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Always Gold (Emmy)

 
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 Always Gold (Emmy)

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Chuck Carlton


Chuck Carlton
Adulte



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Nombre de messages : 2817
Localisation : Là où on peut faire la fête !
Date d'inscription : 03/03/2010
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Particularités: i should have known better
Ami(e)s: Emmy-Nem, Haley, mon petit lapin! Oh vous inquiétez pas, ça nous choque autant que vous... ; Joy, eh ouais comme quoi ! ; Ruby Miss Parfaite ; Lilian, the one and only
Âme soeur: come to me my sweetest friend can you feel my heart again i'll take you back where you belong and this will be our favorite song

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MessageSujet: Always Gold (Emmy)   Always Gold (Emmy) Icon_minitimeJeu 21 Mai - 15:26


https://www.youtube.com/watch?v=vqc2uOunPdA

We were tight knit boys
Brothers in more then name
You would kill for me
And knew that I'd do the same
And it cut me sharp
Hearing you'd gone away

But everything goes away
Yeah everything goes away

But I'm going to be here until I'm nothing
But bones in the ground

And I was there, when you grew restless
Left in the dead of night
And I was there, when three months later
You were standing in the door all beat and tired
And I stepped aside

We were opposites at birth
I was steady as a hammer
No one worried 'cause they knew just where I'd be
And they said you were the crooked kind
And that you'd never have no worth
But you were always gold to me

And back when we were kids
We swore we knew the future
And our words would take us half way 'round the world
But I never left this town
And you never saw New York
And we ain't ever cross the sea

All my life
I've never known where you've been
There were holes in you
The kind that I could not mend

And I heard you say
Right when you left that day
Does everything go away?
Yeah, everything goes away

But I'm going to be here 'til forever
So just call when you're around


(Mois de Mai)


La lumière de l’infirmerie me faisait mal aux yeux, j’avais l’impression d’être un lendemain de cuite alors que tous les sons et les traits de lumière me fracassaient le crâne et résonnaient à l’intérieur, encore et encore. Mes tempes bourdonnaient et j’étais fatigué, l'avant-veille au soir j’avais été au pub avec mes collègues et comme souvent, on avait fini plus tard que prévu, alors ce matin avait été difficile, et puis… Et puis le hibou était arrivé, et tout avait basculé.

Pour moi, j’étais encore avant-hier soir, avec mes potes, dans le fameux pub où on allait tout le temps, où le patron nous servait des coups, où on mangeait souvent parce que la bouffe était bonne. J’aimais particulièrement ce pub parce qu’il ressemblait à celui où Angie et Hamish nous emmenaient manger des cheesecakes avec Tess et Coop quand on allait en week-end ou en vacances chez eux. On avait toujours double dose de crème et de caramel, et je ne sais pas pourquoi mais même si il y avait de l’eau dans le gaz par moments entre mon oncle et ma tante, ces après-midi là étaient toujours parfaites, on rigolait tous ensemble et en profitait, et l’espace de quelques heures on oubliait qu’on avait une bonne famille de merde et on se disait qu’on suffisait à nous mêmes. Ca avait toujours été le cas, en fait. C’était sûrement pas les débris qui me servaient de parents qui auraient pu faire pencher la balance… mon père isolé au fond de son garage pour mieux s’enfiler ses bouteilles de whisky premier prix, ma mère vissée sur son canapé à beugler devant sa télé en se refaisant les ongles chaque jour qui passait… Elle hurlait au téléphone, elle hurlait sur le poste, elle hurlait sur son mari, et quand elle s’ennuyait trop de sa vie minable, elle hurlait sur nous. C’était drôle, tiens : j’avais l’impression de ne pas me souvenir d’une seule fois où elle avait parlé normalement, à moi ou à Coop. Ca devait être pour ça que je ne captais rien à ce qu’elle essayait de me dire : elle était face à moi, elle me disait quelque chose, mais j’avais mal à la tête, je ne comprenais rien, et je ne voulais rien comprendre. Angie prit le relais et elles me laissèrent tranquille – ça aussi, tiens, c’était bizarre de les voir toutes les deux, de les voir tous les quatre, même, après toutes ces années, dans cet endroit à Poudlard, tellement à des lieux de ma vie à Bristol. Le fait que ma mère avait été une sorcière un jour me paraissait toujours le truc le plus improbable du monde, tellement elle était plus proche de la plante en pot que de n’importe quoi d’autre. Dire qu’elle avait été à Poudlard elle aussi ! Je tournai la tête en tentant de me mettre dos à la fenêtre – peut-être qu’éviter la lumière du jour me ferait moins mal aux yeux, au cerveau. Mais bah, ça ne faisait que dalle, et je me retrouvais juste face à mon père, assis dans un fauteuil, immobile. C’était même pas drôle : en tant que moldu, sa réaction dans un milieu sorcier comme Poudlard aurait pu être drôle à observer, mais imbibé comme il était, il avait juste l’air aussi à l’ouest que d’habitude. Peut-être juste un peu plus.

Tess pleurait dans les bras d’Hamish, encore – elle pleurait depuis tout à l’heure, mais moins fort, parce qu’elle avait hurlé pendant de bonnes minutes, et personne n’avait pu l’en empêcher. Ça me rendait triste de la voir pleurer comme ça, comme un bébé dans les bras de son père, j’avais envie qu’elle arrête, j’avais envie de la faire rigoler comme quand elle était petite et qu’elle pleurait un peu après une tôle en skate quand j’essayais de lui apprendre, et qu’une blague débile suffisait à lui rendre le sourire. Le problème c’est que là, je savais qu’aucune blague ne suffirait.

En fait, j’en avais marre. J’avais envie de me barrer. Il faisait trop chaud, ça m’étouffait ce temps clair mais gris, ce soleil caché mais qui chauffait quand même. Du coup, l’atmosphère était étouffante dans l’infirmerie, et ça n’arrangeait rien à mon état : ça m’écrasait la tête, j’avais l’impression d’avoir une enclume sur le crâne et un étau de chaque côté de visage, j’étais fatigué, limite un peu stone. De toute façon, maintenant, c’était du gâteau non ? J’imagine que ce qui suivait dans ce genre de situations, c’était toujours la même chose, alors ça n’allait pas être très compliqué.

J’étais le seul assis sans bouger, avec mon père, à l’autre bout de la pièce. Sinon, tout le monde s’agitait : Hamish berçait Tess qui se débattait un peu, Pomfresh et son assistant discutaient avec Angie et ma mère, Wayland était arrivée, quelques profs aussi, ils étaient repartis, un sorcier que je ne connaissais pas, etc. Tout le monde s’affairait dans tous les sens et paraissait très absorbé dans ses tâches, et moi je les regardais. Je m’étais juste levé deux ou trois fois apporter un verre d’eau à Tess, un papier à Angie, et j’avais répondu à quelques questions de Pomfresh à propos du traitement de Coop, des personnes qui le traitait à Sainte-Mangouste, de ses remèdes, etc. Evidemment : ce n’était pas ma mère qui allait répondre  à ça, vu comment elle s’occupait de ses gamins. Les regard un peu froid et sec de Pomfresh à l’égard de ma mère ne m’avait pas échappé. Mais elle n’avait rien dit : pas le moment, j’imagine. Bah, qu’est-ce que ça pouvait bien foutre, maintenant, de toute façon.

Mais en fait, j’avais pas vraiment envie de me lever : de là où j’étais, si je regardais en face et sans tourner la tête, c’était bon. Je ne le voyais pas. Et je n’avais pas envie de le voir. Je voulais juste partir de là.


- Chuck… Chuck ! Angie avait du prononcer mon nom plusieurs fois, mais j’étais trop dans le coltard pour percuter directement. Je tournai la tête vers elle : elle avait les larmes aux yeux, et son air de maman inquiète qui nous faisait toujours un peu rire avec Tess et Coop, parce que ça lui faisait des yeux immenses comme des soucoupes. On va devoir y aller… Il faut qu’on le laisse, ils vont le préparer.

