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~ All we had were lies. [PV E.]

 
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 ~ All we had were lies. [PV E.]

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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



Féminin
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Localisation : Cachée.
Date d'inscription : 03/09/2011

Feuille de personnage
Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »

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MessageSujet: ~ All we had were lies. [PV E.]   ~ All we had were lies. [PV E.] Icon_minitimeJeu 14 Nov - 19:19

« Throw me in the Water. »


~ All we had were lies. [PV E.] Tumblr_m2vo89phhR1qjuevro1_500_large


"So leave me in the cold
Wait until the snow covers me up
So I cannot move
So I'm just embedded in the frost
Then leave me in the rain
Wait until my clothes cling to my frame
Wipe away your tear stains
Thought you said you didn't feel pain."




La confiance était comme un poison : une fois répandu dans mes veines, elle s'infiltrait partout et me contaminait, m'empêchant de voir clair. Et c'était un poison si difficile à répandre en moi qu'une fois qu'il avait pris place à l'intérieur, qu'il avait enveloppé mon cœur, il était bien difficile de le faire partir. Je faisais confiance à Ewan. Je ne savais pas si je le faisais aveuglement, mais je savais que c'était lui qui me permettait de voir correctement. Alors, peut-être qu'en lui confiant mes propres sens, j'avais pris le risque de le laisser me mener, me guider, jusqu'à m'aveugler ?

« Je t'aime, ne t'inquiète pas. »

Je tenais le petit papier entre mes doigts, tentant de calmer mon cœur. Le dortoir était vide, tout le monde s'apprêtant à aller dîner. Il y avait bien un creux dans mon estomac, mais ce n'était pas la faim qui le provoquait : c'était l'angoisse. Mon regard s'arrêta encore sur les quelques mots tracés à la plume, et je notai que les lettres étaient moins assurées que d'habitude, comme si la main qui avait écrit tremblait. C'était étrange, mais malgré la pressante envie de comprendre, de me rassurer, j'étais immobile sur mon lit, comme si une force m'appuyait sur les épaules et m'empêchait de bouger. C'était comme si tout le poids du monde avait fondu sur mes épaules, m'avait prit à la gorge, et lentement, dans ma tête, je comptais : 1, 2, 3, inspire, 1, 2, 3, expire. Ma respiration s'ajustait sur un rythme plus paisible, mais mon cœur qui se serrait ne semblait pas prêt de se calmer. Mais, tentant d'être la plus rationnelle possible, j'ordonnai à mon esprit de se souvenir ce qu'Ewan avait dit. Il m'aimait. Je ne devais pas m'inquiéter. Et, dans un battement, mon cœur pompa une dose de sang empoisonné par toute la confiance que j'avais placé en Ewan, et je me sentis comme inhibée. Doucement, je me levais, attrapant mon gilet que j'enfilai sur ma robe légère blanche, avant de sortir du dortoir d'un pas qui se voulait assuré.

« Ruby,
Je ne t'ai pas dis toute la vérité. Il est temps que tu la saches. Peux-tu venir chez moi ? »

Ma gorge se noua un peu plus, et mes doigts se refermèrent sur la lettre, la froissant. Dans le passage secret, mes talons résonnaient, comme un écho aux battements de mon cœur. Rapide, et pourtant si fort. Souviens toi, murmura la voix à l'intérieur, souviens toi de la première fois où il t'a ramené jusqu'au passage, et que tu l'as serré dans tes bras. Vous saviez, tout les deux, que ce n'était pas un contact qui serait sans conséquences. Vos corps le sentaient. Il ne faut pas avoir peur.

Et si il en avait marre de moi ?


« Je trouve que tu es une fille merveilleuse. »

J'eus un sourire timide dans la pénombre du couloir humide, et je me sentis rassurée lorsque j'en sortis : à l'extérieur, le soleil se couchait lentement, mais brillait encore. Il y avait la lumière, et bientôt, il y aurait les étoiles. Les deux me protégeaient. Mais malgré tout, mes doigts se serraient un peu plus sur la lettre. La vérité... Que m'avait-il caché ? Nous ne nous cachions rien, pourtant. Et ce n'était pas faute d'essayer. Nous avions voulu cacher nos passés, puis nos sentiments, puis nos craintes, mais à chaque fois, nos confessions s'étaient échappées, comme encouragées par la tendresse qui émanait de nos étreintes. Nous ne nous mentions pas. Je ne pouvais même pas mentir à Ewan. Il me connaissait trop bien. Et je le connaissais trop bien pour qu'il me mente, n'est-ce pas ?

« Mais tu es arrivée et tout a changé, je le sais maintenant. Je ne sais pas trop ce que j'aurais fait sans toi d'ailleurs, mais je suis sûr que tu m'as sorti de tout ça. Tu as tout changé. »

Nous étions meilleurs ensemble. Si j'avais tout changé pour lui, et qu'il avait tout changé pour moi, rien n'avait changé entre nous. Du moins, nos sentiments... Ils étaient toujours aussi puissants. Je le sentais, quand nous nous regardions, quand nous nous embrassions, quand nous faisions l'amour : nous étions liés, irrémédiablement. Même, nos sentiments ne s'étaient-ils pas renforcés ? J'aimais Ewan un peu plus chaque minute que je passais en sa compagnie, et encore plus lorsqu'il était loin et que je réalisais à quel point sa présence était mon oxygène. Nous avions besoin l'un de l'autre, je refusais de douter, d'imaginer le contraire. Alors cette vérité, pourquoi me ferait-elle peur ? Mon cœur continuait de battre pour Ewan. Il continuait de m'infester de cette confiance sans limites.

« Alors sache juste que je n'ai jamais été aussi heureux qu'avec toi, je ne pensais même pas que ça pourrait arriver. Il n'y a rien qui ne me fasse plus plaisir que de savoir qu'avec moi tu es bien, tu es... toi, et c'est vrai pour moi aussi. Je t'aime Ruby. »

Il m'aimait. Il était lui-même lorsqu'il était avec moi. Il ne m'aurait pas menti... Ou s'il l'avait fait, il avait fait ses raisons. Il voulait me parler, n'était-ce pas la preuve de sa sincérité ? Il était heureux avec moi. Jamais il n'aurait fait quoi que ce soit pour briser les choses, me rappelai-je, comme si je récitais une leçon tandis que mes pas me rapprochaient de chez lui. Il ne l'a jamais fait, et ne le fera jamais.

« Tu n'es pas un jouet, tu es quelqu'un dont on n'a pas pris assez soin. Mais moi, je veux prendre soin de toi. »

Tu vois, me murmurai-je pour moi-même. Il a dit qu'il voulait prendre soin de toi. N'ai pas peur. Il ne te brisera jamais. Il l'a dit, il l'a promis. Il t'aime.

« C'est important parce que je t'aime et que plus jamais je ne veux que tu penses ça : tu n'es pas un jouet cassé. Tu crois qu'un jouet cassé aurait pu me sauver comme tu l'as fait ? »

Et tu prends soin de lui. Il ne voudrait pas se détacher de toi.

Je rejouais tous ces instants dans ma mémoire, mais à la fois, quelque chose commençait à naître, comme si soudain mes souvenirs heureux se retrouvaient pollués par d'autres. Ces dernières semaines... Ewan avait été distant, je ne pouvais pas le nier. Plus je me rapprochais de lui, plus je sentais qu'il s'écartait, comme s'il avait peur que je perce sa carapace. J'ignorais les raisons de son attitude, et bien sûr que je m'inquiétais : je n'avais pas oublié ce 4 septembre, le jour de la mort de Jamie, les sanglots d'Ewan tandis que soudain il abaissait ses défenses et avouait. Etait-ce pour cela qu'il semblait préoccupé dernièrement ? Septembre lui rappelait-il son frère ? C'était ma principale hypothèse, et même si j'étais blessée qu'Ewan ne se confie pas d'avantage, je ne pouvais pas le forcer. Il savait que j'étais là, et je lui rappelai constamment. Il ne pouvait pas oublier... Et ce n'était pas parce qu'il était distant que notre amour n'était pas aussi fort qu'auparavant. Il l'avait dit. Ewan avait dit qu'il m'aimait.

