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Which way to happy? - PV R. - terminé

 
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 Which way to happy? - PV R. - terminé

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Ewan Campbell


Ewan Campbell
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Particularités: J'ai un énorme bagage à main (et ma copine a des gros boobs).
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Âme soeur: “And she kissed me. It was the kind of kiss that I could never tell my friends about out loud. It was the kind of kiss that made me know that I was never so happy in my whole life.”

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MessageSujet: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeMar 11 Déc - 19:18

L'heure tardive ne faisait pas peur, au contraire, aux sorciers qui affluaient plus il se faisait tard et plus, au-dehors, le temps se gâtait. Avec l'arrivée de l'hiver nous avions eu le droit à de belles journées froides mais ensoleillées - auxquelles je n'assistais pas beaucoup, enfermé dans la boutique de Potions - mais depuis quelques jours le temps s'était durci et il tombait des rafales de pluie ou de grêle, et le vent était glacial : il ne faisait pas bon mettre le nez dehors. De quoi réjouir mon "patron", pour qui je travaillais au noir les week-end, grâce aux bons contacts de Phil. Le patron du bar, que tout le monde appelait Ed mais dont j'ignorais le vrai patronyme, trimballait mollement son énorme ventre, sa moustache décrépie et sa mauvaise humeur dans tous les coins de son pub miteux, mais préférait de loin sa place derrière la caisse derrière le bar, où il surveillait sa clientèle des yeux. J'avais eu envie, les premiers jours, de lui expliquer que justement les sorciers qui venaient à la Tête de Sanglier cherchaient à ce qu'on ne les épie pas, tout comme j'avais cherché à lui expliquer comment mieux nettoyer son bar et servir de meilleurs boissons, mais il était si peu aimable, si bourru, si étroit d'esprit, et je me fichais finalement de l'avenir de cette échoppe misérable, que j'avais abandonné l'idée. Je me contentais plutôt d'imaginer les mines qu'auraient tirées ma mère si elle avait vu toute cette crasse, tout ce bois poisseux et ces fenêtre mal lavées, elle qui avait récolté tous les titres de la parfaite ménagère sorcière dans notre bonne petite ville près d'Oxford. Et je serrais les dents. Cela faisait quatre week-end que je passais mes fins d'après-midi et mes soirées entières à satisfaire les clients assoiffés de la Tête de Sanglier, et je sentais le poids de toutes ces heures de sommeil qui me faisaient défaut. Je travaillais à plein temps tous les jours de la semaine chez l'Apothicaire, quand le soir venait j'arrangeais la plupart du temps mes petites affaires, car grâce à Phil et mon poste de serveur ici je commençais à me faire un réseau, et quand le week-end arrivait, je travaillais ici, je dormais tard le lendemain, puis la semaine recommençait. Je ne m'en plaignais pas, j'avais un but, je savais pourquoi je faisais tout cela. Le reste n'avait pas d'importance. Et comme j'étais très bon pour intérioriser, je restais poli, courtois, juste ce qu'il fallait. Je ne cherchais pas à connaître les gens : on me reprochait, depuis longtemps, d'être trop calme et de cacher des choses dans le silence. Ce n'était pas faux. Mais si il y avait bien quelqu'un qui décidait de cela, c'était moi, et personne d'autre.

Ce soir, donc, il était près de minuit et il y avait plutôt du monde pour un samedi soir. Officellement le bar fermait dans deux heures, mais officieusement la fermeture tournait plutôt autour de quatre heures du matin. Je m'accordai un moment de répit, derrière le bar, appuyé au mur, puisque tout le monde était servi. Il me fallait encore tenir quatre bonnes heures, alors que je songeais non seulement à mon lit, mais aussi à tout ce que j'avais à faire demain, avant de revenir travailler ici. Pas question de faire la grasse matinée : j'avais réussi à détourner un bon nombre de pot de poudre de cornes de licornes du stock de l'Apothicaire, et j'avais un demandeur, que je devais retrouver demain à 8 heures du matin en dehors du village, pour ne risquer d'être vus. Si la marchandise lui convenait - et elle allait lui convenir, je l'en avais garanti - j'allais toucher un joli petit pactole, ce qui n'était pas négligeable.

L'un des habitués me héla - l'ennui d'être poli et aimable avec tout le monde, c'est qu'on se fait vite apprécier. J'étais observateur et j'avais très vite noté les habitués, leurs habitudes, leurs boissons préférées, leurs places attitrées. Les clients appréciaient cela, et je m'étais rendu sympathique à leurs yeux, dans un seul but : les pourboires, même si ils n'étaient pas très gracieux ces temps-ci. Je lui remplis une nouvelle pinte de bière avant de retourner derrière le bar, frottant au passage quelques tables dont la surface était de toute façon si sale que cela ne servait à rien. Je balançai mon torchon sur mon épaule et retournai à ma place favorite.

De là je pouvais tout voir, coincé dans l'angle du pub : la salle n'était pas immense bien que faite de manière intelligente puisqu'il y avait des ombres et des recoins, de toutes parts. On y était à l'abri des regards indiscrets, et si je pouvais voir toutes les ombres, je ne voyais pas les détails des visages - souvent encapuchonnés - ni les transactions secrètes, sur ou sous les tables. J'aimais cet atmosphère mystérieuse, sans âme, anonyme. Je m'y sentais à l'abri, moi aussi.

Un éclat de rire gras me coupa dans mes pensées. Deux sorciers s'étaient accoudés au bar, et discutaient avec Ed. Je les connaissais de vue, ils étaient souvent là et trafiquaient, je les soupçonnais, du whisky frelaté, pour le service de mon patron. Ils étaient aussi gros et désagréables que lui, d'ailleurs, voilà sans doute pourquoi ils s'entendaient à merveille. J'avais - hélas - assisté à plusieurs de leurs échanges et ils ne volaient pas haut - et encore, c'était un euphémisme - et touchaient plus ou moins à des platitudes ou, évidemment, des sujets bien grivois. Je restais toujours en retrait et ils en riaient - sûrement que mon air de jeune homme de bonne famille, mes yeux clairs et mes cheveux blonds rimaient avec jeune innocent à leurs yeux, et c'était tant mieux. Ils sentaient le rance comme toutes les tables du pub, et je n'avais franchement pas envie de faire plus ample connaissance.

Comme ils regardaient tous dans la même direction en parlant bas et en s'esclaffant, je fus automatiquement intrigué. Ed, derrière son bar, semblait particulièrement réjoui, tandis que ses deux acolytes, de l'autre côté du bar, ne cessaient de jeter des coups d'oeil vers un coin de la pièce. Je ne tardai pas à comprendre. Je l'avais repérée, car elle était là le soir où j'avais commencé, et les week-end d'après également. Silencieuse, discrète, elle buvait, et se fondait dans la masse de la clientèle de la Tête de Sanglier, à un détail près : elle était sans doute la plus jeune et la plus... apprêtée, elle n'avait pas de capuchon, pas de verrues sur le nez et pas l'air d'un vieux sorcier décrépi qui a traîné un peu trop dans le Pur-Feu plutôt que le jus de citrouille. On ne pouvait pas la rater, elle était jeune et mignonne, et se récoltait évidemment les coups d’œil graveleux des hommes du pub. Je compris alors qu'il était question d'un pari entre les trois hommes ; qu'ils ne devaient pas parler de choses très délicates à propos de cette fille, et quand elle se leva de son coin d'ombre et qu'elle marcha à travers le pub pour sûrement venir commander, je compris le danger imminent. Surgissant de mon coin à mon tour, je passai devant Ed et fis signe à la jeune fille que j'allais prendre sa commande, coupant la chique aux trois gros pervers. Je n'avais pas spécialement l'âme d'un chevalier, mais je comprenais franchement le désagrément qu'ils allaient lui causer.

Qui plus est, elle était... Très agréable. Elle portait une robe certainement un peu trop chic pour cet endroit mais elle la rendait encore plus intouchable, ses cheveux blonds brillaient malgré la pénombre du bar et je fus saisis par le vague de son regard, le joli dessin de sa bouche et, évidemment, celui de ses formes que je ne pouvais pas ignorer. J'entendais distinctement la voix de Phil qui m'aurait dit de foncer et d'en profiter, il était vrai que le statut de barman aidait bien les rencontres de ce genre, mais je n'étais pas sûr d'en avoir le temps ou l'envie. Pour le moment, la question était de lui éviter les imbéciles d'à côté, et je lui fis un léger signe de la tête pour qu'elle se pousse à l'autre bout du bar. Elle buvait du Pur-Feu, je l'avais remarqué la première fois. J'attrapais une bouteille sous le comptoir, un verre, le posai entre nous et la servis.


- C'est la maison qui offre, jugeai-je bon de faire pour rattraper le coup. Même si, à mon humble avis, elle n'avait pas vraiment besoin de beaucoup de verres supplémentaires... Mais ce n'était pas mes affaires. Pour information, il est meilleur aux Trois Balais, dis-je plus bas avec un petit sourire en désignant la bouteille. Ce Pur-Feu était sans doute le pire qui existait dans toute la Grande-Bretagne.

Elle faisait ce qu'elle voulait, mais je détestais ce genre d'endroits où les jolies filles n'étaient que des bouts de viande. J'aimais les regarder moi aussi, mais pas comme ça, et je n'avais pas 40 ans de plus qu'elle, une moustache sale et un ventre plein de bière, là était la différence. Je jetai un coup d’œil discret aux trois hommes, qui n'avaient pas bougé, heureusement. J'imagine qu'ils avaient compris le message. Mais je préférais rester un peu à ma place histoire qu'ils ne soient pas tentés.


- ... Poudlard? fis-je après un léger silence, et un nouveau regard vers la jolie blonde. Elle avait quoi - 16 ans, 17 ans tout au plus? Elle ne trompait personne ; en tout cas pas moi. Une chance pour elle, ici, tout le monde s'en fichait.



Dernière édition par Ewan Campbell le Mar 8 Jan - 22:15, édité 1 fois
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeMer 12 Déc - 19:54



"Tell me a joke and I will love you
Pour me a drink and I'm yours

Good luck to anyone
Who ever felt sure
Of a real life romance
There's no beaten cause surrounding me now
There's no bleeding heart
And I don't wanna know you right now
But make time to show me your scars

Which way to happy ?
And which way to hell
For I think I lost direction."




Depuis que j’avais découvert ce passage secret, c’était comme si je menais une double existence. La journée, j’arpentais comme à mon habitude, avec une foule d’autres personnes, les couloirs de Poudlard comme une élève normale –du moins j’essayais de l’être. Mais dès que la nuit tombait, et je parlais de la vraie, pas celle de fin de soirée mais bien l’obscurité opaque et froide qui embrumait l’atmosphère sur les coups de 23heures, j’enfilais mon manteau et sortais en douce du dortoir. Je connaissais ce passage depuis le début de l’année mais ne l’avais jamais emprunté. Un soir que je faisais ma ronde en bonne préfète, j’avais surpris deux Poufsouffles qui en sortaient. En plein milieu d’un couloir des cachots, sortant de nulle part, je les avais vu surgir de derrière une statue de vieux chevalier bossu et tapotant deux coups de baguettes sur son nez pour la faire pivoter. D’où venaient-ils ? A les entendre parler, de Pré-au-Lard où ils avaient passés une soirée géniale d’après leurs dires, mais que j’avais, je l’avoue, un peu gâché en les collant juste après. Je n’aimais pas trop faire la police, mais si j’avais cet insigne c’était bien pour une raison. J’étais plutôt clémente de manière générale, mais faire le mur était tout de même un niveau au-dessus de la quelconque fête caché dans la salle vide –ce genre de fête je m’y rendais aussi alors je n’allais pas faire chier. Avec du recul, je m’en voulais un peu d’avoir collé ces deux-là car finalement c’était grâce à eux que j’avais trouvé ce moyen de m’échapper de l’enceinte du château et par la même occasion, de moi-même.

Un petit couloir qui me semblait être sous terre donc, serpentait pendant de longues minutes (un bon quart d’heures) avant de finalement déboucher sur un bord de chemin en proie aux herbes sauvages qui menait à la rue principale du village. Je m’échappais donc régulièrement, en particulier le week-end, partant quand tout mon dortoir était endormi. Il fallait parfois attendre minuit, et j’étais prudente : je ne tenais pas à recroiser Woodley. Heureusement, j’avais le bon prétexte d’être une préfète et même lorsque ce n’était pas mon tour de faire une ronde, je prétextais au professeur que je croisais que je n’arrivais pas à dormir et que tant qu’à faire, j’aimais me rendre utile –j’avais croisé Doherty une fois, et Kelsey deux. L’excuse marchait plutôt bien même si généralement, les professeurs me demandaient d’aller me recoucher. Je n’avais jamais été prise sur le chemin du retour qui se situait généralement vers deux heures du matin, voire trois. Une fois cependant, je m’étais endormie sur le sol de ce couloir serpentant après avoir trop bu, et n’avais regagné mon dortoir qu’à six heures du matin. Là, j’avais pris des risques –Nakamura était particulièrement matinale à ce qu’on disait. Il valait donc mieux rentrer tard dans la nuit et à ce moment-là, le château entier était désert. Et chaque soir où je m’échappais, c’était la même routine : la tête de Sanglier.

Je poussai mon verre un peu plus loin, installant devant moi un carnet sur lequel je me mis à gribouiller quelques mots. C’était le carnet que j’utilisais depuis une semaine, où je notais les choses que j’aurais pu oublier après une soirée (ou une après-midi) un peu trop arrosé. Le feuilletant, je réalisais que j’avais un rendez-vous avec plusieurs autres filles pour travailler le transplanage, lundi à 14h30. Celui-là m’était sorti de la tête –encore. Je soupirai en refermant le carnet, ramenant vers moi le verre. J’en bus une gorgée et le reposant, je m’appuyai mon dos contre l’angle du mur. J’avais l’habitude de prendre cette place, au fond de la salle à droite, qui me donnait une vue d’ensemble sur tout le lieu. J’avais fini, oui, par avoir mes habitudes ici. Le whisky pur feu, parce que la bierraubeurre me paraissait aussi efficace que du soda à présent, et parce que c’était l’une des boissons la moins chère. Cette place dans le fond. Observer, feuilleter mes carnets, parfois lire, écrire. Parfois, simplement rien sauf fixer le vague surtout lorsque j’avais pris quelques verres de trop. Ce qui était généralement le cas à la fin de chaque soirée que je passais ici.

Je détonnais ici, j’en étais consciente, particulièrement ce soir. J’avais une jolie robe et des petites bottines parce que j’avais voulu une tenue descente pour aller passer la fin de ce vendredi après-midi avec Lizlor et sa mère pour prendre le thé. Depuis que Sara était intervenue entre Hazel et moi, je n’arrivais pas à la regarder sans me sentir emplie d’une reconnaissance incroyable mais également d’une honte étrange. Je lui avais demandé de ne rien dire à Liz, et elle l’avait visiblement fait car ma meilleure amie avait gobé l’histoire de la chute dans l’escalier qui expliquer ma cicatrice à la tempe. Le reste des marques avaient petit à petit disparu et avaient été dissimulables pendant tout le temps. J’avais toujours quelques cicatrices aux chevilles dû au verre de la bouteille brisée mais elles s’atténuaient de plus en plus –heureusement. Et pourquoi cachais-je tout cela à la personne qui comptait le plus pour moi ?... Parce que je ne voulais pas l’inquiéter, tout simplement. J’avais vu sa réaction avec Chuck et je refusai qu’il y ait d’autres incidents. Je ne voulais pas lui expliquer que je volais du whisky dans les cuisines, que Woodley avait fouillé dans mon esprit et encore moins ce qu’elle avait vu et dit. Tous ces mots, ces coups, la vérité qui se mêlait à la méchanceté gratuite et je n’arrivais plus à démêler tout ça. Je ne voulais pas mêler Lizlor à ça… Une gorgée de plus, et tout ça partirait.

