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Daniel O'Brien


Daniel O'Brien
Assistant de Défense contre les Forces du Mal



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MessageSujet: Open up. (H.L)   Open up. (H.L) Icon_minitimeMar 3 Jan - 1:47

Mais qu’est-ce que j’étais censé lui dire, moi ?! Je ne savais pas… Je ne savais pas ! Je m’étais défendu comme j’avais pu, j’avais expliqué que c’était compliqué, la colère m’avait même saisit, désagréable et froide comme je savais en ressentir. J’avais haussé le ton, ce qui arrivait rarement avec Caitlin, et elle avait pris elle aussi la mouche. Elle avait du caractère – c’était (malheureusement ?) un trait commun dans ma famille – et ne s’était pas démonté, continuant calmement mais avec véhémence ses arguments.

- Non mais, ce n’est pas comme si j’avais embrassé Heather non plus !
- Arrête, tu en aurais été parfaitement capable.
Elle reposa sa tasse, à côté de la petite soucoupe. Elle faisait tout le temps ça, et ça m’agaçait au plus haut point. Ça, ou sa perspicacité dès qu’il s’agissait de moi.
- Je ne suis pas en couple avec elle, ça va. Elle me fusilla d’un regard qui voulait dire « c’est quoi cette excuse ? » et je répondis avec un qui signifiait « ça ne te regarde même pas ». Ecoute, ce n’était peut-être pas mon plus grand moment de gloire, mais ce n’est pas la peine de s’emballer comme ça. A voir comment elle agit, on dirait que j’ai été le pire des monstres.
- Mais parce que tu t’es comporté comme un abruti aussi ! Et puis franchement, si tu n’en étais pas conscient, tu ne serais pas d’une humeur aussi massacrante.
- Non, ce n’est pas seulement ça, figure toi que j’ai énormément de boulot et –
- Laisse-moi deviner, Heather n’est plus du tout coopérative ? Tu m’étonnes !
Silence. Je la regardai, les sourcils froncés, et bus une gorgée de mon café. Elle commençait à m’énerver.
- Ecoute, je te rappelle qu’Heather reste Heather et que –
- Mais oh, Dan, on sait tous que tu as un faible pour elle depuis que tu as treize ans. Redescends d’un étage.
- Toi, arrête de me couper,
protestai-je avec humeur.
- Je dis juste qu’Heather n’est pas aussi terrible que tu le dis, et même toi tu le sais. Tu étais ravi de travailler avec elle tout ce temps, vous aviez carrément un crush l’un pour –
- Je n’ai pas de crush sur –
- En tout cas elle en avait visiblement un pour toi !
- Arrête de me couper, c’est vraiment agaçant !
- C’est toi qui m’a coupé là !


Nouveau silence.

Nous étions habitués à nous disputer, nous avions grandi trop collés, tout le temps fourrés ensemble, jusqu’à vivre dans la même chambre, pour ne pas finir par se marcher dessus. Mais c’était souvent des sautes d’humeur, des histoires d’affaires qui trainaient ou de diner à faire, des choses futiles qui s’oubliaient bien vites. Il était plus rare que nous soyons en désaccord profond, ou plutôt, que nous faisions des reproches sur la vie de chacun. Au contraire, on s’encourageait énormément entre mes sœurs et moi, et même si on ne parlait pas toujours de tous nos secrets les plus profonds, nous nous connaissions assez pour les deviner et les respecter. J’étais donc particulièrement sur la défensive et contrarié de voir Caitlin me parler de la sorte… Surtout que je n’avais même pas eu envie de parler de toute cette histoire, c’est elle qui avait remarqué que j’étais particulièrement morose et m’avait questionné jusqu’à que je raconte un peu ce qui me travaillait. Bien sûr, j’aurais dû savoir que c’était une mauvaise idée, qu’elle était trop proche d’Heather, et trop impliquée dans la solidarité féminine pour ne pas réagir. Pire encore, elle me connaissait trop bien pour ne pas voir que j’essayais d’enjoliver l’histoire, et au bout d’un quart d’heure, elle avait démonté tous mes mensonges et mes arguments creux et avait achevé de me mettre en porte-à-faux. C’était parfaitement rageant.


- Finis ton thé, il me reste ma veste à acheter.

Elle me jeta un regard. Le mien voulait dire « fin de la discussion ».

De retour au château avec mon achat, je descendis dans le parc finir d’aider pour les derniers préparatifs. Heather était en compagnie de Rose, elles discutaient joyeusement toutes les deux, ne me prêtant d’ailleurs absolument aucune attention. Je lançai mes sortilèges plus sèchement, repensant à la discussion avec Caitlin, me disant que tout cela me fatiguait tout de même au plus haut point.

J’eus le temps de prendre un long bain avant de me préparer, tout en me servant un verre de whisky pur feu. Je n’avais jamais eu ce luxe chez moi, cela gaspillait beaucoup trop d’eau et nous étions trop nombreux à devoir utiliser la salle de bain pour avoir le temps de me prélasser dans une baignoire. A Poudlard, j’y avais pris goût, je trouvais que cela m’aidait à me détendre et à réfléchir tranquillement. Evidemment aujourd’hui, je ne tenais pas vraiment à réfléchir, car je savais où le clapotis de l’eau me ferait dériver, et je n’en avais aucune envie. Mais cela détendit mes muscles, et je lavais avec soin mes cheveux pour qu’ils soient parfaits pour la soirée. Caitlin m’avait donné une potion miracle qui les nourrissait, qu’elle avait faite avec les plantes du jardin. Le mélange crémeux sentait en effet la bruyère et me rappelait chez moi, ce qui me réconforta un instant.

J’enfilais ensuite mon pantalon de smoking bleu marine près du corps. Je l’avais acheté à Dublin il y a maintenant deux ans et demi, j’en avais toujours pris grand soin ce qui lui donnait l’air comme neuf. Pour l’accompagner, j’avais une chemise blanche bien ajustée, et j’avais acheté sur les conseils de ma sœur une veste bleu nuit qui scintillait, comme si elle était métallisé, mais dont le tissu fluide la rendait plutôt délicate. J’avais hésité, mais n’avait fini par ne mettre ni nœud papillon ni cravate, laissant le col de la chemise ouvert. J’avais coiffé mes cheveux en un catogan élégant, enfilé mes chaussures. Je finis le deuxième verre de whisky pur feu que je m’étais servi durant mes préparatifs, et je descendis. Dans le couloir, j’entendis du bruit dans la chambre d’Heather, et pendant un instant, j’eus presque envie d’aller toquer, comme on faisait avant, pour descendre ensemble. Mais on ne faisait plus ça, maintenant.

