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~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥]

 
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 ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥]

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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



Féminin
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Localisation : Cachée.
Date d'inscription : 03/09/2011

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Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »

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MessageSujet: ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥]   ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥] Icon_minitimeVen 11 Oct - 12:12



"And it's so hard to say it but I've been here before
and I'll surrender up my heart
and swap it for yours

I'm out of touch, I'm out of love
I'll pick you up when you're getting down
and of all these things I've done I think I love you better now

I'm out of sight, I'm out of mind
I'll do it all for you in time
And of all these things I've done I think I love you better now

Don't hold me down
I think my braces are breaking and it's more than I can take

And if it's dark in a cold December, I've got ya to keep me warm
and if you're broken I'll mend ya and keep you sheltered from the storm that's raging on."



Quand j’étais petite, prendre l’avion faisait partie de mes rêves, au même titre qu’être une princesse ou voir un dragon. Je l’avais réalisé lorsque j’avais 4 ans, et je m’en souvenais mal, seulement que je ne cessais de répéter qu’une heure d’avion, ce n’était rien du tout, et que je voulais plus. Maintenant, avec un recul, les heures, cette petite Ruby pouvait bien les garder : elles étaient longues et ne finissaient jamais. Sûrement était-ce qu’il y avait quelque chose de spécial au bout, quelque chose qui n’attendait pas – Lizlor. Alors, terrée dans mon fauteuil inconfortable, je ne pensais qu’une chose, à l’arrivée, aux vacances qui commenceraient enfin. J’attendais avec impatience ce retour en Oregon, parce que si Lizlor y était chez elle, moi je découvrais constamment les lieux, l’atmosphère, et je n’avais pas envie d’attendre pour sentir l’air chaud contre ma peau, le sel qui montait dans les narines et le crissement des vagues sur le sable. Et puis, j’avais envie de serrer ma meilleure amie dans mes bras, ça ne faisait qu’une semaine, mais j’avais envie de la retrouver, de l’entendre rire, et de rayonner sous sa protection.

J’avais quitté l’Italie aujourd’hui, pour prendre mon avion jusqu’à l’Oregon. Annalisa m’avait invité à passer quelques jours en sa compagnie, dans son pays natal, et j’avais accepté avec plaisir – après tout, j’avais encore deux longs mois d’été, rien ne pressait. C’était ce que j’adorais durant les vacances, c’était tout ce temps qui s’offrait à moi et me donnait des possibilités infinies. Je pouvais flâner dans les rues de Londres, assister au coucher de soleil sur les bâtiments de Rome, datant de la renaissance, qui s’étendait sous nos yeux lorsqu’Anna et moi allions nous promener dans la capitale pour passer des soirées en compagnie de ses amis. Je m’amusais à parler italien, à cuisiner des pâtes avec l’elfe de maison de la Poufsouffle, à me prélasser dans la piscine : j’avais tout le temps pour me détendre. N’y avait-il seulement de meilleur début d’été ? Je passais du temps avec ma demi-sœur, dont je ne cherchais qu’à me rapprocher malgré mes constantes craintes sur mon passé, avant de rejoindre ma meilleure amie en Amérique pour terminer avec quelques semaines avec Ewan. J’avais déjà commencé à faire des plans, les notant dans mon carnet, songeant à tout ce que je pouvais faire. Maintenant que nous avions toutes les deux notre permis et la majorité, Lizlor et moi pourrions-nous déplacer plus facilement et plus loin – si Sara était réticente, nous demanderions à Conrad de venir avec nous ! Et puis avec Ewan, j’avais commencé à regarder des lieux en Ecosse où nous pourrions nous aventurer l’espace d’un week-end, peut-être faire une randonnée ou une balade, et je me plaisais à rêver de tout cela en me plongeant dans les guides sur l’Ecosse que j’avais dans mon sac à dos.

Je voulais tout, tout maintenant, tout ce que ces deux mois allaient m’offrir, mais la patience finissait par payer. Ewan me manquait déjà terriblement, et pour m’occuper, je finis de lui écrire une lettre lui narrant mon dernier jour avec Annalisa. Il avait été un peu embêté par les soirées que je faisais, et je devinais derrière ses sous-entendus quelques questions presque jalouses : les gens sont gentils cachaient au final les garçons sont-ils mignons, et je rassurais Ewan par les mots que mon stylo plume traçait – c’était plus discret qu’une plume, au milieu des moldus. Je lui écrivis qu’il me manquait déjà, que j’avais hâte de passer le mois d’août en sa compagnie, et qu’en attendant, je le couvrais de baisers dans mes songes. La lettre terminée, je la fixai un instant avant de la plier soigneusement, un petit sourire aux lèvres. Je savais qu’une fois en compagnie de Liz, je serais un peu moins mélancolique, et je penserais avec joie à mes retrouvailles avec Ewan plutôt qu’avec tristesse aux jours qui nous séparaient. Je serrais mes doigts autour de ma peluche sur mes genoux, celle que Lizlor m’avait offerte à la fin de l’année et qui représentait un petit loup, avant de prendre mon livre, « Gatbsy le Magnifique » et de me plonger dans les pages avec un sourire tranquille, imaginant ce que Lizlor faisait en m’attendant.

En descendant de l’avion, je marchais d’un pas vif, cherchant des yeux Lizlor et Sara. Je vis cette dernière, dans sa robe longue aérienne, majestueuse, avec un doux sourire. J’arrivai à sa hauteur, et l’étreignis timidement, avec un sourire sincère, la remerciant d’être venue me chercher. Mais je jetai un coup d’œil autour de nous, fronçant les sourcils, jetant un regard interrogatif à Sara. Lizlor se cachait-elle pour me faire une surprise ?...

Ce n’est qu’à cet instant que je captais l’inquiétude dans le regard de Sara, cette mine un peu plus fermée, et que je sentis mon corps se tendre instantanément. Mon cœur se contracta, comme s’il comprenait en un instant, et lorsque Sara me dit que Lizlor m’attendait à la maison, je la pressai malgré moi de rentrer, attrapant ma valise au passage, le cœur tambourinant, le corps tremblant. Comme si Lizlor et moi étions connectées, je pouvais sentir à l’intérieur que quelque chose n’allait pas, et je sortis hors de l’aéroport et attrapai le bras de Sara, sentant mes doigts s’accrocher un peu plus, comme si soudain, j’avais besoin de cette figure maternelle qu’elle représentait. A l’intérieur, quelque chose me disait que dans un instant, c’est moi qui devrais l’être pour Liz. Que se passait-il ?

A peine arrivée, je posai ma valise et montai les escaliers en courant presque, et lorsque mes doigts se refermèrent sur la poignée de la porte de la chambre, je savais, je le sentais, je le sentais au fond de ma chair, que quelque chose s’était passé.


- Lizlor ! Je ne sais pas si j’avais crié ou murmuré, mais à peine avait-elle tendu ses bras que j’étais déjà penchée au-dessus d’elle, et mes bras vinrent l’entourer, l’attraper, la rattraper. Je suis là, c’est moi, murmurai-je d’une voix paniquée, la serrant toujours plus fort contre moi, me hissant sur le lit, la ramenant contre ma poitrine tandis qu’elle se roulait en boule, plongeant son visage dans mon cou, hoquetant.

