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« Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)

 
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 « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)

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James Miller


James Miller
Assistant à l'infirmerie



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MessageSujet: « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)   « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.) Icon_minitimeMar 30 Juil - 0:01

« Le jardin dormait encore. Je l'ai surpris (...) Je l'ai vu sans qu'il s'en doute. C'est beau un jardin qui ne pense pas encore aux hommes. »


Fièrement, elle recracha un panache de fumée blanc, aussi aérien que ses cheveux bruns, et me lança un regard de défi. Elle attendait une réaction de ma part, tout en sachant clairement que je ne pouvais pas en avoir. Bien sûr que ça ne me plaisait pas, mais j’avais moi-même une cigarette au coin des lèvres, alors j’étais plutôt mal placé pour parer. Je l’étais trop souvent à mon goût d’ailleurs, lorsque cela concernait ma petite sœur. Elle tira une nouvelle fois sur sa cigarette, et je constatais qu’elle ne plaisantait pas – elle ne faisait pas comme toutes ces pimpêches qui voulaient être classe, elle savait vraiment ce qu’elle faisait. Elle retint la bouffée un moment trop long pour être naturel, et joua avec la fumée qui finit par s’échapper. Je pensais pourtant vraiment qu’elle était assez intelligente pour savoir qu’elle faisait une bêtise. Depuis toujours, c’était elle le cerveau du trio Miller. Mathilda, avec ses années de plus, était souvent plus apte à agir dans de nombreuses situations, et son charma légendaire nous avait sorti de bien des situations. Nous l’appelions donc la futée. Maya, plus jeune certes, était toujours la plus raisonnée et raisonnable, elle pesait le pour et le contre, donnait les ordres que personne n’osait jamais contredire. Puis il y avait moi, celui qui agissait, le casse-cou. A nous trois, nous étions capables de beaucoup de choses pour nous amuser, surtout lorsque les enfants de nos voisins, avec qui nous avions fini par former une bande depuis la tendre enfance, se joignaient à nous. Ces souvenirs d’enfant étaient les plus doux, bien qu’ils aient tendance à s’estomper comme la fumée de nos cigarettes qui se mêlaient l’une à l’autre dans l’air sec, avant de mourir dans le ciel bleu.

Et dans ces souvenirs, depuis aussi longtemps que je pouvais m’en souvenir, Maya avait toujours eu une drôle d’obsession avec les pique-niques. Je ne comptais plus les heures passées durant les dimanches après-midi, à goûter dans notre jardin ou celui des Hoover. J’avais toujours eu l’impression, d’ailleurs, qu’ils étaient le miroir de notre évolution. Ils avaient été témoins de tout, de nos premiers rires et parties de cache-cache, les discussions, les premières cigarettes de Mathilda et Allison, puis les miennes, le rapprochement étrange entre ma grande sœur et Leo, ce garçon plus âgé que je considérais comme mon modèle, les disputes puis les réconciliations, nos abandons aux rêveries sur l’avenir… J’aurais voulu conserver chacun de ces pique-niques où Maya dressait une nappe à même l’herbe et y disposait des gâteaux, pour pouvoir les revoir, comme on reprend le fil d’un film sur cassette. Je ne savais pas si j’aurais pu voir les premiers signes de discorde, les premières bêtises qui s’étaient poussées à l’excès… Quand est-ce que les joints de Mathilda et Alli ne leur avaient plus suffit, et étaient devenus plus, quand est-ce que Leo s’était détaché de ma sœur et que son regard s’était assombri, comme s’il comprenait le premier la suite des évènements ? Je l’ignorais. Je ne m’en étais pas préoccupé, aujourd’hui je le regrettais, mais il n’y avait pas de retour en arrière possible. De toute manière, depuis que Mathilda avait disparu, il n’y avait plus d’après-midi de ce genre. Allison était en cure de désintoxication ou à répondre aux questions des policiers – elle plus que quiconque, car elle était la meilleure amie de ma sœur. Leo noyait visiblement sa peine dans le travail, prétendant s’en sortir. Parfois, Maya me proposait de se joindre à elle et Magaret, la petite sœur d’Alli, mais je n’appréciais que très peu ces deux-là. Je tenais la plus grande comme responsable de la chute de Mathilda dans la drogue, et je me méfiais de la voie que prenait la plus petite. Les rires enfantins, eux, étaient éteints depuis longtemps.

Mais assis dans le parc de Poudlard avec Maya, j’avais la certitude qu’ils pourraient être ranimés. Ils étaient différents, simplement, plus adultes, mais j’avais toujours aimé cet entre-deux avec ma petite sœur, la légèreté qui enveloppait le séreux. Lorsque j’avais organisé ma petite escapade à Poudlard, je m’étais empressé de la prévenir. Si elle voulait pique-niquer et exposer fièrement sa nouvelle trouvaille, la cigarette, libre à elle. De toute manière, je lui passais tout et si je ronchonnais, il ne lui fallait qu’un instant pour me convaincre de changer d’attitude. Je détestais l’admettre autant que cela m’amusait, mais elle avait toujours eu le dessus dans notre relation. Longtemps d’ailleurs, elle avait été la seule fille que je considérais comme supérieure à moi – voir même la personne. Non pas que je sois un de ces stupides machos, mais ma tendance à vouloir marquer, laisser ma tracer, être presque admiré, ça avait troublé ma vision. Mais maintenant, les choses étaient bien différentes, et la remise en cause de mon monde m’avait remis en cause moi. La disparition de Mathilda, et cet espoir malsain qui s’accrochait, voulant toujours qu’elle soit retrouvée vivante, saine et sauve, la dépression de ma mère, l’éloignement toujours plus fort de mon père, mes craintes envers Maya et son avenir… J’avais réalisé que je n’étais pas au-dessus de tout, et encore moins dans mes relations. Être à Poudlard me donnait d’ailleurs la désagréable impression de devoir comparer le tout, avant, après, maintenant. Maya était détendue et détachée, mais elle savait très bien ce qui me traversait. Elle le savait toujours.

Mon état de malaise était sûrement accentué par les papiers dans mon attaché-case. J’étais un peu comme un pingouin avec ça en plus, déjà que je n’étais pas habitué à porter des pantalons de costard, le tout me donnait l’impression d’être quelqu’un d’autre. Ça amusait beaucoup ma sœur, d’ailleurs. Mais je me devais de faire attention à mon attitude, puisque j’avais rendez-vous avec la directrice, Madame Wayland, pour discuter du contenu de l’attaché-case justement… Ma candidature, en fait. Pour le poste d’assistant à l’infirmerie. Et j’espérais qu’elle ne se souvenait pas trop de l’élève que j’avais été. Jay, le typique Gryffondor imbu et amusé de tout, il n’existait plus. J’étais désormais James, celui qui avait travaillé à Sainte-Mangouste, s’occupait de sa mère depuis bientôt un an, et venait jusqu’à son ancienne école pour travailler mais surtout veiller implicitement sur sa petite sœur. Ça aussi, Maya le savait, mais elle agissait comme si de rien n’était. Je lui en étais reconnaissant d’ailleurs, je ne tenais pas étaler le pourquoi du comment. Nous passâmes donc le midi ensemble, tranquillement comme à notre habitude, à rire et à discuter. L’idée de l’avoir près de moi l’année prochaine me faisait plaisir, même si retourner dans le lien de mon adolescence ne me séduisait pas trop. Lorsque Maya dût partir, car elle avait cours, je me sentis soudain minuscule. Je chassai les souvenirs qui ressurgissaient, m’interdisant de me revoir encore jeune et prétentieux, arpentant les couloirs avec ma bande. Je me consolais en me disant que seul l’avenir m’importait, et même si le mien semblait plus difficile que je ne l’aurais cru, j’avais toujours été assez optimiste pour croire aux changements.

C’est en remontant vers le château une demi-heure et deux cigarettes plus tard, que je la vis.

Ce fût l’éclat de ses cheveux qui, comme des paillettes, attirèrent mon regard. Ce n’était qu’une silhouette, près d’un enclos où jouaient des créatures magiques, mais mes pas m’y menèrent, mes yeux s’habituant lentement aux boucles dorés qui dévalaient le dos de la jeune fille agenouillée. Comme les pupilles s’ajustent à l’obscurité, les miennes cherchaient à s’adapter à la lumière réconfortante qui, comme une aura, semblait entourer la fille. Je m’étais approché lentement, sans bruit, distinguant petit à petit le visage de l’inconnue. Le soleil fondait sur ses joues rosies, creusées par des fossettes enfantines qui faisaient écho à la position qu’elle avait – les genoux pliées, comme les enfants le font souvent – mais aussi au sourire malicieux et pourtant nostalgique qui tirait ses traits aussi adulte qu’adolescent. J’eus du mal à me détacher de ce sourire et de l’éclat blanc de ses dents qui, comme tout son être, semblait capter la lumière. Si sa chevelure m’avait d’abord fasciné, je réalisais que c’était elle entière qui me tenait dans un étant d’entre-deux, comme si tout le monde était endormi et s’éveillait autour d’elle. Si l’aube était une femme, alors j’en avais trouvé l’incarnation. Ce ne fût que lorsqu’elle tendit la main que je réalisai les licornes face à elle, dont un bébé qui courbait la tête face à elle, cherchant à être caressé. Mais si je regardais sa crinière un instant, je fus à nouveau aspiré lorsque je vis le poignet de la jeune fille. Fin, sa peau pâle semblait douce que rugueuse… Et cette finesse, j’avais l’impression que je pouvais le saisir entre mes doigts, comme on attrape un papillon.

Sûrement avais-je fais un mouvement de trop vers elle, attiré comme un aimant, car elle sursauta et se tourna vers moi. Au tableau qui s’offrait à moi s’ajouta ses pupilles bleutés qui m’immobilisèrent. J’étais intimidé, et j’avais l’impression d’avoir dérangé un jardin endormi, ses cheveux retournant dans l’ombre lorsqu’elle se tourna, et son poignet s’affaissant comme un papillon qui s’envole.


- Je pensais que les licornes étaient craintives, dis-je simplement.

La seule chose que je voulais lui dire, c’est qu’elle me rappelait l’aube, mais la contemplation à laquelle je venais d’assister me parut bien insistante, et je me contentai de lui sourire, espérant que ses lèvres me gratifient aussi d’un sourire. Je voulais un bout du soleil qui naissait autour d’elle.
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Lizlor Wayland


Lizlor Wayland
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MessageSujet: Re: « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)   « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.) Icon_minitimeVen 30 Aoû - 13:37

Juin disparaissait déjà, aussi vite qu'il était arrivé, emportant avec lui les bourgeons, les jolies fleurs et les belles soirées ensoleillées qu'il avait fait renaître. Si aucune période de l'année ne m'était plus chère que l'été, les grandes vacances, juillet, août, j'avais une affection toute particulière pour juin, sans doute pour le fait qu'il comportait mon anniversaire, mais aussi parce qu'il annonçait justement l'été, chaud et brûlant. Car l'été n'était pas pour moi simplement l'été, celui un peu terne et maussade de l'Angleterre, bien que nous ayons de belles journées dans le Kent. C'était celui de l'Oregon : puissant et brûlant, solaire comme au cœur d'un volcan, parce que c'était là que je me sentais le mieux, au bord de l'océan, à ne pas voir les heures passer tandis que je profitais de la plage, du vent salé et de l'eau turquoise. Tous les plus beaux et les plus purs moments de mon enfance étaient là, dans cette odeur marine qui avait un goût d'infini, et si malheureusement ils s'étaient un peu évaporés, disséminés à l'horizon, il en restait quelques échos dans le crissement du sable blanc, dans la chaleur du soleil qui cuivrait ma peau, dans mes cheveux, mes yeux, mes lèvres desséchées par l'iode et le sel. A ces souvenirs sensoriels s'ajoutaient l'impression rassurante d'être entourée des miens, de Conrad qui n'était plus à l'école et qui rentrait de Salem, de mes parents en vacances et de ces longues et douces journées où nous n'avions rien d'autre à faire de particulier que d'être ensemble. Aujourd'hui, nous n'avions plus la maison de notre enfance, Conrad ne restait plus les deux mois avec nous et Papa n'était plus là ; seule Maman, et je l'avais compris assez récemment, restait ancrée dans cette période merveilleuse. Maman était là, toujours là, comme reliée à la terre et à la nature qui nous entourait, et elle drapait son chagrin et sa perte infinie dans cette douceur un peu fière qui la caractérisait. Retourner en Oregon était toujours un peu douloureux, pour toutes ces raisons, mais quand je retrouvais l'océan pour la première fois, je ne lui en voulais pas : il suffisait que, dès le premier soir, je file sur la dune et grimpe quelques rochers pour apercevoir le soleil qui retombait dans l'eau, dans un dégradé multicolore, pour que mes sens soient apaisés, comme calmés par le grondement doux des vagues qui venaient lécher le bord de la plage. C'était comme si une petite voix me murmurait à l'oreille : tout n'est qu'éternel recommencement. Dans ces moments-là, devant ces spectacles naturels, je sentais comme une aura la présence de Papa, je l'imaginais veillant sur nous, et quelque chose qui ressemblait à des l'espoir naissait avec le coucher du soleil, comme s'il voulait me rassurer - car il allait revenir, demain, les jours suivants. La vie continuait, et je le savais.

