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~ Seeds of Gold [PV L. ♥]

 
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 ~ Seeds of Gold [PV L. ♥]

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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



Féminin
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Localisation : Cachée.
Date d'inscription : 03/09/2011

Feuille de personnage
Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »

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MessageSujet: ~ Seeds of Gold [PV L. ♥]   ~ Seeds of Gold [PV L. ♥] Icon_minitimeLun 10 Mar - 21:11




“In no way this is strong and
I can feel my eyes
Burning all day long
From the fire of my prize

A rainbow above the tree
I came out of the pain
A rainbow above, how beauty
Sometimes comes out of convex, my needs, my strain


Something's coming up
Something's coming up
My friend.”



Je me rappelais des mots de Sara.

- Ruby, j’ai pensé à t’adopter. Officiellement. Si tu es d’accord, bien sûr.

Puis… La pression dans ma poitrine, soudaine, si vive qu’elle en était douloureuse. Les larmes, instantanément, qui m’étaient montées aux yeux et avaient roulé sur mes joues. Ma main, portée à ma bouche, pour retenir l’exclamation, le sanglot. Mes épaules qui s’étaient mises à s’agiter tandis que tout mon corps tremblait étrangement, comme si toutes mes veines pulsaient d’un sang différent qui ne savait comment me faire fonctionner correctement. J’avais beau battre des paupières, je ne voyais que des formes et des couleurs, toutes enveloppées d’une lumière brillante, éclatante. Tout s’imprimait en moi, chaque son, chaque sensation ; la chaleur de la cheminée qui crépitait dans le bureau et qui adoucissait mon cœur, la lumière qui filtrait par la fenêtre, dehors, alors qu’un soleil froid d’hiver brillait dans le ciel, le pull d’Ewan contre ma peau qui frissonnait, mon rire qui s’échappait au milieu de mes sanglots. Un rire si doux, si étrange, qui m’envahissait toute entière. Un rire de soulagement, de bonheur, un bonheur si puissant et si entier qu’il me pénétrait toute entière et me laissait ébahie, incapable de faire quoi que ce soit si ce n’était hocher la tête, encore et encore, comme pour répéter un oui silencieux qui n’arrivait pas à sortir d’entre mes lèvres. Je crois que, assise en tailleur sur le grand canapé de cuir avec Conrad à ses côtés, Lizlor riait aussi, mais je ne la voyais pas : je ne voyais rien, à vrai dire, je ressentais simplement. Et ce que je ressentais me clouait sur place.

Au bout d’un instant, qui me parût long, je sentis que Sara m’étreignait dans ses bras, alors j’arrivais cette fois à murmurer des « merci » en boucle, sans pouvoir m’arrêter de pleurer. Puis, je compris que Lizlor se joignait à nous, puis Conrad – ils m’entouraient tous les trois dans une étreinte où je me sentais maladroite, fébrile, et pourtant tellement à ma place. Je n’arrivais pas à trouver les mots pour exprimer toute ma gratitude, tellement immense, et encore moins ce que cette annonce me faisait éprouver. Cela en était presque irréel. On voulait de moi dans sa famille, on faisait le choix, la démarche, de me considérer comme sa fille, comme un membre d’une famille à part entière. Bien sûr que je me sentais déjà une part de la famille Wayland, mais l’officialiser était tellement différent et… Important pour moi. Je riais, je pleurais, et je ne sais pas combien dura ce câlin, mais lorsque nous nous écartâmes tous, j’essuyais mes larmes d’une main, tandis que l’autre serrait fort celle de Lizlor. Je levai mes yeux, regardant Sara pour la première fois depuis qu’elle m’avait dit ces quelques mots. Non seulement ses yeux dégageaient une tendresse maternelle incroyable, mais me renvoyaient un reflet étrange de ma propre personne, quelque chose de si beau tout à coup que je compris l’espace de quelques délicieuses minutes. Je compris que j’étais assez bien, moi aussi, pour que l’on m’aime jusqu’à ce point.

***

Lieu : Great Dunmow

Le 17, jour même de mon anniversaire, j’avais été trop heureuse de le fêter en compagnie de Sara et de Conrad qui était venu pour le week-end. Nous avions déjeuné ensemble, après l’annonce de mon adoption – le mot provoquait encore en moi des frissons incontrôlables – puis avec Conrad et Liz, nous avions fait un tour dans Pré-au-Lard et les alentours. J’avais été un peu triste, malgré tout, songeant à Ewan qui était en Australie, alors que j’aurais voulu partager non seulement mon anniversaire avec lui, mais aussi cette nouvelle extraordinaire. J’aurais bien voulu lui présenter Conrad aussi, dîner avec lui au restaurant ce soir… Mais il y aurait d’autres anniversaires. Et au fur et à mesure qu’avançait cette pause que j’avais fixé dans notre relation, je voyais avec plus de clarté que tous ces prochains anniversaires, je voulais qu’il les passe avec moi. La première fois que je l’avais rencontré – ou plutôt, rencontré à nouveau – le soir de mes 17 ans, je n’avais sûrement pas compris que j’allais avoir besoin de lui autant… Mais c’était un fait.