Je voulais me casser et je voulais juste dormir mille ans et oublier ce mal de crâne de l’enfer, mais bizarrement, impossible de me lever : j’eus envie de tuer Angie pour avoir dit ça. Le laisser ? Ils pouvaient bien tous crever pour que je le laisse, oui. Je tournai mon fauteuil, et tant pis pour la lumière du jour dans ma gueule. Au point où j’en étais, de toute façon.

Il avait l’air de dormir, mais il était tellement blanc que ça n’avait pas l’air d’être si paisible que ça, par contre. C’était juste que ses traits étaient tout détendus, comme si il était tranquillement en train de faire sa sieste. Il avait l’air d’avoir pris quelques années, bizarrement. Je ne sais pas si Pomfresh avait fait exprès mais Coop coinçait souvent sa main sur le drap, entre ses doigts, il laissait l’index et le majeur sur le doigt, et les autres dessous. Je me souvenais lui avoir dit quand il était plus petit et que je l’avais remarqué qu’il dormait comme un gangster avec son gun dans son lit, et ça l’avait fait rire. Peut-être qu’il avait fait exprès, ensuite, j’en savais rien. Mais en tout cas ils n’avaient pas bougé sa main, et ça me faisait bizarre. Il aurait presque pu se réveiller. Mais j’étais content : quand j’étais arrivé la veille, il avait le visage tellement tiré, les doigts crispé sur les draps, la peau rouge, et même s’il ne se plaignait jamais, comme d’hab, je savais qu’il en avait sacrément bavé, et ça m’avait tué de le voir comme ça et de savoir qu’aucune potion ne pourrait atténuer ce qu’il ressentait. Au moins, il était tranquille, maintenant. Je touchai discrètement sa main – peut-être qu’on n’avait pas le droit, je n’en savais rien. C’était particulier, un corps comme ça.  Plutôt impressionnant. – et elle était glacée, raide. C’était super bizarre, comme sensation. Ce n’était plus du tout comme avant. Je vis alors que Pomfresh avait posé ses lunettes sur la table de chevet ; je les pris et les fis tourner dans mes mains. Elles donnaient un air de gros geek à Coop et ça m’avait toujours amusé de m’en moquer, surtout que je savais que lui les aimait bien. Je les approchai de mon visage : avec, je voyais que dalle. Je les repliais et les rangeais dans la poche de mon sweat. Je crois qu’Angie insista une nouvelle fois pour me dire qu’on devait partir, et je crois que je lui répondis un truc du genre « laisse-moi tranquille ». C’était pas trop le moment.

Mais ce serait quand, le moment ? Je savais qu’il ne viendrait jamais. Et que Coop resterait là, que j’aurais beau le regarder comme ça, il ne se réveillerait pas, et que Tess pouvait bien chialer, ça ne changerait franchement pas grand chose.

Je finis par me lever, la tête toujours à l’envers, et chacun de mes muscles était comme engourdi, ce qui me demanda un effort de fou pour me tirer de là. Je me penchai vite fait au-dessus de Coop pour l’embrasser sur le front, attrapai le sac en toile qui contenait les affaires qu’il avait apportées à l’infirmeries que me tendait Pomfresh, et je suivis les autres. Au fond, j’avais envie de rester.

La suite, je m’en foutais carrément. On suivit Wayland dans son bureau pour je sais pas trop quoi, quelqu’un ramena ses affaires du dortoir, tout ça, tout ça. Moi, je suivais, et voilà. On alla ensuite à Pré-au-Lard pour régler je ne sais pas quoi et trouver un moyen de rentrer. Quelqu’un émit l’idée qu’on pouvait dîner tous ensemble, mais je n’en avais aucune envie, et je ne savais pas trop qui avait le cœur à ça. Je voulais rentrer et dormir, dormir, dormir, pendant mille ans. C’était à tel point que j’avais l’impression d’être abruti de fatigue, d’évoluer au milieu d’un brouillard tiède. Ruby débarqua de je ne sais pas trop où et me serra dans ses bras très fort, avant de me dire quelques mots qui ne m’atteignirent pas trop. Je lui rendis mollement son étreinte – c’était gentil de sa part, vraiment, mais j’avais juste envie de dormir, et d’être seul. D’autres personnes vinrent nous voir aussi, et plus elles arrivaient plus j’avais envie de fuir en courant. Malheureusement, Angie m’avait mis le grappin dessus et refusait que je rentre seul, mais je ne voulais certainement pas aller chez ceux qui me servaient de parents, et pas non plus chez les Tennant. J’avais besoin d’être seul, et comme elle voyait que je ne changeais pas d’avis et que de toute façon l’enterrement était le lendemain, elle était sûre que je n’allais pas me barrer dans la nature. Et puis je voulais filer avant que des gens comme Ruby, Haley, Emmy et compagnie s’offusquent et m’obligent à être en leur compagnie. Je finis par transplaner et rentrer chez moi et me jeter sur mon lit et dormir d’un sommeil de plomb, pendant des heures. J’avais mis deux réveils, me connaissant. Je dus dormir dix bonnes heures avant de me réveiller juste pour manger quelques trucs froids de ma cuisine, et me recoucher et redormir à poings fermés jusqu’à l’heure de la cérémonie.

Malheureusement, c’était le genre de sommeil qui donnait envie de dormir encore plus, et en me réveillant non seulement j’avais l’impression de manquer encore énormément de sommeil, mais j’étais complètement dans la gaz. Je retrouvai ma famille, les autres. Il y avait beaucoup de monde : des élèves de Poudlard, les profs, nos amis, mes amis. Tout le monde était là : Lucy, Chris, leurs familles,  quelques uns de mes collègues, la famille Wayland, tous mes meilleurs potes de Poudlard, Emmy, toute la bande, tout ça. Comme il faisait beau, cette fois – un grand ciel clair et bleu, du soleil, le printemps dans toute sa splendeur, on avait ça dehors dans un grand jardin de Pré-au-Lard, sous des tentes blanches. Les seules fleurs présentes étaient des fleurs blanches, parce que c’était les préférées de Coop, allez savoir pourquoi. Sara Wayland m’avait expliqué qu’on pouvait enterrer Coop à Pré-au-Lard si on le voulait, et quand Angie et Hamish avaient hésité et m’avaient lancé des regards hésitants (mes parents, comme toujours, ne disaient rien, complètement largués), j’avais dit que bien sûr que oui – c’était ce que je voulais parce que je savais que c’était ce qu’il aurait voulu. Bristol c’était peut-être notre enfance, nous deux, notre endroit, mais Poudlard c’était ce dont on avait toujours rêvé, et quand il avait du repousser son entrée à l’école d’un an, je savais que ça avait été la chose la plus horrible qui soit pour lui. Sa place était ici, je le savais.

La cérémonie me rentra dans une oreille et me sortit par l’autre : j’étais dans le gaz, encore et toujours, je n’arrivais à me concentrer sur rien, à part sur mon envie de dormir. Tout le monde était sympa avec nous, tout le monde était triste, tout le monde se recueillait, tout ça tout ça. C’était bien mignon, mais entre le speech de Wayland et des potes de Coop, etc, j’avais un peu envie de rire jaune – non sans dec, c’était terrible et injuste ce qui était arrivé, sans dec, Coop était hyper courageux et se battait contre la maladie depuis des années, sans dec il ne se plaignait jamais et était hyper intelligent et méritant ? Merci bien, l’intention était belle, mais bordel je n’avais besoin de personne pour me rappeler combien c’était terrible et putain d’injuste ce qui était arrivé, et que Coop s’acharnait depuis quatorze ans, tous les jours, contre cette merde de maladie, et qu’il ne disait rien et se débrouillait tout seul comme un grand. Même moi qui le suivais et l’accompagnais partout pour ses résultats et ses rendez-vous médicaux, je ne pouvais même pas prétendre savoir ce que ça faisait. Alors, non merci, je n’avais pas vraiment besoin de tout ça.

