant quelques pas jusqu’à lui. Je levai ma baguette jusqu’à la coupure et murmurai un petit sortilège. Un instant plus tard, il ne restait plus que des traces de sang. Tu devrais essuyer le… Je levai ma main vers sa joue, manquai de la frôler du bout des doigts mais soudain je réalisai ce que j’allais faire, nos regards se croisèrent et je laissai retomber mollement ma main, inerte. Super. Tu devrais faire attention à toi, tu sais.Ce fût la seule remarque je fis sur son traffic. Je me tournai, évitant de le regarder, me concentrant alors sur… Oh, mais je connaissais cette potion ! - Ce n’est pas du Felix Felicis habituel, pas vrai ? Les reflets blancs… C’est des plumes de cygnes ? Demandai-je en me penchant au-dessus du chaudron, tenant d’une main mes cheveux pour qu’ils n’effleurent pas la potion. Je me relevai et laissai mon regard courir sur le plan de travail, dans un état lamentable d’ailleurs. Ma main saisit quelques fioles et le replaça dans une petite étagère, quand une nouvelle fois je réalisais ce que j’étais en train de faire. Être sobre avec Ewan, c’était décidemment une autre paire de manche. Excuse-moi. Réflexe. Dis-je doucement avec un petit sourire, me tournant vers lui un instant.
Il me regardait aussi. Je détournai les yeux une nouvelle fois. J’avais une drôle de sensation dans l’estomac. Je levai les yeux sur le plan de travail, lorsque j’aperçus…- Hé ! Mais c’est Monsieur Prescott ! M’exclamai-je, trop surprise pour prendre le temps d’être calme et posée. Je pointais du doigts une photo où on voyait l’assistant de Kelsey et Ewan, plus jeunes, avec de grands sourires aux lèvres. Je me tournai vers lui, avec de grands yeux. Tu… Vous… Vous étiez à Poudlard ensemble ? Mais… Tu as quel âge ?Parce que je n’avais fais des estimations la dernière fois, et que je commençai à me dire qu’il fallait que je prenne en compte Monsieur Prescott mais je n’avais aucune idée de son âge aussi… 22 ans ? 23 ans ? Dans tous les cas, ça me paraissait… Beaucoup. Encore une fois, je me sentis toute petite par rapport à lui et mes mains se tordirent, tandis que je regardais sa fameuse potion. Je finis par croiser les bras parce que j’avais un peu froid, et je me tournai un peu vers lui. Devait-il en refaire ? Parce que maintenant que j’étais là… Je préférais m’occuper les mains et les pensées. |
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Ewan Campbell Vendeur chez l'Apothicaire
Nombre de messages : 208 Localisation : Dans mon trou. (well, c'est glamour ça) Date d'inscription : 14/11/2012 Feuille de personnage Particularités: J'ai un énorme bagage à main (et ma copine a des gros boobs). Ami(e)s: Phil et Rita et les boobs (mais surtout les boobs) :) Âme soeur: “And she kissed me. It was the kind of kiss that I could never tell my friends about out loud. It was the kind of kiss that made me know that I was never so happy in my whole life.”
| Sujet: Re: ~ You'd bring rain I desire. [PV E.] Mar 15 Jan - 23:32 | |
| - Oh, oui, tous les… Oh. C’est ce qui se passe quand on défonce une porte… C’est une longue histoire.
Je me sentis particulièrement indélicat d'avoir laissé mes sens alerter Ruby et de n'avoir pas été plus poli. Quelle ironie... J'avais l'impression que depuis que j'étais petit je haïssais ce mot de tout mon être, parce que nos parents nous avaient tellement rabâché les oreilles avec que c'en devenait une obsession. Sois poli, Ewan. Ce n'est pas poli, Ewan. La politesse, Ewan! Jamie se faisait un tel plaisir ce genre de remarques que l'un de nos grands jeux pendant les repas du dimanche, réglés comme du papier à musique, je comptais sous la table sur un petit bout de papier le nombre de fois où nos parents prononçaient le mot poli. Ce n'était pas forcément spécialement à notre sujet, mais de tout le monde dans le voisinage, qui n'était pas assez poli, pas courtois... A tel point que quand j'étais petit je me rappelais m'être demandé pourquoi il était si terrible d'être impoli et quelles horribles conséquences cela pouvait bien avoir. Mais j'avais vite compris en grandissant que ce n'était là qu'un énième carcan dans lequel mes parents, et ma mère surtout, s'engonçaient, et que si on y réfléchissait bien cette notion de politesse n'avait pas plus de sens pour eux que pour le petit enfant que j'étais... Elle s'apparentait plus à de l'hypocrisie qu'autre chose, car si ma mère entretenait à grands efforts son apparence de sorcière ménagère parfaite, il ne fallait pas moins d'une seconde pour que, dès que les invités avaient quittés notre maison, elle se mette à critiquer chaque présente à qui elle avait bien pu parler - et imaginer pour les autres. Quand mon père avait quitté le pays et que je m'étais trouvé seul, récemment, avec ma mère, je m'étais mis à fuir les dîners comme la peste. Je m'arrangeais toujours pour travailler trop tard, pour aller faire des courses tard, pour boire un verre avec des personnes que je n'avais pas spécialement envie de voir, mais qu'importe. J'avais découvert l'atroce vérité, en cohabitant seul avec ma mère, qui était qu'on peut réellement en venir à haïr sa propre mère, son propre sang, et qu'on peut réellement avoir envie d'enfoncer sa fourchette dans la gorge de la femme avec qui l'on dîne parce qu'on se rend compte de l'atroce personne qu'elle est en réalité, un gouffre de vide et de superficialité qui ne cessait de s'accroître avec le temps. Face à elle j'avais l'impression de vivre une mauvaise farce, un cauchemar, et la simple pensée de Jamie en ces moments-là me faisait trembler. Il n'y avait plus aucun lien entre nous, mon père, ma mère, et même entre eux. Ce n'était plus que du vent, et j'avais l'impression que depuis mon enfance, ma vie entière était fondée sur un mensonge. Un beau mensonge bien entretenu.
Alors, comment en vins-je à m'en vouloir de ne pas avoir été poli?... C'était un bien grand mystère mais sans doute qu'il était là réellement question de politesse, de courtoisie. Après ce qui s'était passé ce soir là à la Tête de Sanglier, qui plus est... Ce n'était certainement pas le moment de retomber dans ce genre de travers.
Elle avait frissonné quand je m'étais approché de sa blessure et que je l'avais soignée, et je m’efforçai d'être le plus doux possible pour ne pas lui faire de mal. Le malaise passé, je levai un sourcil en sa direction. Ce bleu était déjà étonnant en soi - quelle force l'avait projetée contre un mur pour qu'elle en arrive là? - mais sa réponse encore plus. Défoncer une porte? Voilà qui faisait d'elle quelqu'un de... Bien surprenant, je ne m'étais pas vraiment attendu à cela la première fois que je l'avais rencontrée ; pas à une fille qui n'hésite pas à venir se battre contre trois sorciers pour sauver un type qu'elle a giflé, pas non plus à une fille qui défonce des portes et cache des hématomes sous ses vêtements. Mon regard étonné la pressa d'en dire plus mais elle coupa court, et je n'insistais pas. Je finis de la soigner, pas fâché de ne plus être si près du renflement de sa poitrine un peu trop visible sous son t-shirt.