Mais aujourd’hui était trop spécial pour que je sois triste. Les choses prenaient un angle si différent, si étrange, depuis ce qu’avait dit Sara... J’avais donc passé toute la journée dans une humeur rassurante et sereine, profitant de chaque instant. Sara m’avait offert une magnifique robe, gris perle, au tissu brillant et satiné, cintrée à la taille avec des épaulettes, qui me donnait une allure presque aussi majestueuse qu’elle – d’après Lizlor bien entendu. Conrad lui, m’avait offert une paire de boucle d’oreille en argent avec des perles légèrement bleutés. Quant à Lizlor, elle m’avait offert un livre de cuisine, en me précisant qu’il nous serait utile pour notre future colocation de l’année prochaine – ce n’était qu’un livre, mais la signification me plaisait tant qu’il m’avait étrangement bouleversé. Puis, elle avait fait deux bracelets très spéciaux… Dans un métal clair et brillant, chacune de nous avait un bracelet fin, dont la fabrication avait quelque chose de spéciale, m’avait expliqué Lizlor : dans le métal de mon bracelet était enfermé un cheveu de Lizlor, et dans le sien, un de mes cheveux. Je l’avais embrassé avec une certaine émotion, touchée au plus au point et tentant de ne rien laissée paraître. Le soir, nous avions dîné dans un restaurant à Londres, particulièrement chic, me mettant presque mal à l’aise. J’avais mis ma jolie robe, Lizlor s’était aussi faite belle, et lorsque j’avais soufflé les bougies de la tarte au citron meringué, j’avais silencieusement fait le vœu d’être à la hauteur de cet amour que je recevais et qui me plongeait dans une volupté délicieuse. Nous étions ensuite allés boire un verre, Lizlor Conrad et moi, au Trois Balais. Nous n’étions pas rentrés trop tard, cependant, car le lendemain matin allait être chargé, je le savais…

Comme je m’y étais attendue, j’avais reçu une lettre du notaire dans la semaine, m’informant que je devais prendre rendez-vous, puisqu’à ma majorité – 18 ans chez les moldus – j’allais toucher mon héritage. En vérité, je n’en avais pas la moindre envie, mais je m’étais faite à l’idée depuis un moment. Sara avait proposé de m’accompagner, mais sans vraiment savoir pourquoi, j’avais refusé. J’avais été incapable de le faire pour Lizlor, cependant, consciente que sans son soutient, je ne risquais pas de tenir très longtemps. Nous avions rendez-vous à 11h, et le matin même, nous avions transplané, Lizlor et moi, main dans la main. Great Dunmow était à une petite heure de Londres, et c’était une petite ville avec un centre assez petit, et de nombreuses maisons éloignées qui se confondaient dans tous les villages autour. Je me souvenais encore clairement de ma ville, en particulier de l’église qui, j’en étais sûre, n’avait pas dû beaucoup changer depuis. Lorsque je sentis le sol sous mes pieds, je restai immobile, les yeux fermés, serrant la main de Lizlor. Puis, inspirant un grand coup, je consentis à ouvrir les yeux à nouveau, et à sortir de la ruelle où je nous avais fait apparaître.

J’étais revenue ici il y a environ deux ans, mais avec tant de rapidités et de rejet de ce lieu que je me souvenais à peine avoir vu quoi que ce soit. Je levai les yeux vers l’église, puis jetai un regard circulaire sur la place déserte, retenant ma respiration. Les choses avaient légèrement changé, ou peut-être m’en souvenais-je mieux à présent que je les avais sous les yeux ? Je fis quelques pas, la main de Lizlor toujours dans la mienne, avant de faire un signe de tête pour indiquer à ma meilleure amie qu’il fallait remonter l’avenue principale, jusqu’à chez le notaire.


- C’est là où travaillait ma mère, indiquai-je alors que nous passions devant le café. Il n’avait même pas changé d’enseigne, 12 ans après. Je collai mon visage contre la vitre, regardant l’intérieur. La décoration elle, avait changé. C’était un peu plus moderne, les canapés de cuirs où j’aimais faire la sieste avait disparu, tout comme certaines affiches sur le mur. J’en reconnaissais certaine, cependant. Nous fîmes quelques pas de plus, et je me figeai un peu, pointant du doigts l’épicerie sur le trottoir d’en face. Et c’était là où il travaillait, ajoutai-je d’une voix étrangement basse.

Nous continuâmes à marcher, dans un certain silence presque pesant. Je baissai la tête, par réflexe, dès que quelqu’un passait devant nous. Heureusement pour moi, les rues étaient presque vides, le froid ambiant ne poussant probablement pas à sortir de chez soi. Nous arrivâmes finalement chez le notaire. Après quelques minutes d’attentes dans une salle grise et peu accueillante, nous finîmes par nous faire recevoir par une femme grande et osseuse, avec un sourire cependant rassurant sur le visage. Mais quand la porte de son bureau se referma, je me sentis tout à coup toute petite, et en m’asseyant, je cherchais machinalement la main de Lizlor de la mienne. J’écoutais, silencieuse, les mots que l’on m’exposait, sans bouger. Je ratai un battement de cœur, cependant, lorsque la femme déposa devant moi une enveloppe contenant une lettre de la part de ma mère. Mais je ne montrais rien, signant les papiers que l’on me tendait, hochant la tête à chaque explication. Une boite d’ « effets personnels » me fût également remise, des choses que ma mère souhaitait visiblement me léguer. A vrai dire, j’étais étonnée qu’elle ait même pensé à faire tout ça – mais quelque part, cela renforçait l’aspect planifié de son geste, et ça me remplissait d’une tristesse un peu plus amère.