Une gorgée de trop peut-être car mon verre fût fini et je grommelai. Déjà ? Mais ce n’était que le troisième ! Et j’étais là depuis selon onze heures parce que j’avais dit à Prudence que je voyais Tirya ce soir à qui j’avais dit, parce qu’elle m’avait proposé de sortir, que je voyais Annalisa et ainsi de suite. J’étais douée pour brouiller les pistes ! Vous me trouvez associable ? Pas du tout, j’avais une bonne compagnie ici : le whisky. Sauf que là, y en avait plus et pas question de rester le verre vide ! Je tentais de capter l’attention de l’un des barmans mais évidemment ils étaient tous occupés autre part. Le patron était avec d’autres mecs qui riaient forts, paraissaient ivre (comme si j’avais des commentaires à faire dessus) et j’avais la désagréable impression qu’ils me regardaient. Peu importe. Je me levais doucement, m’accrochant à ma chaise pour rester droite. C’était toujours lorsque je me levais que je réalisais que j’avais pas mal bu. Je sentis ma vision se brouiller quelques secondes et j’eus presque un rire avant de finalement me diriger vers le comptoir en tentant de rester la plus naturelle possible. En m’approchant, je vis le barman (le plus jeune) qui me fit un signe pour venir vers lui et s’asseoir au bout du bar et je m’y dirigeai –suivie par les rires des mecs d’à côté.


- C'est la maison qui offre.

Je regardais le jeune homme sortir de sous le comptoir une bouteille de whisky et m’en servir un verre, agrandissant mon sourire.

- C’est parce que je suis une cliente fidèle ? Répliquai-je en le fixant, sentant ma tête s’incliner légèrement sur la droite.

L’avantage avec l’alcool, et peut-être aussi l’inconvénient, c’était que ça me déliait la langue. Je n’étais pas très bavarde en temps normal et surtout pas avec des inconnus. Et même avec mes amis, j’avais tendance à me livrer le point possible pour un tas de raisons qui parfois m’échappaient moi-même. Mais dès que l’alcool pulsait dans mes veines et que je sentais la douce euphorie et sérénité m’envahir, je n’avais plus peur de ce qui se passait autour de moi –et c’était bien le seul moment. J’arrivais toujours à plus ou moins me contrôler à Poudlard mais ici, je m’en fichais. Ce mec ne me connaissait pas, et ce n’était que le barman alors qu’est-ce qu’on s’en foutait ! C’était d’ailleurs la première personne à qui je parlais dans le bar depuis que je venais ici –outre les quelques boulets qui cherchaient à me draguer.


- Pour information, il est meilleur aux Trois Balais.

Je sursautai au son de sa voix –douce et calme. Le fixant avec de grands yeux, j’imprimais ce qu’il venait de me dire avant d’éclater de rire.

- C’est le patron de là-bas qui te paye pour dire ça ? Demandai-je avec un petit sourire avant de boire quelques gorgées de mon verre. Puis levant les yeux de celui-ci, je scrutai la salle, mon regard dans le vague. J’aime bien ici. Continuai-je simplement, et d’un coup de main je fis tourner mon tabouret sur lui-même pour faire le tour visuel de la salle. Le tour achevé, je me retrouvai face au barman, à qui je refis un sourire. J’ai pas l’air d’être la seule tarée.

J’eus un nouveau rire provoqué par les effets de l’alcool, comme toujours. J’étais en train de raconter n’importe quoi à ce type que je ne connaissais même pas, mais pourquoi pas. Après tout, je n’avais pas besoin ici de prétendre être parfaite. Tout le monde s’en foutait.

- T’es différent des autres gens. Lâchai-je sans réfléchir, avant de réaliser que ma phrase devait paraitre étrange. Du bar, j’veux dire. Rajoutai-je avec un sourire d’excuse.

Je repris une gorgée de whisky et continuai de regarder autour de moi avec curiosité jusqu’à que mon regard accroche les trois types qui, accoudés au bar, me regardaient toujours. Je reposai instantanément mes yeux sur le barman.


- ... Poudlard?

Je fronçais un peu les sourcils avant de sourire de nouveau. Il me questionnait sur ma vie maintenant ? Il tentait de fidéliser la clientèle ? C’était déjà le cas, il avait pas de souci à se faire.

- Si la réponse est oui, ça serait illégal de me servir du whisky, non ? Répliquai-je du tac au tac. Je ferais mieux de garder le mystère… Murmurai-je, les yeux pétillants. Sauf si répondre à tes questions me donnent un deuxième verre.

Parce que je venais de reprendre une gorgée et qu’à cette allure-là, j’allais aller sacrément vite mais ça m’était égal. Qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas ?

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Ewan Campbell


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MessageSujet: Re: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeJeu 13 Déc - 21:12

Spoiler:

Je savais ce qu'ils pensaient, en me voyant leur tirer sous le nez leur proie de ce soir, sur laquelle ils devaient avoir pariés quelques petits verres du meilleur cru - qui n'était pas à vendre, Ed était bien trop égoïste. Et quand bien même, pourquoi l'aurait-il fait, alors que la Tête de Sanglier menait rondement ses petites affaires? Il y avait trop de demandeurs d'un coin sombre et tranquille, bien plus effacé que les Trois Balais, pour les magouilleurs en tous genre. On disait, de tables en tables, qu'en ce moment, un type vendait des œufs de dragon ramenés tout droit de Roumanie. Je guettais le rôdeur avec avidité : non pas que j'ai besoin d'un animal de compagnie, mais j'avais toujours rêvé voir un tel œuf en vrai. Les dragons m'avaient toujours fasciné, depuis que j'étais petit, ce n'était pas très original mais ils étaient mes animaux préférés, et je connaissais tout sur eux, sur les différentes races, etc. J'avais une très bonne mémoire - sans doute l'un de mes atouts qui m'avait réparti à Serdaigle - et je me rappelais combien j'avais espéré qu'à Poudlard, ils nous montrent un œuf, pour de vrai. Ce n'était pas arrivé et si aujourd'hui j'avais d'autres chats à fouetter, il me restait ce rêve de petit garçon qui m'excitait toujours autant, au plus profond de moi. Je redevenais enfant quelques instants quand je rencontrais un chasseur de dragons, ou un dresseur. Je savais que mes yeux brillaient plus que d'habitude, quand j'en parlais. Il y avait un type, à l'accent du Sud, qui élevait des dragons et qui avait dû séjourner à Pré-au-Lard pendant quelques jours. Tous les soirs, quand il venait ici, je ne le lâchais pas, avide d'histoires et de détails. J'oubliais tout le reste pendant qu'il racontait, surtout qu'il avait un don pour cela. Cela me changeait les idées. Je l'avais présenté à Phil, un soir, d'ailleurs, car le type était sympathique, et qui sait, ils avaient peut-être besoin dans le Sud de quelques balais particulièrement... performants.

Quand j'avais dit à mes parents - et je m'en rappelais très bien - que plus tard, je serai dresseur de dragons et que Jamie et moi on partirait dans les plaines rudes des pays slaves (c'était ainsi que j'imaginais la chose) dès nos années à Poudlard terminées, mon père n'avait pas levé le nez de la Gazette, et ma mère avait eu son petit rire faux et poli avant de me tapoter les cheveux. Et elle avait dit : « Mais oui, Ewan! ». A l'époque, j'avais pris cela pour un encouragement. Comme j'avais été naïf. Aujourd'hui, je crois que je haïssais plus que tout sur cette terre l'air poliment amusé de ma mère et ses « Mais oui! Bien sûr! » qu'elle distribuait à tout-va, dans ses jolies robes de sorcière bien repassée, assortie à son chapeau, ou à ses chaussures. Elle ne cachait que des mensonges derrière toute son attitude de ménagère sympathique et multitâches, et plus je la voyais à l’œuvre, plus j'avais envie de vomir. La mort de Jamie avait accentué chacune de nos personnalités, renforcé nos défauts, éloigné nos qualités. Mon père était devenu un acharné du travail, encore plus que d'habitude, il avait perdu la notion des relations, il se vautrait dans son rôle de chef de famille et se comportait comme si nous avions été cent ans en arrière, se contentant de mettre les pieds sous la table et de lire son journal pendant que ma mère s'affairait. Mais le pire, c'était qu'elle l'acceptait, et avec joie : elle était devenue plus parfaite qu'elle ne l'avais jamais été, elle était la ménagère-mère de famille que tout le monde citait pour ses bonnes recettes de cuisine, pour son beau jardin, pour ses engagements dans la vie du village, pour ses beaux enfants. Nous étions devenus des images d'Epinal, de jolis petits pantins parfaits vivant dans un monde parfait, mais seule la scène était parfaite. En coulisse, rien ne l'était. J'avais l'impression d'être le seul à m'en rendre compte, mais comme je m'étais muré dans un silence et une distance qu'aucun de mes deux parents n'avaient osé franchir, le mensonge continuait, et nous nous y enlisions. Jusqu'au cou.

A présent, que restait-il à ma mère, après la faillite et la sorte de fuite de son mari? Ses belles recettes, ses jolis sortilèges pour boucler les cheveux, son beau jardin, son thé et ses petits biscuits, son sourire. Mais pour qui? Qui s'en souciait? Oxford n'était plus chez moi.

En tout cas, ces trois-là, et sûrement les plupart des sorciers de ce bar, me voyait, comme la plupart des gens, à cause de mon accent d'Oxford et mon allure de fils de bonne famille, comme celui qui n'avait jamais eu de problèmes avait vécu dans la richesse et l'amour de sa famille de bon petit bourgeois. Probablement qu'ils se foutaient de moi en m'imaginant partir à la conquête de la jeune fille, et ils pouvaient bien penser ce qu'il voulait, cela m'était bien égal. Je leur lançai un regard absolument neutre, dénué de hargne mais qui exprimait toute l'inutilité qu'ils représentaient à mes yeux.


- C’est parce que je suis une cliente fidèle ? demanda-t-elle en minaudant un peu, un joli sourire aux lèvres et la tête légèrement penchée, mais je devinais dans son attitude un peu provocatrice que l'alcool avait fait son œuvre.

Les gens changeaient à peu près tous de la même façon quand ils buvaient : il y avait cette période d'euphorie et de désinhibition, où ils devenaient brillants et attirants, presque supérieurs, parce que l'alcool dans leurs veines leur donnait le sentiment d'invincibilité et, de ce fait, ils apparaissaient comme tels. Avant la chute, évidemment. Et la manière dont ils impressionnaient leur entourage étaient généralement proportionnel à l'après, au passage où ils ne devenaient qu'éponges à alcool et où tout commençait à dégénérer. Je n'étais pas adepte de ce genre de pratiques - j'aimais le bon whisky mais sans pour autant chercher l'ivresse à tout prix - et durant toutes les soirées que j'avais faites, j'avais rarement été dans un état qui me faisait regretter, au lendemain, les excès de la veille. Je n'arrivais pas à y trouver de l'amusement particulier - j'avais passé des soirées absolument inoubliables sans avoir pour autant eu besoin de me noyer dans le Pur-Feu.


- On va dire ça comme ça, murmurai-je, un peu ailleurs. Il y avait eu un mouvement dans le bar : quelqu'un était entré, encapuchonné, comme souvent, et un groupe d'hommes au fond à droite de la salle s'était subitement arrêté de parler. Règlement de comptes? Je jetai un coup d’œil à Ed qui ne paraissait pas s'inquiéter outre-mesure. Et puis l'homme à la capuche s'installa, seul, et le malaise passa.


- C’est le patron de là-bas qui te paye pour dire ça ? J'acquiesçai, d'un air amusé, reportant mon attention sur la charmante jeune fille. J’aime bien ici. J’ai pas l’air d’être la seule tarée.

Pour quelqu'un qui venait de donner une pression au bar et de faire le tour de son tabouret, il y avait de quoi apprécier une nouvelle fois ce que l'alcool avait comme bienfaits. Elle riait, ses yeux pétillaient, et je me demandais bien ce qu'elle trouvait de particulier à cet endroit, si ce n'est le whisky bon marché et une paix tout aussi peu chère.

- Tu n'as pas encore tout vu, relevai-je avec un sourire qui faisait écho à son rire qu'elle avait, il me fallait bien le reconnaître, communicatif. Je lançai une nouvelle fois un coup d’œil à Ed et ses acolytes. Mais ils se désintéressaient peu à peu de nous, et c'était tant mieux.

Dans la salle, il n'y avait aucun signes à mon égard, et je ne voyais pas où était le problème que je continue à discuter - et à surveiller - la jeune fille. Je posai mon torchon sur le bar et me mis à frotter les taches qui pouvaient - en partie - disparaître, après avoir donné un petit coup de baguette magique pour que dans mon dos les quelques verres sales se lavent d'eux-même dans l'évier.


- T’es différent des autres gens. Du bar, j’veux dire.

Cette fois, mon attention fut toute à elle, et je plongeai franchement mon regard dans le sien. Je croisai les bras et m'appuyai au bar, penché vers elle. Différent? Cette phrase ne m'était pas inconnue - on me qualifiait souvent aussi, parce que mon calme et ma discrétion en laissaient plus d'un septiques.

- Et toi, je me demande bien ce que tu cherches, dis-je, les yeux dans les siens. Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elle venait ici pour se cacher, comme tout le monde, de quelque chose, de quelqu'un, d'un souvenir, d'une peur, qu'en savais-je. Ici n'était pas vraiment la réponse à ce qu'elle cherchait en tout cas, mais je me gardais de lui dire, par lassitude. Les gens avaient besoin de comprendre les choses par eux-même, et j'étais las de jouer les bons Samaritains.


- Si la réponse est oui, ça serait illégal de me servir du whisky, non ? Je ferais mieux de garder le mystère… Sauf si répondre à tes questions me donnent un deuxième verre.


Poudlard, donc. Je lui lançai un petit regard satisfait pour lui montrer que je n'étais pas dupe, et m'écartai un instant, impassible, sans me départir de mon petit air mystérieux. J'attrapai sous le barre une bouteille de whisky, mais également une bouteille plus petite qui contenait du jus de citron, puis une autre avec du jus d'airelle, et enfin une dernière, un alcool de plantes particulièrement doux et aromatisé que j'avais découvert ici. Je soupçonnais Ed de distiller lui-même son propre alcool, bien plus fort qu'il était autorisé, mais le breuvage était bon, et la soirée était bien avancée... Dans le verre de la jeune fille je versais du whisky, puis un peu des trois bouteilles, pour lui concocter un cocktail dont j'avais secret et que je servais à mes habitués, quand je leur offrais des verres, comme à présent. J'avais toujours des compliments sur mon breuvage - même si il était plus traître qu'il n'y paraissait. Je tendis son verre à la jeune fille.

