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If someone makes you feel; let them. (H.L)

 
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 If someone makes you feel; let them. (H.L)

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Daniel O'Brien


Daniel O'Brien
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MessageSujet: If someone makes you feel; let them. (H.L)   If someone makes you feel; let them. (H.L) Icon_minitimeDim 20 Mar - 0:09

Le fauteuil était confortable, bien que le tissu de ses accoudoirs soit légèrement usé, et je m’y installai plus agréablement, le dos droit contre le dossier. Les pages du journal bruissaient tandis que je les feuilletais distraitement. Dans ma poitrine, quelque chose cognait fort, désagréablement, en rythme avec la grosse horloge du bureau qui semblait faire un bruit monstre. Autour de moi, l’air était froid, flou, et j’avais l’impression qu’il faisait sombre malgré le soleil qui se découpait dans le ciel, par la fenêtre. Je clignai des yeux, continuant de lire le journal. Le sondage m’indiquait gagnant, remarquai-je à nouveau, fixant l’article avec ma photo. Le plus jeune Ministre de la Magie… C’était tout proche, je le sentais, j’allais enfin avoir le succès dont je rêvais tant… D’un instant à l’autre, quelqu’un rentrerait dans le bureau pour m’annoncer le résultat. C’était une question de minutes, à présent. Mon cœur battait vite, et les mots du journal se mélangeaient sous mes yeux… Ah ! Je sursautai. Quelqu’un venait de toquer ! Enfin… Enfin… Je me levai, tremblant, m’approchant de la porte, la main tendue vers la poignée. Mais plus elle était proche de mes doigts… Plus elle s’éloignait… J’entendais toujours quelqu’un qui toquait, le bruit sourd contre le bois, et je me pressai pour ouvrir, mais je ne pouvais pas l’atteindre, j’essayai pourtant, encore… Les résultats !... Avais-je gagné ?... Pourquoi je ne pouvais pas ouvrir… La porte !... La porte… Quelqu’un toquait…

Je me réveillai en sursaut, tremblant. Il faisait nuit noir dans ma chambre, et quelqu’un toquait à la porte. Je me redressai, frottant mes yeux, grognant un peu. Qui venait à cette heure-là ? Je marmonnai un « oui, j’arrive », et le bruit cessa. Je me levai finalement du lit, passant ma main sur mon visage avant de finalement ouvrir la porte, avant de me figer. Sara Wayland se dressait devant moi, vêtue de ses habits et d’une cape. Ses yeux bleus brillaient dans la nuit, et je me sentis tout à coup ridicule, en pyjama devant elle, mais en même temps, quelque chose s’activait petit en petit… Qu’est-ce que la directrice faisait là, en pleine nuit ?! Mon cœur se mit à s’emballer, que s’était-il passé ?!


- Daniel, Heather a été attaqué ?! mon coeur rata un battement avant de repartir à mille à l’heure par des détraqueurs cette nuit, elle va bien, mais elle est à Sainte-Mangouste…
- Donnez-moi un instant, je m’habille, j’arrive,
la coupai-je brusquement. 

Je retournai dans ma chambre d’un pas pressé, renversant à moitié ma chaise au passage. J’avais l’impression d’avoir pris une douche glacée, ou qu’on m’avait giflé, mais en tout cas, jamais je n’avais été aussi réveillé et alerte en plein milieu de la nuit. Dans ma tête tournait en boucle ce que venait de dire Sara, mais je n’avais pas le temps d’analyser, je me concentrais seulement sur « elle va bien » pour ne pas paniquer, et enfilai rapidement mon jean, une chemise, et mon manteau, sans prendre le temps de m’assurer que j’étais présentable – je n’en avais que faire. Toutes mes pensées étaient dirigées vers une seule personne : Heather. Une fois prêt, je ressortis, fermant distraitement ma porte, suivant ensuite la directrice d’un pas rapide pour que nous sortions transplaner. Dans le couloir, Sara m’expliqua rapidement qu’elle avait reçu un hibou urgent qui l’informait qu’Heather avait fait face à deux détraqueurs cette nuit alors qu’elle était avec une amie, mais qu’elle allait bien, qu’elle était prise en charge à Sainte-Mangouste. Comment avait-elle pu se retrouver face à des détraqueurs ?! Visiblement, c’était une opération du ministère qui avait mal tourné, et je m’en insurgeais. Comment pouvait-on être aussi stupide ?! Les détraqueurs étaient extrêmement dangereux, comment les Aurors avaient pu les laisser s’éloigner ?! Je fulminais, et je m’accrochai au bras de Sara, tremblant presque tant j’étais en colère. Nous disparûmes dans un « pop » sonore, et l’instant d’après, je ruai à la réception de l’hôpital pour demander le numéro de chambre. 

 Je bousculai à moitié le guérisseur devant la porte qui discutait avec un infirmier, et je pénétrai dans la chambre en poussant violemment la porte. Il ne me fallut que quelques secondes pour repérer les cheveux flamboyants d’Heather, et je me jetai à moitié sur elle, le cœur tambourinant.