Une fois arrivé, je m’installai à la buvette que j’avais proposé de tenir en début de soirée, en profitai pour me resservir un whisky, puis les élèves commencèrent à arriver et l’ambiance à se lancer petit à petit. J’avais accepté de tenir ce rôle car je savais que je n’aurais rien de mieux à faire. James vint me prendre deux coupes de champagne, et je le vis en apporter une à Heather, ce qui m’irrita terriblement et je terminais cul sec ma propre coupe et manquai de renverser le jus de citrouille en servant une Serdaigle. Je laissai également des verres en libre-service, anticipant la demande. J’avais trouvé un sortilège très ingénieux qui transformait l’alcool en bave de crapaud si un élève mineur essayait de le boire, ce qui m’évitait de trop faire la police. Plusieurs fois, Heather vint chercher à boire, me jetant parfois au passage des regards qui me donnaient l’impression que la glace magique sous mes pieds étaient en fait bien froide et glissante, et non plus enchantée.

Surtout que… Je devais bien l’avouer, Heather avait de véritable air de reine dans sa tenue. Sa robe était belle, aérienne, parfaitement taillée pour sa silhouette élancée et sportive. Le haut était brillant, lumineux, renvoyant autant la lumière que le sourire d’Heather, et le bas était fluide, bougeant à chaque mouvement comme l’eau d’un ruisseau. Evidemment, elle avait coiffé ses cheveux joliment – je ne savais pas pourquoi ils m’attiraient toujours le regard à chaque fois, ça m’énervait – et quand James l’avait fait dansé, ils s’étaient balancés comme des flammes lumineuses qui m’hypnotisaient. Elle riait, ses yeux bien maquillés se plissant, ses longs cils papillonnants… Elle s’amusait, tandis que je buvais tout en servant des élèves – certains déjà bien avinés – qui passaient eux aussi une excellente soirée… Je commençai sincèrement à avoir envie de partir.

Finalement, on vint prendre ma relève à la buvette, me laissant enfin un instant de répit. C’était ma chance, je la voyais ; Heather était miraculeusement seule un instant, sirotant son verre, et je m’approchai d’elle. Je me rendis compte que j’avais chaud, et que mes membres étaient bizarrement engourdis. Je réalisai un peu tard que j’avais peut-être un peu trop bu…


- Salut, dis-je de but en blanc à Heather. Elle me toisa. Tu veux danser ?


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Heather Lass


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MessageSujet: Re: Open up. (H.L)   Open up. (H.L) Icon_minitimeMar 3 Jan - 16:22

Coiffure:

Robe:


Une fois n’est pas coutume, Heather avait profité du temps plutôt clément pour cette entrée dans l’hiver et de ses heures de libre pour, afin de ne pas être trop livrée à elle-même, se dépenser dans le sport ; dès qu’elle avait un instant elle prenait son balai et partait s’entraîner sur le terrain de Quidditch, ou bien faisait son footing dans le parc, en lisière de la forêt. Son amie Katie Bell lui manquait, car elles avaient toujours partagé la passion du Quidditch et s’entraînait tout le temps ensemble, mais elle avait trouvé grâce à une petite annonce à Pré-au-Lard une équipe locale de Quidditch et s’entrainait deux fois par semaine avec eux, pour son plus grand plaisir. Il y avait quelques temps qu’elle n’avait plus joué en équipe et cette sensation d’évoluer en groupe, de compétition, lui donnait des fourmis d’excitation dans tous ses membres et faisait battre son cœur au rythme de l’adrénaline. L’air frais lui fouettait les sangs et semblait souffler, au moins pendant un temps, sur ses pensées un peu trop tristes qui assombrissaient son quotidien.

Depuis la dernière soirée à Pré-au-Lard, elle n’y avait plus remis les pieds pour y prendre un verre, elle ne sortait qu’à Londres avec Emmy ou d’autres personnes, mais le souvenir des Trois Balais lui était si désagréable qu’elle n’arrivait pas à y retourner sans sentir une boule dans sa gorge. Pour ce qui était de Dan, étrangement, l’effet n’était pas le même ; elle avait beau le croiser tous les jours à Poudlard, sur son lieu de travail, elle lui servait une telle froideur et une telle indifférence qu’elle avait l’impression qu’il n’existait même plus. Parfois, le plus souvent quand elle était seule dans sa chambre et qu’elle s’endormait, elle repensait à lui, à ce qui s’était passé et à ce qu’ils avaient partagé et ses sentiments s’emballaient de nouveau – son cœur se serrait et elle avait les larmes aux yeux d’avoir été bernée de cette manière, et d’avoir ouvert son cœur à Dan qu’elle pensait différent, alors qu’il ne l’était visiblement pas. Il ne s’intéressait pas du tout à elle, elle avait bien reçu le message, mais pour autant ses propres sentiments peinaient à se faire oublier, et au fond d’elle… Elle n’était pas certaine d’en avoir envie pour l’instant. Comme d’habitude, la perspective de devoir oublier celui qui avait fait battre son cœur lui paraissait tout simplement impossible.

Comme chaque année, les préparations du bal de Noël avaient mis le château dans une effervescence joyeuse et communicative ; les élèves riaient et parlaient avec hâte du bal à venir, Poudlard se parait de ses plus beaux atours et le personnel prenait l’organisation à cœur, avec une légèreté particulière, parce que préparer une si belle fête n’était pas vraiment une contrainte, plutôt une agréable distraction. Cette fois-ci, il y avait un thème et un lieu particulier, tenu secret jusqu’au bout ; Heather jubilait de toutes ces petits surprises et partageait tout avec Emmy, par lettre, et avec certains de ses collègues comme Rose ou James ; très souvent d’instinct elle s’imaginait parler à Dan mais se ravisait bien vite. De toute façon, il était si blasé et frustré de n’avoir jamais passé Noël au château qu’elle n’était pas certaine qu’il soit touché par l’esprit de la fête.