Mais juin annonçait aussi la fin de l'année : dès le 1er juillet nous partions tous chez nous, abandonnant Poudlard pour deux mois. J'avais hâte, évidemment : son seulement je préférais les vacances aux cours, mais l'Oregon me manquait de plus en plus cruellement et je trépignais comme une enfant, comptant les jours. En plus, Ruby devait passer le mois de juillet avec nous, et il n'y avait pas un seul instant où je ne m'imaginais pas ce que nous allions faire, où nous allions aller, etc. Les grandes vacances avaient toujours été synonyme de famille : il était tout naturel que Ruby soit avec nous, puisqu'elle était plus que ma meilleure amie, elle était ma sœur adoptive, trouvant tout naturellement sa place au sein d'une famille qui l'avait accueillie à bras ouverts. Je n'avais jamais douté un seul instant qu'elle plaise à Maman et à Conrad, mais mon cœur s'emplissait d'une tiédeur bien agréable à chaque fois qu'ils manifestaient des bons sentiments à son égard, car je sentais réellement que tous les quatre, petits îlots détachés de ce qui autrefois avait été un continent, nous formions une famille, solide et véritable. Ruby avait prévu aussi d'ailler passer quelques temps avec Annalisa, et évidemment, Ewan – ce qui m'emplissait à peu près autant de joie hystérique qu'elle était heureuse – et même si évidemment, j'aurais aimé l'avoir à mes côtés toutes les vacances, j'étais bien trop enchantée à l'idée qu'elle passe du temps avec lui pour que cela assombrisse quoi que ce soit. D'ailleurs, je m'étais posé la question : et Stephen ? Qu'allions-nous devenir, maintenant que s'achevait sa scolarité à Poudlard ? Se voir n'allait pas être un problème, il habitait à Londres, et très certainement il n'allait pas quitter la capitale, où tant de choses lui étaient possibles. Je ne me faisais pas de soucis quant à cela : quelque chose de trop fort vibrait en moi pour que j'ai un seul doute. Bien sûr, j'avais peur... Stephen Fray restait quelqu'un de trop différent pour obéir à quoi que ce soit, mais et alors ? Plus le temps passait plus notre relation s'équilibrait, contre toute attente, malgré les coups de sang et notre éternelle passion pour les collisions. Cela n'empêchait en rien que mon cœur batte un peu plus lorsque sa peau brune se frottait à la mienne, ou bien lorsque, bien masquées sous ses grands airs, il me nourrissait de petites attentions, comme cela avait été le cas lors de mon 17ème anniversaire. Son cadeau ne me quittait plus, et contre ma poitrine battaient toujours les petites ailes de morpho prisonnières de leur prison de verre. L'un dans l'autre, je n'en savais rien, finalement : quelle surprise me réservait un avenir avec Stephen, lui-même si porté sur l'aléatoire de l'existence ? Mais je l'aimais trop pour ne pas espérer, pour ne pas continuer à marcher droit devant, sans me retourner. Après tout, nous étions encore des enfants, et j'avais besoin de lui : n'avait-il pas besoin de moi aussi ? J'avais donc hésité, au sujet des vacances. Pourquoi pas l'inviter ? C'était un pas en avant bien plus net que tout ce que nous nous étions autorisé, mais si je l'amenais bien, la question pouvait se voir d'un tout autre angle. Nous n'allions plus nous voir pendant deux mois – je lui proposais simplement un remède à ce mauvais coup. Restait un autre obstacle, et pas des moindres : Maman, Conrad. Je redevenais la petite Lizlor trop étriquée dans son corps, à cette idée. Qu'allait dire Maman si j'invitais le garçon avec qui je sortais... Et mon frère à la vue de ce garçon qui partageait le lit de sa petite soeur... Tout cela me gênait horriblement, et j'enviais Ruby de sortir avec un garçon suffisamment âgé et responsable pour ne pas devoir se traîner ce genre de problèmes. Enfin : je n'avais pas encore émis l'idée à Stephen, alors, tout restait possible. Il restait encore un peu de temps – très peu -, une dizaine de jours, avant la fin des cours, même si les journées avaient déjà un goût bien prononcé de liberté. Il faisait beau et doux, les professeurs levaient un à un le pied sur les contrôles et les devoirs, Maman s'attaquait déjà aux activités qu'elle faisait à la fin de l'année, et tout le monde dans les couloirs ne parlait que des vacances à venir et de l'année qui se terminait.

Après le déjeuner, j'étais sortie sur le pont pour profiter du beau temps et fumer une cigarette avec Ruby, mais au bout de quelques minutes elle n'était toujours pas là, ce qui signifiait comme nous l'avions convenu que je ne devais pas l'attendre : elle n'avait pas terminé son devoir de Métamorphose (et depuis quelques mois j'avais noté en souriant intérieurement qu'elle redoublait d'efforts dans cette matière, sans doute pour rester irréprochable aux yeux de Prescott, qui était l'ami d'Ewan par la même occasion). Du coup, je rêvassai quelques instants, laissant le soleil me réchauffer la peau, quand tout à coup je me rappelai la discussion de Taylord et d'une autre fille, dans notre salle commune : un couple de licornes dont l'une était blessée avait été recueilli, et ils avaient un bébé avec eux. Je n'en avais jamais vu en vrai et on disait que les poulains des licornes avaient un pelage doré, je voulais le voir de mes yeux. Aussitôt, je quittai le pont, trottinant vers le parc où l'enclos était, sautillant par dessus les grosses touffes d'herbe. Presque arrivée là-bas, je ralentis l'allure pour ne pas effrayer les animaux, et au même moment, Le Chat surgit de derrière un petit buisson et miaula à mon approche. A peine surprise – il avait cette faculté particulière de toujours se trouver sur mon chemin, comme s'il lisait dans mes pensées – je saluai le petit animal et l'attrapai pour le serrer dans mes bras, lui déposer un baiser sur la tête et lui grattouiller le ventre. Il ronronna en se débattant un peu – comme son maître, certaines effusions d'amour le mettaient mal à l'aise – puis me laissa le câliner, et attendit docilement que je le repose à mes pieds ; après quoi il me suivit tranquillement jusqu'à l'enclos, un peu caché derrière quelques arbres, où étaient les licornes.

Je m'approchai avec une douceur infinie et saluai les animaux avec précaution, d'une voix basse mais assez forte pour annoncer ma venue. Comme je m'y étais attendue et connaissant les licornes, les deux parents disparurent dans un bruit d'herbe froissée derrière le petit abri, leur petit trottinant à leur suite. Quelques secondes après, plus un bruit, et ce fut comme si l'enclos était vide de toute créature magique. Je n'étais pas un modèle de patience, mais concernant les animaux, elle était infinie : sans doute avais-je beaucoup appris de ma mère qui travaillait toujours avec ce sérieux tranquille et inaltérable. Je m'accroupis alors, derrière la barrière, ma tête arrivant pile entre les deux morceaux de bois. Le menton posé sur mes genoux repliés, j'attendis alors, des minutes puis encore des minutes, sans me soucier de grand chose, triturant les brins d'herbe autour de moi et en agitant de temps en temps devant Le Chat couché à côté de moi – mais nous devions éviter les mouvements brusques, et il semblait l'avoir compris. Je sentais le soleil me chauffer agréablement le dos, sous mes cheveux lâches, et si je m'étais mise un peu de terre sur les jambes et si mon uniforme dont je portais simplement la jupe et la chemise, car il faisait bon, était un peu débraillé, cela ne me dérangeait en rien – jusqu'à ce que je me dise qu'il faudrait que je me frotte un peu avant de rentrer et de retrouver Ruby. Même si elle s'était habituée à mes négligences, je connaissais son rapport à la saleté et je ne voulais surtout pas la mettre mal à l'aise. Il se passa encore de longues minutes, pendant lesquelles je m'occupais à tresser trois longs brins d'herbe ensemble, et que Le Chat commençait à respirer un peu plus fort, signe qu'il s'assoupissait dans la tiédeur de l'herbe. Mais durant tout ce temps, je percevais de plus en plus distinctement de mouvement derrière l'abri – les licornes m'épiaient et mesuraient le danger, hésitant de plus en plus à se montrer, tandis que je restais immobile. Ce fut le poulain qui mit sa tête hors de la cachette pour m'observer, puis une patte, une autre, et quelques minutes plus tard, il en était sorti, quettant la moindre de mes réactions. Comme je continuais à jouer avec les herbes calmement, il s'approcha de plus en plus, humant l'air, reniflant le sol, avançant puis reculant, avançant encore. Derrière lui, les parents aussi avaient mis le nez dehors, mais restaient plus en retrait et nous observaient avec une certaine hostilité. J'étais un peu triste, mais je savais que les licornes étaient très farouches, quoi qu'il arrive. Le poil du petit était tout doré et miroitai chaudement sous les rayons du soleil, tandis que les l'éclay de ses parents était bien plus blanc et scintillant. Quand il baissa la tête vers moi, je ne bougeais pas, me contentant de diriger l'herbe que je tenais vers son nez pour le chatouiller, et si il sursauta au premier contact, je sentis que j'avais piqué sa curiosité car il se prit au jeu et me laissa le chatouiller. Après quoi, il me renifla la main – mais je sentais qu'il était trop tôt pour que je le touche – renifla le Chat qui se laissa faire avec un calme olympien (qui m'étonna d'ailleurs) puis redressa un peu sa tête et respira l'odeur de mes épaules, de mon cœur, de mon visage et de mes cheveux, tandis que j'essayais de me retenir car son souffle me chatouillait. Je lui indiquai en souriant, et comme il me regardait avec beaucoup plus de franchise, je lui présentai ma main et le laissai l'accepter, puis je lui grattouillai la tête et lui flattai l'encolure, toute heureuse qu'il n'ait plus peur de moi. Les parents s'étaient approchés et semblaient nous observer dubitativement, mais moins effrayés qu'au départ. Et le poulain se laissait faire avec de plus en plus d'espièglerie : il jouait avec moi et soufflait sur mes doigts, tandis que mon poignet levé vers lui s'amusait à lui faire des chatouilles et que je riais de ses réactions. Le Chat nous regardait avec intérêt, et je me sentais comme coupée du reste du monde – ce qui expliqua pourquoi je ne vis pas la personne arriver et que je sursautai légèrement, comme le poulain, quand je sentis sa présence. Les parents avaient déjà galopé vers l'abri, le petit s'était raidi mais n'avait pas bougé, tandis que mon poignet s'était figé en l'air et que Le Chat s'était redressé d'un coup, dardant de ses yeux de félin l'inconnu qui avait bouleversé l'équilibre de notre petit monde.

Je me tournai vers lui de mauvaise grâce, plissant les yeux à cause du soleil. Il était brun, plutôt grand, engoncé dans son costume, mais ses traits m'échappaient encore car je n'étais pas habituée à la lumière qui m'éblouissait.


- Je pensais que les licornes étaient craintives, dit-il calmement.

- Miaou, répondit Le Chat, et j'eus un petit sourire amusé parce que mon imagination lui prêtait une réplique bien sentie et l'air supérieur de son maître.

Pour ma part, je lui lançai un coup d’œil assez hostile, le maudissant d'avoir fait peur aux licornes – le petit animal avait reculé d'un mètre ou deux – et me demandant avec une certaine animosité pourquoi il restait planté là à me regarder alors que je voulais qu'on me fiche la paix.

- Bien sûr qu'elles sont craintives, j'ai de la chance d'avoir pu les approcher, dis-je d'un ton boudeur, espérant qu'il comprendrait qu'il m'avait dérangée. Drôles d'habits, ajoutai-je après un silence, souriant d'un petit air moqueur, cette fois. On ne voyait pas souvent d'hommes en costume-cravate par ici, et même si il le portait bien, il m'énervait d'autant plus car il me donnait l'impression d'avoir été parachuté ici et...

Mais oui ! Je me rappelai au même moment la discussion que Maman avait eu avec Katie, au sujet du poste vacant d'assistant à l'infirmerie, et des entretiens qu'elle allait avoir fin juin pour le pourvoir. Cet inconnu, visiblement en âge de chercher un travail et habillé comme Conrad la fois où il avait été à un entretien, devait sûrement rencontrer Maman bientôt.