« A part si tu m'avouais qu'en réalité, tu détestes les potions, tu sais, je ne vois pas vraiment pas comment je... Comment on peut en venir à te détester. »

Il ne me détestait pas. Il m'aimait. Je n'avais pas à avoir peur. Alors, enfin arrivée devant la porte, je pris une inspiration, et me recoiffai un peu. Il y avait quelque chose bien sûr. Mais tout avait une solution, n'est-ce pas ? Notre amour était à lui seul un remède. Mon cœur se contracta, pompant une dernière fois du sang et de la confiance, et je tapai à la porte. Un seul coup sec, comme le bruit d'un revolver que l'on tire.

« Tu m'as plu dès que je t'ai vue... Je ne savais pas trop comment faire, et j'avais peur de t'effrayer, mais tu sais, je crois que je suis tombé amoureux de toi dès le début, dès qu'on a commencé à se connaître. »

Il t'aime, murmura mon cerveau une dernière fois.

Ewan ouvrit, et si je cherchai instinctivement son regard, quelque chose attira le mien, et je me figeai sur le seuil de la porte. Puis, je fis un unique pas, et pénétrai dans l'appartement...

Il était rempli de cartons.

Et les cartons étaient remplis d'affaires.

Je ne sais pas trop si mon cerveau comprit, ou s'il se bloqua directement, mais je sentis tout à coup l'air m'échapper, et je portai ma main à mes lèvres qui tremblaient déjà. Non, ordonna mon esprit bloqué. Non, ce n'est pas ce que tu crois. Ewan ne ferait jamais ça. Jamais. Mais à l'intérieur déjà, mon cœur avait compris et il se tordit si violemment que je sentis un sursaut me parcourir, et je perdis l'équilibre l'espace d'une demi-seconde. Non, non, non, me répétai-je.


- Non. D'entre mes lèvres s'étaient échappées ce que je me répétai en boucle silencieusement. Je voulus me tourner vers Ewan, mais j'étais figée, incapable de m'ordonner de bouger. Mon regard était bloqué sur l'un des cartons dans lequel se trouvait un cadre, avec une photographie d'Ewan, Jamie, et des parents. Je m'y raccrochai stupidement, comme si je voulais m'échapper de la réalité. Non, répétai-je à haute voix, naïvement. Tu ne me ferais jamais ça.

« Toi, tu es parfaite, pour moi. Tu es tout ce dont j'ai besoin. »

Et il était tout ce dont j'avais besoin.

Il ne me ferait jamais ça, et pourtant, mon cœur qui avait cessé de battre ne répandait plus dans mon corps cette confiance aveuglante, et je compris.


Je compris qu'au fond, je ne pouvais avoir confiance en rien.
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Ewan Campbell


Ewan Campbell
Vendeur chez l'Apothicaire



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MessageSujet: Re: ~ All we had were lies. [PV E.]   ~ All we had were lies. [PV E.] Icon_minitimeLun 18 Nov - 23:37




You touched my heart you touched my soul
You changed my life and all my goals
And love is blind and that I knew when
My heart was blinded by you
I've kissed your lips and held your hand
Shared your dreams and shared your bed
I know you well, I know your smell
I've been addicted to you

Goodbye my lover
Goodbye my friend
You have been the one
You have been the one for me

I'm so hollow, baby, I'm so hollow
I'm so, I'm so, I'm so hollow



Le déni était le meilleur des compagnons, jusqu'à ce que le choix ne soit plus possible. J'avais si longtemps repoussé cette possibilité, justement, qu'aujourd'hui je me trouvais stupide, je me trouvais ridicule, car ce temps qui s'était écoulé pendant lequel j'avais volontairement fermé les yeux me paraissait quelque chose de tellement pathétique et misérable que j'avais honte, honte jusque dans les tréfonds dans ma chair, et c'était sans aucune fierté que j'avais entrepris le rangement de mes affaires, que j'avais tourné et retourné dans tous les sens dans mon esprit la discussion que j'allais devoir avoir.

Dès l'instant où j'avais fini par l'avouer à Rita, j'avais compris. J'avais compris que c'était la fin, que la fin était là depuis bien longtemps d'ailleurs, et que j'avais tout simplement refusé de la voir. Il y avait beaucoup de choses, à vrai dire, que je refusais de voir. N'est-on pas mieux dans l'ignorance de ce qui fait mal ? Mais c'était vain. Tout était vain. Et j'étais las. J'avais lu dans le regard de Rita que j'avais sûrement agi de la pire façon qui aurait pu être, et que j'avais cru l'ignorer jusque là. Pas vraiment, en réalité. Alors j'avais dit à Rita que je savais, que c'était à moi de
lui dire, que j'allais le faire, bien sûr. Et que je n'allais pas l'oublier, elle, Rita, qu'on allait s'écrire, qu'elle me manquerait, mais ce n'était pas un adieu, n'est-ce pas ? Mais c'était si loin l'Australie - à des heures de voyage, à des heures de vie aussi, la mienne n'aurait plus rien à voir avec celle que je laissais en Grande-Bretagne, j'en avais pleinement conscience. C'était un risque énorme. Je ne doutais pas beaucoup pour Phil : je savais que rien ne nous séparerait vraiment, nous nous retrouverions, et puis rien n'était écrit dans le marbre, lui non plus n'allait pas finir ses jours à Pré-au-Lard. Il était mon ami depuis longtemps et nous étions habitués à la distance ; concernant Rita c'était un peu différent, c'était plus récent et voulait-elle vraiment de ça ? Une amitié à distance pouvait être un poids pour elle, et je ne voulais pas lui imposer. Elle allait me manquer, terriblement, mais puisque je partais, puisque j'étais le fautif, je ne voulais rien lui imposer.

Ce que j'imposais était suffisamment atroce...

