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We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3

 
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 We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3

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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



Féminin
Nombre de messages : 2205
Localisation : Cachée.
Date d'inscription : 03/09/2011

Feuille de personnage
Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »

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MessageSujet: We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3   We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3 Icon_minitimeMer 6 Fév - 15:58

Ce matin-là, je me réveillais avec l’envie de mourir.

Il y a quelques mois, une telle pensée m’aurait paniquée jusqu’à déclencher une véritable crise, j’aurais probablement bu jusqu’à que mon cerveau cesse de fonctionner. Peut-être que j’aurais même fini par me couper jusqu’à tourner de l’œil. Avant, cette envie était fulgurante, elle me prenait à la gorge et me brûlait tout entière, comme une torture à laquelle j’étais incapable d’échapper. Mais à présent, c’était différent. C’était comme une plaie que je m’empêchais de gratter. Lorsqu’une telle envie faisait surface, j’avais l’impression qu’il y avait un aimant en moi, qui m’attirait avec force, toute ma poitrine tiraillée. Alors je restais immobile, assise sur le bord de mon lit. Regardant le jardin par la fenêtre, je retrouvais dans les détails du lierres emmêlés le cheminement de mes pensées sinueuses, celles dont j’étais la simple spectatrice et que je ne pouvais pas contrôler. Rationnellement, j’aurais pu trouver un tas de raisons pour ne pas agir, pour rester là, présente, vivante, mais dans ces moments-là, j’étais incapable de les énoncer. Elles ne suffisaient pas à effacer l’attirance morbide que j’avais à l’idée de disparaître. Je fermai les yeux, accusant les coups des vagues qui montaient et me frappaient, jusqu’à que la tempête se calme. Lorsque finalement je me levai, je grimaçai de mon mouvement trop brusque. Je m’étais tellement coupée hier que ma peau me brûlait. Je serrai la mâchoire, les paupières, les poings. J’avais mal.

J’ouvris la porte de ma chambre avant de m’asseoir à nouveau sur mon lit. C’était la première chose que je devais faire en me levant, puisque je n’avais toujours pas le droit de fermer ma porte la journée, encore moins depuis ma dernière visite médicale. C’était officiel, ils savaient que je réussissais à me couper sur leurs nez, et malgré leurs voix douces et leurs mots rassurants, je sentais combien je les frustrais, combien ils devaient me trouver incapable et pitoyable. Leurs regards s’étaient intensifiés sur moi, je me sentais de plus en plus épiée, quand j’allais me doucher, quand je mangeais. Avant, lorsque je sortais jardiner, on m’observait de loin, mais à présent, je n’avais même plus le droit de toucher un sécateur. J’avais rougi, honteuse, lorsque Chuck s’en était rendu compte.

Dans la corbeille sous mon bureau, un petit tas de parchemin froissés s’empilaient, les mots tracés à l’encre bleu disparaissant dans les plis du papier, mais je savais comment chacune de ses lettres commençaient. « Joyeux anniversaire Lizlor ». Le reste variait, mais le fond était toujours similaire, je m’excusais, je lui expliquais pourquoi j’avais disparu, je lui disais où j’étais et combien elle me manquait, que je travaillais très dur pour être sobre et pour pouvoir mériter son pardon. Mais je jetais toujours la lettre avant de l’avoir terminée. Je n'y arrivais.

Depuis que je connaissais Lizlor, c’était la première fois que je ne lui souhaitais pas son anniversaire. Attendait-elle de mes nouvelles, pensait-elle que j’avais oublié ?... Pensait-elle que je l’avais oubliée elle ?... Alors que tous les jours elle était l’une de mes premières pensées lorsque j’ouvrais les yeux, et celle qui me maintenait éveillée la nuit. Je pouvais à peine prononcer son prénom devant mon psy sans manquer de fondre en larmes. Souvent, lorsque je me coupais, je pensais à elle, je pensais à Sara. Combien devaient-elles regretter l'adoption… J’avais honte de porter ce nom de famille que je ne méritais pas. A vrai dire, hier soir, après mes tentatives avortées de lettres, la honte m’avait tant brûlé l’estomac que j’avais à peine dormi et que j’avais été vomir et me couper en pleine nuit, alors que je ne m’autorisais ce genre de débordements que lorsque je me douchais – malgré tout, j’essayais de maintenir un cadre, pour ne pas complètement partir en vrille, et jusqu’à présent, ma règle de ne me couper qu’un jour sur deux tenait plutôt bien.

L’eau chaude de la douche brûla mes coupures à vif. J’avais vraiment déconné, pensai-je, honteuse. Je m’étais quasiment coupée sur toute la longueur de ma cuisse.  Je couvris le tout d’une épaisse couche de crème cicatrisante et enfilai mon pantalon le plus large. En me regardant le miroir, j’eus envie de pleurer. Je ressemblai à une coquille vide aux cheveux ternes, j’étais devenue une ombre qui flottait dans ses vêtements.

J’inspirai un grand coup pour reprendre contenance, et toquai à la porte de la chambre de Chuck. Je n’avais pas envie qu’il me voit si triste.


- Rise and shine, sunshine, dis-je avec un grand sourire, appuyée contre le cadre de la porte.

Chuck était assis dans son lit et il se frottait les yeux encore ensommeillés. Il dormait encore énormément, bien plus que moi, et souvent lorsque je venais le chercher pour le petit-déjeuner, il restait sous la couette, incapable de se lever, et je piquai quelques trucs à manger pour lui apporter lorsqu’il réussissait à se réveiller – même s’il avait bien souvent trop la nausée pour les avaler.  Je pénétrai dans sa chambre et ouvris doucement les rideaux, le soleil baignant la pièce de ses rayons timides. Il y avait quelques nuages dans le ciel, mais l’air semblait doux, et j’avais presque envie d’aller m’allonger dans l’herbe.

Je revenais vers Chuck, qui était toujours assis sur son lit, et déposai un baiser sur le sommet de son crâne.


- Tu me rejoins au petit-déjeuner ?

Sa présence me mettait de bonne humeur, et à présent que mes pensées noires s’envolaient un peu, je repensai à ce matin, aux raisons pour rester que je n’arrivais pas toujours à formuler lorsqu’une crise me prenait ; Chuck en était une.

Parfois, j’oubliais que Chuck n’était là que depuis un mois. Le temps était tellement distendu dans le centre, et nous passions clairement la plupart de notre temps libre ensemble, si bien que j’avais l’impression que cela faisait des mois et des mois que nous étions dans notre petit univers. En l’espace d’un mois, j’avais l’impression que Chuck me connaissait mieux que la plupart des gens que j’avais rencontrés dans ma vie, y compris mes camarades de dortoir à Poudlard avec qui j’avais pourtant passé sept ans à dormir dans la même pièce. C’était l’effet un peu spécial que faisait le centre… Tout était tellement condensé et intense, dans le bon sens comme le mauvais, et j’avais parfois le sentiment que je ne pourrais jamais sortir d’ici et de ce rythme si spécial. Lorsque j’avais envie de sortir pour boire, j’étais arrêtée par ma peur panique de l’extérieur, de ce monde que je ne connaissais plus et avec lequel je n’avais plus aucun contact. J’étais l’une des seules du centre à ne jamais recevoir aucune visite le week-end. En seulement deux mois, je m’étais détachée de tout. J’étais seulement ici, dans ce petit espace où j’évoluais, où tout était familier. Je n’existais plus dehors. Ruby n’était qu’un souvenir.

Après le petit-déjeuner, où Lana avait couiné à propos des cheveux de Chuck avaient poussés et formaient de « jolis petites boucles », sous le regard amusé de Viola et moi, on se rendit au meeting journalier, l’une des nombreuses habitudes quotidiennes que j’avais pris depuis que j’étais ici. Je m’installai à côté de Chuck – encore une habitude. Il avait eu son jeton d’un mois de sobriété il y a quelques jours, il restait résolument fermé à chaque réunion, et même avec moi, il ne me parlait qu’à demi-mot de tout ça. Pourtant, j’étais fière de lui, de tous les efforts qu’il faisait, même ceux qu’il ne voyait pas. A vrai dire, j’avais développé une tendresse sans borne envers Chuck. Je lui jetai un regard en coin, tandis que la réunion commençait. Lana avait raison, pensai-je, ça lui allait bien, coiffé comme ça – distraite, je ratai les premières phrases que prononça Seb sur la dernière visite de sa fille, et je me redressai sur la chaise pour me concentrer, résistant à l’envie étrange que j’avais de passer mes doigts dans les cheveux de Chuck parce qu’ils avaient l’air doux.
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Chuck Carlton


Chuck Carlton
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MessageSujet: Re: We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3   We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3 Icon_minitimeDim 10 Fév - 16:29

Ce que déclenchait la crise de manque d'un point de vue physique, le mal de tête et la gerbe que ça me donnait, je n'étais pas prêt de l'oublier de si tôt. Le problème, depuis le "premier sevrage" comme me l'avaient expliqué les Médicomages, c'était que ce putain de mal de tête ne me quittait jamais vraiment, ça dépendait, il allait et venait, mais en tout cas il était toujours tapi dans l'ombre, prêt à me sauter dessus à la moindre occasion. Déjà que la majorité du temps j'étais nauséeux et pas très en forme, ça n'arrangeait rien à mes affaires. J'avais à peine pu avaler trois pâtes au dîner la veille, tellement un pic à glace me vrillait la tête, de l'avant vers l'arrière, ça me donnait envie de m'arracher les yeux ou de me taper la tête contre un mur, au choix. J'avais serré les dents le temps du dîner, fais un petit signe à Ruby - elle captait que ça n'allait pas mais il n'y avait rien à faire - puis j'étais allé me coucher direct, espérant qu'une potion et une nuit de sommeil apaise tout ça. Une chance sur deux, selon mes statistiques. Ce qui était marrant, par contre, c'était que Dustin m'avait dit exactement la même chose, et je m'étais rendu compte qu'il vivait les mêmes symptômes que moi. Ça m'avait fait un effet étrangement réconfortant. Il était un peu bizarre, ce type, avec sa gueule de sorcier d'il y a un siècle, mais une fois la première impression vaguement "Détraqueur style" passée, je m'étais rendu compte qu'il était assez cool. On avait fumé quelques clopes ensemble, parlé un peu du centre et tout, et il n'était vraiment pas prise de tête et assez compréhensif des choses sans que j'ai besoin de trop les exposer. Pas au point de Ruby, mais en tout cas j'étais à l'aise avec lui, on se marrait des mêmes conneries à la télé et on détestait les mêmes personnes du centre, ça rapproche. Et puis, surtout, il venait du même coin que moi à Bristol et il avait pris les mêmes trucs globalement, alors il y avait un genre de bro code qui s'était installé assez naturellement. De temps en temps, j'aimais bien traîner avec lui. Ce soir-là, quand il m'avait vu quitter la table assez tôt, il avait levé son pouce vers moi pour me souhaiter bon courage, et je savais que le pli de ses sourcils signifiait qu'il avait aussi mal que moi.