Une fois debout, penché au-dessus de mon chaudron ou miroitait une potion couleur de lune, je sentis mon professionnalisme reprendre le dessus, et mon esprit sonder mes stocks disponibles ainsi que les étapes qui me restaient à faire, et le temps que ça allait me prendre. Deux ou trois heures tout au plus, et j'avais tout sous la main. Rien de bien compliqué en soi même si j'aurais préféré profiter de ces heures de sommeil en plus car j'en manquais terriblement, mais qu'importe.
- Ewan ? Je relevai rapidement la tête vers Ruby, tout proche de moi. Ta joue. Oh! La douleur me revient au moment même où elle mentionna ma blessure. J'avais mis ce détail de côté, obnubilé par tout le reste. Ce n'était qu'une coupure, rien de grave. Je... Mais elle avait levé sa baguette avant moi et une chaleur douce se propagea sous ma peau. Comme elle me rendait la le même service que je lui avais rendu, je lui souris. Tu devrais essuyer le… Le sang. J'avais levé ma main en même temps qu'elle si bien que je suspendis mon geste et elle aussi, sa main proche de la mienne ; mais elle laissa retomber la sienne. J'essuyai rapidement le sang, tout en espérant que la gêne, la tension passagère, allait s'essuyer elle aussi. Tu devrais faire attention à toi, tu sais.
- Tu sais comment c'est... plaisantai-je pour la forme, je n'ai pas trop le temps.
D'un signe du menton je désignai tout mon salon, et plus précisément la besogne qui m'attendait. Ne m'avait-elle pas dit qu'elle était forte en Potions? Je m'en rappelai alors, sur le coup, et quand elle se pencha vers le chaudron, retenant sa longue chevelure dont le doré s'accordait avec la couleur de lune de la mixture, je ne pus retenir un petit sourire d'admiration, qu'elle ne put pas voir. Il y avait quelque chose chez elle d'astral ; sans doute était-ce la pureté de sa peau, la finesse de ses traits ou le bleuté profond de ses yeux, comme un ciel parsemé d'étoiles. Je ne savais pas très bien comment le définir, mais toute son attitude, empreinte d'une certaine retenue mais d'une infinie douceur mettait en confiance, comme si elle avait caché tant de secrets qu'elle était bien plus grande qu'elle ne voulait le faire croire. Je sentais une maturité chez elle, pour une fille de son âge tout du moins, comme si nous avions quelque chose en commun mais c'était bien impossible et de toute façon j'ignorais tout d'elle. Mais peut-être appartenait-elle elle aussi à ces gens avec lesquels la vie s'était amusée, et ces gens-là ont toujours de la tristesse cachée au fond de leur cœur, et elle se dépeint parfois sur leurs traits, n'est-ce pas?
J'espérais pour elle que ce ne soit pas le cas, cependant. Sa voix me tira de mes pensées et j'arrêtais là mon observation, qui n'avait de toute façon pas lieu d'être. Je n'étais pas intéressé, et j'avais un travail... titanesque, et pas seulement ce soir, une besogne gigantesque qui m'attendait. Je ne disposais pas du temps, hélas.
- Ce n’est pas du Felix Felicis habituel, pas vrai ? Les reflets blancs… C’est des plumes de cygnes ?
Profitant de cela pour rebondir, j'aquiesçai, et montrai la fiole à côté d'elle, à hauteur de son visage.
- Bien vu... Les plumes de cygne décuplent les effets de la corne de licorne. Je rajoute aussi des épines de porc-épic, il n'y en a pas normalement, mais quand tu les combines avec l'asphodèle, et les graines d'ellébore, tu vois - je joignis le geste à la parole, versant quatre graines, pas une de plus. La potion émit une petite fumée dorée - ça réduit les risques de la potion, ça la rend moins dangereuse à haute dose. Par contre ça crée une certaine dépendance, mais je n'ai pas réussi à trouver un assez bon dosage de bile de tatou...
Je me frottai pensivement la joue, celle qui avait été blessée, arrêtant là mes élucubrations, me rendant à peine compte que j'avais pensé à haute voix. Mais je vis qu'elle m'écoutait et surtout qu'elle me comprenait, et me sentis tout d'un coup ravi d'avoir quelque chose avec qui parler de cela. Sauf que mon sourire s'arrêta au bord de mes lèvres et s'y figea ; son geste, qui n'avait rien d'extraordinaire en soi, venait de résonner douloureusement dans mon coeur. Elle venait de remettre des objets en place sur l'étagère, avec cet air pincé des gens que le désordre dérange...
-Excuse-moi. Réflexe.
- Ce n'est rien, mentis-je, tentant de chasser le trouble qui m'avait gagné tout d'un coup. Je détestais quand Jamie resurgissait sans prévenir dans mon esprit.
Une graine d'éllébore m'échappa, et je me penchai pour la ramasser.
- Hé ! Mais c’est Monsieur Prescott ! Tu… Vous… Vous étiez à Poudlard ensemble ? Mais… Tu as quel âge ?
En me relevant, quand je compris qu'elle parlait de... cette photo avec Phil et que c'était lui Monsieur Prescott, la pression passagère que j'avais ressentie s'envola en même temps qu'un grand éclat de rire jaillit de ma gorge. Monsieur Prescott! Si il y avait bien une personne sur cette terre que je n'imaginais pas qu'on appelle Monsieur aussi sérieusement, c'était bien lui... Je continuai à rire, pas pour me moquer d'elle, mais parce que Monsieur Prescott était tellement incompatible avec Phil en lui-même que rien ne pouvait être plus drôle en cet instant. Je finis par reprendre mon calme, non sans sourire encore et lui demandai joyeusement :
- Phil, tu veux dire? Ah, mais c'est vrai, tu l'as en Métamorphose... Si tu savais comment il était avec les profs quand on était élèves, tu ne pourrais pas l'imaginer prof sans te marrer, expliquai-je en lui faisant un clin d'oeil. Je m'étais approché d'elle, et de la photo. Oui, on y était ensemble, mais il a deux ans de moins que moi, et puis, il était à Serpentard. Mais on s'est toujours bien entendus. Aujourd'hui, c'est sans doute mon ami le plus proche, conclus-je en souriant. Et j'ai 25 ans... Et toi? 16, 17, si mes calculs sont bons?...
Seulement alors je remarquai ses bras serrés autour d'elle et si je ne craignais pas beaucoup le froid j'oubliais parfois que chez moi il ne faisait pas spécialement chaud - visiblement pas assez pour Ruby en tout cas. Je lui fis signe que j'allais revenir et filai instantanément dans ma chambre, poussai la porte de la vieille armoire... Que pouvais-je bien lui... J'attrapai un pull bleu marine lui aussi, simple, en me demandant s'il n'avait pas appartenu à Jamie d'ailleurs avant, et revins dans le salon.
- Tiens, dis-je en lui posant le pull sur les épaules, mes mains entrant en contact avec sa peau sans que j'y sois préparé. J'allai ensuite jeter un coup d'oeil par la fenêtre : dans la rue de pré-au-Lard, j’aperçus une ou deux silhouettes qui marchaient dans l'ombre. Je réfléchis une seconde. Il vaut mieux que tu restes encore peu. Tu peux t'assoir - dis-je en désignant le canapé pour qu'elle prenne ses aises - ou tu peux m'aider si tu veux, je suis désolé mais je dois absolument finir cette potion...