Pour sa tenue, elle avait été faire du shopping avec des amies, sans savoir exactement ce qu’elle désirait. Si elle avait été tentée de ne pas se faire spécialement jolie, par dépit, bien vite elle avait repris du poil de la bête ; au contraire, il était nécessaire qu’elle montre à Dan qu’elle se fichait bien de sa voir s’il la trouvait jolie ou non. Elle voulait se faire jolie pour elle, avant tout. Au hasard d’une boutique, elle avait trouvé cette robe d’occasion mais apparemment jamais portée ; le haut et le bas étaient séparés : la jupe, haute, d’un satin gris perle, s’évasait jusqu’aux pieds et traînait un peu derrière comme la jupe d’une princesse, tandis que le haut, sans manches et moulant, était brodé de petits joyaux argentés, ni trop gros ni trop clinquants. Le tout ne ressemblait à rien de tout ce qu’elle avait pu porter jusque là et elle fut aussitôt conquise. Le jour J, ils avaient installé les préparatifs depuis le milieu de la matinée et elle eut assez de temps pour revenir se préparer dans sa chambre. Après avoir pris un bain – elle se dit que Dan devait faire la même chose, et cette pensée la laissa amère car elle ne pouvait s’empêcher de penser à lui et de noter qu’elle connaissait par cœur certains aspects de sa personnalité ou de ses habitudes – elle se sécha les cheveux et, en serviette, s’occupa de sa coiffure. Grâce à plusieurs sortilèges elle en soigna les boucla, leur donna plus de volume, les remonta légèrement au-dessus de sa tête et enfin les noua en une épaisse queue de cheval haute. Puis elle s’occupa de son maquillage : des paillettes argentées partout sur sa peau qui se mélangeaient à toutes ses taches de rousseur, du blanc irisé sur ses yeux légèrement bleuté pour rappeler la glace et un trait d’eye-liner, du mascara, et un rouge à lèvres rouge foncé légèrement pailleté lui aussi. Puis elle enfila la robe et se contempla avec ravissement dans son miroir : elle avait l’impression d’être une princesse des glaces. Heureuse de sa tenue, elle enfila des chaussures à talons que sa robe cachait de toute fa !on, glissa sa baguette et de quoi se repoudrer le nez dans un petit sac bleu marine, et prit la direction du bal. Tout le long du chemin pour se rendre à l’immense patinoire magique, ils avaient jeté des sortilèges pour que le froid ne se fasse pas sentir et que l’on puisse aisément se promener en tenue de soirée. C’est donc sous une tiédeur environnante agréable qu’Heather gagna la lisière de la forêt et s’assura que tout était en place avec Rose, prenant bien soin d’être à l’exact opposé de là où se trouvait Dan.

Très vite, les premiers élèves arrivèrent. Ils s’émerveillaient tous les uns après les autres et testaient la glace qui ne glissaient pas, admiraient les arbres qui scintillaient, marchaient le nez en l’air sous les faux flocons qui voletaient, s’approchaient du buffet dont les mets étaient aussi divers que raffinés. Quelques fantômes flottaient ça et là, ravis comme toujours de l’occasion ; l’un d’entre eux passa à travers Heather qui, sentant un froid glacial l’envahit tout à coup, manqua de renverser son verre et s’offusqua un instant avant de voir le fantôme s’excuser et la saluer dans un langage châtié. Elle lui sourit et continua de balayer la salle du regard, avant de rejoindre James et Rose et de se mettre à discuter, puis un peu plus loin Meryl Kelsey qu’elle devait tenir au courant des dernières avancées d’un dossier, etc. La soirée s’annonçait plutôt bien, mis à part le costume de Dan beaucoup trop bien taillé et beaucoup trop sexy pour les yeux d’Heather, qui peinaient à ne pas l’accrocher parfois.


- Salut, dit-il alors qu’elle l’avait perdu des yeux et qu’elle commençait à s’inquiéter – elle ne voulait pas perdre sa surveillance. Se retournant à peine, elle lui jeta, comme d’habitude, un regard plein d’indifférence. Comme toujours, son cœur s’était mis à battre la chamade. Tu veux danser ?

Non mais !... Quel culot ! Il osait venir la voir ainsi, et maintenant qu’elle lui faisait face, elle le trouva étrangement près d’elle. Quelque chose dans son regard, d’un peu trouble, lui fit douter tout d’un coup : avait-il déjà trop bu ? Heather ne répondit rien et reposa son verre sur une table à côté d’eux, sans se départir de sa froideur.

- Vraiment ? Et en quel honneur aurais-je envie de danser avec toi ?

Elle lui offrit un sourire poli, qui lui indiquait clairement qu’elle n’en avait pas grand chose à  faire de lui, et qu’elle ne se laisserait pas faire si facilement. Emmy aurait été là, pensa-t-elle, elle n’en aurait pas cru ses yeux ni ses oreilles ! Car ce n’était pas si simple de lui résister quand elle pensait, malheureusement, encore à lui ; encore plus quand il avait noué ses cheveux d’une manière qui rendait folle Heather, et quand tout ce qu’il dégageait, de son odeur masculine à sa carrure et à son aura magnétique, l’attirait irrémédiablement.

S’étant promis de ne pas trop boire (parce qu’elle faisait attention en ce moment avec tout le sport qu’elle faisait, parce qu’elle travaillait beaucoup en ce moment et se levait tôt, parce qu’elle ne voulait pas être mal demain matin), elle trouva cependant judicieux de reprendre nonchalamment une coupe de champagne pour la siroter, regardant Dan comme si elle attendait qu’il disparaisse pour être enfin tranquille.
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Daniel O'Brien


Daniel O'Brien
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MessageSujet: Re: Open up. (H.L)   Open up. (H.L) Icon_minitimeMer 4 Jan - 1:34

Ça me coûtait énormément de l’avouer, mais j’avais bien par réaliser que ma vie à Poudlard était beaucoup moins amusante sans Heather. En voyant ce bal, en voyant que tout le monde riait et dansait joyeusement, je me sentais plus seul que jamais. Je n’avais personne avec qui réellement partager cela. Bien sûr, je m’entendais bien avec d’autres de mes collègues, mais il y avait toujours une barrière qui me semblait infranchissable, surtout depuis qu’un froid glacial régnait entre moi et Heather qui, habituellement, me poussait vers les autres. D’une certaine façon, elle me poussait tout court… Mais ça me mettait en colère : je ne devais rien à personne, moi ! Je m’étais toujours félicité d’être solitaire, car sans attaches, rien ne me retenait nulle part, je ne me freinais jamais pour personne. Mes ambitions étaient bien au-delà de ça, de toute façon. J’aimais ma famille de tout mon cœur, mais j’avais réussi malgré elle, j’avais réussi par ambition et par esprit de revanche ; je n’avais attendu et eu besoin de personne. Je ne voulais pas dépendre de quelqu’un, et encore moins d’Heather. Pourtant, Caitlin avait raison, j’étais de mauvaise humeur, et ça venait bien de là. En boucle, dans ma tête, tournait le mot qu’Heather m’avait craché à la figure. Un raté. C’était vraiment ce qu’elle pensait de moi ? Je regardai autour de moi. Mon futur n’était pas ici, je le savais. J’avais commencé à me renseigner sur d’autres travails, d’autres opportunités. J’étais toujours en contact avec mes anciens collègues à Dublin, pendant mes stages, et je savais qu’ils penseraient à moi si une opportunité se présentait. J’étais prêt, sans attache une nouvelle fois, prêt à partir là où aurait besoin de moi et où ma destinée m’attendait. Tant pis si je me sentais seul à ce bal, ce soir. Ce n’était qu’une étape. Le reste était ailleurs.