Après quelques poignées de mains échangées, nous sortîmes en silence, ma boite sous le bras. L’air frais me fit frissonner en sortant, et je marchai un instant en silence, jusqu’à un parc non loin que je connaissais. Lizlor, un peu en retrait derrière moi, me suivait, ne disant rien. Je fis un signe de tête pour qu’elle me suive jusqu’à un banc, un peu en retrait, derrière les arbres, où je posai la boite entre nous deux, tandis que nous nous asseyions face à face.


- Autant faire ça maintenant, lâchai-je. La sensation de la boîte dans mes mains me brûlait les doigts. J’ouvris le carton, retenant ma respiration, fronçant un peu les sourcils. Beaucoup de choses semblaient s’y empiler, et je sortis au hasard un écrin que j’ouvris. Il contenait un bracelet, en or probablement, qui avait appartenu à ma grand-mère, puis à ma mère. Qu’est-ce qu’elle veut que je fasse avec ça ? Dis-je à haute voix, légèrement violemment.

Je reposai l’écrin dans la boite, dans un mouvement d’humeur. Je sortis de la poche de mon manteau la lettre, et je l’ouvris, tentant d’ignorer les frissons que déclenchèrent la vue de l’écriture de ma mère sur le papier.


    Ma Ruby,

    Si tout se déroule comme prévu, tu lis cette lettre alors que tu as dix-huit ans. Je me plais à imaginer de quoi tu auras l’air, avec toutes années en plus. Qui es-tu devenue, à quoi ressembles-tu ? Je n’ai aucun doute que tu resteras la plus jolie, et j’espère de tout mon cœur que tu as encore en toi cette douceur que tu avais enfant, et que je n’ai pas su protéger.

    Je ne te laisse pas cette lettre pour obtenir ton pardon, je ne pense pas non plus le mériter. Tu mérites des explications, et je pense que tu es maintenant en âge de les avoir, de comprendre – si tout est compréhensible, bien sûr.

    Je ne t’ai jamais vraiment raconté comment je me suis mise avec ton père. Tu étais trop petite pour cerner les adultes, mais peut-être as-tu, avec le temps, compris qui il était. Dans notre petite ville, il était ce garçon que tout le monde connaissait et aimait, parce qu’il dégageait ce charisme incroyable. Toutes les filles avaient le béguin pour lui, et je n’étais pas une exception. Mais tu sais, du moins tu l’as vu sur la fin, je n’ai jamais été forte. Alors quand il s’est intéressé à moi, j’étais à sa merci en un instant. Avec du recul, il utilisait ma faiblesse pour se mettre en avant, mais j’avais l’impression que quelqu’un de bien s’intéressait à moi, je me sentais forte avec lui. J’ai toujours beaucoup imaginé mon futur quand j’étais enfant, et je rêvais d’une vie meilleure, d’une famille unie et heureuse. Je n’ai pas eu une vie difficile, simplement… Trop simple à mon goût. Il a fabriqué du rêve qui m’a tenu endormie, je pensais qu’avec lui les choses seraient mieux.

    Mais bien sûr, les déceptions sont vite arrivées. Nous sommes restés dans la même ville, avec nos petits boulots, il nous fallait de l’argent… Je m’accrochais toujours, je me disais que j’avais de la chance de l’avoir. Quand il se mettait en colère, que nous nous disputions, je revenais toujours. J’avais peur de le perdre, de perdre tout ce que j’avais, et je me répétais que les choses iraient mieux avec le temps. Que je me faisais ma difficile.

    Puis tu es arrivée. J’étais tellement heureuse, je me rappelle encore de lorsque je t’ai tenu dans mes bras pour la première fois, et que tu m’as regardé. Je t’aimais déjà tellement, tu étais mon petit joyau, mon trésor – c’est pour ça que je t’ai appelé Ruby, d’ailleurs. Tu étais ma pierre précieuse. Ton père était si heureux aussi, j’ai cru qu’enfin nous serions vraiment bien, et que j’allais trouver un équilibre. Encore une fois, les déceptions sont vite arrivées.

    Tu ne te rappelles peut-être pas de lorsqu’il rentrait ivre, de lorsqu’il criait contre moi, car il ne le faisait jamais devant toi. Il n’était pas très fidèle non plus, mais je n’ai rien dit. Je pensais que je risquais de tout détruire, et que maintenant, il y avait aussi toi à prendre en compte. Je ne voulais pas que tu ais une enfance dans un foyer brisée… Comme c’est ironique d’y penser, désormais. Et j’avais peur, parce que j’ai toujours été lâche, d’assumer mes choix, de voir la vérité en face. Je ne sais pas vivre dans la réalité Ruby, et c’est bien pour cela que je ne peux plus vivre dans celle-ci.