Je ne sais pas ce qui avait contracté mon cœur le plus violemment. Le fait qu’elle était roulée en boule, amorphe, dans le lit, le visage complétement vidée de toute émotion avant que finalement elle n’éclate dans mes bras, la manière dont elle tenait la petite peluche de chat que je lui avais offert, dont le pelage rose claire indiquait qu’il allait faire beau demain, ses cheveux courts, juste au-dessus de ses épaules, qu’elle avait donc visiblement coupée, les cernes sous ses yeux, ou simplement tout son corps frêle qui semblait vide de toute l’énergie solaire que je lui connaissais. Je la serrais encore plus fort contre moi, la berçant tandis qu’elle pleurait, retenant avec peine mes propres larmes. Ne panique pas, Ruby, m’ordonnai-je. Je voulais m’occuper d’elle, je devais m’occuper d’elle. Mais elle pleurait à s’en déchirer les poumons, et j’avais beau l’agripper, c’était comme si elle m’échappait. J’embrassai son front, ses yeux, sa joue, murmurant plusieurs fois « chut, je suis là » comme si ma présence pouvait réellement changer quelque chose…


- Mon petit amour, calme toi, ça va aller, respire, lui dis-je tout doucement, tandis que je caressais ses cheveux, sa nuque. Mais Lizlor avait ses mains accrochées à mon tee-shirt, et elle ne se calmait pas, et je sentais mon cœur accélérer désagréablement. Personne ne va te faire du mal, je suis là, je reste, d’accord ?

Je posai mon menton sur le sommet de son crâne, l’attirant un peu plus contre moi, comme si je voulais la protéger. Je fermai les yeux un instant, et je sentais mon souffle qui tremblait. Mais je me souvenais encore de combien Liz m’avait tenu dans ses bras, de nombreuses fois cette année, alors que tout allait mal et qu’elle était la seule à pouvoir me secourir. Nous avions ce pouvoir l’un sur l’autre, j’en avais conscience, et je devais avoir confiance en moi en cet instant. Que s’était-il passé ? Je me rappelais de ce que Lizlor avait dit dans le train de retour, la dispute avec Stephen, et je me crispai. Les choses s’étaient-elles envenimées ? Pourtant, la dernière lettre de Lizlor était joyeuse, enjouée, que c’était-il passé en l’espace de quelques jours ?! Ou alors… M’avait-elle menti ? Je sentis mes bras se serrer encore plus autour d’elle, comme si je voulais aspirer la peine. L’une de mes mains chercha la baguette dans la poche de ma veste, et j’attirai d’un sortilège ma peluche de loup que je mis dans les bras de Liz, avec celle de chat.

- Regarde, on est tous là, dis-je d’une voix maternelle, et je collai le visage du petit loup contre celui de Lizlor pour essuyer ses larmes. On est tous inquiet, répétai-je avec un petit sourire malgré tout, et je sentis Lizlor serrer les peluches un peu plus fort. Je t’aime ma Lizlor, parle-moi, dis-moi, s’il te plait…

J’embrassai plusieurs fois ses cheveux, les caressai, tout en continuant à la bercer lentement. Entre mes bras, elle ne m’avait jamais paru aussi fragile, et je savais déjà que ce qui causait sa peine était bien trop profond pour qu’une simple étreinte répare les dégâts.
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Lizlor Wayland


Lizlor Wayland
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MessageSujet: Re: ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥]   ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥] Icon_minitimeDim 13 Oct - 18:16




She died of a broken heart.
Some people laugh when they hear that phrase, but that's because they don't know anything about the world.
People die of broken hearts. It happens every day, and it will go on happening to the end of time.



Les jours passaient. C'était drôle, le temps : comment il pouvait continuer à s'écouler et moi je le regardais, depuis mon lit, s'égrener, et le soleil brillait par la fenêtre, l'océan au loin résonnait un petit peu, je pouvais sentir l'odeur de l'été, du sable chaud. Mais je n'étais pas vraiment là, j'étais hors du temps, j'étais hors de tout. J'étais triste.

Ce n'était pas moi, pourtant : même la petite Lizlor effrayée de grandir si vite n'avait jamais réagi ainsi, elle s'était terrée au fond d'elle-même d'accord, mais jamais elle ne s'était laissée abattre, parce que non seulement je n'en avais jamais eu le réflexe, mais en plus j'avais appris en grandissant que je ne pouvais pas, que je n'en avais pas le droit, qu'il existait autour de moi des gens qui dépendaient trop de moi, et inversement, pour que je me laisse aller à un quelconque abandon. Mais pourtant, depuis le début des vacances, je n'avais pas réussi. Je me haïssais d'être si faible, mais chaque matin, le simple fait de m'arracher de mon lit, de descendre les marches de ma chambre pour aller dans le salon, relevait de la torture, si bien que je n'avais pas fait grand'chose à part somnoler et broyer du noir sous mes draps, tirée de temps en temps par Maman ou Conrad qui m'obligeaient à sortir un minimum, à aller à la plage.

Mais la plage avait perdu toute sa saveur. Le soleil chauffait mon corps, mes cheveux, mais je me sentais tellement froide en-dessous : mon coeur était tout givré. J'avais souvent des frissons, que Maman remarquait d'ailleurs, alors elle me disait : Lizlor fais attention, couvre-toi mieux, ou bien ne reste pas trop longtemps au soleil tu sais bien qu'il est fort en début d'après-midi, et si tu mangeais un peu plus aussi, tu n'as pas assez de force ! Mais elle savait, elle comprenait. Ses réprimandes ne m'attristaient pas comme elles pouvaient le faire d'habitude, parce que je savais qu'elle s'inquiétait, tout simplement. Du coup, j'obtempérais, je ne voulais pas lui causer du souci. Et puis, à quoi bon de toute façon ? Je mettais un pull, ou bien je prenais garde à me mettre un peu à l'ombre, j'avalais un gâteau. Cela ne changeait rien.

Dans le jardin, où je me traînais parfois, il n'y avait que le hamac qui arrivait à attirer mon attention et j'y restais des heures, enroulée dans le tissu cordé, Le Chat recroquevillé sur mon ventre. Lui non plus ne savait pas vraiment quoi faire. Même les arbres n'arrivaient pas à réveiller la petite Lizlor en moi : j'aurais pu y grimper, retrouver la rudesse de l'écorce, le parfum des pins chauffés par le soleil, la sensation grisante de la hauteur ; j'aurais pu m'y terrer avec Le Chat et peut-être pendant quelques heures nous aurions oublié que nous étions à présent orphelins...

Mais nous ne le voulions pas.

Je pensais constamment à Stephen. Je pensais à tout ce que nous avions partagé, du début jusqu'à la fin. Je remontais le fil de mes souvenirs comme on rembobine une pellicule, avec plaisir par moments, avec tristesse, avec amertume par d'autres. C'était amusant comme mon cerveau avait absolument tout enregistré, le moindre petit détail, la moindre odeur, le moindre son. Je ne m'en étais même pas rendue compte. Je revoyais tout, je ressentais tout : même le tout début, mais comme sa présence, le fait même qu'il existe, me remplissait de rage, même quand je le haïssais de toute mon âme sans comprendre qu'un jour il serait celui qui arriverait à me sauver de là où j'étais en train de tomber. Et puis, le pont, justement, reliait mes deux parties séparées de souvenirs : l'avant, l'après. La main tendue de Stephen au-dessus du vide était celle qui m'avait rattrapée alors que mon corps rebondissait partout sur les parois du tube dans lequel je chutais, et puis plus rien, rien que cette douceur un peu trop brûlante par moments, rien que ce souffle régulier, plus haut que les cimes des arbres, plus puissant que le vent qui ridait la surface du lac. L'Amour comme on se l'imagine mais comme j'avais je ne l'avais envisagé. L'Amour comme on ne s'y attend pas, et c'était sans doute pour cela que j'avais mis du temps à m'y faire, parce que je n'avais pas compris tout de suite. L'Amour et toutes les sensations physiques qui l'accompagnent, que Stephen était le premier à avoir fait naître chez moi. L'hésitation, la passion, la tendresse, l'inconnu, la crainte, le désir, le plaisir, l'osmose. La déception aussi, quand il ne faisait rien en mon sens, quand il ne me montrait pas assez qu'il voulait de moi - la satisfaction lorsqu'il se rattrapait, le pouvoir qu'il avait de balayer mes doutes en me souriant et en me prenant dans ses bras. Il n'avait jamais été parfait, et je le trouvais des défauts : rien n'avait changé. Mais je l'avais justement aimé pour cela, parce qu'il était humain malgré tout, parce qu'il avait ses failles et que quelque part j'avais cru - stupidement - lui faire du bien. Je l'aimais pour cela. Son collier ne me quittait pas, il me restait une de ses chemises que je lui avais volée, et le plus souvent je la mettais pour dormir, ou pour traîner dans la maison. Elle était longue évidemment, Stephen était grand, et elle me faisait une robe un peu triste. Maman avait insisté pour la laver : j'avais catégoriquement refusé - je ne voulais pas m'en séparer. Pas tout de suite, pas maintenant.