- Voilà. Mais dans ce cas... Je joue aussi,
dis-je en tirant un deuxième verre de sous le bar et en y versant du whisky sec. Je préférais, et en plus... Et en plus je ne tenais pas à être soûl. J'ai raison : tu bois, sinon, je bois, ça marche? Je déclarai le jeu ouvert en me repositionnant, appuyé sur le bar, face à elle. Je lus un instant dans son regard les quelques éléments que je pouvais en tirer, et me lançai, après une courte réflexion - finalement, elle avait quelque chose de dur dans le regard qui me laissait penser qu'elle était peut-être plus âgé que 15 ans. Septième année? Et me laissant guider par mon inspiration, j'affirmai : Serdaigle. Sourire en coin. Et ton prénom?...

Je ne savais pas réellement encore à quoi je jouais, mais une chose était certaine : je commençai à m'amuser, ce qui n'arrivait pas tous les soirs dans ce troquet croupi qu'était la Tête de Sanglier.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeSam 15 Déc - 15:20



"Counting all different ideas drifting away
Past and present, they don't matter now the future's sorted out
Watch her move in elliptical patterns
Think it's not what you say, what you say is way too complicated
For a minute, though, I couldn't tell how to fall out."



Il y avait bien le bar des 3 balais qui était un peu plus accueillant bien sûr, mais je ne l’aimais pas vraiment. Il y avait trop de gens de Poudlard et quand je m’échappais en douce, c’était justement pour me libérer cette pression et cette étreinte malsaine que je ressentais dans les couloirs du château, au milieu de tous les regards. J’avais l’impression que depuis ma rupture avec Hadrian, on m’avait plongé sous l’eau, tenant mon visage dans l’onde froide jusqu’à que je manque d’air, et on se délectait des dernières bulles qui venaient s’exploser à la surface. Combien de temps j’allais tenir, je savais que c’était ce que tous se murmuraient. J’étais persuadée que beaucoup étaient heureux de ma chute, moi la petite préfète parfaite qu’on avait envié et jalousé. Ce n’avait jamais été ce que je désirais moi, je voulais simplement que l’on m’oublie mais chacun de mes actes avaient eu tendance à me rapprocher des lumières de ce que les gens aiment bien appeler la « popularité ». Hadrian Easter comme petit-ami, Lizlor Wayland comme meilleure amie, préfète, l’une des meilleures élèves des sixièmes années et en prime une magnifique crinière blonde digne de films. Vous ne trouvez pas que sur le papier, ça sonne parfaitement bien ? Parfaitement. Parfaite. Vous savez ce que l’on dit aussi ? Qu’à force de porter un masque, on ne savait plus ce qu’il y avait en dessous. Moi, je ne savais plus vraiment qui je devais être, maintenant qu’on m’avait arraché avidement ma carapace pour voir ce qu’il y avait dessous. Rien de reluisant. Rien de parfait. Rien de ce qu’on avait tous cru voir.

J’avais bien vu que je m’étais attirée durant toutes ses années beaucoup de remarques, souvent basées sur la jalousie –comme si on pouvait m’envier, haha. Et maintenant que tout semblait se retourner comme moi, je voyais dans le regard de certaines filles une satisfaction étrange. J’en avais même entendu une murmurer sur mon passage que finalement, personne n’était parfait. Elle avait raison. Maintenant, j’avais laissé de nouveau Hadrian sur le marché des célibataires et croyez moi c’était une joie pour la plupart des élèves du château. Je décrochais en cours, je perdais peu à peu l’affection que me portait la plupart des professeurs. Je n’étais plus la jolie Ruby Standiford, j’étais sa pâle ombre et je commençais à me demander si finalement, ce spectre n’était pas ma propre personne depuis le début, celle que j’avais voulu cacher. Bien sûr, certains s’inquiétaient pour moi, j’avais des amis ici. Et… Et je ne voulais même pas d’eux, de leurs regards pleins de pitié et d’interrogations. Je ne voulais pas répondre à leurs questions parce que je n’avais aucune réponse moi-même. J’avais trop peur de réfléchir à tout ça et lorsque je le faisais, les conclusions étaient tellement malsaines que je préférais les taire, aux autres comme à moi-même. Le pire se produisait toujours lorsque je repensais à ce que m’avait dit Woodley –et machinalement je passai mon doigt sur la cicatrice de ma tempe.


- On va dire ça comme ça.

C’était donc officiel : j’étais une pochtronne. J’eus un nouveau rire, pulsé par l’alcool dans mes veines. Ça m’était égal qu’on pense ça ici, personne de l’école ne pouvait me voir ici de toute manière. Une fois de temps en temps, certains élèves rentraient là, surtout le week-end, et je me contentais de m’enfoncer un peu plus dans mon coin en mettant parfois la capuche de mon manteau. Mais personne ne faisait attention de toute manière ici, tout le monde était tellement miteux ! Et c’était ce que j’aimais, d’une certaine manière. Je pouvais être qui je voulais, personne ne savait qui j’avais prétendu être. Personne même ne pourrait s’en douter, en me voyant ici et ainsi. Assise sur cette chaise, devant cette table sale, avec mon verre toujours plein et mes yeux brillants. Je ressemblais à n’importe quelle âme perdue de ce bar, pas plus folle ou plus saine qu’un autre. J’avais l’impression qu’ici, je n’avais plus à chercher qui j’étais, j’étais simplement sans aucune question. Alors si pour ce mec j’étais une cliente fidèle, je le serais. Ça m’était égal.

- Tu n'as pas encore tout vu.

Sa voix me tira de mes pensées. Depuis quelques minutes, je fixais les verres qui se nettoyaient tout seul derrière lui, d’un simple coup de baguette magique. Il est vrai qu’ici, tout était sale et je me demandais parfois comment j’arrivais à tenir dans un endroit dans un tel état. Je regardai également le barman tenter des nettoyer les tâches de graisses d’un coup de torchon, inutile il fallait bien se le dire. J’eus un nouveau sourire –quel débutant !

- Il te faut du nettoyant magique, celui de la mère Gripsec et tu rajoutes de l’eau de javel. C’est moldu. Précisai-je avec un sourire. Parce que s’il avait besoin d’astuce pour laver les tâches, il était tombé sur la bonne personne ! Il posa le torchon sur le bar et sans réfléchir, je le saisis à mon tour et le regardant pendant quelques secondes, je reportai mon regard sur la table et me mit à frotter une tâche que le barman avait laissé. Décidemment le ménage ce n’était pas trop son truc, parce qu’en frottant et grattant un peu en faisant des mouvements circulaires, la trace disparue. Satisfaite, je repoussai le torchon vers le jeune homme avec un sourire. Il suffisait de persévérer.

Je lui fis un autre sourire avant de reprendre un peu de whisky. Je voyais bien, malgré ma vision parfois un peu floue, que le barman était attiré par les trois mecs d’à côté, il avait l’air de les observer. Je me tournai vers eux, pas très discrètement, avant de demander.

- Tu les surveilles ?

Peut-être que c’était des mecs pas clairs, sauf qu’il y avait le patron avec donc je ne voyais pas trop ce qu’il faisait. Ah mais si ça se trouve, il était en affaire et avait donc demandé à son barman de vérifier comment ça se passait ! Honnêtement ici, il avait beaucoup d’affaires pas claires alors ça ne m’étonnerait vraiment pas ! D’ailleurs, c’était drôle de voir que ce mec lui, n’avait pas l’air habituel ici non plus. Il était… Déjà, beaucoup plus beau que les types qui traînaient ici. Il avait de grand yeux bleus et des cheveux blonds, et cet air un peu strict accompagné d’un petit sourire amusé. Aucune difformité physique comme on aurait pu croiser ici. Il faisait même « chic » en fait, j’avais même du mal à comprendre pourquoi il devait bosser là, mais bon. C’était pas trop mes affaires, pas vrai ?

- Et toi, je me demande bien ce que tu cherches.

Je ne détachai pas mon regard du sien, même si je sentis un étrange sentiment s’installer dans ma poitrine. Qu’est-ce que je cherchais ? Mais je n’en savais rien justement, si j’étais ici, c’était bien pour ne pas réfléchir à tout ça ! Et puis d’abord, qu’est-ce que lui cherchait ici hein ? Ma main se crispa un peu sur mon verre et mes sourcils se froncèrent. Finalement, je baissai les yeux sur la boisson entre mes doigts et murmurai en haussant les épaules, dépitée.

- La paix.

Et je n’avais pas envie de rentrer dans les détails. Ça ne regardait que moi. Je préférais largement donc lorsqu’il me demanda mon école, parce qu’au moins, ça n’impliquait rien de trop personnel. Je me permis donc de rire à nouveau avant de lui répondre en le provoquant avant de reprendre un peu de whisky. Mais le regard du barman me fit bien comprendre qu’il n’était pas stupide et je levai les yeux au ciel avec une petite moue amusée et désolée. Mais visiblement, j’avais bien fait de tenter ma chance car je regardai le jeune homme remplir de nouveau mon verre, mais avec beaucoup plus de choses cette fois – un cocktail ?

- Voilà. Mais dans ce cas... Je joue aussi. Ah, on jouait ? Je fronçai les sourcils, intriguée. J'ai raison : tu bois, sinon, je bois, ça marche?

… Ma foi, pourquoi pas ?

- Deal. Répliquai-je avec un sourire en coin, curieuse de voir ce qu’on pouvait bien dire de moi au premier abord.

- Septième année? Serdaigle. Et ton prénom?...

Il avait un petit sourire, visiblement satisfait de la tournure des évènements. Je ne répondis pas tout de suite, car une idée venait de germer dans mon esprit. Et si je mentais ? Et si je disais que j’étais… Lizlor. Une gryffondor, la meilleure de toute, que j’étais la fille de la meilleure des directrices de Poudlard. Juste pour voir ce que ça faisait que d’avoir sa force pendant un court instant.

- Sixième. Répliquai-je finalement avec un sourire amusé en désignant son verre, signe qu’il avait intérêt à suivre ses propres règles. Puis, levant mon verre, je consentis à boire. J’en avais marre de mentir. Son cocktail était sacrément bon en plus ! On dirait du jus d’fruit ton truc, t’es sûr d’avoir mis le whisky ? Le taquinai-je avant de reposer mon verre. Ruby. Et toi ? Puis, d’un air amusé, je décidais de me laisser porter par son jeu –et le whisky. J’attends tes questions ! J’étais prête à jouer. On allait voir ce qu’il trouvait sur moi et puis au final, j’avais décidé de ne pas me cacher. Voir ce qu’il y avait en dessous du masque.
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Ewan Campbell


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MessageSujet: Re: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeSam 22 Déc - 22:26

Ce n'est que lorsqu'elle toucha du bout de ses doigts la cicatrice sur sa tempe que je notai l'existence de celle-ci. Je me pris à imaginer d'où pouvait bien provenir cette marque qui était plus qu'une égratignure, et qui paraissait un peu trop marquée pour être une simple griffure de branche ou de je ne sais quoi. Songeur, je la regardai quelques secondes, avant de détourner le regard car je ne voulais pas paraître insistant. Cette jeune fille était décidément bien intrigante, et j'étais prêt à parier toutes mes économies (et Merlin savait qu'elles m'étaient chères) que si Phil avait été à ma place, il aurait enclenché cette habitude presque innée qu'il avait de l'art de la séduction, il aurait souri, fait des petites remarques judicieusement placée, et la belle, poussée à la désinhibition avec ce qu'elle avait bu, se serait laisser prendre à ce jeu flatteur. Je n'étais pas Phil, mais je savais aussi que parfois, ce qu'on pouvait appeler défaut chez lui me manquait un peu, et que j'avais tendance à rester dans mon coin pendant les soirées et m'amuser avec les gens que je trouvais intéressants plutôt que de courir après les jolies filles dans le but stérile et toujours le même, soirée après soirée, de récolter quelques unes de leurs faveurs. La jeune fille ne me laissait pas indifférent, au contraire, elle était pleine de charme et sans doute que ses yeux un peu tristes la rendaient encore plus touchante, mais je n'étais pas ici pour ce genre de choses, c'était mon travail, et... J'entendais la voix de Phil ricaner et me dire de me détendre un peu. Parfois, il m'agaçait un peu - ça ne durait jamais bien longtemps - mais j'avais toujours cette impression qu'au fond nos origines sociales formaient une légère barrière invisible, comme si elles étaient imprimées en nous, quoi que nous y fassions.

Je me contentai de frotter pensivement mon comptoir, sans grande implication cependant. Le rendez-vous de demain me trottait dans un coin de la tête, tout comme l'attaque avortée des trois hommes près du bar qui cessaient petit à petit de comploter contre la blonde, imprimant sûrement une bonne fois pour toutes que je n'allais pas quitter mon poste.


- Il te faut du nettoyant magique, celui de la mère Gripsec et tu rajoutes de l’eau de javel.
Je tiquai, ne comprenant pas son dernier mot. Alors que j'avais abandonné ma tâche et que les verres derrière moi finissaient un par un de se nettoyer tout seule, je me rendis compte qu'elle avait attrapé mon torchon en se penchant par-dessus le comptoir (j'eus le loisir d’apercevoir sa gorge et les belles formes de son décolleté) et qu'elle s'acharnait sur quelques tâches grasses que j'avais laissée à leur triste sort. Elles s'effacèrent, sous ses geste vigoureux. C’est moldu. Il suffisait de persévérer.

Je levai un sourcil, à la fois amusé et admiratif, et ne retins pas un petit sourire. Souvent quand je souriais il n'y avait qu'un coin de ma bouche qui se soulevait, le côté droit - chez Jamie, c'était le côté gauche, et c'était un détail de plus qui s'ajoutait aux nombreux qui nous rendaient complémentaires, identiques. J'essayai de ne pas trop y penser, parce qu'il ne le fallait pas, mais il y avait toujours des moments, et souvent quand il le fallait le moins, ou que je m'y attendais le mien, que son visage apparaissait en face de mes yeux, que j'entendais son rire, que je me souvenais du son de sa voix. Je savais qu'il était toujours, là, quelque part, en bon fantôme qui allait me hanter pour l'éternité, mais je le préférais transparent que soudain visible dans la triste réalité des choses. Son absence me faisait trop de mal pour que je m'autorise à y penser. Je chassais ces pensées en m'appliquant à remettre les verres à leur place en agitant machinalement ma baguette, puis, après avoir récupéré mon torchon que je re-balançai sur mon épaule, je m'adressai d'une voix plus enjouée que tout à l'heure à la jeune fille :

- Méfie-toi, je pourrais t'engager, et cela sonnait comme une menace évidemment, car je ne souhaitais à personne de travailler ici. Le salaire était à la limite du correct, l'alcool était mauvais et le lieu proche du taudis. Mais au moins, j'avais une place, alors, je ne me posais pas de questions.


- Tu les surveilles ?


