Pride and prejudice ~Elleira

Trier, ranger, ordonner… J’aimais l’organisation parce que se détachait d’elle… Une certaine impeccabilité que je ressentais souvent lorsque je peignais mes cheveux dans le grand miroir de la salle de bain de notre salle commune le matin et en replaçant d’une main experte, coincée entre le pouce et l’index, une mèche de cheveux qui n’allait pas se placer à l’endroit que j’avais déterminé à l’avance pour elle dans ma coiffure qui était normalement retenue par une pince à cheveux, laquelle elle essayait de s’échapper. Non, ça ne me dérangeait pas lorsque mes premières planifications se trouvaient ébranlées quand le film que j’avais créé dans ma tête incluait de nouvelles scènes ainsi que de nouveaux personnages. Il suffisait juste d’en supprimer certains, et d’ajouter les autres à la place.

-Prudence, je ne suis pas amoureuse de Brook. Pas du tout. Même pas une miette.

Qu’est-ce que ça pouvait être contrariant.

Je me tournais un peu plus vers elle, interloquée et failli lui répliquer de but en blanc un « Si tu l’es » qui ne laissait pas la place à un quelconque doute ni même une affirmation contraire de sa part. Brook et Elleira étaient faits l’un pour l’autre. Ils s’étaient trouvés. Ce n’était pas en le niant qu’on allait gagner du temps, voilà qu’elle m’en faisait déjà perdre !

Sa voix s’était durcie et me vexa ; je ne la sentais plus avec moi mais contre moi et Elleira était ma copine et j’allais la réunir avec mon copain, et tout de suite elle voyait ça comme une erreur ! Elle ne pouvait pas être contre moi !

- Mais c’est de lui que tu parles depuis tout à l’heure ! Qu’est-ce que tu racontes ! Je n’allais pas céder aussi facilement, et j’avançais mes propos comme si j’étais certaine d’en savoir plus sur elle qu’elle-même n’en savait sur elle.

J’en savais plus qu’elle-même sur elle puisqu’elle disait qu’elle n’était pas amoureuse de Brook, alors que je savais qu’en fait si ! C’était un véritable casse tête alors qu’il n’avait pas lieu d’être. Je poussai un profond soupir, comme si j’étais face à une enfant à qui j’essayais d’apprendre la table de neuf en multiplications qui était très facile à retenir parce qu’il y avait une technique infaillible pour mais qui s’évertuait à faire exprès de ne pas comprendre, parce qu’elle avait décrété que les mathématiques, c’était nul. Avec Papa moldu et Maman qui ne jurait que par ça, difficile de ne pas avoir été à l’école primaire avant l’entrée à Poudlard.

-En fait, je pense souvent à quelqu'un d'autre... Ce n'est rien de grand et sérieux et je ne suis pas convaincue que ce soit l'amour de ma vie, mais son sourire me fait rougir et c'est une personne toujours gentille avec moi...et on se ressemble beaucoup sur certains points.

Tu te fais des films, voulus-je continuer sur ma lancée parce qu’il y avait quelque part en moi cette déception qui confirmait que rien ne se passait comme moi je me l’étais imaginé. C’était prétentieux de le penser, et c’était pour ça que je le pensais plutôt que de le dire, mais il y avait toujours une fierté et de faire comme dans les livres, comme les marraines bonne fée d’être à l’origine d’amour naissant, surtout quand ceux là paraissaient les plus improbables possibles… Mais rien n’était improbable dans leur cas puisque je ne cessai de le marteler que Elleira et Brook était fait l’un pour l’autre !

De l’autre côté, il y avait une histoire d’amour quand même, et ma curiosité était bien trop grande et surtout sans limite pour rester sourdes aux révélations de mon amie. Quelqu’un que je ne connaissais pas ? Un triangle amoureux ? Voilà quelle était la clé du problème, je n’avais plus qu’à en savoir le plus sur cet énergumène qui visiblement sortait de nulle part pour pouvoir l’évincer comme il se devait ensuite. En fait, Elleira me demandait de l’aide, ni plus ni moins !