    Après ce qui s’est passé… J’étais détruire. L’homme que j’aimais s’est révélé être un monstre, ma vie s’est éclaté, il est mort, et tu étais toute abîmée par celui que je croyais connaître. Tout le monde nous regardait comme si nous étions… Je ne sais même pas. On nous prenait en pitié, puis en horreur, on se demandait pourquoi je n’avais pas vu plus tôt la déviance de mon mari, pourquoi je ne t’avais pas protégé, pourquoi je n’arrivais plus à le faire maintenant alors que tu avais besoin de moi.
    Je t’ai blâmé car je ne voulais pas être coupable. Je voulais être la victime, car c’était plus simple. Parce que tu m’avais enlevé mon mari, pourtant… Pourtant, il ne méritait rien de mieux, pas vrai ? Mais que s’est-il passé ce jour-là ? Comment est-il mort ? Je ne supporte pas ses questions, je ne supporte plus rien. Je remets tout en question, le passé, le présent, le futur. J’ai appris à vivre sous l’aile de ton père, d’un homme immonde, et je ne sais plus voler seule. Je n’arrive même plus à te protéger, à t’aimer correctement. Je vois toutes mes erreurs à travers des yeux d’enfants qui ne comprennent pas. Je préfère me réfugier dans ma tristesse, car il est plus facile de s’abandonner plutôt que de se battre. Pour être heureuse, il faut oser, oser tout recommencer, s’accrocher, et je n’en ai plus la force. Je ne la trouve nulle part.

    Je devrais la trouver en toi. Je t’aime, si tu savais, et il est bien tard maintenant, de toute façon. Je n’ai pas su te le montrer. Ai-je été une bonne mère, avant ça ? J’aurais voulu le rester, je m’en veux tant… Mais je n’ai pas à demander d’excuse. Je suis lâche. Tu sais, tu as toujours été une enfant incroyable. Brillante, tellement gentille… Tu as toujours mieux compris le monde que les autres, tu avais ce regard si innocent que j’aurais voulu protéger, mais tu voyais les choses, tu comprenais. Tu étais si dévouée, si douce. J’espère tant que cette pureté en toi à subsister, quelque part. Parce que tu es forte Ruby, bien plus que moi, malgré tout. Mais je suis consciente que tu es blessée à jamais, et je n’aurais pas dû me reposer sur toi. Tu avais besoin de moi, et je n’ai pas su le voir. Je le réalisais quand j’étais lucide, sobre, mais ça me faisait trop peur.

    Je suppose qu’il est un peu tard pour faire ton éducation, mais j’aimerais te dire quelques mots… Te dire ce que j’aurais voulu t’apprendre, si j’avais eu la force d’assumer jusqu’au bout mon rôle.

    Ne tombe pas amoureuse d’idées. Je suis sûre qu’après ce qui s’est passé, de toute manière, tu ne dois pas être une idéaliste… Mais ne sois pas trop pessimiste, ma chérie. Apprends simplement à trouver le bonheur dans les choses les plus simples, sans jamais oublier que tu mérites le meilleur. Ne sois pas aussi stupide que moi… Ne te laisse pas avoir par de la poudre de fée, par des illusions, et ne sois jamais en compagnie de personne qui ne te considère pas au mieux. Tu mérites le plus beau et le plus doux des amours. Le plus sincère aussi.

    Oh s’il te plait, ne sois jamais quelqu’un que tu n’es pas. Malgré tout ce que tu as vécu, tu dois savoir être toi, avec le bon comme le mauvais. Les erreurs sont humaines, et ne cherche pas la perfection. Cherche le progrès. Rien n’est définitif, ou presque, et si tu sais te battre, tu pourras vivre, tu pourras changer les choses. Je ne sais pas le faire, et c’est pour ça que j’abandonne. Je suis tellement désolée.

    Lorsque tu seras peinée, j’espère que tu auras des gens pour toi. Des gens sincères. Rien ne vaut l’affection véritable. Ne t’enferme pas des bonheurs factices comme je l’ai fait avec ton père, ou l’alcool. Ils ne sont jamais bons pour les gens, malgré ce que l’on peut croire… J’ai trouvé du réconfort en buvant, et j’en ai souffert sans pouvoir m’en détacher.

    Et, une dernière chose… Il y a de la beauté partout. Une fois que tu trouves quelque chose de sincère, ne le laisse pas disparaître. Les choses, les gens, méritent d’essayer. Tu peux donner des secondes chances – j’aurais aimé en avoir une, mais il est tard pour ça. Ne laisse pas cette histoire détruire ta beauté ma Ruby.

    Si je choisis de tout arrêter, c’est que je ne peux plus. Je ne sais pas affronter ce genre de choses, et l’idée de te laisser le faire seule me fait vraiment mal, tu sais… Je suis désolée, je ne peux simplement pas. Je n’y arrive pas. Je te fais du mal, et je t’en ferais toujours car je n’arrive pas à me relever. Je suis lâche, lâche de te laisser, et lâche de t’expliquer tout ça si longtemps après. Je devrais t’apprendre à vivre maintenant, et non le faire des années plus tard alors que tu as dû te construire sans mon aide. C’est égoïste, mais je me demande… Est-ce que je vais te manquer ? Est-ce que tu vas me détester ? Tu devrais peut-être, sûrement même, mais cette idée me fait peur. Moi, je t’aime, vraiment. De tout mon cœur. J’aimerais savoir te le montrer.

    Tu n’es pas un monstre ma chérie, et tu ne le seras jamais.

    Ta mère qui t’aime.