Pourquoi aujourd'hui ? Je n'en avais aucune idée. Mon départ était pour dans quelques jours, le plus gros de mes affaires était trié, il ne me restait qu'à empaqueter le reste ; et je pouvais pour une fois remercier ma mère qui m'avait appris les sortilèges les plus pratiques en matière de rangement et de classement, dans des tiroirs ou des valises. Et puis tout d'un coup, au milieu de tout mon remue-ménage, ça m'avait pris comme ça, j'avais saisi un morceau de parchemin, une plume, et j'avais écrit une lettre à Ruby, je lui avais demandé de venir. Comme ça. Parce que je repoussais ce geste depuis des heures, des jours, des semaines, en espérant que viendrait un moment où j'en serais gracié, qu'un évènement inattendu s'interposerait entre cet acte affreux et ma volonté. Mais non... Rien. Rien ne s'oppose vraiment au destin, n'est-ce pas ? Parfois je me disais que c'était ainsi, que rien n'aurait pu être différent, que Jamie n'aurait pas pu vivre, quoi que je fasse, et que je pouvais tout aussi bien m'évertuer à me sortir de mes cauchemars et de l'orage de ce soir-là, j'y serais pour toujours. Je brassais du vent. Et je le brassais depuis un certain moment... J'étais fatigué. C'était le même chose pour mon départ : j'étais venu à Pré-au-Lard dans ce but. Parce qu'après la mort de mon frère, la vie avait décidé de nous rendre la tâche encore moins aisée, et la société de mon père avait coulé ou presque, laissant seulement hors de l'eau les parts de son investisseur Australien, chez qui il avait décidé de partir pour relancer la machine. Départ que je le soupçonnais d'avoir accepté avec soulagement, parce que ma mère et lui s'évitaient plus que jamais depuis que Jamie n'était plus là, d'ailleurs. Mais toujours était-il qu'il m'avait proposé de m'emmener, que j'avais refusé car j'en avais assez de travailler pour lui, et puis finalement j'étais revenu sur mes positions parce que je ne pouvais pas : je ne pouvais pas. Je mourais de voir ma famille se déliter depuis que cette fichue barque avait décidé de se renverser, je mourais de rentrer chez moi à Oxford à reculons parce que rien n'était comme avant et que nous n'avions pas su nous relever, je mourais d'étouffer en présence de mon père ou de ma mère parce qu'il planait alors les fantômes du passé, je mourais de les voir m'utiliser l'un envers l'autre, de me prendre à témoin, de se servir de moi comme d'un hibou, de ne pas choisir, de laisser passer, de rester enfermé chacun dans leur coin. Cette situation m'écrasait à petit feu, et je n'en pouvais plus. J'avais déjà du mal avec mon propre reflet, comment aurais-je décemment pu espérer me regarder dans la glace si j'avais baissé les bras comme eux, si j'avais abandonné comme eux, alors que c'était ce que je leur reprochais depuis sept ans, du plus profond de moi ? C'était impossible. Je leur devais, je le devais à Jamie. Je le devais à Ruby, aussi. Comment aurais-je pu vivre quoi que ce soit avec elle alors que je n'étais qu'un lâche qui abandonnait sa famille ? J'avais fait le choix avant de venir travailler ici, avant même de le comprendre. Si je travaillais autant, chez l'Apothicaire, à la Tête de Sanglier, avec les potions que je trafiquais, ce n'était pas que j'avais spécialement besoin d'argent, pas exactement. C'était que mon père en avait besoin, qu'il refusait celui de Matthew parce qu'il avait trop de fierté, qu'il accepterait la mienne parce qu'il n'avait pas d'autre choix, et que je pouvais le présenter d'une autre manière : moi aussi je travaillais pour lui, c'était un emprunt, et puis j'avais des parts dans la société, il y en avait eu à notre nom quand nous étions nés... Voilà, j'avais travaillé pour lui. Et il était temps que je parte le rejoindre : ces derniers temps, il ne cessait d'insister. Jusqu'à lors il s'était peu soucié de ma vie ici, il ne m'avait pas questionné sur ma vie, pas vraiment sinon par politesse. Il m'écrivait peu ; or depuis l'été jamais il ne m'avait envoyé autant de lettres, toutes avec la même teneur : viens, viens, viens. Je le savais fragile au fond, et je le savais tellement impliqué dans ces efforts qu'il faisait pour redresser sa société qu'il en mourrait, s'il n'y parvenait pas. Mon départ se faisait de plus en plus pressant... Et j'avais bien compris combien la chute allait être douloureuse, pendant ce mois d'Août de rêve que j'avais partagé avec Ruby.

Nous y étions. Sans m'en rendre compte, je m'étais assis sur le canapé, au milieu des cartons, et je m'étais pris la tête entre les mains. J'étais fatigué, depuis des mois, mais jamais, jamais je ne m'étais senti aussi vide, aussi épuisé, littéralement vidé de toutes mes force, de toute ma vie. Je redoutais les moments qui allaient suivre - Ruby allait arriver d'un moment à l'autre - tout comme je savais qu'il me fallait les passer, que je ne pouvais pas les repousser encore et encore.

Le coup frappé à la porte m'arracha de mes pensées et je me levai, un peu raide, enjambant les cartons avec la vague notion que Ruby n'allait pas apprécier ce désordre, mais et alors ? Elle ne resterait probablement pas longtemps, de toute façon. J'ouvris la porte, me rendant compte en la voyant, avec son air paniqué, ses lèvres où ne se dessinait aucun sourire, ses yeux brillants d'inquiétude, que je n'avais même pas le courage de la regarder droit dans les yeux. Je m'effaçai pour la laisser rentrer, elle s'avança, et je refermai la porte.


- Non. Elle découvrait petit à petit mon salon, les cartons, mes affaires. Il ne pouvait pas y avoir plus explicite. Non. Tu ne me ferais jamais ça.

Et pourtant... Je l'avais fait.

- Je regrette, dis-je d'une voix étrangement calme, et qui me parut tellement loin de moi qu'une troisième personne serait apparue dans la pièce, je n'en aurais pas été étonné.

Je voulus faire un geste vers elle - tout d'un coup elle vacillait un peu, comme une flamme dans un courant d'air, et j'eus envie de la prendre dans mes bras, mais c'était comme si je n'en avais plus le droit, et une force invisible me maintenait à l'écart d'elle, m'interdisait de la toucher. Elle n'était plus à moi.


- Assieds-toi, la priai-je d'une petite voix avec un signe de main vers le canapé, et c'était une supplique, une supplique qui lui demandait tellement de choses : pardon, ne me hais pas, je suis désolé, ne sois pas triste. Evidemment, je n'avais pas grand espoir non plus. Je... Je passai une main lasse sur mon visage, j'étais harassé de fatigue, jamais l'univers n'avait semblé peser aussi lourd sur mes épaules. Je suis désolé, j'aurais dû t'en parler plus tôt, et tu as tous les droits de m'en vouloir. Je pris une respiration résignée, tentai de la regarder, mais encore une fois son regard m'électrisa et je me sentis tellement honteux et méprisable que je battis des paupières et regardai ailleurs, mal à l'aise. Je pars en Australie. Il me sembla que mes mots vibrèrent dans l'air quelques instants avant de le déchirer complètement. Ils prenaient chair, maintenant que je les prononçais pour la première fois, et j'en eus un frisson. Je pars retrouver mon père, il a besoin de moi pour travailler, et voilà je... Je ne sais pas quand je reviens, enfin - enfin, je ne reviens pas. J'avais songé à l'emmener avec moi, mais je n'en avais pas le droit. Elle avait sa vie ici, elle n'avait même pas fini ses études. Voilà pourquoi j'étais un peu distant ces derniers temps. Ca serait plus simple que... Qu'on en finisse tout de suite ? Ces mots étaient si douloureux. Je ne voulais pas te faire du mal, vraiment, je suis désolé que ça finisse comme ça. Je suis désolé que ça finisse.

C'était impossible. Impossible... A peine ces mots eurent-ils franchi ma bouche que je sentis comme si toutes mes entrailles se tordaient pour me tuer, comme si j'allais mourir, là, tout de suite, et je m'approchai un peu du canapé pour ne pas tomber, pour ne pas m'effondrer. Et mon coeur battait tellement pour Ruby, pour elle qui prenait toutes mes erreurs et mon mauvais jugement en pleine figure, elle qui prenait toute ma lâcheté comme un coup de poignard dans le dos, elle qui n'était finalement que le dommage collatéral de toute cette effroyable machine... Jamais je ne m'étais autant haï qu'en cet instant, et je détournai quelques secondes mon visage vers la cheminée, les yeux perdus dans les flammes, sans les voir.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: ~ All we had were lies. [PV E.]   ~ All we had were lies. [PV E.] Icon_minitimeJeu 21 Nov - 14:50


~ All we had were lies. [PV E.] Tumblr_mtmru8dTV51rkbqbko1_500



"Hey you can tell the world
That you're leaving
And you can pack your bags
And spread your wings
And you can tell them all
That it's over
But while you wave goodbye
I'll be getting closer

Stand there and look into my eyes
And tell me that all we had were lies
Show me that to you it don't count
And I'll stand here if you prefer
Yes I'll leave you without a word
Without a word


And you can tell the world
That you're tired
But your excuses, they won't work
'Cause I'll know that you're lying
Every time that I see your face
I notice all the suffering
Just turn to my embrace
I won't let you come to nothing."