Malheureusement, la nuit ne changea strictement rien. La potion eut le mérite de me faire dormir, mais pour le reste, la voix de Ruby qui me réveilla me donna deux secondes de répit - ce moment en suspension où rien n'allait vraiment mal ni vraiment bien - avant que revienne le marteau sur mon crâne. Super. Aussi fort qu'hier.

À quoi ça servait de ne plus se droguer si c'était pour avoir quand même les symptômes du manque ? J'avais besoin d'une réunion, je le compris tout de suite. Heureusement, il y en avait une juste après le petit dej'. Encore fallait-il que j'y arrive.


- Tu me rejoins au petit-déjeuner ?

- Hmmm.


Ce n'était pas gagné. J'avais l'impression que mes épaules pesaient une tonne en plus de tout. J'en avais assez, il me suffisait de regarder par la fenêtre pour que ça me revienne en plein dans la gueule, j'en avais assez, assez de regarder au-dehors et de comprendre que je n'en faisais plus partie, assez de me dire que tout ce qui m'attendait le jour où je sortirais était plus difficile à escalader que l'Everest, assez de me dire que j'allais devoir faire tellement d'efforts que je ne pourrais jamais y arriver, assez d'avoir honte quand je pensais à tout ce que j'avais fait, assez d'être une loque, une merde, assez de ne pas savoir quoi faire de mon corps chaque seconde qui passait, assez. Au final mon OD ratée aurait réglé tout ça, je le savais, j'y pensais souvent. Pourtant j'avais fait exprès de prendre plus qu'une dose normale, parce que j'étais dans une spirale que rien ne pouvait arrêter, et je préférais crever heureux et complètement shooté qu'au fond d'un caniveau. Mais la vie en avait décidé autrement.

Je réussis à aller avaler un thé et un morceau de pain par miracle, et me traînais derrière Ruby pour la réunion. Elle avait une sale gueule elle aussi, des cernes violettes et sa tête des "mauvais jours" (encore plus que d'autres) et je lui lançai un petit regard en coin, mais elle fit un signe de la tête, et je n'eus pas la force de pousser la discussion. Probablement qu'elle aussi avait besoin d'un meeting. J'avais envie qu'elle me prenne la main et me dise que tout irait bien, mais tout d'un coup on était le cul vissé sur nos chaises, chacun prêt à parler - plus ou moins - et je sentis mon estomac se crisper tellement fort que je faillis partir en courant pour aller gerber. Ça faisait trop, autour de moi : les histoires de tout le monde, le poids de leur passé, de leur souffrance, tous, Lana, Viola, Seb, Dustin, tout le monde, Ruby, mon mal de crâne, ce qui ne voulait pas sortir de ma bouche, Angie, Chris, Lucy, Lilian,...

Je fis quelques exercices de respiration pour ne pas paniquer. Je savais ce qu'il me restait à faire.

Lana croisa mon regard et me souffla un bisou tout en tripotant ses cheveux, en référence à tout à l'heure - ça me fit sourire et me donna un peu de courage. J'étais incapable de penser de manière très efficace, mais je savais que si je ne me lançais pas là, je ne le ferais jamais, et je ne m'en sortirais jamais.


- Bon ben du coup ça fait un mois que je suis là, commençai-je avant de me racler la gorge. La question habituelle avait été posée : "quelqu'un à quelque chose à partager ?" et pour la première fois, j'avais pris la parole. Donc un mois que je suis sobre. Il y eut des applaudissements, mais je le relevai pas les yeux. Si je m'arrêtai, je n'étais pas sûr de continuer. C'est cool, hein, mais ça serait encore plus cool si j'avais l'impression d'être sobre depuis un mois. Je ne sais pas ce qui ne va pas chez moi mais c'est comme si j'étais en descente ou en manque depuis un mois, et je sais que c'est dans ma tête aussi, mais pourtant j'essaye. J'ai l'impression que mon corps ne suit pas, c'est pas facile pour aller mieux. Heureusement que je suis ici, c'est ce que je me dis tous les matins, sinon je n'aurais jamais pu y arriver. Mais j'ai peur que rien n'évolue et que je ne tienne pas, j'ai peur de me casser, j'en ai envie tout le temps, j'ai peur de le faire pour de bon.

Une fois, il y a quelques mois, j'avais débarqué chez les Tennant, complètement défoncé, je ne savais pas trop pourquoi, j'étais à la rue depuis trois jours, j'avais paniqué, j'étais allé chez eux, peut-être pour voler des thunes en même temps, je ne me souvenais plus trop. Angie m'avait accueilli évidemment, je le voyais bien dans ses yeux, elle espérait que ce soit la fin, que je reste pour de bon. J'avais fait genre que oui, que je m'en voulais, que c'était terminé, joué de la corde sensible. J'avais la dalle, je voulais de l'argent. J'étais resté quelques jours, le temps de piquer ses bijoux pour les vendre et de me casser. Et de la planter encore une fois. À l'époque : je n'avais rien ressenti, je n'en avais rien eu à foutre. Aujourd'hui j'avais envie de me flinguer en y repensant. Parce que je me souvenais parfaitement d'une scène : moi en chiales, en manque, qui faisais genre que je regrettais, Angie qui pleurait à moitié aussi mais qui souriait que je sois là, qui avait de l'espoir, et qui me serrait dans ses bras en me remerciant d'être rentré à la maison. Elle m'avait dit : "Je t'en supplie, reviens, reviens à chaque fois, tu pourras toujours revenir, c'est promis" et moi, tout ce que je m'étais dit, c'était qu'elle était intelligente et qu'elle avait planqué tous les trucs de valeur et qu'il me faudrait quelques jours pour les chercher sans me faire gauler.

Et aujourd'hui je me disais, si vraiment je pouvais toujours revenir, qu'est-ce qui m'empêchait de me casser à nouveau alors ?


- Je ne veux pas être celui qui s'en va à chaque fois et qui fuit les problèmes. Mais je n'arrive pas à faire face à tout ce qui s'est passé et à pourquoi je suis là. Je crois que penser à l'héroïne ou à n'importe quelle drogue que je pourrais m'enfiler, avoir mal à la tête tout le temps ou à manquer de m'évanouir chaque seconde qui passe, c'est ma manière à moi de fuir, et ça me fait chier.

Silence. Je ne savais pas trop si j'avais avancé, mais au moins, mon envie de gerber avait disparue, et un léger poids s'était ôté de mes épaules.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3   We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3 Icon_minitimeLun 11 Fév - 15:56

- Bon ben du coup ça fait un mois que je suis là.  Donc un mois que je suis sobre. Je fus tellement surprise d’entendre cette voix résonner dans la salle que j’en oubliais presque d’applaudir. Je me retins à temps de me tourner et de dévisager Chuck ; redressant mes épaules et ma posture, je baissai les yeux vers les mains de Chuck, les veines qui couraient sur leur dos, mon attention concentrée sur le son de sa voix. C'est cool, hein, mais ça serait encore plus cool si j'avais l'impression d'être sobre depuis un mois. Je ne sais pas ce qui ne va pas chez moi mais c'est comme si j'étais en descente ou en manque depuis un mois, et je sais que c'est dans ma tête aussi, mais pourtant j'essaye. J'ai l'impression que mon corps ne suit pas, c'est pas facile pour aller mieux. Heureusement que je suis ici, c'est ce que je me dis tous les matins, sinon je n'aurais jamais pu y arriver. Mais j'ai peur que rien n'évolue et que je ne tienne pas, j'ai peur de me casser, j'en ai envie tout le temps, j'ai peur de le faire pour de bon.

Un flot d’émotions monta en moi et m’happa, j’expirai en réalisant tout à coup que je retenais ma respiration depuis que Chuck avait commencé à parler, comme si j’étais pendue à ses lèvres. Il l’avait fait, il avait réussi à parler durant l’une des réunions, lui qui gardait tant de choses en lui, il avait franchi le pas. C’était probablement difficile à comprendre pour quelqu’un qui n’était pas un addict, mais nous nous souvenions tous de la première fois où nous avions pris la parole dans l’un de ses groupes. C’était comme se tenir en haut d’une montagne, le vide face à nous, et il faut faire un pas, juste un pas, se lancer. La suite était comme une longue chute. Ce matin, Chuck avait semblé si fatigué, je l’avais imaginé se refermer sur lui-même comme il le faisait souvent, mais il avait préféré faire ce pas là. Ma gorge qui me chatouillait, les larmes menaçaient de monter, tant j’étais fière de ce que Chuck venait faire, consciente de combien ses mots lui avaient couté. C’était drôle, Chuck avait débarqué dans ma petite vie au centre le jour de mon un mois de sobriété, en pleine réunion, et maintenant, un mois plus tard, c’est lui qui parlait pour la première fois.

- Je ne veux pas être celui qui s'en va à chaque fois et qui fuit les problèmes. Mais je n'arrive pas à faire face à tout ce qui s'est passé et à pourquoi je suis là. Je crois que penser à l'héroïne ou à n'importe quelle drogue que je pourrais m'enfiler, avoir mal à la tête tout le temps ou à manquer de m'évanouir chaque seconde qui passe, c'est ma manière à moi de fuir, et ça me fait chier.