Je restai encore immobile, quelques secondes, avant de tendre brusquement la lettre à Lizlor. Incapable de parler, je repliai mes genoux contre ma poitrine, y posant mon front, laissant mon visage se cacher derrière mes longs cheveux blonds. Je respirai régulièrement, les yeux fermés. Je ne pleurai pas, mais n’arrivai pas non plus à parler ou à ressentir quelque chose de clair. Alors je restais là, silencieuse, attendant que Lizlor finisse de lire, en espérant que peut-être tout cela n’était qu’un rêve, ou que peut-être je trouverais le courage de traverser ça calmement – mais le goût salé dans ma gorge m’indiquait tout autre.

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Lizlor Wayland


Lizlor Wayland
Apprentie dans le domaine des Créatures Magiques



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MessageSujet: Re: ~ Seeds of Gold [PV L. ♥]   ~ Seeds of Gold [PV L. ♥] Icon_minitimeVen 14 Mar - 0:34

« Les choses, les gens, méritent d’essayer. Tu peux donner des secondes chances. »

J'éprouvais une curieuse sensation à la lecture de cette lettre – tout d'un coup, tout prenait vie, entre mes mains. Toute l'histoire de Ruby qui m'avait été seulement racontée, qui n'avait été que souvenirs, que marques indélébiles pour elle mais dans son esprit… Cette histoire prenait chair pour la première fois sous mes yeux, et je me rendis compte peut-être pour la première fois, seulement, toute la portée qu'elle avait. Le père et la mère de Ruby avaient existé, réellement, pas simplement dans mon imagination mais bel et bien dans ce petit village, ils y avaient vécu,  et ils avaient eu cette enfant à laquelle ils avaient fait tant de mal. C'était comme si je me prenais toute l'horreur de ce qui était arrivé à ma meilleure amie une deuxième fois en pleine face – elle était plus humaine, plus palpable, comme cette lettre entre mes doigts…

Plus j'avançais dans ma lecture, plus que je comprenais pourquoi ce choix m'avait été si facile. J'avais eu ma seconde chance, pas vrai ? Maman et moi, nous l'avions eue, et même si elle n'avait pas été dans les meilleures conditions… Elle nous avait sauvées, toutes les deux. Je n'avais pas hésité une seule seconde, quand Maman m'avait parlé de son idée d'adopter Ruby. Bien sûr, elle m'avait demandé mon avis, comme elle l'avait demandé à Conrad – comme elle l'avait dit nous serions une nouvelle famille, et c'était un changement auquel toute la famille devait adhérer, sinon, ça ne fonctionnerait pas. C'était étrange : quand elle m'avait parlé de l'adoption, j'avais senti mon cœur exploser de joie, et j'étais devenue surexcitée, incapable de m'arrêter de rire et de m'exclamer. Maman avait ri avec moi, et j'avais vu dans son regard qu'elle était heureuse, réellement, de cette décision, et qu'elle ne le faisait pas uniquement pour moi, ou pour Ruby, même. Elle le faisait parce qu'au fond elle avait toujours été une mère avant tout, et même si j'avais du mal à toucher son cœur dès le départ, je savais combien cela résonnait en elle quand nous parlions de Ruby, quand elle venait chez nous, quand elle était "comme sa fille". Nous avions pensé à la même chose, d'ailleurs, et nos regards si semblables, nos yeux d'un bleu presque turquoise s'étaient silencieusement questionnés, et doucement répondus… Non, cela ne me posait aucun problème ; non, nos différends n'étaient plus d'actualité. Je savais que je n'étais pas une fille parfaite, et alors ? Je savais aussi que Maman m'aimait de tout son cœur, quoi qu'il arrive. Je savais que j'avais le droit de la décevoir, que j'avais le droit d'être en colère contre elle, parce que nous ne nous entendions pas toujours, je savais que je ne risquais rien, parce qu'elle resterait ma mère, et pour toujours. Et si Ruby ressemblait bien plus à cette fille modèle et parfaite dont Maman avait toujours rêvé, où était le problème ? J'admirais beaucoup Ruby, mais je ne m'étais jamais sentie complexée face à nos différences. Maman avait assez d'amour pour nous deux, je ne m'inquiétais pas. Nous aussi, en tant que famille, nous méritions d'essayer… J'étais heureuse, si heureuse que Conrad aussi ait accepté tout de suite – même si je savais qu'il avait beaucoup d'affection pour Ruby, parfois, la distance qui nous séparait risquait aussi de nous éloigner, et j'avais peur qu'il se sente comme… remplacé, juste parce qu'il était resté aux Etats-Unis. Mais il était fort, bien plus fort que moi là-dessus, et je n'avais pas été étonnée de voir sa joie à l'annonce de la nouvelle venue dans notre famille.

Bien sûr il restait l'intéressée elle-même, mais je n'avais aucun doute quant à sa réponse… Le plus difficile à supporter avait été l'attente et surtout le secret, car j'avais dû garder ça pour moi quelques temps avant que Maman l'annonce à Ruby, et ça avait été proprement horrible : je manquais à chaque fois de laisser quelque chose sur le sujet, ou parfois je souriais de toutes mes dents en y pensant, sans pouvoir me retenir, et j'étais obligée d'inventer des mensonges quand Ruby me questionnait sur la raison de ma joie. Puis, enfin, elle l'avait dit, à un moment des plus propices d'ailleurs car Ruby avait bien besoin de soutien… Nous étions ensuite partis tous les quatre pour son anniversaire, pour le fêter réellement en famille pour la première fois, et je ne me souvenais pas m'être sentie aussi bien depuis un certain nombre de temps. Le moindre geste de Maman envers Ruby me remplissait d'une chaleur douce et puissante à la fois ; quand elle passait derrière elle, elle lui mettait une main sur l'épaule et caressait sa joue au passage comme elle le faisait avec Conrad et moi parfois ; elle l'entourait de ses bras parfois et elle lui parlait en souriant, et ce n'était pas tant les paroles en soit qui étaient importantes, mais ce regard maternel et fier dont elle la couvait. Au fond, ce n'était qu'une formalité : Ruby était depuis longtemps intégrée dans notre famille recomposée, un peu bancale, mais qui s'aimait bien fort tout de même.