- Est-ce que ça va ?! M’empressai-je de demander, tout en la serrant fort contre moi, comme pour la rassurer, mais deux secondes plus tard, je m’écartai, m’adressant à l’infirmière. Elle va bien ? Vous lui avez donné une potion ? Je me tournai à nouveau vers Heather. Ils t’ont donné quelque chose ? Tu te sens mieux ? Puis je me tournai vers l’autre fille, assise sur le lit d’en face, qui semblait être entourée par sa famille. Je lui jetai un coup d’œil curieux et à moitié inquiet. Je ne savais pas son prénom, mais elle avait l’air dans le même état qu’Heather, si ce n’était pire, parce que son bras semblait blessé. Ils ont prévenu ton père ? Comment des Aurors ont pu laisser des détraqueurs se balader comme ça ?!

J’allais continuer dans ma lancée, m'insurgeant de tout, mais l’infirmière me demanda de m’écarter pour donner quelque chose à Heather, et Sara pénétra dans la pièce, s’approchant d’Heather, m’obligeant à m’écarter. Je me décalai légèrement, mon bras toujours autour de l’épaule d’Heather, dans un geste protecteur. Elle avait le visage fatigué, et je me fis la réflexion que je ne l’avais jamais vu aussi… Fragile ? D’instinct, ma prise autour de son épaule se resserra, comme si j’avais peur qu’elle implose de fatigue après une telle épreuve – mais aussi un peu parce qu’à présent qu’elle était là, à côté de moi, vivante, mon cœur se calmait un peu à nouveau et je voulais être sûre qu’elle ne parte plus, pas tant que j’étais sûre qu’elle allait mieux.
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Heather Lass


Heather Lass
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MessageSujet: Re: If someone makes you feel; let them. (H.L)   If someone makes you feel; let them. (H.L) Icon_minitimeLun 2 Mai - 20:14

(Suite de The shadow knows)

La potion que les Médicomages leur avaient données donnait l'impression à Heather qu'on massait et tendait chaque muscle de son corps l'un après l'autre, de la tête vers les pieds, et plus les minutes avançaient plus elle se sentait détendue, sereine, comme si tout ce qui s'était passé n'était qu'un mauvais rêve que le réveil dissipait tranquillement - de secondes en secondes les souvenirs s'effaçaient presque, devenaient lointains, et les coins de sa bouche se relevaient très légèrement. Elle eut soudain la présence d'esprit de comprendre que ce n'était pas naturel, et reposa le reste de la potion. C'était trop soudain et c'était étrange ; elle n'était pas à Sainte-Mangouste par l'opération de l'esprit de Merlin et elle ne voulait pas se retrouver à sourire comme une idiote au milieu de tous ces gens qui s'agitaient autour d'eux. Certes Emmy et elles venaient de vivre une mésaventure traumatisante, mais aucune des deux n'étaient gravement blessés et si la sensation infligée par les Détraqueurs était atroce, elles étaient vivantes, elles y survivraient. Heather s'installa un peu plus  dans son lit tandis qu'on s'assurait que tout allait bien et qu'on avait fini de l'ausculter, on vint alors les prévenir que les familles avaient été prévenues, etc. Quand Heather entendit le nom de Sara elle en fut à la fois légèrement gênée - elle venait donc de déranger sa patronne en plein milieu de la nuit - et fortement rassurée, car Sara avait cet aura maternelle et si apaisant que c'était presque une torture de ne pas se retenir et de se jeter dans ses bras. Elle prit d'ailleurs Heather dans ses bras un instant, qui sentit son coeur s'agiter, bien que son cerveau était amené à digérer une information inattendue : Dan était là. Dan, avec sa carrure immense, venait de débarquer dans la pièce aseptisée et venait de foncer vers elle et de lui sauter à moitié dessus :

- Est-ce que ça va ?! Tellement surprise de la façon presque féroce dont il l'avait serrée dans ses bras, elle ne put pas répondre - Elle va bien ? Vous lui avez donné une potion ? Elle hocha enfin la tête. Ils t’ont donné quelque chose ? Tu te sens mieux ?

- Oui oui, j'ai pris quelque chose, je me sens mieux, ne t'inquiète pas, je n'ai rien de grave, et elle allait continuer mais il ne semblait pas prêt à s'arrêter de la questionner et reprenait de plus belle :

- Ils ont prévenu ton père ? Comment des Aurors ont pu laisser des détraqueurs se balader comme ça ?!