- Je ne sais pas si ils vont être du goût de la directrice, lâchai-je alors avec une petite moue embêtée, comme si la directrice en question était quelqu'un de terrible et qu'il fallait craindre ses réactions. Satisfaite de ma petite vengeance, je reportai mon attention sur le poulain qui n'avait pas bougé, relevant ma main vers lui pour qu'il s'approche à nouveau, et lui souriant doucement pour le rassurer.
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James Miller


James Miller
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MessageSujet: Re: « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)   « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.) Icon_minitimeDim 1 Sep - 23:59

Cette beauté était presque terrifiante. Je ne me souvenais pas avoir ressenti une telle sensation, semblable à l’attraction d’un aimant, tandis qu’à la fois, j’avais peur de m’approcher, comme si je risquais de briser quelque chose. Peut-être n’avais-je jamais vu une telle beauté car je n’avais jamais voulu le voir, songeai-je avec une pointe d’amertume. Durant mon adolescence, les filles étaient de jolies créatures que j’aimais bien regarder, mais mon regard n’était pas juste : il était supérieur à elle, comme envers tous les autres. On ne peut apprécier la beauté d’une chose si on ne la considère pas elle-même comme un tout, comme une finalité et non un moyen. Sûrement était-ce mon problème, tout avait une utilité avant, mais j’avais fini par comprendre un peu tardivement que ce qu’il me fallait, c’était être utile, moi. Je voyais la réalité sous différents angles désormais, conscient de la fragilité de chaque chose autour de nous. Je l’avais toujours un peu senti, ma mère m’avait conditionné, elle était une véritable Poufsouffle et son métier d’infirmière rendait tout à son honneur l’empathie qu’elle possédait et qu’elle avait toujours voulu me transmettre à moi et à mes sœurs. Mais parfois, on choisit de fermer les yeux, et c’est ce que j’avais fait longtemps, avec ma petite rengaine : ça s’arrangera plus tard, peu importe. Il y avait quelque chose de très égoïste dans mon raisonnement, mais rien n’était figé n’est-ce pas ? Je n’étais plus cet adolescent confiant, j’avais appris à être dans la masse, comme les autres. Je ne valais pas mieux qu’eux, comparé à ce que j’avais longtemps cru. Honnêtement ? Cette sensation me manquait. Celle d’être admiré, chéri, parce que c’était une protection comme une autre, la seule que je connaissais d’ailleurs.

Je me demandais si je l’avais déjà vu à Poudlard, cette fille inconnue et terriblement magnétique, et si je ne l’avais même pas vu. J’avais du mal à y croire. A en juger par son apparence, elle devait bien avoir seize ans… Elle avait quelque chose d’enfantin, d’innocent, et à la fois, c’était une assurance sauvage qui émanait d’elle et de ses attitudes. Etait-elle plus âgé qu’elle en avait l’air ? Je la regardais toujours au loin, cherchant à deviner. Pouvais-je rester encore loin, à simplement admirer ? C’était un plaisir, réellement, de juste regarder en silence. Je voulais conserver les détails en moi. Mais j’étais quelqu’un qui avait toujours été spontané, du moins avant les bouleversements tout autour de moi ; je n’en restais pas moins un homme d’action. J’étais curieux, et les défis ne m’avaient jamais arrêté. Pouvais-je être déçu, une fois que je me serais approché ? On idéalise beaucoup ce que l’on désire, mais en réalité, je n’avais aucune idée de ce que je voulais. Mes pensées n’avaient jamais été très ordonnées, et je me surpris à songer à la douceur de la peau de la jeune fille, de la sensation qu’elle devait provoquer lorsqu’on l’effleurait, au goût du creux de son cou. Conduis par cette attirance brusque, je fis le pas de trop, et je m’en voulus presque : je ne voulais pas la déranger. Et à la fois, je voulais être un peu plus près. Quel serait le son de sa voix, de son rire ?

J’eus un sursaut, lorsque je remarquai le chat qui était à ses pieds, et qui me lança un miaulement de bienvenue plutôt paresseux. La jeune fille quant à elle, ne me regardait pas avec douceur comme elle l’avait fait pour les créatures, et pour cause, celles-ci avaient pris peur devant ma présence – je me sentis un peu stupide, mais restais sûr de moi. Je ne déviais pas non plus mon regard du sien, tentant de ne pas ciller. A vrai dire, j’avais l’impression de moi-même devoir l’apprivoiser, comme si elle devait d’abord juger si j’avais la permission de m’approcher plus près. Que pensait-elle ? Elle fronçait ses sourcils, plissant son petit nez, et cherchait visiblement à me détailler malgré la lumière qui nous aveuglait un peu tous les deux. Je sentais mon cœur qui s’accélérait étrangement, comme si son regard sur moi me dérangeait, ou plutôt, m’intimidait. Mais à la fois, il battait aussi d’impatience. J’avais envie de l’entendre parler, de voir qui elle était. Dans la manière dont elle me faisait face, je comprenais cependant qu’elle n’avait rien de Sophie : elle ne se laisserait pas faire, elle ne minauderait pas et n’adulerait pas. A vrai dire, je n’étais même pas sûr d’avoir l’avantage.


- Bien sûr qu'elles sont craintives, j'ai de la chance d'avoir pu les approcher, répondit-elle d’un ton un peu accusateur. J’avais vu juste, elle n’était toute douce comme avec le poulain qu’elle tentait d’apprivoiser. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais cela me fit sourire un peu plus. Peut-être était-ce le son de sa voix, un peu grave, avec des accents plus chantants et, me semblait-il, un accent plus américain qu’anglais. La manière dont elle bouder un peu me crispa cependant, et je ne pus m’empêcher de revoir Mathilda qui, charmeuse jusqu’au bout, aimait bien faire la tête pour avoir ce qu’elle désirait. J’effaçai consciencieusement ce souvenir de ma mémoire pour me concentrer sur la fille face à moi. Drôles d'habits, ajouta-t-elle avec un air amusé.

Je n’étais pas à l’aise dans ce costume, c’était sûr, mais je manquai d’éclater de rire. La manière dont elle s’attaquait directement à moi, me provoquant presque, c’était tout aussi étonnant qu’intéressant ; à vrai dire, je n’étais pas vraiment habitué à ça. A Poudlard, j’imposais le respect d’une certaine manière, et on m’avait souvent qualifié de charismatique. Puis, après, lorsque je travaillais à Saint-Mangouste, j’étais presque une figure d’autorité, j’avais le savoir médicale qui me procurait une force étrangère et finalement pas désagréable. Et puis surtout, avec Sophie, j’étais celui qui avait le dessus. A la fois, c’était satisfaisant, mais pourtant… Après, avoir la disparition de Mathilda, je n’avais même plus à détailler : c’était compliqué, plus rien n’était vraiment à sa place habituelle et c’était comme si je ne voulais plus de cette admiration que je ne pensais plus mériter. Je me sentais enfermé, et je m’imposais presque d’être en retrait. Autour de moi, on savait ce qui se passait, et on me traitait presque en conséquence. Je ne voulais pas, moi. Je voulais vivre. Si j’avais longtemps vu les personnes charismatiques comme des rivales ou des alliés intéressants pour mon image – comme Penelope par exemple – aujourd’hui, elles m’intriguaient un peu plus. Elles semblaient avoir en elle cette liberté qui me manquait, et je voulais qu’elles me la procurent.


- Je ne sais pas si ils vont être du goût de la directrice.

Sa moue faussement embêtée me fit frissonner – elle était simplement vraiment mignonne quand elle l’avait – et j’eus un sourire qu’elle ne vit pas lorsqu’elle se retourna vers le poulain. J’eus un instant d’hésitant. Ce n’était pas, clairement, un accueil chaleureux, mais je ne m’y étais pas forcément attendu. Et j’aimais les défis, j’aimais lorsque les choses étaient inattendues et spontanées : l’ordre n’avait jamais été mon allié. Mes souvenirs les plus agréables, je les puisais dans tous ces moments où j’avais agi sans réfléchir, et je revoyais les bêtises que j’avais faites durant Poudlard. Avec du recul, j’étais honteux de certaines d’entre elles. Mais au fond, je ne savais que le problème provenait de qui j’étais, et non de ce que je faisais. Si j’avais eu ne serait-ce qu’une once de considération pour les autres, je n’aurais pas vu d’un tel œil ses années adolescentes. Mais j’aurais pu être capable d’abandonner un ami dans une situation risqué, simplement pour sauver ma peau. Pourquoi ? Véritablement, je n’avais jamais vraiment saisi le sens de l’amitié, et je n’avais pas su l’appliquer. Quelques exceptions subsistaient et m’avaient fait découvrir cette part de moi que j’avais enfoui : cet instinct de protection qui naissait lorsque je tenais à quelqu’un. C’était lui qui m’avait guidé jusqu’à les études dans le médical, d’ailleurs.

Finalement, je fis le choix simple de m’avancer. Tout doucement, en regardant le poulain pour qu’il voie que je ne lui voulais pas de mal. Finalement, je m’asseyais à côté de la jeune fille, laissant tout de même un espace entre nous. Je ne savais pas qui j’avais peur de brusquer le plus : la licorne ou la fille. Je savais que je risquais également de me faire jeter si je ne rentrais pas rapidement dans les bonnes grâces de l’une ou l’autre.


- Excuse-moi de les avoir fait fuir, murmurai-je avec un sourire. Comment tu fais, pour les amadouer ? Je suis plus doué avec les plantes, dis-je d’un ton d’excuse.

Mais peut-être qu’il y avait quelque chose de similaire ? Les plantes n’étaient pas simplement des feuilles et des racines, surtout pas dans le monde magique, et j’avais déjà dû apprivoiser l’une d’elle – j’eus un regard vers mon petit doigt de la main qui avait une légère cicatrice que je devais à une plante carnivore que nous avions étudié en sixième année. Je me souvenais de ce qu’avait dit notre professeur : elles sentent la peur et saisissent l’occasion. Les licornes n’étaient pas violentes, mais pouvaient-elles agir en fonction de ça, ou même des intentions de la personne en face ? Je n’avais pas peur, mais j’étais comme tenu à l’écart, intimidé, par la jeune fille, et je me demandais si le poulain pouvait le sentir.


- Et pour Wayland, c’est vrai qu’elle a une prestance de fou, mais je crois pas qu’elle juge l’apparence, non ? En tout cas, je l’ai toujours trouvé plutôt partiale. Enfin, j’espère qu’elle l’est, j’ai un entretien avec elle. C’est pour ça que je porte ce… Truc, indiquai-je avec presque un rire. Tu ne l’aimes pas, la directrice ? Demandai-je, me tournant légèrement vers la jeune fille. J’hésitai un instant, avant de rajouter, un peu avide. Je suis James, au fait… Et toi ?

A l’intérieur de ma poitrine, quelque chose s’agita : je voulais connaître plus, m’approcher…Apprivoiser.

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Lizlor Wayland


Lizlor Wayland
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MessageSujet: Re: « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)   « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.) Icon_minitimeVen 6 Sep - 20:21

Le souffle du bébé licorne s'était apaisé, et s'il regardait toujours autour de lui avec des yeux écarquillés, et que ses oreilles dressées montraient qu'il était sur la défensive, je le sentais calmé par rapport à tout à l'heure, et enclin à accueillir une nouvelle fois mes caresses. Les poils de son menton chatouillait ma main et j'eus le droit de l'approcher du bout des doigts de nouveau - un petit sourire heureux se forma sur mes lèvres. Le Chat s'était recouché contre moi, tout contre ma cuisse et je sentais son petit cœur battre très vite sous son pelage. Je mis un certain temps à me rendre compte que le jeune homme s'était installé à côté de moi, adoptant la même attitude que moi, d'observateur, un peu caché dans les hautes herbes. Quand je tournais la tête vers lui, mon regard fut mêlé d'une stupeur mesurée - ah, tiens, il était encore là. Il regardait le poulain, la main que je lui offrais, et seulement alors je remarquais le brun très prononcé de ses yeux, les détails de son visage, de ses cheveux, et même assis à côté de moi, je pouvais nettement remarquer sa stature, grande et plutôt carrée : la mienne à côté ne faisait pas le poids. Je n'avais jamais été embêtée d'être menue et de taille moyenne - au contraire, c'était bien plus pratique pour jouer, pour grimper un peu partout, pour me glisser entre les branches des arbres auxquels je grimpais - mais, tout d'un coup, je fus comme... vexée par cette supériorité qu'il avait sur moi, cette supériorité physique contre laquelle il me fallait ruser pour rétablir l'équilibre. Ce fut sans doute pour cela aussi que j'avais été si peu amène, et que je l'avais cherché - pour m'assurer de garder le contrôle, parce que cela m'amusait.

- Excuse-moi de les avoir fait fuir, s'excusa-t-il, bon perdant. C'était un peu nouveau pour moi, cette réaction de la part d'un garçon, car mis à part mon frère qui n'était à considérer comme aucun autre, Stephen restait mon modèle de référence. Or, ce n'était pas dans la nature de Stephen Fray de s'excuser de la sorte et de montrer patte blanche comme le faisait l'inconnu, et puisqu'il avait l'air sincèrement désolé et que le contact avec la petite licorne et les rayons du soleil réchauffaient doucement mon coeur et mon âme, j'étais dans de bonnes dispositions, si bien que je décidais de lui laisser une seconde chance. Il avait l'air gentil. J'aurais été Ruby, sans doute que la conversation aurait déjà démarré, enjouée, et que j'aurais su me montrer bien plus aimable et agréable - mais je n'étais pas Ruby, et dans les rapports sociaux, je savais pertinemment que je me rapprochais plus de la bête effarouchée que de la demoiselle civilisée. Comment tu fais, pour les amadouer ? Je suis plus doué avec les plantes, continua-t-il, détendu.