Pourtant, j’avais encore un goût amer dans l’arrière de ma bouche, comme si quelque chose s’était coincé contre mon palais. Heather au loin était radieuse, elle brillait, littéralement, dans sa robe aux mille joyaux, et j’étais terriblement envieux tout à coup de tout ce qu’elle dégageait. Mais c’était si simple pour elle, elle avait toujours été cette petite princesse chouchoutée par sa famille, malgré leur histoire tragique, elle avait été à Poudlard, elle était intelligente, sociable, elle attirait autour d’elle les gens et la chance comme un aimant. Son futur était tout tracé, je n’en doutais pas. Elle n’avait pas besoin de se battre, pas comme moi. Bien sûr que pour elle je n’étais probablement qu’un raté ; sans éducation, sans argent, sans bonne étoile.

J’aurais dû n’en avoir rien à faire, pourtant. Comme tout le monde, tôt ou tard, j’allais lui prouver le contraire, j’en étais certain. Mais à l’idée qu’elle me voyait vraiment ainsi, j’avais le cœur lourd, et ce n’était plus ma colère vindicative habituelle qui m’habitait, c’était une tristesse étrange que je ne me connaissais pas.


- Vraiment ? Et en quel honneur aurais-je envie de danser avec toi ?

Elle me fit un sourire poli, mais peu accueillant, puis se concentra tranquillement sur sa coupe de champagne qui avait l’air beaucoup plus intéressant que ma présence. Je baissai les yeux vers mon propre verre, dont le liquide ambré tanguait et glissait le long des parois. J’avais les oreilles qui bourdonnaient doucement. Oh, c’était stupide, tout ça, pas vrai ? Pourquoi j’essayais ? Je ne savais même pas ce que je voulais, et Heather ne voulait pas que je sois là. Autant partir, pas vrai ? Mais mes jambes cotonneuses étaient ancrées dans le sol, stupidement. En quel honneur aurait-elle eu envie de danser avec moi ? Je n’en savais rien… Je n’y avais pas réfléchi… Pourquoi fallait-il une réponse ? On ne pouvait pas simplement faire… Comme avant, comme si de rien était ? J’étais fatigué de crier et de m’excuser, de me justifier, je voulais simplement… Je regardai à nouveau mon verre. Combien en avais-je bu ? J’avais bizarrement chaud, ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti cette drôle de sensation. Les lumières autour de moi clignotaient un peu plus que d’habitude, et le brillant de la robe d’Heather aussi. Sa peau laiteuse était dévoilée par les ouvertures sur le côté, et plus près d’elle, je pouvais voir les petits grains de beauté qui la jonchait, et les paillettes dispersées un peu partout. Je relevai mon visage vers elle, l’air un peu perdu, serrant un peu plus fort mon verre entre mes mains presque moites. J’avais vraiment envie de danser avec elle.

- Je ne sais pas, avouai-je, bêtement. C’est juste que tu es très jolie dans ta robe et j’ai vraiment envie de danser avec toi, répétai-je.  

Je me mis à repenser à la soirée où on avait dansé tous les deux au bar, avant qu’Heather me crie dessus. Je repensai aussi à Ariane, à son sourire en coin et ses yeux qui lançaient des éclairs intriguant. Tout ce souvenir était à présent diffus, mêlé et noyé dans la colère de la fin de soirée, de la dispute qui m’avait passée toute envie d’aller m’amuser dans un coin sombre avec quelqu’un. J’avais l’impression que tout s’était coupé d’un coup, et à vrai dire, ce n’était toujours pas vraiment reparti depuis. Ça m’énervait, ça aussi. Je ne devais rien à personne, je me l’étais répété dans la tête pendant des heures. Je ne devais rien à Heather. Pourquoi est-ce que ce fiasco m’avait empêché de prendre du bon temps alors ? Pourquoi est-ce qu’encore maintenant, je me sentais coupable et étrange, tout gauche et maladroit, alors que je ne voulais m’en vouloir de rien. J’aurais dû prouver le contraire à Heather, me tenir droit et la défier du regard, lui montrer que je n’étais pas un raté. J’aurais dû m’excuser platement et passer à autre chose, et si elle ne voulait pas, tant pis. Simplement, ne pas perdre la face, ne pas rendre les armes comme si elle m’avait vaincu. Pourtant, je devais avoir l’air minuscule et stupide dans un costard trop bien taillé pour l’enfant de fermiers que j’étais au fond, et qu’Heather déchiffrait parfaitement.


- En vérité, c’est juste que j’ai vraiment envie de passer la soirée avec toi. Je suis sûre que toi non, que tu me méprises maintenant... C'est juste que, tu es ma seule amie ici, lâchai-je tout à coup, en la regardant dans ses yeux pleins de pailettes. Tu es ma seule amie tout court, en fait… Je regardai mon verre, me sentant tout à coup terriblement honteux. Je ne sais même pas si j’ai déjà eu avant. Je ne sais pas comment on fait, comment ça marche. Je ne sais pas comment me faire pardonner pour l’autre soir, je ne sais pas comment on fait, je… Je ne sais pas.

Heather savait-elle, elle, combien cela me coûtait d’admettre ma propre ignorance ?
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Heather Lass


Heather Lass
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MessageSujet: Re: Open up. (H.L)   Open up. (H.L) Icon_minitimeDim 8 Jan - 17:15

- Je ne sais pas. C’est juste que tu es très jolie dans ta robe et j’ai vraiment envie de danser avec toi.