Il me fallait trouver une autre solution. Ce n’était pas possible, simplement pas possible. Ces cartons, ces affaires, il… Non, Ewan ne partait que quelques jours, quelques semaines. Il n’y avait pas d’autres possibilités, me mentis-je. Tout au fond de moi, à l’intérieur, sous tous les mensonges et les faux-semblants que je tentais de rassembler et d’organiser, mon cœur s’était douloureusement crispé. Je ne savais pas s’il battait la chamade, ou si justement il avait coupé toutes connexions, conscient que dans un instant, il n’arriverait plus à battre. Je savais oui, malgré tout ce que j’essayais de nier, je savais que dès qu’Ewan parlerait, quelque chose se briserait. J’eus envie de lui demander de ne rien dire, de simplement me prendre dans ses bras, je voulais fermer les yeux et tout oublier. Mais le silence qui planait, la distance, son attitude, tout me faisait comprendre qu’il n’y avait rien que je puisse faire pour tout annuler, pour revenir en arrière. Une petite voix me murmura de regarder, de tout observer et noter, parce que c’était la dernière fois que j’étais ici. Souviens-toi du canapé… Ou souviens-toi des après-midis passés dessus, des bras d’Ewan et de ses mains dans tes cheveux, de ton regard dans le sien et de vos sourires qui se répondaient. Souviens-toi de la table où vous avez dîné, ris, discuté. Souviens-toi de la cuisine, où vous vous êtes disputés pour faire la vaisselle, ton corps assis sur le plan de travail, tout contre celui d’Ewan, vos rires, vos soupirs. Souviens-toi de chaque détail, ordonna mon cœur à mon cerveau.

- Je regrette.

Sa voix me parût si lointaine que je ne réagissais pas. Immobile, debout, je clignais des yeux pour chasser les larmes qui y montaient. Il regrette… Que regrette-t-il, gémis-je silencieusement. Nous ? Ce qu’il s’apprêtait à faire ? Qu’allait-il faire, d’abord ? Les larmes s’étaient mises à couler, parce que je ne pouvais plus prétendre. Je savais que… Qu’il s’apprêtait à me quitter. J’y avais déjà tant songé, dans tous mes moments de doute. Je m’étais demandée : et sans lui, comment pourrais-je faire ? Mais je n’avais jamais imaginé clairement, mis de mots sur une possible rupture. C’était comme si j’étais si aveuglée par la confiance que j’avais en Ewan que quelque chose m’interdisait de douter au point d’imaginer la fin. Je savais simplement que j’en souffrirais, mais je n’osais même pas réfléchir aux sentiments que cela me provoquerait. C’était comme si mon corps entier refusait cette option. Elle n’était pas possible. Ewan ne me ferait pas ça, répétais-je dans mon esprit. Mais déjà, j’arrivais pas à calmer les larmes, et je me mordis la lèvre pour stopper les tremblements de mon menton qui se propageaient dans tous mon corps.

- Assieds-toi. Bien que sa voix me surprit, je ne sursautai même pas. J’étais incapable de bouger, de respirer correctement, et tout mon corps se mit à crier en silence : pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Je suis désolé, j'aurais dû t'en parler plus tôt, et tu as tous les droits de m'en vouloir. Je pars en Australie. Quelque chose implosa dans ma poitrine, silencieusement et sans douleur, mais l’instant d’après, respirer sans peine me parût impossible, comme si tout à coup mon corps était si crispé que s’en était douloureux de partout. Je pars retrouver mon père, il a besoin de moi pour travailler, et voilà je... Je ne sais pas quand je reviens, l’espoir m’anima un instant : il va revenir ?, enfin - enfin, je ne reviens pas. Une seconde déchirure fût provoquée dans ma poitrine, et ce fût comme si on m’avait frapper, ou qu’on m’avait plongé dans un bain glacé, le choc était si inattendu et si puissant que j’eus envie de vomir. Voilà pourquoi j'étais un peu distant ces derniers temps. Ca serait plus simple que... Je ne voulais pas te faire du mal, vraiment, je suis désolé que ça finisse comme ça. Je suis désolé que ça finisse.

… Finisse ?

C’est fini.

Ewan et toi n’êtes plus ensemble.

J’inspirai. Pourquoi le monde continuait-il de tourner ? Il me semblait qu’on avait coupé tout à l’intérieur, que mon cœur n’était plus capable de battre, mes veines de transporter le sang, mon cerveau de réfléchir, j’avais simplement le sentiment d’être morte en l’espace d’un instant. Alors pourquoi entendais-je ma respiration entrecoupée de sanglot ? Pourquoi est-ce que je voyais les premières étoiles naître par la fenêtre ? Le monde aurait dû s’arrêter. J’aurais dû m’arrêter aussi. Je ne pouvais pas vivre, si c’était
fini.

- Tu ne voulais pas me faire du mal ? Articulai-je faiblement, le cœur au bord des lèvres. C’était comme si j’essayais de comprendre ce qu’il avait dit. Pourquoi, me répétai-je, pourquoi ? Comment ? Comment pouvait-il un instant imaginer vivre sans moi lorsque la perspective de ne pas le voir pendant un mois m’était difficilement supportable ? Je croyais qu’il m’aimait. Que nous nous aimions. Ce n’était pas de l’amour ça, n’est-ce pas ? Ce n’était pas possible, non. Ce n’était pas comme ça que ça marchait. Il… J’étais en train de rêver, me suppliai-je. Je voulais réveiller de ce qui était de loin le pire cauchemar que je n’avais jamais fait. Mais… Je… Je n’arrivais pas à parler, ni à bouger. Qu’étais-je censé dire ? Tu veux que je… Qu’est-ce que je… Qu’est-ce que je dois faire ? Sanglotai-je finalement, d’une voix désespérée. Toujours tournée vers la fenêtre, j’étais incapable de regarder Ewan. Je savais que je ne trouverais pas ce que je voulais dans ses yeux. Pourquoi tu… Pourquoi maintenant, tu… Tu n’as même pas… Réfl…

Tout à coup, je me stoppai et me tus, mes yeux s’agrandissant. Je portai ma main à ma bouche, étouffant quelque chose qui aurait pu être un cri, une plainte, un énorme sanglot, ou simplement ma dernière respiration. Les pièces s’imbriquèrent naturellement dans mon cerveau. Voilà pourquoi Ewan travaillait autant, pourquoi il était distant quand il parlait de ses parents, pourquoi il n’abordait jamais son avenir professionnel, pourquoi il avait été lutté contre notre relation, pourquoi il m’avait longtemps maintenu à distance, pourquoi il avait serré un peu plus sa main autour de ma nuque quand je lui avais dit que je voulais voir les koalas en Australie, pourquoi il avait toujours tout fait pour gagner au mieux sa vie…

- Tu as toujours su, compris-je trop tard.

Je ne sais pas trop ce qui se passa ensuite. Je crois que je manquai de perdre connaissance, et je chancelai, m’accrochant au canapé, cherchant une prise. Je ne sais pas si Ewan m’aida, s’il me toucha, mais l’instant suivant, j’étais assise, et je tremblai tant que je n’arrivais ni à parler, ni à bouger ou à respirer. J’étais en proie à une panique qui me tordait le ventre, et je pleurai tellement fort que s’en était douloureux.


- Tu as menti, gémis-je entre deux sanglots, complétement désespérée. Il avait toujours su… Tu m’as… Tu… Tu m’as promis que tu… Tu t’occuperais de moi, tu… Tu… Mais je n’y arrivais pas, constatai-je terriblement. Je n’arrivais à m’expliquer. Mais tu as toujours… Tu… Tu savais que tu allais me… Me tuer, articulai-je piteusement. Qu’est-ce que je vais faire, moi, sans toi ?

Les sanglots me reprirent et j’enfonçai mon visage dans mes mains, pleurant un peu plus encore. Je ne voulais pas m’arrêter, car je savais que si je me levais, si je bougeai, alors ça serait vraiment fini. Et je ne pouvais pas, je ne pouvais pas… Ewan était à mes genoux, le visage enfoui, et j’avais envie de lui crier de me dire que ce n’était pas vrai, parce qu’il m’aimait et que jamais… Jamais il ne pourrait me faire ça. Et pourtant ?...