Elle n'avait même pas eu la force de me dire que je ne pouvais pas garder Le Chat - j'avais marmonné que de toute façon c'était temporaire, même si je savais parfaitement que cela ne l'était pas. Mais comment me l'enlever, alors que c'était tout ce qui me restait de Stephen ? Même le pelage de Le Chat était tout terne, comme si le pauvre petit animal n'avait pas plus de courage que moi pour se relever de cette épreuve.

J'étais absente. J'écrivais à Ruby pour qu'elle profite bien de ses vacances - j'avais fait le choix de ne rien lui dire, de lui expliquer vaguement que Stephen et moi nous étions disputés, rien de plus. Je ne voulais pas gâcher ses vacances, déjà que je me demandais comment elle allait bien accepter de partir chez Ewan en Août - il fallait que je me ressaisisse, sinon elle ne partirait jamais. Je mentais souvent, quand je discutais avec Conrad, avec Maman : ils savaient que j'étais triste, mais ils savaient aussi que c'est nécessaire, et qu'on se relève, n'est-ce pas ? Mais comment ?...

Quand je pleurais, mes larmes étaient toutes douces, toutes tièdes sur mes joues, et coulaient au bruit de mes sanglots qui formaient une petite musique triste. Je la connaissais bien, à présent.

En arrivant en Oregon, de rage, de cette tristesse étouffante, je m'étais jetée sur une paire de ciseaux, dans la salle de bain, j'avais attrapé mes cheveux et je les avais coupés sans ménagement, au niveau de mes épaules, n'importe comment. En le faisant je m'étais dit : tu ne vas pas pleurer, plus jamais ! Il les aimait tant tes cheveux, eh bien voilà ce qu'il a gagné ! Et les bruits métalliques des ciseaux se faisaient plus fort. Je me voyais hurler ma colère :
MAIS CASSE-TOI PUISQUE C'EST CA, QU'EST CE QUE TU VEUX QUE CA ME FASSE ? JE M'EN FOUS ! DEGAGE, C'EST CA, VA T'EN, J'AI PAS BESOIN DE TOI, DE TOUTE FACON HEIN, ON LE SAVAIT BIEN, TU CROIS QUOI ? TU N'ES CAPABLE D'AIMER PERSONNE, STEPHEN FRAY, JE TE DETESTE, JE TE DETESTE ! VA T'EN AVANT QUE JE TE FRAPPE, TU ME DEGOUTES, ABANDONNE TOUT ET FAIS TON LACHE, C'EST CA RIGOLE, JE SUIS UNE PAUVRE TAREE, C'EST CE QUE TU T'ES TOUJOURS DIT, PAS VRAI ? EH BEN LA PAUVRE TAREE ELLE T'EMMERDE ET ELLE TE DIT D'ALLER TE FAIRE FOUTRE, TOI ET TES VIEILLES MANIES, MAIS TU ES CHIANT MON PAUVRE, J'EN AI RIEN A FOUTRE DE TOI, JE TE DETESTE JE TE DIS, JE TE DETESTE !!! ... Et je m'étais effondrée en sanglots, de gros sanglots déchirants et qui retournaient le corps tout entier. Maman avait entendu, elle était arrivée pour me bercer dans ses bras, et elle n'avait rien dit devant le spectacle devant mes cheveux par terre, tristement recroquevillés sur eux-même. Elle avait pris les ciseaux pour ajuster mes mèches et puis elle m'avait bercée, j'avais beaucoup pleuré, et je lui avais tout raconté. Je lui avais aussi dit que Ruby ne savait pas et ne devait pas savoir, pas avant d'arriver ici, parce qu'elle allait paniquer et que je ne voulais pas.

Le jour de son arrivée, j'avais eu beau me forcer à sortir de mon lit, à m'habiller correctement, à ranger un peu : impossible. C'était comme si on m'avait ôté toute ma vie. Je voulais mettre mes poings sur mes yeux et les enfoncer jusqu'à ce que tout s'efface, jusqu'à ce que tout cela ne soit pas arrivé, qu'il ne m'ait pas dit ces mots-là en haut de la tour, qu'il soit simplement en vacances chez lui à Londres, que la rentrée ne change rien. Parce que tout était possible, et je le savais : nous pouvions continuer à nous voir, nous pouvions être étudiante et apprenti, nous pouvions ! Je le savais, j'avais tout imaginé...

Un bruit de pas se fit entendre dans les escaliers, et je le reconnus sans hésiter.


- Lizlor ! Je poussai seulement un soupir, fermant les yeux de soulagement. Quand Ruby entra dans la pièce, je trouvais la force de lever les bras vers elle pour qu'elle me prenne dans les siens. Je suis là, c’est moi.

Elle avait toujours été le soleil, celui qui brille avec une pureté sans égale dans le ciel bleu, celui qui fait lever le nez et fait sourire. Mais quand je sentis qu'elle m'agrippait tout contre elle et que je me laissais faire, serrant toujours la peluche contre mon coeur, Le Chat roulé en boule dans mon dos, ce fut plutôt comme si elle était la vague ronde et puissante qui s'écrase sur la plage, et que rien ne peut arrêter, pas même le pauvre barrage que les enfants se sont échinés à construire pendant des heures, contre la marée qui monte. Je n'opposai pas plus de résistance, et sentis toutes mes larmes se libérer d'un seul coup, comme si je hurlais ma peine, comme si je voulais pleurer à me tuer et à ne plus jamais pouvoir respirer. Et pour la première fois, les larmes me firent du bien : je déversais tout ce que je ressentais, je sanglotais et je me cramponnais à Ruby mais enfin mon coeur saignait pour de bon et ne restait pas amorphe, et toutes les pensées s'entre-choquaient dans ma tête. C'était ça, un chagrin d'amour ? Mais alors, pourquoi est-ce qu'on tombait amoureux, quand après, ça faisait si mal ?

- Mon petit amour, calme toi, ça va aller, respire. Personne ne va te faire du mal, je suis là, je reste, d’accord ?

Heureusement qu'elle était là... Ses gestes maternels m'apaisaient, tout mon corps frémissait de cette tendresse que je ressentais, et je m'y accrochais comme à une bouée. Mais je ne pouvais pas me calmer, je ne pouvais pas respirer, je ne pouvais pas. Je pleurais, et je pleurais parce que j'avais mal dans tout mon corps, parce que je ne comprenais pas comment on pouvait avoir si mal au coeur, comment on pouvait être si malheureux pour une seule personne, pour une personne qui ne se souciait même plus de nous.

