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Un royaume [PV Lizlor]

 
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 Un royaume [PV Lizlor]

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Stephen Fray


Stephen Fray
Élève de 6ème année



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MessageSujet: Un royaume [PV Lizlor]   Un royaume [PV Lizlor] Icon_minitimeMer 26 Juin - 0:57

“I made this place for you. A place for you to love me. If this isn’t a kingdom then I don’t know what is.”






Les ASPIC s'achevaient enfin. Après une semaine d'examens, je me sentais curieusement léger ; ce n'était que maintenant que je me rendais compte que j'avais, moi aussi, ressenti la pression manifeste chez mes camarades. Je ressentais aussi une étrange sensation de… vide. Voilà, ne cessais-je de me répéter, voilà, c'était fait. Le but de ces sept années d'études venait de se concrétiser. Les ASPIC avaient lieu avant les BUSE, ce qui signifiait que nos résultats arriveraient à temps pour la cérémonie de remise de diplômes à la fin du mois de juin. Il y aurait une fête. Puis nous rentrerions chez nous, non plus en élèves attendant la rentrée suivante mais en jeunes hommes et femmes libres, en quête d'un futur à construire. Tout cela avait quelque chose d'à la fois très excitant et terrifiant. Et bien qu'il n'y eût plus de véritable raison de se rendre en cours à présent, nous continuions à le faire pour la plupart, même ceux d'entre nous qui avaient séché plus d'une fois les classes au cours de l'année. Inconsciemment, je crois que nous cherchions tous à nous raccrocher à notre statut d'élève, à ces dernières heures de jeunesse. Poudlard avait été une maison, une famille pour moi. Songer que j'allais bientôt le quitter… n'était pas agréable. Pour bien des raisons.
L'une de ces raisons fêtait aujourd'hui ses dix-sept ans. Un anniversaire comme un autre pour les Moldus, mais légèrement plus important pour les sorciers puisqu'il célèbre la majorité. Et puisque la personne concernée se trouvait être ma petite amie, très officielle, il fallait que je fête dignement cette grande date.
… Pas que ce fut une corvée. Lizlor ne serait jamais une corvée. Mais d'une certaine façon, cet événement me stressait bien plus que les ASPIC. Après tout, il y avait peu de risques que j'échoue aux examens. Avec Lizlor, j'avais toujours peur de me tromper, de dire quelque chose de travers, de ne pas être à  la hauteur… Et je me sentais mal aussi, de lui faire ça maintenant alors que bientôt peut-être… plus que peut-être, sûrement… Pourquoi avait-il fallu qu'elle naisse en juin ? Ah non, bravo Madame Wayland, vraiment bravo, merci pour rien (Monsieur aussi, paix à son âme).
Peut-être que je pourrais simplement lui rendre la pareille ? Après l'anniversaire qu'elle m'avait offert… humm, son cadeau était le genre… inoubliable. Si vous voyez ce que je veux dire. Mais même si je savais qu'elle ne réclamait rien, je tenais à faire plus. C'est pourquoi, plusieurs jours avant le début de la semaine des ASPIC, j'avais commencé mes recherches.
Qu'offrir à une fille comme Lizlor Wayland ? Je n'avais pas l'habitude de me poser ce genre de questions – les seuls cadeaux que j'offrais étaient toujours utiles avant tout. Deviner ce dont quelqu'un avait besoin m'était facile : tout ce que j'avais à faire c'était de bien observer, un domaine dans lequel j'excellais. Mais cette fois c'était spécial, Lizlor était spéciale et je tenais à ce que son présent le soit aussi. Comme j'étais trop fier pour demander conseil à ses amis (et trop honteux en particulier pour en discuter avec Ruby, après l'enquête que j'avais mené à son sujet… et ce que j'avais découvert, grâce à Candy), j'étais un peu coincé. Les jours se suivaient, la date ultime approchait, et je n'avais toujours rien. Le week-end précédant les examens, je négligeai quelques jours les révisions (à l'irritation générale de mes condisciples) pour aller faire un tour à Pré-Au-Lard. C'était la dernière sortie avant le 22, ma dernière chance de trouver la perle rare.
Qu'offraient les garçons aux filles qu'ils aimaient ? D'abord, qu'aimaient les filles ? Lizlor n'était juste pas une fille comme les autres, vous comprenez. Pour m'aider, j'avais fait une liste des choses susceptibles de lui convenir :


  • Collants neufs
  • Vêtements (???)
  • Balai de course
  • Un harnais pour grimper aux arbres
  • Etui à cigarettes
  • Quelque chose ayant un rapport avec les chats

A la fin de la journée, la liste avait évolué ainsi :

  • Collants neufs NON trop impersonnel
  • Vêtements (???) ?? ?? ?? !!???????!!!!!!
  • Balai de course seulement quand j'aurai gagné à la loterie
  • Un harnais pour grimper aux arbres qui est l'idiot qui m'a conseillé ce cadeau ?? sûrement Carlton
  • Etui à cigarettes mais oui, bien sûr, encourageons la à se tuer
  • Quelque chose ayant un rapport avec les chats
  • Un chat ?
  • Le Chat ?
  • Nul.
  • Des sous-vêtements en dentelle ? C'est SON anniversaire
  • Des sous-vêtements avec des chats !!!! Introuvable, hélas

Le soleil était bas sur l'horizon, près à disparaître derrière les montagnes, et je me sentais comme l'héroïne d'un de ces contes niais où toute tâche doit être accomplie avant le coucher du soleil (SINON !…), c'est à dire désespéré et un peu en sueur à force d'avoir couru partout dans Pré-Au-Lard à la recherche du cadeau ultime. Alors que j'essayais vainement de faire taire la petite voix qui répétait inlassablement “tu aurais dû lui acheter cette peluche”, une voix me déconcentra. Je tendis l'oreille, prêtant attention.
– Colliers, bracelets, boucles, bijoux pour toutes les jolies sorcières futures diplômées ! Deux achetés, un charme offert ! Gravure de la date pour deux mornilles, le prénom pour quatre !
Les mots me frappèrent, et soudain je me remémorai soudain un événement, une bribe de souvenir, un flash : Scott et Haley, au bal. La bague ! Oh, je me rappelais très bien ce à quoi j'avais tout de suite pensé, et la sensation de rejet qui m'avait envahie instantanément. Jamais, jamais je ne pourrais offrir une bague à Lizlor !
Mais il n'y avait pas que les bagues… Je n'avais même pas pensé aux bijoux jusque là parce que Lizlor n'en portait jamais. Mais alors, serait-ce une bonne idée de lui en offrir ? Je me retournai. La voix était celle d'une vieille femme décharnée qui s'efforçait de vendre sa camelote avant la fin du week-end. Je m'approchai, curieux. En me voyant, la vendeuse m'offrit un sourire édenté.
– On cherche un cadeau pour la demoiselle ?