A la fin de la cérémonie, je lâchai la main de Tess à côté de qui j’étais installé. Maintenant, c’était les gens qui allaient venir nous voir pour nous présenter leurs « condoléances » (qu’est-ce que ça pouvait bien me foutre, honnêtement) et les organisateurs avaient fait s’envoler les tables et les chaises dans un ordre différent, et apparaître des buffets. Pitié, que ça ne dure pas trop longtemps… Je dis bonjour à tout le monde sans faire attention à personne, et répondit des merci beaucoup à tour de bras (qu’est-ce que je pouvais bien dire de plus ??) tout en me disant que c’était étrange mais vu les tronches désespérées et un peu gênées, c’était limite moi qui avais envie de les réconforter. Au bout d’un moment, quand je sentis qu’on pouvait commencer à partir – ce que je mourrais d’envie de faire – je vis dans un coin Chris, Lucy, Ruby, Emmy et Angie discuter – oh, oh. Je savais de quoi ils parlaient et je poussai un soupir – je n’avais pas besoin de personne et je voulais être seul, est-ce que quelqu’un pouvait l’accepter une bonne fois pour toutes ?  J’allais dormir de toute façon, quelle utilité ! S’ils avaient peur que je me tire une balle, ils me connaissaient bien mal, parce que ce n’était pas trop mon genre. Je les rejoignis en soupirant et en tentant un « je n’ai pas besoin d’une baby-sitter », mais tout le monde s’en moqua comme de sa première paire de chaussettes. Le soleil se couchait sur Pré-au-Lard, et comme je regardai ailleurs en attendant qu’ils se démerdent de leur coin, je me fis la réflexion que cette envie de dormir qui m’écrasait complètement pesait aussi de tout son poids sur tous mes organes et que c’était peut-être ça, avoir le cœur lourd…
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Emmy Yeats


Emmy Yeats
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MessageSujet: Re: Always Gold (Emmy)   Always Gold (Emmy) Icon_minitimeVen 22 Mai - 0:50

- Violet ! Combien de fois je t’ai dis de ne pas utiliser mon maquillage ?
- C’est pas moi c’est Max !
- Emmy tu as une lettre !
-Max ? Mon maquillage ! Arrête un peu ! J’ai besoin de mon mascara, je sors !
- EMILY ! TU AS UNE LETTRE URGENTE !
-OH CA VA J’ARRIVE C’EST BON ! Voilà, voilà, c’est sûrement le Ministère en plus, cette putain d’affaire sur l’autorisation B-44, merci bien du cadeau…
- Quelle affaire ?
-Mais tu sais, je t’ai dis hier ! Tout ça parce qu’on a rendu les papiers à temps, je t’assure que c’est fa…
- Ma chérie, ça va ? Emmy ? Qu’est-ce qui se passe ?


***

J’avais enfilé ma robe sorcière noire, et j’avais l’impression de nager dedans. Je m’étais à peine regardée dans le miroir – à quoi bon, ce n’était pas comme s’il fallait se faire belle pour l’occasion – et j’avais attrapé mon sac à main avant de sorti transplaner. Sur mon bureau était posée la lettre de Ruby que j’avais relu en boucle depuis que je l’avais reçue hier soir. J’aurais dû me douter que ce petit hibou blanc et argenté n’appartenait pas au Ministère, il était trop petit et trop distrait. J’aurai du comprendre que cette lettre était urgente pour une raison totalement différente qu’une affaire stupide d’autorisation et de papier admiratif. Mais j’étais trop préoccupée, parce que j’avais passé une mauvaise journée, que j’étais en retard à ma soirée, et je ne pensais qu’à Violet qui avait joué avec mon rouge à lèvres. Qu’est-ce que c’était futile à présent ! Hier, j’avais l’impression que ces petites choses étaient insupportables ; à présent, elles étaient floues, ridicules. Je l’avais compris dès que j’avais lu les mots sur le parchemin. Je me rappelai de ma mère qui m’appelait, inquiète, de ma vue qui se brouillait, de l’incompréhension. Les mots dansaient devant mes yeux sans jamais prendre leur sens. Non, non, non… Non, ce n’était pas possible, n’est-ce pas ?

J’étais restée allongée sur mon lit toute la soirée, refusant de manger, fixant le plafond. J’avais pleuré aussi, beaucoup, jusqu’à l’épuisement. Violet et Max étaient venus m’apporter de la soupe, et je les avais serrés fort, pleurant encore, tandis qu’ils essayaient de sécher mes larmes. Je ne sais pas si je m’étais endormie avant qu’ils partent se coucher, ou l’inverse, le temps était un peu tordu, tout comme les choses autour de moi. J’avais l’impression qu’un énorme poids m’était tombé dessus, et que je n’arrivais plus à respirer. C’était un mauvais rêve n’est-ce pas ? C’était trop injuste, trop impossible, trop horrible, ça ne pouvait pas être possible ! En ouvrant les yeux ce matin, ça avait été ma première pensée. Ce n’était pas vrai. Mais la lettre était encore sur mon bureau, les mots étaient encore là. « Coop est décédé. » La vérité était ainsi, que ça nous plaise ou non.

En arrivant à Pré-au-Lard, je cherchai Gwen et Jack du regard, mais ils n’étaient visiblement pas encore là. Je me mêlai à la foule d’élèves, tous vêtus de noir, me sentant toute petite. J’avais l’impression d’être encore un enfant, et quand je pensais à Coop, je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir la gorge qui se serrait horriblement, parce qu’il était bien trop petit, trop minuscule, et la mort était trop grande, trop effrayante pour le toucher. Pourtant, je savais qu’il était malade, je savais que c’était grave même si Chuck ne s’attardait pas dessus. Mais… C’était loin. C’était impossible. La mort d’un enfant, c’est impossible, pas vrai ? Je savais que ça existait, je savais qu’il y avait des maladies incurables même chez les sorciers, et je savais que parfois les innocents étaient touchés. Mais je ne l’avais jamais vu. C’était un concept flou, une fumée lointaine que je ne pouvais pas saisir. C’était trop… Cruel. Trop cruel pour être vrai. Et je détestais que soudain cette fumée soit devenue un énorme bloc de pierre qui m’était tombée dessus. Je détestais que tout ça soit vrai, qu’il n’y a pas de guide sur comment faire pour gérer ces situations, qu’il n’y ait pas de mots, qu’il n’y en ait jamais. Il n’y en aurait jamais. Je ne savais même pas comment décrire ce que je ressentais. Les mots étaient insuffisants. J’avais seulement la sensation qu’on avait éteint toutes les bougies du monde, qu’il n’y avait plus d’été, plus de rire d’enfant, plus rien d’heureux. Je me sentais désemparée.

Lorsque je vis Chuck au loin, je sentis les larmes me monter à nouveau aux yeux. Je n’osais pas aller le voir, il avait l’air d’être avec sa famille, mais je distinguais clairement ses traits fatigués, usés. Il avait l’air perdu. Il ne pleurait même pas, ce qui ne m’étonnait pas vraiment. Il était trop assommé. Je voulais prendre sa main, le prendre dans mes bras, je voulais le faire rire. Mais en cet instant, il y avait un océan entre nous, un océan entre toutes les choses que j’aurais voulu lier. Tout était loin, inaccessible.

