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So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck)

 
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 So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck)

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Emmy Yeats


Emmy Yeats
Employée au Ministère



Féminin
Nombre de messages : 160
Localisation : Oxford ou Londres.
Date d'inscription : 12/06/2014

Feuille de personnage
Particularités: Terriblement maladroite, et championne de concours de shots !
Ami(e)s: LET'S PARTY !
Âme soeur: "Get out of my head, out my head / Yeah, we're high and low / You're dark at your worst / You're loved and you're cursed."

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MessageSujet: So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck)   So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck) Icon_minitimeDim 1 Nov - 22:04

♪ ♫ ♪

« Are you lost or incomplete?
Do you feel like a puzzle, you can't find your missing piece?
Tell me, how do you feel?
Well, I feel like they're talking in a language I don't speak
And they're talking it to me

So you take a picture of something you see
In the future where will I be?
You can climb a ladder up to the sun
Or write a song nobody has sung
Or do something that's never been done
Or do something that's never been done

So you don't know where you're going and you wanna talk
And you feel like you're going where you've been before
You tell anyone who'll listen, but you feel ignored
Nothing's really making any sense at all, let's talk
Let's talk, let's talk, let's talk. »


Je raccrochai, sentant que je souriais malgré moi, et tapai rapidement un « fais attention ce soir grosse bouse <3 » à Chuck avant de rejoindre ma grand-mère qui m’appelait depuis dix minutes pour sortir la tarte du four.

Je m’étais enfin décidé à poser des vacances au bureau, car je n’en avais pas pris de l’été, et je savais que j’en avais bien besoin. J’étais partie quelques jours chez mes grands-parents, prendre un peu l’air de la campagne. Les températures commençaient à baisser, annonçant la fin de l’été, mais le soleil était toujours présent, et j’avais pu profiter et aller me promener ou lire dans le jardin. C’était peut-être un peu bête, mais j’étais beaucoup plus sereine maintenant que je savais que Chuck répondrait à mes messages ou mes appels. Je savais que rien n’était fini non plus, et j’étais inquiète malgré moi à chaque fois que je savais qu’il sortait. Son bad trip l’avait un peu refroidi, mais je savais que ça n’allait pas non plus l’empêcher de s’éclater la tête quand il en ressentait le besoin. Je trouvais une maigre consolation à l’idée qu’à présent, je pourrais veiller un peu sur lui dans ces moments. Je m’accrochais à l’idée qu’éventuellement, les choses iraient mieux. Il fallait juste du temps, et de la patience. Je n’étais pas Poufsouffle pour rien, j’étais patiente et loyale, et si j’avais stupidement laissé Chuck et moi s’éloigner, je n’allais plus refaire la même erreur.

En revenant de mes quelques jours à la campagne – qui m’avait fait un bien fou – j’avais commencé à passer le plus clair de mes soirées avec Chuck, et mes week-ends aussi. Le plus drôle était l’amour que mes parents avaient développé pour lui depuis qu’il avait déjeuné à la maison. Ma mère avait toujours été du genre à se souvenir de tous mes amis, sans même les avoir rencontrés. Elle me demandait souvent comment allait Heather, si son travail à Poudlard se passait bien, ce genre de choses. Mais mon père était un peu plus tête en l’air, mélangeant les prénoms et les personnes. Mais alors, Chuck ? C’était carrément une autre histoire. Je crois que c’était parce que Chuck était drôle, et avait une personnalité assez marqué, et l’exubérance de mon père appréciait ce genre de qualités. Il était donc toujours ravi quand Chuck était dans les parages, il lui proposait toujours de rester déjeuner, diner, de goûter ce nouveau cidre qu’il avait acheté, bref, il était clairement adopté. Mais ça ne valait pas non plus Violet et Max qui lui jouaient littéralement un culte depuis que Chuck les avaient amenés jouer au Quidditch avec moi un samedi après-midi. Nous avions pu utiliser le terrain du stade où Chuck travaillait, et il fallait avouer que ça en jetait. Max avait particulièrement apprécié l’après-midi, et il me bassinait avec ça depuis. Il m’avait même demandé à Chuck de lui donner un dessin qu’il avait fait de nous quatre en train de jouer. Même si je riais de toute cette situation, j’étais touchée, et je voyais que Chuck l’était aussi, ce qui me rendait encore plus heureuse.

Il n’y avait qu’Ezra qui semblait un peu moins emballé. Je ne lui en voulais pas, je savais qu’il avait vu à quel point j’étais triste lorsque Chuck était parti en vrille… Mais les choses étaient différentes, et je n’avais pas trop envie de m’appesantir sur l’avant. J’étais beaucoup trop heureuse de retrouver Chuck. J’aurais aimé dire que tout était revenu à la normal, que c’était comme s’il ne s’était jamais rien passé, mais je ne pouvais pas être aussi optimiste. Chuck était toujours malheureux de la mort de Coop, et mon retour dans sa vie n’avait rien d’un remède miracle. Je savais qu’il continuait à boire, à fumer, et à prendre beaucoup trop de pilules à mon goût. Je remarquais parfois ses absences, ces quelques secondes où quelque chose semblait voiler ses yeux. C’était étrange, mais j’avais l’impression que Chuck avait vieilli d’un coup, ses traits étaient plus adultes, plus fatigués. Heureusement, il n’avait pas perdu sa bonne humeur. Elle disparaissait juste par moment, et même si ça me rendait toujours anxieuse et triste, j’avais appris à m’en accommoder. Dans ces instants plus noirs que les autres, il ne fallait pas trop chercher à arranger les choses, ou à en discuter. Je me contentais de lui tendre une autre bière ou d’allumer la télé pour trouver quelque chose de drôle à regarder.

Au milieu de la soirée qui battait son plein, je vis que les yeux de Chuck s’étaient voilés. Assis sur le canapé, il buvait une bière et semblait déconnecté. Je coupai court à ma conversation, et rejoignis Chuck, sautant à moitié sur lui pour le faire rire, manquant au passage de renverser tous les verres de la table basse, honorant ma maladresse légendaire.


- Tu me passes une bière, s’te plaît ? Demandai-je alors que je m’installai plus confortablement sur le canapé, m’appuyant contre Chuck qui passa son bras autour du mien et commença à le chatouiller pour me faire rire.

Je jetai un coup d’œil à la pièce. C’était vrai que ça en jetait. Le salon était immense, le buffet était imposant et il y avait des bougies qui volaient dans l’air pour nous éclairer. Et puis surtout, il y avait… Les gens présents. Je m’étais retrouvée invitée à une soirée déguisée par une collègue du Ministère qui voulait fêter la rentrée – drôle d’idée, mais passons – et qui s’avérait sortir avec l’un des cousins de Bathilda Tourdesac, qui lui-même était historien. Je m’étais doutée que je risquais donc de croiser des personnalités un peu connues, mais je n’avais pas tout à fait compris que tout le monde serait en fait plus ou moins connu. Je pensais simplement que ça serait une soirée drôle, et j’avais proposé à Chuck de venir. Résultat, on avait pris très à cœur le challenge, et si Chuck était déguisé en batte de base-ball, j’étais… Une balle géante de baseball. Ça nous faisait beaucoup rire en tout cas, surtout que j’avais l’air d’être obèse dans mon costume et je me jetais perpétuellement sur Chuck en criant « ATTRAPE » au moment où s’il attendait le moins.

On ne pouvait pas dire que le reste de la soirée s’amusait autant que nous, à vrai dire. L’ambiance était même étrange, les gens pourtant assez jeunes semblaient horriblement sérieux, à discuter de boulot non-stop. Ça n’empêchait pas Chuck et moi de taper dans le buffet et l’alcool – digne de ce nom, y avait des moyens – mais c’était clairement pas la soirée de l’année, ni celle que j’avais imaginé en arrivant.


- Putain y a plus d’ambiance un lundi matin au bureau, murmurai-je à l’attention de Chuck, ce qui déclencha ses ricanements. Nous nous regardâmes, complices, et mes yeux se plissèrent un peu. On pensait sûrement à la même chose ?... Si tu voles une bouteille je peux piquer à manger, dis-je à voix basse, mon visage tout près de celui de Chuck pour que personne ne puisse nous entendre. D’aussi près, je voyais les détails de sa peau, de ces cils, et je sentais la chaleur que dégageait son souffle et son corps. L’espace de quelques secondes, je me sentis légèrement troublée par l’intensité de son regard et son rictus malicieux. T’es prêt ? 3…2…1… Go !
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Chuck Carlton


Chuck Carlton
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MessageSujet: Re: So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck)   So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck) Icon_minitimeSam 7 Nov - 20:24

https://www.youtube.com/watch?v=tAhT6kFWkAo

There is the head
On the grave you're under
Let me be there
And tell me if you need time to prepare
All will amount his world

Cause I know what you do is out of fashion
But it only makes it harder for me
And I know that you’re scared of the notion
We'll become who we're meant to be

How, I remember being
We'll become who we meant to be




Moi qui avais toujours détesté les gens lunatiques ou qui se posaient trop de questions existentielles parce que ça ne servait strictement rien et qu'il fallait gérer les merdes quoi qu'il arrive, je me retrouvais bien con, maintenant. Je me rendais compte qu'il était en gros impossible de combattre certaines choses, de ne pas se sentir complètement déprimé et de voir tout en noir, malgré tout ce que j'essayais de faire. Ca me frustrait, ça me rendait fou, mais une part de moi savait très bien que je pouvais bien m'énerver en plus de tout, rien n'y faisait ; autant accepter, une bonne fois pour toutes. Je n'avais pas le choix. Je devais complètement accepter le fait que je vivais, que je me réveillais tous les matins avec un putain de poids sur les épaules qui me donnait envie de me jeter par la fenêtre et que, et c'était bien con pour moi, il n'y avait concrètement aucune solution à ça et que je n'avais plus qu'à me débrouiller sagement dans mon coin en attendant le soir, la nuit, le sommeil qui ne réglait rien mais qui me permettait au moins de tuer mes pensées pendant quelques heures. Bien sûr, il fallait entendre globalement boire et se droguer par "se débrouiller sagement", parce que c'était à peu près tout ce que j'avais trouvé comme solution efficace. L'ironique de la situation était tellement énorme que ça aurait pu me faire marrer si j'en avais eu l'énergie - sans doute que je n'avais jamais ressemblé autant à mon cher père que je détestais tant ; je pouvais bien lui faire des reproches, maintenant que je marchais dans ses pas...