J'eus un petit rire, que je retins ensuite parce que je compris que non seulement cela pouvait être mal interprété, mais en plus je ne voulais pas me moquer de ça : Maman et Ruby excellaient toutes les deux dans ce domaine et je ne voulais pas les insulter. Mais c'était autre chose : je n'avais pas le même rapport avec les "plantes" qu'avec les animaux, je me rappelais avoir passé tant de temps effacée sous le shautes cîmes de la Forêt Interdite à vivre d'aventures imaginaires, à grimper dans les arbres ; autant de temps à jouer dans le jardin en Oregon, dans le Kent, dans les champs, la forêt. Les plantes étaient ma maison : je ne cherchais pas à les apprivoiser, c'était elles qui m'acceuillaient, tandis que de l'autre côté les animaux étaient comme moi, vivaient de la même manière, à défendre leur famille, leur tribu, à apprendre à survivre quoi qu'il arrive. Et puis, j'avais toujours adoré tous les animaux et les Créatures Magiques, j'avais lu des livres et des livres à ce sujet, je n'avais jamais autant insisté sur quelque chose que sur le fait d'avoir un animal à moi, je n'avais jamais autant souffert d'un refus, et sans doute était-ce l'une des raisons pour lesquelles j'en voulais le plus à Maman. De l'eau avait coulé sous les ponts depuis où ce temps où nous nous opposions sans cesse, je n'étais plus la petite Lizlor perdue dans le brouillard, ou bien son ombre qui cherchait à terrifier les gens. J'étais revenue de mon voyage, j'avais retrouvé Maman, et elle m'avait ouvert les bras. Mais jamais elle n'avait compris cette envie, presque un besoin, d'avoir un petit compagnon, et je savais que je le regretterais toute ma vie. Mais maintenant, j'avais Le Chat ; j'avais aussi des tas d'amis animaux à Poudlard entre tous ceux que nous étudions et ceux de mes amis, ceux qui partageaient mon dortoir - bientôt, très bientôt même, dès que j'allais vivre ma propre vie, je savais que Maman n'aurait plus rien à dire. Je voulais un chat. Et puis Le Chat. Et un hibou. Un grand. Et un couple de boursouflets. Au moins.


- Il faut les laisser s'habituer à toi, répondis-je, les mots sortant tous seuls de ma bouche. C'est plus eux qui doivent t'accepter que toi qui dois les apprivoiser... Regarde, je pris son poignet et le glissai doucement sous le nez de la licorne. Maintenant, tu ne bouges plus jusqu'à ce qu'elle te renifle, s'habitue à toi, et t'autorise à la caresser. C'est tout simple ! lançai-je, tout guillerette, et puis je lâchai sa main et le laissai se débrouiller. Il faut juste de la patience, conclus-je en haussant les épaules. Ce n'était pas si compliqué. Tendre une main et attendre qu'on la saisisse. Mais si tu es habitué à apprivoiser les plantes, alors tu dois être super patient, ajoutai-je avec un petit coup d’œil provocateur, mais surtout amusé.

Dans mes rêves d'enfant, je m'étais toujours dit "plus tard, j'aurais des licornes", et si aujourd'hui ce n'était pas la consécration de mes longues nuit à rêver de cela, c'était tout de même un petit aboutissement, et à chaque fois que le petit animal s'ébrouait ou avait un mouvement en notre direction, je sentais mon âme d'enfant toute émerveillée, je sentais mes lèvres s'étirer dans un sourire plein d'insouciance et c'était bon de l'être à nouveau - bien que le soleil ne dure pas éternellement, il se couchait, tôt ou tard. Mais cela ne changeait rien aux belles journées qu'il nous offrait.

Tout contre mon cœur (comme un écho à mes propres battements) il y eut un petit papillonnement, pendant quelques secondes : cela arrivait de temps en temps. Machinalement, je caressai du bout des doigts le pendentif qui descendait sur ma poitrine, les petites ailes irisées de morpho emprisonnées dans du verre par les soins de Stephen, qui de temps à autre semblaient balbutier quelques mots malgré leur prison transparente : sa façon à lui de me rappeler qu'il était là, toujours.


- Et pour Wayland, c’est vrai qu’elle a une prestance de fou, mais je crois pas qu’elle juge l’apparence, non ? En tout cas, je l’ai toujours trouvé plutôt partiale. Enfin, j’espère qu’elle l’est, j’ai un entretien avec elle. C’est pour ça que je porte ce… Truc. Tu ne l’aimes pas, la directrice ? Je suis James, au fait… Et toi ?

Heureusement qu'en baissant un tout petit peu la tête, mes cheveux dévalèrent mes épaules et me cachèrent, masquant mon envie d'éclater de rire. Je voulais pousser la plaisanterie un peu plus loin, mais je sus que je n'allais pas réussir à garder mon sérieux. Et puis, si je lui faisais vraiment peur en lui racontant des horreurs sur la directrice, j'étais certaine que Ruby trouverait cela "pas très gentil" et parfois je ne faisais pas ou ne disais pas certaines choses quand me venait cette réflexion. Un gage de ma fidélité, j'imagine...

- Lizlor, répondis-je en lui souriant derrière mes cheveux. Lizlor Wayland. J'eus un petit rire et un regard en coin à James, mais je n'étais pas désolée le moins du monde. Ne t'inquiète pas, ma mère est super cool. Enfin... Elle fait un peu peur c'est vrai, mais ça c'est parce qu'elle a trop de classe, mon père disait qu'elle était une reine. L'emploi du passé se faisait naturellement, maintenant.

(Il était mort... Pour de bon. On s'habitue.)

Je haussai les épaules et souris de nouveau, ne laissant pas le temps à James de se poser les questions, ou de me les poser.


- Alors, c'est donc toi qui postule à l'infirmerie ! Mais t'as quel âge ? Comme la petite licorne s'était mise à brouter tout près de nous, je me mis à grattouiller Le Chat, puis j'attrapais une longue herbe pour le faire jouer avec, parce qu'il s'était retourné sur le dos, toujours contre moi. Vas-y, dis-moi pourquoi tu veux travailler ici, je te dirais ce qu'il faut faire pour plaire à Maman, dis-je soudainement inspirée. Enchantée, monsieur... ? Je vous écoute, dis-je en imitant Maman, tout en songeant au rire de Ruby qui aurait retenti si elle avait été là, parce que cela l'amusait toujours quand je reproduisais la voix et les gestes de Maman, et que j'y arrivais plutôt bien.
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James Miller


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MessageSujet: Re: « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)   « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.) Icon_minitimeSam 14 Sep - 0:30

Habituellement, les rencontres que je faisais ne marchaient pas dans ce sens ; non sans prétention, j’avais remarqué à Poudlard que c’était moi que l’on remarquait dans une foule, ou peut-être moi qui savait me faire remarquer. Certains jugeaient l’assurance innée, moi j’étais de ceux qui pensaient qu’elle pouvait s’apprendre, même si cela la rendait peut-être moins authentique. Je ne savais pas si j’avais toujours eu la mienne, si j’y avais pris goût, ni pourquoi j’avais l’impression qu’elle s’estompait de plus en plus. Peut-être parce que j’étais le seul garçon à la maison, j’avais eu ce statut un peu particulier – je ne comptais pas mon père, parce que je ne pouvais pas dire qu’il était vraiment là. Mais à la fois, je n’étais pas le petit protégé de la maison, c’était plutôt le rôle que l’on avait donné à Maya sans qu’elle le veuille ; malgré son plus jeune âge, sa certaine sensibilité qui la rendait fragile, elle ne s’était jamais confortée dans la position de quelqu’un de faible. J’avais peut-être voulu apprendre à m’affirmer, parce que mon père, le seul modèle masculin que j’avais, n’était qu’une ombre qui passait le soir à dîner et ne restait jamais. Je regardais ma mère sourire quand il passait, et plus les années avaient passé, plus je voulais lui crier d’ouvrir les yeux, mais nous gardions tous nos bouches fermées. Peut-être aussi que Leo, le voisin plus âgé avec qui je traînais, m’avait inspiré, parce qu’il était de ceux qui avait une assurance naturelle et que je voulais en posséder une aussi. Avais-je appris, ou la mienne s’était-elle dévoilée au fur et à mesure que l’on s’intéressait à moi ? Je l’ignorais.

Mais une chose était sûre, cette jeune fille avait une assurance innée, qui inversait donc la tendance habituelle des rencontres que je faisais, mais pas comme on en rencontrait habituellement. Ce n’était pas celle qui parlait dans groupe, qui riait fort et minaudait. Je le voyais, parce que quand je m’étais rapproché, elle n’avait pas soudain changé son attitude pour me plaire – elle n’avait pas besoin de toute manière – au contraire, elle s’était presque renfrognée et pourtant elle irradiait de sa lumière l’atmosphère. C’était quelque chose dans ses gestes, à la fois féminin et animal, qui lui donnaient ce magnétisme étrange qui me donnait envie de sourire et de m’approcher. Ce n’était pas celle que l’on remarquait instantanément en rentrant dans une pièce, mais une fois que l’on avait posé ses yeux sur elle, que l’on avait pris le temps d’observer la courbe de sa nuque sous ses lourdes boucles, la rondeur de ses joues, la pulpe de ses lèvres qui cachaient les petits diamants alignés dans sa bouche, les deux océans cachés sous ses paupières fines, la cambrure de sa chute de rein ou la finesse de ses mains, il était impossible de ne pas vouloir observer plus longtemps. Et c’était ce que je faisais, et j’étais sûr que j’aurais pu passer l’après-midi à détailler chaque angle et chaque courbe de son squelette.


- Il faut les laisser s'habituer à toi. J’eus un sourire. J’avais le droit à une deuxième chance. C'est plus eux qui doivent t'accepter que toi qui dois les apprivoiser... Regarde. Mon corps se crispa. Elle avait pris mon poignet, et je ne m’y étais pas attendu. Ses paumes étaient un peu sèches, et je sentis une certaine rugosité, comme lorsque Maya avait de la corne lorsqu’elle faisait de l’escalade. Maintenant, tu ne bouges plus jusqu'à ce qu'elle te renifle, s'habitue à toi, et t'autorise à la caresser. C'est tout simple ! Il faut juste de la patience. Mais si tu es habitué à apprivoiser les plantes, alors tu dois être super patient.

En effet, certaines plantes pouvaient prendre des heures, des mois, des années à pousser. Mais ça avait quelque chose de beau, de les voir s’ouvrir, et quelque chose d’étrange à les voir faner. Les plantes étaient, à mes yeux, notre plus proche fenêtre vers la course de la vie, c’était un minuscule concentré de la naissance et de la mort – surtout les fleurs. Petit, je me rappelais que ma mère faisait pousser des parterres dans le jardin, maintenant laissés pour compte, et que quand je jouais dehors avec mes sœurs, je la regardais s’occuper de ses petites choses fragiles de toutes les couleurs. A quoi ça sert de s’en préoccuper, avais-je demandé un jour, puisqu’elles meurent toujours une fois l’hiver arrivé ? Je me rappelais encore du regard de ma mère, puis elle avait pris ma main et m’avait tendu la pelle et l’arrosoir, et m’avait dit de m’aider. C’était toujours comme ça avec elle. Elle ne m’expliquait jamais, ne me donnait jamais la solution sur un plateau, et elle me laissait comprendre tout seul. Et j’avais compris qu’il y avait quelque chose de particulièrement étonnant, touchant presque, à s’occuper d’une chose aussi délicate, de la voir éclore, naître, renaître parfois. Puis petit à petit, apprendre à connaître les propriétés, les caractéristiques, de savoir les amadouer. La réalité, c’est que la nature était une source infinie de renouvellement, de création et d’intelligence, et je ne connaissais rien de plus magique que la nature elle-même, à vrai-dire.

J’étais resté silencieux, pour ne pas effrayer la licorne, et elle finit par s’approcher et j’eus un sourire, posant ma main sur son museau que je caressais.


- Elle m’accepte aussi, dis-je de bonne humeur, en me tournant vers la jeune fille avec un grand sourire. C’est vrai que les plantes demandent de la patiente, mais je les trouve plus complexes que les créatures magiques, dis-je en haussant les épaules. J’aimais bien les choses complexes, les défis. Enfin, je veux dire, les humains sont des créatures aussi tu vois, alors que les plantes n’ont rien à voir, c’est vraiment un univers différent, y a rien de comparable. J’eus un sourire, sentant que je m’emballais un peu. Je ne voulais pas non plus vexer la jeune fille. J’ai eu un chien quand j’étais petit, et il a déchiqueté mes BDs de super-héros, depuis, je préfère les fleurs, ajoutai-je en riant.