Je sentis une pression sur mon épaule et me retournai en sursautant. C’était Ruby, accompagnée de Lizlor. Je leur fis un petit sourire, murmurai un bonjour, mais je n’arrivais pas à parler plus. J’articulai un merci confus à Ruby pour la lettre, et elle me fit un sourire maternel qui me réconforta un peu. Quelques instants plus tard, je vis Gwen et Jack, et nous nous dirigeâmes tous ensemble vers le lieu de la cérémonie. Gemma était là aussi, et elle prit ma main, ce qui me réconforta un peu. Je reconnu au loin Heather, je vis également des anciens professeurs… Si seulement le contexte était différent, j’aurais été si heureuse d’être de retour ici. Mais les visages étaient tous fermés, tristes, et l’atmosphère lourde. Ça n’avait rien de mes souvenirs de Pré-au-Lard.

Quelques personnes parlèrent, ce qui acheva de m’émouvoir – je laissai les larmes couler, incapable de les retenir. Je n’avais pas beaucoup connu Coop, je n’avais passé que quelques après-midi avec lui et Chuck, mais les mots prononcés étaient justes, je savais qu’il représentait très bien qui il avait été. Le discours de Sara me toucha particulièrement, parce qu’elle parlait comme une mère, et ça me donnait envie de revenir en arrière, de bercer Coop parce qu’il n’était encore qu’un enfant, et il ne méritait pas d’avoir mal. A la fois de la cérémonie, nous levâmes tous nos baguettes pour envoyer des paillettes blanche – à l’image des fleurs – dans le ciel, et elles s’envolèrent avec le vent, comme si de la neige remontait vers le ciel. J’eus un petit sourire triste. Malgré tout, c’était beau, à l’image de Coop, et je me plaisais à croire que la cérémonie était à la hauteur de sa personne. Le soleil était d’ailleurs haut dans le ciel, il faisait presque chaud, et c’était une belle journée de printemps. Ça aurait pu jurer affreusement avec la tristesse de la journée, mais pourtant, c’était… Réconfortant. C’était comme si la Nature s’était faite belle en l’honneur de Coop.

Je m’approchai de Chuck doucement, et en arrivant à sa hauteur, je le serrai dans mes bras doucement, sans rien dire. Il avait l’air de regarder au travers des gens, des choses, comme s’il ne voyait rien de concret. Je m’écartai, et pris également Tess dans mes bras. Je n’avais passé qu’un après-midi avec elle, mais je l’avais adoré, et j’espérai qu’elle sentait la sincérité de mon geste. Elle était si jeune, elle aussi, pour faire face à la mort de quelqu’un…

Je retrouvai ensuite rapidement Ruby, Chris, Lucy et la tante de Chuck, et constatai que je n’avais pas été la seule à avoir la même idée. Au moins, nous étions tous d’accord : pas question de laisser Chuck seul ce soir. Ruby tenait à rentrer avec lui, mais elle avait des examens demain – ça n’avait pas l’air de l’arrêter, mais j’insistai pour m’occuper de Chuck. Elle savait qu’elle pouvait compter sur moi. Angie sembla approuver l’idée – je fus assez honorée, d’ailleurs, que l’on me fasse confiance – et Chris et Lucy précisèrent que je pouvais les appeler au moindre problème. Nous discutâmes encore un instant, à voix basse et inquiète, et Chuck nous coupa avec son éternelle rengaine de « je n’ai pas besoin d’aide ». Je voulus lui lancer un regard contrarié, mais j’étais si peinée de la situation et pour lui que je ne pus m’empêcher de le couver du regard. Il s’éloigna à nouveau en traînant des pieds, et je m’apprêtai le rejoindre quand Ruby me tendit quelque chose. Une petite fiole brillante. « C’est une potion pour dormir d’un sommeil réparateur et sans rêves. » m’expliqua-t-elle d’un air entendu. Je la remerciai, me demandant comment elle arrivait à être si prévoyante dans des moments pareils, et je rejoins Chuck. Sans un mot, j’attrapai son bras pour transplaner, sans lui laisser le choix.

Evidemment, arrivés à Londres, il se mit à rechigner, il traîna des pieds, marmonnant dans sa barbe. Je l’avais lâché, et je le laissai marcher devant, sachant très bien que ma présence l’énervait mais qu’il n’était pas question que je parte. Il semblait le comprendre puisqu’il n’essaya pas trop de me semer, et une fois devant la porte de chez lui, il eut un nouveau regard d’un air de dire « laisse moi tranquille, casse toi », mais je l’ignorai et pénétrai dans son appartement avec lui. Je le laissai s’asseoir sur son lit, et je me dirigeai dans la cuisine pour prendre des verres d’eau. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais toujours trouvé que chez Chuck, ça sentait la pizza. C’était peut-être parce qu’on en mangeait toujours ensemble, mais je trouvais que la cuisine sentait cette bonne odeur de fromage fondu et de pâte qui croustille. A présent, je ne sentais que le tabac froid et quelque chose de lourd, d’étrange. Je fronçai les sourcils et rempli les verres, revenant dans le salon d’un pas hésitant.

Je m’étais attendu à tout, sauf à ça. Je savais que Chuck finirait par craquer, mais je pensais qu’il voudrait se cacher, me repousser, se barrer. A la place, il pleurait là, assis, la tête dans les mains. Je m’approchai avec empressement, et posai les verres sur la table basse avant de m’asseoir à ses côtés. J’hésitai un instant, mais naturellement j'eus un geste vers lui. Cette fois-ci, comme prévu, il me repoussa d'un geste vif, protestant. J'hésitai à nouveau. Que faire ?... Je me posai une main sur son genou, le caressant doucement malgré ses mouvements pour m'écarter.


- Chuck, murmurai-je, C'est bon, ajoutai-je doucement, d'une voix douce comme pour l'encourager.

Finalement, je sentis qu'il n'arrivait plus à retenir, et il s'effondra dans un sanglot déchirant. Je le pris dans les bras pour le serrer contre moi, le laissant s’écrouler sur mes genoux. J’entendis ses sanglots redoubler d’intensité, je n’avais jamais vu quelqu’un pleurer avec autant de force et de désespoir, et je me mis à pleurer aussi, tout en caressant ses cheveux, son dos, cherchant à lui prodiguer un soutien silencieux. Il n’y avait pas de mot, n’est-ce pas ? Il n’y aurait jamais. Et il n’y en aurait pas non plus pour décrire cette coupure que je venais de sentir, parce que quelque part en moi, j’avais compris que les choses ne seraient plus jamais pareil, et plus que jamais, j’en étais terrifiée.
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Chuck Carlton


Chuck Carlton
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MessageSujet: Re: Always Gold (Emmy)   Always Gold (Emmy) Icon_minitimeLun 25 Mai - 21:27




https://www.youtube.com/watch?v=nb3EDQM9NXg

Is this the moment where I look you in the eye?
Forgive my broken promise that you'll never see me cry
And everything, it will surely change even if I tell you I won't go away today
Will you think that you're all alone
When no one's there to hold your hand?
And all you know seems so far away and everything is temporary rest your head

I'm permanent

I know he's living in hell every single day
And so I ask oh god is there some way for me to take his place
And when they say it's all touch and go I wish I could make it go away
But still you say
Will you think that you're all alone when no one's there to hold your hand?
When all you know seems so far away and everything is temporary, rest your head

I'm permanent





Je ne desserrai pas les dents jusqu'à chez moi, mais à vrai dire je m'en foutais pas mal. Emmy l'avait cherché - ils l'avaient tous cherché. J'avais besoin d'être seul et je crois pourtant que ce n'était pas trop demander la lune après une journée pareille, mais bon, de toute façon je n'avais pas la force de me battre, pas le courage. Qu'elle vienne me border si ça la chante, après tout. J'allais me coucher et dormir et tout oublier et ne jamais me réveiller, tout simplement, c'était pas mal comme programme, non ?