Comme Sara Wayland et quelques infirmières interférèrent en cet instant, Dan dut s'écarter légèrement, sans enlever son bras de ses épaules pour autant. La jeune fille eut l'impression d'avoir avalé un tonneau entier de la potion de toute à l'heure et tout sembla devenir sourd et cotonneux autour d'elle, comme si une vague la submergeait ; elle se laissa alors aller contre la prise de Dan et posa sa tête sur son épaule en laissant son corps se coller à son côté. Il dégageait une chaleur délicieuse et une odeur si familière qu'elle aurait pu fermer les yeux et s'endormir comme un bébé, peu importe ses émotions et l'agitation qui régnait autour d'eux. Elle battit des paupières pour s'empêcher de s'engourdir et vit alors, par dessus l'épaule de Dan, le regard d'Emmy qui cherchait le sien et lui faisait un petit signe, ce qui arracha un sourire à Heather - Dan avait fait un sacré bout de chemin depuis l'histoire de la fête foraine, voilà ce que son amie devait penser !

- Ma famille est prévenue, mais je les ai rassurés, je les verrai sans doute demain, il est trop tard ce soir et de toute façon, je vais bien, ça va aller, répéta-t-elle d'une voix douce. Je t'assure, ils ne m'ont rien fait... Ils ont failli, mais ça va, conclut-elle en réprimant un frisson. J'ai eu plus de peur que de mal, comme on dit, tenta-t-elle de continuer bien que tout d'un coup l'évocation des souvenirs la rattrapait tout d'un coup bien trop vite et elle sentit yeux ses yeux la picoter et se trouva stupide. Vite, elle laissa sa tête contre Dan pour qu'il ne remarque rien - si elle avait besoin de sa présence en cet instant elle n'avait pas la moindre envie de fondre en sanglots dans ses bras, alors elle s'efforça de respirer calmement et de se focaliser sur quelque chose d'autre, n'importe quoi, pour ravaler ses larmes... Sur le fait qu'elle allait rentrer à Poudlard et serait à l'abri et verrait en bonus son père et ses frères, sûrement ! Tout ça n'était qu'un mauvais coup de chance, il ne fallait plus y penser - elle ne voulait plus. Je ne sais pas comment c'est possible, ils n'ont pas trop expliqués, je pense qu'ils étaient sur un coup et ne pouvaient pas trop rentrer dans les détails... Mais ils étaient au courant que les Détraqueurs étaient dans le coin, heureusement, c'est ce qui compte.

La famille d'Emmy était arrivée et s'affairait un peu partout autour des deux jeunes filles et Heather les salua et fit leur connaissance, tout en détestant tout particulièrement le fait que Dan soit obligé de s'écarter d'elle pour de bon cette fois quand elle serra la main du père d'Emmy qui ne voulut pas la lâcher avant que sa fille lui fasse remarquer en riant, et que sa mère la prenne dans ses bras ensuite. Touchée par ces démonstrations, Heather ne pouvait s'empêcher de jeter des petits coups d'oeil vers Dan à côté d'elle, tout en se demandant aussi de quoi était en train de discuter Sara avec un Médicomage, un peu plus loin.

Il lui sembla ainsi que rien ne pouvait l'atteindre, rien de mauvais, rien de désagréable, rien de dangereux. C'était comme penser à Poudlard, ou à sa chambre, chez elle, en Irlande, au petit pub du village, au pré un peu plus loin avec les poneys ; tous ses endroits qui la rendaient heureuse et qui lui donnait l'impression d'être isolée du reste du monde, comme une petite parenthèse magique et ensoleillée. Tous les gens, ici, lui donnait ce genre d'impression : les Médicomages qui les soignaient, Emmy, sa famille, Sara, Dan. C'était tellement plus facile de chasser les mauvais souvenirs dans ses moments là ! Sachant qu'une fois qu'elle se retrouverait toute seule, ils reviendraient avec plus d'acharnement, elle se délecta de ce petit moment particulier pour y puiser de nouvelles forces. Scrutant le visage de Dan quand il ne la regardait pas, elle le trouva tiré et vraiment inquiet, à tel point qu'elle eut du mal à croire que c'était uniquement à cause d'elle. Chuchotant, elle finit par oser lui demander, en lui tirant la manche pour qu'il la regarde - et aussi en espérant qu'il la reprenne à moitié dans ses bras :


- Ça va ?...

Est-ce qu'il avait saisi, lui, d'où provenait l'étrange blessure d'Emmy ?, se demanda-t-elle, mais ce n'était pas le moment pour lui poser la question. Inclinant un peu la tête vers son buste pour l'y reposer, elle croisa son regard brun et chaud et sentit son coeur s'affoler bien plus qu'il ne l'aurait fallu, car elle était tout de même sensée se reposer.