Mathilda l’avait appelé Jack, à cause du héros d’un film moldu pour filles, avec une histoire d’amour et de bateau, mais ce chien n’avait rien d’un amoureux transi : il avait mangé environ tous les coussins du salon, jusqu’à que mon père rentre ivre un soir et le chasse à coup de pieds. Nous ne l’avions jamais revu, Mathilda avait d’ailleurs fait une scène incroyable, je crois que jamais je ne l’avais entendu autant crier sur mon père. Habituellement, nous ne lui disions jamais rien, parce qu’il n’écoutait pas, ne répondait pas, mais cette fois-ci, elle l’avait injurié, lui avait reproché son absence jusqu’à qu’il se mette vraiment en colère et hausse le ton. Ma mère criait à côté, et j’étais à l’étage avec Maya, mettant de la musique à haut volume pour qu’elle n’entende rien. Puis j’avais entendu un fracas, j’étais descendu en courant, et j’avais vu que mon père avait renversé la table basse. J’avais onze ans, mais j’avais encore cette image distincte des tremblements de ma mère, des larmes de ma sœur. C’était la première fois que j’avais vu mon père s’énerver, lever le ton, sortir de sa torpeur habituelle. Je m’étais mis devant lui, et sur le coup, porté par une colère incroyable, je l’avais frappé. Un silence de mort s’était abattu, puis nous avions entendu du bruit à l’étage, et Maya avait sorti la tête de sa chambre pour demander si nous pouvions faire du pudding pour le dessert. Mon père m’avait fixé avant de quitter la maison, et Maya était descendue, l’air de rien. Plus tard, elle m’avait confié qu’elle savait ce qui se tramait, et qu’elle avait simplement voulu me sauver la mise.

Bon, en tout cas, les chiens et les bestioles, ça ne m’avaient pas réussi.

Je regardais la jeune fille qui, suite à ma question, s’était mise à sourire, presque à rire. Je fronçai les sourcils. Qu’avais-je dis d’amusant ? Mon prénom l’amusait ? Parce qu’il n’y avait sérieusement rien de plus banal que James.


- Lizlor. Lizlor Wayland. Ah. D’accord. Je ne remis même pas en doute sa parole, trouvant tout à coup quelques ressemblances physiques entre elle et sa mère. De plus, je savais que Madame Wayland avait des origines vélanes, et le magnétisme de ladite Lizlor m’apparut encore plus prononcé Lizlor ; c’était beau, comme prénom. C’était inattendu. Comme elle. Ne t'inquiète pas, ma mère est super cool. Enfin... Elle fait un peu peur c'est vrai, mais ça c'est parce qu'elle a trop de classe, mon père disait qu'elle était une reine.

« Disait » ? Je fronçai les sourcils, mais ne dis rien. Mais je connaissais l’emploi de ce temps, moi-même je l’utilisais parfois pour Mathilda – ou du moins, je commençais à l’utiliser, puisque les chances se faisaient plus minces, mais je me contenais devant ma mère ou Maya, pour ne pas leur faire de peines. Le père de Lizlor était-il donc mort ? Je l’ignorais, et je me promis de demander à Maya si elle était courant de quelque chose à ce sujet. Peut-être qu’elle connaissait Lizlor, d’ailleurs ?

Lizlor. Je n’arrivais pas à me faire à ce prénom. Ça sonnait doux, au début, comme un bourdonnement qui retient l’attention, ce Z qui sonnait dans l’oreille et qui tout à coup était relevé par la deuxième syllabe, beaucoup plus intense et profonde, et ce R final, comme un dernier sourire mesquin, une sensation rugueuse dans le palais à laquelle on ne s’était pas attendu et qui restait gravée. Lizlor.


- Si c’est une reine, alors tu es la princesse, non ? Glissai-je avec un sourire.

C’était plus fort que moi. Je ne voulais pas paraître impoli, je ne lui parlais pas forcément pour la séduire – même si oui, une part de moi était irrésistiblement attirée par elle. Je voulais savoir qui elle était, ce qu’elle cachait derrière son allure féline et ses sourires encore emprunts de l’enfance.


- Alors, c'est donc toi qui postule à l'infirmerie ! Mais t'as quel âge ?
- Vingt ans,
Vingt et un, le 8 décembre, ajoutai-je mentalement. Et toi ?

Cinquième année, sixième année ? Elle devait être jeune, sinon, je l’aurais déjà remarqué durant mes années à Poudlard. J’étais été persuadé.

- Vas-y, dis-moi pourquoi tu veux travailler ici, je te dirais ce qu'il faut faire pour plaire à Maman. Enchantée, monsieur... ? Je vous écoute.

J’eus un immense sourire. J’avais donc droit à un petit coup de pouce avant l’heure ? Voilà qui n’était pas désagréable. Je méditais un instant. Comment plaire à Sara Wayland ?... D’autant que pour le moment, je préférais plaire à sa fille. Mais bon, la question n’était pas là. Je me tournai vers elle, finalement, prenant tout à coup un air très solennel.

- Miller, James Miller, dis-je, et je pris sa main pour la serrer, avant de lui lancer un regard hésitant. Tu crois que je lui sers la main ? Demandai-je tout de même, reprenant un ton normal. On savait pas, peut-être qu’il fallait faire un baisemain ?! Je repris mon sérieux, manquant toujours d’éclater de rire. Merci de me recevoir, dis-je poliment, avec un petit hochement de tête. Je viens, comme vous le savez, pour postuler au poste d’assistant à l’infirmerie. Cela fait déjà trois ans, depuis que j’ai quitté Poudlard, que j’ai travaillé à Sainte-Mangouste pour parfaire mes connaissances dans le domaine, dont j’aime l’aspect à la fois théorique au travers de la recherche des remèdes, mais aussi social grâce au contact avec les autres, que je pourrais exploiter à nouveau ici, à une échelle plus petite qui, je pense donc, m’aidera à apprendre et à mettre en pratique mes capacités. Je marquai une pause, reprenant ma respiration… Putain, j’ai l’air d’avoir cinquante ans quand je parle comme ça, pas vrai ? Lâchai tout à coup avec un rire.

Oh, j’aurais pu aussi ajouter dans la liste de bonnes raisons à ma venue ici, que je voulais garder un œil sur Maya, que j’étais doué pour m’occuper des gens vu que je le faisais depuis un moment avec la dépression de ma mère, mais je ne voulais pas jouer la carte de la pitié. J’aurais pu aussi dire, songeai-je, que j’avais très envie de m’occuper d’une fille comme Lizlor, gratuitement s’il le fallait, si mon unique salaire aurait pu être le son de son rire, ça ne m’aurait pas dérangé.

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Lizlor Wayland


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MessageSujet: Re: « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)   « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.) Icon_minitimeMar 17 Sep - 16:58

Heureusement, il n'avait pas l'air de ces personnes insupportables qui s'installent et restent avec nous parce qu'ils en ont envie, mais vous pourrissent la vie par la même occasion. J'avais beaucoup de mal avec cela, puisque j'ignorais être agréable quand je n'en avais pas envie, et j'étais très rapidement irritable et cassante avec les gens sans-gêne - je n'avais pas cette bonne tenue de Maman ou Ruby quand il fallait prendre sur soi vis à vis des autres. Mais James n'était pas dérangeant, il était assez discret pour que les licornes reprennent confiance, et assez détendu pour être agréable, et le soleil qui chauffait mon dos me rappelait à chaque instant combien j'étais heureuse et combien rien ne pouvait entacher mon bonheur.

Je songeais à l'Oregon et j'avais de plus en plus hâte, c'était comme un manque, parce que l'océan avait toujours fait partie de ma vie et que déjà le déménagement dans le Kent avait été une déchirure. Mais c'est en s'éloignant de ce que l'on aime qu'on apprend combien ces sentiments sont importants, et ma relation à ce petit coin de Paradis avait évolué avec le temps. L'Oregon était cet endroit où je revenais chercher mes souvenirs d'enfant et puiser la force dont j'avais besoin, respirer l'air du large et retrouver le bronzage de ma peau de petite fille. C'était un retour aux sources, nécessaire et délassant à chaque fois, mais dont la fusion provoquait en moi un renouveau, une sensation quasi-solaire, comme si le simple contact de la plante de mes pieds sur le sable blanc et chaud me réchauffait toute entière, jusqu'aux confis de mon être. Dans ces moments-là, je savais, et je ne regrettais rien : je savais que la vie était exactement comme elle devait l'être, que malgré tout j'étais heureuse et Maman, Conrad et moi devions l'être, que j'étais ici pour des raisons et que je ne pouvais pas les ignorer, que je ne pouvais pas me fermer sur moi comme je l'avais déjà fait et oublier le reste. J'avais Ruby, j'avais Stephen, j'avais juste la chance d'être là et de l'amour tout autour de moi, à partir de cela, que pouvait-il m'arriver ?

Quand je lâchai la main de James, je constatai avec satisfaction qu'il faisait le nécessaire, et que la petite licorne l'acceptait, lui aussi. Je lui lançai un regard approbateur, avant de caresser du bout des doigts le front du petit animal pour la féliciter d'avoir été si courageuse.


- Elle m’accepte aussi. C’est vrai que les plantes demandent de la patience, mais je les trouve plus complexes que les créatures magiques. Enfin, je veux dire, les humains sont des créatures aussi tu vois, alors que les plantes n’ont rien à voir, c’est vraiment un univers différent, y a rien de comparable. J’ai eu un chien quand j’étais petit, et il a déchiqueté mes BDs de super-héros, depuis, je préfère les fleurs.

Ma première réaction fut de froncer les sourcils et de lui lancer un petit sourire un peu moqueur - non mais, il était sérieux ?! Ces histoires de plantes le passionnaient à ce point ? Moi la première, j'avais une relation très particulière avec la nature et je comprenais qu'on aime tout ce qui s'y rattachait, mais la façon presque analytique dont il parlait de ses pauvres plantes avait quelque chose de drôle et de déroutant à la fois. Chacun ses passions, me dis-je, je savais les miennes et je savais bien qu'on pouvait en avoir des bien étranges et des bien différentes - j'aimais Ruby de tout mon coeur, mais j'avais beau me forcer, je ne comprenais vraiment pas ce que l'on pouvait trouver de follement intéressant dans les Potions. Après tout, c'était mettre des ingrédients selon une liste les uns après des autres, faire bouillir le contenu d'un chaudron, mélanger, et voilà... Rien de très palpitant, surtout quand on savait qu'on pouvait acheter ces potions chez un bon apothicaire. Peut-être que je ne percevais pas la complexité de tout cela, mais je n'avais aucune envie de m'y pencher en réalité, préférant le grand air et l'herbe, l'odeur de la forêt, le contact avec les créatures magiques, plutôt que de rester enfermée dans une salle, assise devant un chaudron qui généralement explosait plus souvent qu'à l'accoutumée, avec moi. Ce n'était pas de la mauvaise foi - cela l'avait été. D'accord, cela l'avait été, au début de mes années à Poudlard je n'avais rien eu d'une élève modèle et j'avais surtout fait en sorte de ne pas l'être, mais aujourd'hui, c'était différent. J'essayais de l'expliquer à Maman, mais elle semblait ne pas comprendre, et je finissais toujours par bougonner et elle par prendre ses airs de directrice. Mais cela ne m'intéressait pas ! Je m'ennuyais en Histoire de la Magie, je ne voyais pas pourquoi nous voyons certaines choses en Métamorphose, j'étais absolument hermétique à l'art des Potions, et je préférais m'amuser avec les plantes en Botanique plutôt que de les dessiner sous toutes les coutures. Faire des efforts, d'accord, mais aller à l'encontre de ce que j'étais, il ne fallait pas non plus me demander la lune ! Heureusement que Ruby m'épaulait et m'aidait pour mes devoirs, sinon je savais que Maman aurait encore moins supporté mes discours. Je ne voulais plus être cette petite fille rebelle pour le simple plaisir de s'opposer, mais j'avais des préférences, j'avais des goûts, et je voulais juste qu'on les respecte, qu'on les comprenne, au moins.

Ma deuxième réaction fut un petit éclat de rire, parce que comparer de simples plantes aux nombreuses créatures magiques, à leurs qualités, leurs différences, et tout ce qu'on ignorait encore sur elles, c'était tout de même un peu exagéré, et amusant aussi.


- Je connais avec quelqu'un avec qui tu t'entendrais bien alors, si les créatures magiques sont trop sauvages pour toi, me moquai-je gentiment avec un petit regard complice. Ruby, ce n'était pas exactement la même chose et je savais que la Botanique n'était pas son point fort quand il s'agissait de toucher à la terre et rempoter des plantes, mais il me faisait un peu penser à elle tout de même, rien qu'avec son petit sourire aimable et ses manières amicales.