– Quelle est cette matière ? je pointai du doigt une mince chaîne argentée.
– Ça c'est de l'argent mon garçon, répondit la vieille.
– Je sais reconnaître l'argent. Ça ce n'est pas de l'argent, rétorquai-je. (On ne me la faisait pas, elle croyait peut-être que je ne voyais pas les traces de rouilles au niveau des jointures ?)
– Monsieur est un client difficile, hein ? D'accord, jetez plutôt un œil à ça…

Mais j'avais repéré une autre chaîne, plus fine, d'une teinte moins cliquante, un gris sombre tirant sur le rouge, et au bout de laquelle était attachée une petite fiole.
– Doucement ! grogna la vieille.
Délicatement, je démêlai la chaîne, pour observer de plus près la fiole vide. Du cristal. C'était un travail raffiné. Qui que soit l'orfèvre ayant conçu ce bijou, il ou elle avait des mains de Gobelin.
– Très, très bon choix, commentait la vendeuse tandis que je faisais tourner le bijou entre mes doigts. La chaîne est réglable, elle s'adapte au cou de celle qui la porte. Et la fiole, ah ça, c'est du beau boulot pas vrai ? Solide comme du diamant ! Elle ne se brisera jamais, sauf si son propriétaire la jette volontairement sur le sol. Ce qui serait un gâchis fou bien sûr, regardez cette merveille !
La “merveille” me fut cédée pour sept gallions. Elle en valait sûrement moins, mais ça n'avait pas d'importance car elle vaudrait bien plus une fois que j'aurais rajouté ma touche personnelle, à laquelle je consacrai tout mon mercredi après-midi suivant.
Quand le jour J arriva, j'étais prêt. J'avais donné rendez-vous à Lizlor, dans le parc, puisque tout le monde serait à Pré-Au-Lard pour fêter la fin des ASPIC à l'occasion d'une des dernières sorties de l'année. Il faisait exceptionnellement beau, même pour le mois de juin. Je contemplais le bleu du ciel avec un petit sourire. J'avais mon sac de cours sur mon épaule, bourré de victuailles que j'avais été cherché aux cuisines, et une nappe dans l'autre main, pour un pic-nique. Je me sentais très ridicule et très heureux.
Je reconnus son parfum avant de la voir apparaître. Je ne l'avais pas entendue traverser le pont pour me rejoindre et j'étais sûre qu'elle pensait que je ne m'attendais pas à la voir arriver tout de suite car elle était un peu en avance (moi aussi, il fallait croire que nous étions tous deux impatients). Je fis semblant de ne pas l'entendre quand elle se glissa derrière mon dos et sursautai même quand elle plaqua ses mains fines contre mes yeux.
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Lizlor Wayland


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MessageSujet: Re: Un royaume [PV Lizlor]   Un royaume [PV Lizlor] Icon_minitimeJeu 27 Juin - 13:18




« True love burns the brightest »
(but the brightest flames leave the deepest scars)



Les ASPIC s'achevaient enfin. Quel bonheur ! J'avais eu l'impression de les passer moi aussi, alors que, heureusement, ils ne m'attendaient que l'année prochaine. Je n'avais pas spécialement craint que Stephen les rate ou ait du mal - on ne rate pas beaucoup d'examens quand on s'appelle Stephen Fray - mais j'avais commencé à trouver le temps franchement long vers la fin, alors que monsieur s'acharnait à aller réviser. Et pour lui, réviser revenait à disparaître et s'enfermer dans la plus désaffectée des pièces désaffectées du château pour élaborer des potions complexes jusqu'au premier rayon du soleil, ce qui n'était clairement pas dans mes occupations favorites. Je l'avais moins vu, forcément, et pourtant l'arrivée des beaux jours me donnaient envie de passer mes journées avec lui, de profiter de tout ce que Poudlard pouvait nous offrir, d'aller à Pré-au-Lard, ou de rester juste tranquillement couchée à côté de lui à rêvasser en le regardant dans la demi-lumière des endroits exigus : mais non. Non, Stephen Fray s'acharnait à travailler comme si son avenir était en jeu et disparaissait dans ses ingrédients et ses grimoires, et moi, j'étais condamnée à maugréer dans mon coin, lui jetant des regards sombres quand j'en avais l'occasion à table - mais je ne voulais pas non plus passer trop de temps à lui faire la tête, car nous n'en avions pas assez, justement. Comble du comble, ces derniers temps, quasiment à chaque fois où je traînais dans le château en me disant : tiens où est Stephen... Ah, il révise, évidemment (soupir agacé), il n'était pas rare que je croise sa petite sœur, toujours tirée à quatre épingles, avec un petit sourire amical - mais je ne l'aimais pas trop. Bien sûr, je ne l'avais jamais dit à Stephen, respectant le fait qu'elle était sa sœur : je ne voulais pas le vexer ou lui faire de mal. Mais cela faisait longtemps que quelque chose m'échappait à propos de leur relation ; même lui en parlait peu, ou bien le prénom de Candy apparaissait dans des anecdotes purement matérielles, et je ne savais jamais par quel bout les prendre, et si c'était le signe que je pouvais le saisir justement, et pousser un peu plus le sujet... Car avec le temps cela s'était arrangé, mais il m'avait tout de même servi de leçon. Je n'oubliais pas l'interdiction du début, cette manière que nous avions eu de ne devoir pas aborder les sentiments, l'intimité... Interdiction qui s'était levée petit à petit, d'elle-même, comme le soleil derrière les montagnes de Poudlard. Timide au début, mais à la fin il était si haut que sa lumière irradiait le jour sans que l'on remarque sa présence.

De toute manière, je n'excellais pas non plus dans la matière. Combien de fois avais-je fait un pas en avant, incapable de résister ? Combien de fois m'étais-je sentie repoussée, délicatement certes, mais délicatement : c'était de Stephen Fray dont il s'agissait, pas le premier amoureux transi que l'on pouvait s'imaginer. Parfois, je me demandais comment il se définissait lui-même. Je n'en parlais jamais, puisque la seule fois où j'avais émis cette idée en posant ma main sur son cœur, il m'avait rappelée à l'ordre comme il savait si bien le faire. Mais quand je tentais de calmer la chaleur irradiante en moi qu'il déclenchait dès qu'il frôlait ma peau, j'essayais de voir clair, de comprendre : quels étranges rouages animaient son esprit ? Quel regard avait-il sur le monde ? Sur les autres ? Sur moi ? C'était plus que cette arrogance et ce mépris détestable que j'avais bien longtemps haï. Il avait une carapace autour de lui - ou peut-être que non, cette carapace était enfouie tout au fond de lui et que c'était ainsi qu'il tentait de ne pas la voir, je ne m'étais pas encore décidée.

Toujours était-il et qu'il occupait chacune de mes pensées, bonnes ou mauvaises, qu'il était la cause de tout, de mes joies, de mes peines, de ma colère, de mon agacement, de mes rires, de ces moments où je me sentais légère, heureuse, comme si la plage de l'Oregon s'était déroulée devant moi, que j'avais fermé les yeux et offert mon visage au soleil - parce que Stephen aussi avait ce pouvoir-là, contre toutes attentes, qu'il avait mis la main sur le mécanisme de mon cœur et que.... J'avais fini par le laisser faire. Il était partout, en moi, en mes pensées, partout : je le sentais jusque dans les tréfonds de ma chair, car notre relation avait quelque chose de physique, comme deux rocs lancés contre l'autre dont le choc provoquait un tremblement terrible, des étincelles par millier. C'était cela que j'aimais : savoir que je pouvais autant l'affronter que me serrer contre lui quand je me sentais faible et tremblante et bien trop petite pour ce grand monde effrayant, le défier du regard parce qu'il avait des manies insupportables et que j'avais parfois envie de lui rappeler à coup de gifles, ou bien le regard en riant et en me moquant gentiment de lui, avant de - cela ne prenait jamais bien longtemps - de me retrouver tout contre lui, la peau nue, et de sentir son souffle un peu partout sur moi, de me perdre dans la sensation de sa peau brune sous mes doigts, et d'y laisser trainer mes ongles pour qu'il se rappelle bien que je n'étais pas décidée à la laisser partir. Cela avait pris du temps, oui, mais j'étais certaine, d'une certitude qui n'a besoin d'aucun soutien, d'aucune information. C'était un secret que j'étais seule à porter - il n'y avait qu'à Ruby que je l'avais dit, mais elle devinait tout, jamais je n'aurais pu le taire avec elle - et dont la puissance me suffisait à elle toute seule, mais m'effrayait tout autant... Voilà pourquoi je ne l'avais jamais laissé s'échapper. Mais il se savait... N'est-ce pas qu'il le savait ? Je n'avais pas besoin de lui murmurer
je t'aime pour qu'il le comprenne, qu'il le voit, qu'il le devine. Mon regard, mes gestes parlaient pour moi - comment aurait-il pu, lui qui étais si perspicace, voir autre chose que de l'amour quand je le regardais avec toute la tendresse dont j'étais capable ?