Elle riait trop et elle buvait trop - elle n'était qu'une âme en peine, je le voyais bien, pour qui, pour quoi, pour quelles raisons, je n'en avais absolument aucune idée, mais il n'y avait pas besoin d'être Legilimens pour comprendre que quelque chose était trop lourd pour elle et qu'elle cherchait à le diluer d'une manière ou d'une autre. Visiblement, elle avait opté pour l'alcool comme diluant, et elle n'était pas la seule dans notre société à subir ce mal du siècle. Je m'étais accoudé au comptoir, n'ayant plus rien à faire, et je l'observai tantôt elle, tantôt la salle, tantôt Ed et ses gros lards d'amis. J'avais l'impression d'être un peu étranger à la scène, d'avoir été parachuté là, de n'être que de passage, et bon observateur. Il me semblait d'ailleurs que toute ma vie ce sentiment m'avait accompagné - mais qu'il avait éclos aujourd'hui, enfin, depuis que Jamie n'était plus là, plus précisément. Je savais que le cherchai dans chacun de mes gestes, de mes regards. Je savais ce que je refusais de m'avouer ; oh oui, je ne le savais que trop bien. Derrière elle, il y avait deux sorciers qui n'avaient pas pipé mot de la soirée qui semblaient tout d'un coup embarqué dans une conversation d'une extrême agitation, et je pinçai les lèvres, tout comme Ed quand il le remarqué - je ne cessai de l'observer à la dérobée également. Mais nous étions simplement sur nos gardes : ce genre de petites diversions n'étaient pas rare dans la bonne vieille bicoque de la Tête de Sanglier. Je finis par reprendre le fil de la discussion laissée en cours et reportai mon attention sur la demoiselle.

- Oui, fis-je simplement. Je les connais trop bien. Et j'ai bien peur que tu les intéresses un peu trop. A moins que tu préfères que je n'intervienne pas?

C'était dit sans animosité aucune, au contraire, c'était sincère : après tout, maintenant que les présentations étaient faites et que je lui avais laissé le choix de se faire accoster comme un bout de viande ou pas par les trois hommes, elle avait aussi son mot à dire. Qui étais-je pour juger? Même le trop plein d'alcool qu'elle avalait, son rire envoûtant mais peut-être un peu poussé par moment, cela ne me regardait pas. Je n'avais pas le droit de la juger tout comme je ne jugeais personne d'autre - j'en avais fait l'erreur une fois, et il m'en avait coûté. J'avais classé la mauvaise personne dans le rang des personnes indignes de confiance et accorder une confiance à quelqu'un qui en était bien indigne, alors à présent, je me gardais bien d'un quelconque avis sur les gens et leurs agissements. Je restais extérieur. J'étais extérieur à tout : de passage.

Son rire encore une fois m'interpella ; et je me demandai ce qu'il cachait. Histoires de famille? D'amis? D'amour? Elle était trop jeune pour connaître autre chose - comme j'avais été naïf, moi, jusqu'à la fin de mes études...


- La paix.

Elle regarda son verre puis rit à nouveau avant d'en demander d'avantage, et si j'aurais pu ne pas relever cette réponse, je ne le fis pas, bien trop décidé, sans le savoir, par mon désir de garder les pieds sur terre ou plutôt de m'y accrocher dur comme fer pour ne pas chuter ; fatalement, je désirai également appliquer ce schéma-là aux autres. Après lui avoir donné son nouveau verre que j'avais cette fois personnalisé, je plongeai mes yeux dans les siens et lui dis, lui montrant que je n'étais pas dupe :

- Tu ne la trouveras ni là-dedans - je montrai le verre et la bouteille de whisky - ni ici - je désignai le bar -, et tu le sais, donc je pense que tu devrais redéfinir tes recherches...

Mais puisque deal il y avait, nous avions mieux à faire. Je vis Ed regarder le verre que je m'étais servi mais il ne dit rien - il n'avait de toute façon pas l'âme d'un patron, je ne craignais pas ses remontrances. Et puis, cela se faisait, d'accompagner un client surtout quand il était bon client justement, or on ne pouvait pas dire que la mineure à qui je servais de l'alcool en toute inégalité n'était qu'une poussière dans nos revenus de ce soir : au contraire, elle leur donnait le vent en poupe.


- Sixième. Dommage ! J'eus une moue dépitée et acceptai, en souriant ensuite, mon erreur. Je bus une gorgée en maudissant cette fichue échoppe qui ne savait pas ce qu'était un Whisky digne de ce nom. On dirait du jus d’fruit ton truc, t’es sûr d’avoir mis le whisky ? Ruby. Et toi ? J’attends tes questions !

Ruby : son prénom sonnait chaleureusement dans mon esprit, s'alliant à la sensation de l'acool qui s'était écoulée dans ma gorge. Cela lui allait bien : original, élégant, avec un petit côté solaire. Je compris alors seulement ce qu'elle avait de si particulier : elle rayonnait comme un petit soleil au milieu de cette crasse miteuse, de cette pénombre douteuse, elle émettait comme un halo de lumière à côté de ces sorciers sombres et tous plus louches les uns que l'autre. Voilà pourquoi elle n'avait pas échappé à Ed, en plus d'être la seule jeune et jolie fille présente dans cette pièce. Je compris, comme un jeu de dominos que l'on fait s'écrouler les uns à la suite des autres, juste après, que Phil aurait eu raison de vouloir la séduire. Elle en valait la peine : elle était jolie et pleine de charme, elle avait un peu trop bu pour se donner les bonnes questions, et elle ne paraissait pas sans cervelle, elle maniait bien l'art de la conversation, du mystère et des non-dits. Me vint alors en tête qu'essayer ne coûter rien. Après tout, j'étais seul depuis si longtemps! Ruby était agréable, et si cela se passait bien, pourquoi pas?... Je n'étais sûr de rien, mais je pris au moins la résolution d'essayer.

- Le propre d'un bon cocktail c'est d'être traître et de ne pas sentir l'alcool, donc j'imagine que ça veut dire que tu le trouves bon? Je souris, attirai l'un des hauts tabourets à moi, et m'assis, derrière le comptoir. J'étais à la hauteur de Ruby et je posai mes coudes pour me retrouver face à elle ; il n'y avait entre nous que nos verres et les bouteilles, posées à ma droite. Moi, c'est Ewan.

Elle attendait mes questions?... Je la regardai sans ciller : je n'étais pas Phil pour savoir quelles étaient les bonnes à poser, mais j'en avais une foule, puisque j'avais passé quelque temps à l'observer.

- Je me demande si ta matière préférée ce n'est pas les sortilèges... Ou les potions. C'était forcément soit l'un soit l'autre, je le sentais ; cette façon qu'elle avait eu tout à l'heure de s'occuper de la crasse du comptoir allait bien avec l'un ou l'autre. Et je me demande aussi si tu ne noies pas un chagrin d'amour dans mon cocktail?

C'était peut-être un peu trop osé, et je ne voulais pas lui manquer de respect, mais après tout, c'était le jeu, elle l'avait accepté, n'est-ce pas?

- Maintenant, à toi. Si tu veux un indice : je ne suis pas barman la plupart de mon temps, commentai-je, même si il y avait peu de chances qu'elle arrive à la vérité.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeDim 23 Déc - 2:07

J’avais beau avoir un peu trop bu et la vision trouble, je pouvais me concentrer sur le visage de ce fameux barman. Il était plutôt beau, en fait. Pas comme la plupart des gens qu’il y avait ici, et je réalisais aussi que je n’avais jamais vraiment fait attention à lui alors que de toute évidence il m’avait remarqué comme cliente fidèle. Moi, ce qui comptait, ce n’était que le verre qu’on m’apportait de manière générale. J’avais tout de même assez bien observé pour voir qu’il y avait différents serveurs mais ils étaient tous plutôt louches à mon goût. Je me concentrais plutôt sur les clients parce qu’outre les habitués, ils changeaient et ça faisait toujours de nouvelles informations, de nouvelles annotations dans mes carnets et une occupation différente. Oui, à bien réfléchir, je n’avais observé les barmans que le premier soir sans faire trop attention et je le regrettais désormais : j’aurais bien voulu en savoir plus sur celui-là parce que lui, il me paraissait perspicace et observateur comme si j’étais à merci tandis que moi, à part sa belle gueule, je n’avais rien. Juste son regard clair qui pourtant me paraissait assombri à l’intérieur, rempli de mystère, sa mâchoire carré et ses lèvres qui me rappelaient un peu celle d’Hadrian… Et évidemment, c’était une mauvaise idée de penser à lui maintenant.

Tout me paraissait si proche et si lointain, comme un rêve que j’avais fait la veille dont les bribes restaient imprimées au réveil. Ça faisait pourtant déjà un petit moment que c’était fini, pour de bon. Il n’y avait pas de retour possible, j’en étais pleinement consciente. Je l’avais voulu ou plutôt, j’avais cru le vouloir. Je n’avais aucune idée de ce qui était le plus douloureux désormais. Voir que j’avais engendré la rupture ? Nous voir nous traiter comme des inconnus désormais ? Le voir avec d’autres filles ? Me voir avec Chuck ? Il y avait tellement de choses qui m’oppressaient, tant de remords que de regrets. Je n’arrivais simplement pas à trouver un seul élément positif depuis que je n’étais plus avec. Hadrian me manquait d’une force qui me faisait plier sous son poids, qui m’entrainait sous terre. J’essayais de trouver des défauts à notre relation, de me dire qu’il avait des torts… Mais j’avais toujours été ainsi, je le savais, je prenais tout le poids de mes échecs, j’étais à mes yeux la seule responsable. Alors si aujourd’hui je n’avais plus ses bras autour de moi, ses lèvres qui happaient les miennes et tout le reste, son parfum qui m’embrumait et son rire qui me dirigeait, c’était à cause de moi. J’avais osé lâcher une si précieuse chose et j’en payais le prix tandis que lui, plus ou moins innocent, partait vivre la belle vie aux bras d’autres. Et ça, j’en bavais tous les jours en le constatant.

Mes solutions habituelles étaient même désormais stériles. Prenez donc mon tic. Nettoyer m’avait toujours soulagé, mettre en ordre autour de moi me donnait la vague impression que moi aussi, j’étais rangée. Tous les évènements qui m’étaient tombés dessus dernièrement m’avaient plutôt attiré auprès de bouteilles que de chiffons. J’avais perdu le peu de forces que m’avait insufflé Hadrian et le bonheur dans lequel j’avais nagé à ce moment-là, elles s’étaient envolées trop rapidement, preuve qu’elles n’étaient pas assez concrètes. Je n’avais pas assez de fondations à mon bonheur pour qu’il tienne lorsqu’une brique partait. Le mur entier s’écroulait. Je n’avais plus de solution, j’avais compris que j’étais en bordel, peu importe l’état de mes affaires ou ma chambre. Depuis cette histoire avec Chuck, j’avais simplement l’impression que j’étais une cause perdue et que peu importe ce que je faisais, je resterais cette fille qui…

Je n’avais pas envie d’en parler.



- Méfie-toi, je pourrais t'engager. Répliqua le barman avec un ton qui se voulait menaçant et qui me fit plus rire qu’autre chose.

J’étais là pour boire, et une fois que j’étais un peu ivre, je devenais comme tout le monde : trop maladroite et bavarde. Sobre, je serais probablement parfaite, tout serait rangé derrière le comptoir, je noterais les commandes avec rapidité sans jamais me tromper et mes cocktails seraient aussi réussi que mes potions. J’avais peut-être des capacités en étant clean donc. Mais je n’avais pas envie de l’être. J’avais envie d’oublier, de rire, de faire des choses sans réfléchir ou sans regretter, quitte à oublier le lendemain, peu importe. Oublier. Ça, c’était ce que je voulais.


- Ah c’est pour ça que tu offres des verres alors… Murmurai-je pensive, laissant traîner un sourire au coin de mes lèvres.

J’aimais cette sensation, ce moment où mon esprit agissait tout seul. Je le laissais se promener, libre, explorant le bar tandis que mon corps restait avachi sur le tabouret, appuyé sur le comptoir. Je regardais surtout les mecs que le barman observait aussi, ils avaient d’ailleurs de sale tête et je crois que je les avais entendu rire quand je m’étais levée… Peu importe. C’était des mecs standards pour ce bar, honnêtement, j’étais presque habituée à voir ce genre de personne maintenant. Ils étaient laids, miteux et je me trainais au milieu de cette foule-là. Ça m’était égal au moins, ça me prouvait qu’il y avait pire que moi mais visiblement aussi meilleur parce que ce barman-là, il était carrément clean et j’avais l’impression d’être un peu ridicule à côté, mais tant pis pour moi. Tant pis pour lui.


- Oui. Je les connais trop bien. Et j'ai bien peur que tu les intéresses un peu trop. A moins que tu préfères que je n'intervienne pas?

Ah, ce n’était pas une surveillance pour des affaires mais… Pour moi ? Malgré moi, je me tournai de nouveau vers les trois mecs et l’un d’eux me fit un sourire avec sa dentition toute pourrie, et il me fallut tous les efforts du monde pour ne pas mimer un vomissement. Je me retournai face au barman avec une expression un peu dégoûtée. Ah, beurk. Quelle horreur. Parfois, je vous jure, c’était chiant d’être jolie et j’avais vraiment déjà rêvé d’être complétement banale – parce que j’étais lucide sur mon physique – parce que ça m’aurait évité quelques emmerdes surtout… La toute première.

- Merci. Répondis-je simplement, avec un doux sourire.

Je n’avais pas envie de faire de l’humour sur ce genre de sujet, les mecs, moi, le physique et tout le tralala, c’était des sujets qui m’avaient déjà attiré quelques problèmes. Il valait mieux que je pense à autre chose, mais visiblement ce cher barman était curieux et il creusait un peu les raisons de ma venue, ne me laissant pas vraiment de répit pour m’échapper et penser à autre chose.


- Tu ne la trouveras ni là-dedans, ni ici, et tu le sais, donc je pense que tu devrais redéfinir tes recherches...

Bon, je l’aimais bien ce type, vraiment. Il m’offrait des verres, il faisait la discute, mais s’il commençait à s’approcher de trop près je risquai de rentrer dans ma coquille. Heureusement, j’avais assez d’alcool pour le sang pour ne pas paniquer, je me contentai donc de froncer un peu les sourcils et d’appuyer mes deux coudes sur la table, fixant le regard pénétrant de celui qui venait de me faire la morale. Il avait décidé d’être franc, j’étais prête à faire de même.

- Alors ne me sers pas de verres. Ma voix avait été un peu trop acide, et je décidai de me calmer un peu –en reprenant une gorgée. Ma paix est partie, ou n’a peut-être jamais existée. Je ne cours pas après des illusions. Expliquai-je simplement. Ma voix n’était plus accusatrice, ni même triste, je dressais simplement une pâle constatation.

Et elle était fondée. Vous savez ce qui doit faire l’équilibre chez un enfant ? Sa famille. C’était censé être un refuge, un endroit où on avait sa place, son bonheur. Et ça, je ne l’avais plus. Je ne l’avais peut-être jamais eu, parce que même si mes années d’enfances avant l’incident me semblaient rayonnantes je ne pouvais pas m’empêcher qu’
il avait peut-être commencer à penser à moi bien avant de passer à l’acte et ça me foutait juste la gerbe. J’avais trouvé la paix en construisant une relation avec un garçon où je me croyais en sécurité et elle s’était détruire, elle avait implosée. Je n’avais aucun endroit pour me réfugier désormais, si ce n’était les bras de Lizlor mais j’avais cette horrible impression de m’accrocher trop violemment à elle et j’avais peur qu’elle chute aussi.

- Et puis, toi aussi tu te caches ici. Ajoutai-je simplement.

