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Dommages collatéraux [H.M] [Ended]

 
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 Dommages collatéraux [H.M] [Ended]

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Taylord Reegan


Taylord Reegan
Élève de 7ème année



Féminin
Nombre de messages : 2576
Localisation : Ben regarde, sur ma licorne magique... Ah, tu la vois ? Okay, arrête le jus de citrouille alors, visiblement ça te fait pas que du bien.
Date d'inscription : 26/02/2010

Feuille de personnage
Particularités: J'ai dix doigts. C'est fou hein.
Ami(e)s: C'est comme la poussière d'étoiles. Si t'y prends pas gaffe, elle s'effrite entre tes doigts...
Âme soeur: Il a un petit faible pour les cow-girls.

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MessageSujet: Dommages collatéraux [H.M] [Ended]   Dommages collatéraux [H.M] [Ended] Icon_minitimeVen 1 Juin - 14:21

♪ Have we lost ♫


Please don't tell me any more
There's a weight in your eyes
And it weighs on my heart
Where have the children gone
We were innocent once
But that was so long ago

Ce cours d'arithmancie n'allait-il donc jamais prendre fin ? Je regardais ma feuille de parchemin remplie à la fois de chiffres et de lettres. Les calculs restaient simples, mais je n'avais jamais aimé les maths. Ce n'était pas aujourd'hui, pour le bon plaisir des professeurs que ça allait commencer. Ras le bol de faire des efforts. Quelques minutes plus tard McFarlan nous demanda finalement de nous rendre ce que nous étions censée faire durant l'heure – sans prendre la peine de relire l'exactitude de l'exercice qui de toute façon n'était pas terminé, j'abandonnais vaguement la papier sur sa table, au milieu de celle des autres. De toute façon, ce n'était pas le genre de matière qui allait m'enseigner quoi que ce soit qui pourrait me servir dans la vie, aussi même si j'allais me coucher tout aussi bête ce soir... Je n'en avais plus rien à foutre. Plus les jours passaient assez de Poudlard ainsi que de ces habitants tout comme de ces imbéciles d'escaliers qui se mirent encore à bouger pour je ne sais quelle raison, déviant notre trajectoire, à moi, et le reste des élèves qui allaient également rejoindre la grande salle parce que c'était l'heure du déjeuner. Poussant quelqu'un devant moi et qui n'allait pas assez vite à mon goût par l'épaule, je franchis la dernière marche, qui menait un peu plus loin vers la cour de la tour de l'horloge.

Il y avait affluence à cette heure ci, c'était un lieu de passage, ce qui ne m'empêcha cependant pas de la repérer, car j'aurais reconnu sa chevelure noire entre mille. Sans même prendre la peine de réfléchir à ce que j'allais dire ou faire, je fendis une nouvelle fois la masse pour la rejoindre. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire de toute façon ?! Est-ce qu'elle s'était seulement gênée, elle ?! Je ne crois pas non. Elle n'avait pas son mot à dire. Elle avait voulu tenter le diable ? Tant pis pour elle. Ces derniers temps, de plus, on m'avait suffisamment prouvé que faire des efforts, essayer de comprendre... ça ne servait à rien. Autant réagir de manière radicale. Ça faisait plus de mal certes, mais moi, tout le monde s'en tapait de si j'étais blessée ou pas. Je ne voyais pas en quoi, à ce titre, j'aurais dû être différente.

J'attrapai Haruhi par un bout de vêtement, le regard peu avenant, sans même la saluer, pour lui faire comprendre que j'avais envie de l'emmener à l'écart – le seul avantage qu'on pouvait trouver dans cette situation, c'était que comme il y avait du monde qui allait et venait, personne n'allait prendre garde à nous. Et laver mon linge en public avec Chuck – ça y était à la simple évocation de son nom, cela me mis en rogne immédiatement, ça n'allait pas arranger les choses avec Haruhi – ne m'avait pas enchanté. J'avais des comptes à régler. Avec une seule personne. Les autres, ils pouvaient aller se faire voir là où je pense. Je regardais rapidement tout autour de nous pour vérifier que personne ne pouvait entendre notre conversation ; il n'y avait que des commères dans ce château de malheur, je l'avais jamais dit, on était jamais trop prudent, déjà qu'avec tout les bruits qui couraient, j'avais envie d'enfoncer mon poing dans la bouche de tout le monde, on allait pas en rajouter.

Je me tournai finalement vers Haruhi. J'étais tout en face d'elle, mais trop loin pour que tout cela paraisse franchement naturel. Je la dévisageai pendant un instant d'un air mauvais – au fond j'espérais qu'elle se dénonce d'elle même, mais après tout, depuis le temps que ça durait, c'était comme me demander de croire encore au père noël, je pouvais toujours crever pour qu'elle soit honnête avec moi. Ce n'était pas comme si elle l'avait été un jour après tout.

- Alors ?! J'avais essayé de garder un ton neutre, mais ça résonnait plus comme un aboiement. Ce n'était plus l'heure de faire des bons sentiments. Tu t'es bien amusée ?!

Je voyais à la tête qu'elle tirait qu'elle n'avait pas l'air de comprendre où je voulais en venir, ce qui eu le don de m'agacer encore plus, parce que ça voulait sans doute dire qu'elle ne trouvait rien à se reprocher. Ça voulait dire aussi qu'elle n'avait aucun scrupules et je sentis mon cœur se serrer parce que cela me laissait dans l'idée qu'il n'y avait rien à récupérer, pas la moindre petite once d'amitié à sauver. Très bien, puisque c'était comme ça, moi non plus je n'allais pas chercher à comprendre.

Et puis, avouons le c'était tellement plus simple de se mettre en colère – cela ne laissait aucune place à la réflexion ni à la culpabilité. Je n'avais pas besoin que toutes ces conneries se rajoutent au reste.

- Attend, laisse moi d'viner, c'est parce qu'en fait tu comptais sûrement me le dire un jour...
ironisai-je, en croisant mes bras sur ma poitrine tout en relevant légèrement les épaules pour avoir l'air plus imposante. Quand ?! A chaque fois, j’enchaînai sans même lui laisser le temps de répliquer. J'avais l'impression que si ce que j'avais sur le cœur ne sortait pas tout de suite ça allait éclater dans tout les sens. Une fois de plus, je répondis à sa place, une fois que ton super grand copain Carlton t'aurait donné l'autorisation ?!

C'était assez clair maintenant ? Elle allait saisir le message ? Bien sûr, les sous entendus et moi, lorsque quelque chose me contrariait vraiment, ça ne marchait qu'un temps. Je n'étais pas du genre à laissé traîner de gros abcès qui ne demandaient qu'à être crevés, même si j'avais attendu quelques jours, avant de mettre Haruhi au pied du mur – non seulement ça m'avait permis de ruminer d'avantage contre elle, mais pour être franche, ça avait été dans l'intérêt de tout le monde, parce que j'avais tellement eu envie de la démolir qu'à ce moment là, je serais sans doute allée au bout de mes pensées. Je ne savais pas trop d'ailleurs ce qui me retenait. Sûrement parce que nous avions été trop proches, et que pour moi, ça avait été réel. Pour ce qu'elle en avait sûrement à foutre maintenant...

- Et Scarlett aussi, t'vas lire ses lettres sans lui demander son autorisation ?! Whouahou, mais quelle super amie tu fais, vraiment... Ou alors c'est juste moi la pauv' conne de service ?!
Ça ne l'avait pas dérangé de la prendre, et puis ce n'était pas le genre de choses que je laissais à la vue de tous, donc elle avait forcément dû fouiller un peu ; et par conséquent ça ne l'avait pas dérangé de lire ce qu'il y avait à l'intérieur de l'enveloppe aussi alors. Tout mes problèmes, toutes mes peines, toute ma souffrance réunies sur une coupure de journal et deux trois mots écrits dans une lettre qui l'accompagnait... C'était trop. Beaucoup trop me demander pour être compréhensive. Et tu oses faire porter l'chapeau à ta mère en inventant des conneries... « Ma mère connaissait tes parents, elle m'a dit qu'ils étaient morts.. ». Qu'elle ne me demande plus de la croire sur quoi que ce soit après ça, elle avait simplement menti en créant ce bobard de toutes pièces pour se donner bonne conscience, il n'y avait pas à chercher plus loin. Ça aussi c'est Chuck qui t'a d'mandé de m'sortir ça ?! Évidemment, Carlton est tellement formidable...

Mais oui, Chuck est si génial, Chuck est si drôle, Chuck peut être un pauvre con et envoyer tout ceux qui le dérangent se faire aller voir en enfer, qui allait se mettre en travers de son chemin ?! Personne. Carlton pouvait être le dernier des connards, tout le monde en avait conscience mais ça ne les contrariait pas de lui baiser les pieds, mais attention, toi si tu fais le moindre truc de traviole on te colle une putain d'étiquette sur le dos jusqu'à la fin de ta scolarité. Et bien moi Chuck Carlton, il me sortait pas les yeux et pas qu'un peu et il pouvait toujours crever pour que je m'efface sur son passage. Michiko elle faisait ce qu'elle voulait si c'était son choix de faire la carpette, grand bien lui fasse, mais je refusais d'être une seconde de plus d'être l'intermédiaire entre les deux.
Chacun sa merde, et vu comme elle s'était empêtrée dedans, ce n'était pas moi qui allait l'en sortir.