Heather dut énormément prendre sur elle pour ne pas montrer alors le torrent d'émotions qui venait de la frapper. Tout d'abord, elle avait ressenti une envie de rire : Dan avait l'air si penaud, presque idiot, planté là, visiblement dans ses petits souliers, tandis qu'elle l'ignorait royalement et le plaisait à le voir revenir vers elle la queue entre les jambes. Ensuite, elle sentit qu'un frisson électrique avait parcouru sa peau, sortant du plus profond de sa chair, quand il avait prononcé sa deuxième phrase et qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de se sentir flattée... Mais c'était trop facile... Il devait le faire exprès, non ?! Il devait savoir... Évidemment qu'il savait qu'elle était sensible à n'importe quoi qui sortait de sa bouche, elle s'était fait avoir comme une débutante, il avait joué avec elle comme une souris... Mais la jeune fille ne pouvait s'empêcher de se dire que Dan avait l'air sincère, et plus les secondes s'égrenaient plus elle se sentait attirée par la partie beaucoup moins raisonnable d'elle, celle qui ne rêvait qu'une chose, que ses rêves deviennent réalité, et qui se disait qu'une danse avec Dan ne changerait de toute façon pas vraiment la face du monde... Mais elle savait qu'elle avait tort, et que c'était toujours là qu'elle se faisait avoir, parce qu'elle était trop faible pour lutter contre ses envies et son coeur bien trop fleur bleue qui se laissait voler à la moindre occasion. Heather se sentit un peu triste à cette idée - pourquoi fallait-il toujours qu'elle s'amourache de garçons qui étaient incapable de lui rendre ?

- En vérité, c’est juste que j’ai vraiment envie de passer la soirée avec toi. Je suis sûre que toi non, que tu me méprises maintenant... L'honnêteté de Dan la surprit tant qu'elle leva les yeux et le regarda sans jouer cette fois, sans distance et sans froideur, parce qu'elle était trop étonnée de ses mots qui ne lui ressemblaient pas, lui qui était si fier. C'est juste que, tu es ma seule amie ici. Leurs regards s'accrochèrent, elle tressaillit. Tu es ma seule amie tout court, en fait… Je ne sais même pas si j’ai déjà eu avant. Je ne sais pas comment on fait, comment ça marche. Je ne sais pas comment me faire pardonner pour l’autre soir, je ne sais pas comment on fait, je… Je ne sais pas.

...

C'était beaucoup, pensa-t-elle alors. C'était beaucoup de « je ne sais pas », alors qu'elle, elle savait. Elle savait ce qu'elle voulait, elle savait ce qu'elle aimait, elle savait vers quoi à elle allait, elle savait avoir des amis, elle savait être une amie, elle savait s'intéresser aux gens sans calculer, elle savait s'amuser, elle savait être insouciante. Lui, il ne savait rien ; rien de tout ça. C'était sans doute cela, le plus grand problème ; ce n'était pas Poudlard, ou leur histoire passée, c'était les murs que Dan avait construit autour de lui et la froideur et la méfiance qui le caractérisaient. Il était incapable de s'ouvrir, si bien qu'il était incapable d'apprendre tout cela, toutes les choses de la vie que l'on tisse avec les autres.

Elle se sentit un peu mauvaise de penser à lui de la sorte, et de se dire qu'avec la vie qu'il avait eue c'était un peu normal, parce que sa famille était pauvre, si pauvre que leurs enfants n'avaient pas forcément eu de quoi rêver, et s'étaient retrouvé isolés, montrés du doigt. À Clifden, là où ils avaient tous les deux grandis, on connaissait la famille O'Brien (on connaissait toutes les familles, de toute façon) et on savait qu'ils n'avaient pas un sou, c'était d'ailleurs la première chose qu'on associait à eux. Heather se dit qu'elle n'y avait sans doute jamais accordé assez d'importance parce qu'elle y voyait autre chose ; elle y voyait la ferme et les poneys qu'elle montait depuis qu'elle était petite, elle y voyait les grands-parents qu'elle avait toujours adoré et qui lui rendaient bien, elle y voyait ses voisines et son amie, elle y voyait ce garçon qu'elle avait aimé séduire malgré elle, elle y voyait tant de choses qu'elle ne se préoccupait pas du reste, et peut-être du plus important. C'était sans doute de sa faute - trop obnubilée par sa propre famille, qu'on connaissait malheureusement par la maladie de sa mère et de son accident ensuite, elle s'était imaginé qu'il n'y avait qu'elle de marquée ainsi par le jugement des autres. Elle avait tort - elle s'en rendait compte à présent.

Reposant sa coupe, elle sentit que son attitude s'adoucissait : elle se tenait moins guindée et moins détournée de lui, elle cherchait son regard, décroisait les bras. Tant pis, soupira-t-elle, après tout, elle le savait pertinemment : elle ne savait jamais résister à ce genre de tentation. Emmy serait probablement furieuse, mais elle ne savait pas faire autrement.


- Le problème, Dan, c'est que moi, je sais, et je sais que je ne veux pas être juste ton amie...

Elle avait parlé d'une voix plus douce, plus basse aussi. Elle lui lança un petit sourire, sincère, gêné aussi. Jamais elle ne s'était dévoilée ainsi devant lui, si simplement. Il était toujours très près d'elle et elle sentait définitivement une odeur de whisky - elle faillit avoir le réflexe de lui enlever le verre des mains et de lui déconseiller de boire encore plus, mais elle n'osa pas.

- Ça me manque aussi, notre amitié, d'être avec toi tout le temps, mais tu m'as fait du mal et je n'ai pas envie de te pardonner si facilement. Je ne sais pas comment tu peux te faire pardonner non plus, mais je suis sûre que tu trouveras, ajouta-t-elle avec un petit geste de la main. Pourquoi est-ce que...

Elle buta un instant sur les mots, ne sachant pas très bien comment résumer :

- Pourquoi est-ce que tu rends tout si difficile ?

Maintenant, il lui semblait que son coeur s'était serré et essayait de lui faire monter des larmes aux yeux - elle était triste de cette constatation, de se dire que même en essayant d'arranger ce qu'elle avait fait par le passé il lui en voulait toujours, et compliquait tout, alors qu'elle essayait simplement de se rapprocher de lui.