- C’était pas vrai ? Demandai-je soudain, et j’eus un mouvement qui obligea Ewan à se relever et à me faire face. Pour la toute première fois depuis que j’étais arrivée, je plantai mon regard dans le sien, comme pour y chercher une réponse, une solution. Mes mains étaient crispées sur mes jambes, et soudain, l’une s’en détacha et se nouant en poing, s’écrasa sur le torse d’Ewan. Contre son cœur, comme si je voulais qu’il ait aussi mal que moi. Mais je n’avais aucune force, et il ne bougea même pas, comme si je ne l’avais même pas touché, faisant redoubler mes sanglots. Je ne pouvais plus l’atteindre… Tout ça, c’était pas vrai ? Demandai-je avec violence, et comme il ne réagissait pas, je sentis mon cœur troquer la tristesse pour de la colère, comme un dernier refuge. Si tu savais, c’est que c’était pas vrai, c’est que tu m’as jamais aimé, expiai-je en pleurant, mes poings tambourinant contre son torse. Tout ce qu’on avait, c’était pas vrai, dis-le, dis-le que c’était juste pour t’amuser, m’énervai-je, le tapant toujours, cette fois-ci avec plus de force. Dis-le, je t’en supplie, dis-le, achevai-je d’une voix soudain plus faible, et les larmes me reprirent avec plus de puissance.

Parce qu’il n’y avait peut-être rien de pire que de savoir qu’au fond, c’était la vie qui nous séparait plutôt que nos sentiments, et je crois que j’étais prête à tout entendre, tout, sauf : Ruby je t’aime mais je dois partir.
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Ewan Campbell


Ewan Campbell
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MessageSujet: Re: ~ All we had were lies. [PV E.]   ~ All we had were lies. [PV E.] Icon_minitimeVen 22 Nov - 17:47

Je savais qu'elle allait pleurer, je savais qu'elle n'allait pas comprendre, au début, puis qu'elle allait finir par le faire - je savais qu'elle allait s'effondrer et que j'allais me sentir encore plus minable si cela était possible, je savais tout cela. Ruby n'était pas quelqu'un qu'on pouvait quitter en s'attendant que cela ne l'atteigne pas, et je savais que j'avais trop compté pour elle pour que ce ne soit pas la pire chose qui puisse nous arriver. Mais c'était  plus fort que moi et cela m'écrasait : comment aurais-je pu faire autrement ? Trouves les mots, les bons mots, le dire gentiment et calmement, lui montrer que je l'aimais toujours mais qu'il m'était impossible de la choisir parce que je n'aurais pas pu assumer ce choix ? En quoi cela aurait-il été plus facile, moins douloureux ? Non, le seul moyen sans doute aurait été que je lui dise dès le départ, mais alors à quoi aurait ressemblé notre histoire, si nous avions du dès sa naissance qu'elle n'avait aucun avenir ? Est-ce que, quelque part, ce n'était pas mieux pour nous deux d'avoir connu cela, tout de même ? Je devais à Ruby ma première véritable histoire d'amour, et cela, jamais rien ne pourrait l'effacer de mon coeur : j'étais heureux qu'elle y soit gravée, et si pour l'instant je ne ne voulais pas penser à ce qui allait m'attendre aussi, pour rien au monde je serais revenu en arrière. Ruby m'avait donné et fait connaître de tels sentiments que je savais qu'il n'était pas donné à tout le monde de les frôler d'aussi près.

Mais quel droit avais-je de penser ou de lui dire cela, alors que j'étais celui qui mettait fin à notre relation ? Je m'interdisais d'être désespéré, parce que j'étais le seul et l'unique à blâmer - je n'avais pas le droit de me plaindre. Et plus ses sanglots se faisaient entendre, plus je me sentais honteux et misérable et incapable de la regarder, d'avoir un geste vers elle, de continuer, de la supplier de partir.


- Tu ne voulais pas me faire du mal ? Mais… Je… Tu veux que je… Qu’est-ce que je… Qu’est-ce que je dois faire ? Pourquoi tu… Pourquoi maintenant, tu… Tu n’as même pas… Réfl…

Je n'avais pas tourné la tête - pas encore. Je sentais que je tremblais un peu, et je ne voulais pas qu'elle lise dans mes yeux que j'étais aussi horrifié qu'elle de ce que j'avais osé faire... Mais alors qu'elle parlait et qu'elle sanglotait et que mon coeur se serrait d'avantage, je me demandais, sans toutefois oser formuler la question, à quel moment elle allait comprendre, à quel moment elle allait mettre les pièces bout à bout. Car à partir de ce moment, je savais que cela serait fini pour de bon.

Puis elle poussa un cri qui m'arracha de mon immobilité et pour la première fois je la regardais vraiment, inquiet - ce n'était pas un cri, un sanglot, c'était un mélange des deux, c'était la douloureuse conséquence parce qu'elle venait de se figurer que je l'avais menée en bateau depuis le début, finalement, et que j'avais su que nous n'aurions pas d'avenir. J'eus un mouvement vers elle parce, fragile, elle chancela et j'eus peur qu'elle perde conscience quelques instants, alors je l'aidais à s'assoir sur le canapé tandis qu'elle s'effondrait, en larmes, et je me laissais tomber à ses pieds, m'asseyant par terre.

Voilà. C'était fini, n'est-ce pas ? Doucement, je m'approchai de ses jambes et posai mes mains sur ses genoux, appuyai ma tête contre eux, la regardant avec anxiété.
Ne pleure pas, ne pleure pas, ne pleure pas, pas comme ça, je t'en prie...

- Tu as toujours su. Tu as menti. Tu m’as… Tu… Tu m’as promis que tu… Tu t’occuperais de moi, tu… Tu… Mais je n’y arrivais pas. Mais tu as toujours… Tu… Tu savais que tu allais me… Me tuer. Qu’est-ce que je vais faire, moi, sans toi ?

... Je retins les larmes qui me montaient aux yeux, et serrait un peu plus mes mains autour de ses jambes. Et toutes ces choses que je voulais lui dire revenaient en nombre : si tu savais, si tu savais comme je suis malheureux de partir, si tu savais comme je voudrais être avec toi pour de bon tellement je t'aime et je me sens bien avec toi, si tu savais comme je m'en veux de te faire du mal, si tu savais comme j'ai peur, si tu savais comme je me hais d'être celui qui peut te briser le coeur alors que je meurs un peu plus à chaque fois que tu n'es pas heureuse. Et elle avait le visage enfoui dans ses mains et ses cheveux tombaient doucement de ses épaules autour de sa tête, et je retins un geste instinctif de les remettre derrière ses épaules pour qu'ils ne la dérangent pas.

- Tu vas y arriver, mon amour, ne dis pas ça je... Net, je m'étais arrêté, coupé court dans mon élan par les paroles que je venais de prononcer. Ce n'était pas prévu. Je me redressai un peu, en colère contre moi même. Je n'ai pas le choix, je suis désolé.

Je ne pouvais rien dire de plus : j'avais placé tout mon espoir en sa capacité à s'en remettre, en son entourage, qui serait là pour elle, parce qu'elle était devenue forte et qu'elle avait tout en elle pour y arriver. Je le savais : non seulement je l'avais su depuis le début, mais petit à petit j'avais vu les changements s'opérer, tout doucement, mais sûrement... Elle n'était pas brisée comme elle semblait le penser, elle était au-dessus de ça, tellement au-dessus ! Elle était plus forte que moi, elle était plus brave que je ne le serais jamais. J'étais si fier d'elle.

- C’était pas vrai ? Je sursautai, et tout d'un coup elle me regardait, droit dans les yeux. Je sentis mon corps entier se serrer, comme électrifié de ce simple contact avec ses beaux yeux trempés de larmes. Et puis son poing vient cogner mon torse et je me reculai un peu instinctivement, surpris de cette attaque. Tout ça, c’était pas vrai ? Si tu savais, c’est que c’était pas vrai, c’est que tu m’as jamais aimé.

- Non, non, c'est faux, protestai-je alors qu'elle redoublait de coups contre moi et que j'essayais de la repousser, mais mollement, car j'étais étonné de cette réaction et je ne savais pas comment l'interpréter.

- Tout ce qu’on avait, c’était pas vrai, dis-le, dis-le que c’était juste pour t’amuser. Dis-le, je t’en supplie, dis-le.