I think they lost something that they miss
I wanna find that book
Dust it off and read it again
There was hope in the end


Dernière édition par Taylord Reegan le Sam 30 Juin - 23:55, édité 1 fois
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Haruhi Michiko


Haruhi Michiko
Elève de 7ème année & Préfète



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Particularités: Il me manque une case. Mais bon vu que quasiment tout Poudlard a le même problème, je m'inquiète pas!
Ami(e)s: Scarlett, Taylord, Lilian (sniff) principalement. Trio de Gryffondor 8D
Âme soeur: Tout raisonnement sur l’amour le détruit

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MessageSujet: Re: Dommages collatéraux [H.M] [Ended]   Dommages collatéraux [H.M] [Ended] Icon_minitimeSam 2 Juin - 14:32

Je n’y avais pas vraiment fait attention. C’était juste un détail, au début. Mais je réalisais que ça faisait bien quatre jours que je n’avais pas parlé à Taylord, quatre jours depuis lesquels nous n’avions pas étudié ensemble, quatre jours où elle ne s’était pas assise à mes côtés dans la Grande Salle, le matin. Je connaissais Taylord. Elle ne se plaignait jamais, encaissait tout avec un courage que je lui avais autrefois envié –avant de découvrir que c’était plus une carapace qu’autre chose- mais je savais que quelque chose avait changé. Il fallait que je la trouve. Elle m’avait suffisamment aidée, motivée pour que je lui rende la pareille. Après tout ce serment tenait toujours : nous pouvions compter l’une sur l’autre. Je savais que Taylord avait cours d’Arithmancie, elle était dans le demi-groupe différent du mien, et j’avais cours juste après elle. Cela semblait le moment parfait pour lui parler. Je n’aimais pas vraiment manquer les cours, mais je considérais que c’était justifié : je pouvais bien sacrifier une heure pour elle.

Je descendais du dortoir et prenait la direction de la cour, lieu de rassemblement par excellence. e me sentais plutôt légère. Taylord, Scarlett, ma façon d’ignorer Elliott et mon poste de préfète entre autres m’avaient permis de remonter la pente. Forcément, je vacillais encore mais possédais suffisamment d’assurance pour tenir. C’était l’essentiel. J’y parvenais plutôt rapidement, et par chance, Taylord n’était qu’à quelques mètres de moi. Elle s’approcha de moi et un simple coup d’œil me permit de savoir que mes suppositions se révélaient exactes. Elle n’allait pas bien.

Mais ses yeux – ils avaient la particularité d’être très expressifs- me révélaient autre chose. De la colère. Lorsqu’elle saisit ma manche, je remarquais que c’était à quelqu’un en particulier qu’elle adressait ce regard amer, et furieux. Moi.


Alors ?! Tu t'es bien amusée ?! fit-elle avec une violence que je ne lui connaissais pas. J’étais sous le choc, interdite, parce que je ne l’avais jamais vue comme ça et que ça me troublait, mais surtout parce que je n’avais aucune idée de ce que j’avais bien pu lui faire. Et je voyais qu’il s’agissait de quelque chose qu’une saute d’humeur. Elle avait des traits crispés, et était pleine d’une rage qui m’était inconnue. J’hésitais à presser ma main sur son bras, pour la calmer. Je renonçais immédiatement, lorsque que je pris conscience que de toute évidence, elle refuserait.

-Attend, laisse moi d'viner, c'est parce qu'en fait tu comptais sûrement me le dire un jour... Quand ?! Une fois que ton super grand copain Carlton t'aurait donné l'autorisation ?!

Toute tentative de répliquer était vaine. Parce qu’elle ne me laissait pas parler. Et de toute façon qu’aurais-je à répondre ? Que je ne comprenais pas ? Carlton. Elle l’avait appelé Carlton. Et la tendresse qu’elle avait dans la voix lorsqu’elle le mentionnait avait complètement disparu. Il n’y avait plus que ça : quelque chose qui s’embrasait, un mélange de regret, de fureur et de trahison. J’ignorais ce qu’il lui avait fait. Il l’avait blessée, et pas qu’un peu. Mais à cet instant, il me semblait qu’elle me détestait autant que lui.

-Une autorisation ? Te dire quoi ? répliquais-je, mais c’était presque inaudible. J’ignorais de quoi elle m’accusait. J’ignorais pourquoi cette Taylord que j’avais en face de moi se comportait ainsi. Et les raisons qui expliqueraient ça, elles m’étaient totalement obscures.


- Et Scarlett aussi, t'vas lire ses lettres sans lui demander son autorisation ?!

Cette lettre. Qui pour moi n’avait jamais eu grande importance. C’était la première fois que j’avais rencontré Chuck. Il m’avait rendu un service, et j’en avais fait de même. J’avais cherché dans les affaires de Taylord. Mais je n’avais rien ressenti qui ressemblait à de la culpabilité. Peut-être une once, dans l’instant. Il m’avait dit qu’il connaissait Taylord et qu’il avait besoin de son adresse. C’était tout. Elle était à l’époque déjà mon amie, bien que je ne sache absolument rien d’elle. Je n’avais rien lu, rien. Et le lendemain, j’avais oublié, parce que c’était un détail. Mais aujourd’hui ce n’était plus le cas.

-Je ne lis les lettres de personne ! m’exclamais-je, sans pouvoir me contrôler. Ce n’était pas la première fois qu’on me détestait. Ce n’était pas la première fois que je me disputais avec quelqu’un à qui je tenais.. J’avais déjà menti. Mais si je l’avais fait, même si j’avais échoué, c’était pour préserver les autres. Et ne surtout pas leur faire du mal. Elle m’accusait d’avoir menti, manipulé, sans scrupules et sans remords. Elle me connaissait. L’idée même qu’elle puisse penser, après tous ce temps, ces épreuves que je n’avais pas été sincère, était inimaginable. Et pourtant. C’était donc comme ça qu’elle me voyait ? Comme quelqu’un d’abject qui avait joué avec elle comme on joue avec des pions et qui était allée chercher dans ses affaires ce qu’elle ne voulait pas expliquer ?

-Whouahou, mais quelle super amie tu fais, vraiment... Ou alors c'est juste moi la pauv' conne de service ?!

Je me mordais les lèvres, de façon stupide, espérant que ça allait m’apporter un quelconque réconfort. Taylord, celle que j’appréciais, celle qui m’avait accordée sa confiance, celle qui m’avait tenu la main, celle avec qui j’avais ri à la soirée des Gryffondor, existait-elle encore ? Et plus les mots s’enchaînaient, plus je sentais la haine dans sa voix, plus je prenais conscience qu’il ne resterait rien de notre amitié après ça.

C’était surréaliste. La situation. Ses mots. Ou tout simplement ça. Ce que nous étions en train de faire. Et pourtant ça avait lieu, là, et j’étais en train de la perdre comme elle me perdait. Je ne lui en voulais pas. J’étais trop abasourdie pour ça. Avait-elle la moindre idée de ce qu’elle était en train de faire ? De ce que ça voulait dire ? Son articulation maladroite et ses prunelles qui rougeoyaient ne laissaient pas de place au doute : elle ne pensait plus à rien. A ce stade, je pouvais presque m’attendre à ce qu’elle me gifle, et ça m’était égal ; ce n’était pas pire que ce qu’elle faisait déjà. Mon silence m’accablait davantage, mais j’étais incapable de formuler quelque chose de construit.


-Et tu oses faire porter l'chapeau à ta mère en inventant des conneries...

Elle me donna l’occasion de lui répondre, mais surtout pas comme je l’aurais voulu. Je n’étais pas responsable. J’avais commis une faute, je l’avouais, mais inconsciemment. Je n’avais jamais, jamais voulu de ça et qu’elle considère que j’avais tout organisé, depuis le début jusqu’au final, qui devait être la grande explosion, et que j’étais en plus fière de moi, c’était déjà suffisamment blessant. Mais qu’elle m’accuse d’avoir joué sur ce tableau… c’était la pire insulte qu’elle pouvait me faire.

C’est quelqu’un d’autre qui prit possession de moi au moment où je saisissais ses poignets. Je n’allais pas la frapper. Je ne voulais pas lui faire mal. Je voulais juste qu’elle m’écoute, et qu’elle me regarde dans les yeux et qu’elle répète. Elle n’avait pas le droit.


-Mais est-ce que tu entends ce que tu dis ? Selon toi, on aurait comploté de notre côté, je t’aurais menti tout le long, sur moi, et dans quel but ? Je n’essayais même pas me contenir. Dis moi une seule fois où je ne t’ai pas soutenue, une fois où j’ai voulu te faire du tort, je savais déjà sa réponse. La lettre. Je pouvais lui dire que c’était de la faute de Chuck. Mais ça ne réglerait rien, empirerait les choses sans doute. Elle ne voulait pas me croire, peu importe ce que je disais, ça menait à la même conclusion : je l’avais trahie et elle ne me le pardonnerait jamais. Je finis par relâcher ses poignets, à bout de force, comme si prononcer ces mots m’avait complètement vidée. J’étais exsangue.


-Ça aussi c'est Chuck qui t'a d'mandé de m'sortir ça ?! Évidemment, Carlton est tellement formidable...

Comment ça pouvait être réel ? Elle commençait à s’engager sur un chemin qui n’avait plus rien de logique.

-Mais je m’en fous de Chuck ! Qu'est-ce que tu racontes? lui hurlais-je, consciente que je n’avais plus une once de maîtrise, de contrôle. Bien sûr que je ne m’en fichais pas. Parce qu’il lui avait fait du mal, et je ne savais pas pourquoi, ni comment. Parce qu’il était partiellement responsable. Mais j’étais loyale, et je ne dirais rien. J’irais le voir lui, et il me devrait des explications. Parce que sans aucun doute, cette histoire de lettre, qui pourtant le discréditait, parvenue aux oreilles de Taylord, c’était lui qui l’avait révélée. « Révéler » Pourtant ça n’avait jamais été un secret.