J'aurais menti si je disais que je n'avais pas remarqué la façon dont il me regardait, avec insistance bien qu'il ne se trahissait pas trop non plus, et je me demandais ce qui lui trottait par la tête - si ma révélation sur le fait que j'étais la fille directrice faisait de moi une bonne amie potentielle, ou si tout simplement je lui plaisais un peu, et je sentis quelque chose gonfler en moi, un tout petit peu d'orgueil, mais j'étais flattée, et je me sentais encore plus pleine de cette énergie solaire qui ne demandait qu'à jaillir de moi. Il n'était pas mal dans son genre, grand et bien bâti, avec de beau cheveux - très important, les cheveux - et des yeux assez captivant. J'aimais bien la forme de sa mâchoire, le fait qu'elle soit un peu carrée. J'avais relevé ce détail par rapport à ce que je connaissais, à Stephen qui était plutôt en longueur et en finesse. Le simple fait de penser à lui me fit frisonner de plaisir et je repliai mes genoux contre moi, les entourant de mes bras, souriant un instant derrière mes cheveux.


- Si c’est une reine, alors tu es la princesse, non ?


Relevant la tête, cette fois mon regard fut plus doux, et je pinçai les lèvres, profitant de ce compliment.

Était-ce vrai ? Étais-je la princesse de Maman ? Parfois mes vieux doutes revenaient au galop, diffus, flous, mais toujours là pour me faire un peu de mal.
Tu es tout ce que nous avons, Lizzie, m'avait-elle dit ce jour-là. Je la croyais...

- Peut-être,
fis-je en relevant fièrement la tête, joueuse.

Quand il m'annonça son âge, je calculai mentalement que nous avions été à Poudlard en même temps - mais je n'avais aucun souvenir de lui.


- Je viens d'avoir 17 ans ! répondis-je, fièrement. Tu étais dans quelle maison ? Je ne me rappelle pas de toi, précisai-je en haussant les épaules, sans me rendre compte sur le coup que ce n'était pas forcément très sympathique.

Il ne fallait pas m'en vouloir mais parfois ces choses-là m'échappaient, et quand Maman n'était pas là pour me le rappeler en roulant des yeux, ou quand Ruby ne me le faisait pas comprendre d'une petite pression de la main... Je ne saisissais pas forcément l'étendue du monde autour de moi. Avec Stephen, au moins, nous avions tant l'habitude de nous provoquer et de nous rentrer dedans que j'avais un adversaire à ma taille. C'était sans doute, d'ailleurs, ce qui nous liait aussi fort, en plus du reste.

- Miller, James Miller. Tu crois que je lui sers la main ? Merci de me recevoir. Je viens, comme vous le savez, pour postuler au poste d’assistant à l’infirmerie. Cela fait déjà trois ans, depuis que j’ai quitté Poudlard, que j’ai travaillé à Sainte-Mangouste pour parfaire mes connaissances dans le domaine, dont j’aime l’aspect à la fois théorique au travers de la recherche des remèdes, mais aussi social grâce au contact avec les autres, que je pourrais exploiter à nouveau ici, à une échelle plus petite qui, je pense donc, m’aidera à apprendre et à mettre en pratique mes capacités. Putain, j’ai l’air d’avoir cinquante ans quand je parle comme ça, pas vrai ?

J'avais éclaté de rire dès sa deuxième phrase, essayant de garder mon sérieux pour jouer le jeu, je lui avais serré la main, mais dès qu'il avait commencé sa tirade, non seulement son sérieux avait provoqué une crise de fou rire au fond de mon ventre, mais cela n'allait pas en s'arrangeant : il était à la fois si sérieux et si désireux de bien faire que ses phrases alambiquées n'arrangeaient rien à mon état, j'avais envie de lui dire, mais arrête, on dirait un vieux sorcier du ministère ! Et je pouffai, essayant de retenir mon rire derrière ma main, mais je finis par exploser complètement, et j'eus un regard désolé vers la petite licorne qui avait pris un peu peur et s'était éloignée. Mais c'était trop drôle ! J'avais rejeté la tête en arrière pour rire un bon coup, et la dernière phrase de James acheva de me secouer de frissons de rire.

- Mais qu'est-ce qui te prend, Maman est une reine, mais pas la Reine d'Angleterre ! Je riais de bon coeur, sans me retenir, mais il m'amusait. Non, il faut que tu sois plus relax, d'accord elle est à cheval sur les bonnes manières, mais là... Je lui donnai un léger petit coup de poing amical sur l'épaule, comme je le faisais avec Conrad - ce geste m'avait échappé, en réalité. Montre que tu sais plein de trucs et que t'as de l'expérience, mais que t'es cool aussi. C'est ça qui va lui plaire ! Que tu es sérieux, mais que tu es gentil. Que tu es un bon contact, tout ça ! Fais-lui sentir plutôt que de le dire comme ça, Maman est très sensible à ça, notai-je plus sérieusement. Mais en tout cas, dis donc, tu n'as pas chômé après Poudlard ! C'était intéressant, Sainte-Mangouste ? Ce n'était pas... Trop dur ? demandai-je, réellement intéressée. J'admirais ces gens qui voulaient se destiner à de telles choses - mes seules connaissances en la matière étaient les visites de Papa pour sa maladie, les séjours qu'il y passé, et pour moi Sainte-Mangouste était aussi beau que triste, parce on y soignait, mais on y mourrait aussi... Et comment y travailler tous les jours sans y penser, à chaque instant ?
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MessageSujet: Re: « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)   « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.) Icon_minitimeVen 27 Sep - 22:41

En réalité, je me sentais stupide mais ce n'était pas désagréable, pas comme je l'aurais cru en tout cas. Personne n'aimait être un peu ridicule - et je l'étais lorsque je parlais des plantes - mais Lizlor ne riait pas comme certains le font. Ce n'était pas un rire hautain ou méchant, il émanait du fond de sa poitrine et s'envolait tout léger, toujours au coin de ses lèvres près à éclater, et ses yeux riaient aussi. Elle ne se forçait pas, elle était heureuse visiblement, et j'étais curieux et touché d'assister à ce simple instant. C'était comme si une photo s'imprimait très clairement en moi, sur la surface sensible des souvenirs, et je savais que le sourire de la jeune fille était maintenant dans mon esprit, fugace et pourtant gravé. C'était agréable, alors oui, je n'étais pas gêné. Avant, je ne supportais pas la critique, les moqueries. Je voulais être celui qui avait le dessus, et habituellement, c'était moi qui riait des autres. Combien de fois avais-je taquiné les autres, parfois peut-être trop mesquinement, et c'était Maya qui m'avait fait remarqué que je pouvais devenir désagréable. Mais le temps était passé, les angles de vue sur la réalité s'étaient tournés, parfois inversés, et j'étais désormais capable de voir les choses sous les yeux de quelqu'un d'autre, réalisant alors le pouvoir des mots et les conséquences des actes. De ce point de vue là, travailler dans le médical m'avait permis de faire ça, de me mettre à la place de quelqu'un d'autre et de sentir sa peine - c'était à double tranchant, parce qu'il fallait savoir prendre du recul et à la fois, dans beaucoup de cas, il fallait réfléchir au patient et à son fonctionnement, ses sentiments. Et moi, j'étais plus dans le ressenti que dans la réflexion, et je crois que j'avais fini par développer une certaine empathie à Sainte Mangouste qui ne m'aidait pas forcément à garder mon sang-froid. Je me souvenais de ce patient qui souffrait, je lui avais donné un anti-douleur avec empressement, frissonnant de ses gémissements étouffés, avant de réaliser que l'opération devait être faite alors qu'il n'avait pris aucun médicament. Prendre le temps de réfléchir, ce n'était pas encore mon point fort.

Il y avait dans le rire de Lizlor quelque chose de Mathilda, mais c’était un rappel agréable, même s’il faisait naître une certaine nostalgie en moi. Le rire de Lizlor me rappelait celui de ma grande-sœur parce qu’il était naturel, détaché et pourtant possédant cette pointe de mesquinerie, tout en étant enfantin – ça ne se décrivait pas, ça s’écoutait. Chez Mathilda, son rire était sûrement la chose que je préférais, parce qu’au milieu de toute la séduction qu’elle faisait émaner d’elle, il y avait quelque chose de beaucoup plus pur. Si elle n’avait pas été une Gryffondor, j’étais sûr qu’elle serait allé à Serpentard : elle savait comment avoir ce qu’elle désirait, elle était toujours souriante, bien habillée et à être agréable avec tout le monde. Quelque part, ça sonnait un peu faux, comme si tout était prévu, alors quand elle riait et qu’elle lâchait ses apparences, il y avait quelque chose de bien plus sincère en elle. Ce rire un peu enfantin, innocent, c’était celui qui s’échappait des lèvres de Lizlor. Je souriais aussi, et une pensée surgit malgré moi – si Mathilda était en vie, quelque part, j’aurais bien voulu qu’elle rit ainsi.


- Je viens d'avoir 17 ans ! Tu étais dans quelle maison ? Je ne me rappelle pas de toi.

J’haussai un sourcil – et bien, elle était directe elle ! En vérité, j’éclatai de rire instantanément. Je ne me souvenais pas d’elle non plus, comment aurions-nous pu, nous avions de nombreuses années d’écart. Ça aurait été étrange que je remarque l’incroyable beauté d’une fille de première année, en tout cas. Je me demandais comment elle était à Poudlard, avec qui elle traînait, combien de garçons lui tournaient autour – une horde, probablement. De toute façon, je n’étais pas mécontent qu’elle ne se souvienne pas de qui j’avais été à ce moment-là. Mais laissons le passé où il était… Même si il n’avait jamais été plus présent qu’en cet instant, alors que chaque recoin de Poudlard évoquait une foule de souvenirs. Si j’y travaillais, que se passerait-il ? De nouveaux souvenirs se formeraient, n’est-ce pas ? Et avec qui ? Je lançai un regard à Lizlor. C’était toujours étrange de rencontrer quelqu’un, d’imprimer cette première image sans réfléchir à la suite, sans réaliser que peut-être dans quelques mois, cette personne pourrait signifier bien plus qu’une inconnue souriante et audacieuse. Mais le futur était imprévisible : en un sens, j’étais très content de ça, parce que j’espérais bien des changements positifs.

- Joyeux anniversaire en retard alors, dis-je, et j’arrachai du sol un petit bouton d’or qui poussait près de la clôture, et le tendit à Lizlor comme cadeau avec un sourire d’excuse. Je n’avais pas mieux sous la main ! Je suis un peu vexé, j’étais Mister Gryffondor en sixième année et tu ne t’en souviens pas ? Mon égo en prend un coup là… Je tentais d’être sérieux, mais j’avais déjà éclaté de rire. Un coup d’œil vers son blason m’indiqua qu’elle partageait mon ancienne maison – les boutons de sa chemise était ouvert, et je devinais sa peau, la naissance de sa poitrine, et je détournai les yeux quelques secondes plus tard, quelques secondes trop tard. Je ne me souviens pas de toi non plus, désolé, mais je vais tenter d’y remédier si je reviens en septembre prochain. Bien sûr que j’allais me souvenir d’elle. Par contre, ma sœur est ici, en cinquième année, elle s’appelle Maya. Mais elle est à Serdaigle, je sais pas si tu en fréquentes beaucoup !

J’avais senti la fierté vibrer dans ma voix quand j’avais parlé de Maya, malgré moi. Elle était plutôt appréciée à Poudlard, de ce que j’en avais compris, et étant donné qu’elle était modeste, je me doutais que c’était encore plus qu’elle ne voulait bien l’admettre. C’était sans surprise de toute manière, elle était intelligente, amusante, très perspicace et il était difficile de ne pas apprécier une fille comme – en toute objectivité ! Mais quelque chose frissonna en moi, malgré moi, parce que je savais que si j’étais ici, c’était en parti à cause d’elle. Elle avait beau être souriante, je savais qu’elle était bouleversée par tout ce qui se passait, et malgré sa maturité, au fond, elle n’était qu’une adolescente. Je faisais une sorte de choix, j’en étais conscient, venir veiller sur elle en laissant ma mère avec mon père qui ne s’occupait pas un instant d’elle. Mais ma mère était grande – ne pouvait-elle pas prendre ses responsabilités ? Au fond, une part de moi lui en voulait un peu, et j’en avais honte – tandis que Maya grandissait toujours, et je voulais être sûr qu’elle grandisse bien, justement. Peut-être que quelqu’un aurait dû le faire pour Mathilda, d’ailleurs.

Mais Lizlor chassait mes réflexions, et je me pris à son jeu. Plus elle riait, plus je sentais quelque chose qui grésillait dans mon ventre, et lorsque j’achevai ma tirade, j’éclatai de rire aussi, parce que celui de la jeune fille m’était communicatif.


- Mais qu'est-ce qui te prend, Maman est une reine, mais pas la Reine d'Angleterre ! Non, il faut que tu sois plus relax, d'accord elle est à cheval sur les bonnes manières, mais là... Elle tapa de son poing mon épaule, et j’eus un rire bien qu’à vrai dire, ce contact avait fait grésillé mon estomac. Montre que tu sais plein de trucs et que t'as de l'expérience, mais que t'es cool aussi. C'est ça qui va lui plaire ! Que tu es sérieux, mais que tu es gentil. Que tu es un bon contact, tout ça ! Fais-lui sentir plutôt que de le dire comme ça, Maman est très sensible à ça. Mais en tout cas, dis donc, tu n'as pas chômé après Poudlard ! C'était intéressant, Sainte-Mangouste ? Ce n'était pas... Trop dur ?