- J'aimerais bien rentrer, tu crois que ça va être possible ? murmura-t-elle, se sentait épuisée. Si elle n'avait pas envie d'être seule, elle avait besoin d'être dans un endroit familier et bien confortable, auprès d'une cheminée, pour essayer de se reposer, une bonne fois pour toutes.
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Daniel O'Brien


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MessageSujet: Re: If someone makes you feel; let them. (H.L)   If someone makes you feel; let them. (H.L) Icon_minitimeVen 3 Juin - 13:53

Voir Heather dans un tel état semblait presque irréel, comme si j’avais été à nouveau plongé dans un songe. Elle était habituellement si assurée que voir l’inquiétude tirait ses traits donnait le sentiment d’être face à une nouvelle personne, bien plus fragile, bien plus… Humaine. Les cheveux enflammés d’Heather s’étaient presque ternis, ou peut-être ne brillaient-ils que lorsqu’elle les agitait malicieusement en minaudant. Lorsqu’elle rentrait dans une pièce, on ne voyait qu’elle, que son grand sourire et les petites étoiles sur ses joues ; à présent, c’était comme si le blanc médical de la pièce l’étouffait et l’aspirait tout entière. Elle était recourbée, un peu appuyée contre moi, tout à coup toute petite et toute mince. J’aurais dû m’en ficher, me distancer, car Heather restait Heather, j’étais méfiant de sa personnalité, des masques qu’elle pouvait enfiler, mais pourtant, c’était partout en moi comme une alarme qui sonnait en continu. Je ne savais pas pourquoi je ressentais ça, pourquoi j’en avais quelque chose à faire mais je savais que je le ressentais. Pourquoi lutter, alors ? Je lâchai prise, laissant mon instinct me guider.


Je n’étais jamais venu ici, ma famille avait la chance d’être plutôt en bonne santé, ou alors nous allions chez le médecin du village. Mais bien sûr, j’avais entendu parler de Sainte-Mangouste, surtout lorsque je travaillais, plusieurs victimes y étaient rapatriés, surtout que l’hôpital magique de Dublin était beaucoup plus petit. Maintenant que je faisais un peu attention, je remarquais qu’en effet, Sainte-Mangouste était impressionnant. Ses longs couloirs blancs étaient remplis de guérisseurs, de malades, de visiteurs, il y avait une agitation fébrile et à la fois stimulante. Je n’imaginais même pas toutes les découvertes scientifiques qui devaient être faites ici, les recherches, les opérations ; les murs suintaient de toute cette magie et cette grandeur. Les possibilités de carrière et de grandeur devaient être impressionnantes, mais bien sûr, pour quelqu’un comme moi qui avais une petite éducation, maîtriser un sujet aussi complexe que la médecine n’était pas envisageable. Mon estomac se contracta, comme toujours lorsque j’étais envieux. C’était toujours le même sentiment, d’abord l’amertume, puis la jalousie qui laissait finalement place à la colère qui me consumait jusqu’à que ne reste que la rancœur. Mais ce n’était pas le moment, pas aujourd’hui, pas ce soir. Pas quand Heather avait besoin de soutien.


- Ma famille est prévenue, mais je les ai rassurés, je les verrai sans doute demain, il est trop tard ce soir et de toute façon, je vais bien, ça va aller. Je t'assure, ils ne m'ont rien fait... Ils ont failli, mais ça va. J'ai eu plus de peur que de mal, comme on dit. Sa voix tremblait légèrement, et elle posa sa tête contre mon torse, fermant les yeux. Je ne savais pas si elle minimisait, si elle essayait d’être positif, mais j’étais étonné, j’aurais pensé qu’elle aurait peut-être profité de cette occasion pour se faire chouchouter – elle était habituée, avec sa famille. Je m’étais trompé, j’avais été mauvaise langue, je l’admettais… Je ne sais pas comment c'est possible, ils n'ont pas trop expliqués, je pense qu'ils étaient sur un coup et ne pouvaient pas trop rentrer dans les détails... Mais ils étaient au courant que les Détraqueurs étaient dans le coin, heureusement, c'est ce qui compte.

Je ne comprenais tout de même toujours pas comment le Ministère avait pu faire une telle erreur, c’était tellement dangereux ! Je fulminai tout seul, conscient que le moment n’était pas propice à la colère. Les parents de l’amie d’Heather étaient là – je compris qu’elle se prénommait Emmy – et son frère aussi, et nous nous mîmes à discuter avec les Médicomages. J’écoutai attentivement ce qu’ils conseillaient pour la période de repos, en terme de potions si besoin, ce genre de choses. J’eus une pensée pour Rose, la psychologue de Poudlard, en songeant que peut-être Heather pourrait y aller pour une séance, pour discuter de tout ce qui s’était passé. Ça aurait peut-être été étrange, car elle n’avait que quelques années de plus que nous, et nous la connaissions plus en tant que collègue – et dans une certaine mesure, connaissance – qu’en tant que psychologue. Je me demandais si Heather aurait honte d’aller lui parler, de se confier à quelqu’un qu’elle connaissait. Surtout qu’Heather était beaucoup plus sociable que moi, et elle s’entendait bien avec Rose, qui était pourtant assez renfermée, ce qui ne m’avait jamais trop encouragée à aller vers elle. Je me fis la réflexion qu’il y avait des psychologues à Sainte-Mangouste, et que si Heather avait besoin de parler à quelqu’un de cette sale histoire, elle trouvait ici, probablement. Elle pouvait me parler aussi, pensai-je, mais je n’étais pas autant qualifié. Je ne savais pas si cela m’aurait gêné, ou au contraire, gratifié.

