Je ne me souvenais plus de grand chose. Peut-être de la colère, du mal, de la souffrance. Une salle blanche, des gens qui se précipitaient. Mais a part des simples visions flou, je n'en avais quasiment plus aucun souvenir.
En fait, si, je me souvenais de tout. J'avais juste peur d'y repenser. Je sais que si je creuse dans le fin fond de mon subconscient, j'arriverais a raconter toute la scène, sans omettre aucun détail. D'ailleurs, je devrais le faire, suivre a contrecoeur le conseil de tous ses gens en blouse blanche qui se font appeler ''psychologues''. Je ne vois pas pourquoi je devrais parler de ça. Comme si me rappeler quotidiennement cet événement allait m'aider a le surmonter, a l'oublier. Foutaise, je dirais, mais quand il faut y aller, il faut y aller. On me proposait chaque fois une façon différente de faire cet exercice : tantôt je devais le coucher l'accident sur papier, ou le narrer oralement.
Cette fois-ci, on me demandais de méditer dessus. Tout simplement. Je pourrais leur mentir et ne rien faire, et apres affirmer que j'avais passer des heures a réfléchir sur ce qui c’était passer. Mais j'allais être honnête, et faire ce qu'on me demandais.
Parce qu'au fond, bien que je déteste l'admettre, ces exercices m'aidaient énormément. Voici l'histoire.
On etait en vacances en Australie, en plein milieu de nul part. Il n'y avait qu'une seule ligne de goudron qui serpentait jusqu'à l'horizon. C’était la route, et elle était vide. Perdu, qu'on était. Il faisait chaud, et nous n'avions rien amener d'autre que du coca et de l'eau. Le reste avait été laisser a l’hôtel, et moi, la petite gamine capricieuse de dix ans j'avais faim. Je boudais, dans mon coins, le front coller a la vivre de la voiture. Mon regard se perdait dans le vague, fixant de temps un temps un arbre au loin ou un tas de pierre alors que le reste du paysage se faufilait tout au tour. L'ambiance était tendu, tout le monde crisper et énervée. Ma mère avait renoncer a poursuivre sa dispute avec mon père après deux heures de chamaillerie intensive. Mon petit frère, lui, dormait sur la banquet, a coter de moi. Rouler en boule, il faisait plus jeune que ces quatre ans et reflétait parfaitement son innocence. J'arrachais mon regard de la contemplation monotone du paysage pour observer mes parents. Ma mère avait replier ses jambes sur sa poitrine et somnolait, la tête entre les genoux. Mon père, la sueur perlant sur son front chauve, était crisper sur le volant et marmonnait des jurons inaudible sur les cartes mal dessinées et les routes méconnaissables.
Et moi, j'avais faim.
Je ne sais même plus comment on avait fait pour arriver la. On devait aller voir le gros tas de roche, apparemment le plus large du monde ou je ne sais pas quoi. Et papa a voulu faire le malin en prenant un raccourcis... Et visiblement, il s’était tromper. Cela faisait plus de deux heures qu'on roulait comme ça, errant sans savoir ou aller, essayant de suivre la route inverse de celle que nous avions prise le matin même. Mais le temps passait, et bientôt le soleil quittait son apogée pour commencer sa descente vers l'horizon. Le ciel prenait un teint orange sanguine, se confondant presque avec la couleur du sol.
''Oh ! On dirait le début de Roi Lion !''
Mon petit frère s’était lever. Génial. Avec sa constante bonne humeur il allait me faire grogner encore plus. Ma mère semblait elle aussi sortir petit a petit de sa somnolence et pris mon frère dans ses bras, dans le siège avant. Cool, maintenant j'avais toute la banquette arrière pour moi toute seule. Sans laisser le temps a ma mère de dire un mot, je m'allongeais, m’étalant bien sur toute la longueur de la place qui venait de m’être offerte. Ma mère me réprimanda, demandant que je ne mettes pas mes pieds sur le siège et que je partage ma place. Je l'assassinai du regard. D'abord, il n'y avait personne avec qui partager. Et puis, elle m'avait suffisamment saouler avec mon père aujourd'hui que j'estimais avoir le droit un peu sur tout.
''J'ai faim maman.''