Je passai à côté d'elle en mettant par réflexe ma main à plat dans le creux de son dos pour ne pas la gêner et attrapai une fiole sur l'étagère, avant de me relancer dans ma préparation. |
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Ruby Standiford-Wayland Apprentie à Sainte Mangouste
Nombre de messages : 2205 Localisation : Cachée. Date d'inscription : 03/09/2011 Feuille de personnage Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. » Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. » Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »
| Sujet: Re: ~ You'd bring rain I desire. [PV E.] Jeu 17 Jan - 23:12 | |
| Je voyais bien que ce que je venais de dire l’étonnait. Défoncer une porte. D’une certaine manière, ça ne collait pas avec moi et je savais bien qu’Ewan n’aurait pas été le seul à tirer cette tête en voyant mon bleu. C’était drôle parce qu’au fond, je m’étais moi-même enfermée dans cette image de petite fille parfaite, si bien que maintenant que j’étais forcée d’en sortir car je n’arrivais plus à me contenir, elle restait collée à moi. Comme si j’étais finalement presque devenu cette fille-là, cette photo sur papier glacé brillant, le pâle reflet d’une copie. En fait, je ne savais plus vraiment où me placer après tout ça. Je ne voulais plus mentir aux autres, mais ils semblaient tous découvrir une personnalité chez moi qui ne me correspondait pas –alors qu’au fond, ce n’était que la vraie moi me semblait-il. Sauf que cette « vraie moi » n’était encore qu’une notion flou, je nageais littéralement au milieu d’une tempête sans vraiment savoir comment orienter mes voiles. Je voulais cesser de prétendre être parfaite, mais je ne savais pas comment agir autrement qu’en voulant contenter tout le monde et gêner personne. Pourtant, j’avais tellement de choses à dire, ça se bousculait parfois au bord de mes lèvres et j’étais toujours persuadée entre me laisser aller et chercher à encore contrôler –si c’était possible. Je balançais toujours entre les extrêmes, qui s’illustraient généralement entre les moments où j’étais sobre et ceux où j’étais ivre. Contrôle ou Abandon. Réalité ou Euphorie. Il n’y avait qu’avec Lizlor que je n’avais besoin de rien pour être moi-même et être bien.
Alors la première que j’avais rencontré Ewan, c’était dans l’extrême euphorique, dans l’ivresse absolu. Les rires faciles. Et maintenant, j’étais totalement sobre et je ressentais une certaine méfiance face à lui parce que la dernière fois, il avait quand même voulu m’embrasser. J’avais donc compris qu’il ne s’était intéressé à moi simplement pour cela, et même si j’étais passée par-dessus ça la minute où je m’étais interposée entre lui et les sorciers, j’avais toujours une certaine amertume en y repensant. Mais en arrivant ici, il n’avait fait aucune remarque ni aucun sous-entendu, à part probablement le coup d’œil jeté dans mon décolleté qui m’avait mis mal à l’aise… Et à la fois, pouvais-je vraiment contrôler ça ? Tout ce que je voulais, c’est qu’il ne tente plus rien et surtout, que j’arrête d’y penser parce que j’allais me mettre à rougir. C’était drôle parce que j’étais la reine pour cacher mes émotions, mais ce genre de malaise face aux garçons, j’étais incapable de les contenir. Mais finalement, il s’était relevé, il n’avait même pas tenté un regard entendu ou un compliment. Visiblement… Il avait compris non ? Je le regardais s’approcher du chaudron et, sans pouvoir me contenir, je me levai aussi car dès qu’il y avait des potions dans les parages, j’étais aux aguets. Je l’observais un instant, penché sur sa potion, l’air concentré. Il avait l’air de savoir quoi faire et je ne sais pas pourquoi, mais ça me fit sourire de voir que je n’étais pas la seule à avoir cette étrange amour des chaudrons.
Il y avait une réelle intensité dans son regard, lorsqu’il fronçait les sourcils et je me fis l’étrange réflexion qu’il était vraiment beau comme ça, dans la lumière de la lune et des réverbères de Poudlard qui filtrait par la fenêtre. Et je ne sais pas pourquoi, mais ça me déstabilisa un peu de penser ça. Encore plus lorsque mes doigts frôlèrent presque sa joue et qu’il avait aussi levé sa main tout près de la mienne. Le silence fût vif, court, mais je le sentis s’imposer et ma main retomba alors que mes joues se coloraient un peu. Malgré moi, je lui fis une simple remarque qu’il devait déjà avoir entendu de toute manière, elle était tellement commune, cette fameuse : « fais attention à toi ». Mais je ne disais jamais ses choses à la légère, même à des gens que je connaissais à peine. J’avais ce drôle d’instinct qui voulait que je fasse attention aux autres, démesurément peut-être et surtout au dépend de moi-même. Honnêtement, j’avais une petite voix dans ma tête qui s’inquiétait pour tout, et donc pour Ewan, surtout qu’elle me soufflait que finalement il n’était peut-être pas aussi horrible que j’avais voulu penser –encore une fois, l’alcool m’avait rendu extrême.
- Tu sais comment c'est... Je n'ai pas trop le temps. Répondit-il en souriant et en désignant son salon, rempli d’une colossale masse de chaudron et ingrédients. - On a jamais le temps pour les choses importantes, pas vrai ? Répliquai-je avec un doux sourire en lui jetant un regard en coin entendu avant de me pencher sur sa potion.
Felix Felicis… C’était une potion de rêve sur le papier. Préparée correctement, elle apportait une chance sans faille à celui qui la consommait pour au moins quelques heures. Avec ça, on pouvait tout réussir, du moins c’était la promesse de la potion. Evidemment, elle était extrêmement dure à préparer, et chaque apothicaire se vantait d’avoir sa recette miracle. Malheureusement, il y avait beaucoup d’arnaque, et une fiole coûtait un prix exorbitant. A mon avis, avec son joli petit traffic, Ewan devait bien assurer ses arrières. Du moins, s’il évitait de mourir au coin de chaque ruelle à cause de clients, ça aurait vraiment pu être bon petit boulot ! Je me relevai vers Ewan, remarquai qu’il me regardait en coin et j’eus un horrible sourire timide. A quoi pensait-il lorsqu’il me regardait?...
- Bien vu... Les plumes de cygne décuplent les effets de la corne de licorne. Je rajoute aussi des épines de porc-épic, il n'y en a pas normalement, mais quand tu les combines avec l'asphodèle, et les graines d'ellébore, tu vois, ça réduit les risques de la potion, ça la rend moins dangereuse à haute dose. Par contre ça crée une certaine dépendance, mais je n'ai pas réussi à trouver un assez bon dosage de bile de tatou...
J’hochai la tête, méditant ce qu’il venait de dire. Ce n’était pas stupide comme idée pour dévier la potion et visiblement ça avait du succès vu le monde qui se pressait pour en avoir –avec trop de ferveur si vous voulez mon avis. Tout en réfléchissant à son fameux problème sur la dépendance à la potion, qui était assez connu, je rangeais quelques fioles avant de réaliser que j’étais en train de faire quelques choses de malpoli et je lâchai presque tout brusquement et m’excusai en lui lançant un tout petit regard qui attrapa au passage le sien. Il me sembla vide un instant.
- Ce n'est rien. Répliqua-t-il trop rapidement pour que j’en sois convaincue. - C’est que je… Je ? Je ? Ma voix s’éteignit dans un murmure confus, et je me mordis la lèvre inférieure, me maudissant. Tu as essayé un demi bézoard ? Demandai-je soudainement, changeant complétement de sujet comme si de rien n’était. Ça évite la dépendance pour la potion d’Allégresse… Mais si tu as mis de l’asphodèle, il faudrait trouver le bon dosage pour le bézoard, sinon ça va amener des effets secondaires… Mal de tête, vision flou, j’en passe et des meilleurs. Tu… Tu en penses quoi ? Rajoutai-je finalement, hésitante.