Quelques personnes hochèrent la tête d’un air entendu. Bien sûr, tout ce que Chuck disait nous parlait. La salle resta silencieuse un petit moment, comme si nous attendions tous que Chuck rajoute quelque chose, jusqu’à que Joyce le remercie d’avoir partagé, et que la réunion continue. Discrètement, je me penchai vers Chuck et posai ma main sur la sienne, pressant tout doucement. Il me jeta un tout petit coup d’œil – je crois que ça l’avait un peu trop remué pour qu’il affronte complètement mon regard – et je lui fis un sourire plein d’encouragements et de fierté, avant de reposer ma main sur mes genoux et lisser le tissu de mon pantalon. Je restai silencieuse le reste de la réunion : j’avais l’impression que c’était celle de Chuck aujourd’hui, et je voulais presque lui laisser.

La réunion se termina, et je laissai les gens quitter la salle avant de me lever et de tendre la main à Chuck pour qu’il la prenne. Ce geste si intime était devenu réconfortant lorsque c’était sa main dans la mienne. Avant, j’aurais eu peur des messes basses sur cette proximité physique, mais ici, tout était étrange et personne n’avait le temps de juger – à part Victoria qui semblait persuadée qu’il se tramait quelque chose entre moi et Chuck. Je remontai le couloir à côté de Chuck, et nous descendîmes les escaliers vers le jardin. Il faisait beau et mon cœur se serra doucement.


- Tu te souviens quand on a été fumé ici après la toute première réunion ? Tu m’as dit que tu n’y arriverais jamais. Et maintenant c’est toi qui es là depuis un mois, et tu as réussi à parler pour la première fois. Je me mis à sourire malgré moi. Je suis tellement heureuse pour toi, murmurai-je, et je pris Chuck dans mes bras, le serrant fort contre moi. Il sentait bon et sa prise était rassurante.

On partit s’installer sous le rosier, notre petit coin habituel, et on se vautra dans l’herbe. Chuck était à peine installé qu’il avait allumé une cigarette sur laquelle il tira pendant de longues secondes ; je le suivis dans son geste, tout en étendant mes jambes engourdies. On fuma en silence pendant un petit moment – c’était quelque chose que j’appréciais avec Chuck, il n’avait pas peur du silence, et être en compagnie de l’autre nous suffisait.


- C’était… bien, ce que tu as dit, je pense que ça a parlé à beaucoup de personnes. Enfin, c’est différent pour tout le monde, mais je sais que je me suis sentie longtemps pareil, le corps qui ne suit pas… Maintenant ça va un peu mieux, ça prend juste beaucoup de temps. Mais je suis sûre que si tu continues tes efforts, ton corps va suivre, ça fait parti du processus… Même si c’est dur d’être patient. Mais ça t’a fait du bien de parler, non ? Demandai-je, encourageante.

C’était épuisant, mais gratifiant, en général. Dans ce centre, j’avais vraiment abaissé toutes mes barrières, je ne cachais même pas mon passé et mes histoires familiales, et être aussi vulnérable était épuisant et rassurant à la fois. J’étais toujours à nue, mais au moins, j’étais moi. Ou du moins, ce qu’il en restait. Je n’étais plus tout à fait sûre de qui ce « moi » était.


- Tu arrives à parler de tout ça avec ton psy ? Peut-être que ça pourrait aider à ne plus fuir, justement… Dis-je pensivement.

En tout cas, le discours de Chuck sur la fuite m’avait picoté la poitrine… Oui, l’alcool m’avait permis de fuir, mais parce que je continuais à le faire. Je pouvais sentir à chaque mouvement ma peau qui brûlait de toutes mes coupures. Moi aussi, je refusais de faire face. Le parfum d’Ewan flotta dans l’air. L'avoir aimé, aussi intensément que je l'avais fait, me fracturait toujours la poitrine. Malgré tout, encore aujourd'hui, j'avais l'impression que cet amour était une bénédiction, parce qu'il m'avait fait connaître Ewan, que ce que j'avais ressenti pour lui avait été vibrant et pur, d'une force incroyable, me transportant dans un bonheur inconnu et rassurant ; mais souvent cet amour en devenait une malédiction. Je ne pourrais jamais complètement m'en détacher, condamnée à le sentir m'hanter comme un membre fantôme. J'avais tant aimé Ewan et je savais qu'une part moi l'aimerait toujours, de loin, sans pourtant souhaiter le retrouver, et l'empreinte qu'il avait laissée sur moi était indissociable de ma personne. Parfois, lorsque je pensais à lui, ma mâchoire se serrait, et ma salive devenait des cailloux qui cascadaient dans ma gorge jusqu'à mon estomac, j'en avais envie de vomir tellement le poids pesait sur ma poitrine, j'étais lourde, comme si, remplie de ces rochers, j'allais couler si l'on me jetait à l'eau. Parfois, je m'en rendais malade, et quand je vomissais, je priais pour que les galets s'échappent, mais cela ne suffisait jamais. Et je savais que lorsque que je me coupais, et que les gouttes de sang se mêlaient à l'eau de la douche, j'espérais secrètement me vider de tout l'amour que je portais à Ewan, cet amour que je savais ne pourrait jamais me quitter.

Parfois, je me demandais s'il n'avait pas été mon âme sœur, mais que je n'avais simplement pas été la sienne, et c'était cette pensée que je voulais fuir.

Je compris alors Chuck aussi avait sûrement une pensée précise qu’il voulait fuir.


- Tu crois que tu préfères penser à l’héroïne qu’à ton frère ?... Demandai-je alors d’une petite voix, un peu inquiète de dépasser les limites de Chuck.
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Chuck Carlton


Chuck Carlton
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MessageSujet: Re: We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3   We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3 Icon_minitimeLun 11 Fév - 18:13

Dustin avait hoché la tête, Ruby m’avait pris la main, tout cela avait ponctué le silence de quelques secondes qui avait suivi mon petit discours, et puis comme à l’habitude Joyce reprit la parole, quelqu’un d’autre parla, mais je ne l’écoutai pas. L’effort que j’avais fourni m’avait laissé dans une léthargie profonde, et mon mal de tête était devenu plus diffus, mais bizarrement plus enveloppant. J’aurais pu fermer les yeux et me laisser glisser. Mais je ne pouvais pas. Tout était permis dans le centre, je veux dire, on pouvait aller se coucher à n’importe quelle heure de la journée, on pouvait manger quand on le voulait, on pouvait rester devant la télé, faire ce qui nous faisait envie. Mais se rouler en boule sur le sol de la salle de réunion, ç’aurait été un peu trop. Pourtant je n’étais capable que de ça, et encore une fois j’avais l’impression que l’intérieur de moi était un château de sable qui s’effondrait lentement mais sûrement – c’était presque étonnant que tous les regards ne soient pas braqués sur moi tandis que je m’effondrais doucement. Je regardai à peine Ruby ; j’avais honte. Mais ici, on avait tous honte. Quand la réunion se termina – j’étais incapable de savoir combien de temps elle avait duré – je suivis Ruby docilement, de toute façon quand j’étais dans cet état là il n’y avait que ça que je savais faire, prendre sa main et la suivre comme un petit chien, me planquer dans son ombre et espérer qu’elle me réchauffe un peu, qu’elle s’occupe de moi, qu’elle me fasse me sentir moins seul l’espace de quelques minutes, quelques heures. J’attrapai au passage une tasse de thé là où il y avait une petite machine en libre-service, j’avais la gorge sèche et nouée, et je voulais surtout quelque chose pour occuper mes mains qui tremblaient sans que je puisse l’arrêter. Il faisait plutôt bon, dehors, mais je frissonnai, et remontai la fermeture éclair de mon sweat, avant de mettre la capuche. C’était mon vieux sweat des Yankees, Angie me l’avait apporté, elle avait récupéré un jour – quand ? – les affaires qui restaient chez moi dans un carton, je ne savais même pas comment elle avait réussi à faire avec le proprio qui devait probablement avoir envie de m’étriper, vu les mois de loyer que je ne lui avais jamais payés.

C’était aussi le sweat préféré de Coop, il me le piquait tout le temps, même si dedans il avait l’air ridicule parce que la taille était bien trop grande pour lui.

Il fallait que je fume, si ça avait été possible j’aurais fumé dix cigarettes à la fois.


- Tu te souviens quand on a été fumé ici après la toute première réunion ? Tu m’as dit que tu n’y arriverais jamais. Et maintenant c’est toi qui es là depuis un mois, et tu as réussi à parler pour la première fois. Je suis tellement heureuse pour toi.

Elle me prit dans ses bras et me serra fort, je la serrai encore plus fort, caché entre ses cheveux et ma capuche je fermai les yeux, j’avais tellement envie de pleurer et de hurler que c’était comme si des vagues se fracassaient contre moi, de toute part, je ne pouvais même pas respirer, sinon c’était la fin, j’allais lâcher, pour de bon. Je ne pouvais rien dire à part m’accrocher à Ruby de toutes mes forces et attendre que ça passe, et me remettre à elle, à la façon qu’elle avait d’être là pour moi et de me bercer et de me protéger. C’était drôle, au fond, cet inversement des rôles. C’était comme si la Ruby et le Chuck de Poudlard n’avaient jamais existé. Ils nous auraient regardé avec un drôle d’air s’ils s’étaient trouvés là. Je serrai les dents à m’en faire mal à la mâchoire, heureusement Ruby avait compris, elle me lâcha pas tant que je ne desserrai pas mes bras, et pourtant la pauvre, elle était si mince et fragile, je devais lui faire mal. Je ne savais pas si je devais être fier de moi, c’était ce qu’elle essayait de me dire, j’avais du mal à y croire mais au moins… Je l’avais fait.

Une fois installés sous notre rosier, je posai le verre par terre en me concentrant, allumai une cigarette un peu péniblement à cause des tremblements, tirai dessus en inspirant profondément. Je savais que Ruby voyait tout ça, mais devant elle je me fichais d’avoir honte, la honte était plus globale, je me fichais qu’elle me voit comme ça, elle comprenait très bien. De la même manière que je comprenais ce qu’elle ressentait quand on lui interdisait tous les objets coupants, quand elle se mangeait ça dans la tête plusieurs fois par jours, quand elle ne pouvait même pas prendre le sécateur. Elle avait honte. Mais je comprenais.


- C’était… bien, ce que tu as dit, je pense que ça a parlé à beaucoup de personnes. Enfin, c’est différent pour tout le monde, mais je sais que je me suis sentie longtemps pareil, le corps qui ne suit pas… Maintenant ça va un peu mieux, ça prend juste beaucoup de temps. Mais je suis sûre que si tu continues tes efforts, ton corps va suivre, ça fait parti du processus… Même si c’est dur d’être patient. Mais ça t’a fait du bien de parler, non ?