Un grand soleil s'était levé sur Poudlard, un grand soleil d'été pour ce deuxième jour de la saison, et tout brillait d'une lumière dorée et étincelante, comme je l'aimais - c'était mon anniversaire.

Je m'étais levée non sans hâte, plus qu'à l'accoutumée d'ailleurs, mais sans exagération non plus, parce qu'elle avait disparue depuis longtemps, cette excitation de l'enfance, la même qu'à Noël, qui fait ouvrir les yeux d'un coup au réveil, qui fait battre le cœur parce que c'est une journée particulière et merveilleuse. Aujourd'hui... J'avais de l'appréhension, c'est en ces jours où tout doit être beau, où il y a un côté familial à la célébration, qu'on se rappelle d'avantage ce qui est perdu pour toujours. Mais je n'étais pas triste, non, juste un peu mélancolique - le beau temps rattrapait le reste, j'avais décidé de me laisser bercer, et puis j'avais passé une bonne soirée avec Maman hier (probablement qu'elle savait qu'entre Ruby et Stephen ma journée d'anniversaire serait bien chargée) et la première chose que je vis en entrant pour prendre mon petit déjeuner dans la Grande Salle fut son sourire resplendissant qui m'accueillit depuis la table des professeurs, et qui ne brillait que pour moi. 17 ans, pour nous sorciers, voilà qui marquait un tournant... Je ne réalisais pas encore, mais je ne cessais de me répéter en boucle : je vais lancer des sorts quand j'en aurais envie ! C'était un vrai changement, un changement qu'on attendait tous, et il me rendait particulièrement enthousiaste, même si comme toujours, je n'arrivais pas encore à me rendre compte que, ça y était, voilà, le cap était franchi.


Après avoir passé du temps avec Ruby - évidemment, elle était avec Maman la première avec qui je voulais passer cette journée - qui décupla ma joie grâce à la sienne, je me rendis au rendez-vous de Stephen (sachant que de toute façon, Ruby préparait encore quelques surprises pour plus tard - je la connaissais). Je m'y rendis avec une telle envie de le voir et de l'embrasser, parce qu'il ne manquait que ça pour que cette journée soit parfaite, que je m'y rendis... En avance, preuve de ma hâte aussi vive et chaleureuse que les rayons du soleil qui s'infiltraient un peu partout dans mes cheveux, laissés libre sur mes épaules. J'avais hésité, mais j'avais décidé de porter la robe que Ruby venait de m'offrir : elle était si belle que je n'osais presque pas la porter, pas forcément habituée à ce genre de tenue... Enfin, si, de plus en plus, mais la petite enfant sauvage que j'avais été n'était jamais bien loin, au fond de moi. La robe était d'un blanc cassé que le soleil dorait un peu, d'une matière un peu irrégulière, comme du lin, elle était serrée à la taille par une ceinture tressée, bordeaux, elle avait des manches courtes et s'attachait dans le dos - et juste en dessous de l'attache se découpait dans le tissu une forme de papillon qui laissait entrevoir ma peau. Stephen était à l'autre bout du pont : je le vis de loin, en avance lui aussi. Mon pas se hâta de lui-même, mais se fit plus silencieux, et j'arrivais comme un chat prépare son attaque : le sourire aux lèvres mais dans le dos de ma proie, sur laquelle je sautais sans un bruit, plaquant mes mains sur ses yeux, parce que j'aimais l'embêter. Dressée sur la pointe des pieds parce qu'il était grand, je déposai un baiser dans son cou, avant de tourner et de me retrouver face à lui pour qu'il me prenne dans ses bras et m'embrasse - après tout, c'était mon anniversaire. Mais de le voir ainsi, avoir son sac visiblement chargé et sa nappe de pique-nique à la main comme... Non, jamais je ne l'avais vu dans de telles dispositions ! J'eus un éclat de rire et lui lançai pour le taquiner :

- Mais c'est que tu ferais une parfaite petite ménagère...

Je l'attirai ensuite avec vivacité, le pressant de nous emmener vers l'endroit qu'il avait prévu. Je sentais tous mes sens s'éveiller d'avantage au contact de Stephen, du soleil qui tombait sur nous, et je me mis à parler avec une certaine gaieté, lui racontant ce que Maman et Ruby avaient prévu pour mon anniversaire, lui parlant du petit colis que j'avais reçu de Conrad - des paroles justes badines mais j'étais heureuse et je ne voulais pas me retenir, pas aujourd'hui, surtout qu'en plus j'avais été d'humeur maussade les dernières fois à cause des ASPIC, alors j'éprouvais le besoin de parler, de simplement lui parler.

- ... mais en fait, ils se sont rendus compte que ce n'était qu'un sortilège de Sommeil Enchanté, c'était Conrad qui avait raison ! finis-je de raconter l'anecdote que me racontait Conrad dans sa lettre, et qui m'avait fait rire ; mais nous étions arrivés à l'endroit en question, visiblement. Vite, j'ai faim ! ajoutai-je pour le presser, mais pour rire - car j'avais une autre idée en tête.

A peine eut-il poser la nappe au sol et son sac, je n'attendis pas plus longtemps, et lui sautai à moitié dessus, l'embrassant et sentant mes cheveux suivre le mouvement et venir chatouiller son cou, ses épaules ; mais ce n'était pas assez et je commençai à me débattre sans pour autant rompre notre baiser, glissant mes mains dans ses cheveux et insistant, un petit sourire aux lèvres, cherchant à le faire plier et à le faire tomber dans l'herbe, sous mon poids, pour l'avoir tout à moi.
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MessageSujet: Re: Un royaume [PV Lizlor]   Un royaume [PV Lizlor] Icon_minitimeSam 3 Aoû - 0:55

Pour une raison ou une autre, j'étais inquiet. Je ne me l'expliquais pas. Ce n'était pas – pas seulement – ce genre de fébrilité due à l'impatience de retrouver Lizlor, cette espèce de “trac” presque agréable qui nouait délicieusement mon estomac et m'enveloppait d'une douce chaleur chaque fois que j'apercevais sa silhouette au détour d'un couloir.

(Je n'avais pas encore décidé sous quel angle je la préférais. De dos, ses longs cheveux d'or coulant entre ses omoplates graciles, juste là où mes baisers provoquaient immanquablement rires et protestations ? De profil – l'arrête tranchante de son nez, la pointe plus douce de son menton, le léger mais visible renflement de sa poitrine et la courbe délicate de son bassin, et le vallonnement sans défaut de ses jambes, comme le plus parfait des paysages de la campagne anglaise ? Ou de face, lorsque je parvenais à la contempler sans qu'elle ne s'en doute, à voir sans être vu – jusqu'au moment où ses yeux se posaient sur moi et alors j'avais l'occasion, rare et précieuse, d'observer directement les effets de mon apparition sur chaque trait de son visage. La tension à la commissure des lèvres ; les sourcils légèrement dressés ; la lumière dans ses yeux.
“C'est pour toi. Juste pour toi.”)

Ce n'était pas que je n'avais pas hâte de la retrouver pourtant. Mais je ne parvenais pas à calmer cette sourde angoisse qui m'habitait. D'où provenait-elle ? Je m'étais tourné vers le lac, dos au château, et scrutai pensivement le paysage. Il y avait quelque chose de vaguement insolent dans la clarté du ciel, dans les reflets scintillants des rayons du soleil sur l'eau, même dans cette petite brise qui venait caresser les visages.
Trop parfait, songeai-je, comprenant soudain ce qui m'avait mis mal à l'aise. C'était presque trop beau pour être vrai…

Mais mes pensées furent interrompues alors qu'une paire de mains, que j'aurais reconnues entre mille paires de mains (ce qui fait quand même deux mille mains, soit dix mille doigts, sauf accident tragique), vinrent m'obstruer la vue. De petites dents virent me mordiller le coup, me rassurant quant au fait qu'on n'avait pas coupé les mains de ma petite amie pour les coller sur mes yeux et que c'était bien elle et non un tueur en série qui se tenait derrière moi. Me libérant, je pivotai pour embrasser correctement une Lizlor gloussante, ravie de son petit effet.