Enfin. Je m'en foutais, de toute façon. Je me foutais de tout.

Je me foutais même de savoir où étaient et que faisaient mes parents - c'était seulement par Angie et Hamish que j'avais eu des nouvelles, quand ils en parlaient tous les deux et que j'étais là, que j'entendais. Ces nouvelles me glissaient dessus sans m'atteindre, c'était bizarre, j'avais l'impression qu'on me parlait d'étrangers, de lointaines connaissances: ils avaient mis la maison en vente, ma mère n'y habitait plus et semblait s'être barrée, et mon père avait émigré dans son garage une bonne fois pour toutes. Je savais qu'il fallait que j'aille chercher les dernières affaires que je voulais récupérer, notamment celles de Coop, mais comme je n'avais aucun contact avec mes parents - et que je ne voulais pas en avoir - c'était un peu difficile de savoir quand ils seraient présents pour éviter de les rencontrer. Du coup, je n'y pensais pas. Je voulais ne penser à rien. Mais parfois tout ça revenait en flash, en force dans ma tête et je pouvais toujours courir pour lutter, ce qui me laissait toujours dans un état absent et fatigué comme si je venais de battre une armée de trolls à mains nues. Ca arrivait toujours à l'improviste et ça me foutait le spleen du siècle et je me sentais complètement étranger à tout, si j'étais tout seul chez moi je pouvais passer des heures à fixer le plafond sur mon lit en crevant des secondes qui passaient sans s'arrêter et ne changeaient rien pour autant, ou bien si j'étais avec des gens je me renfermais complètement et je disparaissais dans mes pensées, ou si j'étais en soirée je me sentais tout d'un coup pas du tout à ma place, tellement loin de tout ça, avec le coeur énorme et une tristesse qui me cisaillait les entrailles et j'avais l'impression qu'il pourrait se passer n'importe quoi, rien ne me sortirait de là.

C'était un peu ce qui s'était passé : j'avais retrouvé Emmy parce qu'on allait ensemble à une fête déguisée qui nous faisait rire d'avance, et d'ailleurs nos costumes étaient géniaux et on s'était bien amusés à les faire, je n'avais pensé à rien de spécial pendant cet après-midi et ça m'avait fait du bien, mais allez savoir pourquoi quand j'avais mis les pieds dans la rue de la fête, la nuit tombait et le ciel était tout orangé et le soleil était super bas et éclairait encore les maisons et la lumière était la même dans celle de mes souvenirs à Bristol. J'avais tout revu en une seconde, les soirées dans notre maison qu'on détestait mais qu'on savait apprécier parfois, nos soirées avec Coop en haut de l'immeuble désaffecté et la vue sur tout Bristol, les couchers de soleil magnifiques et ces moments rien qu'à nous. Tout me revenait : les couleurs, les odeurs, les sons, la ville, nos petits trucs rien qu'à nous. En deux secondes tout avait changé et j'avais senti mes entrailles se serrer, et si j'avais fait bonne figure, ça n'avait pas duré bien longtemps. On s'était vite retrouvés installés sur le canapé après avoir salué les gens, bu et mangé un peu, et que plein de personnes nous aient complimenté sur nos costumes, et le voile était tombé, boum. J'avais l'impression que quelque chose verrouillait mes muscles alors que j'essayais de lutter ; j'étais tendu et à la fois vide à l'intérieur, et je n'arrivais plus trop à maintenir une conversation normale pour faire mine de rien, parce que j'étais trop triste, parce que je me sentais très loin d'ici, parce que mon frère ne serait plus jamais assis à côté de moi en haut de cet immeuble abandonné à regarder le soleil qui se couchait sur notre quartier pourri et que j'avais envie d'en mourir.


- Tu me passes une bière, s’te plaît ?

Elle m'avait presque fait sursauter et comme elle s'installait tout près de moi je me laissais aller contre elle et mis mon bras autour du sien comme on le faisait souvent, calés bien tranquillement dans notre canapé. C'était bizarre, mais Emmy m'apportait toujours dans ces moments une espèce de chaleur que je ne savais pas définir mais qui me faisait du bien, et à vrai dire je m'y raccrochais plutôt désespérément. Après, elle avait aussi cette merveilleuse faculté de me comprendre et de savoir que j'allais mal sans me le demander ou le faire ressortir, et je lui en étais reconnaissant. J'avais besoin qu'elle fasse semblant que tout allait bien et qu'elle continue à être enjouée sinon j'étais persuadé que j'allais m'écrouler encore plus, malgré tous mes efforts.

Je n'arrivais pas trop à être dans cette fête, mais en tout cas je me rendais bien compte qu'on était un peu des ovnis tous les deux, pas vraiment du même milieu que les gens et surtout pas du tout en quête de contacts professionnels, ce qui semblait quand même être dans la tête de tout le monde. Mais je n'étais capable de rien dire ou faire, de prendre une décisions, crispé dans tout ce que je ressentais. Emmy me devança :


- Putain y a plus d’ambiance un lundi matin au bureau. Si tu voles une bouteille je peux piquer à manger. T’es prêt ? 3…2…1… Go !

Elle m'avait fait rire et j'avais senti comme un coup de vent qui passe, comme ça, je n'avais plus qu'à me laisser porter. Je me demandais si elle se rendait compte tout ce qu'elle faisait pour moi, parfois.

La seconde d'après on était debout, prêts à accomplir notre mission. Deux filles déguisées en mandragores me firent encore un compliment sur mon déguisement, ce qui me donna une idée : j'allais carrément pouvoir cacher une ou deux bouteilles sous mes couches de déguisement, et je fis exprès de paraître pressé d'aller voir quelqu'un à l'autre bout de la pièce pour qu'elles arrêtent de me parler. Il y avait heureusement tellement de bouteilles sur les tables que quelques unes en moins ne se remarqueraient pas ; après avoir vérifié que tout le monde se foutait de moi comme de leurs premières chaussettes, je choisis une bouteille de cidre et une autre pur-feu que je glissais sous mon pull. Quand je retrouvai Emmy, je crus qu'on allait se faire repérer tellement on avait un fou rire difficile à contrôler parce que je me déplaçais de manière super crispée et je finis par lâcher un "je crois que j'ai des problèmes de constipation" qui choqua nos voisins et manqua de nous faire partir dans une crise de rire hystérique. Il fallait absolument qu'on se tire de là et on se barra en prétextant une autre soirée avant de se retrouver tous seuls dans la rue et de pouvoir rire en paix.


- Non mais c'est pas possible, les gens ils savent pas s'amuser, tu as vu comment ils étaient tous agglutinés autour du type là, oh là là, ils sont pas funs, râlai-je parce que ça me dépassait comment on pouvait perdre son temps comme ça. Heureusement qu'ils savent au moins choisir leur alcool, dis-je avec un grand sourire en sortant mon butin de sa cachette.

On avait convenu de l'endroit parfait : un vieux terrain vague qu'on avait repéré il y avait plusieurs mois, avant... Bref. Et c'était nickel pour se poser, si bien qu'on prit la route, à pieds, parce qu'on avait aussi envie de s'aérer un peu - et que l'alcool nous tiendrait chaud. On avait décidé en chemin de faire un jeu comme on en avait souvent fait, et les enjeux étaient évidemment des gorgées d'alcool ; du coup il fallait deviner ce quoi l'autre pensait alors qu'il ne pouvait répondre que par oui ou non, mais on compliquait la tâche en faisant deviner des choses ou des moments - ce qui nous amené à faire deviner les pets de Jack un soir où il avait mangé trop de chou-fleur et ce qui nous amena aussi par extension à rire comme des demeurés à gorge déployée dans les rues silencieuses. Je finis par prendre Emmy sur mon dos en imitant un dragon pour gagner un pari et de fil en aiguille, on arriva près du terrain ; je lâchai le bras d'Emmy que j'avais tenu presque tout le trajet pour qu'on puisse se glisser sous la palissade et l'espace d'un instant, rien que ce petit geste me fit me sentir un peu mal, comme si le pouvoir qu'Emmy avait sur mon moral passait par un contact proche. Quand elle fut passée à son tour, je lui souris dans la pénombre, me marrant de sa tête de baseball et de son maquillage et j'eus envie de la prendre dans mes bras et de la serrer très fort mais c'était un peu bizarre et de toute façon on était déjà en train de chanter une chanson qui nous faisait horreur parce qu'on l'avait toujours dans la tête et qu'on se la refilait - bref. Je me laissai tomber par terre contre la clôture pour qu'on s'installe, avant de jeter un regard vers le ciel. Il y avait plein d'étoiles, il ne faisait pas trop froid. Je me sentais presque bien, comme si il était possible qu'un jour j'y arrive.
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Emmy Yeats