En tout cas, il allait falloir s’assurer qu’Heather était prise en charge médicalement aussi, si jamais elle avait besoin de potions, s’ils y avaient des répercussions sur sa santé. Heureusement, Jay et Madame Pomfresh formaient une bonne équipe. Heather s’entendait d’ailleurs bien aussi avec Jay, puisqu’encore une fois, elle était sociable, elle liait facilement contact. Les gens avaient tendance à toujours bien l’aimer, d’ailleurs. Je l’avais toujours su, mais en y réfléchissant plus longuement, cela me marqua un peu plus. On ne pouvait pas dire la même chose de moi, je le savais très bien, j’étais beaucoup plus fermé, plus méfiant.



- Ça va ?...

Heather avait tiré par la manche – un geste si enfantin qu’il m’étonna – et sorti de mes pensées, je tournai légèrement mon visage vers elle, esquissant un sourire. Avait-elle senti ma préoccupation ?

- Oui, ne t’inquiète pas, je ne comprends juste toujours pas comment ils ont pu faire une telle erreur, c’est totalement irresponsable…

Bien sûr qu’au fond, plus qu’en colère, j’étais inquiet pour Heather. Mais c’était trop étrange et trop incompréhensible pour l’admettre, surtout devant elle. Je passai mon bras autour de son épaule, à nouveau, et la laissa s’appuyer contre moi. Elle me paraissait toute légère.

- J'aimerais bien rentrer, tu crois que ça va être possible ?

Pour toute réponse, je raffermis ma prise, comme pour lui dire de ne pas s’inquiéter. Nous étions en train de finir, de toute façon. Il se passa encore quelques temps où les parents d’Emmy et Sara discutèrent, avant que finalement un mouvement s’amorce. Emmy sera Heather dans ses bras avant de partir, et tandis que nous récupérions ses affaires, Sara discuta du meilleur moyen pour rentrer à Poudlard. Heather était trop faible pour transplaner, et nous optâmes pour la poudre de cheminette qui nous fit atterrir dans le bureau de Sara. Je tenais toujours Heather par les épaules, comme pour la soutenir, et je signalais brièvement à Sara que j’allais l’amener dans sa chambre et m’assurer que tout se passait bien. Elle nous souhaita bonne nuit, insistant auprès d’Heather pour qu’elle vienne la voir dès qu’elle serait plus en forme, pour reparler de tout ça, qu’elle avait de repos, etc. En sortant de son bureau, l’atmosphère du château me parut tout à coup étrange, silencieux, un peu trop froid. Heather se tenait toujours contre moi, et marchait lentement, en tremblant un peu. Tandis que nous commencions à descendre les escaliers, je vis qu’elle tremblait de plus en plus, ses jambes la soutenant à peine, et je l’arrêtais.

- Ne te fatigue pas plus, attends viens, dis-je en doucement passant un bras sous ses jambes pour la soulever. Elle ne pesait pas bien lourd, de toute façon. Ça me rappelle quand tu es tombée de Primadonna, tu te souviens ?

J’eus un petit sourire à cette évocation, et il me porta le temps du trajet jusqu’à la porte de la chambre d’Heather. Je la fis glisser de mes bras, tout doucement, pour qu’elle se remette debout et ouvre sa porte. A peine rentrée, elle s’assit sur son lit, et je lui tendis son pyjama qu’elle avait laissé au bout de celui-ci. Elle eut un petit sourire brave, et parti se changer dans la salle de bain, tandis que je fourrageais sur son bureau pour trouver de quoi lui faire une tisane. Quand elle ressortit, prête, son visage m’apparût encore plus pâle que d’habitude, sous la lumière tamisée de sa chambre. Elle s’installa dans le lit, dont j’avais redressé les oreillers pour qu’elle soit bien callée. Je lui tendis la tasse fumante, avec un nouveau sourire encourageant.

- Voilà, ça va te faire du bien. Tu… Tu veux en parler, ou peut-être tu veux dormir d’abord ? De toute façon, je reste ici, au cas où, assurai-je avec aplomb, bien décidé à veiller sur Heather tant qu’elle en aurait besoin.
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Heather Lass


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MessageSujet: Re: If someone makes you feel; let them. (H.L)   If someone makes you feel; let them. (H.L) Icon_minitimeJeu 30 Juin - 22:22