- Regarde, on est tous là. On est tous inquiet. Je t’aime ma Lizlor, parle-moi, dis-moi, s’il te plait…

Je m'agrippai aux deux peluches comme un bébé, et me serrai plus contre elle. Je voulais parler, pour la délivrer, parce qu'elle s'inquiétait et je le savais, mais j'avais du mal, j'hoquetai et je luttai contre mon corps qui tremblait tout entier. J'avais honte tout d'un coup, de lui avoir tant menti, jusque dans mes lettres, faussement gaies... Mais je ne regrettais pas. L'inquiétude dans ses yeux me serrait le coeur un peu plus - je ne voulais pas qu'elle soit triste, jamais.

- J'ai menti, hoquetai-je, la voix toute faible. Je ne me suis pas disputée avec Stephen. Je ne voulais pas te le dire, je ne voulais pas que tu changes tous tes plans pour moi ! Pardon, je voulais que tu t'amuses en Italie... Je pleurais en parlant, je sanglotais et ce n'était pas très compréhensible, mais je devais continuer. Je... Je sentis ma bouche trembler, mon menton, tout. Il est parti, je veux dire, c'est fini... Il va étudier à l'étranger et il ne veut pas qu'on soit ensemble, il me l'a dit juste avant la fin des cours. Je... Je savais bien qu'il ne serait jamais le copain parfait mais... Je me disais qu'on pourrait y arriver et... Maintenant c'est fini, répétai-je, il est parti, et je l'aime tellement !...

Ma voix se brisa et mes larmes redoublèrent mais elles n'étaient plus aussi violentes : elles étaient silencieuses. Et résignées.

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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥]   ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥] Icon_minitimeMar 15 Oct - 23:19

Pourquoi ne l’avais-je pas senti ? Non seulement ses lettres, je n’y avait vu que du feu, mais aussi… Moi, simplement moi. C’était toujours étrange à dire, mais je me sentais liée à Lizlor, un lien physique, qui me faisait ressentir toutes ses émotions, des plus douces aux plus tristes. Lorsqu’elle était heureuse, je l’étais. Lorsqu’elle était triste, je l’étais. C’était aussi simple que cela. Je pouvais sentir mon cœur battre la chamade lorsqu’elle était excitée à l’idée que Stephen lui ai offert un si beau cadeau d’anniversaire, j’avais le corps qui se contractait lorsqu’elle s’inquiétait de ses sentiments, j’étais sereine lorsqu’elle allait prendre le thé avec Sara – c’était réellement des sensations physiques, comme si ma chair me rappelait sans cesse que je n’étais plus toute seule sous ma peau, que mon cœur partageait un peu celui de Lizlor. Alors pourquoi ne s’était-il pas contracté tout ce temps, pourquoi ne l’avais-je pas senti ? Etait-ce la distance, le fait de ne pas lire que ses sourires étaient plus tristes que d’habitude, de ne pas la voir, qui m’avait empêché de comprendre ? Toutes les lettres me revenaient en tête. L’écriture, est-ce qu’elle était aussi arrondie et souple que d’habitude ? Les mots qu’elle avait utilisé, aussi sincère et spontané qu’habituellement ? Mon cerveau tournait trop vite pour que je puisse savoir clairement, de toute manière. Je me souvenais simplement qu’elle se disait heureuse, qu’elle profitait, et les mots sonnaient tout à coup si faux que je compris, je compris qu’elle avait tout accentué pour que je ne vois rien. Et moi, stupidement, j’avais marché.

Je fis ce que je savais le mieux faire, la bercer, la câliner, pour que mes bras et mes caresses avalent ses larmes, les stoppent, que Lizlor se calme. C’était des gestes devenues presque automatiques, des gestes qui émanaient du plus profond de mon être sans que je sache comment les expliquer, les justifier. Je n’avais jamais su ce que c’était que de vraiment grandir avec une mère, alors je ne comprenais pas toujours comment je pouvais sentir cet instinct maternel en moi, si fort, qui se déversait quand j’éprouvais le besoin de protéger quelqu’un que j’aimais. Et je ne savais pas pourquoi cette force était encore plus puissante avec Lizlor. C’était avant tout ma meilleure amie, ma sœur, et non ma fille, et je savais qu’elle avait Sara qui veillait pour elle, mais c’était instinctif, primaire, j’avais besoin d’être sûre que l’on s’occupait d’elle. Et quand j’avais été en Italie, qui s’était occupée d’elle ? Je savais qu’il y avait Sara et Conrad, bien sûr. Mais qui avait dormi contre elle ? Lui avait chanté des chansons pour qu’elle s’endorme ? Lui avait caressé les cheveux, câliner, jusqu’à qu’elle cesse de pleurer ? C’était mon rôle. Peut-être que c’était égoïste, égocentrique, mais ça m’était égal, j’avais cette responsabilité, celle de protéger Lizlor, et je refusais de faillir.


- J'ai menti, dit-elle finalement. Sa voix était perdue dans les larmes, lointaine et fatiguée. J’eus envie de lui dire que je savais, que ce n’était pas grave, mais je ne voulais pas la couper, car je savais qu’elle puisait dans ses dernières forces. Je ne me suis pas disputée avec Stephen. … S’il l’avait plaqué, j’allais repartir en Angleterre, à Londres, j’allais trouver où se cachait ce petit merdeux et j’allais lui ouvrir le ventre avant de lui faire manger ses tripes par le derrière. Je ne voulais pas te le dire, je ne voulais pas que tu changes tous tes plans pour moi ! Pardon, je voulais que tu t'amuses en Italie... Je sentis mon cœur se contracter douloureusement dans ma poitrine. Mais c’était bête, j’aurais annulé l’Italie, je… Je m’en fichais d’Annalisa, pensai-je brusquement, et je n’eus pas le temps de culpabiliser sur ce que je venais de penser. Il n’y avait que Lizlor qui comptait.
- Ce n’est pas grave mon petit soleil, murmurai-je tendrement, embrassant sa joue, essuyant les larmes, la berçant toujours. Je suis là maintenant, ajoutai-je, comme pour lui rappeler que maintenant j’allais la protéger, je n’allais pas partir. J’étais là. J’allais l’aider.
- Je... Elle n’y arrivait pas, et tout doucement, je murmurai une nouvelle fois « je suis là » dans son oreille, comme pour l’encourager. Il est parti, je veux dire, c'est fini... Il va étudier à l'étranger et il ne veut pas qu'on soit ensemble, il me l'a dit juste avant la fin des cours. Je... Je savais bien qu'il ne serait jamais le copain parfait mais... Je me disais qu'on pourrait y arriver et... Maintenant c'est fini, il est parti, et je l'aime tellement !...
- Oh, ma Lizlor,
laissai-je échapper, et je la serrais encore plus fort contre moi, sentant les larmes me monter aux yeux.

Si j’avais eu le temps de me préoccuper de Stephen, j’aurais souhaité qu’il souffre, qu’il s’en morde les doigts, mais ce n’était pas vers lui que je devais tourner mes pensées. C’était vers la petite chose fragile que je tenais entre mes bras. Je me sentais en colère, pourtant, parmi les sentiments qui me prenaient, l’inquiétude, l’amour, la peur, je sentais la colère aussi parce que j’avais voulu y croire aussi, pour Lizlor, et que Stephen avait agi lâchement. Il était parti, tout simplement ? Il n’avait pas fait l’effort d’imaginer une relation à longue distance, je ne sais pas, pourquoi est-ce que… Pourquoi est-ce qu’il avait été si gentil pour l’anniversaire de Lizlor, si attentionné, il savait qu’il allait partir, n’est-ce pas ? Pourquoi lui donner de faux espoirs ? Et je savais combien Liz avait espéré que ça continue, combien elle avait craint ce départ de Poudlard, et finalement… N’avait-elle pas eu raison ?