Mais pourtant les conséquences étaient les mêmes. La trahison. Les éclats de voix. Et à la fin, des débris de quelque chose qui ne pourrait jamais redevenir entier.
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Taylord Reegan


Taylord Reegan
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MessageSujet: Re: Dommages collatéraux [H.M] [Ended]   Dommages collatéraux [H.M] [Ended] Icon_minitimeLun 4 Juin - 20:58

La situation partait complètement dans tout les sens et je ne savais plus quoi faire. Tout était lentement en train d'exploser de partout et les débris s'éparpillaient lentement sur le sol. C'était le genre de truc qui non seulement mettait des heures à être ramassé, mais surtout : est-ce que c'était possible ? C'était des restes si minimes, si infimes que les trouver à la loupe était insuffisant. Les morceaux étaient devenus poussière et s'envolait pour toujours dans le vent, laissant seulement le souvenir de quelque chose qui avait vécu, qui avait existé, qui avait été là – même si à présent, il avait disparu.

Ce qui était en train de se passer... ça m'échappait du début à la fin. C'était comme si j'étais guidée par mes mots, mes gestes et ma colère, parce que toute raison avait disparu et que j'agissais sans vraiment en avoir conscience. Je flottais dans ce monde qui ne m'appartenait pas et tout ce que je disais à Haruhi ne semblait avoir aucun impact sur elle – elle ne comprenait pas. Et ça me faisait enrager encore plus car deviner que ce qu'elle trouvait anodin avait pour moi toute son importance, c'était comme si je me battais pour une cause qui était perdue d'avance. Peut être que ma réaction était démesurée, pourtant il m'était impossible de faire autrement. On m'avait gavé, on m'avait rempli jusqu'à ras bord, jusqu'à ce que ça explose et tant que tout n'était pas déversé, ça ne pouvait pas aller mieux. Je ne contrôlais plus rien. Il n'y avait plus de frein. La voiture n'avait plus qu'à foncer dans le mur ; le nombre de victimes ne se verrait qu'à cette issue.

-Je ne lis les lettres de personne !

Je voulus rire pour le prouver à quel point son mensonge était ridicule et que ce n'était pas comme ça qu'elle allait me faire changer d'avis. Et le pire, c'était qu'elle y croyait.

Ce n'était pas comme si elle était allée piocher dans mon armoire où dans ma valise pour prendre un vêtement, une plume, où que sais-je encore, n'importe quel truc stupide et sans intérêt pour lequel, jamais je ne m'en serais formalisée. Tout prenait cependant une importance de taille, parce que cette lettre, aussi innocente pouvait-elle paraître en apparence m'avait chaque jour laissé le souvenir qu'une partie de ma vie avait été détruite, d'un revers de main, dans un claquement de doigt, et sans qu'on me demande si c'était ce que je voulais ou pas. Là, c'était exactement pareil : Haruhi était allée se servir bien tranquillement, comme si c'était la chose la plus normale à faire du monde. Alors oui, j'étais blessée, parce que c'était comme si on avait voulu rentrer de force dans mon intimité, tout ça parce que j'avais voulu garder mes problèmes, mes peines, enfouies en moi. Ce que je ressentais, pour elle, comme pour Chuck, finalement, ils s'en fichaient pas mal. C'était ce qu'il comptait le plus pour moi, mais même ça, ils s'en tapaient. Ils s'en tapaient tellement, qu'ils avaient poussé le vice jusqu'au bout en me testant et en inventant des mensonges encore plus gros qu'une maison pour voir si j'allais l'avaler. Ce que j'avais lamentablement fait, parce que j'avais toujours pensé que Haruhi était mon amie. Mais là encore, il fallait croire que je ne comptais pas assez pour elle pour qu'elle me dise qu'elle l'avait trouvé, qu'elle l'avait lu. Elle avait trouvé autre chose à dire, sans même que je n’amène le sujet moi même pour endormir ma méfiance. On pouvait au moins le reconnaître ça, elle avait bien orchestré son coup, elle aussi.

J'eus un mouvement brusque vers l'arrière, en remontant les avants bras lorsqu'elle m'attrapa – exactement de la même façon qu'il l'avait fait – ce qui nous fit chanceler toutes les deux. Ses mains étaient beaucoup plus fines et frêles que celles de Chuck et pourtant ce souvenir était encore tellement intense, puisque seulement quelques jours étaient passés, que je pouvais exactement imaginer la douleur dans ses moindres détails...

-Mais est-ce que tu entends ce que tu dis ? Selon toi, on aurait comploté de notre côté, je t’aurais menti tout le long, sur moi, et dans quel but ? Dis moi une seule fois où je ne t’ai pas soutenue, une fois où j’ai voulu te faire du tort.

J'avais l'impression d'être une petite fille prise en faute à qui l'on faisait la morale et m'en sentie presque humiliée, parce qu'elle osait retourner la situation contre moi, comme si j'étais finalement la seule fautive de l'histoire et que je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même. J'en avais assez de ses beaux discours – je me rappelais très bien de tout ce qu'elle avait dit lorsque nous avions discuté à la bibliothèque, toutes les deux pleines de doutes. Nous nous étions rapprochées, j'avais pensé que tout serait enfin différent... Mais en fait, il n'en était rien, elle n'avait pas le droit de me demander d'être raisonnable. J'avais essayé de comprendre Chuck, la preuve, il n'avait pas réussi à me convaincre immédiatement que tout ce qu'il s'était passé entre nous n'était que de la poudre aux yeux. Forcément, ça remettait en cause beaucoup de choses, surtout le principe de confiance. Si Carlton en avait abusé, alors qu'il était pote avec Haruhi et qu'ils avaient monté leur petit coup ensemble apparemment, pourquoi en serait-il différent avec elle ?! Je ne voulais pas écouter ses arguments, car ce n'était qu'une façon de plus de m'embobiner. Elle ne pouvait pas me demander une pareille chose alors que j'avais juste l'amère sensation d'être le seule personne honnête dans cette putain de pièce de théâtre où tout le monde jouait un rôle en s'amusant bien.
Le rideau était tombé, les masques aussi.

Elle parlait de but... Justement. Au fond, même si j'étais incapable de le lui avouer, je crevais d'envie qu'elle me donne une seule preuve, une seule bonne raison de me montrer que je me trompais, que tout cela n'était pas ce qui semblait paraître, pour m'empêcher de perdre les pédales. Que tout ceci ne pouvait pas être vrai, que c'était beaucoup trop ahurissant pour que tout ce qu'il était en train de se produire dans l'instant soit possible. Et pourtant... Et pourtant, c'était bien la réalité, ça l'était, et tout ce qu'elle pourrait faire n'y changerait plus rien. J'avais retenue la leçon puisque Carlton me l'avait ancré de manière si brutale, que celle ci, je ne risquais pas de l'oublier...

- On dirait qu'vous vous êtes pas accordés sur ce coup...
crachai-je, alors qu'elle me lâchait enfin et que je prenais bien soin de m'éloigner encore un peu.

Elle avait loupé un épisode, et peut être même pas qu'un seul, ce qui me confortait dans l'idée, qu'une fois de plus, elle était en train de me raconter des conneries – sûrement plus de la moitié des Gryffondor avaient dû nous voir dans la salle commune, alors qu'elle ne vienne pas me dire qu'elle n'était au courant de rien. Elle essayait de me faire avaler exactement le contraire que ce que m'avait révélé Chuck, avec son éternel sourire moqueur. Elle se contredisait donc toute seule.

Elle n'avait pas non plus à me faire subir un interrogatoire comme elle était en train de le faire, c'était moi qui avait besoin d'explications, des explications crédibles pour une fois, parce que j'en avais assez d'être menée en bateau, comme une petite expérience à qui on faisait subir toutes sortes de chocs pour voir comment elle allait réagir. Je ne répondis pas à ses questions, parce que peut être qu'elle ne s'en rendait pas compte, mais elle répondait elle même. A la place, j'en posais d'autres.

- Donc tu vas m'dire que si demain j'vais piocher dans tes affaires et que je te vole des objets de valeurs, tu t'en tapes ?! Mais qu'elle ait au moins la décente d'être une dernière fois loyale avec moi ! Parce qu'il était évident qu'après ce règlement de comptes, nous n'aurions plus rien à nous dire... Ça va, ça t'emmerde pas trop de t'foutre encore plus de ma gueule devant moi ?!

Je ne savais plus ce qui était vrai, ou ce qui était faux. Je ne savais plus ce que je devais croire. Je ne savais plus
qui croire. C'était comme de me demander de marcher sur un fil invisible qui reliait deux montagnes, avec un énorme précipice à vous en donner le vertige, et sans protection, me laissant dans l'angoisse de chuter à n'importe quelle seconde. En faisant ce qu'elle avait fait, Haruhi avait touché ma plus grosse faiblesse, parce que je n'avais jamais complètement réussi à me remettre de l'assassinat de ma famille de ma sœur et de mon frère, et qu'elle ne pouvait pas me demander d'être compréhensive là dessus, alors que moi même, il m'était impossible de tourner la page. J'étais allée de l'avant, certes, après toutes ces années, mais il y avait encore cette partie de moi qui était restée en arrière. Cette partie complètement meurtrie qu'on s'amusait encore à faire brûler lentement à la flamme d'un briquet...

-Mais je m’en fous de Chuck ! Qu'est-ce que tu racontes?


Au moins sur ce dernier point, on était d'accord, même si je ne pouvais que constater que ce n'était qu'un mensonge de plus.

- Arrête de faire comme si tu comprenais pas !
Elle ne pouvait pas simplement lâcher l'affaire, comme l'avait fait Carlton ? Je sais très bien que tu as vu l'article et la photo qu'il y avait dans l'enveloppe sur l'incendie de la maison, même si je faisais des efforts monstre pour y mettre toute ma colère, inévitablement, ma voix était moins assurée, tu vas aussi me faire croire que toi aussi, comme les moldus, tu as pris la marque des ténèbres pour un nuage ?