Le lendemain de l'anniversaire de Ruby, nous nous étions rendues, elle et moi, comme prévu, chez le notaire, et j'avais éprouvé un étrange frisson en transplanant à Great Dunmow. Tout avait commença là, et quand Ruby évoqua son père, je me sentis toute fragile d'un seul coup, et je retins mes larmes, car je devais la protéger, aujourd'hui. Quand nous nous étions retrouvées sur le banc, ensuite, cette petite boîte qui lui avait été remise était à la fois ridiculement petite et anormalement importante pour toute l'importance qu'elle renfermait. Alors, c'était ça, l'enfance de Ruby se trouvait là, finalement, enfermée dans une boîte et pliée dans une enveloppe ? Et seulement là ? Cela me dégoûtait un peu, sans que je puisse expliquer pourquoi. Je suivis des yeux, inquiète, la main de Ruby dans la boîte, puis qui s'attaqué à la lettre ; pendant qu'elle lisait en silence, mon cœur battit fort et vite, et je me demandais comment l'ambiance du petit village pouvait être aussi morose et silencieuse autour de nous. Quand elle eut fini, j'obéis et me mis à lire aussi, vite, pressée et un peu effrayée de ce qu'allais y trouver.

J'étais partagée : à la fois j'étais pleine de reconnaissance pour la mère de Ruby d'avoir fait cette démarche et d'avoir eu ces mots qui avaient manqué à ma meilleure amie toute sa vie… A la fois cette absence l'avait détruite, et il était simple, si simple de s'excuser après que tout le mal ait été fait ! Et alors, la faiblesse de cette femme envers son mari justifiait-elle son manque de vigilance et de lucidité ?! C'était de sa fille dont il avait été question, pourtant… Je rangeai la lettre doucement, la pliant dans son enveloppe. Elle me brûlait un peu les doigts : elle avait été écrire il y a si longtemps, et Ruby avait du attendre pour la lire, pourquoi ?! Pour une simple raison d'âge, de majorité ? Quelque chose m'avait toujours échappé dans le monde des adultes, et ce petit détail en fit partie. Mais la seule chose qui m'importait vraiment était Ruby, et je me rapprochais d'elle tout doucement, avant de l'entourer tendrement de mes bras. Elle ne pleurait pas et je ne pouvais pas vraiment savoir ce qu'elle ressentait, mais j'imaginais assez la tornade de sentiments qu'elle devait à la fois ressentir et qui devait la vider aussi, et je me mis à la bercer quelques temps, sans rien dire. Je n'aimais pas cet endroit ; le village aurait pu être joli, mais je le trouvais fade, banal, trop propre, trop étriqué. Il ne m'inspirait pas confiance, et je me sentis frissonner, mais je serrais Ruby un peu plus fort, la joue sur sa tête tandis que ma main caresser ses longs cheveux blonds.


- Est-ce que c'est trop tard ? demandai-je tout d'un coup, ne sachant pas quel chemin emprunter, mais aussi parce que je voulais savoir, car étant donnée la façon dont elle s'était un peu refermée sur elle, je n'avais aucune idée de ce qu'elle pensait exactement. Est-ce qu'elle aurait aimé lire ça de sa mère plus tôt, ou jamais ? Est-ce que ça change quelque chose ? Je soupirai, le cœur un peu gros de toute cette inquiétude. En tout cas, tu es notre petit trésor maintenant, murmurai-je tout bas, un peu hésitante, mais je voulais qu'elle sente que même si sa nouvelle famille n'effacerait rien de l'ancienne, elle était là pour elle.

Je déposai un baiser sur sa joue après avoir frotté mon visage contre le sien, et comme je me doutais qu'elle voulait probablement passer en revue rapidement le contenu de la boîte, j'allais l'y aider ; je fouillais et écartais un livre, ainsi qu'un autre petit écran, pour tirer un objet tout doux, usé et vieilli. C'était un doudou de bébé, fait d'un tissu crème tout doux, attaché au bout à une petite tête de chat en peluche, qui souriait.


- Ooooh, c'était ton doudou ?! demandai-je toute attendrie, caressant la peluche que je tenais entre mes doigts. Je portai même la petite tête de chat à la hauteur de mon visage et rajoutai-je avec un petit sourire : Miaaaaaou, tu te rends compte, je veillais déjà sur toi quand tu étais bébé !