- Tu aurais dû me le dire, je serais restée, tu es plus importante que tout, d’accord ? Lui dis-je doucement. J’attrapai un mouchoir sur la table de chevet, et essuyai le nez et les joues de Lizlor doucement, la redressant un peu pour qu’elle soit plus contre moi, et je me reculai pour m’appuyer contre le mur. Je pris les couvertures, et enveloppai Lizlor dedans, embrassant encore son front, m’assurant qu’elle était toute bien callée contre moi, et je fermai les yeux, berçant son petit corps. Respire doucement, là, murmurai-je en tapotant son dos tandis que son corps se secouait encore de sanglots. Je ne veux plus que tu me caches ça, je veux être là, dis-je d’un ton doux, maternelle, car je ne voulais pas qu’elle pense que je faisais une reproche.

Je marquais une pause, attendant qu’elle se calme, et cherchant aussi mes mots. Que dire… Que dire après une rupture ? Je me souvenais qu’après Hadrian, rien ne me consolait si ce n’était savoir Lizlor là, qu’elle me prenne dans ses bras, et j’espérai que c’était la même chose à présent, que ma Gryffondor se sentait un peu mieux de m’avoir à ses côtés – de toute manière, je n’en bougeai pas.


- Je suis désolée que Stephen ait été aussi con, lâchai-je finalement. Compte sur moi pour lui faire boire une horrible potion, tentai-je de plaisanter, mais je voyais bien que Lizlor n’était pas d’humeur, et que les larmes étaient toutes proches, et coulaient toujours, trop à mon goût. Je sais que pour le moment, rien ne peut te consoler, et je sais que tu ne veux pas le détester, l’oublier, parce que c’était trop agréable de l’aimer, et que tu tiens à ce sentiment… Mais ça va partir, tu sais. Les choses vont changer, et je te promets que tu ne vas pas sentir pour toujours le trou dans ta poitrine, d’accord ? Expliquai-je doucement. Et puis, je ne le permettrais pas, ajoutai-je, caressant ses cheveux désormais courts. C’est pour ça que tu les as coupé, à cause de lui ? Demandai-je, même si je connaissais déjà la réponse. Tu restes la plus jolie, n’empêche, dis-je.

Et je frottais mon nez contre la joue de Lizlor, avant d’y déposer un baiser, fermant les yeux. Je sentais l’impuissance m’envahir, comme à chaque fois qu’elle était triste, mais ce sentiment n’avait pas le droit de gagner. Je veillerais sur Lizlor, je le savais. Et je pensais ce que j’avais dit : les choses allaient passer, et le trou dans sa poitrine allait se combler. Je comptais bien y veiller, de toute manière.
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MessageSujet: Re: ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥]   ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥] Icon_minitimeMar 22 Oct - 0:32





Comme un abri dans la tempête, je trouvais refuge dans ses bras, et il y avait quelque chose de tellement supérieur à tout ce que je pouvais ressentir que mon coeur se sentait momentanément allégé de son fardeau. L'amour de Ruby était comme celui d'une mère : éternel et inconditionnel. Et j'étais si triste qu'elle n'ait pas pu le connaître, cet amour-là, mais sans doute était-ce aussi pour cela qu'elle le diffusait tout autour d'elle, comme une moisson qu'on lui aurait empêché de mener jusqu'à sa floraison. Mais aujourd'hui pour moi Ruby était une jolie rose, une rose d'un blanc pur qui rayonnait tout autour d'elle et qui me berçait de la douceur de ses pétales et de la délicatesse de son parfum. Elle était devenue tout ce qu'elle n'avait jamais eu, et mon admiration pour sa force et son courage ne faillirait jamais, notamment pour cette raison.

J'avais honte de lui avoir menti, et d'avoir en quelque sorte sali ce qui nous unissait mais... Mais je ne pouvais pas, je n'avais simplement pas pu la placer dans cette position, celle de devoir choisir entre s'amuser et s'inquiéter pour moi, celle de culpabiliser d'être si loin de moi et de ne pas s'occuper de moi alors qu'elle profitait du soleil italien. Je la connaissais sur le bout des doigts, et je savais pertinemment qu'elle n'aurait jamais trouvé un instant de sérénitude. Et de toute façon, à quoi bon ? J'étais triste, j'étais vide, j'étais blessée... Il me fallait le temps de me remettre, et ce temps n'appartenait qu'à moi. Car l'amour que j'avais pour Stephen n'était plus qu'à moi, maintenant qu'il n'en pouvait plus. J'étais si malheureuse... J'avais possession du plus beau de tous les trésors du monde, du plus rare, du plus cher. Mais c'était comme si j'étais seule, toute seule dans une caverne absolument plongée dans le noir, avec aucune source de lumière à portée de main, aucune autre âme vivante à qui le montrer, avec qui partager mon beau secret... A quoi servait-il, alors ? Alors que j'étais seule et que je ne pouvais même pas l'admirer ? Il se changeait en quelque chose de plus vicieux, de dure, de tranchant, de froid, et il me gelait les mains. Je le serrais contre mon coeur parce que je ne voulais pas le lâcher - il faisait trop sombre et jamais je ne le retrouverais, je le savais parfaitement. Je ne voulais pas l'abandonner ! Il était à moi et il était si précieux... Mais contre mon coeur il me rentrait dans la peau comme des lames acérées et sa froideur pénétrait ma chair, me givrait de l'intérieur. Il me tuait à petit feu, mais je le laissais faire, parce que je l'aimais. Tout simplement.


- Ce n’est pas grave mon petit soleil, murmurait Ruby, ses bras autour de moi. Je suis là maintenant. Oh, ma Lizlor...

Ses petits surnoms me réchauffaient un peu - mais je n'étais plus un soleil hélas, j'avais perdu toute mon énergie, toute ma chaleur, je m'étais éteinte, j'étais fatiguée. Mes rayons avaient chu, comme mes boucles blondes qui étaient tombées sur le sol de la salle de bain. Je sentais tout ce que sentait Ruby, parce qu'elle me tenait si serrée contre elle que c'était comme si nos deux coeurs ne faisaient qu'un et pleuraient ensemble. La colère, la tristesse, l'injustice, l'impuissance... Mais je n'étais plus seule. Et là était toute la différence. J'étais malheureuse, profondément malheureuse, mais je n'étais pas seule, et même si jamais Ruby ne pourrait me rendre ce que Stephen avait emporté avec lui, comment aurais-je pu ne pas m'accrocher à cette main tendue ? Je la serrais, et de toutes mes forces, même si je n'en avais plus beaucoup, car les sanglots me secouaient et je hoquetais, et j'avais la bouche salée de larmes, les yeux plein d'eau, le souffle las de ne plus être régulier.

- Tu aurais dû me le dire, je serais restée, tu es plus importante que tout, d’accord ?

J'eus un petit gémissement, ne sachant quoi dire - je m'en voulais, mais en même temps, je ne regrettais rien. Je me pelotonnai juste un peu plus contre elle, la laissant s'occuper de moi, et la laissai m'essuyer le visage, fermant les yeux comme un chat qui reçoit des caresses, soufflant docilement dans le mouchoir qu'elle me présenta. Pour une fois, je ne lui montrais pas beaucoup de soutien en m'abandonnant complètement, mais j'étais tellement perdue et à l'abri sous son aile que, bercée de tout son amour, je ne pouvais pas me résoudre à faire un geste.