Je m'affalai sur le lit, toujours sans rien dire, balançant mes chaussures plus loin. Je n'avais même pas la force de prendre une douche, tiens, et je m'en foutais bien. J'avais les paupières lourdes, la tête lourde, en vrac, tout mon corps me pesait, je respirais comme si j'avais une tonne de pierres sur chaque épaule. C'était possible de dormir assez longtemps pour oublier ce genre de choses ? C'était possible de ne pas se réveiller, au pire ? Mais non, ha ha, moi j'avais une bonne santé, quelle idée. Tout allait bien ! Je n'allais pas crever, loin de là. Depuis le début, ça n'avait jamais été moi. Depuis le début...

Depuis le début il le savait, je n'en revenais pas... Il ne m'avait rien dit. J'avais eu envie de l'étrangler dans son putain de lit d'infirmerie, et pourtant il ne pesait plus bien lourd, il n'était plus bien fort, il était tout pâle n'avalait plus rien, selon Pomfresh. Mais non. Moi, je ne savais rien. Personne ne savait. C'était le Médicomage qui le suivait à Sainte-Mangouste qui avait fait le trajet jusqu'à Poudlard - preuve déjà qu'on était bien dans la merde. Et quand j'avais discuté avec lui, à peine arrivé, quand il avait dit un truc du genre « pour quelqu'un qui se savait condamné... » et je l'avais arrêté direct ; comment ça, condamné ?! Une maladie incurable, ok, un truc chiant et dangereux qu'il faut suivre à chaque seconde qui passe et qui pourrit la vie, ok, quelque chose d'assez grave pour flipper dès qu'on petit truc va pas, d'accord - mais qui avait dit qu'il ne s'en remettrait pas, qu'il ne vivrait jamais avec ?! J'y croyais moi, bordel, j'y croyais depuis le début, j'y croyais tous les jours parce que si je n'avais pas pu y croire je me serais flingué, et voilà que tout ça c'était de la merde, de la merde en barre qu'on essayait de me faire avaler ? « C'était sa volonté de ne pas t'inquiéter », super mon gars, merci bien, et ton métier tu le connais suffisamment ou bien ?? J'étais arrivé à côté du lit de Coop complètement en colère, et il l'avait compris en me regardant - qu'est-ce qu'il ne comprenait pas chez moi, de toute façon, et malheureusement, mais bon - et il avait murmuré un petit « pardon » avec un sourire un peu désolé, en mode « qu'est-ce qu'on y peut de toute façon ».

Qu'est-ce qu'on y pouvait de toute façon ? Ma colère s'était envolée tout de suite, et je m'étais laissé tomber sur le fauteuil à côté de lui. Qu'est-ce que tout ça pouvait bien foutre, au final ? Qu'il l'ait su ou pas, qu'il l'aie fait pour me protéger ou pas, qu'il m'aie menti ou pas ? Qu'est-ce que ça changeait ? Rien. Il restait mon petit frère et il allait mourir, et voilà. Et je ne pouvais rien y faire, et personne ne pouvait rien y faire. Peut-être que moi-même j'avais voulu croire à ce qu'il guérirait un jour, qu'est-ce que ça pouvait bien foutre. J'allai perdre mon frère et c'était la chose la plus terrifiante de ma vie et ça me faisait mal jusque dans ma chair, alors. Qu'est-ce que ça pouvait bien foutre.

Il n'avait pas pu trop parler, il ne pouvait même plus manger, il ne pouvait plus rien faire de toute façon. Pomfresh et son assistant me rassuraient avec leurs potions qui devaient ôter toute douleur. C'était au moins ça. Et j'avais juste attendu deux jours, sans dormir, sans bouger, à côté de lui, le voir s'éteindre, comme ça. Deux jours et plus rien. Même après quatorze petites années, deux jours et plus rien, c'était quand même pas des masses... Il me serrait la main de temps en temps, il me regardait. C'était bizarre comment ses yeux restaient vifs et brillants, restaient lui, alors que tout son corps pâlissait, maigrissait, mourrait. Quand je regardais ses yeux, seulement ses yeux, tout allait bien. Je savais quand il souriait, je savais quand il essayait de me rassurer, je savais qu'il restait le plus courageux, je savais ce qu'il voulait dire. Même lui savait quoi dire... Et pas moi, et je sentais ma gorge serrée, et j'essayais de comprendre pourquoi tout ça arrivait, pourquoi maintenant, pourquoi lui. Je n'arrivais pas à savoir ce que je voulais lui dire, ce que j'aurais du dire, ce que j'allais regretter, peut-être ? Je lui serrai juste la main et je ne le quittais pas mais il savait au fond, il savait, pas vrai ? J'avais réussi à parler un peu, à lui dire des trucs cons genre « je veux pas que tu meures » et là encore il avait été le plus courageux, à me dire qu'il ne souffrait pas, que ça allait, que je n'allais pas être seul, que je devais prendre soin de moi et tout le bordel. C'était bien le dernier de mes soucis, ça, pour le coup. Et je ne voulais même pas penser à la suite. Les dernières heures il avait été à moitié inconscient, mais jamais il n'avait lâché ma main. Et puis, il est mort.

J'ai simplement pensé que j'aurais aimé pouvoir lui dire qu'il était toute ma vie.

Mais... C'était quoi ce bordel, pourquoi je pleurais ?! Je venais de me passer la main sur le visage pour essayer de me tenir éveillé trente secondes le temps qu'Emmy revienne de la cuisine et que je lui dise qu'elle pouvait dormir avec moi si ça ne la dérangeait pas, parce que j'avais la flemme de dormir sur le canapé, et que je ne voulais pas qu'elle aille dans la chambre de Coop. Mes doigts étaient mouillés, et je voyais trouble. Oh, fais chier... Pourquoi pleurer d'abord, ça ne servirait à rien, et je ne voulais pas, je ne voulais pas y croire, je ne voulais pas chialer parce qu'il était mort, je voulais juste dormir et me réveiller et avoir rêvé, c'était quand même pas compliqué, putain...

Je m'étais écrasé le visage entre les mains pour essayer de faire rentrer les larmes, mais elles coulaient et je ne pouvais rien faire, à part essayer de retenir mon souffle pour me calmer. Là-dessus, Emmy s'était assise à côté de moi et avait essayait de me prendre dans ses bras ou je sais pas quoi... Je la repoussai sèchement en lui balançant un « laisse-moi tranquille » les dents serrés. Ca lui faisait plaisir que je chiale, ou quoi ?!

Chuck c'est bon... Comment ça, c'est bon ?! Non c'était pas bon, rien n'était bon, elle se foutait de ma gueule ou quoi ?? C'était bon de pleurer, mais pourquoi, franchement ?? Parce que mon frère était MORT et que je devais être triste ?? Mais qu'est-ce que ça pouvait bien me foutre, ces histoires, le deuil, tout le bordel, qu'est-ce que ça pouvait bien me foutre ??? Je ne voulais pas pleurer, je ne voulais pas me dire que je n'allais jamais le revoir, je ne voulais pas me dire que tout ça ce n'était pas un putain de bad trip mais que c'était vrai, que je n'allais jamais revoir Coop et que je pouvais bien chialer toutes les larmes de la terre, ça ne ferait rien. Parce que c'était comme ça, c'était tellement injuste, tellement merdique, mais c'était comme ça, et depuis quand on choisissait de toute façon ? Depuis quand on avait eu le choix que Coop soit malade comme ça ? Depuis quand on avait eu le choix d'avoir les parents les plus merdiques du monde qui n'avaient pas remué ciel et terre pour mieux s'occuper de leur gamin malade ? Alors, non, ce n'était pas bon, et j'avais envie d'arrêter de pleurer, j'avais envie qu'Emmy parte, pourquoi elle ne partait pas...