Je hochai la tête. C’était toujours la même chanson : j’avais du mal à parler, comme un circuit trop froid qui se met en marche.

- Hmmm. Oui, un peu.

Continuer tes efforts… Je n’en pouvais plus d’entendre cette phrase, et pourtant, il n’y avait que ça à dire.

- Tu arrives à parler de tout ça avec ton psy ? Peut-être que ça pourrait aider à ne plus fuir, justement…

- Non.


Avec mon psy c’était comme parler à un mur, à part parler de mes problèmes de santé et de ma fatigue il n’y avait rien qui sortait, il essayait, mais je freinais des quatre fers. Le pire dans tout ça c’était que ce n’était même pas de la mauvaise volonté : je n’y arrivais pas. Comme j’avais déjà fini ma première clope, j’en allumai une autre. Je jetai un coup d’œil en coin à Ruby, elle aussi perdue dans ses pensées, et je voyais bien qu’elle aussi son lot de merde lui pesait sur les épaules, malgré tous les efforts qu’elle essayait d’avoir pour moi. Ça me minait encore plus le moral, et je baissai de nouveau les yeux.

- Tu crois que tu préfères penser à l’héroïne qu’à ton frère ?...

… Pas ça. C’était instinctif, tout mon corps se contractait d’un coup, j’avais les poings qui se serraient, j’avais envie de cogner sur le premier venu, de leur enfoncer leurs mots dans la gueule, personne n’avait le droit de parler de lui, pourquoi ils le faisaient tous, PERSONNE n’avait le droit…

- Ne parle pas de lui, répondis-je du tac au tac, menaçant.

Il me fallut deux seconds pour redescendre et m’en vouloir à mort, instantanément, je fermai les yeux, qu’est-ce que je pouvais être con, j’étais con, mais con… Pas avec elle en plus, je ne voulais pas lui faire peur, j’étais débile.


- Je veux dire, je n’ai pas envie de parler de lui… Désolé.

Je n’osai même pas la regarder en face, j’avais trop honte. J’aurais pu me mettre à chialer une nouvelle fois. Je lui pris la main et la serrai, mélangeant mes doigts aux siens, toujours sans la regarder. Je priai juste pour qu’elle ne l’enlève pas, ne s’éloigne pas. Je la connaissais, en plus : la violence n’avait jamais été son truc, et un rien pouvait la pousser, elle aussi, dans ses retranchements. Je restai silencieux assez longtemps, luttant contre les larmes, m’accrochant à Ruby pour ne pas perdre pieds. Ce n’était pas de sa faute. Elle ne voulait que m’aider. Ce n’était pas de sa faute. Je me le répétai, encore et encore. J’espérais qu’elle comprenait un peu, même si je savais que cette fois c’était un peu plus compliqué que des réflexes d’addict, c’était dans ma tête. Moi-même je n’arrivais pas à le dire, c’était pour ça aussi que ça coinçait avec le psy. Je ne savais pas pourquoi, mais le fait d’entendre parler de Coop quand chaque seconde qui passait sans lui me mettait un putain de coup de poignard dans le bide, ça m’était insupportable. Comme s’il n’y avait que moi qui avais le droit, comme si personne ne pouvait le faire revivre tant que je ne l’avais pas décidé. Il était mort et sa mort était tout ce qu’il me restait. Personne n’avait le droit de me prendre ça.

J’essuyai mon visage avec ma manche, des larmes avaient coulé malgré moi. Je soupirai et bus la fin de mon thé.


- Je ne sais pas par où commencer, en fait, c’est trop dur… C’est une bonne excuse, le corps qui lâche, au fond ça m’arrange bien. Mais c’est comme si je ne pouvais plus penser. Tu vois ? Évidemment qu’elle voyait. Le psy il est cool, je l’aime bien, mais pour autant y’a rien qui sort. Il est patient, remarque, on peut pas lui enlever ça. Comment tu fais toi, quand tu y vas… De quoi tu parles ? Enfin je veux dire… Comment tu arrives à dire les choses… Quand c’est le bordel dans ta tête ?

J’avais envie qu’elle me prenne dans ses bras. J’avais envie qu’elle prenne mon visage entre ses mains pour me dire que tout irait bien. Je savais qu’elle avait le pouvoir de me le faire croire. Je crois que j’avais aussi envie qu’elle m’embrasse, je voulais sentir sa proximité, son souffle, ses lèvres, sa chaleur, sa peau. Je me sentais glacé à l’intérieur. J’avalais ma salive avec difficulté et gardai la main de Ruby, que je pris entre les miennes, jouant avec ses doigts.

- C’est vrai que ça fait un mois… Déjà. Tu fais quoi quand tu as envie de partir ? La première fois quand tu es partie, ça t’a fait quoi ? J’avais envie d’un shoot, là, maintenant, tout de suite. Voilà. C’était ça, la solution. J’ai envie d’être high…

Ça devait être dans ces moments-là qu’elle se coupait le plus, non ? Je ne sais pas, j’imaginais que la douleur physique devait aider un peu. Je levai enfin les yeux vers elle, et rallumai une cigarette.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3   We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3 Icon_minitimeMar 12 Fév - 14:10

Je compris que j’avais été trop loin au moment-même où les mots franchirent mes lèvres, et que je vis la réaction physique instantanée de Chuck, comme si un courant électrique le traversait, le mouvement brusque et ses mains que j’observais qui se serrèrent, son visage qui se ferma. Ce fût bref, rapide, mais je perçus tout de suite le changement dans l’atmosphère, l’agressivité qui se répandait tout autour de nous. Depuis que j’étais petite, j’avais appris à remarquer ces dynamiques, et si j’avais toujours cru que c’était ma mère qui m’avait trop bien appris, j’avais découvert après plusieurs séances d’EMDR qu’en réalité, c’était mon père qui en était à l’origine. J’avais passé tant de temps à le chasser de ma mémoire, à me convaincre que j’avais eu une enfance normale avant l’incident, que j’avais presque oublié sa présence imposante, son charisme et ses sautes d’humeur, la façon dont je l’entendais parfois parler à ma mère, d’une voix qu’il n’utilisait jamais avec moi, une voix dure et cassante. Alors que je me crispai instinctivement devant l’aura agressive de Chuck, je me demandai tristement si c’était ainsi que ma mère se sentait dès que mon père élevait la voix, si elle avait peur de lui… Et pourquoi elle l’avait quand même choisi lui, malgré tout.

- Ne parle pas de lui.

Mon cœur s’enroula sur lui-même, et sans savoir pourquoi, le visage de Jasper surgit dans mon esprit – sa mâchoire anguleuse, ses yeux perçant, ses cheveux longs délavés. Mais il fût chassé par le visage de Chuck que je vis fondre avant qu’il n’ouvre à nouveau la bouche, et l’air se transforma, aspirant toute l’agressivité pour n’y laisser que le regret.

- Je veux dire, je n’ai pas envie de parler de lui… Désolé.

Ma poitrine se décompressa et je laissai Chuck entremêler nos doigts. Il évitait mon regard, et pourtant, je lui souriais, alors je laissai mon pouce caresser le dos de sa main comme pour lui dire silencieusement que tout allait bien. Sa colère avait disparu, entraînant avec elle mon malaise et mon inquiétude. Je compris alors pour j’avais pensé à Jasper, et combien Chuck était différent. En un instant, Chuck s’était repris, il avait eu ce geste doux et rassurant. Tandis que Jasper… Ce ton de voix, les poings qui se serrent, combien de fois l’avais-je vécu au cours des six derniers mois ? Combien de fois y avais-je répondu, parce que j’avais bu et que je n’avais plus aucune barrière, et quand finalement je revenais à moi-même, Jasper continuait, parce qu’il ne supportait pas que je lui tienne tête. J’étais toujours la première à flancher et je le laissais m’enfoncer un peu plus, ses mots me coupant aussi fort que les lames de ses rasoirs que je volais quand une crise me prenait. A l’époque, je buvais tellement que je ressentais moins le besoin de me faire du mal, mais ça m’arrivait parfois, et Jasper faisait simplement semblant de ne rien remarquer. Une fois, complètement défoncé, il m’avait surprise avec l’un de ses rasoirs, et il avait explosé. Je me souvenais par morceaux de ses mots, il m’avait traité de malade, de maso, et j’avais piteusement répondu que ce n’était pas ça, que c’était plus compliqué, mais il n’avait rien entendu et il m’avait frappé au visage et m’avait demandé si c’était comme ça que j’aimais avoir mal.

- Je comprends, je suis désolée, je suis allée trop loin… Et tu sais que quand tu seras prêt à en parler, je serais là, dis-je tout doucement pour rassurer Chuck.

J’avais de la peine pour lui, de le voir si coincé, si malheureux, et pourtant il s’était rattrapé dès qu’il s’était senti dérapé et la tendresse que je lui portais se multiplia un peu plus. Chuck semblait minuscule dans son sweat, comme si la capuche l’avalait, et j’avais envie de le serrer contre moi et lui dire que tout allait bien se finir. Je ne connaissais pas la fin, pourtant. Mais c’était impossible qu’elle soit aussi triste que nous l’étions en cet instant.


- Je ne sais pas par où commencer, en fait, c’est trop dur… C’est une bonne excuse, le corps qui lâche, au fond ça m’arrange bien. Mais c’est comme si je ne pouvais plus penser. Tu vois ? Le psy il est cool, je l’aime bien, mais pour autant y’a rien qui sort. Il est patient, remarque, on peut pas lui enlever ça. Comment tu fais toi, quand tu y vas… De quoi tu parles ? Enfin je veux dire… Comment tu arrives à dire les choses… Quand c’est le bordel dans ta tête ?

J’avais hoché la tête parce que oui, bien sûr que je comprenais ce qu’il voulait dire. Je le laissai jouer avec ma main en souriant doucement. J’aimais bien les gestes qu’il avait, la façon dont il me prenait dans les bras ou me tenait la main, ils n’étaient pas toujours assurés, mais ils avaient une énergie différente, peut-être un peu désespérée, mais masculine aussi.

