Se rendre à un bal de Noël? C'était réservé aux grandes personnes, non? He bien oui,c'ETAIT! Il faut croire que Poudlard s'était enfin décidé à ouvrir les bals aux premières années...
Après de longues années de bals traditionnels ouverts à partir de la quatrième, Poudlard avait enfin permis aux premières de s'y rendre. Et voilà que notre petite coréenne favorite s'y rendait au bras d'un garçon plus âgé qu'elle... Au départ, elle ne comptait pas s'y rendre, c'était vraiment pas son truc, ce genre de choses. Elle avait prévu de passer la soirée blottie dans un large fauteuil à se réchauffer devant la cheminée de la salle commune, un livre calé entres les pouces et les index.
Et puis elle avait trouvé ce petit mot, adorablement écrit, maladroitement donné, discrètement touchant, mais surtout mystérieusement persuasif...
Et elle n'avait pas pu résister à ces lettres maladroitement formées, ni à l'odeur enivrante du parchemin... Bref, elle lui avait dit oui sans hésiter.
Et voilà qu'elle était là, à se regarder le nombril dans le miroir. Etrange, elle qui n'aimait pas trop ça, elle se mettait à se vérifier sous toutes les coutures, à observer le moindre détail qui pourrait rendre l'ensemble impossible à regarder. Narcissique? Perfectionniste? Sûrement plus le second que le premier!
Elle portait une petite robe noire qui lui arrivait mi-cuisses, mi-bouffante mi-évasée, avec un bustier sans bretelles, et ceinturée d'une énorme ruban blanc noué dans le dos. La robe était simple, sans autres grands artifices, mais elle avait une aura magnifique, et resplendissait au delà de sa couleur sombre. Elle lui avait assorti de petites ballerines noires bien plates, avec des lacets qui contournaient ses fines chevilles. Elle s'y sentait à l'aise et si Adrien comptait la faire danser toute la nuit, mieux valait ça qu'une paire d'escarpins hors de prix à faire crier les orteils après dix minutes sur le dance floor, et puis à 11ans, ce n'était pas l'idéal. Quoique avec cette nouvelle génération de je-pète-plus-haut-que-mon-cul ...
Après avoir enfin constaté et décidé que rien ne clochait, Lyah se décida enfin à descendre. Elle checka une dernière fois dans le miroir. Parfait. Ses yeux bridés étaient délicatement surlignés à l'eyeliner, et ses cheveux étaient mi-boulcés mi-lisses, n'ayant pu se décider sur sa coiffure, elle avait fini par un mélange des deux, qui l'avait agréablement surprise.
Elle quitta donc enfin sa chambre, passant dans la salle commune en coup de vent, sans dire mot à quiconque, enfin, surtout pas à ses pimbêches sans cavalier, qui avaient inventé des mensonges plus gros que leur cerveau pour justifier leur statut de solitude durant le bal. Pour une fois, c'était elle qui les snobait! Et elle en jubilait intérieurement. Elle sortit de la salle commune, et arpenta les couloirs en direction de la Grande Salle. Autour d'elle les couples se formaient peu à peu, les cavaliers retrouvant leurs cavalières sublimes, et inversement, bref, tout le monde se retrouvait. Et Lyah n'avait qu'une hâte: en faire de même avec Adrien. Bien qu'elle lui ai parlé qu'une ou deux, il lui avait tout de suite plu. C'était comme si il avait été la chercher exprès au fond de la salle commune pour ne lui adresser pas plus de deux mots. Comme s'il était le seul à l'avoir remarquée, et c'était ce qui l'avait marquée chez lui. Mais mieux encore, il avait ces yeux mauves dont on ne pouvait se détacher lorsqu'il se mettait à parler. On s'y noyait instantanément, et on ne pouvait en émerger inchangé. Par la suite on était hanté par cette couleur extravagante, si peu commune, contenue dans deux yeux envoutants... On se sentait impuissant face à cette attirance, et c'est ce que Lyah avait ressenti.
Et enfin, lorsqu'elle arriva en haut des escaliers menant à la Grande Salle, le doute s'immisça en elle, comme une trainée de poudre. Et s'il lui avait posé un lapin? Ou pire, et si on lui avait fait une farce? Après tout, il ne lui avait même pas demandé en personne... Et il n'avait rien confirmé? Si quelqu'un d'autre avait écrit ce parchemin à sa place dans le but de lui faire une mauvaise blague, et que Adrien lui avait déjà une cavalière?
Pendant un instant, elle avait pensé à remonter dans sa chambre en courant, ni vue ni connue, mais elle s'était finalement dit que de toute façon, elle avait mis trop de temps à se préparer pour tout gacher d'un coup et puis, mieux valait d'abord vérifier si on lui avait réellement fait une blague ou pas, elle ne voulait pas finir actrice de l'un de ces drames débiles à l'eau de rose...
Elle descendit donc doucement les marches, une à une, pas pour faire un quelconque effet de ralenti ou quoi, mais surtout pour scruter les alentours pour pouvoir réagir à toute circonstance désagréable. Mais il n'en fut rien. Elle le trouva sans difficultés, apparemment il l'attendait et à cette simple idée, le rouge lui monta aux joues. Amusant, non? Surtout quand on la connaissait, ce n'était vraiment mais vraiment pas son genre.
Il portait un costard très classe, aux allures sombres, simple et qui lui allait à merveille. L'ensemble faisait ressortir ses yeux qui brillaient de mille feux dans la foule. Il avait une allure impeccable, très soignée, mais à la fois un peu négligée ce qui lui donnait un air... normal, pas trop tape-à-l'oeil, ce qui était parfait.
Une fois qu'elle eut descendu la totalité des marches, elle s'avança vers lui, et planta ses yeux noirs perlés de gris et de bleu dans les siens, profondément ancrés dans les tons violets. Un grand silence s'imposa pendant que leurs yeux essayaient de se comprendre.
C'était un moment intense, imperturbable, comme si le monde avait retenu sa respiration pour ne pas les déranger. Et quand enfin le monde se remit à vivre, ni elle ni lui ne semblait mécontent. En tout cas, Lyah était totalement satisfaite de ce moment qu'ils avaient partagé, ça annonçait au moins que la soirée promettait d'être pas mal.
- Adrien...
Elle avait murmuré son prénom. Idiote! Elle n'avait même pas pu le prononcer tout haut. Elle se sentait comme dans un film à l'eau de rose, ce qu'elle méprisait plus que tout! Elle rougit instantanément à l'idée de comment il aurait pu le prendre.
- Désolée! Je ne t'ai pas fait trop attendre?
Changer de sujet, oui! ça elle savait faire correctement! Même si elle avait complètement bafouillé...