Parce que si j’étais douée en potions, voir vraiment douée, ce n’était pas moi qui travaillais chez un apothicaire et passais mes soirées à faire des potions dans mon appartement –bien que j’aurais vraiment adoré. Prudence m’avait clairement fait comprendre que la fumée des chaudrons était nocive pour notre teint et nos poumons dans un espace trop petit, surtout si on n’aérait jamais. Il faut dire qu’ici aussi, ce n’était pas très grand ni spécialement aéré, surtout avec ce genre de température. Mais il y avait pleins de détails chez lui, d’objets et même si ça s’entassait un peu, ça me rendait curieuse. Je ne pouvais m’empêcher d’observer tout ça avec mon attention habituelle, lorsque mon regard se posa sur une photo. Dessus, Ewan et Monsieur Prescott, bras dessus bras dessous, avec de grands sourires. Il me paraissait plus jeune, et comme la photographie était magique, je voyais les lèvres d’Ewan s’étirer en un grand sourire dans une insouciance qui semblait avoir disparu de son visage aujourd’hui, tandis que mon professeur balançait sa tête en arrière dans un rire. Mes yeux s’écarquillèrent et alors que je poussai une exclamation étonnée, Ewan éclata d’un rire franc.
- Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dis ? Demandai-je avec un petit sourire presque embêtée, mais riant presque.
Parce qu’étonnement, son rire m’était communicatif et je ne comprenais pas trop quelle bêtise j’avais dit, mais je préférais quand l’atmosphère se détendait de la sorte –je sentis mes épaules s’affaisser légèrement et les muscles de ma mâchoire se décontracter. Finalement, Ewan reprit son souffle et réussi à me répondre avec un grand sourire.
- Phil, tu veux dire? Phil ? Phil Prescott ?.. Ah, de suite, ça sonnait moins sérieux. Ah, mais c'est vrai, tu l'as en Métamorphose... Si tu savais comment il était avec les profs quand on était élèves, tu ne pourrais pas l'imaginer prof sans te marrer. Il riait toujours un peu, et m’adressa un clin d’œil entendu. Il s’était approché de la photo pour la regarder aussi, et il avait un sourire serein, qui me fit deviner la suite de l’histoire. Oui, on y était ensemble, mais il a deux ans de moins que moi, et puis, il était à Serpentard. Mais on s'est toujours bien entendus. Aujourd'hui, c'est sans doute mon ami le plus proche. Et j'ai 25 ans... Et toi? 16, 17, si mes calculs sont bons?...
25 ans. 25 ans. C’était… Beaucoup.
- Je me sens comme une gamine là… Murmurai-je malgré moi, le regard un peu dans le vague. Puis, réalisant qu’il m’avait tout de même posé une question, je repris le contrôle de la machine et me redressai un peu, me tournant vers son visage tout proche du mien, qui regardait alternativement la photo et mon sourire timide. J’ai 17 ans dans... Je regardai ma montre. Ah, ouais… Demain, enfin, ce soir… A minuit quoi. Je lui fis un petit sourire, parce que c’était drôle que je passe le début de ma journée d’anniversaire avec lui. Monsieur Pres… Euh, Phil, décidemment, entre Madame Wayland, enfin Sara, et désormais ce Phil, je n’allais pas m’en sortir, il faisait des conneries ? Ça ne m’étonne pas trop en fait. Mais il est cool comme prof, la plupart des filles l’écoutent parce qu’elles le trouvent beau… Ajoutai-je avec un petit rire, en me rappelant les yeux pleins d’étoiles de mes voisines de classe. Je fis un sourire à Ewan et ajoutai avec une curiosité que je tentais de ne pas paraître trop insistante. Mais alors si vous étiez meilleurs amis, tu faisais les conneries avec lui non ?
Mon regard se faisait amusé, et je commençais à vraiment à me détendre. J’en oubliais presque les mecs de la ruelle, la fin de ma première rencontre avec Ewan, Poudlard qui m’attendait sagement et que je voulais fuir, le whisky dans ma valise qui me manquait un peu parfois. Mais malgré tout, j’avais un peu froid et je me recroquevillai un peu sur moi-même, ce que sembla remarquer le jeune homme. Il disparut un instant pour revenir avec un pull dans ses mains.
- Tiens. Il posa le pull d’un bleu marine digne des Serdaigle sur mes épaules, tout doucement, et mon cœur eut un sursaut car je ne m’attendais nullement à ce qu’il me touche, et je n’étais pas encore habituée. Je lui fis un grand sourire malgré tout, parce que je me sentais un peu mieux depuis que j’étais ici, et j’enfilai le pull. Il était trop grand, en une laine toute douce qui me procura instantanément une chaleur agréable. Je remontai les manches pour que ça ne traine pas n’importe où, et je réalisai également que le tissu sentait un parfum lointain mais distinct –le sien. Il vaut mieux que tu restes encore peu. Tu peux t'assoir ou tu peux m'aider si tu veux, je suis désolé mais je dois absolument finir cette potion...
Il avait observé la rue presque silencieuse, pas assez visiblement à son goût, avant de revenir vers moi. J’hochai la tête avec un sourire, ça ne me dérangeait pas, je tenais encore à ma vie. Il revint vers le plan de travail, et je m’apprêtai à m’écarter pour ne pas le gêner lorsqu’il me devança. Il glissa sa main dans le creux de mon dos pour me décaler très légèrement. Je me sentis rougir une demi-seconde avant que cela ne s’envole et que je réalise que ce n’était rien –étrangement, sa main avait semblé épouser parfaitement la courbe. Ewan attrapa ensuite une fiole, et je m’écartai un peu pour qu’il ait le champ libre. Mais c’était plus fort que moi, dès qu’il y avait des potions dans les parages, je ne pouvais m’empêcher de m’approcher, de plus en plus, curieuse de voir comment il s’y prenait. Je ne disais rien, je me contentai de regarder, pencher juste à côté de lui de manière assez distante pour ne pas le déranger. Il s’était attaqué à une racine de mandragore, et je regardai alternativement ses mains qui la découpait et son visage concentré. Il finit par me lancer un regard en coin, captant le mien, avant de se remettre à travailler. S’il avait bien commencé, la coupe devenait de moins en moins précise et…
- Stop, tu fais n’importe quoi ! Dis-je en éclatant de rire. Je lui enlevai le couteau des mains en lui adressant un sourire amusé. Tu dois être plus précis ! Je posai le couteau, arrangeai rapidement ma chevelure en un chignon désordonné pour ne pas que ça me gêne - d’autant que mes cheveux accrochaient la laine et que j’en avais déjà laissé pleins sur les épaules du pull d’Ewan. Il faut que le poids de chaque morceau soit exact, tu le sais en plus… Dis-je en le taquinant, lui lançant un regard en coin avec un petit sourire amusé. Je repris le couteau et, me penchant au-dessus du plan de travail, je me mis à découper en des rondelles précises –comme à mon habitude- de la racine, avec mon efficacité de maniaque redoutable. Puis, comme je me sentais un peu observée, je ne pus m’empêcher de faire la conversation, comme si de rien n’était. Alors, pourquoi tu aimes autant les potions ?