- J'ai l'impression que tu ne me feras jamais confiance, conclut-elle en haussant les épaules, pour masquer la sensation de chagrin qui s'était emparée d'elle. Viens, allons danser, et elle lui tendit la main en lui lançant un regard interrogatif : est-ce qu'il le voulait toujours ? Est-ce que ce n'était pas la meilleure façon de conclure cette conversation qui ne semblait aller nulle part ?...
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Daniel O'Brien


Daniel O'Brien
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MessageSujet: Re: Open up. (H.L)   Open up. (H.L) Icon_minitimeLun 23 Jan - 22:31

J’avais du mal à cerner Heather et ce qui se passait, mais j’avais la nette impression qu’au fur et à mesure des mots qui se libéraient malgré moi, les traits tirés de son joli visage s’adoucissait un peu. Avais-je réussi ? C’était sûrement trop beau pour être vrai, je n’étais pas stupide, mais je me pris à rêver d’un scénario simple où tout redevenait comme avant. Pourtant, j’avais toujours adoré les puzzles et les énigmes, toutes les choses compliquées dont la solution demandait ingéniosité et patience. Pourtant, cette patience me faisait tout à coup défaut, j’avais envie de retrouver quelque chose de calme, de facile, j’avais envie de ce sentiment que me donner Heather qui discutait joyeusement à côté de moi, ce sentiment inexplicable. Peut-être avais-je baissé ma garde trop vite, à Poudlard ? Que le château dont j’avais toujours rêvé mais qui me rappelait toujours ma différence m’avait rendu un peu faible, à la recherche d’une présence familière que j’avais investi en Heather ? Je n’en savais rien, et j’avais envie de mettre mon cerveau en pause tant toutes ces questions sans fin me rendaient fou.

- Le problème, Dan, c'est que moi, je sais, et je sais que je ne veux pas être juste ton amie...

Je fronçai un peu les sourcils, pas tout à fait sûr de comprendre ce qu’elle voulait dire. Elle avait un petit sourire doux et presque amusé, mais intimidé à la fois. C’était drôle combien son visage transmettait toujours toutes ses émotions – avec toujours cette petite pointe mutine dont Heather était la seule à avoir le secret. J’avais l’impression que mon visage était lisse, toujours fermé, je m’étais toujours appliqué à ne rien laisser paraître, par pudeur, par fierté peut-être aussi, parce que je me disais que moi au moins, je contrôlais… Mais parfois, quand je voyais la simplicité qu’Heather avait à se connecter à ses émotions et à les assumer, je me sentais envieux, et bêtement coincé.

Pas juste mon amie ? Est-ce que c’était vraiment ce qu’elle avait dit, la dernière fois, que je lui plaisais ? Mais pourtant j’avais voulu l’humilier, et ça m’étonnait qu’elle l’ait oublié et puisque toujours me trouver attirant…


- Ça me manque aussi, notre amitié, d'être avec toi tout le temps, mais tu m'as fait du mal et je n'ai pas envie de te pardonner si facilement. Je ne sais pas comment tu peux te faire pardonner non plus, mais je suis sûre que tu trouveras. Pourquoi est-ce que...

Quelque chose se compressa en moi, en même temps que la tension se relâchait, comme deux phénomènes opposés qui se réunissait dans ma poitrine et me laissait un peu perplexe. Mais une chose était sûre, notre amitié lui manquait, à elle aussi, et c’était tellement plus simple quand elle le disait, quand elle était honnête alors que je ne pouvais pas l’être complètement ; elle mettait les mots si simplement sur ce que je n’arrivais pas à admettre clairement.

- Pourquoi est-ce que tu rends tout si difficile ?

Je la regardai, maladroitement. Sa voix était lourde, si triste tout à coup, que je sentis en miroir quelque chose d’étrange, une lourdeur dans le bas de mon ventre puis dans ma gorge, quelque chose d’oppressant et de salé. Je ne savais pas comment l’expliquer, mais Heather avait touché quelque chose d’étrange qui me piquait au vif. Je n’étais pas certain de savoir quoi répondre. Peut-être que j’aimais ça au fond, que j’étais difficile parce que ça me plaisait ? Parce que c’était une issue et un masque comme un autre ?

- Je suis désolé, m’entendis-je dire d’une voix lourde et lointaine étrangement grave.

J’étais vraiment désolé, n’est-ce pas ? Plus désolé que je ne l’avais jamais été, peut-être… Je posai mon verre sur le buffet, tout à coup un peu nauséeux. Ce n’était en rien la soirée de bal que j’avais imaginé, quand je pensais aux festivités de Poudlard, tout seul sous ma couette en Irlande, coincé entre les respirations de mes trois sœurs, rêvant d’une vie fabriquée à la mesure de mes envies de grandeurs.


- J'ai l'impression que tu ne me feras jamais confiance. Viens, allons danser.

Je la regardai, son visage, puis sa main tendue vers moi, les yeux un peu écarquillés. Vraiment, elle le voulait vraiment ?! Je sentis une chaleur se répandre en moi, comme si je pouvais bouger à nouveau, et avant qu’elle ne change d’avis, je pris sa main – la paume était encore fraîche de la coupe de champagne givrée qu’elle avait tenue. Je l’entraînai vers la piste, où les couples évoluaient plus ou moins gracieusement, au son d’une jolie valse qui venait de commencer. C’était exactement ce dont j’avais envie, comme si l’orchestre avait pu lire en moi, et un peu maladroitement, je glissai ma main dans le bas du dos d’Heather, là où la peau se découvrait, laiteuse et lisse. Je jetai un regard vers Heather, dont les joues semblaient légèrement plus rosées. Je ne dis rien mais je sus qu’elle avait compris ce que je lui demandai. Elle ne jugeait pas, je le savais. De l’extérieur, on aurait dit que je menais la danse, mais en vérité j’étais très mauvais pour danser, on ne m’avait jamais appris à valser, et je suivais plus Heather que l’inverse. A cette réflexion, je réalisai que c’était une jolie métaphore pour la relation que nous entretenions depuis le début de l’année…

Heather était toujours aussi gracieuse, sa robe flottant autour d’elle à chaque mouvement, son port de tête altier, comme une princesse. Elle était décidément un peu trop jolie ce soir, et j’avais un peu trop bu pour ne pas le remarquer.


- Tu sais, j’essaie vraiment, dis-je, au milieu de l’un des morceaux. Heather me lança un regard interrogatif. De te faire confiance. Je ne suis juste pas habitué.

On valsa quelques chansons, puis d’un regard entendu, on s’éloigna lorsque la musique recommença à devenir un peu plus pop, sûrement parce qu’elle avait compris que je n’avais pas envie de sauter partout, pas tout de suite. Il me fallait peut-être un autre verre.