- Je crois que c’est un peu différent, parce que je fais beaucoup de thérapie ciblée pour les choses qui me pourrissent au quotidien, l’anxiété, l’envie de boire, la dépression, mes TOCs, donc il y a des sujets précis en quelque sorte. Pour les choses plus… plus intenses et compliquées, la thérapie EMDR marche plutôt bien pour l’instant, ça m’aide à m’ouvrir justement. J’avais raconté à Chuck quelques-unes de mes séances et il en connaissait le principe, il savait que ça s’appliquait tout particulièrement aux traumatismes, ce qui me évidemment me correspondait bien. Mais parfois, quand c’est le bordel… Je le dis. Je dis que je ne sais même pas par quel bout le prendre. Avant, j’étais beaucoup plus secrète, mais je crois qu’en arrivant ici, j’étais tellement épuisée, je n’avais plus la force de lutter, je me suis dit, quitte à faire tout ça… Autant le faire vraiment. Mais ça a pris du temps, et il y a certaines choses dont je ne parle pas toujours pas, avouai-je en pensant à mes coupures sur les jambes. Mais écrire, tenir un journal, ça m’aide, il y a des choses qui sont plus faciles à écrire qu’à dire à voix haute. Tu as déjà essayé ? Demandai-je avec un petit sourire. Mais je pense que ça aide de réfléchir à pourquoi tu résistes… Et qu’est-ce que tu aurais à gagner si tu lâchais prise, tu vois ? Parce que parfois je me dis qu’on a peur d’aller mieux… Il faut trouver les raisons qui nous font nous battre. Mais c’est dur d’être autre chose d’un addict, tu ne trouves pas ?

Ça aussi, c’était difficile à expliquer à quelqu’un qui n’était pas addict, parce que c’était ce point de tension étrange entre aller mieux et retomber, là où toute la motivation se condensait… Bien sûr que je voulais aller mieux, que je souffrais d’être ainsi, d’être dépendante, malheureuse, épuisée. Mais c’était devenu mon identité. Je ne savais plus qui j’étais lorsque j’étais sobre. Avant, j’étais une étudiante à Poudlard, j’étais douée en potions, j’avais trouvé ma famille, j’aimais courir au bord du lac dans le parc, les tartes au citron, lire les dimanches après-midi sous mon plaid. Maintenant, j’étais incapable de me concentrer plus d’une heure sur un sujet, l’acidité du citron me donnait la nausée, courir plus de cinq minutes me faisait tourner de l’œil. Et j’étais seule. Terriblement seule. Alors je me disais que je n’étais bonne qu’à être une addict. Après tout, il ne me restait plus que ça.

Quant aux raisons pour se battre… Je n’étais pas sûre. Il y avait sûrement les Wayland. Mais la ligne entre l’amour et l’obligation était fine. Parfois, je leur en voulais de m’avoir aimé autant, parfois que je ne voulais rien leur devoir, surtout pas d’être heureuse, d’être sobre, parce que c’était trop difficile.


- C’est vrai que ça fait un mois… Déjà. Tu fais quoi quand tu as envie de partir ? La première fois quand tu es partie, ça t’a fait quoi ? J’ai envie d’être high…

Chuck releva les yeux vers moi, mais je baissai les miens, me crispant tout à coup. Moi aussi j’avais envie d’être high. L’envie dans sa voix m’avait fait tiquer. Je ne pouvais pas le dire, je ne pouvais pas nous entraîner sur cette pente-là. Je n’avais pas envie que Chuck soit high, pourquoi le souhaiterais-je pour moi ? Je me mordillai l’intérieur de la lèvre. N’importe quoi pouvait déclencher un pique de manque… Et surtout, je me rappelai combien il pouvait être dangereux d’être si proche de quelqu’un qui souffrait du même mal. Si un jour Chuck basculait, m’emporterait-il avec moi, et vice-versa ?

- La première fois, je me suis sentie heureuse parce que j’étais libre de me foutre en l’air. Mais maintenant, je n’ai plus envie de partir, avouai-je. C’était peut-être étrange à entendre pour Chuck qui semblait si en proie aux tentations. Au contraire, j’ai peur du jour où je vais devoir partir. Je n’ai plus rien qui m’attend dehors, à part l’alcool… Je ne sais même plus qui je suis. Ici, au moins, je suis en sécurité, c’est plus facile.J’haussai les épaules et allumai une cigarette avant de m’appuyer contre Chuck, ma tête contre son épaule. La fatigue commença à monter en moi, et j’eus envie de rire. C’était devenu une blague récurrente, ma capacité à ne jamais dormir la nuit mais à faire la sieste à côté de Chuck en l’espace de cinq secondes. Et quand j’ai envie de boire… Hm, je me fais du mal. Ça canalise. Mais tu n’as pas intérêt à suivre mon exemple, plaisantai-je amèrement.

On se tenait toujours la main, et je portai la sienne à mes lèvres et l’embrassai avec un petit sourire. Je ne voulais surtout pas que Chuck se fasse du mal.


- J’essaie de me souvenir que tout ce que l’alcool ou la drogue m’ont promis, c’est un mensonge… Je n’étais jamais plus heureuse avec eux. Parfois, c’était génial, les sensations… Mais ce n’était pas vrai, ce n’est pas ça la vraie vie. J’étais beaucoup mieux avant quand j’étais moi-même, quand je savais être heureuse sobre. J’ai l’impression que c’est ça le pire dans l’addiction, c’est de savoir que c’est un bonheur faux mais qu’on ne sait plus comment faire pour être heureux sans. Je fermai mes yeux un instant et soupirai. Même en sachant tout ça, j’avais toujours envie de boire. Je crois qu’il faut que tu te demandes ça… Est-ce que tu as vraiment envie d’être high ?... Au final, c’est superficiel, et on se sent pire après… Tu devais bien avoir ces moments de descente horrible, non ? Et même, ces moments de high, où tu te rendais compte que c’était factice ?

L’alcool et la drogue étaient des amants toxiques. La voix de Lizlor résonna dans ma tête. « Ce n’est pas comme ça qu’on aime les gens ! ». L’alcool ne m’aimait pas, n’est-ce pas ? Il me laissait nauséeuse, malade, accro, fatiguée, retournée, il enterrait mes problèmes pour les faire ressortir au moment où je perdais le contrôle. Ce n’était pas ça, l’amour. Ce n’était plus amusant. Combien de fois-je avais-je bu de l’alcool de piètre qualité, avec l’envie de vomir à chaque gorgée, juste parce que j’en avais besoin ?...

- Et puis, on sait bien, le problème, ce n’est pas l’alcool ou la drogue, enfin, c’est comment on les utilise… C’est ça le fond du problème. Moi, je sais que l’alcool, c’est juste une histoire de perdre le contrôle. Je crois que je me détacherais de l’addiction quand j’aurais traité la racine du problème. Peut-être que quand tu auras affronté pourquoi tu te droguais… Tu n’auras plus envie de fuir, dis-je d’un petit ton encourageant.
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MessageSujet: Re: We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3   We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3 Icon_minitimeJeu 28 Fév - 15:36

Le ciel était clair, il me faisait mal aux yeux, surtout quand ma tête était si sensible, mes nerfs à vif. Oui, être high là maintenant tout de suite, ça aurait été si simple… Se casser du foyer, escalader le mur au pire ; on trouvait toujours quelque chose. Et puis, après, la rue, la ville : un univers familier, surtout quand on avait zoné comme moi à n’importe quelle heure du jour et de la nuit rien que pour trouver un fix. Je savais comment faire, je savais où aller, je savais qui appeler. C’était possible, tellement possible. C’était ce qui me paraissait le plus simple et le plus évident. Ruby pouvait venir avec moi, je connaissais des bons plans pour des endroits pas chers, de l’alcool de merde mais qui fonctionne, on n’aurait même pas besoin de trop de fric, pour le moment. J’adorais imaginer le menu qui m’attendait : j’avais envie de coke pour commencer, quelques rails pour me remettre les idées en place et me picoter la gencive, pour me secouer, pour profiter pleinement de la suite. Et puis de l’héroïne, parce que c’était ma came, parce que c’était la meilleure chose qui existe sur terre, parce qu’en en prenant je n’aurais plus mal à la tête, au cœur, au ventre, plus mal nulle part, le monde deviendrait complètement différent, il serait à moi, encore une fois. C’était ça qui me rendait heureux. Qu’est-ce que j’étais con d’essayer de prétendre le contraire…

Je pouvais partir, je le savais très bien. N’importe qui pouvait partir d’ici. Mais pas quelqu’un qui venait d’ouvrir sa gueule pour la première fois à une réunion alors que j’en étais incapable depuis le début. Je regardais Ruby, qui maintenait le cap dans cette conversation, tandis que moi je m’effondrais peu à peu. Je savais qu’on se comprenait, mais pour autant j’avais envie de hurler et de la secouer et de nous frapper tous les deux, de réduire en bouillie ce qu’on était devenus, deux pauvres addicts de merde tout tremblants qui se battaient contre leurs démons et qui avaient peur de mettre le nez dehors. Pathétiques. Je n’étais même pas capable d’oser lui dire : viens, on se barre, on va se défoncer, et tout ira bien. Je n’étais plus capable de rien. À part de s’accrocher à sa main, encore et encore. Sa peau était douce mais pâle et tendue, on voyait légèrement ses veines, la chance, les miennes ne se voyaient plus, disparaissaient sous ma peau, je m’étais flingué le bras, j’avais fini par attaquer le pied. Les marques ne partaient pas, et je savais qu’elles ne partiraient jamais pour de bon.


- Je crois que c’est un peu différent, parce que je fais beaucoup de thérapie ciblée pour les choses qui me pourrissent au quotidien, l’anxiété, l’envie de boire, la dépression, mes TOCs, donc il y a des sujets précis en quelque sorte. Pour les choses plus… plus intenses et compliquées, la thérapie EMDR marche plutôt bien pour l’instant, ça m’aide à m’ouvrir justement. Mais parfois, quand c’est le bordel… Je le dis. Je dis que je ne sais même pas par quel bout le prendre. Avant, j’étais beaucoup plus secrète, mais je crois qu’en arrivant ici, j’étais tellement épuisée, je n’avais plus la force de lutter, je me suis dit, quitte à faire tout ça… Autant le faire vraiment. Mais ça a pris du temps, et il y a certaines choses dont je ne parle pas toujours pas. Mais écrire, tenir un journal, ça m’aide, il y a des choses qui sont plus faciles à écrire qu’à dire à voix haute. Tu as déjà essayé ? Mais je pense que ça aide de réfléchir à pourquoi tu résistes… Et qu’est-ce que tu aurais à gagner si tu lâchais prise, tu vois ? Parce que parfois je me dis qu’on a peur d’aller mieux… Il faut trouver les raisons qui nous font nous battre. Mais c’est dur d’être autre chose d’un addict, tu ne trouves pas ?