Je ne voulais pas être trop envahissant, mais il m’intriguait un peu. J’avais un petit sourire sur les lèvres pour des raisons un peu floues –mais il était bien là où il était.
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Ewan Campbell Vendeur chez l'Apothicaire
Nombre de messages : 208 Localisation : Dans mon trou. (well, c'est glamour ça) Date d'inscription : 14/11/2012 Feuille de personnage Particularités: J'ai un énorme bagage à main (et ma copine a des gros boobs). Ami(e)s: Phil et Rita et les boobs (mais surtout les boobs) :) Âme soeur: “And she kissed me. It was the kind of kiss that I could never tell my friends about out loud. It was the kind of kiss that made me know that I was never so happy in my whole life.”
| Sujet: Re: ~ You'd bring rain I desire. [PV E.] Sam 26 Jan - 17:59 | |
| A few times in my life I've had moments of absolute clarity, when for a few brief seconds the silence drowns out the noise and I can feel rather than think, and things seem so sharp. And the world seems so fresh as though it had all just come into existence. I can never make these moments last. I cling to them, but like everything, they fade. I have lived my life on these moments. They pull me back to the present, and I realize that everything is exactly the way it was meant to be. - (A Single Man)
Il y avait de toute façon trop de choses dans mon esprit pour que je m'autorise quoi que ce soit, et c'était sans doute tant mieux. A vrai dire, le fait que Phil soit dans les parages et donc le seul que je vois de temps en temps parmi mes anciens amis était plus une coïncidence qu'autre chose, même si je l'appréciais beaucoup, évidemment. Surtout que Phil avait toujours été l'un des seuls avec qui je n'avais pas de difficultés à garder contact même s'il avait connu Jamie, et qui plus est, il m'avait été d'une aide précieuse pour étendre le petit boulot que je faisais en cachette. Je ne regrettais rien, et je savais qu'au fond c'était tant mieux que j'ai quelqu'un comme lui, et d'un autre côté ça m'évitait d'être tout seul, complètement, même si je prétendais le vouloir. Peut-être que si j'avais été vraiment isolé j'aurais cherché à rencontrer des gens, mais je n'en avais pas le temps, ne cessai-je de me rappeler à l'ordre, et je ne pouvais pas. Au milieu de tout ça, cette rencontre avec Ruby avait été totalement fortuite, et sa suite, encore plus. La logique aurait voulu qu'après la gifle qu'elle m'avait mise, nous ne nous revoyions plus jamais, et pourtant elle était bien là au milieu de mon salon, après s'être battue à mes côtés. Il y avait de quoi sourire de l'inattendu de la situation et je l'appréciais - malgré le fait que ma vie soit toute planifiée à présent, j'aimais que le destin s'amuse à me surprendre de temps en temps. Mais je l'appréciais sur le moment, sans penser à la suite. Il ne pouvait pas y en avoir. Pas avec la masse de travail et mes projets pour les années à venir ; pas non plus avec notre différence d'âge, le fait qu'elle soit encore élève à Poudlard et... trop jeune. Au moins, les limites étaient fixées, et bien fixées.
- On a jamais le temps pour les choses importantes, pas vrai ?
Son sourire me parut bien trop lumineux pour les pensées qui venaient de me passer par la tête - car ce temps, je ne le prenais pas, et même si je n'hésitai pas quant au chemin que je suivais, il y avait ces moments, ces courts moments où tout semblait se figer et où je me sentais bien, ou plus rien ne comptait à vrai dire - l'argent, mon père, ma famille, le passé - parce que je me disais que le bonheur était bien plus simple qu'on ne le croyait, et que surtout il n'était pas comme on l'entendait. Il n'était pas une fin en soi, il durait quelques instants, quelques heures tout au plus, mais dans ces moments-là on prenait conscience de combien l'existence valait la peine d'être vécue. Je ne l'avais jamais avoué à personne mais quand Jamie s'était noyé, les jours qui avaient suivi - ou plutôt, non, en vérité, la semaine d'après, car j'étais resté couché plusieurs jours terrassé par le choc émotionnel... quand je m'étais repris et que j'avais pris vraiment compte de ce qui s'était passé... Bien sûr que j'avais envisagé de ne pas pouvoir vivre sans lui, parce qu'il était moi et que maintenant il était mort et que moi aussi. Mais ces longues heures où j'étais prostré dans ma chambre, écoutant mes parents se disputer dans le salon en bas, en baissant la voix pour que je ne les entende pas alors que je les entendais parfaitement, aussi douloureuses furent-elles, m'avait menées à une conclusion que j'avais prise une bonne fois pour toutes, à regrets. Aussi fort que je n'avais pas envie de continuer sans Jamie, je savais pertinemment ce qu'il aurait dit en me voyant me poser ce genre de questions. Je savais pertinemment qu'il aurait voulu que je vive malgré tout, et cela, je ne pouvais pas l'ignorer. Je n'avais pas eu l'occasion d'entendre ses dernières volontés mais celle-là était tacite - partant de là, je n'avais pas d'autres solutions.
Alors, le temps, les choses importantes, on en faisait ce qu'on en voulait, car elles étaient bien relatives... Mais dans tout ça, je me disais que cette soirée inattendue et ces instants que je partageais avec Ruby devaient s'apparenter à ces rares bulles hors du temps, alors, autant en profiter.
Elle n'avait pas menti au sujet de sa passion pour les potions : elle s'était approchée du chaudron comme moi, et nos deux esprits furent partiellement occupés par le problème de ma potion. J'étais encore vaguement agacé contre ce rendez-vous raté, la bêtise de mon client de n'être pas venu tout seul, et les malencontreux évènements qui en avaient découlé. J'avais suffisamment de charge de travail pour m'en rajouter de telle, mais c'était les risques du métier, et j'étais bien coincé, avec ma mixture quasi-achevée de Felix Felicis, quelque peu amélioré.
- C’est que je… Tu as essayé un demi bézoard ? Ça évite la dépendance pour la potion d’Allégresse… Mais si tu as mis de l’asphodèle, il faudrait trouver le bon dosage pour le bézoard, sinon ça va amener des effets secondaires… Tu… Tu en penses quoi ?
Tout à mes réflexions, je relevai la tête vers elle, brusquement captivé parce qu'elle venait de dire. Ce n'était pas idiot : le dosage n'allait certes pas être évident du tout, et c'était pour cela que je l'avais exclu au premier abord, mais pourquoi pas... Après tout, la potion d'Allégresse comportait elle aussi de la poudre de pieuvre, de l'armoise et de la pierre de lune dans la base de sa préparation, ce qui ne la rendait pas trop éloignée de la base de Felix Felicis. Cela ne me semblait pas trop dangereux d'essayer, pour le coup, car je n'avais pas le droit à l'erreur, donc je préférais m'en assurer.
- Tu as raison, et je pense qu'on peut essayer. Surtout qu'il me reste de l'aconite et que c'est très utile, combiné avec le bézoard, pour le doser! On va essayer.
Joignant le geste à la parole, j'attrapai tout ce qu'il nous fallait sur mes étagères en parcourant toutes les fioles des yeux - il me restait peu d'aconite, il allait falloir faire avec - mais Ruby avait choisi ce moment-là pour remarquer la photo de Phil et moi, presque seule touche personnelle de mon appartement pour l'instant car je n'avais pas eu trop le temps de m'y installer correctement, j'avais mis les meubles et de quoi faire mes potions, mais rien de plus. A vrai dire... Je n'étais pas certain d'avoir envie de mettre d'autres photos. Une photo de famille? Très peu pour moi. En revanche j'en avais une avec Jamie, prise le dernier jour d'école à Poudlard, que je n'avais pas encore accrochée, mais je m'en félicitai, car il aurait fallu que j'explique à Ruby qui était ce frère qui me ressemblait trait pour trait et où était-il maintenant, et je n'en avais absolument aucune envie.