- Tu m’intimides un peu. Hm, non, j’avais peut-être trop bu. Mais les mots étaient sortis, et c’était trop tard pour faire demi-tour. J’ai l’impression que parfois tu peux lire dans ma tête, que tu sais trop de choses sur moi, même quand je fais tout pour que personne ne puisse lire ça en moi, et à l’inverse, je suis incapable de la même chose. A chaque fois que je crois te cerner, tu me prouves que je te jugeais trop vite. Je n’aime pas être dans cette position, achevai-je en grimaçant un peu.
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Heather Lass


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MessageSujet: Re: Open up. (H.L)   Open up. (H.L) Icon_minitimeDim 29 Jan - 16:35

Dan était désolé, c'était déjà ça - mais elle l'était aussi. Lasse, Heather prit donc la décision d'aller danser avec lui, car ce n'était pas un soir qu'elle voulait ternir ou gâcher, n'en déplaise aux éléments passés entre Dan et elle. Peut-être que la petite voix dans sa tête avait raison, peut-être qu'au fond ils n'étaient pas faits l'une pour l'autre, peut-être qu'ils avaient la malédiction de se plaire quand l'autre n'était pas disponible, peut-être qu'ils ne seraient jamais capables d'être sur la même longueur d'onde. Après tout, ce genre de choses, elle y était habituée ; ce n'était pas comme si elle était à sa première déconvenue amoureuse. Mais ce qui résistait en elle, c'était cette certitude étrange que Dan et elle avait un socle commun, un lien invisible, indéniable et indestructible, indépendamment de leur histoire et origines communes... Le goût du challenge, la passion, le mystère, la réflexion, l'exaltation... Si différents qu'ils pouvaient paraître Heather avait l'impression de se refléter en lui parfois, et inversement, et elle était persuadée qu'il aurait pu sentir la même chose s'il s'était un peu laissé aller. Car c'était bien là leur différence : le lâcher-prise. Daniel en était incapable, et cela allait à l'encontre de la façon dont Heather voyait les choses, à un tel point qu'elle ne pouvait s'empêcher tristement d'en conclure qu'il était peut-être peine perdue d'insister. Aussi elle se laissa faire quand il prit sa main et l'emmena, en se disant qu'il ne fallait pas nécessairement poursuivre le combat, mais dès l'instant où il posa sa main dans le creux de son dos, là où sa robe découvrait sa peau, elle sentit un feu s'embrasser à l'intérieur d'elle et gagner jusqu'à ses joues. Il avait sa main sur sa peau nue et c'était tout ce qu'elle pouvait se dire de sensé, elle espérait qu'il ne voyait pas trop son trouble qui la ferait passer pour une idiote de première. Comme elle croisa son regard, noir et intense, elle détourna les yeux en reportant son attention sur la danse. Elle menait le rythme, discrètement mais fermement, et il se laissait assez faire pour que le tout est l'air parfaitement fluide et assuré.

Les mesures s'enchaînaient et Heather se sentait un peu plus exaltée à mesure qu'ils virevoltaient - l'ambiance du bal, le décor brillant, les lumières, le champagne, les sourires des élèves, les belles tenues de tout le monde, Noël - tout en sachant pertinemment que la proximité de Dan n'y était pas pour rien. Il était tout près, tout contre elle : son torse lui paraissait encore plus large et plus carré, tandis que ses boucles rousses l'effleuraient, et que Heather pouvait sentir son odeur virile mêlée à un soupçon de whisky. Son corps ne cessait de frôler celui de Dan, provoquant en elle des frissons interrompus qui lui faisaient encore plus tourner la tête.


- Tu sais, j’essaie vraiment, fit-il tout d'un coup. Elle leva les yeux vers lui. De te faire confiance. Je ne suis juste pas habitué.

Pour toute réponse, elle ressentit l'envie intense de l'embrasser, tout de suite, mais ne se sentit pas de faire un geste en ce sens, non seulement à cause de leur conversation, mais en plus parce qu'il était beaucoup trop impressionnant, quelque part. Elle avait l'impression qu'il lui suffisait d'un regard pour qu'elle se sente remise à sa place.

- C'est déjà ça, murmura-t-elle avec un petit sourire qui se voulait encourageant, mais qui était un peu triste. Doucement, elle laissa se poser sa tête sur son épaule, et ferma les paupières le temps de quelques secondes.

Après quelques morceaux, ils s'arrêtèrent de danser et revinrent un peu à l'écart. Heather attrapa quelques amuse-bouche au passage pour ne pas rester l'estomac vide, mais elle ne prit même pas attention à ce qu'elle mangeait, un peu bousculée par toutes ses émotions et ce qui déferlait dans sa tête. Elle attrapa ensuite une nouvelle coupe de champagne. Est-ce qu'ils allaient rester ensemble tout le reste de la soirée ? Est-ce qu'elle devait d'elle même aller ailleurs, chercher une autre compagnie ? Un regard à la démarche légèrement floue de Dan lui répondit qu'elle n'en avait pas du tout envie. Résignée, elle le suivit et, installée à côté de lui, laissa son regard errer ailleurs.

- Tu m’intimides un peu. Heather tourna brusquement le regard vers lui, surprise. J’ai l’impression que parfois tu peux lire dans ma tête, que tu sais trop de choses sur moi, même quand je fais tout pour que personne ne puisse lire ça en moi, et à l’inverse, je suis incapable de la même chose. A chaque fois que je crois te cerner, tu me prouves que je te jugeais trop vite. Je n’aime pas être dans cette position.

... C'était à n'y rien comprendre, elle même se disait à peu près la même chose, qu'il était loin d'elle et inaccessible malgré toutes les choses intimes sur lui et sur sa famille qu'elle pouvait connaître... Elle ne lisait pas dans ses pensées, non, malheureusement, sinon ils n'en seraient pas arrivés là... Elle but de nouveau à sa coupe, trop vite et une trop grande gorgée, qui lui donna chaud tout d'un coup. Ce n'était pas l'intimider comme cela qu'elle voulait, c'était le séduire et l'intriguer, pas lui faire peur pour qu'il n'ose pas se confier d'avantage... Heather baissa les yeux. Tout d'un coup, elle se sentait démunie comme une petit enfant, qui comprend qu'elle n'aura jamais ce qu'elle espère, parce que c'est totalement impossible.

- C'est drôle, je pense justement le contraire. J'ai beau connaître des choses sur ta vie et ta famille, au fond, c'est toi qui es inaccessible, Dan,
murmura-t-elle en levant son regard vers lui. Il la regardait avec une telle sincérité et un tel sérieux qu'elle ne put s'empêcher d'en être attendrie, et de sourire. On ne sait jamais ce qui se passe là-dedans, reprit-elle en levant sa main après un instant infime d'hésitation ; elle posa ses doigts sur la tempe de Dan et les laissa glisser, caressant sa joue, tout en le regardant avec une telle intensité qu'elle savait pertinemment combien elle se dévoilait. Alors que moi, reprit-elle après avoir laissé retomber sa main, c'est plus facile, tu sais, je crois que tu m'imagines plus compliquée que je le suis. J'ai changé, et j'ai peut-être un tempérament... Elle haussa les épaules en souriant : relevé, je suis sincère pour autant, et je crois que si tu regardes bien tu peux tout à faire lire ce que je ressens et ce que je pense.