Mais elle finit par me faire mal, et j'attrapai fermement ses poignets entre mes mains, puis les siennes, que je bloquai entre mes doigts, les reposant sur ses genoux. J'étais un peu essoufflé, elle aussi, et la tête me tournait de tout ce qui est entrain de se passer - je comprenais mieux pourquoi je n'avais rien dit, j'avais tout simplement envie de fermer les yeux et d'oublier, que ce ne soit jamais arrivé, que cela n'arrive jamais, que je n'ai pas à dire adieu à Ruby.

- Tu crois vraiment que je me serais amusé avec toi ? murmurai-je après un petit silence, la voix basse, fragilisé par ce qui venait de se passer. Non, bien sûr que non, me défendis-je, c'était vrai, j'ai passé les meilleurs mois de ma vie avec toi, mes sentiments étaient vrais, je t'en prie Ruby, crois-moi... Ce n'est pas toi, le problème, c'est... C'était tellement ridicule, et à la fois, je n'avais pas le choix. Mon père a besoin de moi, d'aide, et d'argent, et il me réclame depuis longtemps, et je ne peux pas l'abandonner, tu comprends ? C'est la seule solution pour qu'il aille mieux - j'eus un geste de la tête - enfin, que sa société aille mieux, et peut-être ensuite qu'il pourrait rentrer à la maison, qu'il se remettra avec ma mère. Je ne sais pas comment ça va se passer, mais je ne peux pas faire autrement. Je suis désolé, répétai-je pour la centième fois.

Baissant les yeux sur nos mains emmêlées les unes aux autres, je soulevai l'une des siennes et la portai rapidement à mes lèvres, pour embrasser sa peau, avant de la reposer sur ses genoux.


- Je t'en prie, ne pleure pas comme ça, c'est trop difficile, lui demandai-je tristement, et tout d'un coup je vis ma vue se brouiller et je détournai le regard pour retenir les larmes qui menaçaient de glisser, elles aussi, sur mes joues. J'ignorai si elle allait me comprendre, me croire. Quelque part, j'avais déjà abandonné la partie, et à l'intérieur de moi, résignée, la carapace se refermait peu à peu. Je crois qu'il vaut mieux qu'on arrête là, conclus-je d'une voix plutôt faible. Pars, la suppliai-je, le regard déjà ailleurs - et déjà mes doigts se désolidarisaient des siens et attendaient qu'ils veuillent bien les laisser partir.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: ~ All we had were lies. [PV E.]   ~ All we had were lies. [PV E.] Icon_minitimeMar 26 Nov - 0:51



"Don't want to let it lay me down this time.
Drown my will to fly.
Here in the darkness I know myself.
Can't break free until I let it go.
Let me go.

Darling, I forgive you... After all,
Anything is better than to be alone.
And in the end I guess I had to fall.
Always find my place among the ashes.


I can't hold on to me,
Wonder what's wrong with me."



J’essayais de me souvenir, et le sentiment était encore bien trop présent, de me souvenir ce que cela me procurait d’avoir confiance en lui. C’était une telle certitude qui s’était enracinée en moi, qui avait balayé le reste et qui m’avait presque fait espérer que le futur pourrait être différent. Que je n’étais pas enfermée par le passé dans ce rôle de petite fille brisée qui allait toujours souffrir pour être heureuse. J’avais envisagé d’être heureuse, simplement heureuse, parce qu’Ewan était là pour veiller sur moi. C’était ça, avoir confiance en lui ? J’avais mis du temps, mais au fond, c’était partout autour de lui, de moi, de nous ; la manière dont il me regardait, m’embrassait, me touchait, me parlait, chaque détail me prouvait que j’étais estimable et qu’il était quelqu’un de bien, de bien pour les autres et pour moi. Alors comment avais-je pu avoir autant tort sur lui ? Ce n’était pas possible, me répétai-je. Il m’aimait, il ne m’avait pas menti, je l’aurais senti : tous nos moments rien qu’à nous avaient été trop intenses et trop vrais pour que ça soit faux, ce n’était pas possible…

- Tu vas y arriver, mon amour, je sentis un horrible sanglot m’échapper, incapable de me contrôler – comment pouvait-il encore m’appeler ainsi alors qu’il voulait partir, ne dis pas ça je... Je n'ai pas le choix, je suis désolé.

Comment pouvait-il me dire ça, lui qui m’avait toujours prouvé que rien n’était figé et qu’on pouvait évoluer, grandir ? Il m’avait montré que j’avais le choix, moi, de me battre, et ne lui avais-je pas prouvé que je voulais me battre pour lui ? Malgré toute mes peurs, mes jalousies, je n’avais jamais eu à me battre pour Ewan parce qu’il était mien et que j’étais sienne, j’avais toujours senti quelque part au fond de moi qu’il m’aimait : ne lui avais-je pas assez montré à quel point il m’était indispensable, était-ce pour cela qu’il me quittait ? Ma tête tournait, je ne comprenais pas. Pas le choix ? Comment pouvait-il être contraint de me quitter, alors que nous nous aimions et que nous avions toujours tout fait pour être heureux ? Nous nous étions battus pour chasser nos démons, pour être meilleurs ensemble, et voilà qu’il me disait qu’il n’avait pas d’autre choix que partir, me laisser, me détruire ?

Il n’avait pas pu m’aimer, c’était impossible.


- Non, non, c'est faux, tenta-t-il de répliquer face à mes accusations.

Mais déjà je le frappai un peu plus fort, sanglotant toujours, incapable de contrôler quoi que ce soit. Je ne savais même pas si je le frappais parce que j’étais en colère ou parce que j’avais besoin de le toucher, d’être sûre qu’il était encore là, devant moi, pas encore tout à fait parti. Je me berçais peut-être d’illusion, je gagnais du temps, mais qu’importe. Et peut-être aussi le frappais-je un peu pour qu’il ait mal lui, lui qui semblait si calme alors qu’en quelques minutes il avait brisé des mois de relation, et surtout tout un futur que j’avais imaginé malgré moi. Un futur qu’il avait lui-même nourri, au travers de chaque baiser, il m’avait insufflé un peu de force pour maintenant tout m’arracher en un instant, une seule parole ? J’avais vu un futur, j’avais imaginé un après, qui n’avait pas toujours forme, mais qui était construit sur cette unique certitude : nous nous aimions, pourquoi est-ce que cela changerait ? Je m’étais ouverte à Ewan, j’avais tout dit, tout dévoilé, et il n’avait jamais fui. Le faisait-il maintenant, avait-il changé d’avis ?

Ewan attrapa mes poignets et je sursautai de ce contact inattendu – mes doigts se serrèrent autour des siens et je sentis mon cœur se retourner dans ma poitrine.


- Tu crois vraiment que je me serais amusé avec toi ? Non, bien sûr que non, c'était vrai, j'ai passé les meilleurs mois de ma vie avec toi, mes sentiments étaient vrais, je t'en prie Ruby, crois-moi... Je ne pouvais pas l’entendre dire ça, c’était bien trop douloureux. Il m’aimait, et il partait ? Il en souffrait aussi ? Il avait aimé être avec moi et ne pouvait pas faire autrement que nous blesser en partant ? Je ne pouvais pas le laisser dire ça, je ne pouvais me dire qu’il souffrait aussi, par-dessus tout. C’était stupide, mais je l’aimais, et je ne pouvais pas le savoir comme ça. Malgré toute ma peine, jusqu’au dernier instant, je voulais qu’il ait bien, peu importe ma douleur. Ce n'est pas toi, le problème, c'est... Mon père a besoin de moi, d'aide, et d'argent, et il me réclame depuis longtemps, et je ne peux pas l'abandonner, tu comprends ? C'est la seule solution pour qu'il aille mieux, enfin, que sa société aille mieux, et peut-être ensuite qu'il pourrait rentrer à la maison, qu'il se remettra avec ma mère. Je ne sais pas comment ça va se passer, mais je ne peux pas faire autrement. Je suis désolé.