Et j'embrassai sa joue une nouvelle fois, attendant de voir quelle serait déjà sa réaction – il restait encore plusieurs objets dans la boîte, et je ne voulais pas la brusquer, car en aurait-elle la force ? Même moi, je me sentais un peu tremblante devant cette petite boîte et toutes les histoires qu'elle renfermai…
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



Féminin
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Date d'inscription : 03/09/2011

Feuille de personnage
Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »

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MessageSujet: Re: ~ Seeds of Gold [PV L. ♥]   ~ Seeds of Gold [PV L. ♥] Icon_minitimeVen 4 Avr - 2:35

Les mots dansaient devant mes yeux fermés, comme des flashs de lumière un peu trop vifs ; j’avais beau fermer les paupières, encore plus fort, ils ne disparaissaient pas, commençant même à résonner à l’intérieur de mon crâne. Qu’est-ce que ça voulait dire ?... Je ne savais même pas quoi en penser. Après l’incident, je n’avais attendu que ça, qu’un mot, une parole, pour me réconforter. Parfois, oui, elle s’excusait, elle me disait que c’était lui le monstre, mais ces paroles se noyaient dans un flot d’autres incompréhensibles que l’alcool déversait, alors, comment savoir ce qu’elle pensait vraiment ? J’avais six ans, simplement six ans. J’avais eu besoin de ma mère, et elle n’avait pas été là. 12 ans plus tard, tout ce que j’avais eu besoin qu’elle me dise se trouvait là, couché sur un papier ? Est-ce que ça suffisait pour effacer le reste ? Avait-elle eu raison d’attendre ? Aurais-je pu comprendre tout cela à 6 ans ? J’avais peur de répondre à toutes ces questions, et lorsque Lizlor me prit dans ses bras, je me recroquevillai un peu plus, toute fragile tout à coup. Je m’étais attendue à ce que ça soit douloureux, bien sûr. Mais je n’avais pas pensé être face à ma mère de cette manière bien singulière. Après tout ce temps, alors que j’avais voulu l’enfouir, j’entendais encore sa voix me murmurer tous les mots qu’elle avait écrits pour moi sur cette lettre. Et ce n’était pas cette voix embuée dans l’alcool qui résonnait en moi… C’était la voix de ma mère, de ma maman. Celle de quand elle me racontait des histoires, lorsqu’on jouait dans le jardin, lorsqu’elle me félicitait pour mon dessin. Je m’étais interdis de l’entendre depuis si longtemps qu’elle m’en donnait presque la nausée.

- Est-ce que c'est trop tard ? Est-ce que ça change quelque chose ? En tout cas, tu es notre petit trésor maintenant.

Je me sentis frémir de plaisir malgré moi. Ces mots qu’elle avait murmurés… Un trésor. Pourtant, c’était les Wayland mon trésor. C’était eux qui m’apportaient ce dont je croyais manquer à jamais. J’agrippais Lizlor avec un peu plus de force, sentant que je ravalais les larmes. J’eus un sourire qu’elle ne vit pas, car j’avais enfoui mon visage dans ses boucles, humant leur parfum qui me rappelait à présent chez moi. Trop tard ?... Je ne savais pas trop, à vrai dire. Peut-être que oui, au fond, cette lettre me touchait plus que je voulais l’admettre. Mais ça n’effaçait rien. C’était presque trop facile, de se débarrasser de tout ça… Et puis, je ne comprenais pas ce qu’elle disait… C’était si paradoxal. Elle prêchait à la fois le pardon, l’oubli, la beauté de la vie, alors qu’elle-même avait choisi de mourir. Comment pouvait-elle me donner des conseils ? J’agitai un peu la tête, comme pour remettre en place mes idées, avant de soupirer un peu. Qu’est-ce que ça changeait ? Je ne pouvais pas encore savoir, n’est-ce pas ?

- Je ne sais pas vraiment, murmurai-je, d’une toute petite voix. Je crois que j’aurais voulu qu’elle me dise tout ça avant, tu vois, ça chamboule un peu tout ce que j’essayais d’ordonner, expliquai-je. Lizlor frotta son visage contre moi, et j’eus un sourire malgré tout. C’est vous mes trésors.

Elle déposa un bisou sur ma joue, qui acheva de me redonner assez de force pour continuer. Je n’avais pas fini de vider le contenu de cette boîte, et à vrai dire, j’étais un peu terrifiée à l’idée de continuer. Lizlor comprenait sûrement mes craintes et les enjeux de ces souvenirs soudain matérialisés devant moi, et elle y mettait du sien pour m’aider. Elle se remit d’ailleurs à chercher dans la boîte, avant d’en sortir une peluche. Mes yeux s’agrandirent sous la surprise, mais je me sentis sourire étrangement. C’était une petite peluche de chat, très originalement appelé Chaton, que j’avais baladé toute mon enfance durant mes aventures. J’avais cru qu’elle avait été jeté, et la retrouver me faisait plaisir d’une manière assez étrange ; j’avais de beaux souvenirs en sa compagnie, des souvenirs d’enfances que j’avais tendance à toujours repousser pour me protéger.

- Ooooh, c'était ton doudou ?! Miaaaaaou, tu te rends compte, je veillais déjà sur toi quand tu étais bébé !

Malgré toute la pression que je ressentais, je m’entendis avoir un petit rire attendrie devant le visage de Lizlor, et comme elle m’embrassait doucement la joue, j’eus un sourire qui se voulait courageux. J’attrapai la peluche, glissant mes doigts sur le tissu, en hochant timidement la tête.