Mais je me voilais la face, tiens. Je pouvais bien essayer de lutter contre mon envie de chialer, même elle elle était plus forte que moi. Plus ça allait plus je sentais mes poumons et mon estomac secoués par des gros sanglots silencieux, que je voulais retenir, mais tu parles. Je ne pouvais plus rien faire. Tant pis : Emmy ne serait pas déçue, j'allais bien chialer et voilà, elle pourrait rassurer tout de monde, oui oui c'est bon il a pleuré, il a évacué. De toute façon... Je n'avais plus le choix. Je pleurais et je sanglotais et tout mon corps se contractait et jamais de ma vie je n'avais pleuré comme ça, j'avais l'impression que j'allais mourir tellement c'était fort, et Emmy pouvait bien me serrer dans ses bras et je pouvais bien essayer de la serrer aussi, ça n'enlevait rien, rien du tout. Ca ne me faisait même pas moins mal à l'intérieur, j'avais juste l'impression que ça s'étalait en-dehors de moi, mais pas que ça sortait. Ca grossissait et j'étouffais entre ces pleurs et ces sanglots de merde et je voulais une chose, juste une chose, mais elle n'arriverait plus jamais. Peut-être que j'allais pleurer comme ça tout ma vie, du coup ? Peut-être. Je ne sais même pas combien de temps j'avais chialé, je n'avais plus la notion de rien du tout, j'avais mal partout, à la tête, au visage, à la gorge, aux bras, au dos, au ventre, partout. J'étais une flaque de larmes et voilà. Rien de plus. J'avais un brouillard de l'enfer dans la tête, et je ne comprenais plus rien. Même cligner des yeux me faisait mal ; le pire étaient mes muscles qui refusaient de bouger. J'étais pire qu'épuisé.


- Quand je pense qu'il le savait depuis le début, depuis le début... C'est tellement pas juste... Et comment je vais faire maintenant ?

Je ne sais même pas comment j'avais réussi à parler après tout ça, après tout ce temps sans rien dire, et surtout parce que je n'avais plus la force de rien. Mais c'était ça, voilà. C'était injuste, et j'étais seul, tellement seul, complètement seul ; je ne l'avais jamais été de ma vie avec Coop à mes côtés. Et maintenant ?
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Emmy Yeats


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MessageSujet: Re: Always Gold (Emmy)   Always Gold (Emmy) Icon_minitimeMar 26 Mai - 0:50

♫ ♪ ♫

« When you try your best, but you don't succeed
When you get what you want, but not what you need
When you feel so tired, but you can't sleep
Stuck in reverse

And the tears come streaming down your face
When you lose something you can't replace
When you love someone, but it goes to waste
Could it be worse?

Lights will guide you home
And ignite your bones
And I will try to fix you. »


C’est bon. C’était toujours ce que je me disais lorsque j’étais avec Chuck. Parce que ça l’était. Je n’arrivais pas à y croire… Il y avait encore quelques mois, nous étions sur la plage, le vent soufflait sur l’onde bleu et nous faisait frissonner, nous riions en buvant, soufflant la fumée de nos cigarettes… Nous étions là, tous les deux, nous étions si heureux, si naïfs ; j’avais le sentiment que rien ne pourrait nous arrêter, que nous étions comme l’immense mer qui s’étendait devant nous, nous n’avions aucune limite, et peu importe la forme, nous nous réinventions à chaque fois. C’était bon, tout allait bien, parce que j’étais avec lui, parce que nous étions jeunes, parce que rien ne pouvait nous toucher parce que rien n’avait le droit. Nous étions trop jeunes pour être triste, trop innocent, nous avions la vie devant nous et elle ne pouvait nous réserver que du bon. Ah, c’était bon, je me plaignais de mon travail, Chuck se remettait de sa rupture, mais on allait s’en sortir, c’était des broutilles, et lui comme moi, nous étions trop battants pour nous laisser aller ! C’était bon, parce que rien ne pourrait nous blesser plus que nous-mêmes et nos bêtises, et rien n’était trop dramatique pour ne pas être résolu avec un bon cocktail et une soirée entre potes. Et maintenant, j’avais murmuré ces mots naïvement, « c’est bon », parce que je voulais que ça le soit, mais comment y croire ! Qu’est-ce qui était bon ? C’était bon de pleurer, il avait le droit ? C’était bon, ça allait aller, il allait s’en sortir ? Est-ce que j’y croyais seulement ?

Plus Chuck pleurait, plus j’en perdais mes mots, j’avais l’impression qu’il disparaissait dans mes propres larmes. Il fallait pourtant bien le réconforter n’est-ce pas ? Mais que dire ! Qu’est-ce qu’on pouvait dire ! Coop a eu une belle vie, ne t’en fais pas ? Il était si jeune, c’était tellement injuste ! Il n’a pas souffert, il est parti en paix ? Il souffrait depuis quatorze ans ! Que dire, putain, que dire ? Lui dire que ça allait aller ? Je n’en savais rien moi, si ça allait aller, je n’avais pas l’impression que ça irait un jour, j’avais l’impression qu’on était dans le noir tous les deux ; je voulais être forte, le tenir contre moi, droite, debout, inébranlable, mais moi aussi je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer parce que ça me crevait le cœur et j’étais incapable de me reprendre. Je voulais que ça s’arrête, qu’on ne soit plus triste, mais comment faire ? Est-ce qu’il existait une potion qui pourrait tout effacer ? Pourquoi aucune n’avait été capable de sauver Coop ? Pourquoi est-ce qu’il était mort, putain, pourquoi c’était arrivé, pourquoi lui, pourquoi un enfant, pourquoi comme ça, pourquoi maintenant… Et je voulais tellement trouver les mots, l’explication, pouvoir me dire que c’était devenu un petit ange dans le ciel, que c’était la vie parfois, que… Que… Non ! Il n’y avait rien, aucun secours, on était laissé là, Chuck était laissé là avec la simple constatation que son petit frère était mort et c’était fini. Il n’y avait pas de suite, pas d’explications, pas de raisons valables. Son frère était mort, et c’était une vérité aussi crue que dégueulasse ; j’en avais la nausée tellement je ne supportais pas de voir Chuck aussi désespéré.

Je le serrais contre moi autant que je pouvais, et je sentais qu’il essayait aussi de s’accrocher, et ça ne faisait que redoubler mon étreinte. Il pleurait, il pleurait avec une force que je ne connaissais pas, et jamais je n’aurais pensé le voir ainsi. Je n’avais jamais cru voir personne ainsi, mais ça me bouleversait d’autant plus que Chuck… C’était Chuck, il était toujours si drôle, si optimiste, il était toujours là pour remonter le moral des troupes ; un peu stupidement, j’avais cru que rien ne pouvait l’atteindre parce qu’il était trop profondément heureux, malgré toutes les merdes dans sa vie, malgré tout ce qu’il cachait, il s’accrochait à la vie et aux petits bonheurs avec tellement de force qu’il était intouchable ! Et il était intouchable parce que ses parents étaient horribles, que Coop était malade, et que sa vie était difficile et qu’il méritait mieux, qu’il ne pouvait pas avoir pire, pas maintenant, pas alors qu’il était quelqu’un d’aussi bien ! Je sentis un sanglot un peu plus déchirant m’échapper : il ne le méritait tellement pas, et Coop non plus, et j’en étais malade.

Au bout d’un long moment, Chuck finit par se calmer légèrement. Ou plutôt… Il était épuisé d’avoir tant pleuré, et il était à présent inerte contre moi, à moitié allongé, le visage rougi par les larmes et la respiration difficile. J’avais cessé de pleurer aussi, et je caressais doucement ses cheveux dans un mouvement régulier et rempli de toute mon affection.


- Quand je pense qu'il le savait depuis le début, depuis le début... C'est tellement pas juste... Et comment je vais faire maintenant ?