– Mais c'est que tu ferais une parfaite petite ménagère… ironisa-t-elle en avisant le sac plein de nourriture et la nappe à carreaux sur mon épaule.
– J'allais te dire la même chose, répliquai-je, pointant sa robe du menton.

Que Lizlor porte une robe était moins surprenant à présent mais restait événementiel. Celle-ci, je ne l'avais encore jamais vue : d'un blanc uni, très classique en comparaison de ce qu'elle avait l'habitude (elle avait toujours eu ce petit côté trash, genre “je-ne-me-suis-pas-écorcher-ces-genoux-sur-le-parquet-de-l'église”, qui contrastait joliment avec mon look d'intello sous acide – nous formions un si joli couple). La taille était seulement marquée d'une fine couture. La simplicité du vêtement sublimait sa beauté comme l'eût fait un cadre pour un tableau de maître.

– Je l'aime bien, finis-je par admettre avec un sourire, et elle me connaissait assez pour mesurer la portée du compliment.

Après un
“bon anniversaire”[/i] de rigueur, nous entreprîmes de dévaler le chemin sinueux qui menait au lac. J'avais rarement vu Lizlor de si bonne humeur. Je l'écoutais bavarder gaiement au sujet de la fête que sa mère lui avait préparé, de son frère (le fameux Conrad à la rencontre duquel j'avais jusque là échappé, Merlin soit loué), de Ruby Standiford… Distraitement, je pensais à la fille fantomatique qui m'avait fait face, un an plus tôt, sur le pont du premier étage… Il me semblait qu'il s'était écoulé plus de temps depuis. Des siècles.

[/i]– … Mais en fait ils se sont rendus compte que ce n'était qu'un sortilège de Sommeil enchanté, c'est Conrad qui avait raison ! Le rire de Lizlor mit un terme à mes réflexions et, tout naturellement, je me joignis à elle.
– Il me plaît ton frère, mentis-je sans scrupule.

Je regrettai presque aussitôt mes mots – et si elle se mettait en tête de nous présenter ?? – mais elle avait trouvé le coin idéal pour nous installer et m'avait déjà arraché la nappe pour l'étendre sur l'herbe.


– Vite, j'ai faim !

Amusé par son enthousiasme je m'assis  face à elle et commençai à vider le sac – mais elle me prit de court en posant soudain ses mains sur mon torse pour me faire basculer en arrière (chose que je fis, avec, bonus, un petit cri tout à fait honteux). A moitié allongée sur ma personne, elle entreprit d'attaquer mon visage à nouveau mais avant que les choses n'aillent trop loin je parvins à la saisir fermement par les épaules et la maintint à une distance raisonnable.


– Eh là !…

Je clignai des yeux, un peu ébloui par le soleil qui nimbait ses cheveux et les faisait briller comme jamais. Avec son sourire de chaton et sa robe d'enfant de chœur elle avait tout de l'ange déchu qui avait capturé mon âme.

Ouais ouais ouais.


– … Après la salade, d'accord ? fis-je, me raclant la gorge.

Pendant une seconde, j'eus peur qu'elle ne le prenne mal et ne m'en veuille, mais elle haussa simplement les épaules et se redressa, se tournant pour attraper mon sac qui avait roulé et la nourriture qui s'en était échappée. Lorsqu'elle se pencha ses cheveux vers l'avant le long de sa nuque, révélant les deux ouvertures triangulaires dans le dos de sa robe. Semblables à deux ailes… Je souris secrètement en songeant au cadeau qui attendait sagement d'être déballé, au fond de ma poche.


– J'ai pris… hum, un peu de tout… hésitai-je, vaguement gêné par l'abondance de victuailles qui continuaient à émerger du sac.

Mmoui, mon passage aux cuisines n'était pas exactement le plus glorieux de mon existence. J'avais un peu paniqué en m'apercevant que je n'avais aucune idée de ce qui constituait un repas d'anniversaire idéal pour Lizlor Wayland, ni même ce qu'était son dessert préféré. Dans le doute, et vu que je maîtrisais les sorts d'Extension…


– Sers-toi, l'encourageai-je.

L'appétit vient en mangeant dit-on ; de même que la décontraction. Nous accordions tellement peu de temps (ou d'intérêt, plus souvent que parfois) aux activités dites “de couple”, Lizlor et moi, que j'avais craint que ce pique-nique longuement anticipé ne manque de naturel. Ça n'avait rien d'extraordinaire pourtant. Maintenant que nous étions assis là, à discuter de tout et de rien, je peinais à comprendre pourquoi je m'étais tant inquiété.

Impossible de rester chaste bien longtemps ; il n'avait pas fallu cinq minutes à Lizlor pour trouver le moyen de s'amuser en étendant ses jambes de manière à les poser juste entre les miennes. J'avais attrapé ses chevilles et placé fermement ses pieds sur mes cuisses mais elle continuait à agiter perfidement ses orteils contre les os de mes hanches à travers ma chemise, essayant d'en tirer les bords de son mon pantalon pour atteindre mon estomac, tout en me regardant avec l'innocence de la blanche agnelle qui vient de naître. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle était d'humeur joueuse, et loin de moi l'idée de lui en vouloir mais aujourd'hui, j'avais envie de faire les choses bien ; pour une fois, que cette sortie soit à propos d'elle, pas de nous, et surtout pas seulement un nouveau prétexte pour une partie de jambes en l'air. (Bien qu'il n'y ai rien de “seulement” dans une partie de jambes en l'air avec Lizlor Wayland. Oh que non.)

Elle était occupée à déguster une tartelette au citron quand je me décidai.

– J'ai quelque chose pour toi.

Je fouillai dans la poche de ma veste (je n'avais pas osé la retirer malgré la chaleur, bêtement pétrifié à l'idée que la petite boîte ne saute de ma poche et n'aille rouler dans le lac malgré ses huits coins qui rendaient la chose parfaitement impossible) et en sortis le précieux paquet que je lui tendis maladroitement. J'avais oublié de prendre du papier cadeau alors j'avais fait de mon mieux avec du parchemin, mettant en œuvre mon expertise en sortilèges de Découpe. Tentant de donner un côté moins nu à l'emballage, j'avais dessiné à l'encre une sorte de frise azthècommanchomayonnaise. Le résultat était… Bref. Je restai figé, attendant la réaction qui ne tarderait pas à venir, priant silencieusement pour la clémence de l'univers et maudissant mon inaptitude en matière d'achat de bon cadeau et d'emballage de boîtes.
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MessageSujet: Re: Un royaume [PV Lizlor]   Un royaume [PV Lizlor] Icon_minitimeVen 16 Aoû - 23:53

De rigueur, la causticité du jeune homme qui me tenait lieu de petit ami ne tarda pas à fuser. Il avait tenu... Trente secondes ? Rien de très inattendu quand on connaissait le specimen.

– J'allais te dire la même chose. Je l'aime bien, acheva-t-il tout de même.