- Je me sens comme une gamine là… Je haussai les épaules - pour l'importance que cela avait de toute façon... J’ai 17 ans dans... Demain, enfin, ce soir… A minuit quoi. Cette fois, je ne masquais pas ma surprise et lui souris. C'était donc bientôt son anniversaire! Monsieur Pres… Euh, Phil, il faisait des conneries ? Ça ne m’étonne pas trop en fait. Mais il est cool comme prof, la plupart des filles l’écoutent parce qu’elles le trouvent beau… Mais alors si vous étiez meilleurs amis, tu faisais les conneries avec lui non ?
Je ris de nouveau - à croire que Phil n'avait pas changé!
- Oh, les filles ont toujours écouté Phil parce qu'elles le trouvent beau, je te rassure, notai-je, enjoué. Oui, on en a faites... Mais des conneries d'adolescents, rien de bien méchant, coupai-je court, en nous revoyant tous les trois. Je compris trop tard que ce que je venais de dire était peut-être rabaissant pour elle qui était encore adolescente, mais ce temps était révolu, et je n'avais pas envie de m'y attarder. Eh bien... Si c'est ton anniversaire à minuit, il faut qu'on ait fini la potion pour fêter ça comme il se doit, conclus-je avec un petit sourire amical.
17 ans... 7 ans d'écart, je ne me trompais pas : elle était jeune, décidément jeune. Rien qui n'aurait fait peur à Phil, me dis-je, mais tout de même, Phil... Phil n'avait sans doute pas la même approche que moi à ce sujet, et non pas que je le critiquais, mais je n'aurais pas été à l'aise en me conduisant comme lui. Ça lui donnait l'occasion de se moquer de moi de temps à autres, mais j'avais fini par m'y habituer.
La potion, donc. Demain, j'allais essayer de rentrer en contact avec mon client avant de débuter ma journée chez l'apothicaire - en espérant que je le trouve à l'endroit habituel. Car je craignais que, sous le coup de la colère, il passe au magasin pendant la journée, or il ne valait mieux pas que mon patron soit témoin de mes fréquentations plutôt louches parfois, pour ne pas éveiller ses soupçons - après tout, son magasin me servait bien aussi, pour mon petit trafic. Mais il fallait absolument que je dise à mon client que le lieu de rendez-vous allait changer pour que l'autre sorcier ne soit pas également de la partie, et tout cela me trottait dans la tête, étant donné aussi que demain était jour de livraison chez l'apothicaire et c'était journée plutôt chargée. Toujours est-il qu'heureusement que je savais par coeur comment incorporer de la poudre de licorne dans mon chaudron, sous lequel j'avais allumé un petit feu. Je remuai la potion, avant de me lancer dans la suite, notamment la découpe de racines de Mandragore. Dans l'idéal je pouvais regarnir mes stocks personnels demain pendant la livraison si je m'y prenais bien, mais encore fallait-il que... Mon couteau coupa une racine trop épaisse et je tâchai de me reconcentrer. Pourtant, je savais faire plusieurs choses à la fois ; mais ce soir-là je n'étais pas seul, et la présence de Ruby ne me laissait pas dans mes pleines capacités de concentration. Comme elle semblait s'affairer autour du chaudron elle aussi je lui jetai des petits coups d'oeil, mais à chaque fois l'éclat doré de ses cheveux perturbait le fil de mes pensées, ou bien ses formes sous son pull, ou bien le petit sourire qu'elle me lançait...
- Stop, tu fais n’importe quoi ! Me faisant presque sursauter, elle était arrivée près de moi et attrapai mon couteau, sauvant de justesse les racines. Tu dois être plus précis ! Il faut que le poids de chaque morceau soit exact, tu le sais en plus… Je répondis avec le même regard taquin que le sien - cet air maternel lui allait bien, et il y avait quelque chose de comique dans le fait qu'une fille de 17 ans m'apprenne mon travail, mais ce qu'elle ignorait, c'était qu'elle était en partie la cause de mon manque de rigueur. Alors, pourquoi tu aimes autant les potions ?
Je ne la quittai pas des yeux, assis devant le plan de travail. Ses cheveux relevés laissaient voir sa nuque à la peau blanche et pure et j'avais l'impression que l'éclat de ses yeux ressortaient encore plus, séparés de la lueur étoilée de sa chevelure. ... Il fallait que je me concentre. Je lui fis signe de verser le tout, puisqu'elle avait terminé, dans le chaudron qui bouillonnait tranquillement, et je mélangeai pendant trente secondes en comptant les tours.
- C'est quelque chose de rationnel, qu'on peut bien contrôler, si on sait s'y prendre. Ça fait du tri dans mes pensées, dis-je sur le ton de la conversation, même si la teneur des mes paroles s'approchait plus de la confidence. Mais j'avais le sentiment qu'elle me comprenait bien : Pas vrai?... Et puis... C'est facile pour se faire de l'argent, rajoutai-je avec un petit sourire coupable.
Comme la couleur de la potion tournait vers l'argent nacré, il était temps d'ajouter les derniers ingrédients : aconite, bézoard, et un peu de poudre de scarabées. J'attendis l'approbation de Ruby après avoir soupesé dans ma balance une quantité qui me paraissait convenable pour l'aconite et le bézoard, puis y plongeai le tout. C'était la dernière phase de la potion ; ensuite, un dernier mélange en alternant sens des aiguilles d'une montre et sens inverse, et il fallait laisser finir de cuire à feu doux pendant une demi-heure, jusqu'à ce que la couleur devienne celle de l'or liquide. Je mélangeai en retenant mon souffle, les yeux rivés dans le chaudron, tout comme ma complice, car c'était un peu un coup de poker que nous jouions là, mais aucun grumeau ne se forma et la potion se teinta de doré : il ne restait plus qu'à la laisser chauffer doucement. Je soupirai un grand coup : voilà qui était une bonne chose de faite - et j'avais d'ailleurs respiré trop fort les vapeurs du chaudron car je sentis une bouffée d'assurance m'envahir, comme si je savais parfaitement ce que je devais faire maintenant. C'était une preuve supplémentaire de la réussite de la potion, et quand je jetai un coup d'oeil à la pendule derrière moi, je vis qu'il était effectivement minuit passé de quelques secondes.
- Je crois qu'il est temps de te souhaiter un très joyeux anniversaire, Ruby, dis-je alors en me tournant vers la jeune fille avec un sourire de satisfaction.
Aidé par les vapeurs de Felix Felicis qui chassèrent tous mes mauvais souvenirs avec elle, je me penchai pour déposer un baiser sur sa joue, oubliant que j'avais déjà joué avec le feu, mais tant pis. Puis, délaissant mon chaudron et ma baguette après un dernier coup d'oeil vers son contenu, j'allai chercher dans ma petite cuisine une bouteille d'un très bon whisky de la distillerie de mon oncle, en Ecosse, dont l'ambré était soutenu et me faisait penser à mes souvenirs d'enfance quand nous nous jouions à cache-cache entre les gros tonneaux. J'en servis deux verres, puis je revins vers Ruby, lui offrant un verre et l'invitant à s'asseoir à côté de moi sur le canapé.