Pourquoi est-ce qu'elle me faisait ça ? J'étais à ce point insignifiante à ses yeux ? Je lui en voulais tellement à présent, en plus du reste, de me le faire dire à voix haute... Mais cette fois, je n'allais pas céder comme je l'avais fait avec Chuck, et si chaque parcelle à l'intérieur de mon corps était en train de se briser pour joncher le sol je refusais de me courber. Je rendais ma carapace aussi solide que du fer.
Parce que c'était ce que j'avais toujours fait.
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Haruhi Michiko


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MessageSujet: Re: Dommages collatéraux [H.M] [Ended]   Dommages collatéraux [H.M] [Ended] Icon_minitimeLun 11 Juin - 14:19

C’était un pouvoir que détenaient ceux qui tenaient à nous, et à qui réciproquement nous tenions. Celui de nous faire douter sur notre propre compte. Et Taylord était une de ces personnes. Elle avait toujours su m’épauler, me dire son avis sans trop s’imposer, parce que c’était- c’était- mon amie, mais maintenant, maintenant quoi ? Elle avait réussi, et je la connaissais suffisamment pour savoir qu’elle n’éprouvait pas un quelconque sentiment de satisfaction, à me convaincre que j’étais coupable. Les accusations et les reproches fusaient et je commençais à penser qu’elle avait, peut-être raison.

Après tout, ce n’était pas la première fois qu’on m’accusait de trahison. Lilian l’avait fait avant elle. Ce n’était certainement pas une coïncidence. Si mes intentions avaient toujours été honorables, je n’arrivais jamais à en convaincre les autres. Je n’avais jamais désiré ça. Je n’avais jamais cherché à blesser Lilian, à mentir à Taylord, et pourtant à toutes les deux, je leur avais fait du mal, inconsciemment, mais c’était déjà fait. J’avais perdu l’une parce que j’avais soutenue l’autre. Et maintenant celle-ci m’accusait de m’être rangée du côté opposé. Elles étaient parvenues à la même conclusion : on ne pouvait pas me faire confiance. Et c’était encore plus dur à accepter, parce que moi j’avais toujours eu confiance en elles et au début, elles en moi. Je n’étais pas toute blanche dans cette histoire, je l’avouais, mais est-ce que je méritais ce traitement ?

Je ne savais plus.

Je sentis ses poignets trembler entre mes mains, mais ce n’était pas de peur. C’était cette colère que ni l’une ni l’autre ne pouvions maîtriser. J’avais envie de lui hurler de se taire, qu’elle arrête et qu’elle cesse de me rendre responsable de tout. J’essayais de lui répondre comme elle le faisait, et même si personne ne faisait attention à nous, je savais que s’ils se tournaient, il verrait qu’elle avait largement le dessus. Moi je pliais, et au fur et à mesure, je perdais mes moyens.


- On dirait qu'vous vous êtes pas accordés sur ce coup, jeta-elle lorsque elle se dégagea avec violence de mon emprise.

Elle parlait d’accord ? Il n’y en avait plus aucun. Même pas un minuscule reste. Notre accord à nous ? Il était oublié, et manifestement il était en train de brûler progressivement, et pas qu’un peu. Et si toutes les choses s’accordaient, là, maintenant ? Non. Il me manquait de multiples éléments, des choses qui auraient pu m’aider à comprendre un peu plus à quoi je devais faire face. Cette lettre remontait à plusieurs années, et pour une raison qui m’échappait, elle avait ressurgi. Il était évident que c’était dans un but précis. Blesser, et cette personne n’y était pas allée de main morte. Cette personne, nous connaissions son identité toutes les deux, c’était Chuck. Je ne pouvais pas brider ce ressentiment, cette rancœur, et même cette rage que j’avais désormais à son égard, parce qu’ils nous avaient bien manipulées toutes les deux.

Pourtant je n’avais pas l’impression d’être la victime. C’était étrange. On m’accusait, on me mentait, et pourtant je ne parvenais pas à détester fondamentalement Chuck. Et Taylord encore moins. On ne m’avait pas forcée la main. Je n’arrivais plus à me souvenir de comment tout ça s’était exactement passé. Je l’avais sûrement fait sans me poser des questions. Et là était le problème : la rapidité que j’avais eu à prendre ma décision.

L’incertitude, le doute dans lequel j’étais désormais plongée m’empêcha de lui répondre. Il y avait comme une petite voix, qui m’immisçait sans mon autorisation, sifflante, qui voulait –elle- que je m’excuse. Moi, je ne voulais pas. De toute façon, ce n’étaient pas quelques mots d’excuse qui pouvaient arranger une telle situation. Les mots ici n’allaient pas cautériser les plaies. Au contraire, ils les réveillaient à chaque nouvelle syllabe prononcée.

Je me mettais à sa place, difficilement, mais je le faisais, et je m’imaginais, figée, lorsqu’on m’annoncerait que Taylord avait cherché dans mes affaires et découvert un secret qui ne devait être sous les yeux de personnes. J’imaginais mes pupilles qui se dilataient et les tremblements, minces mais réels qui me secoueraient. Mais malgré tout ça, il me semblait que j’aurais continué à lui faire confiance. Quelqu’un qui m’avait serré la main en pensant que c’était la dernière fois ne pouvait pas me trahir.

Mais si Chuck avait pu la trahir, pourquoi ferai-je exception ?


- Donc tu vas m'dire que si demain j'vais piocher dans tes affaires et que je te vole des objets de valeurs, tu t'en tapes ?! Ça va, ça t'emmerde pas trop de t'foutre encore plus de ma gueule devant moi ?!

Le basculement eut lieu lorsqu’elle acheva cette phrase. J’aurais pu supporter la première sans m’emporter. Mais le mépris qu’il y avait dans la deuxième, ses traits qui se déformaient de plus en plus, étaient comme des vagues qui s’étaient déchaînées et avaient englouti le calme que je peinais à maintenir en moi.

-Ce qui m’emmerde, fis-je avec le même sarcasme que j’avais employé pour Lilian, c’est de me rendre compte seulement maintenant de ce que tu penses de moi. Tu veux une réponse, Taylord ? Désolée si elle n’est pas assez honnête à ton goût, ajoutais-je avec plus de tristesse dans la voix, oui, j’aurais été surprise, mais j’aurais cherché à comprendre, murmurais-je. Tu considères que je te mens, et bien, je peux t’affirmer que dans ce cas, tu le fais aussi bien que moi quand tu parles de confiance.

Mes yeux refusaient de quitter les siens, comme s’ils voulaient la défier. Si ce n’était que ça… Il ne s’agissait pas d’une dispute qu’on oublierait le lendemain, de mots qu’on mettrait sur le compte de la colère quelques heures après. Le nœud que je croyais indéfectible, celui des souvenirs, des gestes, des paroles réconfortantes, des amitiés était en train de lamentablement se déliter. Et je n’arrivais pas à me convaincre, que c’était ça la vie, certains partent et ne reviennent jamais, et qu’on était obligé de l’accepter.

Le pire, c’était de sentir que l’issue finale était toute proche, qu’elle était toute tracée et qu’on ne pouvait lutter contre. Je la voyais déjà compter le nombre d’amis qu’elle avait perdu, et je savais que ça la touchait- énormément- et je me voyais déjà, les yeux dans le vague, essayant de trouver solution à un problème qui de toute façon, de se résoudrait pas. J’avais voulu préserver tout le monde. Lilian, par l’éloignement, Taylord par le soutien, Chuck par la même occasion, Elliott par l’indifférence. J’avais aussi voulu me préserver moi, et j’avais perdu, parce qu’à vouloir trop faire, tout concilier, j’avais fait le contraire de ce que je voulais : du mal. C’était mon erreur. Mais ça, elle s’en fichait, ou au mieux, elle ne le savait pas.

Elle préférait m’accuser d’autre chose.


- Arrête de faire comme si tu comprenais pas ! Je sais très bien que tu as vu l'article et la photo qu'il y avait dans l'enveloppe sur l'incendie de la maison. Tu vas aussi me faire croire que toi aussi, comme les moldus, tu as pris la marque des ténèbres pour un nuage ?

J’eus l’impression d’être jetée dans une Pensine lorsque l’expression de Chuck me revint. Il avait soudain eu un air triste, résigné et à la fois choqué. Je n’avais pas compris sur le moment. J’avais désormais la confirmation qu’il ne s’était pas contenté d’une adresse. Lui avait appris ce drame- qui rongeait toujours Taylord- par ce biais.

Je me fis la réflexion que c’était bien mieux que je l’apprenne ainsi. La dernière partie de sa phrase.

Les Mangemorts, la marque des ténèbres, un incendie inexplicable, tout se liait soudainement. Taylord haïssait viscéralement les Mangemorts, comme nous tous, mais elle avait toujours eu cette chose dans le regard qui laissait entrevoir quelque chose. Un incendie était quelque chose de tragique en soit, mais savoir qu’il était criminel et volontaire, ça le rendait encore pire. Pourquoi s’étaient-ils attaqués à la famille de Taylord ? Dans quel but ? Les questions fusaient dans ma tête, et j’avais l’impression qu’elle allait exploser. C’était trop. Entendre quelque chose d’aussi grave m’avait emmenée si loin d’ici et de la situation, et à cet instant, je voulais juste la prendre dans mes bras et lui dire que j’allais l’aider, peu importe ce qu’elle voulait entreprendre.

Je la détestais de m’avoir parlé de ça maintenant, alors que je ne pouvais rien faire pour elle. J’allais partir, tranquillement, en ayant appris ça, le cœur léger ? Elle se trompait tellement sur mon compte…Mais ce que je voulais savoir, c’est si c’était juste maintenant ou si elle avait toujours pensé ça de moi.