Mais visiblement, il ne voulait pas que l’on garde nos masques car le jeu qu’il proposait me paraissait presque risqué, du moins pour une personne aussi méfiante et secrète que moi. Mais j’avais assez bu être expansive et bavarde. De plus, ce mec était un total inconnu, son regard m’importait peu. Ou plutôt, j’avais envie de voir ce qu’il donnerait après que je me sois mise à nue. Si je n’étais pas parfaite, est-ce que je restais quelqu’un ?


- Le propre d'un bon cocktail c'est d'être traître et de ne pas sentir l'alcool, donc j'imagine que ça veut dire que tu le trouves bon? Il prit un tabouret pour s’asseoir, visiblement les clients n’avaient pas besoin de lui : il était donc tout à moi. Moi, c'est Ewan.

Ewan… C’était court, mais ça sonnait bien. Ça lui allait bien même. C’était simple au premier abord, mais malicieux. Comme lui, me semblait-il.

- Très bon. Dis-je avec un nouveau sourire. Tu essayes donc de tromper mes sens pour me rendre encore plus ivre que je ne le suis déjà ? C’est gentil. Dis-je dans un rire, avant de tendre ma main au-dessus de comptoir avec un grand sourire. Enchanté Ewan !

Ben oui, ivre ou pas, je n’en perdais pas les bonnes manières ! Ou plutôt, je croyais en avoir, parce que ce n’était pas mon genre de serrer la main à quelqu’un mais bon. Je trouvais ça drôle présentement. Tout comme ses questions…

- Je me demande si ta matière préférée ce n'est pas les sortilèges... Ou les potions. Et je me demande aussi si tu ne noies pas un chagrin d'amour dans mon cocktail?

Mais c’est qu’il était fort en plus de ça ! Je grimaçai un peu parce qu’il avait abordé le sujet que je n’aimais pas, mais j’étais sûre que la question allait venir de toute manière. Forcément ce genre de questions étaient communes, ta maison, ton amoureux, ton âge. C’était banal, sauf que ma réponse ne pouvait pas l’être si je voulais être honnête. Je poussai un soupir avant de me décider à lui répondre.

- Potions. Et je bus une gorgée, avec un sourire. Et le chagrin d’amour… C’est pas un peu cliché non ? Je n’avais pas encore porté le verre à mes lèvres, parce que j’avais envie de faire planer le doute mais je consentis finalement à me livrer –une gorgée, encore une. D’accord, en partie, t’as gagné. C’est pitoyable pas vrai ?

J’avais posé cette question dans un éclat de rire un peu étranglé, et j’avais une envie folle de boire d’une traite mon verre mais décidai de garder la face en osant affronter le regard d’Ewan. Après tout, je n’allais pas mentir. Je ne pouvais pas vraiment de toute manière, la tristesse s’imprimait dans tous mes traits, sous chaque sourire.

- Maintenant, à toi. Si tu veux un indice : je ne suis pas barman la plupart de mon temps.

Ah ! J’avais le droit de jouer ! Je devais donc réfléchir pour viser juste… Il était à Pré-au-Lard, forcément, il bossait. Il me paraissait assez discret, mystérieux, je le voyais mal dans le commerce parce qu’il aurait fallu qu’il soit plus expansive –non, ça n’allait pas. Il fallait quelque chose où il fallait être droit, carré. C’était un type à qui on pouvait faire confiance, ça se voyait sur son visage. Les gens devaient en profiter, mais de quelle manière ?...

- Tu ne me diras jamais vraiment ce que tu fais, parce que c’est justement parce que tu es discret que tu es bon dans ce que tu fais à côté du boulot de barman. Enoncai-je avec un sourire timide, parce que je n’étais pas sûre de moi. Donc, tu étais… Un Serpentard. Ou un Serdaigle. Achevai-je avec un sourire.

Maintenant, on allait voir si j’étais toujours aussi perspicace en ayant bu... !

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Ewan Campbell


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MessageSujet: Re: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeVen 4 Jan - 16:37

Si je notai que son visage s'était rembruni quand je lui avais expliqué la raison de mes regards vers le clan des trois gros hommes, le mien s'était teinté de satisfaction : cette fois, ils avaient définitivement compris le message et se détournaient totalement de nous. L'un était parti retrouver un peu plus loin, à une table, l'un de ses acolytes caché derrière une grande capuche violette sombre, tandis que les deux autres discutaient mollement, mais plus de nous, je le voyais. Ed avait sa tête des fins de soirée, celle qui était lasse et apathique et respirait l'ennui, un ennui suffisamment flagrant pour éloigner d'éventuels clients. Manque de chance pour lui, ce soir la clientèle était plutôt nombreuse, et bien installée. Peu m'importait : si la soirée finissait plus tard il me payait généralement plus, et comme j'avais besoin d'argent... Ce n'était pas une heure ou deux de sommeil en plus qui allait changer quoi que ce soit, puisque je devais de toute manière me lever tôt le lendemain. Je savais que des cernes commençaient à creuser le dessous de mes yeux, mais j'avais bien d'autres préoccupations en tête. Et surtout, je n'avais plus Jamie pour comptabiliser mes heures de sommeil : je n'avais jamais vraiment compris pourquoi - en dehors du fait qu'il menait une vie saine et sportive - mais il faisait toujours attention qu'on ait notre quota d'heure, et il arrivait à tout arranger alors qu'il était bien plus fêtard que moi. Ça datait de Poudlard, je crois : il adorait organiser le temps, et depuis l'année où on avait passé nos BUSE, il prenait un malin plaisir à faire des emplois du temps. Il faut dire qu'il était d'une efficacité redoutable et que suivre ses plans fonctionnaient toujours à merveille, mais en grandissant j'avais de plus en plus de mal qu'il me prenne pour acquis et organise sa vie de la même manière que la mienne. J'avais mis du temps à exprimer mes pensées, parce que je le connaissais trop bien. Comme prévu, il avait vécu mon aveu comme une trahison pure et simple et j'avais préféré me rétracter plutôt que de lire une seconde de plus la douleur sur ses traits. Aussi fort que nous étions pareils, nous étions différents, et nous vivions de deux manières différentes opposées le fait d'être jumeaux. Je me sentais lié à lui plus que tout au monde mais j'avais besoin de vivre ma propre vie pour que ce lien soit encore plus fort ; pour Jamie, c'était le contraire.

Sauf qu'à présent je ne m'autorisais plus à me pardonner mes envies de rébellion. J'avais prié pour que quelque chose nous détache : souhait exaucé. La vie avait décidé que ce quelque chose serait la mort de mon frère. Depuis, tout avait basculé, et j'aurais tout fait, tout, pour revenir en arrière, dussé-je renoncer pour toujours à la vie que je désirais vraiment.

Enfin, ça ne servait plus à rien d'y penser, et j'avais tourné la page. J'avais un but : je ne le quittais pas des yeux, et c'est ce qui me permettait de tenir. Demain, je revendais quelques ingrédients, je voyais peut-être Phil dans l'après-midi, puis le soir je faisais encore mon service à la Tête de Sanglier avant d'enchaîner lundi matin sur une semaine comme les autres. Tout était bon pour engraisser mes comptes, et à vrai dire j'avais tellement de choses en tête au sujet de mon petit trafic clandestin et de mon travail que je n'avais pas le temps de me lamenter sur le reste. En un sens, c'était une situation très confortable.


- Alors ne me sers pas de verres. Ma paix est partie, ou n’a peut-être jamais existée. Je ne cours pas après des illusions.

Si je n'avais eu qu'un geste après ses remerciements - j'estimais que c'était normal, je m'étais toujours dit que ce devait être l'enfer pour les jeunes filles de subir les approches des vieux, surtout quand en plus ils étaient moches - je ne pus m'empêcher de réagir la suite. Accoudé au comptoir, je sentais petit à petit la fatigue m'envahir sans m'en préoccuper plus que ça. D'autant plus que devant moi il y avait cette charmante jeune fille que j'étais de plus en plus décidé à séduire : elle me plaisait et il y avait bien longtemps que je ne m'étais pas accordé un peu de temps. Je pensais qu'elle ne serait pas une cible très difficile, avec l'alcool qui courait dans ses veines, et que le courant passait plutôt bien entre nous.

- Tu cours après quoi, alors? Le vent? dis-je avec un petit sourire en pointant du doigt le fait qu'elle devait trouver une autre manière de chasser ses idées noires. Loin de moi l'idée de la tourner en ridicule, parce qu'après tout, après quoi je courais, moi? Je n'en savais pas d'avantage. Mais au moins, je n'avais pas trouvé en l'alcool un quelconque substitut.

- Et puis, toi aussi tu te caches ici.

Touché. Piqué, mon regard se fit plus vif en croisant le sien. Oui, je me cachais. Mais cela ne regardait que moi, n'est-ce pas? Sauf qu'après tout, je ne faisais depuis tout à l'heure que tenter de l'analyser, et elle se laissait prendre au jeu. Beau joueur moi aussi, je décidai de ne pas nier l'évidence. Sa vivacité d'esprit me plaisait, tout comme son sourire un peut trop évanescent avec tout ce qu'elle avait bu, mais je sentais son charme agir sur moi, petit à petit. Je me demandais quelle serait la sensation que j'aurais en touchant la peau de son visage et de son cou, et quelle était l'odeur de ses cheveux, car je ne sentais que des bribes de son parfum. Il était frais avec une touche plus prononcée en arrière plan, plus capiteuse.

- C'est que c'est une bonne planque... Pas vrai? répondis-je sans me démonter : elle se cachait tout autant que moi.

Pensif, je faisais tourner au fond de mon verre la petite quantité de whisky, ce que je faisais souvent, comme un tic, tout en notant que la couleur normalement ambrée du liquide tirait trop sur le jaune. Je savais que ce n'était que du tord-boyaux mais je ne pouvais pas m'empêcher de le déplorer à chaque fois, tant j'étais attaché au bon whisky, peut-être en partie à cause de nos origines écossaises. J'étais né à Oxford mais toute la famille côté Campbell venait d’Écosse et plus précisément de Dundee, où mes grands-parents étaient retournés passer leurs vieux jours. J'adorais y aller même si depuis que notre famille ne tenait plus trop debout j'avais espacé mes visites - mais je me souvenais très bien, comme un rêve, de ces soirées avec Jamie et notre grand-père, où il nous faisait goûter en douce les whisky de sa cave en nous apprenant leurs particularités, et comment reconnaître un bon whisky. Ses leçons avaient porté leurs fruits et forgé mon palais, et je songeai que c'était sans doute avec mon grand-père que j'avais été le plus proche étant enfant, et que son fils lui ressemblait peu.

Ruby me tendit alors la main par-dessus le comptoir, pas vraiment propre mais moins sale qu'avant ses gestes énergiques pour enlever quelques taches :


- Très bon. Tu essayes donc de tromper mes sens pour me rendre encore plus ivre que je ne le suis déjà ? C’est gentil. Enchantée Ewan !

J'eus un petit rire, reposai mon verre alors que je venais d'en boire une gorgée, mauvaise, et attrapai sa main.

- Enchanté.

Elle était douce et tiède, comme l'air autour de nous, et je sentis la finesse de ses doigts. Mon regard se baissa d'emblée vers sa main dans la mienne, et je notai sa peau claire, délicate, en bonne jeune et jolie fille qu'elle était, et après l'avoir serrée légèrement comme le voulait l'usage, je ne lui rendis pas tout de suite sa liberté. J'eus un mouvement du poignet, léger pour ne pas paraître forcé, et passai mon pouce sur le dos de sa main, avant de la relâcher.

J'avais plutôt agi sans trop réfléchir mais parce qu'elle me captivait - sans doute que Phil aurait ricané dans mon dos d'un geste si simple et trop délicat alors qu'il aurait très certainement enclenché la vitesse supérieure depuis bien longtemps, mais je n'avais pas envie de me brusquer. Et j’appréciais cet état entre deux eaux, ce petit moment de latence, qui préparait à la suite. Machinalement, je remis quelques verres en place derrière le bar. Il n'y avait plus rien à faire et les commandes se faisaient plus rares : la fin de soirée commençait à pointer le bout de son nez. Ruby allait-elle partir? Ou m'attendre? J'étais prêt, en tout cas, à sauter sur l'occasion, dès qu'elle se présenterait.

Je lus dans ses gestes que j'avais botté en douche, mais ce n'était pas très difficile puisque l'alcool la rendait sûrement plus démonstrative que d'habitude. Elle but à deux reprises, et moi j'étais content de moi, perché sur mon tabouret.


- Potions. Et le chagrin d’amour… C’est pas un peu cliché non ? D’accord, en partie, t’as gagné. C’est pitoyable pas vrai ?

Pitoyable, pitoyable... C'était plutôt la vie, non? Les chagrins d'amour, les trahisons, les peines de cœur, les problèmes de famille... Je ne trouvais pas ça pathétique, au contraire.

- Je dirais plutôt que c'est notre lot quotidien! Ça se voulait une plaisanterie mais je crois qu'on pouvait sentir l'amertume dans ma remarque. Je haussai les épaules. Alors, qu'est-ce qu'il t'a fait?

Il l'avait quittée pour une autre, j'imagine, à ces âges-là on ne voit pas trop plus loin que le bout de son nez et on ne sait pas chérir ce qu'on a... Avant qu'il ne soit trop tard. Sa tristesse, que son regard baissé ne cacha pas, me fit de la peine, mais je m'étais tellement blindé contre elle que je la sentis filer au-dessus de ma tête sans m'atteindre complètement.


- Tu ne me diras jamais vraiment ce que tu fais, parce que c’est justement parce que tu es discret que tu es bon dans ce que tu fais à côté du boulot de barman.
Je ne pus m'empêcher de relever la tête, surpris : je n'avais pas l'habitude qu'on voit aussi juste que moi, et je me sentis brusquement déstabilisé sous mes aires de parfait petit employé de bar. Pas mal, pas mal, sur ce coup là, elle avait bien renversé la situation!... Donc, tu étais… Un Serpentard. Ou un Serdaigle.

Ne cachant pas mon admiration, j'attrapai mon verre et le levai. Je bus une fois, la regardai droit dans les yeux avec un petit sourire puis, après quelques secondes, bus une deuxième fois. J'aurais pu être mauvais joueur en lui faisant remarquer qu'elle avait dit deux choses à la fois mais ça aurait été chipoter : elle avait quand même sacrément vu juste.

- Pas mal, fis-je en inclinant la tête. Mais ça devrait quand même te plaire : je travaille dans les Potions. Et... J'étais à Serdaigle! conclus-je avec un clin d’œil complice, tout en levant ma paume pour qu'elle tape dedans. J'avais toujours été très fier de ma maison, comme tous les élèves de Poudlard je crois, mais y repenser me rappelait de bons souvenirs, et une époque qui me paraissait révolue. Mais il n'empêchait : cela me faisait plaisir, et c'était un bon point supplémentaire pour elle puisqu'elle partageait sa maison avec moi.

