Perdu quelque part en haut du monde [PV]

Melany marchait vers la fête foraine avec des papillons dans l’estomac. Elle n’arrivait pas encore totalement à croire ce qui lui arrivait. Elle avait bien vérifier au moins quarante fois que ses cheveux et son maquillage léger étaient parfaits. Juste un petit peu de mascara et de gloss, les cheveux bien ondulés, sa frange retenue par une subtile barrette argentée, Melany était satisfaite. Mais elle avait tout de même le cœur qui battait la chamade. Pour la première fois de sa vie, elle avait un rendez-vous avec un garçon. Bon d’accord, ce n’était techniquement pas vraiment son tout premier, puisqu’il y avait bien eu ce garçon il y avait quatre ans qui l’avait amené cueillir des fleurs en amoureux, selon ses dires, mais cet évènement ne comptait vraiment pas comme un rancard, puisque le garçon aux fleurs avaient donné celles-ci à une autre petite fille du voisinage… Et il n’y avait rien de romantique là-dedans, encore moins en comparaison avec ce qui l’attendait!

C’était arrivé il y avait quelques jours. Melany avait trébuché dans son uniforme scolaire avec un symbole bleu, basculant vers l’avant et renversant tous ses livres autour d’elle. Elle avait aussi des ingrédients de potions, mais heureusement aucun ne s’étaient fracassés sur le sol. Plusieurs personnes avaient ri, certaines avaient même poussé ses manuels plus loin, pour ne pas qu’elle y ait accès. Elle était donc en train de ramasser son gâchis lorsque ce joli jeune homme était arrivé à sa hauteur. Il avait fait fuir les indésirables et l’avait aidé à remettre de l’ordre dans ses affaires. Elle l’avait remercié, puis il l’avait invité à aller s’asseoir sur un banc dans la cour. Elle avait accepté, parce qu’il était vraiment mignon. Elle se sentait toute drôle avec lui. Ils avaient discuté, pas longtemps, mais assez pour qu’il finisse par l’inviter à la fête foraine. Ils avaient convenus d’un moment précis, puis s’était séparé. Il lui avait proposé cette activité pour faire changement de l’école et elle avait accepté avec joie. Ils devaient se rencontrer sur place.

Elle avait donc fait tout le chemin jusqu’à la fête foraine pour rencontrer son rancard. Une fois à proximité de l’endroit, un torrent d’émotion la submergea. En entendant les cris, la foule, les sons des manèges, la musique, les rires, Melany fut sous le choc. Elle n’avait pas réalisé, mais c’était la première fois qu’elle venait à une fête foraine sans son père. Et cela faisait aussi des années que ce n’était pas arrivé. La dernière fois, c’était au début de la guerre. Un attentat avait eu lieu à la fin de la soirée, créant un vent de panique et tout un émoi chez les sorciers présents. Et, depuis la guerre, le père de Melany était encore très prudent et effrayé à l’idée des bains de foule. La jeune Crowley était encore toute petite à l’époque, mais elle se rappelle de tout comme si c’était hier. C’était magique, à l’époque. Son père l’avait accompagné partout avec une grande joie. Il l’avait aussi poussé à affronter certaines peurs, puis ils avaient fait plusieurs manèges ensemble. Voyant que Melany commençait à être fatiguée après plusieurs heures, son père avait décidé de lui gagner certains cadeaux dans les stands d’habiletés. Il lui avait fallu un très long moment avant de gagner quelque chose. Melany aimait voir son père jouer, qu’il gagne ou pas, mais c’était important pour lui qu’elle ait un souvenir concret. Elle était donc retournée chez elle avec un ballon de plage mauve métallique et une peluche en forme de gorille, qui faisait toute sa hauteur à l’époque, et quelques morceaux de vitre dans le bras gauche, suite à une explosion tout près d’elle.

Sous le coup de l’émotion, elle s’était arrêtée net. Juste devant le portail de l’évènement magique, elle avait une larme qui coulait sur chaque joue. Elle les essuya rageusement, en faisant bien attention à ce qu’on ne voit aucune coulisse sur sa peau et se félicita de ne pas avoir mis de fond de teint, puisque sinon tout aurait été plus compliqué. Elle se mit finalement en marche, car ils s’étaient donner rendez-vous devant la Grande Roue de la fête.