- Celui-là est d'une meilleure qualité que celui de l'autre soir, expliquai-je, avant de lever mon verre à sa santé. A la tienne - et à notre réussite, fis-je en indiquant le chaudron. Merci encore pour ton aide... Peut-être que... Tu reviendras me voir à la Tête de Sanglier? glissai-je mine de rien, pas très sûr de cette réussite là, pour le coup. Mais quand je la regardais je me disais qu'elle me donnait envie d'être meilleure, et que j'avais été un idiot de lui sauter dessus à la fin de la soirée. Peut-être qu'après tôt je pouvais faire une entorse à mon règlement et m'autoriser de temps à autres de fréquenter des personnes comme Ruby qui, sans le savoir, illuminait quelques moments de ma vie? |
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Ruby Standiford-Wayland Apprentie à Sainte Mangouste
Nombre de messages : 2205 Localisation : Cachée. Date d'inscription : 03/09/2011 Feuille de personnage Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. » Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. » Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »
| Sujet: Re: ~ You'd bring rain I desire. [PV E.] Lun 28 Jan - 22:37 | |
| Devais-je réellement être ici ? J’aurais voulu me poser cette question un peu plus intensément. Je n’étais pas chez moi ici, j’étais chez Ewan que je connaissais à peine et pourtant… Je ne savais pas pourquoi, mais je me sentais un peu en sécurité. Pas seulement car nous venions de nous échapper de ces trois mecs, non. Il y avait comme une bulle ici, coupée du monde, où j’étais bien. Malgré le désordre du salon, mon malaise face au jeune homme, il y avait quelque chose d’apaisant lorsque je le regardais s’affairer autour de sa potion. Peut-être parce que nous nous comprenions dans ce domaine, mais aussi qu’il ne me connaissait pas totalement –pas encore. Je n’avais plus à mentir sur qui j’étais, à vrai dire j’expérimentais une nouvelle méthode : me laisser aller, et voir ce que ça donnait. J’étais curieuse de voir ce qu’il penserait de moi si j’osais lui montrer la vraie Ruby, celle que je cherchais constamment. Est-ce qu’il allait m’aider à la trouver ? Etonnement, ces questions s’échappaient de mon esprit d’habitude si calculateur, comme si Ewan coupait mes pensées comme le faisait l’alcool et me laissait me reposer, laissant mes émotions prendre le contrôle. Aussi étrange et effrayant que cela était, ça me faisait un bien fou. J’avais l’impression de vivre l’instant présent, comme Lizlor me disait souvent de faire, et malgré mes hésitations –ma main retomba et mes joues se colorèrent- j’avais l’impression qu’il se dégageait de l’atmosphère quelque chose de doux, de vrai et de terriblement intime. Etait-ce le calme et la douceur d’Ewan qui me mettait en telle confiance ? Je n’étais pas habituée à abaisser mes barrières aussi facilement, et pourtant, ça me paraissait… Normal avec lui. J’avais l’impression, un peu étrange, qu’il me comprenait un peu et que moi aussi, je lisais quelque chose derrière ses pupilles bleues trop tristes à mon goût. Comme si dans ce minuscule salon, l’air se chargeait de nostalgie mais que celle-ci se laissait aspirée par nos sourires respectifs qui rendaient le tout supportable –et respirable. Oui, aussi étrange que cela puisse paraître, j’avais l’impression de respirer en compagnie d’Ewan.
- Tu as raison, et je pense qu'on peut essayer. Surtout qu'il me reste de l'aconite et que c'est très utile, combiné avec le bézoard, pour le doser! On va essayer.Je me sentis sourire de plaisir de voir mon idée approuvée par Ewan. Parce qu’après tout, je n’étais qu’une petite fille à côté de lui, et nos expériences dans le domaine des potions n’étaient pas comparables… Dans la vie, en général. Il avait 25 ans. 25 ans… Non, ça me paraissait un tel écart ! Pourtant, j’avais l’impression que ce fossé entre nous ne le dérangeait pas le moins du monde. Comme si je n’étais pas une enfant. Pourtant, c’était ainsi que je me sentais en cet instant présent. Je m’entendis murmurer « gamine » malgré moi, mais le jeune homme se contenta d’hausser les épaules, me prouvant une nouvelle fois que visiblement, nos âges, il s’en fichait pas mal. Je sentis un poids s’envoler, comme si encore une fois il me mettait en confiance et que je voulais bien croire que ce n’était pas grave d’un océan d’années nous sépare. Même si au fond, j’avais encore cette amère impression que je ne serais jamais à la hauteur. De quoi ? Je ne savais pas vraiment…- Oh, les filles ont toujours écouté Phil parce qu'elles le trouvent beau, je te rassure. Oui, on en a faites... Mais des conneries d'adolescents, rien de bien méchant. Je me plus à imaginer Ewan et Monsieur Prescott plus jeunes, dans les couloirs de Poudlard. Après tout, tous mes professeurs avaient été des adolescents une fois… Je ne me formalisais pas sur le fait qu’Ewan parle de conneries d’ado, même si au fond, je ne pouvais m’empêcher une nouvelle fois de sentir ce monde qui nous séparait un peu. Mais je voyais très bien de quoi il parlait. Je ne m’imaginais pas toute ma vie faire la fête comme je l’avais fait, et sûrement allais-je trouver dans quelques années que j’avais été un peu stupide –à trop boire, à fumer et à faire toutes ces choses d’enfants. Mais j’aurais voulu expliquer à Ewan que ces conneries d’adolescentes étaient ma seule échappatoire, les rares moments où je me laissais aller, mais comment aurait-il pu comprendre ? Il ne savait pas qui j’avais été à Poudlard pendant toutes ses années… Est-ce qu’il me prenait pour une gamine ?
Je n’en avais pas l’impression, et ça provoquait une douce chaleur dans mon cœur.- Oh, je suis sûre que les filles t’écoutaient aussi… Je me sentis soudain rougir un peu, réalisant ce que je venais de dire, et je me raclais la gorge comme si de rien n’était, n’osant cependant pas le regarder. Oh, être en confiance avec quelqu’un, ça pouvait me jouer des tours…- Eh bien... Si c'est ton anniversaire à minuit, il faut qu'on ait fini la potion pour fêter ça comme il se doit.J’eus un petit sourire flatté. Je trouvais ça amusant, mais étrange, de passer mon début d’anniversaire en compagnie d’un quasi-inconnu… Enfin, à force de répéter que je ne le connaissais pas, je commençais à voir que j’avais tout de même un peu tort. Son caractère m’apparaissait, dans les grandes lignes certes, mais j’étais assez perspicace pour me douter du reste –bien qu’Ewan était tout aussi discret que moi sur sa personne. Et tout ce que je découvrais sur lui me faisait l’apprécier un peu plus, d’une affection un peu gênée et discrète car elle me paraissait largement prématurée. J’en oubliais presque ce baiser volé qui m’avait tant blessé, me donnant l’impression qu’il n’avait cherché qu’à m’ajouter à une collection de conquêtes. Mais maintenant, j’étais chez lui et la manière dont il se comportait avec moi me laissait voir une autre facette de sa personne, bien plus réservé et respectueux. J’aimais bien la manière dont il posait ses yeux sur moi finalement.