Il choisissait donc de sauver sa famille. Je ne pouvais rien dire, je ne comprenais pas : je n’avais pas de famille et n’en aurais jamais. J’avais été croire de bête qu’il en aurait été autrement, que j’aurais pu m’en sortir d’une manière ou d’une autre. Je me sentis tout à coup bêtement seule, toute seule, et extrêmement lasse, comme si j’abandonnais. Ewan avait raison. Il fallait qu’il aille arranger les problèmes qu’il était le seul à pouvoir résoudre, et qu’il voulait résoudre. Le Jamie dans mes rêves avait raison, je n’étais pas aussi importante que tout ça, pas assez pour qu’on sacrifie quelque chose pour moi.

Ewan posa ses lèvres l’espace d’une fraction de secondes sur le dos de ma main, et je fermais les yeux, tentant d’arrêter de pleurer. Il fallait que je me calme, mais j’en étais incapable. J’étais incapable d’admettre que c’était fini.


- Pourquoi tu m’as fait ça ? Demandai-je d’une petite voix, serrant ses mains plus forts malgré moi. Je croyais que… Que quoi, souffla une petite voix dans ma tête. Que tu en valais la peine ? Voyons Ruby, tu es plus intelligente que ça. J’ai besoin de toi, je peux pas… Pourquoi… Tu… Tu m’as sauvé, et tu t’en vas, murmurai-je tristement.

Les sanglots repartirent, et se firent un peu plus paniqués à nouveau. Mon cœur savait que c’était la fin, mais il ne pouvait pas s’y résoudre. Il ne pouvait pas admettre que ce qui le faisait battre était sur le point de disparaître pour toujours.


- Je t'en prie, ne pleure pas comme ça, c'est trop difficile. Je crois qu'il vaut mieux qu'on arrête là.

Le monde cessa de tourner l’espace d’un instant, et je n’entendis et ne sentis plus rien.

Puis, ce fût comme si on avait remis la machine en marche – mes doigts serrèrent ceux d’Ewan qui, je le sentais, allaient se détacher. Je ne pouvais pas… Ce n’était pas la dernière fois que je voyais. J’avais besoin de lui, et… Je croyais qu’il avait besoin de moi aussi… Je relevai mes yeux vers Ewan, qui détourna son regard, et je lâchai finalement ses mains, essuyant mes joues. Je pleurais toujours, mais étrangement, cela s’était calmé dès qu’Ewan avait dit qu’il fallait que l’on arrête. Mes larmes s’arrêtaient, mon cœur, mon corps, mon esprit, tout s’arrêtait en même temps que nous deux.

Ewan eut un regard vers moi, et je sus que c’était ma dernière occasion : j’eus un mouvement vers lui, cherchant ses lèvres une dernière fois, mais il ne me l’accorda pas, détournant son visage. Ce fût comme si on avait serré toutes mes entrailles brusquement, et mon cœur se contracta si violemment que j’eus du mal à respirer sans exploser une nouvelle fois en sanglot. Non, il ne pouvait pas...


- Un dernier, s’il-te-plaît, suppliai-je, d’une voix si tremblante qu’il me sembla qu’elle s’était brisée avant même que je ne termine ma phrase.

Je me penchai une nouvelle fois, et il ne s’écarta pas : je posai mes lèvres sur les siennes – les miennes avaient le goût des larmes. Il ne me laissa pas prolonger le baiser, ce ne fût qu’une brève caresse qui me rendit encore plus triste si c’était possible, et lorsque mon visage lui fit face, je cherchai ses yeux une dernière fois. Je ne voulais pas oublier ses traits, surtout pas : ses yeux délavés, à la couleur insaisissable, qui renfermaient toujours tant de choses et à la fois laissaient transparaître si peu ; l’arrête droite de son nez et le petit creux juste en-dessous, au-dessus de ses lèvres ; ses lèvres, justement, leur pulpe, leur tracé, la couleur rosé et leur bord qui se soulevait à gauche quand il souriait ; les deux fossettes sur ses joues lorsqu’il souriait ; les deux creux entre ses sourcils – chaque détail comptait.

Tel un automate, je me levai, et Ewan en fît de même. C’était donc ça ? Seulement ça ? Pourquoi pouvais-je encore fonctionner, alors qu’à l’intérieur, tout avait été anéanti ?


- Je… Commençai-je, mais je ne sus pas quoi dire. Je t’aime ? Merci pour tout, malgré tout ? Reste, je t’en supplie ?

Je fis quelques pas jusqu’à la porte, et posai ma main sur la poignée, mon corps tremblant. Je ne pouvais pas…

Je fis demi-tour et me plantai devant Ewan qui me regardait, sans vraiment me voir. Je sortis de ma poche les clefs de son appartement, et je les posai dans sa main, l’obligeant à me toucher une dernière fois, et je posai mon autre main sur son épaule, m’haussant sur la pointe des pieds pour me pencher à son oreille tandis que mes doigts se serrèrent autour de sa main.


-Je t’aime, et ça ne changera jamais, murmurai-je une dernière fois.

Je ne sais pas vraiment je réussis à descendre les escaliers, à marcher, mais la nuit et sa fraîcheur me prirent à la gorge, m’arrachant un nouveau sanglot. Je fis quelques pas, chancelante, puis me stoppai. Chaque fois que je sortais de chez lui… Chaque fois, je me tournais vers la fenêtre, Ewan me regardait, et je lui envoyais un baiser auquel il répondait. A chaque fois. Même lorsque j’étais en retard pour aller en cours, même lorsqu’Ewan était encore tout endormir. A chaque fois.

Je ne sais pas trop combien de temps je restais à regarder sa fenêtre. A l’intérieur, une petite voix suppliait : s’il vient à la fenêtre, c’est qu’il m’aime, s’il vient à la fenêtre, c’est qu’il m’aime, c’est qu’il m’aime, c’est qu’il m’aime…

Mais il ne vint pas, et n’y viendrait plus jamais.

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Ewan Campbell


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MessageSujet: Re: ~ All we had were lies. [PV E.]   ~ All we had were lies. [PV E.] Icon_minitimeMar 26 Nov - 17:46

Nous agissions différemment, mais le résultat était le même : l'un comme l'autre nous nous éloignions, et c'était comme si plus je la regardais, plus elle disparaissait, plus les contours de sa silhouette, de son visage, s'estompaient. Je savais, pourtant, que tous ces détails je ne pourrais pas les oublier, en aucun cas. Même dans le brouillard qui s'immisçait entre nous, je voyais toujours aussi nettement l'éclat bleu de ses yeux, le blond doré de ses cheveux flotter autour d'elle comme un halo, le dessin de ses épaules, ses bras, ses doigts un peu courbés, ses longues jambes. Mais je me fermais - je m'étais fermé à vrai dire - et plus rien ne pouvait rentrer, et même si cela me désolait, même si j'avais envie de pleurer et de poser mon coeur à ses genoux, je savais qu'il était trop tard. C'était tout le pouvoir d'avoir reporté mon choix à si tard, d'avoir fermé les yeux sur ce qui m'attendait : désormais, maintenant que j'avais arrêté mon choix, plus rien ne me retenait, c'était comme si j'avais franchi une limite qui m'empêchait de revenir, et quelque part je me sentais différent... Je n'étais plus le même. Il faut être différent pour accepter d'abandonner celle que l'on aime et quitter son pays, sa vie, pour secourir sa famille, n'est-ce pas ? J'abandonnais Ruby, mais j'abandonnais quelqu'un d'autre aussi : moi, ou bien celui que j'avais été, mais en tout cas je n'avais aucune idée de ce que j'allais devenir, à présent. A quoi ressemblerait mon avenir, là-bas, dans ce pays que je ne connaissais pas ? Et avec ce métier qui n'était pourtant pas mon préféré ? C'était le carrefour de toute ma vie et je le savais ; mais j'avais pris ma décision. Il ne m'appartenait plus de revenir en arrière. La lettre que j'avais adressée à mon père, d'ailleurs, avait été la plus douloureuse qu'il m'ait été donné d'écrire, pas pour son contenu, mais pour l'effort qu'il m'avait coûté de me résigner à coucher noir sur blanc ce que j'avais repoussé si longtemps avait été tellement puissant que j'avais eu le coeur serré rien qu'en attrapant la plume et le parchemin.