J’avais beau réussir à me concentrer un peu depuis le début de cette putain de journée, et de tenir bon face au mal de crâne qui me vissait les tempes, c’était beaucoup me demander que d’encaisser tout ça. Je toussai un peu, j’avais avalé la fumée de travers, c’était sec et ça me déchirait la gorge. Malheureusement, j’avais fini mon thé.

- D’accord, d’accord, marmonnai-je un peu perdu, pas sûr de savoir faire tout ça pour le moment. Écrire, encore moins. T’as raison, je sais plus quoi être à part un addict en fait.

C’était le plus simple… Je m’en voulais déjà d’avoir pensé tout ça tout à l’heure, l’idée de la drogue avait activé un signal d’alarme dans ma tête, et je me sentais agité, anxieux.

On m’avait déjà dit que l’écriture serait un bon moyen mais ce n’était pas mon truc et ça ne l’avait jamais été ; en plus on m’avait aussi dit que très souvent c’est comme ça qu’on commençait à revenir vers les autres, les proches qu’on avait blessés, on leur écrivait pour expliquer et demander pardon, et je savais d’emblée que ce truc allait être un supplice. Je n’arrivais pas à placer trois mots l’un après l’autre face à Ruby pour parler de moi, alors les aligner sur du papier ? L’enfer.


- La première fois, je me suis sentie heureuse parce que j’étais libre de me foutre en l’air. Mais maintenant, je n’ai plus envie de partir. Au contraire, j’ai peur du jour où je vais devoir partir. Je n’ai plus rien qui m’attend dehors, à part l’alcool… Je ne sais même plus qui je suis. Ici, au moins, je suis en sécurité, c’est plus facile. Et quand j’ai envie de boire… Hm, je me fais du mal. Ça canalise. Mais tu n’as pas intérêt à suivre mon exemple.

Ruby s’était appuyée contre moi, et elle avait embrassé ma main. Tout d’un coup, c’était bizarre. Je ne savais pas trop si c’était le geste, ou ce qu’elle disait et qui me faisait de la peine, le fait que j’étais une épave, que je m’étais confié pour la première fois ou pas mais… Je sentis un truc dans le creux de mon ventre, pour la première fois depuis longtemps. Ça, c’était inattendu. Et moi qui recherchais toujours le contact de Ruby parce qu’elle me faisait du bien, j’étais en cet instant partagé entre l’envie de la presser tout contre moi ou de m’écarter… Un peu gêné.

- Hmm. C’est vrai qu’on est en sécurité, ici. À l’abri des autres, et de nous.

Elle se faisait du mal quand elle avait envie de boire et moi je disparaissais quand je voulais me shooter : la finalité était la même. S’effacer.

- J’essaie de me souvenir que tout ce que l’alcool ou la drogue m’ont promis, c’est un mensonge… Je n’étais jamais plus heureuse avec eux. Parfois, c’était génial, les sensations… Mais ce n’était pas vrai, ce n’est pas ça la vraie vie. J’étais beaucoup mieux avant quand j’étais moi-même, quand je savais être heureuse sobre. J’ai l’impression que c’est ça le pire dans l’addiction, c’est de savoir que c’est un bonheur faux mais qu’on ne sait plus comment faire pour être heureux sans. Je crois qu’il faut que tu te demandes ça… Est-ce que tu as vraiment envie d’être high ?... Au final, c’est superficiel, et on se sent pire après… Tu devais bien avoir ces moments de descente horrible, non ? Et même, ces moments de high, où tu te rendais compte que c’était factice ?

C’était con, mais sa voix et ses paroles me captivaient, et je ne me sentais pas capable d’y résister. Quand elle dit qu’on ne pouvait être plus heureux sans, je sentis que je me remettais à chialer, les larmes coulaient toutes seules : c’était Ruby qui les faisaient venir, en disant trop de choses que je n’étais pas prêt à entendre.

- Et puis, on sait bien, le problème, ce n’est pas l’alcool ou la drogue, enfin, c’est comment on les utilise… C’est ça le fond du problème. Moi, je sais que l’alcool, c’est juste une histoire de perdre le contrôle. Je crois que je me détacherais de l’addiction quand j’aurais traité la racine du problème. Peut-être que quand tu auras affronté pourquoi tu te droguais… Tu n’auras plus envie de fuir.

Mais pour le moment, je voulais fuir. Je luttai même contre les sanglots qui montaient. Elle parlait trop et elle parlait bien, et moi j’avais uniquement l’impression d’être une sale merde.

- Non, c’était jamais faux justement, c’est ça le problème, je veux retrouver ça et ça ne reviendra jamais… C’était les descentes qui étaient horribles, quand la réalité revenait et que je me rendais compte que je ne planais plus, et après c’était les crises de manque et les heures à faire tout et n’importe quoi pour retrouver de quoi me piquer ou autre chose. Ça n’a jamais été faux. Au début en soirée quand je tapais ou que j’avalais toutes les pilules qui passaient, c’est là et uniquement là que j’étais bien. La drogue ça fait tout exploser, tout est beau, tout est coloré, tout est bien. J’étais bien. Ça a juste comme défaut que ça dure pas et que ça s’affaiblit. J’ai pris tout et n’importe quoi, je te jure, je ne saurais même pas tout dire ce que j’ai pris, ça ne suffisait jamais, même des médocs que j’avais tirés à une infirmière… C’est quand j’ai commencé avec le crack que et l’héro que j’ai compris, c’était ça mon truc, il fallait que ça soit puissant. Toutes les fois où je me piquais, après j’étais heureux, je…

En attendant, je chialais vraiment comme un gosse. Quelque chose clochait, je n’arrivais pas à la sortir, et ça me frustrait.

- C’est la réalité qui me rend malheureux. Ma voix s’étouffait, et cette fois je n’avais pas assez de mon pull ou de mes efforts pour retenir les sanglots qui montaient. Je cachais ma tête dans l’épaule de Ruby. C’était plus simple de parler, comme ça. Je sais pas être autre chose qu’un addict parce que je ne veux pas être autre chose. Comment tu veux… J’peux pas me lever tous les matins et vivre normalement, je peux plus, je peux pas faire comme si de rien n’était, je peux pas me réconcilier avec tout le monde et reprendre la vie en cours de route, comment je pourrais ? C’est comme si il y avait un grand trou noir à l’intérieur de moi et que tout s’effondrait dedans, sans jamais que ça s’arrête. Comment tu veux que je lutte contre ça ? Je n’y arrive pas, et le seul moyen que j’ai trouvé me détruit, super, qu’est-ce qu’il me reste ?

La dernière fois que je m’étais dit ça, j’avais doublé la dose d’héroïne dans ma seringue, et je m’étais réveillé à l’hosto.

- Je ne sais pas quoi faire, Ruby, et je crois que personne n’a la solution, même pas toi, non ?

Elle sentait bon. Peut-être qu’auprès d’elle c’était possible, peut-être… Je me redressai pour voir son visage, je ne voulais pas qu’elle me mente. Je voulais aussi qu’elle m’embrasse, pour combler un peu le grand trou noir, j’en avais envie, j’en avais besoin.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3   We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3 Icon_minitimeSam 2 Mar - 15:27

Peut-être que j’allais à nouveau trop loin, pensai-je. Mais Chuck me demandait, et j’avais envie de répondre sincèrement, de l’aider – je n’avais plus la force de me cacher. Encore aujourd’hui, je n’arrivais toujours pas à établir s’il était plus simple d’être vulnérable ; c’était épuisant, réconfortant, terrifiant, et chaque nouvelle confession m’enveloppait de sentiments contradictoires. Tout ce que je savais, c’était que les apparences étaient trop dures à tenir. J’en avais tellement voulu à Lizlor, à Sara, pour leur discernement et leur amour, qui m’obligeaient à toujours construire des barrières plus hautes, à sourire un peu plus fort pour qu’elles veulent bien croire à mon petit jeu. A quel point m’avaient-elles cru, lorsque j’avais promis que j’allais arrêter, que j’en avais juste besoin pour finir ma scolarité, que tout était sous contrôle ? A quel point y avais-je moi-même cru ?

Je ne me souvenais pas. Quand je pensais à cette période, je ne revoyais que l’immense vide dans ma poitrine, l’impression de mourir à petit feu. Je m’accrochais comme je pouvais, je continuais d’étudier, d’exceller en cours, tout en buvant de plus en plus, jusqu’à plus d’une bouteille par jour, en me convaincant que c’était normal, que c’était pour tenir, que ça serait différent ensuite. Je sentais toujours le whisky, la nausée me collait partout à la peau, aux lèvres, mes mots m’échappaient. Mais surtout, j’avais honte, j’avais tellement toujours honte. Je voyais dans le regard des autres qu’ils s’inquiétaient, je percevais des conversations au détour d’un couloir entre Lizlor et Scott, et je savais très bien qu’ils parlaient de moi. Et à chaque fois, j’avais envie de leur crier dessus, de leur dire qu’ils n’avaient qu’à me laisser tranquille, que leur amour me donnait envie de mourir tellement j’avais honte, je ne le méritais, je ne le voulais pas, je savais qu’il s’évaporerait un jour, alors à quoi bon ? Pourquoi Sara voulait m’adopter alors que je n’étais qu’une pauvre fille égarée, alcoolique comme sa mère, cassée, dépressive ? Pourquoi est-ce qu’ils s’accrochaient à moi alors que je ne pouvais que les décevoir ? Je me sentais coupable, toujours plus coupable, et plus cette culpabilité m’étranglait, plus je buvais pour l’oublier.