Mon cœur se serra dans ma poitrine, et malgré moi mes doigts se serrèrent un peu plus dans ses cheveux. Il savait… Coop savait donc qu’il allait mourir ? Depuis toujours ? Je l’ignorais, et visiblement je n’étais pas la seule. Je ne répondis rien d’abord, cherchant à nouveau les mots qui m’échappaient…

- Je suis désolée, murmurai-je. C’était stupide, pensai-je. Ce n’était pas ce que Chuck voulait entendre… Mais je n’avais pas pu m’en empêcher. J’étais désolée d’être désolée, de ne pas avoir les mots, désolée de cette putain de situation contre laquelle on ne pouvait rien faire. Désolée que Coop soit mort. Désolée que ça soit dégueulasse. Injuste. Inhumain. Désolée qu’il n’y ait pas de solution. Désolée qu’il soit mort pour toujours. Désolée que ça ne s’arrête jamais. C’est trop injuste, ajoutai-je d’une petite voix.

Je ne savais pas vraiment quoi dire de plus. L’émotion m’avait à nouveau prise à la gorge, et pendant de longues minutes, je ne redis rien, me contentant de câliner Chuck. Il était complètement étalé, comme s’il était vidé de toute force, et je finis par me dire qu’il fallait bouger, faire quelque chose, parce que je ne pouvais pas le laisser comme ça… Tout doucement je bougeai, sentant sa main dans mon dos qui se resserrait légèrement.


- Viens, tu as besoin de t’allonger, dis-je doucement. Je l’aidai à se mettre au lit, et je le bordai sous la couette. Il avait l’air d’une poupée dont on avait coupé les fils. Je vais te chercher quelque chose à boire, d’accord ? Demandai-je sans vraiment attendre de réponse. Je n’étais pas sûre qu’il m’ait entendu.

Je me levai rapidement et préparai en quelques coups de baguette une tasse de tisane. Je n’avais pas beaucoup d’espoir quant au fait que Chuck la boive, mais un peu de sucre pourrait lui faire du bien avant de dormir – je doutais qu’il ait mangé quoi que ce soit depuis la mort de Coop. Je retournai dans le lit, m’asseyant à côté de Chuck allongé. Il avait presque l’air mort, lui aussi. Mon corps manqua un battement. Je lui tendis la tasse, mais il hocha la tête d’un signe négatif.


- Juste un peu, tu n’as rien mangé, tu es à bout, dis-je doucement, pour l’encourager. Il finit par prendre la tasse, et la porta à ses lèvres en reversant la moitié du liquide. J’eus un petit sourire triste. Comme prévu, il était incapable de boire. Je repris la tasse et la posai au pied du lit. Pas grave, tu as essayé, murmurai-je.

J’hésitai un instant, mais naturellement, je me glissai à ses côtés et l’attirai contre moi, sa tête dans le creux de mon cou, et je me remis à le câliner et à le bercer, caressant son dos, ses cheveux, sa joue. Il ne pleurait plus, il semblait ailleurs, épuisé, complètement perdu. Ressentait-il quelque chose ou était-il vide ? Je sentais la tension se relâcher petit à petit, comme si tout quittait un peu l’atmosphère. L’orage avait éclaté, et maintenant il ne restait plus grand-chose J’avais peur de parler, comme si mes mots allaient à nouveau déclencher l’averse.


-Je pense qu’il ne voulait pas… T’inquiéter… Et tu n’y pouvais rien, tu ne pouvais pas deviner, ça ne sert à rien de se torturer avec ça, tu n’aurais pas pu faire les choses différemment et… Tu as fait les choses du mieux que tu pouvais, vraiment, murmurai-je doucement dans son oreille, tandis que je le berçais. Tu t’es occupé de lui quand personne ne le faisait, et… Il a été courageux, mais toi aussi, et je suis fière de vous, je suis fière de toi, tu as été avec lui jusqu’au bout, dis-je, espérant ne pas être trop maladroite. Je le berçais toujours d’un rythme régulier, espérant que cela le réconforte un peu. Je voulais qu’il sente ma présence. Je sais qu’il y a pas vraiment de mots et… C’est injuste, y a rien qui peut rendre ça différent… Je ne sais pas comment tu vas faire, je ne sais pas comment on fait mais… Tu vas faire, tu vas y arriver, tu y arrives toujours, tu es tellement courageux… Ma voix tremblait légèrement. Et ce que vous avez eu c’est… Trop court, mais tu l’auras pour toujours, c’est à toi, pour toujours… Et Coop savait combien tu comptais pour lui, et tu as été là jusqu’à la fin, il n’était pas seul, et il… savait que tu l’aimais, et il est parti avec ça, et je suis sûre que c’est un peu magique ça, concluais-je un peu maladroitement.

J’avais parlé d’une voix basse, dans des murmures un peu confus, maladroit. Je ne savais pas si ce que je disais avait vraiment du sens, je n’étais pas sûre que Chuck soit en capacité de tout entendre, tout comprendre… Mais j’espérais simplement qu’il ressentait ma présence, la douceur et l’affection dans laquelle j’essayais de l’entourer, et que mes bercements finiraient petit à petit par l’aider à s’endormir.
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MessageSujet: Re: Always Gold (Emmy)   Always Gold (Emmy) Icon_minitimeMar 23 Juin - 18:08

https://www.youtube.com/watch?v=BH-wP2TDUBQ


Brother do you believe in an afterlife
Where our souls will both collide
In some great Elysium
Way up in the sky
Free from our shackles, our chains
Our mouths, our brains
We'll open all the gates
And we will walk careless
Straight into the light

I've never felt so enlightened
With every page I turn
I only find myself feeling more alone
Posing questions to a silent universe
My very thoughts a curse
They just seem to multiply
Forever in my mind

Brother don't grow up
Brother please never grow up

Hold out against the night
Guard your hope with your life
For the darkness, she will come
Oh and you will have nowhere left to run

Oh but your eyes are wider than mine
And help me to sleep
I just hope that age does not erase
All that you see
Don't let bitterness become you
Your only hopes are all within you

Hold out against the night
Guard your hope with your life






Ca avait toujours été là, cette petite menace de merde qui montrait le bout de son nez de temps en temps. Coop avait toujours été malade et les après-midi à Sainte-Mangouste, on ne les comptait plus vraiment. Sans compter que c'était une maladie de merde qui ne voulait pas partir et qu'on le savait globalement tous très bien - mais il n'avait jamais été question qu'elle le tue comme ça, aussi vite. Pan. Moi, je croyais encore que ça allait s'atténuer, qu'ils trouveraient un remède, tout ce temps perdu à l'hosto, c'était pourquoi alors ?! Pour des prunes, ouais. Je ne savais pas ce que les Médicomages avaient foutu avec leurs baguettes et leurs éprouvettes, mais autant leur dire direct qu'ils n'avaient pas du tout été productif. De toute façon, je ne voulais pas le savoir. Je ne voulais plus le savoir. Et remettre les pieds là-bas, non merci. Il faut croire que le mot incurable n'est pas une blague, finalement, j'aurais pu le comprendre plus tôt si je n'avais pas été aussi con.

- Je suis désolée. On était deux. C’est trop injuste, rajouta-t-elle alors que je l'écoutais vaguement.

Je ne voyais même pas ce qu'elle pouvait bien trouver à dire, de toute façon. Je n'attendais rien, et si j'avais chouiné c'était seulement parce que j'avais l'impression que j'allais vomir toute ma tristesse tellement j'étais en train de crever dans mes propres larmes. Mais ça ne faisait rien, ça ne changeait rien. J'avais mal partout et nulle part à la fois, j'avais l'impression d'être complètement shooté et en pleine chute libre. Je ne sentais plus rien, c'était bizarre comme on disait toujours qu'on avait le coeur brisé mais moi je n'étais même plus capable de sentir quoi que ce soit. Je n'arrivais pas à y croire, même si j'avais chialé toutes les larmes de mon corps, même si je n'étais plus capable de faire un geste tellement j'étais épuisé de tout. Les images de l'enterrement dansaient devant mes yeux, l'infirmerie, Bristol, Coop, Poudlard... En boucle, sans fin. Ca n'avait aucun sens. Plus rien n'avait de sens. Je voulais dormir. Et mourir.