« J'arrive », pourtant, ce n'était pas grand chose... Ou plutôt si, deux simples mots, mais toute ma vie qui basculait...


- Pourquoi tu m’as fait ça ? Je croyais que… J’ai besoin de toi, je peux pas… Pourquoi… Tu… Tu m’as sauvé, et tu t’en vas.

- Tu t'es sauvée toute seule, murmurai-je, la voix lointaine, mais pourtant j'y croyais : je l'avais aidée sans doute, mais c'était elle et elle seule qui avait réussi à braver ses démons toute seule, je ne voulais pas qu'elle s'enlève ce mérite. Et sans doute ne voulais-je pas voir non plus que si ce n'était pas le cas, mon départ anéantissait tout, et cela... Je ne pouvais pas le supporter.

Mais non, c'était impossible, Ruby était plus forte qu'elle le pensait et je le savais, et déjà mes doigts quittaient les siens parce qu'ils ne pouvaient plus supporter de les toucher, parce que je voulais ne plus être là, ne plus la voir pleurer, ne plus sentir la pression écraser mon coeur et mes poumons.

Quand je croisai son regard, je me sentis parcourut d'un courant glacé, alors qu'elle pleurait encore même si elle s'était essuyée les joues, alors qu'elle me lançait de tels signaux de détresse que la carapace en moi vibrait un peu, assaillie de toutes parts, et pas si solide que je ne l'avais imaginé. Comme un acte de défense, quand elle se pencha vers moi pour m'embrasser, je reculai et détournai doucement le visage. Non - c'était impossible, cela m'était impossible. Un baiser ? Mais un baiser et je mourrais, un baiser et je m'effondrais pour de bon, un baiser et je disparaissais et je devenais incapable de faire quoi que ce soit - choisir, ne pas choisir.


- Un dernier, s’il-te-plaît, me supplia-t-elle, et je la regardai encore droit dans les yeux, sans la voir vraiment. En réalité je me disais seulement : pourquoi, pourquoi tu insistes ? Et je me sentais trembler, déjà.

Je fermai les lèvres et la laissai déposer un baiser dessus, sans lui retourner, sans rien faire à part attendre que cela passe, et même si je sentais mes lèvres froides comme de la pierre et tout mon corps faire barrage à cet adieu, à ce dernier baiser, c'était comme si tout d'un coup quelque chose touchait mon coeur au milieu de tous ces tourments et cette glace qui m'écrasait les entrailles, parce qu'il comprenait, et moi aussi. Je n'y arriverais pas, n'est-ce pas ? J'avais l'impression de dissocier mon coeur et moi, de le regarder, de le soupeser, de l'interroger. T'en remettras-tu ? Non, probablement pas, ou alors par miracle, mais pas entièrement. Nous avions beau être jeunes, et être ensemble depuis peu de temps pourtant, je savais que Ruby était et serait celle qui me rendrait heureux, parce qu'elle m'avait tant apporté, parce qu'elle me donnait tout ce dont j'avais besoin, et que l'équilibre de notre relation ne pouvait pas avoir son équivalent ailleurs, c'était impossible. Je l'aimais de toute mon âme, et quand on aimait à se point, c'était impossible d'oublier pour de bon et de recommencer une autre fois, n'est-ce pas ? Je ne voulais pas me piéger et m'interdire la suite, mais je le sentais. Je laissais une telle partie de moi avec elle, je lui confiais, et je m'en allais. Et j'emportais probablement tout autant de mon côté...

Je me levai à cette idée, ne voulant pas m'aventurer de ce côté-là. Elle se leva aussi, et je serrai les lèvres, restant figé, en recul. Il fallait qu'elle parte.

Elle voulut dire quelque chose, abandonna, se tourna, s'approcha de la porte - dans ma poitrine mon coeur battait tellement fort qu'il explosait à chaque fois, et déjà les tempes me bourdonnaient, voilà c'était fini, fini, c'était ce que j'avais voulu, c'était fini, et pourtant je ne le voulais pas, je me sentais comme au premier soir, quand elle avait disparu dans la nuit et que j'avais vu sa silhouette engloutie par la nuit, la joue cuisante de l'échec que je venais de subir. J'aurais d'ailleurs préféré qu'elle me gifle à nouveau parce que c'était tout ce que je méritais et quelque part je voulais sentir quelque chose - or je ne sentais rien à part mon pauvre coeur qui s'excitait tout seul et cette pression dans mon ventre, ma gorge, mes poumons.

Il m'apparut clairement que, si le choix m'appartenait encore, c'était en cet instant précis que j'aurais du la retenir. Je ne le fis pas.

Mais elle s'arrêta et revint sur ses pas, me tendant mes clefs, qu'elle posa dans ma main - nos doigts se retrouvèrent un instant, et elle se pencha vers moi, contre moi :


- Je t’aime, et ça ne changera jamais.

Mes doigts répondirent sûrement à la pression de ses siens, peut-être, je n'en savais rien. L'instant d'après le temps s'était accéléré, elle était partie, elle n'était plus là, et j'étais seul au milieu des cartons, exactement comme avant qu'elle arrive, exactement comme s'il ne s'était rien passé. Je restai la main à moitié levée, les yeux dans le vague, puis je m'approchai de la cheminée pour y déposer le double des clefs, et me dirigeai vers la petite fenêtre du salon. Par là, quand Ruby quittait mon appartement, je m'installai toujours pour la regarder rentrer à Poudlard et je lui adressai un signe de la main, un sourire, tandis qu'elle m'envoyait un baiser et me souriait aussi, puis elle se retournait et je la suivais des yeux dans le petit chemin qui serpentait jusque vers le château, jusqu'à ce que les arbres la cachent. C'était un rituel qui nous aidait à nous faire à l'idée que nous n'allions pas nous voir pendant quelques jours, qu'elle retournait à Poudlard et que je l'attendais là, mais qu'elle reviendrait. Quand je jetai un oeil dans la rue, je la vis de dos, éclairée par un lampadaire un peu plus loin. Mais si elle se retenait, et si je la saluais, c'était faux, n'est-ce pas ? Puisqu'elle n'allait pas revenir. Alors je détournai le regard et revins au centre de la pièce, me laissant finalement tomber dans le canapé.

Ce fut comme si un poids immense s'affaissait sur mes épaules et je pressai ma tête entre mes mains, mon visage, pour ne plus rien voir, ne plus rien entendre, pas même le feu qui crépitait joyeusement dans la cheminée. J'étais triste, j'étais tellement triste ! Mais non, les larmes qui avaient envie de couler n'avaient pas le droit, et j'appuyai mes doigts sur mes yeux pour qu'il ne se passe rien. Je ne sais combien de temps je restais ainsi, mais quand je compris qu'il fallait que je fasse quelque chose, j'agitai faiblement ma baguette pour que viennent jusqu'à moi une bouteille de whisky de mon oncle et un verre, que je servis. Le liquide ambré coula dans ma gorge et me fit grimacer - trop fort, trop amer, car j'avais un goût métallique dans la gorge. Mais après quelques gorges il me donna le coup de fouet dont j'avais besoin et je m'installais plus confortablement dans le canapé, les yeux perdus dans les lueurs de la cheminée. Mais malgré les flammes, malgré l'alcool, je tremblais un peu de froid et mes doigts restaient glacés, comme si ils n'avaient pas pu supporter le contact avec ceux de Ruby, ou bien comme s'ils refusaient de se réchauffer maintenant qu'elle n'était plus là.



And I don't want to see what I've seen
To undo what has been done
Turn off all the lights
Let the morning come, come

Now there's green light in my eyes
And my lover on my mind
And I sing from the piano
Tear my yellow dress and
Cry and cry and cry
Over the love of you



Fin
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