Je voulais fuir, et je ne voulais plus. Je ne savais pas. Les larmes étaient montées aux yeux de Chuck, et je compris que mes mots résonnaient en lui, qu’au fond, si toutes les addictions étaient différentes, tous les addicts étaient similaires.


- Non, c’était jamais faux justement, c’est ça le problème, je veux retrouver ça et ça ne reviendra jamais… C’était les descentes qui étaient horribles, quand la réalité revenait et que je me rendais compte que je ne planais plus, et après c’était les crises de manque et les heures à faire tout et n’importe quoi pour retrouver de quoi me piquer ou autre chose. Ça n’a jamais été faux. Au début en soirée quand je tapais ou que j’avalais toutes les pilules qui passaient, c’est là et uniquement là que j’étais bien. La drogue ça fait tout exploser, tout est beau, tout est coloré, tout est bien. J’étais bien. Ça a juste comme défaut que ça dure pas et que ça s’affaiblit. J’ai pris tout et n’importe quoi, je te jure, je ne saurais même pas tout dire ce que j’ai pris, ça ne suffisait jamais, même des médocs que j’avais tirés à une infirmière… C’est quand j’ai commencé avec le crack que et l’héro que j’ai compris, c’était ça mon truc, il fallait que ça soit puissant. Toutes les fois où je me piquais, après j’étais heureux, je…

Cette fois, il sanglotait vraiment, et ses mots m’arrachèrent quelques larmes. Sa vulnérabilité me touchait en plein cœur, j’avais envie d’envelopper Chuck de mes bras, de mon amour, d’aspirer tout ce qu’il ressentait. J’avais envie de lui dire que je comprenais, je comprenais tellement, qu’il avait raison et que moi aussi j’avais mal, moi aussi l’alcool me rendait heureuse. Et pourtant… J’avais envie d’essuyer ses larmes et caresser ses cheveux et lui murmurer qu’il avait tort. C’était impossible à expliquer, mais la réalité était ainsi. Plusieurs vérités cohabitaient ensemble. C’était à la fois simple et complexe : l’alcool et la drogue étaient aussi idylliques qu’infernaux.

- C’est la réalité qui me rend malheureux. Je sais pas être autre chose qu’un addict parce que je ne veux pas être autre chose. Comment tu veux… J’peux pas me lever tous les matins et vivre normalement, je peux plus, je peux pas faire comme si de rien n’était, je peux pas me réconcilier avec tout le monde et reprendre la vie en cours de route, comment je pourrais ? C’est comme si il y avait un grand trou noir à l’intérieur de moi et que tout s’effondrait dedans, sans jamais que ça s’arrête. Comment tu veux que je lutte contre ça ? Je n’y arrive pas, et le seul moyen que j’ai trouvé me détruit, super, qu’est-ce qu’il me reste ?

Il était contre moi, tremblant, et je le serrai fort, pleurant moi aussi. J’aurais voulu parler que je n’aurais pas pu : je n’avais pas les mots, il n’y en avait pas. Et je savais que Chuck n’en cherchait pas non. Il fallait simplement qu’il parle, qu’il s’épuise, et j’étais là pour écouter, pour ne pas lâcher sa main.

- Je ne sais pas quoi faire, Ruby, et je crois que personne n’a la solution, même pas toi, non ?

Il releva son visage vers moi pour me regarder, son regard caché sous le rideau de pluie accroché à ses cils. J’avais tellement envie de lui répondre que si, que j’avais la solution ; jamais je n’avais voulu l’avoir, aussi fort, aussi désespérément. Mais c’était faux. Je n’en avais pas. Je soutins le regard de Chuck. Quelque chose pulsait très fort dans mon cœur.

- Non, je n’ai pas la solution, je suis désolée, murmurai-je d’une petite voix baignée des larmes qui m’avaient échappé. Peut-être que tu ne sais pas comment lutter contre tout ça, mais tu luttes quand même. C’est tout ce qui compte. Je lui fis un petit sourire timide. Moi aussi il y a un grand trou dans ma poitrine… Mais l’alcool ne l’a jamais comblé. Il l’occultait juste. C’est pour ça que je sais que ce n’est pas non plus la solution. C’était vrai, ça, je ne mentais pas. Je le savais à présent. Et si tu es encore ici, c’est que tu le sais aussi, non ? Ajoutai-je timidement.

Nos regards étaient encore accrochés, et le temps défila étrangement, sans que j’en ai conscience. Finalement, il s’appuya à nouveau contre moi, et moi contre lui, nos corps en un arrangement emmêlé. Ils avaient appris à fonctionner ensemble, depuis que nous étions ici, toujours collés l’un à l’autre, un mouvement, nos genoux qui se touchaient sur le canapé, une main pressée sur le bras, un sourire en miroir à celui de l’autre. C’était tellement naturel que ça me faisait mal au cœur.

Je fermai les yeux. J’étais épuisée, comme toujours, mais j’étais bien. L’air était léger autour de nous, le vent doux, le soleil aveuglant. Je pouvais sentir l’herbe fraiche sous moi, l’odeur du rosier, les bruits de la ville terrifiante au loin. Mon cœur se gonflait comme un ballon, et il prenait trop de place dans ma poitrine, débordant sur l’immense trou noir qui s’y logeait. Mais à la différence de l’alcool, mon cœur gonflé n’occultait pas le vide. Il le remplissait.


- J’ai l’impression de vivre en sursis, commençai-je d’une petite voix, les yeux toujours clos. Comme si on m’avait donné trop de chance, que je ne devrais pas être là. Mais je le suis. Et je veux vivre. Les mots m’avaient échappé et ils me surprirent. Mais je veux vivre pour de vrai… Tu vois, l’alcool, la drogue, c’est peut-être génial, mais quand je suis assise là, avec toi, le soleil, le parfum du rosier, de l’herbe… Je me sens vraie. Je me mis à rougir, et à sourire, mon corps se coulant contre celui de Chuck, frissonnant. Quand je suis avec toi, et qu’on parle, qu’on partage tout ça, c’est plus fort et plus vrai que tous les mois où j’étais alcoolique… Ce que je ressens, c’est… Tout à coup les mots me dépassaient, et j’avais peur de continuer, mais je repensai au courage dont Chuck avait fait preuve aujourd’hui, et je me repris. Je me sens connectée à toi, au monde, et je ne me sens plus seule. Les larmes me montèrent aux yeux. Et ça, ça me rend plus heureuse que l’alcool.

Je serrai très fort ma main dans la sienne.

- J’espère qu’un jour, tu trouveras ce qui te rend plus heureux que la drogue, conclus-je, pleine d’espoir. En tout cas, moi, je suis fière que tu essaies.

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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3   We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3 Icon_minitimeDim 3 Mar - 18:46

Elle ne m'embrasserait pas. Je le savais. Elle ne voulait pas et de toute façon elle n'en était pas capable, les mecs lui avaient fait trop de mal, elle en était devenue intouchable. C'était juste que j'aurais aimé... Bah, de toute façon, je ne savais même pas, tout se mélangeait. Je voulais du réconfort, je voulais sentir quelque chose, je voulais être tiré de ma torpeur, mais je voulais arrêter de sentir aussi, je voulais quitter mon propre corps, oublier. Je voulais Ruby, je me souvenais de son corps, de son corps d'avant, du mien. Je voulais retrouver ces sensations, j'en avais ras le bol de me réveiller tous les matins et qu'il ne se passe rien, je me sentais con, ridicule, inutile. Mais je n'étais plus ce mec là, il fallait croire. Je n'étais même plus capable d'embrasser la fille que je tenais dans mes bras. Pourtant j'en mourrais d'envie, quelque chose poussait à l'intérieur de moi, me poussait aussi, comme si on voulait m'écarter les entrailles. Je voulais disparaître entre ses bras, contre elle, dans son étreinte, dans son cou, dans ses yeux, ses lèvres, partout. Mais j'allais tout casser et pour la première fois depuis des mois je savais qu'il me fallait faire le choix de ne pas agir, de ne pas casser, de ne pas tout foutre en l'air. Je n'en avais plus le droit.

- Non, je n’ai pas la solution, je suis désolée. Peut-être que tu ne sais pas comment lutter contre tout ça, mais tu luttes quand même. C’est tout ce qui compte. Moi aussi il y a un grand trou dans ma poitrine… Mais l’alcool ne l’a jamais comblé. Il l’occultait juste. C’est pour ça que je sais que ce n’est pas non plus la solution. Et si tu es encore ici, c’est que tu le sais aussi, non ?

Elle me regardait, et j'avais du mal à rester dans cette position, redressé, comme elle m'avait écarté un peu d'elle. La tête me tournait et je me sentais à deux doigts de tomber dans les pommes, simplement parce que tout était un peu trop intense pour moi. J'avais mis trop d'espoir entre ses mains, c'était débile et je le savais, mais je me sentis tiré d'un coup vers le bas en l'entendant, elle était en gros celle qui m'avait permis de garder la tête hors de l'eau depuis que j'étais au centre, celle qui avait les réponses à tout. Le fait qu'elle me dise cash de ne pas avoir de solution... La déception était intense, et je me sentis encore plus désespérément triste. Si Ruby ne savait pas comment faire, comment pouvais-je espérer trouver la réponse ? Et puis, occulter, combler, le résultat était le même. Sur le moment, la drogue me rendait plus heureux que je ne pourrais jamais l'être. Il n'y avait rien à rétorquer à ça. C'était un choix, c'était mon choix, je pouvais encore le faire.

Mais peut-être qu'elle avait raison...

Je me re-polotonnais contre elle, tout en moi me paraissait friable, mes idées passaient d'une chose à son opposé en une seconde. C'était pour ça que j'étais ici ? Je ne savais pas trop, à vrai dire. C'était peu-être juste pour le regard d'Angie qu'elle avait eu quand j'avais repris connaissance dans mon lit d'hôpital. Ses yeux étaient d'une couleur que je ne leur avais jamais connu, les rides de ses expressions si creusées, j'avais cru avoir dormi dix ans. Elle semblait vieillie d'un coup, et j'avais compris que c'était à cause de moi.