Emmy Yeats
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MessageSujet: Re: So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck)   So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck) Icon_minitimeDim 8 Nov - 19:55

♪ ♫ ♪

« Each shade of blue
Is kept in our eyes
Keep blowing and lightning
Because we own the sky

Secrets from the winds
Burnt stars crying

Soft, soft or cruel
Can't we change our minds?
We kill what we build
Because we own the sky

Secrets from the winds
Burnt stars crying
So many moons here
Lost wings floating

It's coming, it's coming now
It's coming, it's coming now
It's coming, it's coming now. »


Tout comme Chuck pouvait tomber en quelques secondes dans cet état d’absence étrange, il pouvait tomber dans celui d’excitation que je lui avais toujours connu. Je me demandais toujours si dans ces moments, il y avait un bouton qui se poussait dans son cerveau, qu’est-ce qui se passait pour que les choses changent d’un coup. Il me semblait que Chuck lui-même ne savait pas trop. L’essentiel était que nous sautions sur l’occasion. J’espérais que petit à petit, ces moments de bonheur seraient plus fréquents, ou que Chuck saurait comment être ainsi sans avoir besoin de passer par quelques verres ou pilules. Ma gorge se serrait à chaque fois que j’y pensais. Je n’étais pas stupide, je savais ce qu’on disait sur la drogue, sur l’addiction. J’avais vu des gens à Poudlard consommer régulièrement, trop même, j’avais toujours su que c’était pas une bonne idée mais qu’est-ce que j’y pouvais, les gens faisaient ce qu’ils voulaient de leur vie, n’est-ce pas ? C’était bien différent quand il s’agissait des gens que j’aimais, bien sûr… Je n’avais pas envie que Chuck continue dans sa lancée, car je savais que plus il le faisait plus son corps et son cerveau allaient imprimer ce besoin en eux. Mais je savais aussi que je ne pouvais pas demander à Chuck de tout faire en même temps. Il acceptait déjà un peu de revoir ses anciens amis, et c’était sûrement un bon départ, non ? Il voulait sûrement un peu se calmer, ou du moins, je l’espérais…

Mais ce soir, en ma compagnie, je savais que ces problèmes-là seraient loin. Chuck savait que je n’étais pas très branchée drogue, et quand nous étions que tous les deux, nous préférions boire. Il avait d’ailleurs réussi à voler des bouteilles, qu’il cachait visiblement sous son costume, et je n’en pouvais plus de retenir mon fou rire, tellement ses mimiques étaient hilarantes. Le pire, c’était que personne ne comprenait ce que nous faisions, et plus nous devions nous retenir de rire plus Chuck et moi étions incontrôlables. Voler de la nourriture s’avérait plus compliqué, parce que je voulais absolument ces petits champignons sauce piquante qui baignaient dans un bol… Mais comment les piquer sans prendre le bol avec ? Surtout que visiblement, l’ambiance n’était pas au bol Ikea en plastique. Heureusement, en m’éclipsant dans la cuisine, je tombais sur toutes les réserves pour la suite de la soirée et je réussis même à piquer divers paquets de gâteaux apéritifs et un brownie entier encore dans son emballage, et de fourrer le tout contre mon ventre, gâché par mon déguisement rond et volumineux. Une fois sortis de la maison, Chuck et moi fîmes un high five, parce que franchement, on avait géré sur le coup.


- Non mais c'est pas possible, les gens ils savent pas s'amuser, tu as vu comment ils étaient tous agglutinés autour du type là, oh là là, ils sont pas funs. Heureusement qu'ils savent au moins choisir leur alcool.
- Ugh, dis-toi que j’en ai une tonne comme ça au Ministère… Je pensais juste pas que ce soir ça serait un concentré de ça,
soupirai-je en riant en même temps. T’as vu la tête des mecs quand t’as parlé de constipation ? Je sentis le fou rire me reprendre, et il me fallut un petit moment pour qu’il me passe. J’ai cru qu’ils avaient jamais entendu parler de merde de leur vie, tu penses que le balai qu’ils ont dans le cul les empêche de chier ?

En tout cas, on s’en était sorti, et maintenant la suite de la soirée me faisait beaucoup plus envie. On avait décidé d’aller traîner dans un vieux terrain abandonné qu’on avait repéré il y a longtemps, et on ouvrit les bouteilles et un paquet de chips pour nous tenir compagnie sur la route. Comme d’habitude, on commença à partir en fou rire parce qu’on se mit à jouer à nos jeux d’alcool préférés, et comme plus on les faisait plus on les compliquait, on finissait par partir tellement loin que c’était limite impossible de finir ne serait qu’un tour sans avoir bu beaucoup trop de gorgées d’alcool. On marchait dans les rues mal éclairées, et petit à petit, je sentis que l’alcool me réchauffait doucement. Nous étions bras dessus bras dessous, et c’était drôle cette proximité qu’on avait récemment, mais pas désagréable. Chuck riait et souriait, et comme à chaque fois, ça m’était communicatif et j’avais envie de rire encore plus, de courir dans les rues, de chanter à tue-tête, dans une sorte d’hystérie étrange qui me prenait toujours quand j’avais un peu bu avec Chuck. En plus, avec sa tenue de batte de baseball il me faisait encore plus rire, et je n’arrêtais pas de le comparer à un pénis. Cela m’amena à lui faire deviner son pénis dans l’un de nos fameux jeux, et il fallût que je m’assois par terre tellement je riais lorsque Chuck me demanda très sérieusement si la chose qu’il devait deviner lui « fait peur ? Est complexant ? ».

On finit par arriver au terrain, après un détour sur le dos de Chuck à cause de nos paris. J’entrepris au passage de lui souffler dans l’oreille pour le chatouiller et le faire rire, et j’avais aussi le parfum de sa nuque qui me venait dans plein dans le visage à cause de ma position… Et je me fis la réflexion que je pourrais reconnaître cette odeur entre mille, et que je l’aimais bien. Elle était masculine, mais sans être trop profonde, elle avait quelque chose de frais aussi, de plus léger, et ça allait bien à Chuck.

Il fallut compresser mon costume pour passer dans le trou de la palissade, et je réalisai qu’à force d’avoir été secoué sur le dos de Chuck, l’alcool était monté encore plus vite, et j’étais plus maladroite qu’à mon habitude – donc très très maladroite – et je manquai de me casser la gueule. Je rattrapai mon cri étouffé en enchaînant sur une chanson, comme si de rien n’était, et bien que je la détestais, elle me restait toujours dans la tête, et surtout celle de Chuck. On s’assit par terre, chantant d’un air dramatique en riant – c’était une chanson d’amour très niaise – et j’ouvris un nouveau paquet de pistache et entreprit un concours de crachat de coque. Je mis de la musique sur mon téléphone et Chuck se mit à jouer de la batterie avec ses doigts sur ma cuisse, ce qui me fit sourire. Il faisait frais, mais l’alcool inhibait mes sensations et j’allumais une cigarette, soufflant la fumée qui s’accumula dans l’air humide.


- Tu t’es déjà demandé comment ça serait si on était riche ? Demandai-je en fourrant une poignée de cacahuètes dans ma bouche. Quand je vois ces énormes baraques, ces gens connus et tout, je me dis que c’est vraiment un autre monde… Je me souviens, y avait une fille à mon club de théâtre un été, sa famille était pleine aux as, et en gros elle voulait être actrice et si elle se ratait elle avait toujours l’argent et une place dans l’entreprise de son père… D’ailleurs elle est restée que deux mois puis elle a été dans des cours plus prestigieux et plus chers, concluais-je en riant. Quand même, ça doit être bien de pas avoir trop à s’inquiéter de ça… Même si bon, ça transforme visiblement en vieux coincé snob donc au final, non merci…

Je repris une gorgée de pur feu, soufflant un peu parce que ça m’avait un peu brûlé la gorge en avalant trop vite. Je chipai le téléphone de Chuck pour changer la chanson, et on eut une dispute parce que j’avais mis Selena Gomez et je savais qu’il aimait secrètement la chanson même s’il prétendait le contraire parce que c’était un truc de « petite meuf ». Chuck essaya de récupérer le téléphone, et je me débattis, finissant par me lever pour me dégager de sa prise. Je finis quelques pas avant de lui tirer la langue d’un air triomphant. Mes jambes étaient lourdes et légères en même temps, et je me mis les bouger au rythme de la musique malgré moi, sentant que l’alcool me faisait flotter.

- N’empêche que t’as fréquenté de gens super riches toi, avec Lilian, non ? Quand vous sortiez ensemble, tout ça tout ça… Si tu l’avais épousé tu aurais pu finir avec une riche héritière… J’eus un petit rire moqueur, parce qu’imaginer Chuck au milieu de diner mondain me donner envie de partir en fou rire. Mais c'est quand même mieux qu'une cowgirl psychopathe… Heeeey, aïe ! Quoi, c’est vrai ! M’exclamai-je alors que Chuck commençait à me mitrailler avec des petits cailloux. Eh, ça va, on fait tous des bêtises, dis-je en renvoyant un petit caillou à Chuck, accompagné d’un baiser volant d’un air mesquin.