Il ne m'en fallait pas plus : quel besoin avait-il de s'exprimer d'avantage ? Il y en avait besoin, parce que ce sont des choses qui se font et qui rassurent, et qu'on ne peut pas miser trop longtemps sur une relation si les deux camps ne se soutiennent et ne se rassurent pas un minimum, disait une partie, la plus raisonnée sans doute, de mon esprit. L'autre partie, bien trop amoureuse et accrochée à Stephen, n'y voyait là qu'une manière propre à chaque personne d'exprimer ses sentiments comme il le pouvait, et ne cherchait pas plus loin. Je l'avais dit : je ne demandais rien de plus, rien de plus que toutes ces attentions et ces efforts sans doute infimes si on se comparait à une échelle normale, mais certainement énormes quand on se calquait sur l'étrange duo Fray-Wayland qui défiait à peu près autant le bon sens que nos sens à nous. Si j'avais eu la désagréable (très désagréable) idée de nous comparer à mes parents, le couple par excellence auquel je pouvais me référer, il n'y avait sans doute rien de comparable, et c'était ce qui devait me mettre la puce à l'oreille... mais, quoi ! Je me fichais de ce que les autres pensaient, de ce que l'on devait penser. Ça ne m'avait jamais embêtée une seconde d'être considérée comme une sauvage au début de ma scolarité, parce que mes choix ne regardaient que moi ; je ne vois pas en quoi cela aurait du changer. Je me demandais bien comment Stephen considérait la chose - si tant est qu'il considère ce genre de choses.

C'était tout naturellement que je bavardais comme une vraie pie, ce qui ne me caractérisait pas forcément sauf quand j'étais d'humeur particulièrement heureuse et légère, ce qui était le cas aujourd'hui. Cela ne semblait pas déranger mon cher interlocuteur outre-mesure, et je faillis d'ailleurs en profiter pour lui confier quelques sujets plus personnels que j'évitais toujours avec lui, par instinct. Par exemple, j'étais sur le point de lui glisser que ce n'était pas parce qu'aujourd'hui me rendait heureuse, véritablement heureuse, car tous les gens que j'aimais étaient là pour moi, que je n'étais pas triste lorsque je pensais à Papa, et que j'étais certaine d'avoir vu un voile dans le regard de Maman, pendant une seconde. Elle s'était dit la même chose que moi, et je le savais : « J'aurais aimé qu'il soit là ». Ce n'était pas une vague de tristesse, pas une rechute, non, mais un simple rappel, car nous n'allions jamais oublier. J'aurais aimé fêter avec mon père mon dix-septième anniversaire, ma majorité sorcière. C'était un simple fait, voilà. J'avais jeté un regard bref vers Stephen : il souriait un peu, il m'écoutait, avec une concentration que je devinais douteuse, mais il emmagasinait mes paroles et je le savais. Je m'imaginais lui dire ce que j'avais sur le bout de la langue, et je m'imaginais renchérir : Et toi ? Et tes parents ? Tu n'en parles jamais vraiment. (- Pourquoi tu ne parles jamais de toi ? Je veux dire, de
toi... - Aah… de moi…) Mais je ne savais que trop bien ce qu'il allait me servir en retour. Et aujourd'hui, je n'avais pas envie de subir ce rejet, car il m'était de moins en moins supportable. Alors je parlais de certains sujets plus que d'autres, glissant tout de même pour qui n'était pas le dernier des imbéciles des indices plutôt criants de ce qui comptait véritablement dans ma vie : Maman, Conrad, Ruby. Je ne manquais pas de sourire à la remarque de Stephen (pourquoi avais-je toujours l'impression que la simple évocation de Conrad lui faisait... peur ?) et souris encore plus en imaginant lorsqu'ils se rencontreraient. J'avais du mal à me mettre à la place de Conrad - je n'étais pas un grand frère, je ne savais pas ce qu'il pouvait ressentir en rencontrant le copain de sa petite sœur, et en vérité je ne voulais pas l'imaginer car cela me mettait un peu mal à l'aise. Mais je m'amusais à imaginer si c'était aujourd'hui et pour la première fois que je rencontrais Stephen. Qu'en aurais-je pensé ? Je savais qu'il m'aurait attirée physiquement, parce qu'il avait ce genre de charme magnétique et un peu inquiétant, que je ne résistais pas une seconde au brun profond de ses yeux, à ses cheveux mal coiffés, à la mateur de sa peau qui déclenchait de délicieux frissons dans tout mon épiderme rien que quand j'imaginais la toucher. Je savais aussi qu'il m'aurait agacée, que je l'aurais trouvé « mignon mais détestable », sans doute aurais-je craché cela en haussant les épaules, parce que Stephen ne pouvait pas se retenir, il était comme ça, lui-même, insupportable, vaniteux et orgueilleux et méprisant au premier abord, mais alors, pourquoi me plaisait-il ? Parce qu'il avait ce côté... incroyable dont il ne pouvait pas se débarrasser, malgré le fait qu'il s'échinait à être si horripilant. Peut-être n'étais-je pas très objective. Mais je sentais au fond de moi que Conrad l'aurait remarqué, ce petit truc qui faisait que Stephen était Stephen, et qu'on ne pouvait pas le haïr. Ou pas bien longtemps... En fait, je crois que ce qui m'avait fait basculer, c'était cette impression diffuse que Stephen n'était pas lui-même par simple plaisir, mais parce qu'il courrait après quelque chose, ou qu'il fuyait quelque chose, mais quoi, mais qui ? Moi aussi j'avais fuit, je m'étais cachée, j'avais couru, longtemps. Plus maintenant.

A la réflexion, je crois que Conrad se serait simplement dit que mon copain était bizarre, qu'il avait l'air d'un alien tout droit débarqué d'une planète inconnue, qu'il était si bizarre d'ailleurs qu'il devait être le seul et l'unique de son espèce, et qu'il était fort probable que ses sujets de discussion de prédilection soit relatif à l'espace-temps et aux univers parallèles qu'il connaissait comme sa poche. Pour ma part, j'étais bien décidée à le suivre dans ces voyages tout aussi étranges que lui. Car c'était cela, son pouvoir, sa force, son charme à la fois si magnétique et inquiétant : il me donnait envie de le suivre. Jusqu'à la fin du monde.


– Eh là !… coupa-t-il sans tact aucun mon effusion de sentiments. Je me sentis un peu écartée, et je repris mon souffle, soufflant sur mes cheveux qui me tombaient devant le visage. … Après la salade, d'accord ?

- Très bien, très bien ! fis-je en feintant de râler, mais en vérité cela m'importait peu, nous avions tout le temps.

J'attrapai le fameux pique-nique qu'il avait préparé, plongeant le bras dans le sac (puisqu'il ne voulait pas me servir de casse-croûte) - et il plongea pour de vrai, car je sentis que le sac n'avait pas de fond, qu'il avait été agrandi par magie, et qu'il contenait tant de victuailles que mon bras
nageait à proprement parler.

– J'ai pris… hum, un peu de tout… Sers-toi.

Pas possible ! Il avait l'air gêné. Je ne retins pas un petit rire, mais sans me désintéresser du sac de pique-nique, je sortis à peu près tout ce qui me tombait sous la main : de la tarte à la mélasse, à la citrouille, au citron, des chocogrenouilles, du chocolat qui avait l'air un peu étrange, de la viande sèche et très foncée, des petits dés de légumes, des patacitrouilles, des baguettes de réglisse, un poulet rôti, une étrange compote dont je soupçonnais un mélange avec quelques ingrédients de potions comme de l'asphodèle ou quelque chose comme ça, des dragées surprises, etc, etc.


- Tu as pillé les réserves de Poudlard ?

Et je m'installai non loin de lui, contre lui plutôt, picorant à droite à gauche dans ce festin, choisissant ce qui me plaisait le plus, et il en fit de même. Il faisait bon, chaud, et je me sentais bien. Assez bien pour trouver encore tout un tas de choses à dire, pour discuter et rire avec Stephen comme si... Eh bien, je ne savais pas trop comme si quoi. Je n'avais pas tant que ça d'expériences de la sorte -je ne pouvais pas comparer. Mais ce que je pouvais faire, en revanche, c'était laisser libre court à mes envies, et inutile de préciser qu'embêter Stephen me faisait autant plaisir que de l'embrasser, car une partie de moi cherchait toujours à ce que nous nous affrontions, ces étincelles qui étaient venues m'embraser jusqu'au fond de moi - étincelles qui étaient immanquablement issues d'une collision. Sauf que, et je commençais à me sentir un peu frustrée, il était si stoïque face à mes attaques de pieds, de jambes, de caresses et de baisers, que je commençais à me demander si il me cachait pas quelque chose...