La suite se passa rapidement : il fut décidé que les jeunes filles pouvaient rentrer chez elles, à l’unique condition qu’elles ne restent pas seules. Emmy était accompagnée de sa famille, bien évidemment, et si Heather n’avait pas sa famille directe autour d’elle, elle avait sa famille de Poudlard, qui depuis des années remplissait son rôle à la perfection. L’Irlandaise lança un regard soulagé et reconnaissant à Sara Wayland qui avait pris les choses en main et s’aida de Dan pour se mettre sur pied ; elles les laissa ensuite choisir le mode de retour et se laissa faire, se sentant étrangement molle, flasque, vide de tout, à part de cette agréable tiédeur réconfortante que lui avait procuré la potion des Médicomages. Ils prirent la Poudre de Cheminette et elle dut s’agripper à Dan et fermer les yeux car le voyage, d’ordinaire tout naturel, lui donna un bref instant de vertige et elle sentit ses entrailles se contracter. Une fois dans le bureau de la directrice, celle-ci leur firent ses dernières recommandations, et Heather accepta de bon cœur l’accolade qu’elle lui donna, avant de prendre congé. Au vu de leur amitié, il avait été convenu que Dan s’occuperait d’elle pour cette nuit, et si son cœur se sentait tout chaud à cette idée, une petite voix dans sa tête lui murmurait que c’était étrange, non ? C’était un garçon, ce n’était pas comme avec une amie – elle se demanda bêtement si il allait devoir la mettre au lit et comment elle allait faire pour éviter les moments embarrassants. Toujours était-il que pour le moment il lui fallait marcher et se concentrer, car dans l’état où elle était ses mouvements étaient flottants, incertains, comme si elle marchait sur un nuage…

- Ne te fatigue pas plus, attends viens, dit alors Dan en se baissant – elle se figea, surprise – et en la soulevant dans ses bras comme si elle n’avait pas pesé plus lourd qu’un petit animal de ferme. Ça me rappelle quand tu es tombée de Primadonna, tu te souviens ?

Elle voulut répondre mais elle n’en eut pas la force ; d’abord parce qu’elle avait puisé de toute son énergie pour marcher jusque là et que la nuit l’avait évidemment retournée, ensuite parce que tout d’un coup elle se retrouvait tout contre Dan, contre son torse et dans ses bras, qu’elle avait la tête posée près de son cou et ses bras autour de sa nuque et que subitement elle aurait pu s’endormir pour des jours entiers tant elle se sentait confortable et à l’abri de tout. Le voyage dans les couloirs acheva de la berça et elle se redressa à regrets quand il la déposa devant sa chambre – elle ouvrit.

Elle s’assit comme un automate, puis comprenant qu’il lui fallait se changer, elle hésita une seconde et partit dans la petite salle de bain. Ses doigts semblaient peser trois kilos chacun, si bien qu’il lui fallut un temps fou et beaucoup de concentration pour ôter sa jupe, son haut, ses collants, et ensuite tout autant pour s’habiller convenablement. Comme sa chemise de nuit était de simples bretelles, elle eut l’impression d’être bien trop découverte et enfila un vieux sweat de Quidditch qui se trouvait accroché là, puis elle sortit, pas fâchée de pouvoir enfin se reposer pour de bon. Elle sourit à Dan qui lui avait préparé un petit dossier de coussins, et s’installa.

Il lui tendit une tasse fumante qui sentait bon les herbes et les fleurs – un peu de lavande, un peu de camomille, et un peu de tilleul ; sa tisane préférée.


- Voilà, ça va te faire du bien. Tu… Tu veux en parler, ou peut-être tu veux dormir d’abord ? De toute façon, je reste ici, au cas où.

Elle but un peu – elle avait la bouche toute pâteuse, et il lui semblait que parler aller lui demander beaucoup plus d’efforts que de coutume.

- Merci, Dan, c’est vraiment gentil de t’occuper de moi comme ça !

Ayant parlé doucement mais sincèrement, elle se sentit tout d’un coup stupide : quoi, c’était tout ce qu’elle trouvait à dire ? Subitement on aurait dit que c’était deux étrangers qui se trouvaient là, empotés l’un en face de l’autre, alors que pas du tout, ce n’était pas le cas, mais elle était juste trop incapable d’agir normalement pour détendre l’atmosphère ! Heather sentit alors qu’elle aurait pu pleurer – encore une fois les larmes lui étaient montées aux yeux et ne demandaient qu’à couler, mais elle ne voulait surtout pas que ça arrive ici, maintenant. Alors, elle but une nouvelle gorgée, se cachant dans les volutes de fumée, en espérant que cela passe. En vérité, si elle avait vraiment pu choisir, elle lui aurait demandé de la reprendre dans ses bras comme tout à l’heure, elle aurait fermé les yeux et se serait endormie, beaucoup plus à l’aise que maintenant. Il y avait toujours eu quelque chose chez Dan de particulièrement attirant et de particulièrement rassurant – peut-être à cause de sa carrure – et elle savait très bien que si elle s’était permise de tant jouer avec lui c’était parce que son attention l’avait flattée et qu’elle n’y était pas insensible. Aujourd’hui, tout était bien différent : non seulement ils avaient grandi et changé, mais en plus elle était beaucoup revenue là-dessus et lui semblait beaucoup moins impliqué et beaucoup plus distant, et en un sens la relation d’amitié qui s’était doucement tissée peu à peu depuis qu’ils travaillaient à Poudlard avait le mérite d’être sincère, bien que parfois chaotique. Heather leva les yeux vers Dan à nouveau, ayant réussi à chasser ses larmes ; elle sourit alors, touchée du pli de son front et de son regard légèrement voilé d’une inquiétude qu’il n’était pas commun de lui voir.