J’attrapai une branche qui traînait par terre, me mettant en tête de dessiner Chuck et moi par terre, dans le sol poussiéreux du terrain. Je me mis à griffonner, chantonnant en même temps.


- Tu étais amoureux de Lilian aussi, pas vrai ? Je me suis toujours demandée, quand on a été plusieurs fois amoureux, c’est toujours le même sentiment ? Je veux dire, c’est quoi qui diffère ? Mon dessin ne donnait rien, et je transformai mon portrait raté de Chuck en un bonhomme moustachu avec un béret. Gwen m’affirme qu’avec Jack c’est différent, mais je me demande si elle se monte pas un peu la tête... Je me tournai vers Chuck qui avait l’air pensif. T’imagines si elle a raison et qu’ils se marient ? Putain on sera tellement les témoins, on ambiancera le truc, walouuuh ça sera le mariage le plus stylé du siècle… Maintenant j’ai presque envie qu’ils se marient, dommage qu’ils soient le couple le plus insupportable du siècle aussi, ajoutai-je en riant.

Je renvoyai le téléphone à Chuck d’un geste qui me sembla assuré, mauvaise idée vu ma maladresse et mon ivresse combiné, mais il le rattrapa et j’eus un soupir de soulagement.


- A toi de choisir la prochaine chanson, demandai-je d’un ton enjoué, avant de revenir m’asseoir à côté de lui, prenant son bras et m’appuyant contre lui pour voir ce qu’il comptait choisir comme chanson. Son corps dégageait une chaleur réconfortante, et tandis qu’il était concentré sur l’écran, je jetai un coup d’œil à son visage éclairé, et eus un petit sourire. Je suis contente d’être là, pensai-je à voix haute, sans m’en rendre compte, l’alcool déliant ma langue.
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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck)   So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck) Icon_minitimeSam 19 Déc - 16:43

J'avais conscience de la tangence du problème : un instant j'étais dans un état, l'autre instant à l'opposé - le seul point commun, c'était que j'avais toujours mal au coeur ou mal quelque part, que j'avais toujours un trou à l'intérieur de moi qu'aucun excès ne pouvait réellement combler. Un peu non, non ? Mais c'était comme ça. Je n'avais plus le choix, j'avais juste à tenir, à continuer dans tout ce bordel, et tant pis pour les dommages collatéraux qui me feraient sûrement du mal en plus de tout. Je ne savais pas du tout faire autrement, et pour la première fois je n'avais même plus de vraie raison à laquelle me raccrocher, je n'avais plus Coop pour me lancer son petit regard sérieux et me rappeler que tout ça avait un sens, que c'était lui et moi, et que je n'étais pas seul.

J'étais seul, et j'avais complètement foiré la seule et unique mission qu'on m'avait confié. Ca valait un peu le coup de se défoncer et de boire carrément trop, non ?

Je me mis à cracher des coques de cacahuètes à mon tour en me marrant et en essayant d'en cracher en l'air pour qu'elles retombent sur la tête d'Emmy - autant que sur la mienne - et je sentis cette espèce de dédoublement à l'intérieur de moi. Il y avait des moments entre parenthèse, des moments qui me faisaient aller mieux parce que pour une seconde je relâchais la pression et je pensais à autre chose, en surface. Ces moments-là faisaient du bien, ils étaient comme quand on montait en haut de notre immeuble désaffecté avec Coop et qu'on regardait Bristol, le soir, que tout était silencieux, de là-haut. Quand la vie s'agitait encore dans la baie et que nous, tous seuls, là-haut, on avait cette vue sur absolument tout et que tout d'un coup cette banlieue, cette ville qu'on détestait, était belle, et qu'un truc indéfinissable se passait et nous rendait tout simplement heureux. On en avait vécu, des choses, tous les deux ; pourtant je savais que ces souvenirs resteraient les plus forts, à jamais gravés dans ma tête. Ces petites parenthèses aujourd'hui m'y faisaient penser, et c'était d'ailleurs un peu étrange qu'elles se passent avec Emmy qui de toutes mes amies était la plus récente, celle qui avait moins connu Coop et tout ça - mais d'un autre côté c'était logique, Emmy était comme moi et s'amusait comme moi, et on avait pas besoin de grand chose pour se comprendre. Je me demandais comment elle s'entendrait avec Tess, et j'avais toujours un petit sourire aux lèvres de les imaginer toutes les deux. Il faudrait qu'elles se rencontrent, un jour... Mais pas maintenant. Maintenant, j'étais bien loin de tout ça, j'étais même un peu loin de Tess malheureusement, sans arriver pourtant à bouger dans un sens ou dans un autre.

Quand Emmy alluma sa cigarette, quelque chose se déclencha à l'intérieur de moi et je me redressais tout en continuant à chanter et à mimer tous les instruments du monde - notre jeu préféré - pour en allumer une moi aussi : c'était devenu habituel maintenant, chaque geste en lien avec un côté un peu addictif me donnait envie, il fallait que je le fasse aussi, parce que sinon mon cerveau restait bloqué dessus et je ne pensais qu'à ça. Je tirais une grosse taffe pour satisfaire mon envie.


- Tu t’es déjà demandé comment ça serait si on était riche ?

- Ah, ça... marmonnai-je ; combien de fois j'avais maudit mes parents d'être aussi pauvres que ploucs, de ne pouvoir que vendre de l'herbe pour se faire des thunes en plus, etc... Les joies des milieux modestes, j'en connaissais un rayon.

- Quand je vois ces énormes baraques, ces gens connus et tout, je me dis que c’est vraiment un autre monde… Je me souviens, y avait une fille à mon club de théâtre un été, sa famille était pleine aux as, et en gros elle voulait être actrice et si elle se ratait elle avait toujours l’argent et une place dans l’entreprise de son père… D’ailleurs elle est restée que deux mois puis elle a été dans des cours plus prestigieux et plus chers. Quand même, ça doit être bien de pas avoir trop à s’inquiéter de ça… Même si bon, ça transforme visiblement en vieux coincé snob donc au final, non merci…

Je me laissai distraire par la conversation et je me mis à ricaner avec elle parce que les gens de la soirée de ce soir étaient vraiment chelous et... Minables, au fond, parce qu'ils essayaient juste d'entretenir leur carnet d'adresse, que c'en était plus ridicule qu'autre chose. Mais penser à ces histoires d'argent et de milieu me renvoyait à mon ancien chez moi, à mes parents évidemment et à Coop, et j'avais envie et besoin de garder une distance suffisante entre tout ça et moi si je ne voulais pas partir en vrille.

- N’empêche que t’as fréquenté de gens super riches toi, avec Lilian, non ? Quand vous sortiez ensemble, tout ça tout ça… Si tu l’avais épousé tu aurais pu finir avec une riche héritière…

... Cette fois je partis d'un franc éclat de rire parce que je n'avais pas vu venir cette remarque et je donnais un coup de poing dans le faux ventre en carton d'Emmy.

- Sois pas jalouse, tssss ! A propos de Lilian, ce n'était pas comme si notre histoire appartenait complètement au passé puisque que je la revoyais en ce moment... Mais ouais c'est vrai que c'était cool, ça me changeait, à la fois à l'époque j'étais aussi un peu gêné d'avoir une situation de merde à côté mais bon, je savais que Lilian s'en foutait. Franchement on s'est fait des pures vacances, son père a un yacht et tout, tu aurais vu le truc !!

- Mais c'est quand même mieux qu'une cowgirl psychopathe… Heeeey, aïe ! Quoi, c’est vrai ! Eh, ça va, on fait tous des bêtises !

Cette fois, j'avais agi encore plus fort en lui balançant des cailloux et en riant autant qu'elle. Tiens... Je n'avais pas pensé à Taylord depuis pas mal de temps, avec tout ce qui s'était passé. Elle était étrangement et tristement loin, autant géographiquement que dans mes pensées. Parfois je me demandais comment c'était possible après tout ce qu'on avait vécu ; mais je comprenais vite : tout avait trop changé, elle, moi, nous, trop vite. Je ne regrettais rien, et je savais que cette histoire m'avait de toute façon fait du bien.

- C'est clair, avouai-je en regardant Emmy, qu'est-ce qu'elle était cheloue quand même...

- Tu étais amoureux de Lilian aussi, pas vrai ? Je me suis toujours demandée, quand on a été plusieurs fois amoureux, c’est toujours le même sentiment ? Je veux dire, c’est quoi qui diffère ? Gwen m’affirme qu’avec Jack c’est différent, mais je me demande si elle se monte pas un peu la tête... T’imagines si elle a raison et qu’ils se marient ? Putain on sera tellement les témoins, on ambiancera le truc, walouuuh ça sera le mariage le plus stylé du siècle… Maintenant j’ai presque envie qu’ils se marient, dommage qu’ils soient le couple le plus insupportable du siècle aussi.

- Ohlala, tu veux m'interwiever au sujet de ma vie amoureuse ce soir ou quoi, plaisantai-je.

Mais ça ne me dérangeait pas et je méditais un peu ma réponse tout en imaginant carrément un mariage aussi dément que celui de Jack et Gwen - qui ne serait clairement pas de tout repos...

- C'est différent à chaque fois en fait je crois, mais franchement je suis pas spécialiste hein tu devrais plutôt demander à Gwen qui tombe amoureuse tous les quatre matins... C'est pas la même personne et pas le même truc, je crois que c'est plutôt une question d'intensité tu vois ?