Même si ce n’était pas une raison pour se déconcentrer de sa racine, parce que là il faisait n’importe quoi ! Ah, quand je disais que les mecs ne pouvaient pas faire deux choses à la fois !- C'est quelque chose de rationnel, qu'on peut bien contrôler, si on sait s'y prendre. Ça fait du tri dans mes pensées. Pas vrai?... Et puis... C'est facile pour se faire de l'argent.Je sentis une nouvelle fois une sorte de chaleur se propager dans mon cœur, et un sourire naître sur mes lèvres. Il pensait à la même chose que moi, et c’était étrange de rencontrer quelqu’un qui avait ce même rapport aux potions. Oh bien sûr, moi, je ne pouvais pas gagner de l’argent avec mes petites recettes enseignées par Nakamura –que je déviais de temps en temps. Je n’aimais pas trop penser à l’argent de toute manière, car de ce côté, ce n’était pas très joyeux. J’avais un peu d’argent sur un compte, mes parents me l’avaient légués et aussi insupportable que cela m’était de s’en servir, j’allais en avoir besoin. Il était bloqué jusqu’à ma majorité et en attendant, je vivais des argents de poches et des aides de l’Etat –après tout, orpheline, j’étais sous sa responsabilité. Je savais très bien qu’en sortant de Poudlard, j’allais devoir me préparer à galérer et c’était aussi un peu pour ça que je voulais assurer mes examens. Il me fallait un boulot en or dès le départ, ou j’allais dormir sous un pont durant les premières années de ma vie – Lizlor refuserait, certes. - C’est plus facile et plus calme que… Tout le reste… Ajoutai-je avec un petit sourire entendu que j’adressais à Ewan derrière une mèche de mes boucles blondes qui s’était échappée du chignon.
Une fois les racines coupées, nous achevâmes la potion tout en se concertant pour les mesures et les poids. Nous étions tous deux concentrés, penchés sur le chaudron, tout proches l’un de l’autre. Je le sentis tressaillir lorsque la potion prit l’aspect et la couleur désirés, et nous eûmes un sourire ensemble –ce qui me fit sourire encore plus.- Je crois qu'il est temps de te souhaiter un très joyeux anniversaire, Ruby.J’eus à peine le temps de jeter un coup d’œil à la pendule qui venait de passer minuit qu’Ewan eut un mouvement vers moi. Je sentis mon cœur rater un battement lorsque, tout doucement, il déposa un baiser sur ma joue qui se réchauffa instantanément, comme le reste de mon corps. J’avais capté durant ces quelques secondes son parfum. Il y avait un fond plus fort, qui me rappelait un peu le whisky, et des notes bien plus légères comme de la vanille –et du lys ? Je voulus réagir, répondre, mais mes yeux se rivèrent sur le sol, accompagnés d’un sourire. Je sentais quelque chose dans le creux de mon estomac, un peu comme des papillons mais c’était strictement impossible… Même s’il y avait des papillons dans mon estomac, mes sucs gastriques les feraient fondre. Voilà, redevenons rationnelle chère Ruby –ah, zut alors, pourquoi ça me fait un tel effet ? - Celui-là est d'une meilleure qualité que celui de l'autre soir. Ewan m’avait apporté un verre de whisky et nous nous assîmes sur le canapé ensemble. Sans réfléchir, j’avais ôté mes chaussures pour m’asseoir en tailleur, un peu face à lui. A la tienne - et à notre réussite. Merci encore pour ton aide... Peut-être que... Tu reviendras me voir à la Tête de Sanglier? Je me sentis sourire de plaisir malgré moi, et je baissai les yeux, un peu gêné par sa question. Si j’allais revenir ? Oh, si toutes les soirées là-bas pouvaient être comme celle que j’étais en train de passer, j’allais très sûrement revenir. J’osais finalement relever mon regard pour me plonger dans le sien, nos verres s’entrechoquant dans un tintement discret.- S’il te reste des questions, murmurai-je amusée, ça sera avec plaisir. Je sentis encore une chaleur s’installer dans mon cœur en pensant que j’allais le revoir et surtout, qu’il voulait que je revienne. Je trempai mes lèvres dans le liquide ambrée, avant d’écarquiller les yeux. Wow ! Il est délicieux ! J’en repris une gorgée, tout doucement, savourant les arômes de la boisson. Maintenant, tu dois me dire d’où tu sors ça ! Demandai-je sans cacher ma curiosité.
Et c’est ainsi que la discussion se lança et, quelques verres et rires plus tard, je jetais un regard à ma montre avant d’étouffer une exclamation. 2h30 du matin !... Wow, j’avais vraiment pas vu le temps passer. - Je suis désolé, j’avais pas vu l’heure, je me suis éternisée… Bon, ça avait pas l’air de le déranger, mais je n’avais pas eu envie de m’imposer. Je devrais y aller !Sur ces mots, je me levais pour renfiler mes chaussures et mettre mon manteau. Ah, il fallait que je lui rende son pull aussi, mais avant que je ne le fasse remarquer, Ewan m’avait coupé : il comptait me raccompagner. Je ne bataillais pas vraiment, parce qu’après tout les rues n’étaient pas très rassurantes, mais aussi parce qu’un peu plus de sa compagnie ne me dérangeait pas. J’attrapais mes affaires et nous sortîmes ensembles dans le froid nocturne. Ma respiration s’envolait en panaches blancs qui furent bientôt rejoint par la fumée d’une cigarette que j’avais allumée. Tout doucement, il s’était mis à neiger. Je me tournais vers Ewan avec un petit sourire.- Elle est de retour… Dis-je en regardant la neige tomber paresseusement, tout comme la dernière fois.
Nous marchâmes jusqu’à l’entrée de mon passage que je lui montrais, et il insista pour l’emprunter aussi –bon, tout de même j’étais en sécurité maintenant ! Mais je ne rechignais pas et nous continuâmes à parler pendant tout le chemin jusqu’à enfin arriver à l’entrée depuis la statue. Je me stoppai, me tournant vers Ewan. Tout à coup, je me sentis mal à l’aise.- Merci de m’avoir raccompagné… Et pour la soirée aussi… J’eus un instant d’hésitation, amorçant presque un mouvement vers lui –mais je me stoppai, ne sachant pas trop quoi faire. Bon, je reviens samedi soir, d’accord ? Ajoutai-je enjouée pour détendre l’atmosphère, avant de faire pivoter la porte tout doucement, vérifiant que le couloir était vide. Bonne nuit Ewan. Concluai-je doucement, avec un sourire.
Puis, je sortis dans le couloir avant de me rappeler que j’avais encore son pull. Je me retournai, essayant de ne pas faire trop de bruit.- Ewan ! L’appelai-je en ouvrant le passage secret. Il avait commencé à marcher, et je courais jusqu’à lui. Arrivée à sa hauteur, j’eus un petit sourire gêné. Ton pull… Murmurai-je en ôtant mon manteau pour lui rendre. La fraîcheur du passage secret me fit frissonner, et j’enfilais mon manteau à nouveau. Bon… Bonne nuit cette fois ! Dis-je finalement en rougissant.
Puis, sans réfléchir, je me penchais vers lui et, répondant à la manière dont il m’avait souhaité joyeux anniversaire, je déposai un baiser sur sa joue avant de devenir écarlate –merci, cher passage secret, de n’être pas éclairé ! Je lui adressai un dernier sourire avant de faire demi-tour pour retourner jusqu’à la porte, et au couloir. Avant de faire pivoter la statue, j’eus un dernier regard dans le tunnel.
Et, j’en fus presque sûre, je devinais le visage d’Ewan qui m’observait encore.THE END |
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| Sujet: Re: ~ You'd bring rain I desire. [PV E.] | |
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