-J’ai pris la lettre, j’ai vu une adresse c’est tout, je ne savais pas ce qu’il y avait dedans, Taylord, j’avais l’impression que c’était la énième fois que je répétais ces mots. Je l’ai appris par ma mère, et pour les Mangemorts, je n’en savais rien, jusqu’à maintenant, retiens tes larmes, retiens tes larmes, tu me détestes, j’ai compris et tu me crois coupable. Mais tu penses que je pousserais le vice jusqu’à ce point-là ? Jouer avec les gens ?Je ne suis pas comme lui, avais-je envie d’ajouter. Mais son opinion était déjà faite, et à ses yeux, je ne valais pas mieux.
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Taylord Reegan


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MessageSujet: Re: Dommages collatéraux [H.M] [Ended]   Dommages collatéraux [H.M] [Ended] Icon_minitimeJeu 14 Juin - 18:51

Comment savoir si les pièces du puzzle qui manquaient étaient les bonnes ? La seule chose de sûre, c'était que je prenais toutes celles qui me passaient sous la main pour en faire ma propre conclusion. La particularité essentielle, lorsqu'on ne comptait que sur soi même, c'était qu'il n'y avait qu'une seule personne de déçue si jamais ça se passait mal, une seule personne sur qui cracher son venin, une seule personne à qui en vouloir... Sans m'en rendre compte, j'avais impliqué de plus en plus de monde dans ma petite vie qui débordait déjà bien assez, et à présent qu'on posait les choses à plat sur la table, voilà ce qu'il en était, voilà quel était le résultat. Et ce n'était pas joli à voir...

Ce qui me faisait le plus perdre pied là dedans, c'était ce sentiment d'erreur, celui qui me disait que j'avais eu une vision fausse de ces gens, d'Haruhi qui comptait pour moi bien plus que je ne comptais pour elle apparemment... Bien sûr nous n'avions pas toujours été proches – et nous ne le serions plus jamais, ça semblait évident vu ce qu'il se tramait – mais j'avais toujours cru que cette limite du bon sens était amplement suffisante quand on vivait en communauté. A ce compte là, tout le monde piochait dans les affaires de tout le monde et on en parlait plus. Je passais pour la fille capricieuse et précieuse qui aimait bien avoir des secrets et les cacher pour se rendre désirable, alors que j'avais cherché à passer inaperçue, à tracer ma propre route avec mes peines et mes douleurs que je n'arrivais à confier à personne, parce que voir le comportement des autres se transformer en des substances molles et hypocrites lorsqu'ils apprenaient la vérité me dégoûtait : c'était comme s'ils étaient programmés pour afficher des regards désolés qui ne changeraient jamais les choses. Et puis il y avait encore tout le reste, en dessous de la peau, beaucoup plus vicieux ; parce que c'était un récit irracontable – on a toujours l'impression que ça n'arrive qu'aux autres, où alors que ça se passe seulement dans les films. Et pourtant, c'était cette réalité là, qui n'en était que plus cruelle. Les plaies étaient profondes. J'avais tenté de les refermer, et n'avaient jamais complètement cicatrisé. Un mauvais faux pas, une chute, ça avait été suffisant pour les rouvrir...

Je voulais trouver des excuses à Haruhi, car l'issue était proche et inévitable – il y avait toujours cette part d'optimisme, même infime qui refaisait surface, surtout dans les moments les plus sombres, et qui m'avait aidé à me battre jusqu'au bout. Elle me chuchotait que ça ne pouvait pas se terminer comme ça. Au lieu d'avoir des circonstance atténuantes pourtant, c'était de nouveaux reproches qui fleurissaient, et qui de surcroît, l'associait à Carlton. La vision de la maison hantée me revint en mémoire et je me mis à m'imaginer que ça aussi c'était prévu depuis longtemps, ce qui aurait expliqué également le calme apparent de Chuck et la surprise vite passée d'Haruhi. Le seul truc qui m'empêchait de virer complètement dans le psychodrame, c'était que même si c'était éventuellement plausible, un tel acharnement me paraissait être tout à fait injustifié, mais en même temps, ce n'était pas une double trahison que nous étions en train de soulever ?

J'avais passé du temps avec Haruhi, pensé la connaître, alors évidemment ce « pourquoi ? » revenait inlassablement et rêvait de franchir la barrière de mes lèvres même si je l'en empêchais. Il n'y avait plus de pourquoi qui tenaient, mais juste cette douce psychose qui coulait dans mes veines et que je n'arrivais pas à dissoudre.


-Ce qui m’emmerde, c’est de me rendre compte seulement maintenant de ce que tu penses de moi. Tu veux une réponse, Taylord ? Désolée si elle n’est pas assez honnête à ton goût. Oui, j’aurais été surprise, mais j’aurais cherché à comprendre. Tu considères que je te mens, et bien, je peux t’affirmer que dans ce cas, tu le fais aussi bien que moi quand tu parles de confiance.

Je restais quelques instants muette de surprise et d'incompréhension. Elle me demandait quelque chose qui à présent était inenvisageable, puisque c'était elle la première qui avait tout remis en cause, le jour où elle avait décidé d'aller prendre ma lettre. Ce que j'en tirais, c'était que, ce que Carlton voulait on le lui donnait sur un plateau d'argent. Ce que je voulais moi passait au second plan. Pour elle, je devais la croire, je devais lui faire confiance, et jusqu'à maintenant, c'était ce que j'avais fait – bien plus qu'elle ne l'avait imaginé. Je transposais une fois de plus la situation avec celle de Chuck où j'avais été comme l'oiseau qui avait accepté de se faire prendre et de se faire mettre en cage : ses requêtes avaient été similaires et j'en avais bien vu le résultat par la suite. Les animaux, c'est comme ça que ça marche : s'ils sont blessés une fois, ils n'oublient jamais leur proie et feront tout pour fuir où se défendre, toutes les suivantes. Là, c'était pareil. Si l'un n'avait aucun scrupule, l'autre n'en avait pas non plus ; plus que tout, je voulais me protéger, repliée derrière mes tranchées – j'avais été touchée en plein vol et venir me poser sur l'épaule d'Haruhi alors qu'elle était tout aussi menaçante que Carlton dans sa façon d'agir, c'était comme de me tirer moi même une balle dans le pied. Je ne voulais plus qu'on m'approche.
Il ne fallait plus qu'on m'approche.

Mais surtout, comment devais-je prendre ses dernières révélations ? Elle me renvoyait l'ascenseur comme si la seule personne qui devait se remettre en question, c'était moi, comme si j'étais la fautive, et que mes accusations n'avaient même pas lieu d'être. Que je n'avais pas le droit de défendre ce qui me tenait à cœur. J'étais aveuglée par la colère et mes délires et j'étais incapable d'y voir clair ou d'être objective. Pour moi tout ça n'était qu'une machination qui essayait de me montrer que j'en faisais une montagne alors que tout ça n'était rien d'autre que... la vie. Cette chienne de vie qui emportait tout sur son passage comme une tornade.

- Et donc ? L'emportement fit place à la rancœur, plus froide, plus dure, plus brute, et j'avais du mal à reconnaître ma propre voix. Qu'est-ce que t'attends ? Dis moi, ce qu'il y a à comprendre, puisque tu es si maligne, et moi trop idiote pour piger quoi qu'ce soit...

Si jusqu'à présent, j'avais réussi à maintenir les tremblements tant bien que mal, tout de suite, je les sentais sous chaque petite et infime particule de ma peau, jusque sous les ongles, jusqu'à la racine de mes cheveux, jusque dans mes cordes vocale. J'étais catapultée dans un autre monde.
Ce monde où plus rien était contrôlable.

- Et bien, oui, j'ai cru que je pouvais compter sur toi parce que jamais, je n'aurais pensé que tu utiliserais mes faiblesses contre moi. Ses mots à elle, si secs, tambourinaient contre les parois de mon crâne, tapant un peu plus fort à chaque fois. Je dois comprendre quoi ? Que j'ai rien à dire ? Que je dois juste la fermer et faire comme si de rien était ? C'était à peine si je remarquai que j'étais à bout de souffle et je ne cherchais même plus ma respiration, le cœur au bord des lèvres. Il y en a eu des occasions, pourtant, où tu aurais pu en parler, je me trompe ?

Mais tu ne l'as pas fait. Ça voulait bien dire ce que ça voulait dire : qu'elle avait agi en toute connaissance de cause et qu'en plus, elle n'éprouvait aucun remord.


-J’ai pris la lettre, j’ai vu une adresse c’est tout, je ne savais pas ce qu’il y avait dedans, Taylord. Je l’ai appris par ma mère, et pour les Mangemorts, je n’en savais rien, jusqu’à maintenant. tu me détestes, j’ai compris et tu me crois coupable. Mais tu penses que je pousserais le vice jusqu’à ce point-là ? Jouer avec les gens ?

La mère d'Haruhi. La clé du mystère... Même en allant chercher les derniers repères de logique qui voulaient bien persister sur un peu de surface, si lorsqu'elle m'en avait parlé, je m'étais facilement fait une raison, parce que justement, il n'y en avait aucune à ce qu'elle mente, avec ce qu'il s'était passé, je me disais également que si elle avait pu mentir une fois, elle avait très bien pu recommencer par la suite parce qu'il lui avait bien fallut une excuse. Les USA, c'était grand, le Texas aussi, et sur tout les ranchs de l'état, ça aurait été sur le leur qu'elle serait tombée ? On dit que le monde est petit, mais des gens venant de deux pays différents et dont la route se croise, et où ensuite leurs enfants se retrouvent dans la même école de magie, tout à coup, c'était tellement absurde et impensable... Et j'avais été totalement dupe, car jamais, ne me serait venu à l'esprit de remettre en doute les paroles de mon amie.
Mais est-ce qu'elle l'était seulement encore ?

- Ah, c'est sûr qu'ils étaient beaux vos discours sur l'amitié...
on allait pas leur enlever ça, il fallait bien le leur reconnaître même si ça me fit plus l'effet d'un gros choc sur la tête, que l'idée d'avoir l'estomac plus léger après avoir vidé mon sac.