- Respire doucement, là. Je ne veux plus que tu me caches ça, je veux être là, continua-t-elle doucement.

- Mais tu étais là, protestai-je entre deux sanglots. Je voulais juste que tu t'amuses bien en Italie. Et je veux que tu ailles chez Ewan après, la menaçai-je dans un sursaut d'indignation, même si je n'en avais pas vraiment la force.

Je reniflai une nouvelle fois, tentant de me frotter les yeux, mais rien à faire : ils redevenaient aussi brouillés de larmes la seconde d'après. Je les fermai en enfouissant mon visage contre Ruby quelques secondes, juste le temps de me dire que tout cela n'était pas vrai, que je rêvais, que j'avais rêvé toutes ces journées, n'est-ce pas ? Mais alors, pourquoi sentais-je une telle langueur dans tout mon corps, comme si il avait mis à rude épreuve ? Pourquoi avais-je l'impression que sourire était la chose la plus cruelle et la plus douloureuse du monde ? Et je me demandais ce que faisait Stephen, là-bas, si loin... Si lui aussi il avait repensé à moi, si il était triste... Je ne voulais pas qu'il soit triste... Est-ce qu'il regrettait ? Non, bien sûr que non... Comment, mais comment faisait-il... Je me mis à espérer que Ruby me dise exactement ce que je fantasmais, ce que mourrais d'envie d'entendre : il va revenir, tu sais, ce n'est qu'un cauchemar. A la rentrée, il sera là ! Il t'aime pour de vrai. Ce n'est qu'une vilaine plaisanterie.


- Je suis désolée que Stephen ait été aussi con. Compte sur moi pour lui faire boire une horrible potion. Je sais que pour le moment, rien ne peut te consoler, et je sais que tu ne veux pas le détester, l’oublier, parce que c’était trop agréable de l’aimer, et que tu tiens à ce sentiment… Mais ça va partir, tu sais. Les choses vont changer, et je te promets que tu ne vas pas sentir pour toujours le trou dans ta poitrine, d’accord ? Et puis, je ne le permettrais pas.

Mais j'étais stupide, sotte, idiote, naïve. Je sentis mes sanglots redoubler et je m'accrochai un peu plus à Ruby. Il ne reviendrait pas... Je ne voulais pas l'oublier, je ne voulais pas que ça parte... Ce n'était pas un trou dans ma poitrine, c'était du vide, c'était tout l'intérieur de mon coeur qui était vide et froid.

- C’est pour ça que tu les as coupé, à cause de lui ? Tu restes la plus jolie, n’empêche.

Je la laissai m'embrasser et répondis tristement à son bisou sur ma joue en frottant mon visage contre le sien. Dans mon coeur, il n'y avait rien d'autre qu'une mélodie un peu triste que je ne pouvais pas l'empêcher de fredonner. Un soir... J'étais allée sur la plage, après le dîner, prétextant l'envie de prendre l'air. J'avais marché alors que le soleil se couchait, mais il n'y avait pas un souffle de vent alors l'air était encore si gorgée de la chaleur du jour emprisonnée dans le sable que j'étais restée pieds nus, dans ma robe en lin, sans ressentir le besoin de me couvrir. Pourtant l'air était toujours un peu plus frais près de l'océan - ce soir-là il était calme et plat, paresseux, rose de la lumière du soleil couchant, et tout était si beau. J'avais marché longtemps, traînant mes pieds dans le sable blanc. Je m'étais arrêtée en haut d'une petite dune, où nous aimions venir avec Maman, parce que la vue sur la baie était imprenable. Ce soir-là, elle l'était tout autant : le soleil enflammait l'horizon, le ciel d'un bleu pâle se transformait peu à peu ; l'océan, infini, s'entourait de ce mystère qui m'était si cher lorsque que je le contemplais - je m'imaginais ce qu'il y avait au bout, je me voyais naviguer, comme si c'était entrer un monde parallèle. Je m'imaginais qu'une fois sur l'eau, on était libre, comme si la Terre n'avait plus de limites. Mais pas cette fois. Le doré mourrait peu à peu et le paysage se teintait de couleurs pastels ; tout était beau, magnifique, mais je ne pouvais pas, cette beauté écrasait mon coeur un peu plus et je me sentais minuscule devant la vastitude du monde.
Ce soir-là, il me sembla qu'il n'y avait rien de plus triste qu'un coucher de soleil.


- Je les ai coupés parce qu'il les aimait beaucoup, marmonnai-je enfin, dans un sursaut de colère. Je ne veux pas être la plus jolie, ça sert à rien.

La vérité, c'est que je ne voulais plus être belle, je ne voulais plus avoir de beaux cheveux, je ne voulais plus sourire, parce que Stephen n'était plus là pour me contempler. Et j'aimais bien la façon qu'il avait de me regarder : jamais franchement, sauf pendant nos étreintes. Mais je sentais son regard sur moi, et j'aimais cette sensation particulière.

- Je ne comprends pas, dis-je d'une voix plaintive, sentant les larmes couler à nouveau - la colère ne tenait jamais bien longtemps. Je me poussai un peu en arrière, dans le lit, pour que Ruby ait plus de place et puisse s'installer un peu mieux, tout en restant accrochée à ses bras. Comme je m'étais reculée vers le mur, Le Chat qui était silencieusement couchée dans mon dos n'avait plus assez de place et je l'attrapais maladroitement, le serrant contre ma poitrine avec les deux peluches. Il était tout tiède, et n'émit aucun miaulement, si ce n'est qu'il accepta docilement mes caresses. Il me l'a laissé, expliquai-je alors à Ruby. Maman a dit oui... Pour le moment. Pauvre petit chat - lui aussi abandonné, et mon coeur se serrait un peu plus. Je ne comprends pas. Pourquoi est-ce qu'il est parti ? Je pensais qu'il m'aimait, qu'il m'aimait bien au moins... C'était mieux qu'avant pourtant, hein, pas vrai ? Pourquoi il a été si gentil pour mon anniversaire ? Pourquoi est-ce qu'il n'a pas voulu nous laisser une chance ? Pourquoi... Pourquoi est-ce que je n'ai pas réussi à faire qu'il m'aime assez ? C'est nul d'être amoureux, reniflai-je, fermant les yeux après m'être détournée du regard de Ruby. Ca fait trop mal, hoquetai-je, et j'étais désolée de lui dire cela à elle pour qui tout se passait si bien. Je ne voulais pas lui faire de peine, pas l'inquiéter... Je ne veux plus que ça arrive, jamais.