La Serdaigle s’approcha de l’attraction, en cherchant du regard son prétendant. Comme elle était petite, les choses étaient définitivement plus compliquées. Quelqu’un de normal aurait pu finir par espérer voir un visage connu en s’étirant le cou, mais Melany ne le pouvait pas. Même en s’étirant, le mieux qu’elle arrivait à voir était le derrière de tête des personnes autour d’elle. Elle espérait sincèrement que tout se passe bien et que le jeune homme se déplace pour vrai. Trop souvent on s’était moqué d’elle et encore plus souvent on l’avait utilisée, que c’était sa plus grande peur maintenant. Le jeune homme lui avait pourtant semblé bien sympathique, et sincère surtout.

De plus en plus nerveuse, elle commença à jouer nerveusement avec le cordon de sa veste, s’amusant à le rendre très long d’un côté, puis de l’autre, mais elle arrêta rapidement. Elle trouvait que cela avait l’air fou et bébé et elle voulait faire bonne impression. Elle se mit plutôt à regarder autour d’elle. Le pire qui arriverait serait qu’elle regarderait partout pour rien. Après quelque instants, elle remarqua enfin le jeune homme. Son coeur s'emballa, puis, Melany lui fit un signe avec ses bras dans les airs, pour être certaine qu’il ne la manquerait pas.

-TAYLOR! JE SUIS ICI!

Voilà, c’était simple, j’étais en mode séducteur. Alors forcément, je portais un tee shirt noir bien moulant qui dessinait parfaitement mes muscles. J’étais sexy à en mourir avec un ce pantalon en jean pas trop serré. D’ailleurs j’avais pu le tester en sortant de la salle commune suivi par pas mal de regard. On dit ce qu’on veut, la fête foraine, c’était l’occas’ idéale pour flirter avec des nanas. Et puis, dans d’autres circonstances, peut-être que j’y serait allé avec la rouquine mais vu qu’elle avait décidée de coller au cul de l’autre con de Serdaigle, c’était pas possible. Elle me donnait des migraines pas possible, celle-ci, avec ses histoires, et maintenant, silence totale ! Il fallait choisir, hein, j’étais pas le petit Jesus, et j’avais pas de solution miracle à ses petits problèmes. Et puis d’ailleurs, je m’en carrais complètement le cul de ses histoires moi !... Elle avait eu la lâcheté de ne pas m’affronter et de déguerpir comme une voleuse, me laissant complètement pantois devant tout le monde, merci mais non ! Alors, ouais, j’avais grave le seum parce qu’elle m’adressait plus la parole. Je n’irais pas jusqu’à dire que l’entendre parler de sa meuf me manque, mais la taquiner si. Eh merde… J’étais dans un foutu pétrin là.

Alors, bon, dans l’idéale, j’avais décidé de partir à la chasse, vu que l’autre cruche m’ignorait complètement. Dans cette affaire, c’était elle qui souffrait le plus de l’éloignement, pas moi, et elle devait s’en mordre les doigts. Ne plus me parler, c’était comme ne plus respirer, elle le savait, je le savais, et pourtant, cette fois, je n’avais plus la même certitude. Et si elle était vraiment sérieuse ? Ca crevait les yeux, putain, qu’elle m’aimait à en mourir, qu’elle me voulait ! J’pouvais parier que si j’allais la voir, là, tout de suite en m’excusant, je pourrais l’emballer en lui sortant des disquettes. Pas dur de se faire Rouky. Le truc, c’était que je voulais pas me la faire. Comment dire ? Elle craquait sur moi, c’était clair, mais si je me la faisais, je devrais plus lui parler. C’était comme ça, les règles du jeu. Je sors avec une fille une fois, pas deux. Et, dans mon fond intérieur, je savais que je préferais largement avec Rouky comme pote que comme copine, ça tombait sous le sens. Et puis, ouais, de toute façon, elle peut plus me blérer alors je sais pas trop pourquoi je pense à ça.

La fête forraine, donc, en Ecosse, dans le trou du cul du monde. A ce niveau-là, on pouvait pas faire pire, c’était complètement désert, et c’était limite si on ne voyait pas passer d’avions. Pour moi, un ciel sans avions, c’est comme si l’humanité avait déserté cette partie du monde. C’est dire que c’est un trou paumé ! Et puis je m’attendais carrément à voir passer des tracteurs ! On l’aura compris ; j’étais pas trop branché pour me balader dans toute cette merde pour me rendre à une foutue fête, où, justement, on ne savait pas comment il fallait la faire. Des manèges ? C’est une blague ? Personne d’un peu téméraire ne se contenterait de ça ! Ce qu’il me faut à moi, ce sont de vrais sensations ! Sauter du haut d’une falaise, du parapente, du parachute, ça, c’est des sensations ! Et donc, leurs histoires de gonzesses avec des tours de manèges volants, c’était une grosse blague…