Avait-elle envie d’en parler ? Après tout, ce n’était pas si grave, des accidents arrivaient parfois, et les Détraqueurs ne les avaient pas touchées. Elle en avait connu d’autres, se dit-elle pour s’empêcher de s’apitoyer, qu’est ce que c’était que cette mésaventure face à ce que tout le monde avait vécu au château pendant l’attaque des Mangemorts, ou bien avec tout ce qu’elle avait pu traverser avec Harry, ou encore les sombres moments de son enfance et la blessure de son frère qui avait failli ne pas survivre à sa transformation ?  Elle ne voulait pas que Dan la prenne en pitié, et encore moins paraître faible alors qu’elle avait l’impression de devoir tant lui prouver, pour qu’il ne pense pas qu’elle était uniquement une petite jeune fille charmante mais écervelée.

Non, le plus difficile en vérité, dans cette histoire, ce n’était pas tant ce qu’il s’était passé mais ce qu’elles avaient ressenti, ce n’était pas tant la vision des horribles silhouettes encagoulées mais ce qu’elles avaient fait naître chez Emmy et elle, ce désespoir terriblement triste et froid qui lui laissait un goût amer dans la bouche. Elle avait l’impression de sortir de plusieurs mois de dépression et ne savait pas trop par quel bout commencer.


- Oh, ça va aller, ne t’inquiète pas, c’était juste effrayant sur le coup, et je dois bien reconnaître que je me suis sentie vraiment… atteinte,
dit-elle prudemment, la voix triste ; je peux te le dire à toi mais j’ai réussi à me métamorphoser, sans quoi je me serais évanouie, ensuite j’ai réveillé Emmy et on a réussi à faire des Patronus pas très vaillants jusqu'à ce que les Aurors arrivent... C'était vraiment horrible, j'avais l'impression que tout ce qu'il y avait en moi disparaissait et que j'allais mourir de tristesse, frissonna-t-elle. Voilà, tu sais tout.

Bravement, elle repoussa une mèche de son visage et but une nouvelle gorgée à sa tisane - être bien au chaud et en compagnie de Dan lui faisait du bien et elle le sentait. Malheureusement, puisque son corps commençait à se détendre, une nouvelle chose se faisait sentir ; elle passa sa main sur son ventre.

- Hmmm... Je suis désolée mais j'ai super faim, tu crois que tu pourrais me trouver quelque chose à manger ?


Elle n'avait pas envie qu'il parte, pourtant, se dit-elle ; quand elle lui adressa un petit sourire elle eut l'impression que quelque chose se passait dans tout son corps, comme une eau tiède qui glisse partout et réchauffe délicieusement des pieds à la tête.
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Daniel O'Brien


Daniel O'Brien
Assistant de Défense contre les Forces du Mal



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MessageSujet: Re: If someone makes you feel; let them. (H.L)   If someone makes you feel; let them. (H.L) Icon_minitimeDim 2 Oct - 18:03

Heather m’avait remercié et j’avais souri distraitement, car mes pensées avaient déjà dérivé au loin, tout préoccupé que j’étais. Je restais outré de l’erreur du Ministère, sans savoir pourquoi mais cela m’énervait réellement, je me demandais même un instant si je pouvais leur adresser un hibou à ce propos – après tout, les gens envoyaient bien des courriers pour se plaindre, n’est-ce pas ? J’avais travaillé sur le terrain dans la défense contre les forces du mal, nous n’avions jamais eu à faire appel à des détraqueurs, mais je savais que leurs interventions étaient très régulées. Je me souvenais de cette discussion que j’avais eu avec Nora, une de mes collègues de Dublin, et probablement la sorcière la plus douée et la plus courageuse que je connaisse, où nous avions parlé des détraqueurs avec qui elle avait dû collaborer quelques fois. Elle en parlait avec une voix sèche, évoquant combien malgré entourés de patronus, elle et le reste de l’équipe ressentaient ce poids horrible dans leur poitrine, le froid qui se répandait autour et le plomb dans la gorge. Elle qui avait pourtant vu tant de choses et semblait avoir une force de caractère inébranlable… Je n’osais pas imaginer ce que cela avait pu faire à Heather et son amie, qui n’avaient même pas d’entrainement préalable pour ce genre de situations… Je me demandais aussi pourquoi le Ministère continuait de faire appel à de telles créatures pour nous aider. Je pouvais comprendre Azkaban, et le besoin de contrôler et punir de réels criminels, mais du reste, je n’avais aucune envie d’avoir à faire à ces sans-âmes qui répandaient le malheur tout autour d’eux telle une aura obscure et meurtrière. Je pensais un instant à leur baiser, sentant un frisson remonter le long de ma colonne vertébrale.