Et c’était repartit pour toute une séance de ''tais toi on a tous faim'' et de ''arrête de râler''. J'en avais marre. Je ne voulais déjà pas venir ici, je voulais rester dans mon petit cocon d’hôtel, bronzer et peut-être draguer a la piscine. Alors je n'allais pas me laisser faire. Je me rassis, remis un peu d'ordre dans mes cheveux et m’éclaircis la gorge, comme George Bush avant ces discours grandiloquent. Je devais faire n'importe quoi, quitte a mentir pour qu'on s’arrête pour un pic-nic. Il fallait toujours mentir pour obtenir ce qu'on voulait. C’était déplorable, mais après tout, c'est comme ça qu'on devenait président.
Mon père avait sentit venir ma grosse tempête et roulait des yeux. Ma mère avait pousser un grand soupir, l'air de dire ''vas y on t’écoute, baratine toujours''. Mon frère lui, était de nouveau coller a la vitre a regarder le paysage. Je ne comprenais pas comment une si minuscule pair d'yeux pouvait fixer pendant aussi longtemps une si petite surface de verre.
-Ecoutez, commençais-je, en tant que votre fille et membre de cette médiocre famille, je considère avoir le droit d'exprimer mon opinion. J'ai faim, et si je n'ai pas de quoi manger dans l'heure qui suit, je tire la gueule.
Ce fut pire. Mon père arrêta la voiture, freinant si brusquement que nous fumes a deux doigts de tous passer par dessus le par brise. Son visage rouge vint se placer si prêt du miens que son haleine chaud et désagréable se faisait trop proche. Il me criait des mots dont je n'essayais pas de saisir le sens. La faim me tenaillait et je devais encore écouter un vieux me passer sa mauvaise humeur. Alors je décidais de jouer la carte de l'ultime provocation et sortis mon ipod de mon sac. Un sourire, si ce n’était pas un rire, accroché aux lèvres, j’enfonçais les écouteurs dans mes oreilles et montais le volume a fond.
C’était officielle : on avait déclarer la guerre. Et j'avais trop la flemme de signer l’armistice. L'option facile etait donc a adopter : je m'endormis.
*.*
Ma mère me réveilla deux heures plus tard, dans mon humeur la plus maussade et la plus noir qu'on puisse imaginer. Non seulement la frustration était remonter en voyant le temps qu'on avait rouler, mais en plus je haïssais être réveillée lors que j’étais bien partie pour un somme. Sans oublier la faim qui, fidèle a son poste, ne m'avait pas quitter. Je regardai par la fenêtre et vis que nous étions arrêtez devant un de ses fast food qu'on trouve au entrées et aux sorties des petites villes. Pitoyable. Je sentais qu'on n'allait pas rentrer a l'heure a l’hôtel et nous devrions passer la nuit ailleurs. Ah, ça valait bien le coup de payer trois milles euros la semaine si c’était pour dormir sur de la paille et manger des frites.
Papa avait perçu mon humeur massacrante et essayait de me faire plaisir avec un smoothie. En temps normal une de ses boissons fraiche aurait suffit a me remettre le boost et me faire sourire. Mais cette fois ci, juste pour les embêter et parce que j'en avais raz le bol, je décidais de ne pas y toucher et de prolonger ma bouderie. Je me contrefichais si j'avais vexer mes parents, ils n'avaient qu'a m’écouter depuis le début. De toute façon, ce n'est pas comme s'ils allaient en mourir.
Et pourtant...
On quittait le parking de cet espèce de restaurant improviser au bord de la route, mon petit frère était attacher dans son siège enfant, ma mère chantonnais Edith Piaf et mon père avait rallumer une cigarette. On disait, a la guerre, que le troisième essai d'allumage de briquet portait malheurs. Et bien ici, un seul avait suffit.
A peine sortions nous de l’allée qui menait vers la grand route que je vis deux globes lumineux s'approcher a grande vitesse de nous.
Puis ce fut une douleur lancinante.
Et enfin, le vide.
Je me réveillais pus tard dans une salle blanche, après ce qui m'avait sembler être des jours et des jours de sommeille. Personne n’était a mon chevet. Ni ma mère, ni mon père, ni même mon petit coquin de frère qui me tirait habituellement les poils du nez. Il y avait juste une infirmière, une demoiselle noire qui me caressait tendrement les cheveux. Elle me raconta tout.
Je cru que j'allais frôler la mort une seconde fois.
Ce que je ressentais a ce moment la ne pouvait être décrit, ou coucher sur papier. Tout ce que je savais, c'est que je regrettais d'avoir fait la gueule. Je regrettais d'avoir refuser le smoothie. Je regrettais de ne pas avoir souris de la journée. Parce que maintenant, je n'allais plus jamais sourire. C’était finis. Mon petit monde, mon petit cocon et mon petit hôtel douillait étaient mort.
Maintenant, j’étais seule.