– J'ai quelque chose pour toi.

... Prise de court, j'attrapai le... Le... Le paquet ?! Le truc qu'il me tendit, avec une fébrilité assez délicieuse. Je sentais qu'un vent doux me brûlait de l'intérieur - celui de se sentir aimée, de se sentir choyée, entourée. Je faillis essayer de déchiffrer ce que représentait les gribouillis étranges du papier, mais laissai à Stephen ses petits mystères, et ouvris le petit paquet, puis la petite boîte, les yeux brillants d'impatience... A l'intérieur, une minuscule fiole de verre fin, une chaîne d'un bronze particulier, quelque chose qui brillait... Je saisis la chaîne et la levai devant moi, pour que le pendentif pende au bout du collier. Dans la petite fiole, il brillait, à tel point que cela semblait vivre, vibrer, une petite aile transparente aux reflets indigo-bleus-violets...

- Une aile de morpho !! m'écriai-je, tout sourire, avant de passer la chaîne autour de mon cou, et que la petite fiole brille sur mon corsage, captant les rayons du soleil. Je me souviens, murmurai-je, car ce détail ne m'échappait pas : la première fois que nous nous étions rencontrés, il avait été question (quoi d'étonnant) de potions et de chats, et les ailes de morpho avaient fait partie du tableau. Je me penchai vers lui, mais cette fois je me serrais simplement contre lui, joue contre son torse, entourant sa taille de mes bras, et me reposant toute entière contre lui. Je fermai les yeux. Je sentais les battements de son cœur - sa peau - sa chaleur - elle se diffusait contre la mienne... J'étais comme un chat, lové dans l'endroit le plus confortable et merveilleux de la terre. C'est une très bonne idée, ça me fait plaisir, marmonnai-je, embrumée de toute cette tiédeur, de l'odeur de Stephen et de sa présence tout autour de moi.

Je ne voulais pas que Poudlard se termine. Je ne voulais pas que Stephen quitte le château ; oui nous allions trouver des arrangements, mais je ne voulais pas être en Oregon si loin de lui, je ne voulais pas me séparer de lui ne serait-ce que pour quelques semaines, je ne voulais pas l'année prochaine devoir attendre la fin de la semaine pour le voir à Londres ou à Pré-au-Lard, je ne voulais pas.

- Tu ne veux pas rater tes ASPIC ? le taquinai-je, à moitié sérieuse. Il n'allait pas les rater, jamais. Il ferait ensuite probablement quelque chose de brillant, il inventerait quelque chose, alors que moi je n'avais aucune idée de ce que serait ma vie après Poudlard, que j'allais sans doute avoir besoin de l'aide de Ruby pour réviser mes ASPIC - et encore tant de choses qui nous séparaient.

M'installant un peu plus confortablement entre ses bras, la tête toujours nichée contre lui, je me mis à tambouriner doucement, machinalement, du bout de mes doigts sur la chemise de Stephen, tout près de l'endroit où, quelques centimètres sous sa chair, battait son cœur. Je ne sais par quel procédé de pensée je me souvins de cela, mais je me rappelai alors de l'époque où Conrad s'était intéressé à toutes les sortes de langages qui existaient (il avait voulu apprendre le Géant, Maman et Papa avait fini par le priver de sa méthode parce qu'il poussait des grognements et des hurlements dans toute la maison pour s’exercer), il avait aussi appris une obscure branche des runes, une langue de je ne me souvenais plus quelle peuplade magique, et il avait aussi déniché un livre de morse, un code moldu fait de bruit ou de lumière, de signaux courts et longs, que nous avions appris par cœur, car il était bien utile pour se faire des signaux codés quand nous jouions tous les deux. Nous cachions la lueur de nos bougies, et cela nous avait occupé bien des nuits, sans que nos parents le sache. Je me rappelai encore du code, comme si c'était hier. J'eus alors une idée - Stephen ne comprendrait pas, ou peut-être, mais qu'importe, j'avais envie de le dire, d'une manière ou d'une autre - et mes doigts tapotèrent doucement sa peau, innocemment, une série de petits signaux : court long long long - court - long - court long - court court - long long - court, J - E - T - A - I - M - E, et cela me fit sourire...
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Stephen Fray


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MessageSujet: Re: Un royaume [PV Lizlor]   Un royaume [PV Lizlor] Icon_minitimeDim 18 Aoû - 14:25

You

I've spent hours contemplating
the words to say to you
but no combination
of twenty six different letters
could ever accurately capture
even a sliver of what this feeling is









Au moment où ses doigts se refermèrent sur le paquet, dans les quelques secondes au goût d'infini qu'il lui fallut pour le défaire de son emballage de fortune ; voyant ses yeux s'agrandir et le sourire curieux se dessiner sur sa bouche quand elle souleva la chaîne au bout de laquelle se balançait la fiole ; à cet instant, je sus que je l'aimais. Je le sus comme l'une de ces vérités absolues et périssables qui se révèlent en un éclair, qui s'impriment dans le cœur comme une lumière aveuglante s'imprime sur la rétine, et qui, en s'estompant, laisse un goût amer au fond de la gorge. Ephémère, tel l'insecte aux couleurs chatoyantes que j'avais emprisonné sous le cristal. Je compris qu'être amoureux, c'était se sentir mortel.

– Une aile de morpho !!

Mon tour de lui sourire, presque par fierté. En vérité, j'étais surpris qu'elle eût si facilement identifié le bleu électrique du papillon. J'étais persuadé qu'elle avait totalement oublié ce détail de notre première rencontre ; mais voilà qu'elle me prouvait le contraire en tournant et retournant le présent entre ses doigts, le portant à ses yeux – ses iris, un écho subtile aux reflets nacrés de l'aile – avec la fascination de l'adulte qui examine son jouet d'enfant retrouvé au fond d'un carton.

– Je me souviens, murmura-t-elle, si bas que je n'étais pas sûr qu'elle s'adressât à moi.

Elle s'en
souvenait. J'avais espéré cette confirmation mais rien n'aurait su me préparer tout à fait à la joie que c'était de l'entendre. Ainsi, nous pouvions nous targuer d'un passé commun. J'aimais ce souvenir, et le fait que Lizlor partage cet amour m'était assez pour le valider. J'avais l'impression de posséder soudain quelque chose de précieux : une histoire que je ne voudrais raconter à personne, non pas parce qu'elle me ferait honte, cette fois, mais pour la raison exactement inverse. Soudain elle se pencha vers et vint se blottir très spontanément dans mes bras. Pris de court, je réagis finalement en enroulant mes bras autour d'elle, tandis qu'elle passait elle-même les siens autour de ma taille, dans un geste qui n'avait plus rien du jeu auquel elle s'était livrée tout au long du repas. J'essayai de me rappeler la dernière fois que j'avais serré ainsi quelqu'un contre moi, pas dans le contexte d'une étreinte fiévreuse mais dans celui d'une profonde et réelle affection ; la seule qui me revenait en mémoire était celui que j'avais échangé avec Taylord au fin fond des cachots pour la rassurer. Je ne pus m'empêcher de songer que cette situation là était nettement plus agréable.

– C'est une très bonne idée, marmonna Lizlor contre ma poitrine, dissipant les derniers doutes que j'aurais pu avoir (je n'en avais aucun ; tout son être reflétait son émotion et il me semblait qu'elle n'avait parlé que pour mieux la contenir, la brider avant qu'elle ne déborde et ne me submerge, par respect). Ça me fait plaisir.

Tout comme mon simple compliment au sujet de sa robe l'avait contentée, ces quelques mots de remerciement me suffisaient amplement. Peut-être était-ce cela, au fond, que j'aimais chez Lizlor plus que tout : son habilité à renier sa propre nature passionnée pour se plier à mes caprices, sa patience face à mon refus de coopérer, de m'épancher (“pas de tendresse”). Qu'il devait être difficile, pour qui a grandi entouré d'amour, de comprendre ceux qui ne savaient pas quoi faire de ce dont ils avaient été privés. Je ne méritais pas sa générosité.