Mais mine de rien, elle venait de réussir. D’insuffler le doute dans mes pensées.
Vu de l'extérieur, ça devait paraître stupide, car qu'est-ce qu'il y avait à y gagner là dedans ? Rien. Mais pas pour lui. Ni pour elle. Est-ce qu'il l'avait entraîné elle aussi s'en qu'elle ne s'en aperçoive ? De toute façon, c'était trop tard et nous ne pouvions plus esquisser le moindre pas vers l'arrière.

- Il l'a fait, jouer, mais à un degré beaucoup plus élevé que le mien. Il y avait cette fatigue caractéristique de ces moments intenses comme celui ci qui vous tombait soudain dessus, sans prévenir, parce que c'était trop lourd à supporter. L'entendre évoquer les mangemorts me fit tourner la tête – je ne voulais plus revenir dessus, je ne savais trop bien que parler d'eux rendait tout tellement plus fragile. Aussi fragile que du cristal, mais sûrement pas plus beau. Il l'a fait alors que malgré tout les défauts dont on l'affligeait, il était honnête, et ça, il aurait été risible de le lui enlever. Comme quoi... c'était tellement risible que c'en était devenu vraisemblable. Elle avait été sa complice. J'avais assez donné pour essayer de le comprendre. Je ne voulais plus faire d'efforts pour personne, c'était peut être difficile à accepter, mais c'était comme ça. Pourquoi pas toi ? J'avais fait confiance à Chuck ça n'avait rien donné, tout portait à penser que c'était la même route qu'avait prise Haruhi...

Et elle non plus, je ne la comprenais plus. Dans quoi avions nous plongé ? Des sables mouvants ? Je m'enfonçais, je m'enfonçais, et tout autour, c'était de plus en plus boueux. Je voulais essayer de réfléchir un peu plus posément mais n'y arrivais pas, il restait juste cette rage qui ne demandait qu'à s'extérioriser sans penser aux dommages qu'elle pouvait causer.
C'était ça.
Haruhi c'était le dommage collatéral de ma relation bancale avec Carlton.

- Tu as pris la lettre, je répétais ses mots, parce qu'il te l'a demandé. Et là tu vas me dire aussi qu'il t'a forcé ?! Je ne voulais plus rien entendre, ni sa voix, ni ses excuses qui résonnaient faiblement. Donc si je te dis de boire du jus de citrouille jusqu'à explosion, tu vas le faire aussi ?! Elle était autant coupable que Carlton. Elle m'avait trompé là dessus, soit – qui disait que comme lui, ne l'avait pas t-elle fait sur de nombreuses choses encore ? C'est autant de ta faute que de la sienne, martelai-je, impartiale.

L'heure des sentiments était terminée.
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Haruhi Michiko


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MessageSujet: Re: Dommages collatéraux [H.M] [Ended]   Dommages collatéraux [H.M] [Ended] Icon_minitimeDim 24 Juin - 20:45

Je savais que j’allais regretter d’avoir pensé –juste pensé- ça. Mais ça se diffusait dans mon esprit à la vitesse de la lumière, et même si c’était lâche, ça s’imprimait dedans, parce qu’à ce moment-là, je ne pouvais m’en remettre qu’à ça : j’aurais voulu ne jamais la connaître. Bien sûr, ça impliquait de supprimer tous les moments, les vrais, ceux qui avaient compté, que nous avions passé ensemble. Au fur et à mesure, j’avais fait une place à Taylord dans mon cœur et dans ma vie, et comme tous ceux à qui je tenais, elle apportait quelque chose de différent, quelque chose d’important. C’était plutôt abject de souhaiter tout à coup qu’elle n’ait jamais croisé mon chemin, vu tout ce qu’on avait traversé ensemble, mais avais-je tort ? Ses yeux exprimaient la même envie selon moi. A quoi ça avait servi ? A quoi ça avait servi de vivre ces choses et qu’elles éclatent, dans une grande explosion où notre amitié n’allait pas survivre ? Je ne considérais pas ça comme du gâchis, car que je le veuille ou non, j’étais incapable de la gommer comme un vulgaire trait qui barrait une feuille toute blanche. Taylord n’était pas un trait indésirable, et elle ne l’avait jamais été.

Moi, je n’éjectais pas les autres dès que j’en avais assez. Je n’avais jamais autant ressemblé à ma mère dans son regard. Je la détestais pour sa confession, trop tardive, et les conséquences de cette dernière. J’avais voulu être honnête- quelle ironie- et j’avais immédiatement tout dit à Taylord, croyant bien faire. Cette histoire avait beau paraître invraisemblable, elle était pourtant vraie, et même à distance, ma mère avait donné à Taylord une raison de plus pour me détester. Elle avait ce don inné d’empirer les choses lorsqu’elles étaient déjà suffisamment douloureuses.


- Et donc ? Qu'est-ce que t'attends ? Dis moi, ce qu'il y a à comprendre, puisque tu es si maligne, et moi trop idiote pour piger quoi qu'ce soit...

Je cherchais la moindre petite chose qui me rappellerait la Taylord que je connaissais. Je me souvenais encore de sa voix hésitante, lorsqu’elle m’avait demandé si moi aussi, j’allais l’abandonner. Une seconde m’avait suffi pour voir qu’elle s’en voulait déjà, de douter de moi de cette façon-là. La fille que j’avais devant moi, elle, ne perdait pas son temps en réflexion. Elle attaquait, toujours plus fort, jusqu’à qu’elle atteigne, et moi par la même occasion le point de non-retour. Mais, ses attaques et sa colère – que je ne avais au fond jamais connues jusqu’à maintenant- étaient une façade, une illusion qu’elle montrait aux autres pour qu’ils sachent qu’elle était intouchable.

Je ne répondais pas. Mais je savais que ça n’allait pas tarder. A chaque fois que j’essayais de me tempérer, elle enfonçait le couteau dans la plaie, et je ne pouvais que répliquer, aussi sèchement qu’elle le faisait. C’était un cercle vicieux parce qu’en retour, je lui enfonçais un autre couteau et on se blessait mutuellement. Taylord avait autrefois été un des mes appuis. Cet appui tombait en miettes, et ça me faisait d’autant plus souffrir que je ne m’y étais pas attendue. Il y avaient des gens qui vous laissaient sur le bord de la route, d’autre pas, constat certes triste mais réaliste. Mais si j’avais du nommé une seule personne –mis à part Scarlett l’évidence même- qui ne le ferait pas, c’était elle.

Même en faisant des efforts d’imaginations, je ne pouvais pas m’imaginer pire que ce qui se passait déjà.

Si, il restait une chose. Une chose que je ne pouvais pas lui retirer. Son honnêteté. Elle avait au moins eu la décence d’être venue me parler en personne, et sans me faire de coups bas. Elle n’était pas ce genre de personnes à faire chose publique de sa vie privée, même si souvent, la barrière se craquait vite, dans son cas. Mais son respect ne m’étonnait pas, parce que je l’en savais dotée et ça me suffisait. Pourquoi à elle, ça ne lui suffisait, toutes les preuves que je lui avais apportées de ma sincérité, de mon affection même ?

Je soupirais, mais pas d’exaspération, avec difficulté. C’était un moyen, vain, de réduire le poids que j’avais sur les épaules. Poids que je m’étais mise, volontairement en plus.

- Et bien, oui, j'ai cru que je pouvais compter sur toi parce que jamais, je n'aurais pensé que tu utiliserais mes faiblesses contre moi. Je dois comprendre quoi ? Que j'ai rien à dire ? Que je dois juste la fermer et faire comme si de rien était ? Il y en a eu des occasions, pourtant, où tu aurais pu en parler, je me trompe ?

- J’ai pas dit ça, répondis-je faiblement, pour me permettre d’avoir suffisamment de forces pour continuer. Tant pis si elle prenait ma réponse pour de l’indifférence. Elle pensait bien que j’avais été indifférente à ses sentiments si elle me pensait capable de l’humilier, et de la blesser par la même occasion.Bon sang, comment veux-tu que j’utilise des choses dont je n’ai aucune idée ? Tes faiblesses, je n’en savais rien, et j’aurais fait tout sauf fouiller dans tes affaires pour les découvrir,pensais-je, et c’est toi qui les a mentionnées, il y a peu de temps, tu te rappelles ? La bibliothèque ? Tes promesses?

En fait, tout ça ne servait à rien. Argumenter, tenter de se justifier. La compréhension de Taylord à mon égard avait atteint ses limites ; et j’avais beau essayer de contrer toutes ses attaques, c’était sans espoir, puisque sur les faits, elle avait raison. J’avais eu la lettre dans les mains. Et je l’avais donnée à Chuck. Elle prononça une énième phrase qui m’atteint de plein fouet. Et pourtant je ne parvenais pas à m’y habituer.


-Il l'a fait…Pourquoi pas toi ?

Maintenant lui et moi on formait une entité commune. Au moment où je voulais tout sauf être associée à lui. Les phrases allusives de Taylord, mêlées aux parallèles qu’elle faisait avec notre amitié ne laissaient plus de place au doute, désormais. Elle disait que j’étais restée avec elle parce que c’était divertissant de la trahir ensuite. Dans le cas de Chuck, ça devenait limpide et évident : il l’avait quittée. J’aurais préféré dire que je n’en connaissais pas les raisons. Mais au fond, je le savais très bien. Elle avait perdu au jeu qu’avait organisé Chuck. Et moi j’étais un infime élément de la partie, alors forcément, j’étais étouffée dans la masse, j’allais avec tout le reste.

Un joli pion qui rend service, voilà ce que j’avais l’impression d’être. J’étais pleine d’une colère incontrôlable en pensant à la manière lamentable dont je m’étais faite piégée, mais elle ? C’était mille fois pire.

Et elle me rangeait quand même dans le même sac que lui.