Alors, ça, c’était une question intéressante. La vérité, c’est que j’appréciais la mort. Pas dans le sens morbide, non, bien sûr que je ne voulais pas mourir et que je ne voulais que personne meurt… Mais je considérais la mort comme un soulagement, aussi étrange que cela puisse paraître. Qui avait-il de pire que finir sa vie lentement, douloureusement ? Et puis… Il y avait Mathilda. L’attente, l’espoir qui s’insinue malgré nous, je ne pouvais pas m’empêcher de le ressentir et il était insupportable. Une partie de moi voulait se convaincre – elle doit être morte, voyons – l’autre refusait d’abandonner – peut-être qu’elle est en vie, quelque part, fuyant ses problèmes de Londres ? – et cette hésitation était insupportable. Je voulais des réponses, et la mort en était l’une d’elle. Mais je me gardais bien de le dire à Lizlor. Je n’allais pas exposer ma grande sœur maintenant – pour dire quoi, de toute façon ?

- Pourquoi c’est pas toi qui me fait passer l’entretien, ça serait plus facile ! Merci des conseils, dis-je tout de même avec un sourire. J’espère juste que ta mère n’a plus l’image de l’étudiant que j’étais, sinon, je peux dire adieu au poste direct ! Mais elle donne des secondes chance, non ? Demandai-je quand même, pour m’assurer.

Si j’étais ici, c’est bien que c’était le cas, n’est-ce pas ? En tout cas, j’étais prêt à montrer à Madame Wayland qu’elle avait raison, en tout cas, que j’avais grandi. Je sortis de ma poche un paquet de cigarette, et en proposai une à Lizlor d’un signe de tête, en allumant une, recrachant la fumée au loin pour qu’elle n’arrive pas dans le nez des licornes qui jouaient plus loin.


- Je travaillais aux urgences, c’est pas pareil… T’as pas le temps de t’attacher aux gens, c’est moins douloureux que de voir des patients pendant des mois voire des années, de les voir souffrir et de s’attacher à eux alors que parfois ils sont condamnés, tu vois ? J’haussai les épaules. Ce n’était pas très bon souvenir que j’avais, des services pour les maladies incurables. Même si bien sûr que quand t’as un gosse qui a joué avec la baguette de son père et qui s’est brûlé la moitié du corps, c’est pas très amusant, mais soigner quelqu’un, c’est vraiment… Un truc cool, résumai-je un peu grossièrement. Et toi, alors, tu veux faire quoi après ? T’occuper des petits poneys à corne ? Me moquai-je gentiment.

Maya adorait les licornes aussi, et j’avais pris l’habitude de me moquer de sa collection de figurines de chevaux et de licornes avec lesquelles elle jouait petite, inventant des histoires incroyables tandis que j’entrais dans sa chambre avec mon Action Man pour tous les tuer avec mon bazooka – oui, les enfants sont cruels et je n’échappais pas à la règle. Heureusement qu’il y avait des gens comme Lizlor pour sauver ces pauvres bêtes, pensai-je avec un rire.

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MessageSujet: Re: « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)   « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.) Icon_minitimeMer 9 Oct - 23:54

Est-ce que j'allais ressembler à cela, moi aussi, dans quelques années ? James n'était pourtant pas bien plus âgé que moi mais je ne pouvais pas prétendre le contraire : il avait une certaine prestance, une présence, qui lui donnait d'avantage de maturité que le laissait supposer son âge. C'était quelque chose qui m'avait toujours frappé chez les gens, qui s'atténuait un peu avec le temps, mais j'avais une tendance à ne pas savoir trop quoi dire et quoi faire en présence de ce genre de personnes, plus grands et plus mûres que moi. Je n'étais qu'une adolescente - mais à vrai dire, j'en étais fière. J'étais fière de ce reste d'insouciance qui me restait un peu, pas toujours, mais assez pour rendre magiques les moments les plus inattendus ou au contraire les plus courants, assez pour courir dans les rues de Londres en plein nouvel an en riant avec ma meilleure amie, assez pour trouver une joie intense et inégalable dans une simple balade en vélos dans la campagne du Kent avec Ruby aussi, assez pour me lever le matin, sentir les rayons du soleil sur ma peau, tourner mon regard vers le ciel et ressentir tout l'espoir du monde dans ce simple et joli spectacle. Assez pour croire, malgré tout, que rien ne servait de fuir, de baisser les bras. Assez pour trouver le courage de m'accrocher à ce qui comptait pour moi, plus que tout. Mais chez James, cette espèce d'insouciance ne m’apparaissait pas aussi clairement que chez la plupart des jeunes qui m'entouraient, et de ce fait, il m'impressionnait un peu. J'adoptais la technique que je connaissais le mieux : l'indifférence et l'amusement, les taquineries, et je me souciais peu du reste, mais au fond, cet inconnu m'impressionnait un peu - et sans doute que sa gentillesse et sa douceur n'y étaient pas pour rien. Elles effarouchaient un peu le petit animal que j'étais toujours, au fond. Je lançais un regard compréhensif à la petite licorne devant nous, dont le museau reniflait et triturait les herbes et les fleurs, pas loin de nous. Je comprenais cette appréhension instinctive qu'avaient les animaux ; j'avais la même.

En dehors de cela, il m'était agréable, mis à part ce costume guindé qui jurait particulièrement avec l'endroit où nous étions et Poudlard, en général. J'aimais tout particulièrement son regard, franc, brun comme l'écorce d'un bel arbre et aussi sombre qu'insondable, mais pourtant j'avais l'impression que les rayons du soleil s'y reflétaient parfaitement et me revenaient comme décuplés, mais radoucis aussi : c'était agréable, et quelque part, un petit peu flatteur.

Une chose était certaine, c'était la première fois que je croisais ce regard-là, bien que de toute façon, mes premières années à Poudlard ne pouvaient pas compter parmi les plus... sociables. Parfois, je me demandais ce qui serait arrivé si je n'avais pas fini par sortir de ma tanière, par attraper ma peur à bras le coeur et me sortir tant bien que mal de ce gouffre où je sombrais. Je me demandais aussi, souvent, quelle aurait été ma vie si je n'avais pas rencontré Ruby, si elle n'était pas devenue cette épaule quand plus rien ne me soutenait, si elle n'avait pas été la main tendue et rassurante pour adoucir mon chemin.


- Joyeux anniversaire en retard alors, fit-il en cueillant un petit bouton d'or et en me le tendant. Je l'acceptais avec un petit sourire de princesse, puisqu'il l'avait dit, mais qui valait un remerciement, et instinctivement rapprochai la petite fleur de ma peau pour qu'elle y imprime son reflet jaune, et je souris ; après quoi je piquais la fleur dans mes cheveux. Je suis un peu vexé, j’étais Mister Gryffondor en sixième année et tu ne t’en souviens pas ? Mon égo en prend un coup là… Je ne me souviens pas de toi non plus, désolé, mais je vais tenter d’y remédier si je reviens en septembre prochain. Par contre, ma sœur est ici, en cinquième année, elle s’appelle Maya. Mais elle est à Serdaigle, je sais pas si tu en fréquentes beaucoup !

La discussion prenait un autre tournant, et si au début cela m'avait un peu renfrognée, cela m'était égal à présent : les licornes acceptaient notre présence, et puis j'avais tout mon temps, Ruby ne m'attendait pas, Stephen non plus, et pour ce qui était des cours, ils étaient devenus si légers avec les vacances qui approchaient que je les abordais moi aussi avec de plus en plus de légèreté... Et puis, James venait de là me donner l'occasion de parler d'un sujet sur lequel je ne tarissais pas : d'ordinaire je n'étais pas spécialement bavarde, mais là !...

- Mister Gryffondor, rien que ça ?! Arrête, tu as déjà des habits bizarres, je vais finir par croire que tu te la racontes, dis-je avec un petit regard taquin. Cela étant dit, le titre de Mister Gryffondor était discutable si on prenait les exemples que j'avais eu moi au long de ma scolarité - si Mister Gryffondor impliquait se taper toutes les filles et de préférence celles qui sont ivres et tristes, très peu pour moi, je me passais des Misters Gryffondor - mais bref. Je haussai les épaules pour le reste - je ne me souvenais pas de lui, il ne se souvenait pas de moi, ce n'était pas un drame. En tout cas, Maya Miller, ça me disait quelque chose, il me semblait que je voyais vaguement qui ça pouvait être, étant donné en plus que je traînais assez souvent du côté de la tour des Serdaigle. Bien sûr que j'en fréquente ! répondis-je fièrement. Ma meilleure amie est à Serdaigle, elle s'appelle Ruby. Tu la remarqueras sûrement si tu travailles ici, non seulement elle est préfète, mais elle aussi elle est Miss, et en plus, c'est la meilleure élève partout ! Et elle est adorable, continuai-je dans ma lancée, elle est aussi super belle, mais, et je levai le doigt en sa direction, pas touche, elle a quelqu'un, ajoutai-je avec un petit sourire. Je ne savais pas encore si Ewan était le bon où si ça allait durer sérieusement, mais étant donné comment elle était amoureuse de lui et lui d'elle, j'étais parfaitement capable de me battre contre la première personne qui essayerait d'interférer dans leur histoire. C'est vraiment la personne la plus géniale du monde, continuai-je sans pouvoir m'arrêter, sans le vouloir non plus d'ailleurs. Je l'aime beaucoup, et en disant cela je sentis ma voix un peu plus chargée d'émotions que je ne l'aurais voulu, et je compris qu'il fallait que je m'arrête là.

J'aurais pu continuer encore et d'ailleurs, je m'apprêtais à dire : avec ma mère et mon frère, elle fait partie des trois personnes qui comptent le plus pour moi, et puis j'aurais pu continuer sur Stephen aussi, dire un peu ce que je ressentais pour mon "petit ami" qui était lui aussi à Serdaigle. Mais cet aveu que je n'avais pas prévu au sujet de Ruby, avec quelqu'un que je connaissais si peu, me mis mal à l'aise et je baissai les yeux vers Le Chat en agitant mes doigts au-dessus de sa tête pour qu'il s'amuse à les rattraper, et en lui faisant des petits gratouillis pendant quelques instants. Le silence me fit du bien, et le soleil qui chauffait toujours mon dos et mes cheveux m'aida à ne pas trop me renfermer dans ma carapace. C'était idiot : je n'avais rien dit de particulier. Mais pourtant, parler de ces sentiments si chers qui en vérité m'étaient bien trop intimes me laissaient toujours dans un état un peu hésitant, flottant entre deux rives.


- Pourquoi c’est pas toi qui me fait passer l’entretien, ça serait plus facile !

- Qui te dit que je ne suis pas super exigeante, au fond ? Mais je me mis à rire car je savais bien que ce n'était pas très crédible, surtout si on s'arrêtait simplement à ma chemise mal boutonnée, ma jupe un peu salie par la terre et mes jambes aussi.

- Merci des conseils. J’espère juste que ta mère n’a plus l’image de l’étudiant que j’étais, sinon, je peux dire adieu au poste direct ! Mais elle donne des secondes chance, non ?

Cette fois la question était plus délicate, et je le regardais un instant droit dans les yeux, probablement plus longuement que les autres fois, probablement pour la première fois que nous nous parlions. L'étudiant qu'il était ? Qu'avait-il à se reprocher ? Les secondes chances... N'en étais-je pas le parfait exemple ? J'eus un petit sourire, à la fois un peu triste, et un peu teinté de mystère. Nous ne parlions pas souvent de cette époque avec Maman, enfin, de comment j'étais, avant. Et puis, depuis que Ruby faisait partie intégrante de la famille, c'était comme si nous avions un nouveau souffle, une nouvelle poussée vers l'avant. J'avais retrouvé la mère que j'avais tant cherché - mais elle, avait-elle retrouvé la fille qu'elle désirait ? Est-ce qu'encore aujourd'hui, je lui faisais honte, parfois, souvent ? Est-ce que je bénéficiais réellement d'une seconde chance ?... Les petites voix de mes démons, pourtant rangées au fond de mes souvenirs d'enfants, aimaient parfois se réveiller quand je m'y attendais le moins, quand j'étais la plus fragile et... Ils me susurraient : Ruby est tellement la fille idéale que ta mère a toujours désirée... Mais je ne voulais pas les écouter ; et puis, j'aimais trop Ruby pour ça.

- Pourquoi, tu as des choses à te faire pardonner ? demandai-je en haussant les épaules et en détournant le regard.

James me tendit une cigarette, et mon premier geste fut de la refuser parce que je ne fumais qu'avec Ruby et en fait je ne fumais pas véritablement, en un sens, j'aimais juste que ce soit avec elle. Mais ce que je venais de me dire me laissait un goût un peu désagréable dans la bouche et j'acceptais son offre, me penchant vers lui pour qu'il me présente de quoi l'allumer. Je tirais sur la petite cigarette moldue avec une amertume un peu particulière, et l'âcreté de la fumée dans ma bouche me fit autant de bien quand elle s'échappa de mes poumons, qu'elle me parut un peu désagréable, presque trop forte.