Mais bref, j’étais pas là pour ça moi…

Ca devait bien servir à quelque chose d’être à Gryffondor –la maison des plus courageux etd es plus forts, gnagnagni gnagnagna-, et à l’occasion, c’était pas mal de se servir de son blason à bon usage. Personnellement, ça me servais plutôt bien, avec ma réputation de gros dur sans cervelle. Et puis, je l’avais vue, déjà de loin. On loupe pas une fille aussi jolie. De beaux yeux bleus –encore…- mais doux et innoncents, discrets et silencieux, et une belle chevelure brune. J’étais sur qu’en les touchant, j’aurais la sensation de passer ma main sur de la soie. Ca faisait bien trop longtemps que j’avais pas touché une fille. Et puis comme un signe du destin, elle était tombée.

Trop facile…

Elle tentait de récupérer ses affaires du mieux qu’elle le pouvait mais y avait tous ces cons qui balancient ses livres plus loin, et bien que ça m’aurait faire rire dans d’autres circonstances, je m’approchais. Certains Gryffondors qui riaient me sourirent en pensant que j’allais encore maltraiter quelqu’un, et que cette fois ce serait pas eux, bah, ils s’attendaient pas à ce que je les envois bouler. Je leur criais de dégager et ils se pressèrent de le faire. Je l’ai dit, une bande de merdeux ceux là. Ils ont détalés aussi vite que je le leur avait « demandés » et je m’étais approché de la fille.

Le plan était mis en place.

Je l’avais aidé, puis je lui avais proposé de se poser sur un banc. Simplement, je lui avais dit comment c’était chaud ces derniers temps, les cours et qu’on avait tous besoin de souffler, un sourire charmeur de ci de là. Finalement, quoi de mieux que cette saleté de fête foraine pour qu’on en profite, justement, de souffler un peu ? Et hop ! L’affaire était dans le sac ! Et puis elle était quand même vraiment jolie. Des sourcils bien dessinés, des cheveux sombres qui encadraient un visage ovale, des yeux qui brillaient comme deux saphirs, créant un contraste avec sa peau laiteuse. C’était pas permis d’être aussi jolie et de ne pas sortir avec moi au moins une fois. Et puis, c’était bien ça justement. On sortait ensemble aujourd’hui, pour la première et la dernière fois. J’avais cassé avec l’autre Serdaigle du bal, et ça faisait, quoi, une semaine que je n’avais pas tenue de filles dans mes bras, et ça faisait un vide quelque part, que je comptais bien combler. Je me dirigeais directement vers la foule où je n’eux aucun mal à tracer mon propre chemin en bousculant des élèves majoritairement plus petits que moi et bien plus faibles. On pouvait pas louper la grande roue, d’ici, c’était sur ! C’était d’ailleurs le seul manège que l’on voyait depuis Poudlard. On avait convenu de se rejoindre là-bas, c’était plus évident pour nous deux, surtout pour moi parce que je préférais être seul dans ces conditions-là. Je veux dire, marcher dans les bous ne me rend pas agréable.

Vu qu’elle pouvait concurrencer les sept nains pour la taille, Melany était pas du tout localisable dans cette foule. Sa taille ne me dérangeait pas tant que ça, autrement. Assis, ça ne vous empêche pas d’embrasser la nana qui est en face de vous, petite ou pas.

-TAYLOR ! JE SUIS ICI !

Je regardais la foule, tournant la tête en fonction du cris. Ais-je dit que sa taille ne me posais pas problème ? Oui ? Hé bien, oubliez ça ! Je regardais, en approchant du manège, vers le sol, histoire de pas la louper et plus j’avançais, plus je l’entendais. Bon signe. Soudain, je vis une main s’agiter derrière un abruti et je poussais sans ménagement le bonhomme qui me barrait la route. Il protesta mais un seul regard sur moi le fit taire à jamais. Ouais, voilà, boucle-la. Je tournais la tête vers la magnifique brune, qui avait décidé de faire un effort qui était plutôt réussit et je lui souris. Je passais mon bras sur ses épaules toutes frêles et je la guidais vers la Grande roue. Y a rien de plus romantique comme message, toutes les filles le savent. Nous entrâmes dans la cabine et je retirais mon bras pour qu’elle puisse entrer.

-C’est dingue, je commençais, tout à fait sérieux, en m’asseyant en face d’elle. T’es encore plus jolie que quand je t’ai vu la première fois, je murmurais en passant, avec ma main droite, une mèche de cheveux derrière ses oreilles, un sourire figé aux lèvres.