Emmy devait probablement me parler, je n'entendais rien. Je ne savais pas ce qu'elle faisait, je ne savais pas trop ce que je faisais non plus, comme si je m'étais envolé de mon corps et que j'étais ailleurs, en jetant des petits coups d'oeil en arrière de temps à autre. J'étais affalé sur le lit et totalement incapable de bouger, alors imaginez un peu la bonne blague quand Emmy m'apporta un truc à boire. Elle était sérieuse ?! J'étais limite capable de respirer, alors boire ou manger, elle pouvait toujours courir. J'avais plus qu'une boule dans la gorge, j'avais un bloc de ciment entier, alors... Comme elle insistait un peu, je tentai le truc machinalement pour qu'on passe à autre chose, mais rien ne rentra dans ma bouche.

Je retombai dans ma léthargie. En gros, c'était ça. Un brouillard, pas grand chose d'autre.


-Je pense qu’il ne voulait pas… T’inquiéter… Et tu n’y pouvais rien, tu ne pouvais pas deviner, ça ne sert à rien de se torturer avec ça, tu n’aurais pas pu faire les choses différemment et… Tu as fait les choses du mieux que tu pouvais, vraiment. Pas forcément. Tu t’es occupé de lui quand personne ne le faisait, et… Il a été courageux, mais toi aussi, et je suis fière de vous, je suis fière de toi, tu as été avec lui jusqu’au bout. Pas vraiment. Je sais qu’il y a pas vraiment de mots et… C’est injuste, y a rien qui peut rendre ça différent… Non. Effectivement. Je ne sais pas comment tu vas faire, je ne sais pas comment on fait mais… Tu vas faire, tu vas y arriver, tu y arrives toujours, tu es tellement courageux… ... Ha ha. C'était le moment où elle me ressortait mon insigne de Mister Gryffondor peut-être ? Qu'est-ce qu'elle pouvait bien savoir à ce sujet ? Je n'avais jamais vécu ça, comment elle pouvait être sûre que j'allais réussir ? Et ce que vous avez eu c’est… Trop court, mais tu l’auras pour toujours, c’est à toi, pour toujours… Et Coop savait combien tu comptais pour lui, et tu as été là jusqu’à la fin, il n’était pas seul, et il… savait que tu l’aimais, et il est parti avec ça, et je suis sûre que c’est un peu magique ça.

Peut-être.

En attendant, ça nous faisait une belle jambe. A lui comme à moi...

Je ne répondis rien. Je n'avais envie de rien.

J'avais à peine intégré tout ce qui s'était passé... Les réactions des uns et des autres, la suite, Tess, les Tennant... Mes parents, ce que ça avait peut-être déclenché. Ma famille étant merdique de base, je me demandais bien ce que tout ça allait déclenché. J'avais l'impression de me débattre contre mille choses à la fois, mes émotions, ma tristesse, et tout ce vide de merde, et tout se mélangeait. Je me souvenais de ma mère qui était venue me parler, de comment je l'avais esquivée, et ensuite comment elle m'avait coincée au cimetière parce que j'étais resté un peu plus que les autres, pour être seul avec lui, une dernière fois. Elle était arrivée en scred et j'avais eu envie de l'étrangler et de la foutre sous la terre à la place de Coop, parce que c'était tellement elle, ou mon père, qui méritait d'être crevé, et pas lui. Mais je n'avais pas bougé d'un pouce et j'avais attendu qu'elle se tire parce que j'étais un mur et que je n'allais pas lui répondre. Je n'écoutais même pas, mais on était seuls et il n'y avait pas un bruit dans cet endroit glauque de merde, alors malheureusement, j'étais bien obligé d'entendre. Et elle avait dit "ce n'est pas le premier enfant que je perds" et je m'étais demandé qu'est ce qu'elle racontait, si elle délirait ou pas, si elle avait bu trop de whisky comme son cher mari, mais non, elle avait sorti toute une histoire, sans s'arrêter, elle m'avait raconté qu'elle avait eu une fille, Coleen, avant Coop et avant moi, qui était morte quelques jours après être née, que ça les avait dévasté, blablabla. Ok. C'était sensé me réconforter ? Et en quoi ? Je l'avais regardée une seconde et j'avais haussé les épaules. Elle avait fini par partir. Non mais honnêtement, est-ce que c'était bien le moment de me dire ça ?! Tu as perdu ton frère et je raconte comment j'ai perdu ma fille, c'était quel genre de concept ?! Elle voulait que je m'apitoie ? Mais sur quoi, mais de quoi ? Elle s'imaginait peut-être que le fait d'avoir perdu un enfant allait l'excuser d'avoir été une mère en carton pâte ? Quelle blague... Jusqu'au bout, elle était une blague...

Je ne dormais pas vraiment, je luttais contre le sommeil ou contre mes pensées, j'avais envie de tout oublier, mais je n'y arrivais pas, et tout d'un coup des trucs me serrait la gorge mais je ne pouvais pas bouger, j'étais clouée sur mon lit, incapable de faire obéir un seul de mes muscles... Incapable de changer ce qui défilait sous mes yeux. J'avais envie qu'on m'assomme. Ou bien de boire jusqu'à m'effondrer.

Tout d'un coup, j'étais à Poudlard et Coop était devant moi et il souriait et il jouait, avec Tess... On se marrait, comme ces après-midi à Glasgow chez les Tennant, et je sentais mes tripes se serrer et mon coeur battre super fort à nouveau : il était là, il n'était pas mort ! Il riait et je me foutais de sa gueule en remerciant je ne sais pas qui que tout ça avait été un mauvais rêve. Et puis tout d'un coup il se mit à tousser, à devenir tout blanc, à arrêter de jouer, à ne plus pouvoir respirer, et Tess m'appelait et criait mon prénom de plus en plus fort jusqu'à devenir complètement hystérique parce que je ne venais pas, je ne me levais pas, mais je ne pouvais pas, j'étais complètement tétanisé et je me disais non, pas encore, pas pour de vrai, non...

Je me réveillai d'un coup en aspirant une grande goulée d'air et en sursautant - sursaut qui me fit mal dans chacune des parcelles de mon corps tellement il avait été violent, tellement je n'avais pas bougé et que tout mon corps s'était pris une grosse décharge qui l'avait réveillé. Je poussai un grognement en sentant la présence d'Emmy à mes côtés - elle allait s'inquiéter, je le savais - et au moment où j'allais me retourner pour dormir à nouveau, elle me fila une potion et je ne l'écoutais déjà plus, j'avalai la potion d'un coup parce quelque chose qui me ferait dormir, je ne pouvais que prendre.

Je tombai dans un profond sommeil.









Au réveil, tout était pareil... Exactement. Je tirai la couette moi, jusqu'au milieu de mon visage, et fermai les yeux de nouveau.


- Laisse-moi, je veux être tout seul, dis-je la voix pâteuse, en me forçant à articuler quelques mots, qui me coûtèrent un effort surhumain. S'te plaît, marmonnai-je.

Parce que j'étais seul, maintenant, irrémédiablement seul, et je ne voulais personne d'autre que lui. Je voulais dormir et couler une bonne fois pour toutes, et je ne voulais surtout pas qu'elle s'occupe de moi. Emmy, Ruby, Lilian, Haley, tout ça... Elles étaient bien gentilles, mais pas tout de suite, pas maintenant. Ce n'était pas possible - je ne voulais personne. Plus personne.
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