-Parce que je ne suis pas comme ça, lui servais-je comme seule réponse. Je ne pouvais pas l’attaquer de front avec ce que je venais d’apprendre. Les trois quarts de Poudlard devaient être déjà au courant, mais pas par elle. Elle ne s’en rendait pas compte, mais sa voix avait tremblé, peu mais suffisamment pour que je le remarque. Que pouvais-je faire ? Dire que j’étais désolée ou pire, que je compatissais…elle le prendrait comme une insulte. Alors je restais silencieuse. C’était la seule manière que je connaissais, à l’heure actuelle, pour lui faire ressentir que je n’avais jamais voulu ça. Silence qu’elle combla de manière quasi immédiate.


-Tu as pris la lettre, parce qu'il te l'a demandé. Et là tu vas me dire aussi qu'il t'a forcé ?! Donc si je te dis de boire du jus de citrouille jusqu'à explosion, tu vas le faire aussi ?!

Je voulais qu’elle se taise. Et je voulais fuir, maintenant, même pour aller nulle part. Nulle part qui ne soit pas ici. Le but était imprécis mais je savais ce dont je ne voulais pas. Ces mots mis à la suite qui pleuvaient en rafale et qui me faisaient plier, moi et mes épaules.

-Je l’ai prise parce que j’ai cru que ses intentions n’étaient pas mauvaises, je me retenais d’ajouter qu’elle y avait cru autant que moi à son bon fond derrière sa façon d’agir, discutable selon les gens. Tu peux me reprocher ma naïveté, Taylord, d’avoir été aveugle, et ça je m’en suis excusée. Ne confonds pas tout.

Ce qu’il me restait à voir, c’est si elle m’épargnerait une autre de ses phrases sèches et dénuées de tous sentiments visibles, si bien que je serais incapable de savoir si elle le pensait vraiment. Elle ne le fit pas.


C'est autant de ta faute que de la sienne, de toute façon j’étais obligée de l’accepter. Mon avis ne comptait pas vraiment, n’est-ce pas ? En même temps, je ne pouvais pas nier que je le méritais sûrement, un peu.

Je savais exactement ce qui se passait en moi à cet instant. D’abord, l’étonnement, on tombe des nues sans comprendre de quoi on nous accuse. Ensuite cette colère, immédiate, qui envahit tout le corps et l’esprit parce qu’on préfère s’énerver, hausser le ton plutôt que souffrir. L’étape numéro trois, celle-ci, c’était ce calme étrange, signe qu’on ne pouvait plus lutter et qu’on se résignait, à contrecœur. Et ensuite ? On allait s’ignorer, s’envoyer des regards noirs, ressasser les moindres choses dans notre tête pour savoir à quel moment ça avait cessé de marcher, et pourquoi, véritablement ? Je ne le savais pas encore.

En revanche, je savais qu’au moins une de ces issues était inévitable.
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Taylord Reegan


Taylord Reegan
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MessageSujet: Re: Dommages collatéraux [H.M] [Ended]   Dommages collatéraux [H.M] [Ended] Icon_minitimeJeu 28 Juin - 20:08

Mon cerveau commençait à s'embrouiller. Tout ce que je pouvais dire à Haruhi ne servait à rien. Elle ne voulait pas entendre mes accusations, je ne voulais pas entendre sa défense, parce que j'estimais quelle était bien trop maigre pour être valable.

- J’ai pas dit ça. Bon sang, comment veux-tu que j’utilise des choses dont je n’ai aucune idée ? Tes faiblesses, je n’en savais rien.

De défense, d'ailleurs, il n'y en avait pas parce qu'elle ne cessait de répéter inlassablement la même chose comme pour s'en convaincre elle, et essayer – surtout - de me convaincre moi, mais c'était sans espoir.

Menteuse, avais-je envie de lui cracher au visage, bien que j'en fusse incapable. Elle avait arrêté d'élever la voix, me contraignant à faire de même me bloquant, alors que je voulais m'énerver une bonne fois pour toutes, et n'être que plus guidée que par mes instincts sans plus penser au reste. Si je commençais à trop réfléchir, j'allais flancher. La laisser me briser n'était plus envisageable, trop de mal avait été fait de toute façon pour trouver une solution qui nous conviendrait toute les deux. Ce terrain d'entente sur lequel nous avions évolué durant ces années à Poudlard n'était devenu à présent qu'un vaste champ de bataille où nous étions les seules survivantes.
Pour combien de temps encore ?

A quoi bon lui dire que là encore je pensais simplement qu'elle me menait en bateau, si c'était pour l'entendre me dire juste ensuite que ce n'était pas vrai ? J'étais las de ce petit jeu, de ce match de ping pong où on se renvoyait sans arrêt la balle et où il n'y avait aucun vainqueur. Je me sentis juste un peu plus humiliée si c'était possible parce que j'étais plus que jamais persuadée que pour ça aussi, elle se payait ma tête parce qu'elle refusait d'avouer ses torts, certainement dans un souci d'orgueil.

- Ben c'est pas une raison pour aller piocher dans les valises des autres. Sérieusement, elle s'abaissait à ça ? Un peu plus et elle arrivait à me faire oublier la première raison de notre dispute. Elle sous entendait que comme elle pensait que ça n'avait pas d'importance, elle avait le droit de n'avoir aucun remords, mais les faits restaient inchangés. C'était une question de bon sens, le courrier, même le plus anodin soit-il, on ne le lit pas !! Ça me faisait penser à Ruth qui s'énervait tout le temps quand elle me racontait que ses copines prenaient son téléphone portable pour y lire les sms, parce que c'était personnel. Il n'y avait pas grande différence, si ce n'est que ça me confortait dans l'idée qu'Haruhi n'avait pas grande estime de moi pour en arriver à venir me faire un coup comme ça...

- Et c’est toi qui les a mentionnées, il y a peu de temps, tu te rappelles ? La bibliothèque ? Tes promesses?


Elle n'abandonnait pas toutefois, sans doute désireuse d'en finir une bonne fois pour toutes. Que ce soit volontaire ou non, elle me faisait douter. Non, non, il ne fallait pas, il ne fallait pas... Par trop de fois Carlton avait utilisé cette méthode pour faire de moi ce qu'il voulait, les guets-apens de ce genre, j'avais assez donné.

- Je les ai tenu, mes promesses !! m'emportai-je, le timbre plus aiguë, révoltée qu'elle utilise ce genre d'arguments contre moi, comme une aiguille qu'elle enfonçait et qu'elle retirait de ma peau jusqu'à ce que je la supplie d'arrêter parce que j'avais trop mal.

Je fermai les yeux, en appuyant fort le pouce et l'index de ma main droite sur les paupières pour tenter de me calmer. J'étais à bout de nerfs, et j'avais la nette impression que ça n'allait pas aller mieux en s'arrangeant. J'avais une grosse boule, à la fois dans la gorge et dans l'estomac ; ça me donnait la nausée.
Pourquoi tout ce que je lui disais semblait glisser sur elle comme l'eau sur la roche ?

-Parce que je ne suis pas comme ça, répliqua t-elle alors que je lui faisais part des conclusions que j'avais tiré.

A l'intérieur de mes entrailles, je savais.
Je savais que je ne demandais qu'à la croire, mais me ranger de ce côté signifiait choisir la facilité, la solution qui me soulageait le plus, celle dont je voulais absolument qu'elle soit la bonne. Mais une fois de plus, il suffisait que je la compare à Carlton pour changer la donne, c'était inévitable ; il avait prétendu être quelqu'un qui n'existait pas en vrai, en jouant avec une main de maître, à ce titre, Haruhi qui avait participé elle aussi, était de la même trempe.
C'était tout ce qu'il y avait à retenir.

- Montre-le alors, lui réclamai-je puisque si elle s'évertuait à le répéter c'était bien qu'elle en avait la preuve.

Je savais pourtant qu'elle serait incapable de répondre à cette demande. Et comme elle ne le pouvait pas, c'était ici qu'était la limite.
Nous étions arrivées au bout.

-Je l’ai prise parce que j’ai cru que ses intentions n’étaient pas mauvaises. Tu peux me reprocher ma naïveté, Taylord, d’avoir été aveugle, et ça je m’en suis excusée. Ne confonds pas tout.

Je secouai la tête, en vain, signe que je ne la comprenais pas. Voilà qu'on y revenait et qu'elle avait le culot de prétendre que c'était moi qui montait sur mes grands chevaux pour pas grand chose. Encore une autre technique que je connaissais bien, si elle pouvait arrêter de la tester sur moi par contre, c'était tout dans son intérêt.

Autant demander à une plante verte de danser du tango, Michiko avait décidé qu'elle n'en démordrais pas quoi qu'il arrive. Elle ne voulait pas perdre la face. Et moi non plus, même si je voulais crier de toutes mes forces pour faire sortir tout ce mal être qui était en train de me manger doucement mais sûrement jusqu'au creux de mes os.

- Seulement, ce genre d'excuses, désolée de te décevoir, mais ça vaut pas grand chose. J'avais mes pupilles plongées dans les siennes et la dévisageait durement parce que je ne voulais pas qu'elle découvre qu'en réalité, tout ça, c'était beaucoup trop pour moi, et que même si la fin était proche, c'était une fin qui était bien loin de me satisfaire. Ça aurait éventuellement pu l'être. A supposer que tu l'ai réellement pensé. Mais c'est comme le reste. C'est que des mensonges.

C'est en observant un peu tout autour que la cour avait presque été vidée, et que nous étions bien toutes seules dans notre coin. Tant mieux, personne n'avait assisté à ça. Dès qu'il y avait des ragots à colporter, les élèves de Poudlard s'en donnait à cœur joie et ma vie était suffisamment sur le banc de la scène pour en rajouter une couche dont je me passais bien.