En attendant, je devais la jouer plus fine que jusqu’à maintenant ? J’allais tout d’abord me renseigner pour voir ensuite sous quel angle d’attaque j’allais évaluer les choses.

- Et alors, c’est qui ? Pourquoi tu ne m’en a pas parlé avant ? Est-ce que lui aussi je le connais ? Tu lui parles souvent ? Quand est-ce que tu vas lui dire ? Le mieux étant qu’elle ne lui dise rien, c’était préférable le temps de me laisser agir dans l’ombre pour elle, mais si c’était dans ses projets il ne tenait qu’à moi ensuite de ralentir ses ardeurs…

J’avais assez d’expérience pour savoir que si je ne me montrais pas comme étant à fond avec elle, ça risquait de me porter préjudice quand ensuite j’allais devoir encore plus subtilement que d’habitude la faire changer d’avis. Mais il n’y avait pas un défi amoureux que j’avais peur de ne pas relever ! Je lui fis un sourire d’encouragement pour lui signifier qu’elle pouvait tout me conter et que je n’allais rien dire. Même pas à Brook à qui elle était en train de briser le cœur en ce moment même. Nous étions des super copines et les super copines ne disent pas les super secrets et Elleira pouvait me faire entièrement confiance là-dessus !

- Il est dans quelle maison ? J’allais devoir traquer le moindre de ses faits et gestes, donc s’il était à Serdaigle c’était nettement plus arrangeant que Serpentard alors que je détestais les cachots. J’espérais qu’au moins sur ce terrain elle allait me faciliter la tâche ! Ce n’est pas grave tu sais, la rassurai-je à propos de tout à l’heure et de notre léger emportement qui s’en était suivit à cause de nos divergences d’opinions sur la question, je vais quand même t’aider et tout faire pour que vous soyez réunis !

Ce n’était pas ce que j’appelais vraiment un mensonge… Ce n’était pas l’exacte vérité certes, mais ce qu’il fallait savoir, c’était que c’était pour son bien à elle en premier que j’agissais et je ne voulais pas qu’elle pense le contraire. Donc pour ça, je devais faire quelques concessions, même si ce n’était pas du joli-joli. Tout serait si beau de toute façon à la fin !

- Parce que c’est ce que tu veux ? Elle ne pouvait pas dire non à ça. Dire non à ça, c’était comme dire non à l’amour qu’on lui tendait ; que je lui tendais.

On ne dit pas non à l’amour lorsqu’il se trouve au seuil de notre porte.

Si chaque fille et chaque garçon faisait un peu plus confiance à la bonne étoile qui régnait au dessus de leur tête et qui les gardait sous sa protection, chaque âmes sœur aurait trouvé son compagnon depuis bien longtemps ! Or, des gens tels que Elleira ou Brook étaient bel et bien l’exemple que c’était loin d’être le cas, et qu’il en allait des gens comme moi (l’étoile, il faut suivre !) de réparer les bêtises qu’ils semaient à peu près partout où ils allaient et c’était un travail éreintant et de longue haleine. Ca ne voulait pas dire que je n’en voulais pas non non, je m’acquittais de cette tâche avec le plus grand des plaisirs !!! Mais si chacun avait passé un peu plus de temps à m’écouter et moins à faire n’importe quoi les efforts seraient un pu plus vite récompensés. Mais non. C’était à croire que c’était les obstacles qui se dressaient qui leur faisait envie ; pire encore, à chaque fois ils donnaient l’impression d’être de plus en plus imposants.

Qu’elle se le dise, Elleira n’allait pas y échapper, parce que j’allais passer au crible les moindres détails des informations qu’elle allait m’apporter ; à voir son expression, elle n’avait pas du tout l’air de se douter que moi aussi, j’avais quelque chose en tête, et même que s’il y avait quelques similitudes ça n’avait rien à voir avec ce qu’elle voulait elle. Enfin, pour le moment, parce qu’à la fin, quand tous mes projets seraient récompensés, elle n’aurait plus d’autre choix que d’affirmer combien j’avais eu raison sur toute la ligne et depuis le départ, malgré ses propres réticences !