Je me plaisais à me dire que Stephen était parti avec mon coeur, or on ne peut pas vivre sans, n'est-ce pas ? Alors cela voulait dire qu'il reviendrait, forcément...
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MessageSujet: Re: ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥]   ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥] Icon_minitimeMer 6 Nov - 20:37

J’essayais de me rassurer comme je le pouvais. Nous étions en Oregon, rien ne pouvait nous arriver, n’est-ce pas ? Ce lieu était magique. Il recelait dans le sable, dans le bleu du ciel qui se jetait dans la mer, quelque chose d’incroyable, comme un secret que nous étions les seuls à connaître et à pouvoir partager. Mais nous ne le voulions pas, d’ailleurs : mes vacances en Oregon étaient mon trésor, et j’avais bien du mal à mettre des mots sur la beauté du paysage, sur la sérénité qui m’envahissait, sur le rire de Lizlor qui résonnait entre les rochers de la plage, sur le regard maternel de Sara qui me mettait toujours en confiance. C’était un tout, et je savais que je n’étais pas la seule à le ressentir. Lizlor avait grandi ici, et ça avait une place toute particulière pour elle d’être de retour, elle qui avait eu tant de mal à accepter l’Angleterre. Mais maintenant, elle avait deux vies distinctes, une à Poudlard et dans le Kent, et celle ici. Elle était heureuse de la retrouver, alors, pouvait-elle sentir le soleil en elle, réchauffer son cœur qui s’était glacé depuis que Stephen était parti ? J’embrassai sa joue, ses cheveux, cherchant à insuffler du bout de mes lèvres un peu de chaleur pour qu’elle reprenne consistante. Elle semblait si épuisée ! Et pourtant, Sara et Conrad avait dû veiller, et ils comptaient tellement pour Liz… Je sentis mon cœur s’accélérer désagréablement. Elle allait mal, vraiment mal, trop pour que la simple présence de ceux qu’elle aimait et qui l’aimaient suffisent. Trop pour que le roulement des vagues la rassure. Trop pour que d’une seule étreinte, je fasse envoler sa peine.

- Mais tu étais là. Je voulais juste que tu t'amuses bien en Italie. Et je veux que tu ailles chez Ewan après.
- On verra ça plus tard,
coupai-je avec autorité.

Bien sûr que je voulais voir Ewan, et que l’idée d’être loin de lui pendant deux mois me terrifiaient, mais il était aussi hors de question d’abandonner Lizlor dans un tel état. Qui veillerait sur elle ? Oui, il y avait sa mère, son frère… Mais je voulais être là pour elle, moi aussi. Parce qu’elle l’avait toujours été pour moi. Je savais que malgré tout, Stephen était un pilier instable sur lequel elle s’était toujours appuyé, parce que la haine, l’amour, l’attirance, tout cela avait été des sensations assez fortes pour la faire vivre, la faire revivre après le décès de son père. Et je voulais que quelqu’un lui insuffle à nouveau la force de vivre. C’était la seule chose dont je me sentais capable de toute façon, la seule chose qui ne m’avait jamais fait douter : j’aimais Lizlor et elle m’aimait, et à nous deux, nous étions plus fortes. Alors si elle avait besoin de moi, je resterais, et si elle prétendait le contraire, je le sentirais, de toute manière. Maintenant que j’étais contre elle, rien ne pouvait m’empêcher de ressentir notre lien si particulier.


- Je les ai coupés parce qu'il les aimait beaucoup. Je ne veux pas être la plus jolie, ça sert à rien.

J’hochai la tête, comprenant son geste. Elle avait voulu se détacher, comme elle l’avait pu, de ce qui restait de leur histoire. Et c’était plus simple de se couper les cheveux que de cesser d’aimer, de jeter une photo que d’oublier les souvenirs : cette chose superficielle qu’était toutes les choses matérielles donnait l’impression de contrôler les sentiments mais nous savions tous que ça ne représentait rien, au final. Lizlor avait coupé ses cheveux, mais cela ne changeait rien à ce qu’elle ressentait, et à ce que Stephen ressentait. Elle avait fait une sorte d’appel à l’aide, qu’il ne verrait et n’entendrait jamais. Je me demandais si elle avait essayé d’entrer en contact avec lui, j’en doutais, et je n’étais pas sûre que ça soit une bonne idée – je me taisais donc. Les choses étaient trop fraiches pour qu’elle puisse prendre du recul, et mon cœur se serra un peu plus fort en y songeant. Elle devait avoir si mal, la plaie était à vif, et combien de temps faudrait-il pour qu’elle cicatrice ? Combien de temps avais-je eu besoin, moi ? Je sentis la panique me piquer. Et si Lizlor faisait des bêtises, comme je l’avais ? Je ne le supporterais pas – mon cœur s’emballa, et je la serrai un peu plus contre moi, apeurée soudain qu’elle tente de m’échapper.

- Je ne comprends pas, murmura-t-elle, s’installent plus franchement dans le lit, et je me laissai attirée contre elle, la serrant toujours – elle s’accrochait à moi comme si elle avait peur que je la lâche. J’eus tout de même une expression de surprise lorsqu’au milieu des draps, je reconnus Le Chat, et Lizlor l’attrapa pour le serrer contre lui. Qu’est-ce qu’il fichait ici ? Sérieusement, Stephen… La quitter et lui laisser ton chat ? Je sentis mes entrailles bruler sous la colère. Il me l'a laissé. Maman a dit oui... Pour le moment. Je ne comprends pas. Pourquoi est-ce qu'il est parti ? Je pensais qu'il m'aimait, qu'il m'aimait bien au moins... C'était mieux qu'avant pourtant, hein, pas vrai ? Pourquoi il a été si gentil pour mon anniversaire ? Pourquoi est-ce qu'il n'a pas voulu nous laisser une chance ? Pourquoi... Pourquoi est-ce que je n'ai pas réussi à faire qu'il m'aime assez ? C'est nul d'être amoureux. Ca fait trop mal. Je ne veux plus que ça arrive, jamais.

Mon cœur se serra, et je sentis que le sourire que j’essayais de garder disparaissait malgré moi. Tout ce qu’elle disait m’inquiétait un peu plus, parce que je savais qu’elle était mal, mais tout me le confirmait un peu plus, encore pire peut-être que ce que je n’avais voulu imaginer… Et ces mots qu’elle prononçait, ce soudain rejet, je ne pouvais pas m’empêcher de le comprendre et de savoir que je l’avais ressenti… Et avec du recul, n’avais-je pas moins aimé Hadrian qu’elle aimait Stephen ? Leur rupture avait été si brusque, et je me demandais avec effroi qui s’était occupé d’elle, à Poudlard, comment avait-elle fait ? Avait-elle refusé la rupture, s’enfermant dans un déni qui inhibait la peine ? Je me sentis si impuissante tout à coup, comme si le problème était trop gros pour que je le cerne complétement. Je voulais le saisir, l’étouffer, le faire disparaître… Mais il était partout, et il m’étouffait aussi. L’amour était un sentiment si complexe, et la relation de Lizlor et Stephen encore plus, que je ne savais pas encore exactement quoi dire. Lizlor savait qu’il n’était pas forcément bon pour elle, mais pouvais-je vraiment lui en vouloir d’avoir voulu y croire ? J’étais la première à vouloir m’accrocher à des illusions parfois, comme l’alcool. Je ne pouvais pas faire de leçon…

- Ce n’était pas à toi de le faire, Liz, murmurai-je d’une voix autoritaire, soudain en colère contre Stephen. C’était comme des vagues, j’étais soit trop triste pour y penser, soit tout à coup je sentais une colère amère me brûler de l’intérieur et j’avais envie de le faire souffrir aussi, et c’était étrange, je connaissais mal cette envie bouillonnante de me venger et pourtant elle m’envahissait totalement. S’il t’a laissé, ce n’est pas forcément qu’il ne t’aimait pas, mais c’est qu’il t’aimait mal, parce qu’on ne laisse pas quelqu’un comme toi. Et je te promets qu’un jour, un garçon s’en rendra compte et qu’il te prouvera que tu valais mieux que Stephen, assurai-je. Parce que ça, j’en étais persuadée. Comment pouvait-on simplement résister à Lizlor ? Elle était la meilleure personne que je connaissais. Tu as l’air épuisée, attends, murmurai-je.