- Oui, c’est Chaton, expliquai-je avec un petit sourire. Je pensai qu’on l’avait jeté, ça fait bizarre…

J’haussai les épaules, posant la petite peluche sur le banc. Je sortis ensuite du carton un petit carnet, une boule dans le ventre. Je m’en souvenais… Je l’ouvris, montrant les pages à Lizlor en même temps que je les redécouvrais. C’était là que je dessinais, quand j’étais petite. Les premières pages étaient couvertes de dessin d’enfant, des bonhommes ronds, avec des couronnes de princesse, des gros gribouillis jaunes pour faire les soleils… Mais je savais ce que réservait la suite. Des traits rouges barrèrent toute une page, puis sur l’autre, un dessin d’une robe rose, avec à nouveaux les traits rouges. Une petite fille qui pleure, une femme avec une bouteille qui a l’air fâchée. Je sentis ma gorge se serrer, et je fermai le carnet un peu brusquement, le reposant dans la boîte. Un silence étrange flotta dans l’air, et j’inspirai pour reprendre mes esprits.

- Par contre, ça, j’aurais bien aimé qu’on le jette… Dis-je doucement.

Plus nous continuions, plus je sentais que c’était risqué, et un instant, j’hésitai. Devais-je vraiment continuer ? Je ne voulais pas de tout ça, je n’en avais pas besoin, pas vrai ? Je restai immobile quelques secondes, le regard baissé, sentant que Lizlor me regardait timidement. Tout mon corps était contracté, mon cœur aussi, et j’essayais de contenir mes sentiments. Mais j’étais toute proche de craquer, comme si j’avais été en équilibre au bord d’un précipice. Heureusement, la main de Lizlor me retenait sur la terre ferme, et je savais que je ne craignais rien – de permanent, en tout cas. Comme je regardais toujours l’intérieur de la boîte, je fus attirée par quelque chose que j’attrapai, hésitante, avant de me figer.

C’était
nous.

Le jardin, le regard de ma mère et sa robe mauve qu’elle mettait quand le printemps arrivait, la manière qu’elle avait de coiffer ses cheveux ainsi, le bracelet en argent à son poignet, ma robe verte à volants, mes deux couettes, ma dent de devant qui était tombée et qui trouait mon sourire, mes baskets à paillettes, mes coudes égratignés ; c’était comme si on m’avait jeté à la figure toute mon enfance, d’un coup. Mais ce n’était pas ça, le pire. C’était lui. Mes doigts s’étaient crispés sur le cadre de la photo, et j’étais si surprise et choquée que j’étais incapable de détourner le regard, de dire quoi que ce soit. Depuis… Depuis 12 ans, je n’avais jamais revu son visage. Je n’arrivais même pas à le revoir. Le choc avait été si violent, si éprouvant, que je m’étais fermée à tout ce qui me reliait à lui. Il n’était plus un visage, une personne, il était une ombre qui planait. Sa voix était distincte, la sensation de ses mains sur moi aussi, mais je n’avais jamais revu ses yeux, sa mâchoire carrée, son front large, ses cheveux blonds en bataille… Je n’avais jamais senti à nouveau ses yeux dans les miens. Je ne l’avais jamais revu me sourire. J’avais presque oublié qu’au fond, il avait été humain, lui aussi, avant tout ça.

Je m’entendis éclater en sanglot en même temps que le cadre me glissa des mains, et la seconde d’après, Lizlor me serrait avec force dans ses bras tandis que je pleurais sans pouvoir m’arrêter. J’avais l’impression que toutes les émotions me retombaient dessus, d’un coup… J’étais à la fois terrifiée de m’être replongée ainsi dans le passé, et à la fois étrangement soulagée, comme si j’avais dépassée mes peurs d’enfant. Je tremblai cependant, toute fragile dans les bras de ma meilleure amie, et comme elle essuyait mes larmes, je repris ma respiration pour me calmer.


- Je… Je ne me rappelais pas de son visage, dis-je tout bas, hoquetant. Je n’y arrivais pas… C’est… Je suis soulagée, je crois, murmurai-je, un peu perdue. Il était comme une ombre, une présence que je pouvais retrouver dans le visage de n’importe qui… Alors qu’en fait, c’était juste quelqu’un. C’était juste un homme, m’entendis-je d’une voix étrangement ferme. Et il est mort, il ne peut plus me toucher. J’inspirai, sentant que j’étais encore toute retournée, et que les sanglots allaient recommencer à agiter mes épaules. Un instant après, je m’étais remise à pleurer violemment, des larmes douces-amères roulant sur mes joues. Mais c’est difficile… Tout à coup, les souvenirs reprenaient une forme différente, il avait un visage. Je ne voyais plus une présence qui me lisait une histoire le soir, je voyais son visage dont les détails me revenaient petit à petit. Je me sens bizarre, je sais pas si j’étais prête, si je pouvais l’être un jour, je… Je reniflai, un peu honteuse de me laisser aller ainsi, mais tellement soulagée par la présence de Lizlor que je ne pouvais m’en empêcher. J’ai toujours du mal à confronter tout ça, concluai-je. Mais je sais qu’il le faut…

Car enfouir les choses ne les résolvaient pas, je l’avais bien compris. Je serrai Lizlor dans mes bras avec un peu plus de force, cherchant à reprendre ma respiration en me callant sur le rythme de la sienne, et comme son parfum m’envahissait, je me sentis rassurée, et les sanglots se calmèrent petit à petit.
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