- J’ai l’impression de vivre en sursis. Comme si on m’avait donné trop de chance, que je ne devrais pas être là. Mais je le suis. Et je veux vivre. Mais je veux vivre pour de vrai… Tu vois, l’alcool, la drogue, c’est peut-être génial, mais quand je suis assise là, avec toi, le soleil, le parfum du rosier, de l’herbe… Je me sens vraie. Quand je suis avec toi, et qu’on parle, qu’on partage tout ça, c’est plus fort et plus vrai que tous les mois où j’étais alcoolique… Ce que je ressens, c’est… Je me sens connectée à toi, au monde, et je ne me sens plus seule. Et ça, ça me rend plus heureuse que l’alcool.

... Ça, je ne l'avais pas vu venir, et je la serrai un peu plus contre moi. Elle me vit pas mais je souris, et c'était comme si quelque chose de tiède se répandait en moi et coulait dans mes veines, à défaut d'un fix. C'était doux, et j'aurais voulu la remercier, mais je ne savais pas comment, et l'émotion était un peu trop forte.

- J’espère qu’un jour, tu trouveras ce qui te rend plus heureux que la drogue. En tout cas, moi, je suis fière que tu essaies.

Tout d'un coup j'avais envie de rire : c'était le même effet qu'un fix ! Quelque chose bouillonnait en moi, et venait du bas de mon ventre, pétillant un peu partout, j'avais l'impression qu'on me réveillait gentiment, je sentais un regain d'énergie m'envahir. Je souriais jusqu'aux oreilles, prêt à éclater de rire, j'avais presque l'impression d'être bourré, c'était drôle, je n'avais plus ressenti ça depuis longtemps ; certains médicaments me faisaient cette impression mais ils m'assommaient en même temps alors que là je me sentais léger, léger, j'aurais presque pu m'envoler ! Je me redressai, initiant le mouvement pour la première fois depuis le début de toute cette conversation, et pris le visage de Ruby entre mes mains. Je souriais pour de vrai, je sentais même que mes yeux se plissaient, depuis combien de temps je n'avais pas souri comme ça ? Sa peau était douce mais terne, c'était notre punition parmi tant d'autres choses, la drogue et l'alcool défonçaient jusqu'à la teinte de la peau, histoire de bien nous rappeler à chaque instant les conneries qu'on avait faites. Mais ses grands yeux bleus, humides, brillaient plus fort que tout le reste. Mon pouce caressa sa joue, le dessous de ses lèvres, le contour, si je ne pouvais pas les embrasser je pouvais au moins les toucher du bout des doigts. Pour l'instant, ça me suffisait : mon coeur battait fort et ma chair s'excitait, mais c'était agréable, c'était une sensation retrouvée, et elle m'avait beaucoup trop manqué pour que je la brusque et que j'en brûle les étapes. La peau de Ruby rosissait un peu sous mes doigts, je sentais son trouble, il répondait au mien. J'embrassai son front en fermant les yeux. Peu importe la déchéance qu'elle avait subie, je l'aimais tout autant.

J'étais un peu plus capable d'aligner quelques mots, et après avoir lâché le visage de Ruby et m'être ré-installé contre elle, j'allumai une nouvelle cigarette. Un léger poids s'était envolé de mes épaules, et je me sentais capable d'avancer un peu : c'était déjà ça.

- Au début je m'en foutais des autres, je veux dire, je sais que j'ai abandonné tout le monde derrière moi, mais ça ne rentrait pas en compte, au contraire. Maintenant je crois que c'est un peu différent. Je ne veux plus briser le coeur de ma tante, de mon oncle... Je veux retrouver mes potes, je veux qu'ils comprennent que ce n'était pas contre eux. Ils ne remplaceront rien mais... Non, ils ne remplaceraient jamais Coop... Qui le pourrait ? Mais je veux dire... Je m'emmêlais un peu les pinceaux. Je voudrais les retrouver, je crois. Comme toi avec Lizlor, non ? Et avec Wayland, tu te sens comment ?

C'était toujours un peu bizarre de se dire qu'elle était devenue la fille de la directrice mais bon, on s'y faisait. L'ombre de mes parents plana une seconde dans ma tête. S'il y avait bien un paramètre qui ne rentraient pas en compte, c'était bien ces abrutis... Je ne savais même pas ce qu'ils étaient devenus, et je m'en foutais complètement.

- Grâce à toi je me sens moins seul moi aussi tu sais. Et j'avoue que je suis plutôt fier de toi aussi... Tu t'en sors plutôt pas mal, pour une Serdaigle !

Je lâchai un petit rire et passai mon bras autour de ses épaules. C'était elle qui avait raison : pour le moment, on n'était pas si mal.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3   We've gotta outgrow and feel a little heart hope #Chuby3 Icon_minitimeLun 4 Mar - 19:23



Chuck eut à un nouveau un mouvement brusque, mais cette fois-ci, il n’était pas nerveux, au contraire, il était souple, léger, et Chuck devint comme une petite bulle de savon qui s’envolait, simplement raccroché au sol par ses deux mains qu’il avait glissé autour de mon visage. Une série de petits frissons remonta le long de mes bras, chatouillant mes clavicules, ma nuque. Chuck avait son regard vrillé dans le mien, mais tout son visage me souriait, pour de vrai, ses yeux pleins de confettis. J’avais lu quelque part que les faux sourires n’utilisaient pas les mêmes muscles que ceux sincères, et cette fois-ci, je voulais bien le croire, car je ne connaissais plus cet air-là à Chuck, celui où tout son visage s’enflammait et brillait doucement, ses fossettes creusées dans ses joues qui avaient repris quelques rondeurs. Mon regard s’y accrocha peut-être un millième de secondes de trop, je me fis la réflexion qu’elles étaient mignonnes, ses fossettes, que ça lui donnait du charme, et quelque chose crépita tout doucement dans ma poitrine. Mais quand je relevai les yeux vers ceux de Chuck, alors que son pouce était si proche de mes lèvres, je sentis que le crépitement était devenu un brasier diffus, terrifiant, agréable, étrange. J’avais chaud au bout des doigts, et mes mains s’étaient mise à trembler malgré moi. Cela faisait longtemps que l’on ne m’avait pas regardé comme ça. J’eus peur, tout à coup, que Chuck se penche et m’embrasse, et surtout peur d’en avoir moi aussi envie.

Mais lorsque Chuck se pencha, ce ne fût pas ma bouche qu’il embrassa, mais mon front, une vague de soulagement m’envahissant, et mon visage s’appuya instinctivement contre ses lèvres tièdes. J’avais envie de disparaître dans ce baiser-là, dans la tendresse qui en émanait et que je me sentais incapable de recevoir, incapable de refuser. L’angoisse me gagnait, et pourtant, c’était pour ces instants-là que je voulais rester en vie, je le savais, au fond…


- Au début je m'en foutais des autres, je veux dire, je sais que j'ai abandonné tout le monde derrière moi, mais ça ne rentrait pas en compte, au contraire. Maintenant je crois que c'est un peu différent. Je ne veux plus briser le coeur de ma tante, de mon oncle... Je veux retrouver mes potes, je veux qu'ils comprennent que ce n'était pas contre eux. Ils ne remplaceront rien mais... Mais je veux dire... Je voudrais les retrouver, je crois. Comme toi avec Lizlor, non ? Et avec Wayland, tu te sens comment ?

Cette fois-ci, c’était pour moi que ça en devenait un peu trop, et je me redressai un peu, le cœur battant. Chuck voulait renouer avec les gens, et c’était bien, c’était un bon signe, et j’étais soulagée de l’entendre dire ; mais tout cela se mit à remuer trop de choses en moi, et l’évocation des Wayland n’arrangea rien. Je rallumai moi aussi une cigarette, sentant que quelque chose se désagrégeait en moi, comme à chaque fois que je parlais des Wayland, de tous ceux que j’avais déçu. J’étais terrifiée. Je repensais à la lettre que j’avais tenté d’écrire à Lizlor, et la nausée me reprit, et j’avais envie de me couper jusqu’à que mon corps disparaisse, mon cœur aussi, tout, le reste…

- C’est bien, c’est un bon signe que tu veuilles les retrouver… C’est difficile à imaginer parfois, mais je suis sûre que tu vas y arriver, dis-je, encourageante, mais ma bouche était sèche. Comment dire tout ça, alors que j’étais persuadée que personne ne voudrait me reprendre… Mais c’était différent, Chuck était différent, sa famille lui pardonnerait, c’était sa famille… Moi, j’étais une pièce rapportée, et les Wayland devait avoir honte, n’est-ce pas ? Oui, oui, je… J’aimerais beaucoup retrouver mes amis, Scott, Rita, Ana… Et bien sûr, les Wayland. Lizlor, Sara. Même Conrad... Je leur en ai tellement voulus de m’aimer si fort, et maintenant, je m’en veux de ne pas avoir réalisé ma chance. Je pense que Sara va vouloir annuler l’adoption, mais je ne lui en veux pas, elle doit avoir honte, et moi aussi… Quant à Lizlor… Ma voix se brisa. J’ai essayé de lui écrire une lettre pour son anniversaire, je n’ai pas réussi. C’est pour ça que je ne veux pas sortir d’ici. Je n’ai plus personne dehors. J’ai trop peur, je sais qu’ils ne voudront plus de moi, murmurai-je tristement.

Chuck avait des gestes réconfortants, et je me coulais contre lui, contre son énergie douce et masculine qui me berçait. Nous étions tout cassés, et pourtant, nous trouvions un réconfort l’un dans l’autre. Comment était-ce possible, comment pouvions nous puiser une telle énergie en nous pour l’offrir à l’autre, énergie dont nous manquions cruellement pour nous aider nous-même… Peut-être que c’était ça, l’énergie du désespoir.


- Grâce à toi je me sens moins seul moi aussi tu sais. Et j'avoue que je suis plutôt fier de toi aussi... Tu t'en sors plutôt pas mal, pour une Serdaigle !

Je m’entendis rire malgré moi, mon cœur se gonflant à nouveau, et je le laissai me taquiner, répondant par une grimace et une petite chatouille dans ses côtes.

- Tsss, arrête, on sait bien que les Serdaigles sont les plus intelligents, c’est pour ça, répliquai-je en souriant. J’avais presque oublié que j’avais eu une maison, une famille, et je me sentis mélancolique tout à coup. Et toi, tu es bien un Gryffondor… Courageux, ajoutai-je avec un sourire timide.

Il fallait simplement qu’il le reste. Qu’il reste.
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