Évidemment, je passais le reste sous silence - mes affaires, mes trafics, et ce que je faisais réellement concernant les Potions. Elle ne savait pas à quel point elle avait viser juste, et cela m'amusait de le constater. Autour de nous, le bar s'agitait légèrement : l'heure n'était pas non plus à la fermeture mais certains sorciers commençaient à quitter les lieux, et Ed avait bougé son gros ventre jusque vers le milieu de la salle pour nettoyer mollement les tables désormais vides. Le verre de Ruby était presque vide - sa descente ne faiblissait pas avec les heures qui tournaient - et je me demandais quelle limite elle se fixait, et si elle s'en fixait. Je me demandais aussi quelle était la meilleure méthode pour lui faire comprendre que je ne comptais pas finir ainsi la soirée ; je me demandais aussi comment j'allais faire si elle décidait de partir avant la fermeture. Je savais qu'Ed était arrangeant et qu'avec toutes les heures supplémentaires que j'avais faites, je pouvais toujours trouver un moyen de m'arranger, mais dans ce cas il fallait que j'en discute avec lui, ce qui n'était pas très discret. Comme aurait dit Phil : le meilleur moyen de séduire une fille était de lui servir à boire, et je décidai tout d'abord de remplir à nouveau le verre de Ruby, pour qu'elle ne prenne pas comme prétexte son verre vide pour fuir. Rapidement, je refis mon petit mélange, et lui tendis.


- J'imagine que tu connais les passages secrets pour retourner à Poudlard, puisque tu es habituée à veiller si tard?... Je bus une gorgée, finissant mon verre pour ma part : j'avais eu ma dose de whisky frelaté. Qu'est-ce qui se passe si tu te fais prendre? demandai-je avec un petit sourire, tout en répondant à un signe d'Ed en ma direction. Il m'avait fait signe de commencer à ranger les bouteilles. Il fallait que j'agisse... Que je force la chance.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeDim 6 Jan - 7:50

C'était une étrange tournure que prenait les événements pour moi qui venait ici dans le but de fuir toute compagnie. J'aimais me murer dans le silence dérangé par les tintements de verres et les conversations a voix basse, sous les capes. C'était aussi la différence avec les trois balais. Là-bas, on riait fort, tout était radieux et lumineux, comme la chaleur qui se diffuse dans le corps après une gorgée de bierraubeurre. Ici, ce qui prônait, c'était le goût acre et froid du whisky, les ombres qui peignaient les murs au fur et à mesure que se consumaient de vieilles chandelles poussiéreuses. Ici, personne ou presque ne venait vous faire la conversation, les serveurs n'étaient pas là pour draguer des étudiantes de Poudlard, vu qu'il n'y en avait pas. On ne faisait pas la fête, on ne dansait pas au milieu des tables, on allait pas se tripoter dans un coin sombre avec un septième année, on ne faisait rien de tout ça parce qu'on ne pouvait pas -et je ne le voulais pas. Ici, il n'y avait que des vieux sorciers et des toiles d'araignées. En fait.... Il n'y avait que ce barman et moi pour détonner de cette atmosphère grisâtre, non seulement à cause de nos âges, mais aussi de notre physique. J'étais ce que j'étais, et j'en avais conscience, les regards de ces trois hommes du comptoir me le confirmant une nouvelle fois. Quant à ce barman, je l'avais déjà dis, il était beau également et l'absence de toute difformité physique le différenciait bien de tout les autres gens du bar. C'était peut-être le fait que nous sortions tout deux de la masse de cet endroit que nous nous étions trouvés. En tout cas moi, sa compagnie et son cocktail ne m'étaient pas désagréable.

Mais je devais bien avouer que sa remarque sur ma présence ici et mon incontestable penchant pour la bouteille ne me fit pas forcément plaisir. Probablement car il n'avait pas tout à fait tort mais ça, je n'avais pas envie de le reconnaitre. L'alcool était peut-être la solution de facilité, mais c'était pour cela que je l'avais choisie. Je n'étais pas une battante, je laissais cette qualité à Liz, me contentant d'être une observatrice -et une peureuse. Je préférais fuir au moindre problème. Généralement, mon unique refuge était les bras et la chevelure de ma Gryffondor, mais aussi longue et épaisse qu'elle soit, elle ne suffisait pas à repousser tout ce qui rugissait autour et surtout à l'intérieur -là où c'était le bordel constant. Lizlor pouvait combattre l'extérieur, frapper Carlton, me soutenir face aux rumeurs, elle avait du mal à soigner ce qu'il y avait en moi, tout simplement parce que ni elle ni moi ne pouvions mettre le doigt sur ces choses qui me hantaient. J'étais soumise à mes problèmes et désormais je ne pouvais qu'une solution: les faire taire à coup de whisky.


- Tu cours après quoi, alors? Le vent?

Il n'avait pas dit ça méchamment non, c'était plus... Une blague. Comme s'il soulignait que de toute évidence, j'étais paumée. Pouvais-je seulement le nier? Je ne savais plus ce que je voulais. Je ne trouvais plus aucune satisfaction nulle part, le château tout entier m'oppressait, j'avais l'impression d'être inutile et perdue et.... Et je que je tombais de toutes parts, toute entière, dans ce fossé que j'avais creusé. Je ne courais même plus après Hadrian parce qu'il était parti loin devant, en prenant soin de me péter les deux jambes au passage, pour continuer la métaphore. C'était drôle d'ailleurs, de penser à cette idée de course, moi qui avait toujours pratiquer cette activité pour m'échapper. Depuis combien de temps n'avais-je pas enfiler mes baskets pour courir près du lac? Depuis combien de temps n'avais-je pas toucher à ma guitare? Un kit ou un livre de potions? Depuis combien de temps, finalement, avais-je simplement tout lâché? J'avais la sensation que c'était depuis une éternité que la douleur avait été présente, et que désormais je la laissais s'afficher et s'exprimer, balayant tout sur son passage. Je la laissais me ronger toute entière, me baladant constamment la peau à vif et un immense trou dans la poitrine.

- Ton cocktail. Répliquai-je en riant, retournant encore une fois la situation: d'un sujet triste, j'en faisais quelque chose d'amusant -car l'alcool me donnait envie de penser à autre chose.


Parce que j'étais ici loin du reste, je pouvais faire ce que je voulais et être qui j'étais ou chercher cette personne là car de plus en plus, je me sentais étrangère à moi-même. Peut-être qu'au fond, c'était en me cachant des autres que je pouvais me trouver? Ou est-ce que je me cachais aussi... De moi? En tout cas, face à ce barman, je ne mentais pas. Et c'était étrange de se révéler à un pur inconnu. Pourtant, en l'espace d'une conversation, j'avais l'impression qu'il me saisissait mieux que la plupart de mes connaissances. Parce qu'il était perspicace? Ou que je lui donnais les clefs?


- C'est que c'est une bonne planque, pas vrai?

Il avait parlé avec un sourire, confiant, signe que lui aussi ne mentait pas sur les raisons de sa présence ici. On était à égalité et je ne sais pas pourquoi mais ça me mettait en confiance. Je n'étais pas habituer à jouer sans mon masque mais j'étais curieuse de le faire pour une fois et pour le moment ça se passait bien -je m'amusais, ivre et joyeuse.

- Tant qu'il n'y a personne du Daily Poudlard... Répliquai-je plus pour moi que pour lui, d'une voix qui fut presque un murmure. Encore une fois, je sentis les sujets plus sérieux remonter à la surface. Je revis le dernier article sur moi, ou Hadrian. Je sentis le creux dans ma poitrine. Il fallait que je change de sujet -une gorgée et c'était reparti. Mais si tu veux mon avis... Continuai-je avec un sourire, et je fis signe au jeune homme de s'approcher tandis que je me penchais au-dessus du comptoir, mimant une confidence. Mettant ma main le font les enfants qui se chuchotent des secrets, j'approchais mes lèvres de son oreille pour murmurer. Les barmans sont trop curieux!

Et je m'écartai avec un éclat de rire franc. J'eus un air entendu, comme si je venais de lui révéler un secret précieux que personne ne savait sauf nous. J'aimais cet air de plaisanterie qui reignait dans l'atmosphère, cette impression que rien n'était grave ou trop sérieux pour ne pas en rire alors que lui et moi étions ici pour cacher peines et problèmes.

J'appris enfin le prénom du jeune homme. Ewan. Toute contente, je me remis à jouer en lui tentant la main, comme si notre rencontre était formelle. Et il eut un petit rire qui me fit sourire aussi parce que j'étais complètement ivre et que lui avait l'air de bien s'amuser sobre. Je n'avais même pas l'impression qu'il se moquait. Juste qu'on s'entendait bien.


- Enchanté. Dit-il en posant son verre pour serrer ma main.

Il y eut alors un étrange moment qui fut si brusque que je ne le percutai pas de suite. Il me sembla que ma main fut prisonnière de la sienne quelques secondes de trop, son pouce frôla ma peau mais cela se fit en un éclair car avant même que je ne bouge, il m'avait déjà lâché et s'était retourné pour ranger les verres. Je clignai des yeux, regardant ma main qui gisait sur le comptoir. Est-ce que j'avais rêvé? Ça m'avait paru si délicat, si vif, que j'avais l'impression que c'était l'alcool qui troublait tout... Malgré moi cependant, je le sentis me refermer un peu mais ne sortis pas mes piques: Ewan me paraissait quelqu'un de bien et l'idée d'un scénario à la Carlton était peu plausible. Il avait bien compris que toute manière je sortais d'une rupture douloureuse et tous les mecs ne prenaient pas ça pour une invitation -n'est ce pas?


- Je dirais plutôt que c'est notre lot quotidien! Alors, qu'est ce qu'il t'a fait?

Par réflexe, je baissai les yeux avant se les fermer quelques secondes durant lesquelles une vague de nostalgie me prit et je la sentis m'étouffer, si bien que j'avais subitement reouvert mes yeux et me mis à rire encore une fois.

- Pourquoi c'est toujours le mec le fautif? Disons que je suis pas facile à vivre.

C'était un bel euphémisme! Mais Ewan devait être à des milliers de kilomètres d'imaginer tout ça. Il avait cependant probablement tiré quelques conclusions de mes attitudes: nettoyer un comptoir, détourner tout sujet sérieux, boire beaucoup, frémir au moindre contact étrange...

- C'est dur hein? Quand on aime quelqu'un qui est parti. Ajoutai-je dans un murmure, plongeant mon regard dans le whisky et mes sens, alors que je bus à nouveau.

Mais encore une fois, je préférais finir par avoir un petit rire. Et tenter d'en savoir plus sur ce cher barman. Visiblement, j'avais juste car il sembla étonné puis presque admiratif, avant de lever son verre. Curieuse, je le vis boire une gorgée en me défiant du regard, avant de finalement en prendre une deuxième. Victoire!


- Pas mal. Mais ça devrait quand même te plaire: je travaille dans les potions. Et j'étais à Serdaigle!

Il eut un clin d'oeil et leva sa main dans laquelle je tapai sans attendre, avec un grand sourire. Ce n'était pas étonnant, ça lui allait bien d'être un Serdaigle et ça m'amusait qu'on vienne de la même maison -on avait visiblement plus de point communs que je n'aurais cru.

Je me demandai d'ailleurs à quoi il ressemblait lorsqu'il était élève. C'était du genre quoi? Fêtard? Bosseur? Don Juan? Et puis d'abord... Quel âge avait-il? Je fronçais les sourcils, cherchant à estimer. Sûrement la vingtaine passée, mais plus de 27, 28 ans. Entre les deux probablement... Il avait le visage usé par la fatigue, et la lumière miteuse du bar ne l'avantageait pas. Donc... Plus jeune que l'on pourrait croire. 22? 23? Je réalisais alors qu'un certain nombre d'année nous séparaient finalement. J'allais avoir 17ans début janvier... Au moins 5, 6ans peut-être. Est-ce qu'il me trouvait immature?... Il me semblait qu'il y avait un immense fossé tout à coup entre nous, comme s'il avait une sagesse acquise par les années que je ne pouvais avoir. Je me sentis vaguement stupide de parler à ce mec de ma vie d'adolescente et une boule se forma dans la gorge -je finis mon verre pour la faire disparaitre.


- J'imagine que tu connais les passages secrets pour retourner à Poudlard, puisque que tu es habituée à veiller si tard?... Qu'est-ce qui se passe si tu te fais prendre?

Je pris le verre qu'il venait de me reservir, et en bu une longue gorgée en pensant à ce qu'il venait de dire. Woodley surgit dans mon esprit et j'eus une grimace: mauvais souvenir.

- Les plus utiles... Tard, il n'y a jamais personne, c'est plutôt quand je viens que je me méfie mais... Mais je suis préfète alors j'ai l'excuse de faire des rondes après le couvre feu.

Ça devait l'étonner tiens. J'étais une préfète, ce qui rimait avec bonne élève, et je faisais le mur pour venir boire ici, tard le soir. Exemplaire, n'est-ce pas? D'ailleurs en parlant d'heure, il était plus tard que je ne l'aurais cru car le patron commença à ranger et fit signe à Ewan de faire de même. Je n'avais pas vu le temps passer...

- Ça va fermer. Remarquai-je platement. Puis, avec un sourire parce que je venais d'avoir une idée, je repris. Dis, tu me tiendrais compagnie le temps de ma cigarette? J'attendrais que tu finisses de ranger! Conclus-je avec un nouveau sourire.

Je me levai pour aller récupérer mes affaires -waouh, ça tournait! Je finis tout de même mon verre d'une traite avant de me diriger vers ma table où je remis tout dans mon sac et enfilai mon manteau. Je me dirigeais vers la sortie mais m'assis sur la table la plus proche de la porte -il n'y avait plus grand monde pour juger ma position- que les clients empruntaient, comprenant que c'était l'heure d'y aller. Appuyant mon menton entre mes deux paumes, j'attendis patiemment qu'Ewan finisse et lorsqu'il arriva enfin -j'avais ma clope à la main- je bondis de ma table pour le rejoindre, chancellant et riant. L'air frais me frappa et mon souffle faisait des panaches blancs à chacune de mes respirations, et fut bientôt rejoint par la fumée de ma cigarette. Je voulus m'appuyer contre la porte, quand je réalisai soudain...


- Il neige! Me dégageant du porche, j'affrontai les flocons en riant, levant les yeux au ciel pour les voir tomber doucement. Ça tournait tellement... Et j'avais ce sourire béat, comme une gamine qui voyait la neige pour la première fois. On dirait qu'il pleut des étoiles, tu trouves pas? Finis-je par dire, alors que j'avais fumé toute la cigarette et que j'avais des flocons partout dans les cheveux.

Je revins vers Ewan qui était resté à l'abri, marchant d'un pas incertain chargé d'alcool et d'euphorie. Évidemment, je manquai la marche et me rattrapai de justesse en m'appuyant sur l'avant-bras du jeune homme, l'aggripant d'une main hasardeuse.


- Traître de cocktail! Dis-je en riant. Je levais alors les yeux vers Ewan dont le visage était plus proche que je ne l'aurai cru. Sous la lumière du porche, nos traits se dessinaient plus clairement et je ne pus m'empêcher de voir ses cernes immenses. Lui et moi, on aurait pu faire un concours! De ma main libre, parce que j'étais toujours accrochée à lui, je passais mon index sous son oeil, avec un petit sourire, comme si j'examinais quelque chose. Je crois que tu as besoin de dormir.