Je me renfonçai dans mon siège, tout en penchant légèrement mon buste en avant, me concentrant sur Heather. Installée dans son lit, elle semblait toute petite sous les couvertures. Son visage pâle contrastait avec les longues flammes rousses qui l’entouraient, et il avait réussi à capturer un air des plus paradoxales ; il semblait qu’elle était à la fois redevenue une enfant, tout en ayant pris quelques années, tout à coup. Ses tâches de rousseurs ressortaient aussi un peu plus, comme des petites étoiles sur ses joues, et je me rappelai combien j’avais aimé ce détail chez elle, à cette époque où elle me plaisait tant. J’avais eu l’impression qu’elle était couverte de constellations.


- Oh, ça va aller, ne t’inquiète pas, c’était juste effrayant sur le coup, et je dois bien reconnaître que je me suis sentie vraiment… atteinte. Je peux te le dire à toi mais j’ai réussi à me métamorphoser, sans quoi je me serais évanouie, ensuite j’ai réveillé Emmy et on a réussi à faire des Patronus pas très vaillants jusqu'à ce que les Aurors arrivent... C'était vraiment horrible, j'avais l'impression que tout ce qu'il y avait en moi disparaissait et que j'allais mourir de tristesse. Voilà, tu sais tout.

J’hochai la tête, l’air grave. Elle avait réussi à se métamorphoser… J’étais surpris, ou plutôt, admiratif. Être animagus était déjà exceptionnel en soi, mais qu’elle ait réussi à l’utiliser dans une telle situation où elle était littéralement en train perdre la tête de tristesse… Quelque chose en moi se contracta, au fond de ma poitrine, derrière mes entrailles. De la jalousie, peut-être, mais je la balayais rapidement, sentant qu’elle n’avait pas sa place dans une telle situation. C’était peut-être un peu de la gêne aussi, parce qu’il avait été si facile de cataloguer Heather comme cette fille un peu niaise et capricieuse que d’avouer qu’elle était en réalité une sorcière extrêmement douée me faisait étrange. J’avais appris à me défaire de cette image que j’avais elle, pourtant je continuais à refuser de l’estimer autant que je l’avais fait dans le passé. Mais je savais aussi que je n’étais pas venue la chercher à Sainte-Mangouste pour rien, que mon cœur ne s’affolait pas pour rien, que je n’étais pas de marbre face à Heather – loin de l’admiration et de l’attraction que j’avais ressenti pour elle, j’avais simplement fini par la considérer comme une amie. C’était étrange à dire. Je n’avais pas d’amis, pas vraiment, pas parce que je n’en voulais mais parce qu’au fur et à mesure les opportunités avaient disparu. Mes amis d’enfance du village étaient tous partis à Poudlard, créant un fossé entre nous, et si l’été nous nous entendions tous bien, l’année, je n’avais que ma famille sur qui compter. En quittant la ferme pour Dublin et mon poste de stagiaire, les gens étaient devenus des collègues, certains un peu plus proche que d’autres, mais toujours maintenu au loin par cette aura que j’associais au boulot et à l’écart d’âge souvent prononcé. Finalement, Heather était la première personne de mon âge, en dehors de mes sœurs, avec qui j’avais passé assez de temps hors du travail, et dans ma jeunesse, pour l’associer à… Une amie. Ça me faisait étrange de le réaliser.

- C’est vraiment impressionnant que tu te sois transformée dans une telle situation, ça devait demander tellement de force… Heureusement que tu l’as fait, et que les Aurors sont arrivés à temps.

Je ne voulais pas imaginer ce qu’il se serait passé si ça n’avait pas été le cas… Heureusement, je n’eus pas le temps de trop me questionner, car Heather passa la main sur son ventre, je compris qu’elle avait besoin de force, et cela concentra mon attention sur quelque chose de concret.

- Hmmm... Je suis désolée mais j'ai super faim, tu crois que tu pourrais me trouver quelque chose à manger ?
- Oui, bien sûr ! J’avais déjà bondi sur mes pieds, de toute façon.

Je descendis rapidement dans les sous-sols, essayant de déjouer les escaliers, jalousant les élèves qui connaissaient eux le château comme leur poche, et fini par arriver dans les cuisines. Quelques elfes de maisons étaient encore réveillés, et je les priais poliment de me donner de la soupe, des toasts, et un peu de bacon – j’avais peur qu’un trop gros repas barbouille Heather. Je leur demandai une dernière faveur, puis remontai vers la chambre, mes pas résonnant dans les couloirs silencieux et humides. Heather n’avait pas bougé, et elle me lança un regard étrange lorsque je rentrais à nouveau, mais me fit un grand sourire. Je lui souris en retour, installant sur ses genoux le plateau avec la nourriture.


- Oh, tiens, j’ai failli oublier, je leur ai demandé leur meilleur chocolat, pour que tu te sentes mieux, dis-je en lui tendant la tablette, lui faisant à nouveau un petit sourire, espérant qu’elle trouve du réconfort dans ce repas improvisé et ma présence qui se voulait la plus rassurante possible, parce que moi aussi j’étais rassuré, maintenant que mon amie était en sécurité.

(Terminé)
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