– Ce n'est pas seulement un bijou, commençai-je à expliquer – doucement, sans insister parce que nous étions si bien, mes doigts avaient retrouvé instinctivement le chemin de ses cheveux et les caressaient sans même que j'y pense, et je n'avais presque pas envie de gâcher la quiétude avec mes délires ; mais j'étais malgré tout trop enthousiaste pour aller jusqu'à me taire. Bien entretenues et plongées pendant une durée suffisante dans la potion adéquate, les ailes de morpho deviennent un explosif très efficace. Tu n'iras pas loin avec une aile, mais au cas où… Ça peut toujours être utile. Et la vendeuse m'a assuré que personne ne parviendrait à briser la fiole, exception faite de son propriétaire.

Certes, il y avait probablement plus romantique comme cadeau tout compte fait, mais ce n'aurait pas été mon cadeau s'il n'avait pas eu au moins une toute petite part pratique.

– C'est vrai, tu sors je ne sais où avec Ruby Standiford, parfois sans baguette ! Je ne veux pas que tu te fasses agresser par un Moldu qui aurait fumé trop de… de marirouna, tentai-je de me justifier.

Ce n'était pas réellement les dealers Moldus qui m'inquiétaient le plus, mais la journée était trop belle pour cesser de se mentir à soi-même. Lizlor parut s'amuser plus que s'offenser de l'importance que j'attachais à sa sécurité. Si elle savait, songeais-je – tout en me forçant à ne pas y songer. L'idée passa vite, je l'acculai dans un coin de mon cerveau jusqu'à ce qu'elle fut de nouveau trop faible pour se faire bien entendre par dessus le bonheur qui régnait partout ailleurs. Au diable Candy, décidai-je dans une seconde de colère, au diable ses magouilles et mon désir de les percer à jour, au diable ma curiosité maladive et mes suspicions. Que ma petite sœur prépare une révolution étudiante si ça lui chante. Qu'avais-je besoin de m'en faire pour le reste du monde, quand j'avais Lizlor à mes côtés ?

Et puis, bientôt Poudlard ne me concernerait plus, vraiment. J'en serais sorti, et la seule personne qui m'y rattacherait encore se trouvait devant moi.


– Tu ne veux pas rater tes ASPICs ?

Le fait que je n'éclatai pas instantanément de rire à cette suggestion, mais pris au contraire le temps d'y réfléchir, devait être une preuve significative de l'influence qu'elle avait sur moi, et à quel point j'avais changé à son contact. Elle ne me demandait pas si j'allais rater mes examens : nous savions tous deux que j'allais les réussir sans effort avec probablement les meilleurs résultats jamais vus en potions depuis des années. (Je vous en prie, allez donc dire que j'exagère aux quinze personnes qui m'avaient déjà demandé un coup de main pour les aider à réviser depuis le début du mois.) Ce qu'elle demandait, c'était : avais-je envie de réussir ? De passer les concours, ce qui me fermerait définitivement les portes solides et rassurantes de l'école, et m'ouvriraient celles, bien plus incertaines, du  reste du monde. Un monde où Lizlor n'aurait pas sa place avant l'année prochaine. Durant toute ma vie, je n'avais eu qu'une seule idée en tête : grandir, pour être enfin libre de faire tout ce qu'il me souhaitait, pour vivre la vie que je me serais choisie, et ne plus avoir à me poser de questions. Mais j'avais grandi, et des questions, j'en avais encore, plus que jamais. Alors ?

Malgré tout mon amour pour Lizlor, je ne pouvais taire la petite voix en moi qui me répétait que tout ceci – le pique-nique sur l'herbe, le plaisir simple de sentir le soleil sur ma peau, le souffle du vent, même la présence de Lizlor à mes côtés – ne saurait me contenter bien longtemps et que tôt ou tard, j'y renoncerais plutôt que de renoncer à mes envies dévorantes de voyages, d'aventures, de découvertes. Mais pour l'heure, j'en étais encore à faire des compromis. Et à cet instant précis, il était difficile de me rappeler pourquoi j'avais tant besoin de voir du pays quand je me sentais ici, presque, peut-être pour la première fois… chez moi.


– Peut-être que ça ne me dérangerait pas de rester ici encore un an, admis-je avec un sourire.

Au fond, qu'est-ce qu'une année dans une vie d'homme ? Rien que je ne puisse affronter en tous cas. Je crois que j'étais prêt à attendre…

Je me rendis compte que Lizlor avait placé sa main sur ma poitrine, juste au-dessus du cœur, là où j'étais autrefois si réticent à ce qu'elle ne me touche de peur qu'elle ne saisisse ma faiblesse. Son index pianotait machinalement un rythme qui lui appartenait, peut-être une chanson qu'elle aimait – quelle était sa chanson préférée ? – ou bien elle agissait sans réfléchir… Ces tapotements prolongés me rappelait le code morse, du nom du Moldu qui l'avait inventé. Pour cette raison, je doutai que Lizlor le connaisse, elle qui avait grandi parmi les sorciers. Moi j'avais étudié la chose avec l'intérêt tout particulier que je manifestais pour tous les moyens de communication codés ; enfant, j'adorais déchiffrer méthodiquement chaque symbole, et comme je n'avais personne avec qui partager cette passion (je ne sais pourquoi il ne m'était jamais venu à l'esprit de confier des secrets si idiots fussent-ils à Candy), je m'acharnais simplement dessus jusqu'à les maîtriser parfaitement, avant de passer à un autre. Ainsi, le morse était, comme d'autres choses absurdes, encastré dans ma mémoire. Les lettres me revenaient une à une, certaines plus floues que d'autre. Je m'amusais à tenter de trouver un sens au rythme de Lizlor… I… M… E… J… E… T… A… I…




Oh.











D'accord.




Elle leva soudain vers moi un regard curieux. Avait-elle senti
l'autre rythme s'accélérer, comme s'il lui répondait… deux oiseaux battant des ailes, chacun d'un côté d'une vitre si frêle qu'elle se briserait en quelques coups, en deux vibrations.

– Tout va bien ? dis-je, parce que j'étais encore trop effrayé par la fragilité de tout cela.

Un an. Un an et après ça, plus de barrière. Plus jamais.






« Je crois qu'être heureux, c'est être malheureux ;
que de ressentir un plaisir pareil, c'est comme de brûler. »

Anne Rice
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MessageSujet: Re: Un royaume [PV Lizlor]   Un royaume [PV Lizlor] Icon_minitimeMar 27 Aoû - 14:45