J'avais parlé d'une voix douce, presque maternelle car légèrement autoritaire. D'une certaine manière, c'était l'annonce de la fin de cette soirée. Mais je savais que je pouvais revoir Ewan bientôt malgré l'arrivée des vacances, d'une manière ou d'une autre je finissais toujours à ce bar. Et après tout, sa compagnie avait été agréable!
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Ewan Campbell


Ewan Campbell
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MessageSujet: Re: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeLun 7 Jan - 0:47

Je me demandais en proportion de quoi son rire sortait avec autant d'aise. L'alcool aidait, évidemment, mais j'avais été barman suffisamment longtemps et j'avais assisté à assez de soirées pour savoir ce que les gens noyaient dans l'alcool et tentaient d'oublier en éclatant de joie et d'allégresse. Un mal pour un bien - une manière de rééquilibrer la balance, sans doute. Un simple chagrin amoureux? J'étais tenté de me dire qu'une fille comme elle en avait l'air de ne laissait pas seulement abattre pour ça, mais elle était jeune, et quand on est jeune, les premières amours sont toujours les plus terribles... Enfin, il parait. Je n'avais jamais réellement expérimenté cela. A Poudlard, vers nos dernières années, avec Jamie, nous avions du succès. Lui plus que moi parce qu'il était plus extraverti, mais j'avais aussi mon petit cercle d'amis, et j'avais commencé à sortir avec des filles à cette époque. Une notamment, avec qui j'étais resté plusieurs moi. La fin de notre scolarité avait mis fin à notre histoire, parce qu'elle était partie étudier les Sortilèges dans un pays étranger. J'avais été triste, mais mon coeur ne s'était pas brisé. Je l'avais bien aimée, cette fille, mais je ne l'avais pas aimée. L'été d'après nous étions beaucoup sortis à Oxford et une troupe s'était formée - avant que l'accident de Jamie vienne tout dissoudre. Je me rappelais de chaque jour de cet été là. Nos sorties, le temps beau et chaud, nos après-midi à lézarder dans le jardin pendant que notre mère s'affairait comme une vraie petite ouvrière pour gagner je ne sais quel concours du voisinage. Je me rappelais les matinées, après nos soirées secrètes, où Jamie et moi nous restions enfermés dans notre chambre, vautrés sur nos lits en échafaudant tous nos plans d'avenirs. Je me rappelais parfaitement de la manière dont il consignait tout sur papier, dont il notait les pays, les lieux, les idées, les métiers. Je me rappelais qu'on était passionnés, qu'on riait, et qu'on ne voyait pas les heures passées. Je me rappelais aussi de l'odeur de la vieille pipe qu'on avait chipée à l'oncle Tom et qu'on remplissait parfois d'herbes sorcières et qu'on fumait, et c'était la seule chose que j'avais jamais aimé fumer. A Poudlard, comme on était jeune on aimait tout essayer mais je n'appréciais pas les cigarettes moldues - l'odeur, le goût - ou ce que les sorciers fumaient parfois.

Et puis, surtout, je me rappelais de nos soirées avec toute la bande, de Jamie et moi qui faisions le mur la plupart du temps, pas parce que nous avions demandé à nos parents et qu'ils avaient refusé, mais parce que nous avions besoin de leur désobéir, de faire des choses dans leur dos, de prendre notre envol, de nous détacher d'eux. Comme je regrettais cet été-là... Je m'étais rapproché d'une des filles du groupe, Kathleen, et j'avais senti qu'elle était intéressée par moi. Et inversement. Une histoire aurait sans doute pu commencer, mais la mort de Jamie fit tout s'effondrer. Par la suite le chagrin m'aveugla et quand je repris du poil de la bête, plus rien de tout cela ne m'intéressait. Je m'étais lancé corps et âme dans le travail, pour oublier. On ne vit pas vraiment comme cela, j'imagine, mais c'était la meilleure méthode que j'avais trouvée pour survivre, et je m'y accommodais parfaitement. Il n'était plus question de revenir en arrière.

En un sens, j'admirais ces gens qui trouvaient comment se lâcher - à observer Ruby j'imaginais qu'elle trouvait un certain plaisir, un certain abandon, à boire ainsi, rire et faire s'évaporer ses soucis pour la soirée. Pour ma part, je n'y arrivais pas. J'étais trop habitué à être si maître de moi-même que ç'aurait été comme me renier, enfin, ça ne m'était juste pas naturel. Ruby, elle, riait et riait encore et je me sentais enivré de son rire clair et léger, comme si par son rire à elle j'avais un peu de mes soucis qui s'évaporaient pour la soirée. Même si au fond, tout cela n'était que momentané.


- Tant qu'il n'y a personne du Daily Poudlard... Mais si tu veux mon avis... Elle s'était soudain penchée vers moi et me faisais signe de m'approcher. Docile, j'obéis. Les barmans sont trop curieux!

Nouvel éclat de rire - qui me berça un peu plus - et je notai que ces éclats allaient de pair avec les gorgées qu'elle avalait, sans faiblir. Je levai un sourcil, partageant son point de vue. Le Daily Poudlard! A ma génération aussi il avait fait ses petits dégâts, mais au moins l'avantage d'avoir un frère jumeau, c'était que quand on se retrouvait parfois dans une situation délicate et que quelqu'un nous repérait, il n'était jamais sûr lequel des jumeaux on était. Nous avions échappé à bon nombre de retenues ainsi.

En murmurant à mon oreille, sans le savoir, elle avait confirmé mes hésitations. La chance était là, à portée de mains. Et même si je savais qu'elle se représenterait - Ruby venait assez souvent et elle reviendrait - je savais aussi qu'il y a toujours un bon ou un mauvais moment, et que quand on attend trop longtemps, les bons moments passent, et on rate le coche. Je n'en avais pas envie, et puis, j'entendais très nettement la voix de Phil se moquer de moi si jamais je laissais la jeune fille s'évanouir dans la nuit sans rien avoir tenté, alors que tout se profilait bien. Pour toute réponse, je lui lançai un petit clin d'oeil accompagné d'un sourire complice.


- Les gens parlent toujours plus quand ils ont un comptoir devant eux, dis-je simplement, et c'était vrai : je ne savais pas comment l'expliquer mais le fait d'être barman et de servir les gens leur déliait la langue, en plus de l'alcool. Ca ne me dérangeait pas : j'étais curieux et j'aimais tout apprendre sur les gens, je ne m'en lassais pas. Et puis, il y avait toujours un moment où c'était utile. Comme ce soir.

Je jetais tout de même, depuis mon tabouret, des coups d'oeil autour de nous, pour m'assurer qu'aucun client ne se manifestait. Mais ils sirotaient tous leurs fins de verre, apparemment, et Ed regardait de plus en plus fréquemment la grosse pendule de bronze au-dessus du bar, qui faisait un tic-tac bancal et presque maladif, à l'image du pub. L'heure de la fermeture approchait.


- Pourquoi c'est toujours le mec le fautif? Disons que je suis pas facile à vivre. C'est dur hein? Quand on aime quelqu'un qui est parti.


Pas facile à vivre? J'avais du mal à la croire. Il me semblait qu'une fille de cette trempe se chérissait et se gardait précieusement plutôt qu'autre chose, et je ne voyais pas quelle tare elle pouvait détenir pour n'être pas facile à vivre. Mais on est mauvais juge de soi et je mis cela sur le compte du manque d'estime qu'elle se portait, tout comme je ne m'appesantis pas plus sur le sujet. De toute façon, je n'avais pas de grands projets avec elle, je voulais juste prolonger un peu la soirée, et rien d'autre. Je n'avais pas le temps de plus.

En revanche, après un silence, quand elle prononça sa dernière phrase d'une voix nettement plus mesurée, et j'aurais aimé lui dire qu'elle ne pensait pas si bien dire - décidément, cela faisait trop de fois que je pensais à Jamie en une seule soirée - mais comme je m'étais fait une promesse de ne plus en parler, je me contentais d'un signe de tête, puis d'un haussement d'épaule. Ainsi va la vie, comme disait ma chère mère à chaque fois qu'elle gagnait ses trophées sous le nez de ses "copines" jalouses et déçues. Elle aimait à dire qu'on ne pouvait rien au destin. Je me détestais pour penser cela mais je devais bien reconnaître une chose : sur ce plan-là, elle avait raison.

Je ne répondis rien, et à cela s'ajouta le bruit nasillard de la pendule qui confirma la fin de soirée. D'un mouvement, quelques habitués s'étaient levés pour passer la porte, tandis que d'autres, tirés de leur torpeur, comprenait avec l'agitation qui se mettait en branle que l'établissement fermait ses portes. Ed se mit mollement en besogne, baladant son gros ventre plein de bière entre les tables et agitant sa baguette pour qu'elles se nettoient (un tout petit peu), que les chaises se rangent et que les verres sales se dirigent vers moi. Je fis un signe à Ruby, mais elle avait compris en même temps que moi :


- Les plus utiles... Tard, il n'y a jamais personne, c'est plutôt quand je viens que je me méfie mais... Mais je suis préfète alors j'ai l'excuse de faire des rondes après le couvre feu. Préfète?! J'eus un regard amusé vers elle. Elle cachait bien son jeu! Ça va fermer. Dis, tu me tiendrais compagnie le temps de ma cigarette? J'attendrais que tu finisses de ranger!

Tout vient à point à qui sait attendre : c'était l'occasion rêvée et je ne demandais pas mieux. J’acquiesçai avant de la débarrasser de son verre qu'elle venait de vider, et je la suivis du coin de l'oeil quand elle se mit sur ses pieds, clairement peu stable sur ses grandes et longues jambes. J'accomplis le reste de mon travail comme un automate, sachant très bien ce que j'avais à faire, accomplissant mes tâches rapidement et sans réfléchir. Tous les verres furent lavés et rangés, les bouteilles aussi, je fis le compte du tiroir caisse, je notai ce qu'il manquait pour le lendemain, je vérifiai qu'il n'y avait pas d'erreurs dans les comptes et les stocks. Quand j'allai ranger mes torchons, Ed me fit signe que je pouvais y aller, et je n'attendis pas d'avantage. D'ordinaire je prenais mon temps, mais ce soir j'étais attendu, et elle n'était pas de ce genre de personnes que l'on fait attendre.

Je traversai le bar après être passé par les vestiaires et avoir ôté mon t-shirt de travail, enfilé mes vêtements, et passé mon manteau. Il faisait froid, particulièrement en plein milieu de la nuit. Puis je fis signe à la jeune fille que j'étais prêt, elle sauta de la table d'où elle était assise et, toujours aussi joyeuse, s'avança vers moi ; je lui ouvris la porte, et la laissai passer.


- Il neige! fut sa première réaction alors que la porte se referma dans le silence de la nuit. Je m'appuyais contre le porche. On dirait qu'il pleut des étoiles, tu trouves pas?

Sa bonne humeur alcoolisée m'était toujours aussi communicative et je la regardai sans mots dire quelques instants alors qu'elle paraissait dans un monde bien à elle, à tanguer sous la neige, à regarder vers le ciel, et à fumer sa cigarette dont l'odeur venait jusqu'à moi.

- Dans ce cas, tes cheveux sont plein d'étoiles, remarquai-je en souriant.

Je me demandais comment allait se passer la suite - où aller, que faire? Mon appartement n'était pas loin mais je me doutais que cela aurait été manquer de tact. Après tout, dehors, nous étions bien aussi, et elle n'avait pas l'air de vouloir partir tout de suite... Je commençais à trouver le temps long, à savoir que, depuis que j'avais pris ma décision, elle m'attirait de plus en plus, ses cheveux blonds m'ensorcelaient comme s'ils voulaient me ligoter, ses yeux brillaient pour moi, il me semblait, et ses lèvres parfaites m'hypnotisaient. Elle était grande et élancée, je la voyais clairement à présent, et elle faisait partie de ce genre de filles au physique avantageux, doté en plus d'une grâce naturellement désarmante. Il était trop tard pour revenir en arrière. Sans le faire exprès - ou peut-être?... - elle me fournit elle-même la solution. Revenant vers moi, elle trébucha et se rattrapa au bras que je lui tendis, pour se retrouver tout près de moi. Nos deux visages se faisaient face.


- Traître de cocktail! Joueuse jusqu'au bout, elle passa son doigt sous mes yeux, tandis que mon regard était braqué dans le sien, qui me brûlait. Son sourire aguicheur acheva de m'engourdir. Je crois que tu as besoin de dormir.

- Dormir? souris-je. Je n'ai pas le temps. Je marquai une pause, et ma main attrapa son coude, l'empêchant de reculer. Et je crois que j'ai mieux à faire...

Et je l'embrassai. Fiévreusement, mais en tentant tout de même de me contenir, je saisis ses lèvres entre les miennes. Son haleine sentait la cigarette mais son parfum recouvrait tout cela et j'avais l'impression de goûter un délicieux bonbon au goût à la fois fruité, fleuri, et mentholé.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeMar 8 Jan - 17:53

Parfois, je me demandais si l’alcool n’avait pas des propriétés magiques. J’avais la réelle impression d’être plus légère, mon corps n’était qu’une simple plume qui vacillait sur le tabouret sur lequel je m’étais tombée plus qu’assise. Je me laissais aller sans réfléchir, m’appuyant n’importe comment sur le comptoir, faisant tourner ma chaise. L’euphorie était la maitresse de la situation ce soir, et comme à chaque fois que je buvais. Finalement, ce que j’aimais peut-être dans les effets de la boisson, c’était que mon corps reprenait le dessus sans aucune gêne. Mes problèmes, mon cerveau qui grésillait à toute vitesse, tout disparaissait envahi par mes sens que le whisky décuplait et modifiait. Je n’avais même plus l’impression d’avoir le contrôle sur mon propre visage, je riais sans même réfléchir. Oui, c’était ça. Je ne réfléchissais même plus. Voilà peut-être pourquoi l’alcool était magique. J’étais persuadée qu’il déconnectait mon cerveau, et que d’ailleurs c’était bien la seule chose qui pouvait me faire ça. Mes pensées étaient trop fortes désormais pour que je les contrôle en étant sobre, que je les oublie en rangeant mon bureau, en riant avec Lizlor, en lisant un bon livre. Je n’arrivais plus à me concentrer sur quoi que ce soit sans que ma mémoire se mette en marche. Peut-être que je m’étais jetée trop tôt dans les abimes ambrées des verres de ce bar, mais ça m’avait paru tellement facile. Si j’avais essayé, est-ce que j’aurais pu aller mieux par moi-même ? C’était trop tard pour considérer d’autres options de toute manière. Celle-là était parfaite au fond, non ?

Parfois quand j’y repensais, je me disais que ça aurait pu aller si… Si je n’avais pas croisé Woodley dans les cuisines ce soir-là. Je n’avais toujours rien dis à Lizlor et finalement, je regrettais de ne pas l’avoir fait, mais une partie de moi qui se voulait rationnelle se décidait à cacher ce soir-là. Je ne voulais pas qu’elle s’inquiète et puis, de quoi aurais-je l’air à lui dire maintenant ?... Au fond, je me cherchais des excuses, je le savais. Elle aurait compris pourquoi je n’osais pas lui en parler. Elle m’aurait aidé. Mais je ne cessai de voir le bleu sur la joue de Carlton et même si elle n’oserait pas s’attaquer à un professeur, elle était impulsive et je ne voulais pas que ça ait des conséquences. Et que pouvais-je lui dire hein ? Que j’étais en train de voler à boire dans les cuisines en pleine nuit, parce que je n’arrivais encore pas à dormir ? Liz se serait inquiétée, trop inquiétée. Je ne pouvais pas me mentir, ça me pesait de ne pas pouvoir partager ça avec qui que ce soit. Parce que ça me hantait, et je portais le fardeau toute seule. Ça me rappelait avant que je parle de tout ce qui m’était arrivée à qui que ce soit. J’avais beau prétendu le contraire, me confier m’avait fait un bien fou et j’avais finalement pris goût à ça, à m’alléger. Et j’avais compris que partager une peine, ce n’était pas en donner à l’autre, c’était simplement la diluer.