Il n'y avait qu'à la regarder maintenant : ses yeux verts brillaient et le rose de ses joues parlait pour elle. Ils étaient assis sur l'un des sofas argentés, et sa main reposait tout à côté de celle de Dan - elle mourrait d'envie qu'il la prenne.

- En tout cas, je suis sûre qu'avec un peu d'entraînement tu arriveras très vite à me décrypter, conclut-elle plus légèrement avec un sourire - elle pensait à différentes sortes d'entrainement et ce n'était pas cela qui allait la faire moins rougir, mais elle tenait à ce que Dan comprenne qu'elle ne voulait pas baisser les bras et qu'au fond, après tout, rien n'était impossible.
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MessageSujet: Re: Open up. (H.L)   Open up. (H.L) Icon_minitimeVen 3 Fév - 16:52

J’avais étrangement faim, peut-être à cause de l’alcool, et j’attrapai en même temps qu’Heather un tas de petits fours, qui étaient d’ailleurs au passage tous plus délicieux les uns que les autres. C’était bizarre, même s’ils étaient bons, j’avais l’impression que la cuisine de mes parents me manquait plus que jamais. Elle était peut-être un peu rustre, beaucoup moins fine, mais c’était toujours avec les bons produits de notre jardin, et avec tout l’amour que mes parents mettaient dedans. Ça n’avait aucun égal, partout où j’allais. Pourtant, quand j’avais quitté le domicile familial, au début, j’étais ravie de voir autre chose, de goûter d’autres plats, de prendre mon indépendance… Finalement, ça comme le reste, ça me manquait. C’était drôle, la façon dont j’étais toujours attiré vers le passé, vers ma famille, mes racines, alors que je rêvais tant de m’en émancipait. Je ne savais pas si c’était une bonne chose, la preuve d’un lien fort avec ma famille, ou l’inverse, le signe d’une faiblesse de ma part, un manque de courage…

On s’installa sur l’un des divans, et je sirotai un jus de fruits, laissant un peu de côté l’alcool. J’étais fatigué, et j’avais l’impression que les lumières clignotaient plus que je ne voulais, et que j’aurais pu glisser contre le dossier du canapé, et m’endormir là, dans la douce euphorie tiède de la soirée et du whisky. Heather était à côté, toujours aussi belle. Comme je regardai d’étrangement près son visage, peut-être pas très discrètement, je me fis la réflexion que j’avais l’impression qu’elle avait changé… Que quelque chose était différent, physiquement. Peut-être que c’était moi qui la voyait différemment maintenant ?


- C'est drôle, je pense justement le contraire. J'ai beau connaître des choses sur ta vie et ta famille, au fond, c'est toi qui es inaccessible, Dan. On ne sait jamais ce qui se passe là-dedans. Je soutins son regard, mais sentit une petite décharge sur ma tempe, là où elle posa ses doigts, tout doucement, qu’elle glissa le long de mon visage. J’avais beau plonger mes yeux dans les siens, dans leur remous couleur émeraude, j’avais du mal à tout comprendre. Une chose était sûre, je sentais quelque chose, en moi, autour de nous, peut-être entre nos deux visages, comme si l’air s’était chargé en électricité. Alors que moi, c'est plus facile, tu sais, je crois que tu m'imagines plus compliquée que je le suis. J'ai changé, et j'ai peut-être un tempérament... Relevé, je suis sincère pour autant, et je crois que si tu regardes bien tu peux tout à faire lire ce que je ressens et ce que je pense.

J’obéis, et la regardai bien, cherchant à déchiffrer son visage. Avait-elle raison, est-ce que je me compliquais la vie, comme toujours ? Et ce qu’elle avait dit… Etais-je vraiment si inaccessible ? Stupidement, je sentis mon orgueil grésillait, comme si j’étais fier, que c’était un compliment… Or, je n’en étais pas tout à fait sûr, au fond. Quand je voyais le résultat sur ma relation avec Heather, avec les autres, je me disais que peut-être que ça me desservait plus qu’autre chose. Pourtant, dans ces manières un peu mystérieuses, je me sentais bien, je me sentais moi mais surtout je me sentais en sécurité. S’ouvrir aux autres me paraissaient étrangement compliqué, et quand je regardai comment Heather le faisait avec aisance, j’étais jaloux et admiratif en même temps. Mais cela ne l’empêchait pas d’être mystérieuse à sa façon aussi… Ou plutôt, elle avait quelque chose d’ensorcelant.

- Je ne sais pas… Avouai-je à voix haute, un peu hésitant. Tu as peut-être raison. Je ne suis plus sûre de rien, de toute façon, conclus-je en haussant les épaules.

Qu’est-ce qu’Heather voulait, ce que je voulais, où tout cela nous menait. Je m’enfonçai un peu plus dans le divan et fini mon verre, faisant tourner la dernière gorgée dans le fond. Le verre était fait de glace, mais il était tiède entre mes doigts, sans fondre. Je jetai un regard à la soirée qui battait son plein. Tout le monde avait si… Festif ! J’avais l’impression que personne ne prêtait attention au reste, à part le buffet et la piste de danse, et qu’Heather et moi étions dans un petit coin, dans une petite bulle.


- En tout cas, je suis sûre qu'avec un peu d'entraînement tu arriveras très vite à me décrypter.

Elle eut un petit sourire énigmatique et entendu, et je fronçai un peu les sourcils, me demandant encore une fois ce qu’elle avait derrière la tête. Mais elle avait l’air si sereine, si heureuse… J’eus un sourire en retour, sentant mon corps se détendre un peu plus. Elle était jolie, et j’avais envie de sentir son parfum, d’être contre elle, tout à coup, comme si elle fissurait toutes les défenses que j’installais autour de moi. Je poussai un soupir, ne sachant pas trop comment comprendre tout ce qui me traversait. J’hésitai un instant, regardant autour de nous. Encore une fois, je remarquai que personne ne nous prêtait attention. Je me sentis sourire tranquillement, pris tout à coup d’une fatigue douce et étourdissante. Je glissai légèrement contre le dossier du divan, et posai ma tête contre l’épaule d’Heather, fermant les yeux quelques instants. Quelques mèches de ses cheveux me chatouillaient le visage. Je me sentais bien, là.

- Dans ce cas-là, il ne me reste plus qu’à m’entraîner alors, répondis-je avec un petit sourire qu’elle ne pouvait pas voir, tout comme la façon dont mon cœur battait tranquillement en sa présence.

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