- Tu sais quoi ? Ça sert à rien de discuter avec toi d'toute façon, t'inquiète pas, j'ai bien compris qu't'en avais rien à faire. Et de dire ça me rendit plus malheureuse que cela ne me soulagea. C'est pas comme si j'vais beaucoup t'manquer, y'a toujours ton super pote Carlton au moins. Je n'allais pas avaler qu'elle aussi avait été bernée, qu'elle aille sortir de ramassis de bêtises à quelqu'un d'autre. Vous vous amusez tellement bien sans moi.

Sans la saluer, je la dépassai sans prévenir en la frôlant, et la laissais plantée sur place, mettant ainsi un terme à cette boucherie, me laissant ce goût amer que je n'avais eu aucune réponse à mes questions et que je baignais dans le flou plus que jamais. Je ne savais plus trop si j'avais cours ou pas, l'heure qu'il était, mais ça m'était égal ; je suivai mes pas qui me guidait le plus loin possible d'Haruhi Michiko, d'être assez loin pour ne pas revenir vers et me jeter dans les bras en lui affirmant que je voulais que ça se termine n'importe comment, mais pas comme ça. Au bout d'un certain temps, je me laissai choir au pied d'une statut – je ne savais pas laquelle c'était et ça m'était bien égal. Je posai le front sur le marbre froid avec le vague espoir que cela m'aiderait sans doute à mieux réfléchir, mais ce n'était pas un résultat des plus concluants et pris de longues inspirations pendant un moment pour ne pas exploser, pour les apparences, alors que c'était le chaos total dans cœur.

Ce dont j'étais sûre, c'était que ce j'avais gagné aujourd'hui ne valait et en rien ce que j'avais perdu pour toujours.
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Haruhi Michiko


Haruhi Michiko
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MessageSujet: Re: Dommages collatéraux [H.M] [Ended]   Dommages collatéraux [H.M] [Ended] Icon_minitimeSam 30 Juin - 23:36

What have I done?
I wish I could run,
Away from this ship going under
Just trying to help hurt everyone else
Now I feel the weight of the world is on my shoulders

https://www.youtube.com/watch?v=qfjp9tqgrHk



Je cherchais une consolation, même maigre, histoire qu’on y gagne au moins quelque chose, au milieu de ce chaos. Mais c’était peine perdue ; de toute façon elle comme moi savions qu’elle n’existait pas. Ce n’était le premier échec en matière d’amitié que je connaissais, certes. J’avais souffert, et pas qu’un peu des autres. Le premier échec, avec Scarlett m’avait aidée à briser les non-dits qu’il y avait entre nous. Celui avait Lilian, m’avait, par dérivation, rapprochée davantage de Taylord. Et Elliott, sans doute le plus compliqué, m’avait débarrassée de cette relation néfaste que nous entretenions. J’avais payé tout ça au prix fort, il fallait l’avouer…mais avec Taylord, il n’y avait rien. Le néant. Elle avait contribué à maintenir mon équilibre récent, et je savais, j’en étais persuadée qu’elle avait besoin de moi. Maintenant. J’avais suivi, à l’instar de beaucoup de gens, sa relation avec Chuck depuis le début. Sauf que moi, comme bien d’autres d’ailleurs, l’avions contemplée d’un œil différent, plus personnel, parce qu’une fois qu’elle était devenue proche de moi, je ne pouvais plus vraiment être neutre. Et là elle m’interdisait d’être là pour elle ? Oh, il y avait bien Stephen, Scott sans doute, même Scarlett- je n’avais pas le droit de lui enlever ça- qui combleraient ce vide dans le cœur qu’elle devait ressentir désormais.

Mais ils ne me remplaçaient pas et moi je savais qu’il y aurait toujours une pièce manquante.

Mais au final, des pièces, il en manquait déjà beaucoup. Je pouvais bien dire ce que je voulais mais avoir perdu Elliott et Lilian, je n’arrivais toujours pas à l’avaler. Quant à ma mère, c’était différent, je le gérais mieux, même si au fond, je savais que ça ne fonctionnait pas normalement. Et Taylord c’était un énième échec, mais je ne pouvais pas juste la classer comme « une de plus ».


- Ben c'est pas une raison pour aller piocher dans les valises des autres.

Les valises des autres ? Si quelqu’un nous avait entendu- heureusement ce n’était pas le cas- sans doute aurait-il pensé être le témoin d’une petit dispute futile. J’aurais aimé qu’il en soit ainsi. Taylord et moi étions honnêtes (comme cela sonnait faux désormais), et je pouvais aisément affirmer que passé l’instant, nous nous serions réconciliées. Mais là, c’était comme un combat pour la vérité, celle qu’on voulait chacune et que l’on ne pouvait pas obtenir. Elle disait que j’étais une menteuse, j’affirmais le contraire et rien n’avançait. J’avais en revanche l’impression, qu’au fur et à mesure, on reculait, jusqu’à que ce soit devenu impossible de faire pire.

- Je les ai tenu, mes promesses !! fit-elle, à la fois de manière plaintive et furieuse.

Sans doute les avait-elle tenues, oui. Mais tout ce qui me restait, c’était de l’accuser sur sa sincérité, comme elle le faisait avec moi. Parce que je savais combien ça allait la révolter, faire bouillir son sang, en somme, les mêmes réactions qu’elle provoquait en moi. Taylord n’avait pas tendance à parler beaucoup de ses sentiments, mais la dernière fois, elle s’était confiée et j’avais été soulagée pour elle, et confiante pour notre amitié. Je tombais d’encore plus haut.

Je ne pouvais plus supporter ses mots assassins et pourtant je ne voulais pas que ça s’arrête. Faire durer cette confrontation était nocif, mais je préférais ça à une fuite. Je savais qu’une fois qu’elle aurait tourné les talons, ce serait fini, et vraiment cette fois. C’était la dernière fois qu’on se parlait, avant un long moment – j’espérais que ce ne serait pas définitif- la dernière chance pour la convaincre de mon honnêteté, même si là, je sentais déjà la fin arriver.


-Je te crois, murmurai-je, les mains tremblantes, ainsi que la voix.Tu n’es pas capable d’en faire de même avec moi, fis-je cette fois avec un air méprisant qui ne m’appartenait pas. Qu’est-ce que j’avais à perdre de toute façon ? Lorsque je lui dis qu’elle ne pouvait pas me comparer à Chuck, sa réponse me surprit, mais je ne savais pas si c’était dans le bon sens.

- Montre-le alors.

Je n’avais jamais sous estimé l’intelligence de Taylord. Mais là, on pouvait dire qu’elle avait réussi un coup de maître, et le pire c’est qu’elle ne s’en rendait pas compte. Elle me mettait complètement au pied du mur avec ces trois petits mots. Comment le montrer ? En la prenant dans mes bras ? En répétant une fois de plus que je n’étais pas coupable ? Que je regrettais que Chuck l’ait à ce point manipulée ? Ce n’était pas suffisant, et surtout je ne pouvais pas le faire. Et au fond, elle le savait. Et comme je ne pouvais pas le faire, mon manque de réaction et mon silence m’accablait, et lui donnait raison.

Elle m’accordait une chance que je ne pouvais pas saisir.

J’avais envie de lui demander sèchement si elle était satisfaite que je sois incapable d’esquisser un geste ou une réponse. Mais je ne le fis pas. Elle ne le méritait pas. Je ne pouvais pas oublier tous les moments que nous avions partagés, et pour toutes les fois où j’avais usé des mots pour faire mal, que ce soit avec elle ou les autres, je pouvais bien me retenir.

-Seulement, ce genre d'excuses, désolée de te décevoir, mais ça vaut pas grand chose. Ça aurait éventuellement pu l'être. A supposer que tu l'ai réellement pensé. Mais c'est comme le reste. C'est que des mensonges.

Je peinais à ne pas répondre à cette nouvelle attaque. Mais je me mordis les lèvres jusqu’au sang, contenant cette rage, cette rancœur, cette culpabilité qui ne demandaient qu’à être libérées. Elle avait décidé de faire comme si rien n’avait existé. Ce n’était pas de la lâcheté. C’était juste plus facile, et elle avait raison de s’épargner une souffrance de plus. Elle avait déjà eu son compte. Mensonges. Elle avait beau marteler ce mot, je n’arrivais pas à l’accepter. Je ne l’accepterais jamais. J’avais déjà menti, surtout à Scarlett, paradoxalement vu que c’était celle à qui je tenais le plus, et je n’en avais pas été fière. Cette erreur, je l’avais faite, mais pas avec elle. Pas cette fois.



- Tu sais quoi ? Ça sert à rien de discuter avec toi d'toute façon, t'inquiète pas, j'ai bien compris qu't'en avais rien à faire.

Une fois de plus, je dus me retenir de lui répliquer qu’en effet, c’était plus facile pour elle de penser ça. J’aurais aussi aimé éviter son regard perçant qui me jugeait et m’accablait, mais je m’obligeais à le soutenir.

-C'est pas comme si j'vais beaucoup t'manquer, y'a toujours ton super pote Carlton au moins. Vous vous amusez tellement bien sans moi.

Je l’avais presque oublié. C’était de lui que tout était parti. Je savais dès maintenant que je lui parlerais, mais pas dans l’immédiat. Je n’avais pas suffisamment de force pour une nouvelle confrontation, pas tout de suite. Mais qu’il ne s’attende pas à que je reste passive : il nous avait bien piégées elle et moi, elle surtout, malgré tout ce qu’elle pouvait penser, je me préoccupais d’elle et il devait répondre de ses actes.

Taylord disparut de mon champ de vision sans que je le réalise vraiment. Il n’y avait plus personne autour de nous- de moi- et mon cours d’Arithmancie avait déjà commencé. Mais m’y rendre était inenvisageable. Le soir, lorsque je trempais ma plume pour le devoir du lendemain en Arithmancie, je peinais à écrire. Taylord était d’habitude à mes côtés et nous faisions nos devoirs ensemble. Maintenant j’allais devoir m’habituer à son absence. Ce n’était pas comme si j’avais le choix.
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