Je soufflai ma fumée dans sa tête pour l'embêter et me mis à la dessiner à mon tour sous forme de vieille sorcière avec des verrues partout. Quand elle me fila son téléphone - pour que je change ENFIN sa musique de gonzesse - elle se rapprocha ensuite et je sentis que j'avais moi aussi besoin de sa présence et de sa chaleur, seule sensation agréable qui comblait tout ce vide et cette absence qui me faisaient mal.

- Je suis contente d’être là.

- Moi aussi,
répondis-je prudemment, même si...

Je me pinçai les lèvres. Pourquoi dire ça ? J'étais con ou quoi, je n'avais absolument pas envie d'en parler.

- Enfin bref, tu vois quoi.

Emmy était assez fine pour savoir qu'il ne fallait pas insister, mais assez intelligente aussi pour savoir que je me cachais derrière tout ça et que ce n'était pas forcément la meilleure solution. Mais je n'avais pas envie, du tout, de devoir répondre à tout ça - ras le bol. Tout d'un coup, après avoir bu de grosses gorgées de Pur-Feu pour faire passer la pilule, j'eus une idée et m'exclamai - sûrement trop fort à cause du whisky :

- OHLÀLÀ MAIS TU SAIS QU'ILS ONT REFAIT L'ÈRE DE JEUX POUR LES ENFANTS ?!?!?!?! ON Y VA ?!?!?!

Deux secondes plus tard, on avait englouti les derniers morceaux de gâteau pour ne pas trop porter de trucs et on emportait le reste en hurlant et en chantant et en dansant au milieu du terrain vague, jusque vers le bord du parc où il y avait PLEIN de jeux pour enfants, qui n'attendaient évidemment que nous. On posa tout sur une table de pique-nique avant de se jeter sur la première balançoire venue en criant comme des gorets. J'essayais de mettre tout mon poids de mon côté pour qu'elle se casse la gueule, et après une bataille acharnée on finit tous les deux dans la poussière, avant d'aller se caler dans une espèce de gros 4x4 avec un volant et des roues qui bougeaient.

- EN ROUTE POUR LE SAFARIIIIIIII, hurlai-je, et tout résonnait dans l'immense parc autour de nous. Ca faisait du bien d'être juste tous les deux, comme ça, plutôt qu'au milieu de plein de monde. Bon, à toi : pourquoi est-ce que tu es jamais tombée amoureuse ? Pensif, j'essayais de mesurer le truc. Non mais c'est vrai, tu n'as jamais trouvé quelqu'un qui te plaisait vraiment ? Il te faudrait quel genre de type, tu crois ?

C'était une bonne question, et j'étais content de focaliser mes pensées sur autre chose que moi. Je la regardai et vis qu'elle me regardait aussi et je sentis mes lèvres s'étirer toutes seules - ça m'arrivait plutôt très, très rarement en ce moment.
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Emmy Yeats


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MessageSujet: Re: So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck)   So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck) Icon_minitimeLun 21 Déc - 1:36


Je riais à l’évocation de Chuck sur un yatch de luxe, et en même temps, je sentais une espèce de sensation étrange, à mi-chemin entre la curiosité et la mélancolie ? Non seulement c’était un monde qui m’était totalement étranger et qui parfois me faisait envie, parce que j’aurais aimé cette facilité, mais aussi Chuck y avait un peu goûté… C’était drôle toujours de me dire que c’était à l’époque de Poudlard, où je connaissais Chuck sans vraiment le connaître, alors que maintenant je n’imaginais pas trop ma vie sans qu’il soit là – et pour preuve, j’avais bien eu du mal à supporter notre éloignement récent. C’était encore plus bizarre de me dire qu’il avait eu quelque chose avec Lilian, que j’avais aussi rencontré au Ministère. Les choses et les gens étaient toujours plus liés qu’on le pensait, surtout au sein de la communauté sorcière… Parfois, je pensais un peu à Chuck et Lilian, parce que je savais qu’à présent ils trainaient pas mal ensemble et plus si affinités, et sans trop savoir pourquoi, l’idée me faisait toujours un peu bizarre. Je supposais que c’était parce que je ne comprenais pas très bien ce genre de relations, les amis avec bénéfices, probablement parce que j’aurais bien été incapable de faire ça... Mais ça ne m’étonnait pas trop de Lilian, elle respirait une confiance en elle incroyable, et elle en profitait bien. Je l’enviais peut-être un peu au fond, parce qu’elle savait comment avoir ce qu’elle voulait, mais en même temps, elle me paraissait tellement loin de qui j’étais que je ne voulais pas me comparer. Mais parfois, je me disais que j’aurais bien voulu avoir quelque chose d’aussi spécial que Lilian avait.

- Ohlala, tu veux m'interwiever au sujet de ma vie amoureuse ce soir ou quoi.

Je fis un petit sourire d’excuse, mais riais en même temps. J’avais quand même toujours un peu du mal à cerner ses histoires, mais j’avais fini par me faire une vague idée : toujours des brunes, toujours des caractères explosifs et bien trempés, le genre de filles qui faisaient sensation quand elles rentraient dans une salle et dieu sait comment mais Chuck avait réussi tout le long de sa scolarité à sortir avec ce genre de bombe un peu inaccessible. Puis, en soirées, c’était plutôt un peu tout ce qui passait, il était moins regardant… Je me rappelai de lui et Gwen et ça me donnait envie de rigoler, surtout quand maintenant elle sortait avec l’un de ses meilleurs potes.

- Oui en fait je fais un documentaire intitulé « Chuck et les brunes », je travaille pour un magazine spécialisé… Plaisantai-je, ce qui nous fit partir dans des nouveaux éclats de rire.

Je n’y pouvais rien si c’était toujours amusant de parler de ça avec Chuck ! Je n’aimais pas toujours parler de relations avec mes amis, parce que parfois j’avais l’impression qu’on me mettait un peu à part, parce que j’avais toujours été l’éternelle célibataire du groupe. Je me sentais limite stupide avec mes questions ou mes blagues de cul. Mais avec Chuck, c’était différent – tout était différent, finalement, pensai-je malgré moi – parce qu’il ne jugeait pas et même s’il faisait son petit con parfois, il pouvait être très honnête quand il voulait.


- C'est différent à chaque fois en fait je crois, mais franchement je suis pas spécialiste hein tu devrais plutôt demander à Gwen qui tombe amoureuse tous les quatre matins... C'est pas la même personne et pas le même truc, je crois que c'est plutôt une question d'intensité tu vois ?

Mouais, je voyais, je voyais… Plus ou moins. Je n’étais pas stupide, j’avais de vagues notions, je n’étais pas non plus un robot. Mais je n’avais pas trop d’expériences ou de comparaisons. Chaque histoire était différente, ça paraissait logique. Mais je me demandais toujours si deux personnes différentes pouvaient faire ressentir la même chose, à un moment différent de notre vie, ou si tout était aussi unique que les gens amoureux et les films romantiques voulaient nous faire croire. Mais après tout, j’étais une Poufsouffle, j’étais patiente, et j’allais me faire mon avis par moi-même un jour ou l’autre. En attendant, j’avais d’autres choses qui me préoccupaient, et je n’avais pas trop envie de m’inquiéter sur ça, même si parfois, je me demandais un peu pourquoi j’avais si peu de chance de ce côté-là.

Mais pour l’instant, je me sentais légère sous l’influence de l’ivresse, et ça ne m’inquiétait pas le moins du monde. J’étais assise contre Chuck, et je n’avais envie d’être nulle part ailleurs. Ces moments valaient de l’or et me donnaient toujours l’impression que tout allait aller, malgré tout.


- Moi aussi, même si... Je me crispai un peu, sentant mon cœur se pelotonner dans ma poitrine… Bien sûr…Enfin bref, tu vois quoi.
- Je sais,
murmurai-je.

Ma main autour du bras de Chuck le serra un peu plus fort, et j’appuyai ma tête contre son épaule. Quelque secondes passèrent, de silence, et puis l’instant s’envola, parce que Chuck voulait le balayer et que je savais qu’il avait besoin de se changer les esprits plus que jamais dans ces instants. Il but quelques gorgées de Whisky, ce qui me fit un peu rire parce que ça lui faisait toujours un peu monter le rouge aux joues, et on en plaisantait souvent. Voilà, il suffisait d’un nouveau moment, d’une plaisanterie, d’un geste, et tout le reste s’effaçait l’espace d’un instant, et j’espérais que ça faisait du bien à Chuck… Mais il me suffisait de lui jeter un coup d’œil, et voir son sourire, et quelque chose en moi murmurait que oui, ça allait mieux, juste un peu mieux, et qu’à force, les choses se tasseraient assez pour que Chuck puisse s’en sortir complètement. J’eus un sourire, plus pour moi que pour Chuck. J’avais confiance en lui. Il allait s’en sortir, c’était sûr.


- OHLÀLÀ MAIS TU SAIS QU'ILS ONT REFAIT L'ÈRE DE JEUX POUR LES ENFANTS ?!?!?!?! ON Y VA ?!?!?!
- AAAAAAAAAAAH MAIS OUI !!!
Hurlai-je pour toute réponse, en sautant sur mes pieds, manquant de me casser la gueule.