Comme elle tremblait encore de ses sanglots, je l’installai sous la couette, avec les peluches, et je me glissai contre elle, l’étreignant toujours, posant son visage dans mon cou tandis que je jouais avec ses cheveux désormais courts. Dans ses bras, le chat poussa un petit miaulement.


- Tu devrais te reposer, maintenant je veille d’accord ? Et… Je marquai une pause, ne sachant pas comment m’exprimer. Tu vas t’en sortir, promis. Je veux juste que… Enfin, j’espère que tu ne feras pas de bêtises, hein ? Demandai-je à voix basse, soudain honteuse. Je n’ai pas été un très bon exemple, admis-je, et je posai un baiser sur le bout du nez de Liz. Mais je te protège, de toute façon.

Je te protègerai toujours, ajoutai-je silencieusement. Puis, la berçant dans mes bras, je me mis à fredonner une berceuse pour qu’elle cesse de pleurer, et mes mains caressaient sa peau tiède. J’espérais, à ma manière, percée sa carapace, atteindre son cœur, et le caresser aussi pour que petit à petit, il se répare, et surtout, que Lizlor n’ait plus mal.
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MessageSujet: Re: ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥]   ~ Sheltered from the Storm. [PV L. ♥] Icon_minitimeLun 9 Déc - 16:53

La colère viendrait, je le savais. Elle prendrait la place de tout ce qui n'était plus, elle s'insinuerait dans tous les recoins et se mélangerait à la tristesse, et je n'aurais plus qu'à faire avec ce mélange un peu explosif et pas forcément réconfortant. Mais c'était mieux que rien : mieux que cette torpeur douce mais lourde, mieux que cette absence d'envie de tout, alors que nous étions au début des vacances d'été, ma partie préférée de l'année. Je n'arrivais pas à me lever le matin parce que je n'avais envie de rien, et plus je m'en rendais compte plus je m'enfonçais dans mon lit, désespérée de ne pas trouver les moyens, dégoûtée de moi d'être si faible mais par-dessus tout bien trop triste pour m'accrocher au peu d'honneur qu'il me restait. Je n'y arrivais pas - les larmes balayaient tout avec elle, je n'y arrivais pas. J'étais infiniment triste, et cette fois je n'avais plus personne pour qui être forte, c'était différent de la mort de Papa - Maman et Conrad s'inquiétaient pour moi, oui, mais ce n'était pas pareil. Stephen n'abandonnait que moi derrière lui, et ses amis, mais ici, j'étais la seule à pleurer son absence. La seule à avoir l'impression que son cœur était en morceaux, aussi étrange que cela puisse paraître - Stephen et moi n'avions jamais réellement défini quoi que ce soit, nous étions ensemble mais pas trop, nous ne parlions jamais de ce genre de choses. Nous savions, c'est tout. Enfin... Nous pensions savoir, du moins pour ma part.

Et puis je lui en voulais de me faire sentir si misérable alors que grâce à lui j'avais été sauvée, grâce à lui je n'avais pas chuté un peu plus profondément dans mon enfermement, dans ce refus de la réalité qui m'habitait quelques années auparavant. Stephen ne m'avait pas appris à ne plus avoir peur, il m'avait appris à vivre avec et à la contrôler, à m'en servir comme une arme. Je n'avais pas besoin d'être sauvage et méchante pour me protéger, je pouvais le faire bien plus en douceur, je pouvais me confier un peu plus et m'effacer un peu moins. Je pouvais avoir confiance.


- Ce n’était pas à toi de le faire, Liz. S’il t’a laissé, ce n’est pas forcément qu’il ne t’aimait pas, mais c’est qu’il t’aimait mal, parce qu’on ne laisse pas quelqu’un comme toi. Et je te promets qu’un jour, un garçon s’en rendra compte et qu’il te prouvera que tu valais mieux que Stephen. Tu as l’air épuisée, attends.

Je me laissai faire, l'écoutant et acquiesçant faiblement. Je ne voulais pas valoir mieux que Stephen, je voulais Stephen. Mais je comprenais ce que faisait Ruby, je savais que j'avais agi ainsi quand elle avait été si triste pour Hadrian, je savais qu'elle détestait Stephen en cet instant, et qu'elle voulait me rassurer. Et j'avais envie de lui dire : ce n'est pas grave, je sais que je t'ai toi et que je ne serais pas malheureuse, ne t'inquiète pas, mais c'était à moi d'être rassurée pour cette fois, et je n'avais pas la force de lui montrer que je n'allais pas me laisser abattre. Je me doutais qu'elle songeait à la suite : comment allais-je être, comment allais-je maintenant que mon coeur était tout brisé ? Chacun réagissait à sa façon mais pourtant c'était presque toujours la même chose, surtout à nos âges. Sauf que je ne voulais pas devenir ces adolescentes stupides qui noyaient leur peine dans les fêtes et qui se mettaient à sortir avec n'importe quoi - cela me paraissait impossible. J'avais peur de tout cela, mais j'avais encore plus peur que Stephen ne revienne pas. Où était la solution ?

Je me blottis d'avantage contre Ruby, sentant les larmes couleur un peu plus, et mon menton trembler. Elle s'était couchée avec moi, contre moi, et nous étions l'une contre l'autre, tandis que je serrais toujours les peluches et Le Chat contre moi.


- Tu devrais te reposer, maintenant je veille d’accord ? Et… Tu vas t’en sortir, promis. Je veux juste que… Enfin, j’espère que tu ne feras pas de bêtises, hein ? Je n’ai pas été un très bon exemple. Mais je te protège, de toute façon.

Elle ne le vit pas parce que j'étais pelotonnée contre elle, mais j'eus un petit sourire, un peu faux, qui voulait dire "ne t'inquiète pas". Pourtant je savais qu'il m'était impossible de promettre de telles choses : j'étais trop triste, trop seule et trop perdue, malgré tout l'amour dont on m'entourait. J'avais besoin d'aller mal pour aller mieux, et j'ignorais pour l'instant quelles étapes il me faudrait franchir pour m'en sortir, j'ignorais aussi quelles surprises me réservaient Stephen.

- Je sais, murmurai-je simplement, le souffle un peu oppressé par tous mes sanglots. Je savais qu'elle serait là et ferait tout ce qui était en son pouvoir pour m'aider - je n'avais aucun doute à ce sujet. Je savais aussi que probablement ça ne serait pas si facile pour elle de me maintenir à flots, de partager tout ce qu'elle vivait avec Ewan alors que je n'avais plus personne, mais je m'en fichais. Je ne voulais pas qu'elle soit dans cette position et elle comptait bien trop pour que la laisse s'y installer. Son bonheur faisait le mien et je ne voulais pas qu'elle le gâche ou l'atténue, pas de cette façon. Ça ira mieux parce que tu es là, conclus-je en lâchant mes peluches pour entourer Ruby de mon bras et de me coller un peu plus contre elle, fermant les yeux pour laisser la chaleur irradier ma peau.

Je ne voulais plus avoir froid à l'intérieur ; je savais que cela ne serait pas facile, mais l'été allait m'aider, maintenant que Ruby était là et que je me sentais complète. Il manquait une pièce à mon cœur mais je ne voulais pas y penser, elle me préoccupait déjà assez - peut-être aussi que de cette manière j'espérais qu'à la rentrée tout serait différent, il serait là, de retour, et rien de tout ça n'aurait existé. Ma main gratouilla la tête de Le Chat et il ronronna faiblement, mais comme il était tout contre ma poitrine ses tremblements se mélangèrent aux battements de mon cœur et me rappelèrent par la même occasion qu'il était encore là, qu'il battait, et que je n'étais pas seule.



Fin
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