- Je travaillais aux urgences, c’est pas pareil… T’as pas le temps de t’attacher aux gens, c’est moins douloureux que de voir des patients pendant des mois voire des années, de les voir souffrir et de s’attacher à eux alors que parfois ils sont condamnés, tu vois ? Même si bien sûr que quand t’as un gosse qui a joué avec la baguette de son père et qui s’est brûlé la moitié du corps, c’est pas très amusant, mais soigner quelqu’un, c’est vraiment… Un truc cool. Et toi, alors, tu veux faire quoi après ? T’occuper des petits poneys à corne ?

... J'avais définitivement bien fait de lui prendre une cigarette. Je fumai de nouveau, presque trop - heureusement que cela ne me fit pas tousser. Mon propre père avait eu ce que l'on appelle une "maladie incurable" (le mot me paraissait tellement étrange quand j'étais petite) et les paroles de James ne me laissaient clairement pas indifférentes... Je ne voulais pas y repenser. Pas maintenant.

Je finis par me lever, hissant Le Chat sur mes épaules, et jetant un peu plus loin mon mégot en m'excusant mentalement auprès de Ruby. Avec un petit sourire qui redevenait un peu provocateur comme au début, je fis un signe de tête à James pour qu'il vienne avec moi.


- J'sais pas. Et quoi, t'as un problème contre les licornes ? dis-je en feintant un air menaçant, mais il s'avéra qu'une fois debout tous les deux... Il était bien plus grand, et bien plus carré que moi. On verra bien de toute façon, conclus-je en haussant les épaules, peu désireuse de continuer sur cette voie-là. Cette histoire me mettait déjà assez de pression, non seulement par rapport à Stephen, mais par rapport à Ruby, à Maman. Je vais rentrer, on retourne au château ensemble ? Peut-être que tu as oublié le chemin, après tout ce temps, monsieur l'ancien Mister Gryffondor, et je lui tirai la langue en émettant un petit rire. En tout cas, je suis sûre que Maman va bien t'aimer.

Avec ce qu'il venait de dire au sujet de son travail à Sainte-Mangouste... Je savais qu'elle serait touchée. Je savais aussi qu'elle verrait, comme moi, qu'il avait l'air gentil et attentif, ce qui était tout de même essentiel si il voulait s'occuper des élèves. Je lui lançai un dernier petit sourire et me mis à marcher, serrant Le Chat contre ma poitrine - il ronronnait. Et ce petit bruit, cette petite sensation tout près de mon cœur, me rassura, tandis que nous remontions ensemble le petit chemin de terre.
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James Miller


James Miller
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MessageSujet: Re: « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.)   « Le jardin dormait encore, je l'ai surpris. » (L.) Icon_minitimeMar 22 Oct - 21:30

Il y avait quelque chose d’indéfinissable chez Lizlor, mais qui se ressentait rapidement, c’était cette hésitation qu’elle semblait avoir à plonger dans l’adolescence, dans le monde adulte, comme si elle voulait rester une petite fille sauvage un peu plus longtemps. Elle était toute empreinte de ça, de cette enfance, dans les traits arrondis de son visage et sa manière de se tenir, comme si elle était encore un peu gênée de s’adapter aux codes sociaux que grandir imposaient. Pourtant, il y avait dans son regard quelque chose de plus âgé, comme si des ombres dansaient au milieu des rayons de soleil qu’elle dispersait autour d’elle, d’un regard ou d’un sourire. Et ce qui la rendait si belle, si désirable – je me sentis presque gêné d’avouer qu’elle exerçait ce genre de fascination sur moi, qui me donnait envie de faire plus que simplement l’observer – c’était peut-être justement que, comme une enfance, elle ne réalisait pas du tout qu’elle pouvait dégager tout ce magnétisme, et c’était tout à son honneur, car j’avais appris à mon dépend que l’orgueil n’apportait pas seulement une confiance en soi. Toutes les choses sont à double tranchantes, j’avais fini par le comprendre, car j’avais préféré me plonger dans l’adolescence dans un monde un peu manichéen dont je n’étais pas complétement sorti. Il était tellement plus simple lorsque l’on mettait les choses dans des cases, bonne, mauvaise, gentille, méchante, bénéfique, blessante. Si l’on m’avait dit que les choses pouvaient faire du bien tout en faisant souffrir, j’aurais éclaté de rire, il fallait être stupide pour s’accrocher à quelque chose de douloureux, n’est-ce pas ? Et pourtant, aujourd’hui, je m’accrochais malgré moi à l’espoir de retrouver Mathilda vivante, tout en sachant qu’il était nocif de s’enfermer dans un bonheur de substitution, où je l’imaginais quelque part en train de se la couler douce.

- Mister Gryffondor, rien que ça ?! Arrête, tu as déjà des habits bizarres, je vais finir par croire que tu te la racontes, dit-elle, et j’éclatai de rire. Oui, avant, songeai-je, elle aurait sûrement trouvé que je me la racontais. Mais le passé était le passé, et si tout aussi me le rappelait, Lizlor l’ignorait elle et je n’avais pas à racheter mes fautes. Bien sûr que j'en fréquente ! Ma meilleure amie est à Serdaigle, elle s'appelle Ruby. Tu la remarqueras sûrement si tu travailles ici, non seulement elle est préfète, mais elle aussi elle est Miss, et en plus, c'est la meilleure élève partout ! Et elle est adorable, elle est aussi super belle, mais pas touche, elle a quelqu'un. C'est vraiment la personne la plus géniale du monde. Je l'aime beaucoup.

Elle avait parlé avec une vive émotion, et je ne l’avais pas coupé. Je découvrais, comme au fur et à mesure où l’on lançait un dé, les différentes facettes de Lizlor. Celle-ci me montrait l’attachement qu’elle pouvait avoir pour les gens qu’elle aimait, et je me surpris à être presque jaloux de cette Ruby, car peu importe toutes ses distinctions et ses bonnes notes, elle avait l’amour de Lizlor, et vu la manière dont elle parlait de sa meilleure amie, c’était quelque chose d’enviable. J’eus d’ailleurs envie de glisser que ça m’importait peu qu’elle ait quelqu’un, puisqu’honnêtement, j’étais trop occupée à regarder la Gryffondor… J’étais persuadé que la fameuse Ruby ne pouvait pas être aussi jolie que Lizlor, ou intéressante, mystérieuse… Une foule d’adjectif me monta aux lèvres que je gardais closes. Je ne connaissais pas la jeune fille, ou du moins je venais tout juste de la rencontrer, mais déjà j’étais empli d’une curiosité qui me paraissait presque malsaine tant elle était forte. Pourtant, je le savais, si l’on s’approchait trop vite, on faisait fuir la licorne, le papillon, la jeune fille, et je ne voulais pas dépasser la ligne que j’avais tracé moi-même, par pure politesse ou peut-être par peur de me compromettre.

- Elle a de la chance, commentai-je avec un sourire en coin. Je crois bien que Maya m’a dit qu’elle avait voté pour la préfète pour le titre de Miss, ça devait être ta Ruby, dis-je avec un nouveau sourire.

Mentalement, je notai de demander un peu plus d’informations à ma petite sœur sur cette fameuse Serdaigle, mais surtout sa meilleure amie, Lizlor. Je la regardais jouer avec le petit chat à ses pieds, et j’eus un sourire qu’elle ne put pas voir. Je me surpris à songer à l’année prochaine. Si j’étais à Poudlard, à quoi ressemblerait notre relation ? Aurait-elle envie de passer du temps avec moi ? A vrai dire, moi, j’en crevais déjà d’envie, de capter d’autres instants ainsi, d’apprendre à la connaître, et je me sentais déjà la chercher du regard dans les couloirs. Mais il y a aurait une barrière, j’en étais conscient. Elle serait élève, moi assistant, mais j’espérais que mon poste ne m’empêcherait pas de parler aux élèves, de m’en rapprocher… Du reste, il était un peu tôt pour laisser mes fantasmes se nourrir, mais je ne pouvais pas m’empêcher de me demander quel parfum avait le cou de Lizlor, quel goût avait ses lèvres, et…

Et il fallait que je reste dans la réalité, et que je m’y accroche.


- Qui te dit que je ne suis pas super exigeante, au fond ? J’éclatai de rire, avant de marquer une pause, et de finalement répondre avec un petit sourire que je ne pus retenir.
- Alors je serais votre chevalier servant, ma princesse, et je ferais tout pour être digne de vos grâces, glissai-je d’un air qui se voulait entendu.

En réalité, je me demandais bien comment Lizlor était avec les garçons, ou même les gens en général. A l’écouter, cette Ruby était une personne merveilleuse, et qui plaçait la barre haute pour les autres personnes qui désireraient approcher la Gryffondor. Elle n’avait pas mentionné de petit-ami, en avait-elle un ? J’avais du mal à croire qu’aucun garçon ne soit tombé amoureux des fossettes sur ses joues quand elle souriait, ou du mouvement de ses doigts aux ongles rongés qu’elle agitait au-dessus du chat pour jouer, comme des papillons. Mais Lizlor, est-ce qu’elle était tombée amoureuse ? C’était quoi, son genre de garçons ? Je me surpris à être presque jaloux, à me demander si j’avais les critères pour lui plaire, et je me promis une nouvelle fois de demander à Maya ce qu’elle savait.


- Pourquoi, tu as des choses à te faire pardonner ?

J’haussai les épaules mais ne répondit. Je ne voulais pas m’étaler, et puis, quoi dire ? Bien sûr que j’avais des choses à me faire pardonner, et n’était-ce pas ce que j’essayais de faire tous les jours, depuis longtemps déjà ? Travailler à l’hôpital, m’occuper de ma mère, venir travailler à Poudlard… C’était comme si je me sentais redevable, mais je ne savais pas trop pourquoi, de quoi, mais j’avais cette sensation de devoir mériter ma liberté, ma bonne conscience. Mais actuellement, on était bien loin du compte, de toute façon. Et c’était comme si Lizlor avait entendu que je ne méritais pas tout ça, puisqu’elle finit par se lever, comme pour signifier qu’il était temps de couper court à notre rencontre. Avais-je dis quelque chose qui ne fallait pas, avais-je échoué un quelconque test ? Ou Lizlor avait-elle simplement quelque chose à faire ? En réalité, j’avais un goût amer entre les lèvres, parce que je ne voulais pas que cet instant s’achève. Je venais à peine d’y prendre goût.

- J'sais pas. Et quoi, t'as un problème contre les licornes ? On verra bien de toute façon. Je vais rentrer, on retourne au château ensemble ? Peut-être que tu as oublié le chemin, après tout ce temps, monsieur l'ancien Mister Gryffondor. En tout cas, je suis sûre que Maman va bien t'aimer.

Je me sentis sourire, de ce genre de sourire qu’il est impossible de contenir. Je ne savais pas si c’était son rire, la façon dont elle serait le chat, ou sa dernière phrase, mais mon cœur s’était contracter de plaisir. Je me levai aussi, et un rayon de soleil éclaira le visage de Lizlor, m’aveuglant un instant. J’eus un nouveau sourire, et je suivis la jeune fille en riant, plaisantant sur ce qu’elle venait de dire. Je lui parlai un peu de Poudlard, quand j’y ai été encore, mais parfois, les mots se perdaient entre mes lèvres parce qu’elle se mettait à rire ou qu’elle souriait en grattant la tête du chat, et qu’elle était si mignonne que mon cœur se gonflait et me rendait silencieux un instant. Je sentais que nous allions nous séparer, et j’eus une pointe de panique. Et si c’était la dernière fois que je la voyais ? Tout à coup poussé par cette crainte, j’attrapai sa main doucement.

- Eh bien au revoir, princesse, dis-je, et je lui fis un baisemain en riant. Elle eut un rire aussi, et je fus soulagé qu’elle ne prenne pas comme un affront. Au plaisir de te revoir, même si c'est pour parler de poneys. Elle se moqua de moi, et je lui fis un dernier signe de la main lorsqu’elle se retourna. Je l’observai un moment, sa chevelure, son dos, la chute de ses reins, ses jambes fines sur lesquelles Lizlor semblait plus voler que marcher. J’attendis, ainsi, et silencieusement, je formulais un souhait d’enfant : si elle se retourne, j’ai une chance.

Elle se retourna.

J’avais peut-être l’air stupide, planté là, la regardant toujours sans avoir bougé, mais elle eut un rire, et cela me suffit. Elle me fit un dernier signe de la main avec un regard l’air de dire « mais qu’est-ce que tu fiches » et j’eus un sourire qui se voulait désolé – mais je ne l’étais pas. Je me retournai finalement, prenant la direction du bureau, persuadé que cette rencontre allait me porter une chance. De toute manière, je gardais le rire de Lizlor comme un petit trésor, caché tout contre mon cœur.


(Terminé)
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