L’hystérie m’avait prise en quelques secondes, cette hystérie bien propre à Chuck et moi, et on se mit à marcher en dansant à moitié, riant tellement fort que j’étais persuadée qu’on allait réveiller tout le quartier au bout de quelques heures. On se jeta sur les jeux en se bousculant à moitié, et ma maladresse combinée à mon ivresse me faisait tanguer sur les balançoires, surtout que Chuck ne me facilitait pas du tout la tâche en essayant de me faire tomber. On riait encore, et encore, tout le reste du parc était silencieux et il n’y avait que nous, que l’immensité nuit qui soudain n’était plus si terrifiante que ça. Au loin, je voyais les lumières de la ville, et j’avais l’impression qu’on était les rois du monde, à hurler sur nos jeux de gamins, parce que cet instant était à nous pour toujours. On finit hors d’haleine par se caller dans un espèce de 4x4 qui bougeait, encore plus parce que Chuck le secouait comme un demeuré, ce qui me faisait tellement rire que j’hoquetai.


- EN ROUTE POUR LE SAFARIIIIIIII ! J’éclatai à nouveau de rire et imitai un bruit de klaxon. Bon, à toi : pourquoi est-ce que tu es jamais tombée amoureuse ?
- Je suis un robot,
plaisantai-je d’une voix mécanique.
- Non mais c'est vrai, tu n'as jamais trouvé quelqu'un qui te plaisait vraiment ? Il te faudrait quel genre de type, tu crois ?
- Tu veux dire que le magazine qui m’a engagé t’a aussi contacté pour un documentaire sur ma vie amoureuse ?
Enchaînai-je d’un ton léger en riant.

Sauf que visiblement – et étonnement – Chuck avait l’air assez sérieux avec ces questions… Bien bien, ce n’était qu’un juste retour des choses, mais je ne m’y étais pas trop attendue. Je me callai un peu plus sur le petit banc d’enfant, étendant mes jambes sur le capot de la voiture en plastique.


- Hmmm… Bien sûr que y a déjà des mecs qui m’ont un peu plu, mais c’est jamais ouf non plus et je force pas trop le truc parce que bon… C’est pas trop mon point fort, admis-je en riant. Mais le truc c’est que… Je me vois pas juste… Je cherchai mes mots, un peu hésitante et avinée. Je me vois pas sortir avec quelqu’un que je connais à peine, j’ai besoin d’être amie avant ça, sauf que du coup au final je deviens l’amie de tous les mecs et on me voit juste comme ça… Et moi au final je me pose pas plus de questions que ça donc bon, j’sais pas… Je voudrais quelqu’un avec qui j’ai le feeling, avec qui c’est naturel et que ça vient tout seul, genre, un peu comme avec t – ?????!!!!!!!! Enfin tu vois l’idée quoi, me rattrapai-je en proposant en même temps une cigarette à Chuck pour rapidement changer le sujet.

Un peu comme avec toi… Sous le coup de l’ivresse, je n’avais pas trop réfléchi et je m’étais un peu laissé emporter dans mon discours. Bien sûr qu’avec Chuck on avait toujours eu un super feeling, et que je ne me posais jamais de question en sa compagnie, et ce depuis le premier soir qu’on avait passé ensemble. C’était spécial, je pense qu’on le savait tous les deux, mais de là à parler de Chuck dans la même conversion de quel type il me faudrait, c’était carrément chelou et malvenu. Je me sentais un peu bizarre, comme si quelque chose s’emballait dans mon cerveau. J’avais voulu juste parler de notre bon feeling en tant que potes, bien entendu, mais c’était bizarre que ça soit venu dans la conversation, et ça me faisait… Tout drôle.


- Peut-être qu’en fait j’aurais dû sortir avec Gemma, enchaînai-je en riant. Chuck éclata d’un rire goguenard, mais voyant que je riais à moitié, je vis ses yeux s’agrandirent direct et j’éclatai d’un rire encore plus franc. Bah t’en as raté des choses mon coco… Hahaha non mais en vrai non, il s’est rien passé… Pas vraiment… Passé…

Chuck paraissait à la fois tellement surpris et tellement hystérique de rire que j’avais l’impression qu’il allait clamser dans ce pauvre 4x4.

- C’est juste que bon, ces derniers mois on a beaucoup trainé ensemble, surtout en soirée, et bon… Je pense qu’elle m’aime bien, enfin je le sais même, et du coup y a des soirs où… J’en profitais un peu ? C’était un peu comme si j’étais moins seule, je sais pas trop, en plus c’est stupide c’est pas comme si elle m’attirait ou quoi… Non mais j’arrête tout de suite ton esprit de vieux pervers, j’ai pas couché avec ! ARRÊTE ! M’exclamai-je en frappant à moitié Chuck qui s’étouffait dans son rire. Juste deux ou trois fois, on dansait un peu… plus… voilà quoi, et je l’ai embrassée, un peu, quelques fois, mais pour rigoler à moitié, mais bon je savais très bien qu’elle c’était différent, et franchement c’était tellement pas cool pour elle…

J’avais arrêté de rire pour le coup, parce que je m’en voulais vraiment pour ce que j’avais fait. Ça avait l’une des personnes les plus présentes dans ma vie à ce moment-là, pour pas dire la plus présente… Quand on passait des aprems ou des soirées ensemble, je me sentais plus légère, et j’avais l’impression qu’on se comprenait beaucoup, toutes les deux. Depuis tout ce qui s’était passé, j’avais décidé de m’expliquer avec elle et de m’excuser comme il se devait, et elle avait été tellement compréhensive que j’en avais été encore plus gênée. J’avais l’impression qu’elle cernait quelque chose qui m’échappait.

- Elle a vraiment été là pour moi, et j’ai profité de la situation parce que moi ça allait pas trop, que je savais pas trop comment décompresser, j’avais pas le cœur à sortir et quand je l’avais c’était toujours un peu bizarre, je sais pas… Tu me manquais, je m’inquiétais pour toi, et à côté le boulot ça allait… ça va pas trop, donc bon, bref… C’était pas glorieux, concluais-je en soupirant de dépit.

Je ne voulais pas plomber l’ambiance ni faire culpabiliser Chuck, ce qui s’était passé était fini, mais à la fois, ça avait été des parenthèses étranges… Et je n’avais pas envie de mentir non plus, nous n’avions pas été dans la vie l’un de l’autre à ce moment-là, mais on pouvait toujours rattraper ce temps-là… Et puis, quand j’en parlais avec Chuck, j’avais l’impression que ça guérissait un peu ces souvenirs flous et compliqués.
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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck)   So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck) Icon_minitimeSam 9 Jan - 19:00

Je m'étais déjà demandé ce que ça aurait fait si Emmy avait cédé le soir où j'avais essayé de la pécho complètement défoncé, si on s'était embrassés et plus, ce que ça aurait changé à nos relations de maintenant. je m'étais déjà demandé, aussi, ce qui se serait passé si elle avait été de ce genre de filles à devenir mon plan cul en même temps que ma pote, tout ça. On ne va pas se mentir : Emmy était canon et totalement mon style, donc ce n'était pas improbable, sans compter qu'on s'entendait super bien donc c'était sûre qu'on se serait bien amusés. Mais tout ça n'était clairement pas son style et au fond j'appréciais aussi que ce soit dans ce sens, sans prise de tête et sous-entendus, parce que finalement je ne me voyais tellement pas avec une fille comme elle que j'aurais eu l'impression de l'empêcher d'avoir mieux, de trouver mieux. Pas non plus que je me considérais comme une sous-merde, mais on va dire qu'en ce moment je n'étais clairement pas au top et qu'une fille de la trempe d'Emmy ne jouait carrément pas dans la même cour que moi, quoi. C'était ça, aussi, que j'aimais bien en traînant avec elle ; j'avais l'impression qu'elle me tirait vers le haut. Enfin, maintenant... Qu'elle aurait pu. Parce que je ne voyais pas trop ce qui pouvait me tirer de mon état actuel, mais bref. La seule chose dont j'étais sûr c'était qu'avec elle au moins j'étais un peu mieux, un peu moins emprisonné dans mes pensées de merde, un peu moins incapable de faire quoi que ce soit à part fumer des clopes allongé sur mon lit. Mais c'était juste comme ça, c'était furtif ; dès l'instant où je me retrouvais tout seul tout redevenait pareil, je me sentais incapable, complètement vide, et je comprenais pas pourquoi le monde continuait à tourner quand mon petit frère n'était plus là et que rien que je ne pouvais faire le ramènerait. C'était complètement con, de se dire ça, j'en avais conscience, mais je ne pouvais pas me l'enlever de la tête. Il fallait que je boive, que je me drogue, pour oublier tout ça, c'était la seule solution, aussi stupide qu'efficace. Mais c'était comme ça. Je ne pouvais pas supporter indéfiniment cette incompréhension, cette injustice.

Souvent je me demandais ce que Coop aurait fait à ma place, comment il aurait géré le truc. Probablement mieux, de manière plus intelligente, parce qu'il était comme ça. Mais concrètement, comment c'était possible . Comment il aurait accepté le fait de ne plus jamais me voir, de vivre sans moi, alors qu'on avait que nous deux au monde, que ça avait toujours été comme ça ?

Je m'entendis rire à la bague d'Emmy, parce qu'elle était drôle, mais le coeur y état plus ou moins. Je me passai la main sur le visage ; le parc autour de nous était tout noir. J'avais envie de rester ici pour toujours et de ne pas devoir me coucher et dormir et affronter une nouvelle journée, mais c'était comme ça, et je n'avais pas le choix.