-Je ne t’en ai pas parlé parce que je ne suis pas encore tout à fait certaine…  Tu le connais peut-être, mais il n’est pas de notre maison. Et je ne sais pas si je vais lui dire quoi que ce soit parce que, justement, je l’aime bien, mais je n’ai jamais aimé un garçon avant et je ne sais pas comment je suis supposée me sentir…

Ce que j’avais de mal à comprendre en revanche, c’était pourquoi elle ne montrait pas plus d’enthousiasme que ça ; après la bombe qu’elle venait de lâcher, n’importe qui aurait dû l’être ! Ou alors… ou alors elle en avait peur ? Mais de quoi ? Et pourquoi ? En tout cas, j’étais excitée pour deux, ça ne me dérangeait pas ! Mais j’avais quand même pensé que mon allégresse serait un peu plus communicative…

- Mais justement tout ça se sont les premiers signes ! Rétorquai-je avec empressement, et je sentais mes yeux briller. Pourquoi est-ce qu’elle ne comprenait pas ??? Je suis sûre que tu dis ça parce que tu te poses trop de questions décrétai-je, parce que je ne pouvais pas me tromper, les choses sont simples puisque c’est comme ça qu’elles se présentent, tu devrais juste te laisser aller !

Il me manquait encore le plus important. Son prénom…

-Gryffondor. Et il s’appelle Frederik Holmes.

Je réfléchis quelques instants sans parvenir à resituer le garçon, mais c’était à partir de maintenant que mes recherches allaient commencer, et bientôt, ce Frederik Holmes n’aurait plus aucun petit secret pour moi ! J’acquiesçai cependant l’air entendu, comme pour l’encourager à poursuivre. De encouragements, j’avais comme l’impression que c’était bien plus que cela dont il lui fallait…

-Euh…oui, je suppose…

Cette fois, je ne pus retenir un petit soupir d’exaspération. Pour de vrai, j’adorais Elleira, et comme j’adorais Elleira, la plupart du temps, j’arrivais à faire abstraction de ses petits défauts. Mais quand même ! Si elle n’y mettait pas un peu du sien, nous n’allions jamais nous en sortir !

- C’est soit oui, soit non, mais ça ne peut pas être entre les deux !  Qu’elle dise l’un ou l’autre, mais au moins qu’elle choisisse…

-Mais Prudence…Je ne sais pas si je veux vraiment être avec lui… Comment je peux savoir si je suis vraiment amoureuse? Tu ne connaîtrais pas une formule ou quelque chose?

Bien sûr que si tu sais que tu veux vraiment être avec lui ! Ce fut la toute première chose qui me vint en tête, mais aussi celle qui me fit réaliser que l’espace de quelques minutes, j’avais oublié mon objectif principal que l’on appelait pas autrement que par Brook Lawrence parce qu’il avait remplacé par un Frederik Holmes. Et je ne savais plus pour qui j’étais censé être !

- Si elle existait, je t’aurais déjà demandé de me jeter le sort, plaisantai-je, parce que moi aussi j’aurais bien aimé qu’une formule magique puisse réaliser de pareilles merveilles ! Le seul moyen de savoir, c’est de se jeter à l’eau, il ne faut pas avoir peur, tu ne vas pas louper ta chance quand même ! J’étais partagée entre l’idée de la jeter littéralement dans les bras de ce Holmes dont j’ignorais tout, ou bien plutôt me comporter comme elle et dire qu’elle avait tout à fait raison d’être prudente et que sans doute ce Gryffondor n’était pas pour elle.

Il fallait que je prenne les choses en mains ; du moins plus que je ne l’avais fait ! Je pris une inspiration, parce qu’un plan était déjà en train de se dessiner dans ma tête et que je n’allais pas tarder à lui en faire part.

- Bon écoute, je sais ce qu’on va faire. Je vais aller le voir moi, mais sans rien lui dire, précisai-je parce que je la voyais déjà s’insurger et me dire non, et ce n’était pas le but. Mais pour voir un peu dans quel état d’esprit il est et tâter le terrain. Ne t’inquiète pas, je suis sûre que ça va marcher ! Affirmai-je pour la rassurer, parce qu’il n’y avait pas de doute que c’était de ça dont elle avait le plus besoin…