Alors je restais avec le souvenir de Woodley, toute seule. J’aurais voulu que Lizlor me dise qu’elle avait eu tort, cette vieille harpie, que ce n’était pas ma faute. Moi, je n’avais pas la force de m’en convaincre, plus maintenant. Revoir l’incident n’avait pas été bénéfique non plus… Parce que j’avais été consciente. Ce n’était pas comme mes rêves où il y avait des bribes, quelques bruits et images. C’était la totale, de A à Z, avec chaque détail que ma mémoire avait gardé malgré moi. Le souvenir, en entier, alors que j’avais toujours refusé de me replonger dedans et pour cause, c’était comme tout revivre une deuxième fois. Toute cette bataille que j’avais menée pour m’en sortir, elle était presque vaine maintenant. Comme un retour à la case départ. Et je me rappelais de tout ce qu’avait dit Woodley aussi, et je n’arrivais à savoir si elle avait… Raison, ou tort. Je ne l’avais pas…
poussé non, elle n’avait pas le droit de dire ça. Mais elle avait vu juste sur ma culpabilité, sur mon désir de me racheter et ça me faisait un mal fou de me dire que…

Tout était de ma faute.

- Les gens parlent toujours plus quand ils ont un comptoir devant eux.

Hein ? Ah euh, oui ! Je m’étais embrouillée dans mes pensées et soudainement, je sentis que mon corps pesait plus lourd et que j’avais le visage fermé, concentré sur mon verre. Je le relevai brusquement et attrapai le clin d’œil que me lança Ewan, et je me remis à rire –le poids s’envola aussi rapidement qu’il était venu. Il n’avait pas tort. Ici, je n’avais aucun problème à communiquer, et je me demandais si c’était le même crédo en étant sobre parce qu’au fond ce qui me plaisait dans ce bar, c’était que j’étais une anonyme comme une autre. Je n’avais aucun passé, aucun futur, tout le monde se fichait de qui j’avais été ou voulu être. Seul le présent comptait et si cela avait été terrifiant pendant longtemps pour moi de vivre sans penser à ce qui pouvait arriver après, l’alcool me donnait enfin cette délicieuse opportunité. Mais encore une fois, aurais-je pu le faire sobre ? Que se passerait-il quand je recroiserai Ewan la prochaine fois ? Bon, vous me direz, les moments où j’étais complétement clean commençait à se faire plus rare, surtout en fin de journée. Le matin, j’avais la gueule de bois, le midi je décidai de la faire passer avec un petit verre et dès la fin de l’après-midi, j’avais eu une journée trop difficile pour ne pas penser à l’oublier. Si Ewan voulait me voir sobre, il aurait fallu qu’il soit à Poudlard, ou qu’il me croise avec Liz –avec elle, je ressentais rarement le besoin de boire. En gros, les chances étaient minces. Et puis, vous me voyez dire à ma meilleure amie comment je le connaissais ? Pourtant, le barman m’intriguait et j’avais envie d’en parler à Lizlor. Peut-être que je pourrais lui dire que j’avais parlé avec ce mec en attendant quelqu’un ?... Mais ça me coutait de lui mentir, je n’avais pas envie de jouer à ça. Si je ne précisai pas toujours où j’allais et avec qui, c’était plutôt des mensonges par omission. J’avais tellement peur de merder toute notre relation en lui mentant mais à la fois, je voulais simplement lui éviter toute peine…

- Dis comme ça, ça semble dangeureux… Je devrais méfier de ce que je te raconte ! Répliquai-je avec un petit rire, pour dissiper le malaise qui une fois de plus venait de s’emparer de moi alors que mes pensées dérivaient.

Je ne voulais pas penser à ça. Pas de futur, comme je l’avais dit, juste l’alcool et maintenant. Et présent rimait avec fin de soirée et il fallait que je me décide à rentrer. Mais au fond, j’avais envie de profiter encore un peu de la compagnie d’Ewan. Non seulement se balader toute seule à Pré-au-Lard la nuit n’était pas la meilleure option, mais je devais également avouer que je m’amusais bien avec lui et que quelques minutes de plus avec lui ne se refusait pas. Mais mes plans furent légèrement modifiés par la neige qui attira toute mon attention. Pendant quelques minutes, je la regardais tomber sans rien dire. Seul mon rire semblait couper le silence nocturne. Je me sentais une nouvelle fois légère, tout tanguait mais mes pensées obscures s’étaient envolées dans les volutes de ma cigarette. Voilà qui était mieux… J’étais bien…


- Dans ce cas, tes cheveux sont plein d'étoiles.

Je me tournais vers Ewan avec un immense sourire. C’est vrai que j’étais couverte de neige désormais. J’étais tellement ivre –je le réalisais à chaque mouvement- que j’eus un rire sans aucune raison. Puis, réellement curieuse, je posai une nouvelle question.

- Tu crois que ça veut dire que je suis l’une d’elles ?

Je racontais n’importe quoi. Et ça me faisait un bien fou. Je tentais de revenir vers Ewan qui m’attendait patiemment, je voyais son visage au loin dans un espèce de flou lumineux, parce que l’alcool troublait un peu tout –si bien que je ratais la marche. Je réussis tout de même à me rattraper à lui, ou peut-être qu’il me tendit sa main, je n’étais pas sûre. La lumière qui éclairait nos visages me permit de me reconcentrer, et les choses étaient plus claires désormais. Ce qui était clair aussi, c’est que nous étions tout proches, mais je n’avais pas peur parce que… Je ne sais pas, j’avais confiance en lui, je ne pouvais pas croire qu’il gâche tout en tentant quelque chose que je ne voulais pas. Tout doucement, je passai mes doigts sur son visage et soufflai quelques mots avec un sourire doux. Sans même savoir pourquoi, j’avais presque envie de le prendre dans mes bras, de le remercier pour la soirée. Mais je restais immobile, ma main sur son visage et un sourire sur le mien.

- Dormir? Je n'ai pas le temps. Je m’apprêtais à répondre que c’était fâcheux comme situation, mais il eut un mouvement étrange, il m’attrapa le coude et je le regardais étonné, légèrement perdue. Et je crois que j'ai mieux à faire...

Et ça se passa en une demi-seconde. Je n’eus même pas le temps de fermer les yeux, ce fût comme un coup de feu qui me surprit et me brûla les lèvres. Qui me brûla toute entière. Mais pas dans le bon sens.

Je ne m’étais jamais sentie aussi conne.

Mes mains se plaquèrent contre son torse et le repoussèrent violemment, dans un grand bruit qui me laissa deviner qu’il s’était cogner mais je ne voyais pas vraiment ce qui se passait. Des larmes de colères m’étaient montées aux yeux et je me sentais encore plus ridicule de ne pas pouvoir les cacher. Et ma main bougea de nouveau, et d’un mouvement vif et inattendu, j’en écrasai la paume contre sa joue, violemment. Ça me brûla la peau, et j’espérais la sienne aussi. J’avais le menton qui tremblait, non en fait, tout tremblait, et je le regardais quelques secondes, mes yeux remplis de déception.


- C’était pour ça hein ? En fait, je ne voulais même pas savoir. J’attrapais mon sac que j’avais laissé par terre, et je reculai, tentant de contrôler ma respiration. Son visage m’était insupportable. La prochaine fois, pas la peine de prétendre que… Que ça t’intéressait vraiment tout ça ! Explosai-je d’une voix déchirée, alors que les larmes avaient commencé à dévaler mes joues.

Je ne sais pas trop comment je retrouvais le passage secret, mais lorsque je pénétrai dans le couloir humide, je me laissais glisser sur le sol, ne pouvant retenir mes pleurs. Mais comment avais-je pu croire qu’il s’intéressait vraiment à qui j’étais ? Qu’il ne voyait pas en moi une énième fille désespérée à se faire ? C’était toujours la même chose de toute manière, c’était tellement facile de s’attacher aux apparences et je n’en pouvais plus de celle-ci, elles me pesaient tellement, j’avais la tête qui tournait, la nausée… Non, je ne raconterais rien à Liz. Rien à personne. Que pouvais-je dire de toute manière ? Que j’avais été conne de ne rien voir ? Et je revoyais mon rire, mon murmure dans son oreille, et je me sentis de nouveau envahie par cette culpabilité, j’entendais la voix de Woodley, et ça ne faisait qu’amplifier les larmes.

Finalement, je me laissais tomber de fatigue et d’ivresse là, en plein milieu de ce passage, une immense boule au ventre et une unique pensée en tête :
ça ne serait jamais différent.

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MessageSujet: Re: Which way to happy? - PV R. - terminé   Which way to happy? - PV R. - terminé Icon_minitimeMar 8 Jan - 22:14

- Tu crois que ça veut dire que je suis l’une d’elles ?

Si l'on considérait uniquement que les étoiles étaient dans une autre galaxie et qu'elles obéissaient à des lois bien différentes des nôtres, alors oui, à n'en pas douter, Ruby était l'une d'entre elles : l'alcool avait fait son effet et je ne pouvais m'empêcher d'admirer son équilibre - flottant, mais quand même. J'en connaissais qui, ayant bu tout ce qu'elle avait bu, n'auraient pas tenu debout. Je trouvais toujours cela pathétique mais elle, c'était différent : cette candeur qui l'enveloppait comme si elle la protégeait contre les attaques extérieures la sauvait, la rendait différente, intouchable. Elle donnait envie d'être ivre, parce que ça avait l'air si bon de rire comme elle faisait! Je me surpris à envier les flocons de neige qui se déposaient partout sur elle, ses cheveux, sa peau, et fondaient sur ses lèvres.

L'illusion fut de courte durée. Alors que, sans l'ombre d'un doute, je m'emparai d'elle, il y eut du côté de Ruby une vive résistance et je sentis en une seconde ses mains me repousser violemment - ma tête partit se cogner contre la devanture du pub, et une douleur aiguë me passa à travers le crâne. Aussi aiguë, d'ailleurs, que ma surprise. Puis, sans me laisser un instant de répit, alors que le visage de la jeune fille, métamorphosé - crispé par la colère, et des larmes mouillaient ses yeux - me dévisageait, je vis dans la pénombre sa main se lever un quart de seconde avant qu'elle ne s'abatte sur ma joue. Si tant est que le choc de mon crâne contre le bois de la devanture m'avait ôté les idées de leurs places, sa gifle eut peut-être pour but de me les y remettre. Toutefois, cela faisait deux chocs succins en peu de temps, et je laissai échapper une exclamation étouffée, au fond de ma gorge.

Qu'avais-je fait de si mal? fut ma première pensée. La réalité, amère, ne tarda pas à suivre. Je ne savais pas quel pouvoir détenait Phil, mais j'étais presque persuadé qu'avec lui, ça ne se serait pas passé ainsi. Après... Peut-être qu'il n'aurait pas tenté, je n'en savais rien. Mais j'avais tout de même l'impression que Ruby flirtait avec moi autant que je l'avais fait avec elle, et que l'alcool était suffisamment présent dans son organisme pour lui ôter les quelques pudeurs qu'on pouvait avoir en temps normal. Je la regardai droit dans les yeux, à la fois ébahi et un peu déçu, mais pas d'elle foncièrement, mais de mon geste qui venait de tout gâcher, de cette soirée inaboutie, et des dégâts collatéraux. Alors que j'avais apprécié sa compagnie, il ne resterait plus rien que mon geste, sa gifle. Tant pis. Après tout, je savais que je n'étais pas un expert, j'avais tenté, j'avais joué, et j'avais échoué. Ce n'était certes pas très flatteur et je ne niais pas que ma virilité en prenait un coup, mais elle était ivre, me dis-je pour me consoler, et puis trop jeune... Je n'avais pas de temps à perdre! Je tentais de m'en persuader plus que je ne le pensais vraiment. Ruby n'était pas une fille comme les autres - mais peut-être m'en rendis-je compte trop tard.


- C’était pour ça hein ? Sa voix était plus aiguë, et elle ramassa ses affaires d'un geste plein de mécontentement. La prochaine fois, pas la peine de prétendre que… Que ça t’intéressait vraiment tout ça !

Sans doute parce qu'aussi j'avais reçu des coups, et qu'il faisait froid dehors, mais je me sentais tout engourdi. Tout ça? Quoi? Est-ce qu'elle n'était pas en train de réagir démesurément? Je n'avais fait que l'embrasser, et encore je n'avais pas insisté... Etait-elle plus jeune qu'elle le prétendait, pour être si choquée d'un simple baiser? Malheureusement, je n'avais pas vraiment assez de connaissances en matière de filles pour décoder ce que cela signifiait. Je faillis me réconforter en me disant que j'allais demander conseil à Phil, mais j'avais passé l'âge de lui demander ce genre de choses, et surtout, je n'étais pas sûr de vouloir partager cette humiliation. Je me sentais bête, et j'étais un peu vexé également, car je ne trouvais pas que j'avais fait quelque chose d'impardonnable. Eh bien! Ruby n'avait-elle jamais plu à des garçons? Qu'on ne me fasse pas croire qu'elle ne s'était jamais rendue à des soirées puisqu'elle passait du temps à boire ici... Elle savait qu'elle plaisait, les jolies filles le savaient toujours. Elle savait forcément qu'elle attirait les garçons.

J'eus un geste pour la rattraper, mais mon bras retomba le long de mon corps, ainsi que mes mots s'étouffèrent dans la nuit. Elle avait déjà tourné les talons, et foulait rageusement de ses bottines le sol recouvert de neige, empruntant la direction de Poudlard. Ses larmes m'avaient touché ; je n'avais pas voulu la blesser ou lui manquer de respect. Elle m'avait juste plu, si tant est que cela puisse être un problème. Apparemment, oui.

Pensivement, je me passai la main sur la joue, là où elle avait frappé. Elle était chaude.


- Ruby ! appelai-je alors, mais le vent seul répondit à son prénom. Elle était trop loin. Pas d'excuses possibles.

Je me retournai machinalement vers l'intérieur du pub, sombre et désert. Puis je descendis la rue, prenant la direction de mon petit appartement : il me semblait voir encore un petit point plus clair dans l'obscurité, elle, qui marchait, mais même en plissant les yeux je ne distinguais pas assez, car il faisait trop noir. Les flocons me piquaient la peau du visage et en quelques secondes, je me rendis compte que j'étais totalement seul dans la rue déserte et que les dernières clameurs des derniers clients s'étaient évanouies. Il n'y avait que le son feutré des flocons qui tombaient sur la couche de neige qui tapissait mes oreilles. Avec regret, je continuai mon chemin, sans me retourner vers Poudlard, haute silhouette qui dominait Pré-au-Lard, et dont quelques fenêtres étaient encore allumées. J'étais quasiment certain que Ruby s'y reprendrait à deux fois avant de revenir boire un verre ici. Le sort semblait s'acharner à garder précieusement enfoui entre les hauts murs du château tout ce qu'un jour j'avais eu et que plus jamais je n'aurai.


Terminé

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