- Hmmm… Bien sûr que y a déjà des mecs qui m’ont un peu plu, mais c’est jamais ouf non plus et je force pas trop le truc parce que bon… C’est pas trop mon point fort. Mais le truc c’est que… Je me vois pas juste… Je me vois pas sortir avec quelqu’un que je connais à peine, j’ai besoin d’être amie avant ça, sauf que du coup au final je deviens l’amie de tous les mecs et on me voit juste comme ça… Et moi au final je me pose pas plus de questions que ça donc bon, j’sais pas… Je voudrais quelqu’un avec qui j’ai le feeling, avec qui c’est naturel et que ça vient tout seul, genre, un peu comme avec t – Enfin tu vois l’idée quoi, conclut-elle, tandis que j'eus un petit sourire dans le noir.

C'était mignon tout plein, dites donc ! Je me retournai vers elle pour lui lancer un petit sourire un peu moqueur mais gentil aussi, et sur le coup je regrettai mon geste parce que ses yeux brillèrent dans le noir et je me demandai une nouvelle fois ce que ça ferait si je l'embrassai, là, maintenant, parce que j'étais totalement capable de le faire.

- Peut-être qu’en fait j’aurais dû sortir avec Gemma. ....... WHAAAAAAAAAAAAT ?! Bah t’en as raté des choses mon coco… Hahaha non mais en vrai non, il s’est rien passé… Pas vraiment… Passé…

- NOOOOOOOOOOOOOOOON ! Cette fois j'avais explosé de rire et je la regardais avec des yeux comme des soucoupes - pas possible, Gemma et elle !!!! ... C'était aussi surprenant que sexy...

- C’est juste que bon, ces derniers mois on a beaucoup trainé ensemble, surtout en soirée, et bon… Je pense qu’elle m’aime bien, enfin je le sais même, et du coup y a des soirs où… J’en profitais un peu ? C’était un peu comme si j’étais moins seule, je sais pas trop, en plus c’est stupide c’est pas comme si elle m’attirait ou quoi… Non mais j’arrête tout de suite ton esprit de vieux pervers, j’ai pas couché avec ! ARRÊTE ! Juste deux ou trois fois, on dansait un peu… plus… voilà quoi, et je l’ai embrassée, un peu, quelques fois, mais pour rigoler à moitié, mais bon je savais très bien qu’elle c’était différent, et franchement c’était tellement pas cool pour elle…

Je n'en revenais pas, et je sentais que j'allais embêter Emmy avec cette histoire pour le simple plaisir de la voir rougir comme une tomate, comme maintenant.


- Tu penses qu'elle t'en veut ? Je me dis que...


Pas le temps de me dire quoi que ce soit, j'avais arrêté pour réfléchir à comment formuler mon idée et Emmy reprenait :

- Elle a vraiment été là pour moi, et j’ai profité de la situation parce que moi ça allait pas trop, que je savais pas trop comment décompresser, j’avais pas le cœur à sortir et quand je l’avais c’était toujours un peu bizarre, je sais pas… Tu me manquais, je m’inquiétais pour toi, et à côté le boulot ça allait… ça va pas trop, donc bon, bref… C’était pas glorieux.

Ah, oups. Je regardai le mini volant de la voiture, sans trouver quelque chose pour me sortir de là. Je savais bien qu'Emmy avait eu de la peine que je la plante, et qu'elle avait essayé de revenir vers moi, et que je lui avais mis vent sur vent. J'avais juste l'impression que plus elle m'en apprenait sur cette histoire, pire c'était, et qu'en gros j'étais une grosse merde qui l'avait elle aussi laissée tomber.

- Gemma est une meuf cool, je pense pas qu'elle t'en veut, elle te kiffait sans doute un peu mais... Je pense qu'elle a compris, t'inquiète, dis-je pour essayer de me donner une contenance. Et puis, j'suis désolé de t'avoir laissé tomber, mais...

... Mais je n'avais pas d'excuses, on le savait très bien, j'avais laissé tomber tout le monde, moi y compris, qu'est-ce que je pouvais bien ajouter ?

- Comment ça, ça va pas à ton boulot ?? Qu'est-ce qui se passe ?

Elle en parlait quelque fois, je savais que si ça lui plaisait ce n'était pas le kif total, mais j'avais l'impression qu'il y avait autre chose. C'était à mon tour de m'inquiéter pour elle - c'était la seule chose que je pouvais essayer de faire, me rattraper là-dessus, si je n'étais pas capable du reste.

- Le safari est terminé, ma chère - viens avec moi.

Sans attendre, je sautai en bas de la petite voiture et tirai Emmy par le bras, vers un autre manège, la plateforme qui tournait. Je lui dis de s'allonger dessus et on se tapa un fou rire parce que j'avais un peu de mal à m'organiser pour faire tourner le truc et monter dessus ensuite (n'oublions pas qu'on était en train de cuver) et finalement je donnai une bonne impulsion au manège et montai, me couchant à côté d'elle. Ca tournait doucement mais sans s'arrête et, les yeux perdus dans les étoiles au-dessus de nous, on allait s'éviter d'avoir trop la gerbe. Je souris en regardant le ciel parce que c'était complètement con, je ne croyais pas à ce qu'on disait, mais il y avait parfois des moments où je me disais que Coop était là quelque part avec moi - c'était ma seule consolation. Je sentais la main d'Emmy contre la mienne, puisqu'on était allongés, mais je ne la pris pas, allez savoir pourquoi. En tant normal, je l'aurais prise, je le savais.

On finit par se lever, faire quelques tours de balançoire en se faisant sauter le plus haut possible, puis on décida de rentrer chez elle (c'était le plus pratique) et je la suivis, me laissant porter, content de ne pas passer la soirée tout seul et aussi de la passer avec elle - peut-être que le réveil serait moins difficile le lendemain matin ; je pouvais toujours espérer...
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Emmy Yeats


Emmy Yeats
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Feuille de personnage
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MessageSujet: Re: So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck)   So you don't know where you're going and you wanna talk. (Chuck) Icon_minitimeLun 11 Jan - 23:18

♪ ♫ ♪

« If I would know you, would you know me,
If I would know you, would you know me,
If I would know you, would you know me,
If I would know you, would you know me,

Don't go, Tell me that the lights won't change,
Tell me that you'll feel the same, And we'll stay here forever,
Don't go, Tell me that the lights won't change,
Tell me that it'll stay the same, Where we go,
Where we,
Where we go, Where we go,
Where we go, Where we go, Where we go.

Where we go, Where we,
Where we go, Where we,
Where we go, Where we,
Where we go, Where we go. »


C’était étrange de parler de tout ça maintenant, avec du recul, et je me sentais un peu mal à l’aise de mettre toute ça sur le tapis. Je n’avais pas envie que Chuck se sente coupable, ou de mettre un froid dans l’ambiance de la soirée qui était très plaisante. Je sentais que c’était tout de même un peu instable, parce que les problèmes n’étaient pas loin, et si je savais qu’il ne fallait pas les ignorer, je ne tenais pas à les remettre forcément sur le tapis. Ce qui c’était passé avec Gemma était peut-être drôle raconté ainsi, mais en vérité je n’en menais pas large. Heureusement, nous avions eu l’occasion de nous expliquer, car j’avais tenu à m’excuser et à mettre les choses au clair. Je me sentais honteuse d’avoir un peu joué ainsi, surtout que ce n’était pourtant pas trop mon genre. Clairement, la sécurité de l’amitié que j’aimais avec Gemma et le fait qu’elle soit une fille m’avait poussé dans ce sens, parce que c’était moins intimidant… Je ne savais pas trop moi-même. J’aimais énormément Gemma, mais comme une amie, et si elle était belle, je ne le désirais pas, parce que je n’avais pas de penchant particulier pour les filles. Je ne savais pas trop ce que j’avais cherché… Mais clairement ce que j’avais trouvé me donnait l’impression d’être une mauvaise amie. Heureusement, Gemma n’avait pas été sévère avec moi. Je crois que depuis le début, elle savait aussi un peu que c’était une mauvaise idée… Mais elle avait espéré, je m’en doutais, et j’avais aussi alimenté ça. Je tirais du réconfort dans l’idée que j’avais fini par réaliser, par m’excuser, et que notre amitié n’en avait pas trop pâti.

- Gemma est une meuf cool, je pense pas qu'elle t'en veut, elle te kiffait sans doute un peu mais... Je pense qu'elle a compris, t'inquiète. Et puis, j'suis désolé de t'avoir laissé tomber, mais...

J’hochai la tête de gauche à droite en souriant d’un air de dire « t’inquiète ». Cette conversation ne menait à rien, nous savions tous les deux ce qui en était. Pas la peine de revenir dessus. Ce qui comptait, c’était qu’à présent les choses étaient redevenues normales… Bien que différentes, car beaucoup avait changé dans notre amitié. Mais parfois, j’avais le sentiment que c’était dans le bon sens. Bien sûr, c’était compliqué, Chuck en bavait beaucoup et était plus fermé que jamais, mais en même temps… Nous passions de plus en plus de temps ensemble, tous les deux, mais aussi parfois avec ma famille, ce qui me faisait beaucoup rire. Nous nous étions rapprochés d’une manière particulière que je ne savais pas trop définir, mais je savais que quand Chuck riait avec moi, c’était un peu mieux, un peu plus léger, et j’étais sûre qu’il le sentait aussi, ce qui me faisait toujours plaisir. Le voir reprendre un peu goût à la vie, ne serait-ce que pour une soirée, me donnait bon espoir pour la suite. Ça allait s’améliorer, n’est-ce pas ?