Le moins que l'on puisse dire était que ce pique-nique était inattendu, sur tous les plans : l'organisation, l'attitude de Stephen, plus sérieux qu'il ne l'était d'habitude, ce cadeau si chargé de sens, cette fluidité et cette légèreté dans l'air et tout autour de moi, et cette chaleur au fond de mon cœur alors que j'étais simplement installée tout contre lui. Tout d'un coup je me sentais toute petite, blottie contre son torse, car je n'avais pas forcément souvent une telle position. D'ordinaire si nos deux corps étaient si près c'était qu'ils se livraient à une toute autre danse, et je n'étais pas dans les mêmes dispositions. J'étais animée d'un tout autre soleil, bien plus volcanique et bien plus brûlant, et ce n'était pas de simples caresses que je faisais sur le torse de Stephen mais des griffures plus félines, plus passionnées. Aujourd'hui, il n'y avait pas cette tension sensuelle qui prenait feu dès la première étincelle entre nous, nos souffles n'étaient pas courts parce qu'avides de la suite, et nos regards n'étaient pas irrésistiblement attirés l'un par l'autre comme pour s'accrocher désespérément à une réalité et ne pas se laisser emporter par la tornade de sensations que déclenchaient nos étreintes. Non, pas aujourd'hui. Mon regard semblait glisser et papillonner sur tout, autour de nous, se posant de temps à autre sur Stephen, son regard, sa bouche, son corps. Je souriais distraitement, absorbée par lui, le cœur palpitant avec une harmonie qui me semblait calquée sur la nature qui nous entourait. Mon collier brillait sur ma poitrine, percé de petits rayons de soleil. Je découvrais notre relation sous un autre angle, un angle certainement plus conventionnel et ordinaire, mais ce n'était pas pour autant qu'il n'était pas agréable, au contraire. J'aimais me sentir toute petite, blottie, baignée d'une tendresse longtemps interdite, pas forcément reconnue encore aujourd'hui, mais ni lui ni moi ne l'avions nommée. Je savais que j'aurais pu fermer les yeux, de bonheur, pelotonnée contre lui, et m'endormir pour la vie. Mais c'était absolument exclu que je perde une miette de ce précieux instant, et je savais que Stephen pensait la même chose, alors qu'il me caressait doucement les cheveux - il y avait généralement très peu de moments où sa main ne trouvait pas le chemin de mes cheveux, qu'il joue avec ou qu'il les caresse. C'était devenu une habitude, un rituel, et lorsque quelqu'un d'autre accomplissait ce geste, même si c'était ma mère ou mon frère, je retenais toujours un sursaut de protestation - quelque chose à l'intérieur de moi disait, non ! Cet endroit-là est à Stephen.

– Ce n'est pas seulement un bijou, expliqua-t-il, et pour une fois j'étais toute ouïe, ce qui, ça aussi, différait de l'habitude. Bien entretenues et plongées pendant une durée suffisante dans la potion adéquate, les ailes de morpho deviennent un explosif très efficace. Tu n'iras pas loin avec une aile, mais au cas où… Ça peut toujours être utile. Et la vendeuse m'a assuré que personne ne parviendrait à briser la fiole, exception faite de son propriétaire.

Je souris d'avantage, me recroquevillant contre lui. Ah ! J'avais l'impression que mon cœur allait exploser, qu'il était trop énorme pour tenir entre mes côtes, qu'il allait surgir de là et engloutir le monde entier. Ajouté à cela que cette idée était prodigieusement géniale (mais je ne dis pas les mots précis, parce que cela aurait fait trop plaisir à Stephen et rien qu'en souvenir du bon vieux temps je prenais un malin plaisir à ne pas reconnaître devant lui ce genre de choses - de toute manière, il les savait très bien), et que la perspective de porter autour du coup un bijou aussi rare et joli qu'explosif m'enchantait tout particulièrement. J'abandonnai quelques secondes la chaleur du torse de Stephen pour toucher du bout de mes doigts la petite fiole de verre, encore plus comblée.

– C'est vrai, tu sors je ne sais où avec Ruby Standiford, parfois sans baguette ! Je ne veux pas que tu te fasses agresser par un Moldu qui aurait fumé trop de… de marirouna.

Cette fois, j'éclatai de rire sans me retenir, parce que Stephen avait l'art et la manière de dire certaines choses qui provoquait toujours chez moi une hilarité pleine d'affection. Je me redressai un peu, attrapai son col de chemise pour l'attirer vers moi et embrassai, sans lui laisser le temps de me donner l'autorisation, ses lèvres, avant de le regarder dans les yeux et de rire une nouvelle fois.

C'était amusant, à vrai dire, qu'il évoque Ruby juste au moment où mon esprit cheminait jusqu'à elle : j'étais en train de me dire que j'étais doublement heureuse car nous vivions toutes les deux une... Une histoire d'amour (une sensation étrange me traversa, à cette pensée), au même moment, et que tout différente qu'elle soit j'étais contente que nous vivions les mêmes choses, que nous soyons liées même jusque là. Je ne pensais pas me tromper en affirmant que la principale différence entre Ruby et moi résidait qu'elle se trompait bien plus de questions et doutait bien plus au sujet d'Ewan que moi au sujet de Stephen, et que sans doute cela lui menait la vie un peu plus dure, mais cela ne changeait rien au fait : nous étions heureuses, nous étions amoureuses. Si un jour on m'avait dit tout ça, et que surtout Stephen Fray serait la cause de mon bonheur, combien je ne l'aurais pas cru !


- Mais ne t'inquiète pas, dis-je pour le rassurer, car j'étais touchée de son inquiétude, mais tout de même... Il n'y avait rien à craindre. On ne sort pas n'importe où et n'importe quand, on est prudentes ! Et tu sais, Ruby est très protectrice, soulignai-je l'air de rien. Je savais que Stephen regardait Ruby d'un œil un peu sceptique, mais j'en ignorais les raisons. Et cela me chagrinait un peu, mais je savais aussi que Stephen pouvait être... Étrange, et qu'il n'était pas spécialement aisé de l'aborder ou de lui accorder sa confiance.

Quant à la
marirouna... Je n'étais pas une spécialiste, mais j'étais loin d'être certaine que ce soit le terme exact. Une petite étincelle brilla de malice tandis que je levai les yeux vers Stephen - j'aimais tous ces petits détails qui me le montraient imparfait, contrairement à ce que la majorité des gens pensaient. J'avais l'impression, strate par strate, de creuser, de me rapprocher un peu plus près de son cœur, et de la vérité.

– Peut-être que ça ne me dérangerait pas de rester ici encore un an, marmonna-t-il mine de rien, et si j'avais dû parier quoi que ce soit sur sa réponse, j'aurais très certainement tout perdu.

Interdite, je restais muette et sans réaction, la joue tout contre sa poitrine. Je ne savais plus quel cœur, du sien ou du mien, battait avec autant de vitalité. Bien sûr qu'il n'allait pas rester, bien sûr qu'il n'allait pas échouer ses ASPIC et perdre une année, mais même ! Il y avait tant d'honnêteté dans sa voix, et tant de douceur aussi... Quelque part j'avais l'impression qu'il me disait :
tu te rends compte, comme ça serait bien ? Je ne veux rien de plus. Nous serions si heureux... Et il ne me fallait rien de plus, rien de plus. L'idée même qu'il partage mon envie la plus chère suffisait à mon bonheur.

– Tout va bien ?

Je levai alors vers lui un regard teinté de surprise et surtout, d'une toute petite lueur d'effroi - tout ceci me faisait peur, quelque part. Son aveu, sa douceur, son amour, là, tout autour de nous, le mien, qui venait de s'exprimer au bout de mes doigts, ce petit jeu de tapoter en Morse les mots interdits. Je m'étais immobilisée, la main à quelques millimètres de son corps, comme prise sur le fait. Avait-il compris ?! Allait-il m'en vouloir ?!

Mais ce n'était rien de tout ça, il me regardait moi, juste moi, et ses yeux bruns semblaient n'exister que pour moi, en cet instant. Je lui rendis son regard, avec une intensité qui me fit frissonner : il me semblait que je le voyais pour la première fois. Puis, très vite, je lui lançai un sourire, un sourire chaleureux et sincère et qui était la continuité de ce que j'avais essayé de lui dire.


- Tout va parfaitement bien, murmurai-je avec une allégresse qui me rendait légère, légère comme une feuille prisonnière du vent.

Je glissai alors ma main dans ses cheveux - toujours en bataille, toujours aussi doux, souples, brillants, et j'y emmêlais mes doigts, pour ne pas qu'il m'échappe - et l'embrassait avec une passion toute mesurée, pleine de retenue, comme jamais jusque là je ne l'avais embrassé. Si mes lèvres trouvèrent leur place contre les siennes avec leur aisance habituelle, il me semblait qu'il y avait quelque chose de parfaitement nouveau dans ce baiser, d'indéfinissable, d’insaisissable - un goût timide d'éternité.






« And once you fell in love with him, you loved him until the day you died. »





Fin
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