- Comment ça, ça va pas à ton boulot ?? Qu'est-ce qui se passe ?

Ah, ça… J’haussai les épaules, ne sachant pas trop quoi répondre. Ou plutôt… Je savais, mais je ne voulais pas le savoir. Je savais que si je m’arrêtais pour me poser trop de questions, je n’allais pas aimer les réponses, et ça me faisait peur. J’avais beau aimé les aventures, j’étais casanière à ma façon, et j’aimais la sécurité. J’avais trop vu petite mes parents galérer pour joindre les deux bouts, et je n’avais pas envie que ma vie soit ainsi… Mais en même temps, j’avais aussi vu à quel point ils étaient passionnés par ce qu’ils faisaient, les étoiles dans leur yeux quand ils parlaient du magasin, des jouets… Je n’étais pas bête, je voyais que je n’avais pas cette même fougue quand je parlais de mon travail. Je l’aimais bien, parce qu’il y avait assez de routine et de nouveauté pour avoir un bon équilibre, mes collègues étaient plutôt sympas, mon salaire était plus que correct… Il y avait beaucoup de bon côté, mais ensuite ? Dernièrement, il y avait eu une vague importante de boulot, surtout que le Ministère changeait beaucoup de choses dans son fonctionnement, ce qui rendait le travail plus compliqué car il fallait apprendre les nouvelles procédures tout en gérant les cas à traiter qui s’empilaient. Je voyais, dans ce moment, que je n’étais pas assez passionné pour vouloir relever le défi avec excitation. Pire, je commençai à sérieusement fatiguer et à perdre ma motivation.

Mais que faire ? Quitter mon travail ? Et pour faire quoi ? Quelle était la pire des options, y rester et réaliser des années plus tard que j’avais gâché ma vie professionnelle, ou partir et ne rien trouver et voir ma carrière s’effondrer ? Comment étais-je censé savoir quoi faire ?! Et mes parents me regardaient toujours avec une telle admiration et un tel espoir en Ezra et moi parce que nous avions des bons jobs, et qu’on allait s’en sortir… Devais-je réellement tout plaquer, parce que les seuls moments où je m’amusais réellement étaient ceux au théâtre ? Est-ce que je mélangeais hobby et passion ? Passion et métier ? Je n’en savais rien, et plus j’y pensais, plus j’étais terrifiée de toutes ces idées contradictoires.


- Hm, ça fait un petit moment que la charge de travail s’intensifie et ça s’ajoute avec des changements au Ministère et… Je sais pas, au lieu d’avoir envie d’être à fond, c’est l’inverse, et… J’ai l’impression que si je quittais ce boulot ça serait quitte ou double et je sais pas si ça vaut le coup de prendre le risque ? Enfin, voilà quoi, concluais-je en haussant les épaules à nouveau.

Je n’avais pas envie d’y penser encore plus – tiens, Chuck me contaminait-il avec son déni ? – et j’allumai une nouvelle cigarette, comme pour passer à autre chose. Je jetai un coup d’œil au ciel, essayant d’oublier le poids qui venait de s’installer sur mes épaules. J’étais encore assez ivre, et il me fallut quelques balancements de tête pour que celle-ci se vide un peu à nouveau.


- Le safari est terminé, ma chère - viens avec moi.

Quelques rires et galères plus tard, j’étais allongée au milieu d’une plateforme de manège qui tournait. Chuck le poussa et monter rapidement dessus pour s’installer à côté de moi. Au-dessus de nous, le ciel s’étendait, percé d’étoiles lumineuses. Je me demandai alors si Chuck pensait à Coop en les voyant, mais je n’osais pas poser les questions. Quelque chose dans l’air était tout à coup un peu différent, parce que nous étions silencieux et qu’il n’y avait que le vent qui sifflait dans nos oreilles, nos corps cote à cote se touchaient sans que l’un de nous amorce réellement le contact… C’était étrange, de me sentir plongé un peu dans une petite bulle. Je m’étais mise à penser à Coop, à Chuck, à toute cette histoire, et j’eus envie un peu de pleurer. Et si Chuck ne s’en sortait pas, finalement ? S’il ne se calmait pas sur la drogue, s’il continuait de se laisser aspirer par des spirales infernales ? Quant à moi, de mon côté, dans quelle spirale m’étais-je fourrée aussi, avec mon travail ? Je secouai un peu ma tête. Les étoiles étaient belles, songeai-je, et ce moment l’était aussi, à sa manière. Je ne voulais pas le gâcher.

On finit par se lever, et après quelques sauts depuis les balançoires, on récupéra nos affaires et on partit pour rentrer chez moi. Il y avait encore des bus de nuit, pas trop loin d’ici, qui nous amènerait sans trop de souci. On marcha jusqu’à l’arrêt en discutant un peu, puis on s’installa dans le bus, à l’étage, dans les sièges de devant qui donnait la vue sur la route. On s’affala un peu, et j’enroulai mon bras autour de celui de Chuck, résistant à la tentation de prendre sa main, tout en appuyant ma tête sur son épaule. Le silence régna pendant un long moment, mes yeux se perdant dans les lumières de cette ville qui ne s’endormait jamais. Chuck tout contre moi me faisait doucement sourire, et j’avais envie de rester là plus longtemps…


- Dis, tu vas faire attention avec la drogue, tout ça, pas vrai ? M’entendis-je murmurer. Chuck se serra un peu plus contre moi, et je souris un peu plus, mon cœur s’agitant un peu malgré moi. Je n’avais aucun pouvoir sur ça, et je le savais bien.

On descendit finalement du bus, fumant une dernière cigarette tandis qu’on marchait jusqu’à la maison, nos ombres se dessinant sur les trottoirs éclairés. On remonta l’allée de mon petit jardin, et finalement, arrivés devant la porte, je fouillai mon sac à la recherche des clefs, songeant à mon lit qui me faisait bien envie…


- Oh putain, sérieusement… Murmurai-je après avoir vidé mon sac méticuleusement. J’avais de toute évidence oublié mes clefs à l’intérieur. Putain de merde, pestai-je devant Chuck qui ricanait un peu. Bon… Il nous restait une chance. Je me tournai vers la porte du garage, poussai un soupir, et tirai la porte métallique rouillée… Aaaaah !

On rentra dans le petit garage. Il était poussiéreux, avec des établis et des plans de travail dans tous les sens, nos vélos s’empilaient dans un coin, et des cartons sur le sol… Je fis signe à Chuck de faire attention, et on enjamba les obstacles en riant. Je fouillai dans les placards, car je savais qu’il y avait un matelas de camping qui trainait et un duvet, parce que Violet les avait utilisés pour sa soirée pyjama. Finalement, je mis la main dessus et gonflai le petit matelas. On s’installa tant bien que mal, rigolant tout de même de la situation, parce qu’on était encore en costume, nos maquillages avaient coulé mais on en avait encore… Les lumières de la rue filtraient par les fenêtres du garage, éclairant nos visages, et je vis que Chuck souriait. On était allongé à côté, tout serré sur le petit matelas, face à face, l’air un peu ignare. Le duvet était aussi petit, et on rigola en se le disputant, se chamaillant comme des enfants. Je chatouillai le ventre de Chuck, et il attrapa mes mains pour m’arrêter, riant aussi, et… Et mes mains étaient un peu dans les siennes, nos corps tout proches…

A cet instant, je réalisai à quel point nos visages étaient près l’un de l’autre. Je voyais le détail des ombres que projetaient ses cils sur ses joues, les sillons sur ses lèvres… Je n’avais d’ailleurs jamais observé d’aussi près leur dessin. Elles étaient jolies, et elles avaient l’air tiède... Je relevai mes yeux vers ceux de Chuck, et nos regards s’accrochèrent. L’air entre nous me sembla tout à coup plus dense, plus électrique, comme si quelque chose s’était épaissi… J’eus une sensation distincte dans mon bas ventre, une sensation que je ne connaissais pas, et j’en eus presque du mal à soutenir le regard de Chuck. Je compris tout à coup que j’avais envie de l’embrasser, là, maintenant, sur ce petit matelas mal gonflé, avec nos visages couvert de maquillage à moitié effacé et nos têtes qui tournaient encore ; j’avais envie de sentir ses lèvres contre les miennes, la chaleur de son souffle, le goût de sa langue, et parce que Chuck me regardait tellement intensément, il me sembla comprendre que lui aussi devait penser à la même chose, parce qu’il était impossible que ce sentiment soit si distinct et si réel s’il n’était pas partagé.

Mais la magie repartit aussi soudainement qu’elle était apparue : un carton que j’avais du bouger en cherchant tomba sur le sol dans un grand bruit de fracas qui nous fit sursauter tous les deux. Réalisant alors toutes les pensées qui m’étaient passées par la tête, je sentis mes joues me brûler. C’était l’alcool, n’est-ce pas ? Le silence s’était à nouveau abattu sur le garage, mais cette fois, nous ne nous regardions plus trop. Toujours proche cependant, je callai ma tête contre l’épaule de Chuck, et il passa à moitié son bras autour de ma taille. Mon corps tambourinait dans ma poitrine, et je cherchai alors le sommeil en tentant silencieusement de me convaincre que ce moment étrange n’avait été que le fruit de mon imagination ivre et fatiguée.

(Terminé)
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